Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SALOMÉ ou LA PRIÈRE D'UNE MÈRE

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(MATTH. XX, 20-28.)

Si nous trouvons touchante la scène de nos Évangiles nous représentant quelques mères pieuses conduisant au Christ leurs jeunes enfants, pour qu'il leur imposât les mains et les bénit, que dire du récit où nous voyons Salomé, la mère de Jacques et de Jean, prosternée aux pieds du Sauveur et sollicitant pour ses fils, deux jeunes gens, la grâce insigne d'être assis, l'un à sa droite, l'autre a sa gauche dans son royaume?

Bien loin de nous scandaliser, une pareille prière nous parait toute naturelle dans la bouche d'une mère et d'une chrétienne. Sans doute, elle trahit une ambition exagérée et un amour aveugle pour ses enfants, mais quelles sont les mères capables de se tenir en garde contre de pareils sentiments? Surtout que Salomé a le droit d'être fière de ses fils ! D'ailleurs cette prière n'est-elle pas toute inspirée par une foi admirable au Messie et par le désir bien légitime d'apprendre de sa propre bouche que ses deux enfants seront à jamais unis à leur Maître bien-aimé?

C'est bien Salomé qui présente au Christ cette requête, mais elle lui a été dictée par ses fils, qui, n'osant pas formuler eux-mêmes une pareille exigence, ont pensé que le Sauveur ne refuserait pas à leur mère, disciple fidèle et dévoué, ce qu'il eût peut-être hésité a promettre à ses fils.

Or, en passant par la bouche de la mère, la prière des enfants se transforme et se spiritualise. Elle n'est pas tant le désir de coeurs orgueilleux que le soupir d'une foi invincible au règne céleste et éternel du Messie. Les Zébédaïtes sollicitaient de leur Maître une place privilégiée à ses côtés lors de son triomphe terrestre, au jour de sa gloire (Marc X, 37).

Salomé, sachant que son règne n'est pas de ce monde et qu'il peut déjà y commander cependant en roi, s'écrie: « Ordonne que, dans ton Royaume, mes deux fils siègent l'un à ta droite et l'autre à ta gauche. » Dans ce prophète qui n'avait pas ici-bas de lieu ou reposer sa tête, elle a reconnu un roi pouvant déjà disposer du Ciel, son royaume.

La prière des fils n'est pas moins naturelle que celle de la mère. Inspirée par l'ardent amour qu'ils ressentent pour leur Maître, n'est-elle pas comme l'écho de la parole, par laquelle Jésus promettait à ses disciples qu'ils seraient un jour assis a côte de lui sur douze trônes? (Matth. XIX, 28). Ceux-ci ne demandent qu'à être placés le plus près possible du Christ. Du reste, Pierre, au jour de la Transfiguration, et les autres disciples, en mainte occasion, n'avaient-ils pas ambitionné la même faveur?

Les Zébédaïtes ont le mérite d'avoir hésite à formuler cette requête. Aussi Marc nous apprend-il que Jésus, les voyant prêts à l'interroger, mais hésitants, timides, et s'interrogeant du regard pour tourner ensuite tous deux leurs yeux vers leur mère, découvre aussitôt leurs secrètes pensées. Il provoque alors leurs confidences. Mais eux, avant de lui dévoiler leurs désirs, exigent, comme de grands enfants qu'ils sont, que Jésus s'engage par avance à les satisfaire. Le Maître parait y consentir. Alors ils se décident à parler, mais tout à coup leur courage défaille et Salomé, par amour pour ses fils, exprime à leur place la prière de leurs coeurs.

A travers la demande humblement présentée par la mère, dont il connaît les intentions si pures et si élevées, Jésus entrevoit l'orgueil caché dans l'attachement de ses fils. Mais il ne songe pas plus à faire des reproches aux Zébédaïtes qui, en cette occasion, pèchent encore plus par ignorance que par orgueil, qu'à leur mère qui n'a agi que par amour pour ses fils et pour leur Maître. Il se contentera d'opposer à la gloire qu'ils ambitionnent pour eux, les souffrances et la mort que les hommes réservent au Messie.

Trois fois seulement Jésus a prédit sa mort en présence des disciples. La première fois, lors de la vocation de Pierre; la seconde, au jour de la Transfiguration; la troisième, la veille de sa mort; et chaque fois il a dû leur reprocher leur incrédulité, leur ignorance ou leur orgueil.

Quand Jésus interroge Jacques et Jean, ils répondent, tandis que Salomé garde le silence. Mais dès qu'elle a entendu la question du Maître, elle comprend que son coeur ne la trompe pas, et que cette coupe dont il parle est la prophétie de sa mort prochaine. Aussi, quand elle entend ses enfants se déclarer prêts à boire avec lui la même coupe, elle frémit et se trouble. En confirmant leur résolution, Jésus n'a-t-il pas par là même prophétisé leur martyre? Alors, comme Marie, la mère du Sauveur, Salomé sent une épée transpercer son âme.

La réponse des Zébédaïtes a Jésus a été brève, catégorique, mais combien admirable d'héroïsme et d'amour, donnant ainsi à leur Maître la mesure de leur dévouement et de leur confiance. En les déclarant dignes de participer à ses souffrances, le Christ les associe par là même et par avance à son triomphe. Il les met ainsi, exauçant leur prière, mais autrement qu'ils ne l'attendaient, au premier rang des disciples.

Leurs compagnons, du reste, en entendant les paroles du Maître, ne s'y trompent pas. Ils rompent brusquement le silence, paraissant indignés de la prière de ses disciples, alors qu'ils le sont surtout de la réponse du Maître. Jésus le comprend, et se décide à leur donner à tous la même leçon d'humilité, en leur révélant la véritable dignité et la grandeur suprême du disciple du Christ.

Quant à la prière de Salomé, n'est-ce pas un exaucement que la faveur accordée à l'un de ses fils, « le disciple que Jésus aimait », de prendre place à ses côtés au repas pascal et de se pencher sut le sein du Maître? Quant à être placés l'un à sa droite et l'autre à sa gauche au jour de sa gloire, le Père avait réservé ce privilège aux deux brigands crucifiés.

Qui donc oserait faire un reproche à Salomé d'avoir adressé au Christ une pareille prière en faveur de ses fils? Comment la blâmer d'avoir ambitionné pour eux, non une position élevée dans ce monde, mais une place pour chacun d'eux auprès du Christ, dans le ciel? Quelles sont les mères chrétiennes qui se contenteraient de nos jours d'un tel privilège pour leurs enfants? Elles savent prier pour leur santé, leur succès, leur bonheur terrestre, mais combien prient comme Salomé pour leur bonheur céleste et éternel?

Sans doute elle eût dû faire des reproches à ses fils sur leur orgueil charnel et leur ambition mondaine. Mais quelle mère serait capable d'adresser à ses enfants de telles remontrances, surtout si elle savait que le Maître les tient pour les meilleurs de ses disciples et qu'ils ne vivent que pour Celui pour lequel ils sont prêts à mourir?

Salomé avait commencé par donner ses enfants au Christ, et, quand cela lui fût possible, elle devint une de ses compagnes fidèles et dévouées et l'assista de ses biens. tien loin de songer à lui rien demander pour elle en retour de ses dons et de ses sacrifices, elle ne songe pas même à s'assurer une place dans son royaume, mais elle voudrait au moins avoir la certitude que, si elle doit être séparée de son Sauveur ses fils au moins ne le quitteront plus.

Salomé avait été la première à pousser Jacques et Jean à aller auprès du Précurseur et à devenir ses disciples; aussi comme elle dut les presser de suivre le Messie, lorsqu'elle l'eut entendu désigner par le titre d'Agneau de Dieu. Elle les décida même à renoncer à leur barque et à leur filet pour s'attacher au Christ, n'ayant alors qu'un regret, celui de ne pouvoir les accompagner. Aussi, après la mort de Zébédée, s'empresse-t-elle d'aller les rejoindre et de grossir le petit cortège des disciples galiléens.

Depuis longtemps elle sait que le Sauveur doit passer par la croix pour parvenir à la gloire. N'est-elle pas en effet du petit nombre de ces Israélites qui se nourrissaient de la lecture des prophètes et attendaient un Messie souffrant? Aussi n'ignore-t-elle pas que ses fils devront, pour parvenir à la gloire qu'ils désirent, passer eux aussi par la croix qu'ils oublient.


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SIMON LE PHARISIEN

(Luc VII, 36-50.)

Un pharisien du nom de Simon, curieux de savoir si Jésus était un prophète (v. 39) et sans doute aussi en récompense de quelque léger bienfait obtenu du Maître, l'avait un jour invité à dîner. Jésus, qui s'invitait volontiers chez les péagers comme Zachée pour y prendre ses repas, attendait pour aller chez les pharisiens qu'on l'en priât, d'abord parce que ces derniers étaient moins disposés à profiter de sa présence pour s'humilier et se convertir, et ensuite parce qu'il voulait conserver toute sa liberté et leur donner des leçons de charité et de pardon, comme il le fit en cette occasion.

Simon, poussé par sa reconnaissance et retenu par son orgueil accueille Jésus avec plaisir, mais, craignant de lui donner des marques trop touchantes de son respect, il s'abstient à dessein de lui rendre aucun des honneurs imposés par le code le plus élémentaire de la politesse juive. Il ne fui offre pas d'eau pour les ablutions, ni d'huile pour oindre sa tête, sans doute pour voir si, comme à l'ordinaire, il négligera de se laver les mains (Luc XI, 38). Il ne lui donne pas même le baiser de bienvenue.

Comme le culte que nous rendons à Dieu ressemble, pour le dire en passant, à la froide politesse du pharisien à l'égard de Jésus! Comment s'étonner que nous n'en retirions aucun profit et que Dieu réserve ses bénédictions pour ceux qui ne se contentent pas de lui ouvrir leur maison, mais lui offrent leur coeur.

Or, à peine Jésus s'était-il mis à table avec le pharisien, qu'une femme de mauvaise vie (2), fort connue dans la ville par ses moeurs légères et sa vie de péché, et dont une récente exhortation de Jésus avait troublé la conscience et gagné le coeur, entre dans la maison du pharisien qui, selon l'usage, avait laissé les portes ouvertes à l'occasion du repas offert à Jésus. Les curieux pouvaient ainsi entrer et profiter de l'entretien, car en Orient les sages y parlaient à haute voix et se faisaient ainsi connaître au peuple. Un proverbe juif disait que pour juger un homme il faut le suivre dans les voyages, les maladies et les festins.

Les serviteurs, qui connaissaient cette femme de longue date, ont essayé en vain de la chasser, scandalisés autant par son audace que par sa tenue. Elle avait en effet la tête découverte, contrairement à tous les usages, et portait dans ses bras un vase de parfum. Cependant, intrigués par la scène que va provoquer son arrivée, ils lui livrent passage. Alors, contrairement à leur attente et à leur désir, elle entre à pas lents dans la salle et se met silencieusement à genoux, derrière le divan, aux pieds du Christ qui, étendu et penché pour manger sur le côté gauche, ne l'a ni entendue ni vue.

Simon, au contraire, couche du côte oppose, la voit aussitôt et, comme s'il avait préparé lui-même cette scène, où trois personnages, un pharisien, une femme perdue et le Sauveur, vont se rencontrer, il ne dit pas un mot, essayant même de dissimuler sur ses traits l'indignation et la satisfaction que lui cause cette subite apparition. Il est impatient et curieux de voir quelle sera l'attitude de Jésus à l'égard de cette femme. Elle lui permettra de juger sans peine si son hôte est oui ou non un prophète. D'après la locution en cours dans le peuple « un juste devait toujours mettre quatre coudées entre lui et une femme de mauvaise vie ».

Jésus poursuit son entretien, comme s'il était seul avec Simon. Il reproche aux pharisiens leur dureté à l'égard des péagers et des gens de mauvaise vie que lui Jésus est venu chercher et sauver.

Cette femme, entendant ces paroles, se penche encore pour mieux écouter, quand tout à coup une larme tombe de ses yeux sur les pieds nus du Sauveur, Troublée à la pensée que cela seul peut mettre fin à l'entretien, et craignant de toucher de ses mains impures le corps du Maître, elle dénoue ses cheveux, puis les laisse tomber sur ses pieds et essuie ainsi ses larmes. Mais, comme s'il ne prenait pas garde à tout cela, Jésus poursuit son entretien. Ne pouvant plus contenir son émotion, elle baise ses pieds et verse sur eux le parfum qu'elle voulait offrir à Jésus. Ce parfum, composé de divers aromates, représente bien son âme, mise avec toutes ses facultés au service du Christ. Et Jésus accepte cette offrande achetée par cette femme avec l'argent, salaire de son vice ! Il fait plus et va même jusqu'à donner cette femme en exemple au pharisien dont le jugement avait été si superficiel et si impitoyable, car il avait jugé ou plutôt condamné cette pécheresse sans connaître le prix de ses larmes et la sincérité de son repentir. Oh ! comme nous sommes indulgents pour nous, exigeants et sévères pour les autres, injustes et jaloux en présence des compassions de Dieu. Et cependant que de reproches Jésus aurait à nous faire, s'il scrutait notre vie comme il le fit pour Simon.

Devinant les pensées qui se pressent dans le coeur du pharisien, il l'interpelle pour qu'il prenne bien la leçon pour lui; et, pour l'humilier, il la lui donne en présence de cette pécheresse, à qui Simon sera forcé de se comparer. Qu'importe la somme due? N'est-il pas même plus humiliant d'être insolvable, quand on doit peu? C'est ton cas, Simon. La pécheresse doit plus que toi, dix fois plus, mais cela prouve-t-il que tu ne sois pas débiteur? Des deux débiteurs, celui à qui le créancier a remis la plus forte dette, sera celui qui l'aimera le plus (1). Que l'on soit un pharisien qui se croit juste ou une femme de mauvaise vie qui s'estime perdue, on n'en est pas moins pécheur et par la même sujet à la condamnation et à la mort. Et si tous deux sont pardonnés, le plus grand amour viendra du plus grand pécheur.

Comme Jésus craint encore que la propre justice de Simon ne l'empêche de saisir la portée de cette leçon et de s'en faire l'application à lui-même, il se soulève et regardant cette femme dont le pharisien détourne obstinément son regard, il le force à la regarder bien en face (v. 44) et lui donne en sa présence une dernière leçon dont il n'aura cette fois aucune peine à saisir le sens et la portée.

Jésus met en parallèle la conduite d'une femme de mauvaise vie avec l'invitation froide et hypocrite d'un pharisien, qui s'est laissé condamner par une femme qu'il ne jugeait digne que de son mépris. Aussi en sa présence Jésus pardonne-t-il ses péchés à celle que le monde dans son égoïsme et sa dureté appelle « une femme perdue » et qui est sauvée par Christ, tandis que le pharisien regardé comme un « honnête homme » risque fort de mourir dans ses péchés. Que de pharisiens seront ainsi devancés dans le royaume de Dieu par des péagers et des gens de mauvaise vie!


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L'APOTRE MATTHIEU

Matthieu est l'apôtre auteur du premier évangile qui, avant d'avoir été appelé à l'apostolat, portait le nom de Lévi. D'origine juive, comme l'indique assez clairement son nom, nous ne savons de sa vie que ce qu'il nous en laisse lui-même deviner dans son évangile. Il nous apprend qu'il était publicain, chef des péagers, et qu'il devint apôtre, laissant à Lue le soin de nous dire que lorsque Jésus l'appela à son service, « il quitta tout et le suivit. ».

Les autres disciples avaient abandonné leurs filets. Lui quitta son comptoir, c'est-à-dire la vie facile, la richesse, les plaisirs. Sa position, aussi lucrative que méprisée, tout en lui procurant une assez jolie position de fortune, témoin le grand festin donné à l'occasion de sa retraite, lui avait valu le mépris de ses concitoyens qui le haïssaient doublement, comme percepteur d'impôts et comme juif au service d'Hérode.

Dans ses fonctions, Matthieu avait cependant su conserver un coeur pur et généreux. Il maniait l'argent sans y attacher son coeur. Au milieu même de ses absorbantes occupations il se préoccupait des choses religieuses. Dès qu'il avait un moment, il laissait là ses chiffres, interrompait ses écritures et allait devant la porte de l'octroi, à l'entrée de la ville, causer avec des gens oisifs ou désoeuvrés, qui avaient coutume de venir à cet endroit voir passer les caravanes qui traversaient Capernaüm pour aller de Phénicie en Arabie, de Damas à la, mer.

Dans ce petit cercle où l'on causait surtout des événements du jour, plus d'un racontait les miracles du Christ dont il avait été le témoin ou l'objet. Chacun donnait, son avis. On discutait, et parmi ces gens, qui n'étaient que la lie du peuple, les miracles du Christ trouvaient des admirateurs passionnes et convaincus. L'un des plus enthousiastes était Lévi, qui ne craignait pas de proclamer tout haut ses sentiments en faveur du Maître et des disciples qu'il connaissait pour les avoir vus passer et repasser bien des fois a leur retour de la pêche.

A l'entendre parler, on n'avait pas de peine à comprendre qu'il était gagné à la cause du Christ et qu'il suffirait d'une occasion pour qu'il plantât là son bureau et vint grossir les rangs encore bien clairsemés des partisans du nouveau prophète.

Bien des fois, son regard avait suivi le Christ, accompagné de trois ou quatre disciples, toujours les mêmes, escorté d'une foule de pauvres gens et de curieux, lorsqu'il se rendait de la ville au lac, afin de monter dans une barque pour se retirer à l'écart dans la solitude de Bethsaïda. Le Maître l'avait souvent aperçu et il le connaissait du reste par tout ce que lui en avaient dit ses disciples. L'attrait de ces deux coeurs était bien réciproque. Mais Lévi, malgré son enthousiasme se demandait encore s'il serait capable de tout quitter pour le suivre comme avaient fait les disciples. Il refoulait dans son coeur une telle pensée qui n'était pour lui qu'une marque d'orgueil et de présomption, se sentant à la fois trop indigne pour le suivre et trop malheureux pour continuer à vivre loin de lui.

Or, pendant que ces pensées sérieuses et confuses s'agitaient dans son coeur, Jésus vint à passer. Son regard, un de ses regards qui suffisent à décider de toute une vie, rencontra celui du publicain. Laissant là ses disciples, en présence des spectateurs interdits, Jésus rompt d'un seul mot tous les liens qui attachaient encore au monde ce publicain et lui dit : « Suis-moi. »

Sa démarche. fait cesser toute hésitation. Sa parole provoque une décision suprême : « Il quitta tout et le suivit ». Non que nous devions supposer qu'à l'instant même il quitta brusquement son emploi, mais dès cette heure il fit au Sauveur le sacrifice de sa fortune et de sa position, à laquelle il renonça définitivement le jour où, voulant inaugurer son apostolat, il offrit à ses collègues et à ses amis un grand repas, afin de leur procurer l'occasion et le plaisir de voir et d'entendre le Messie, au service duquel il s'enrôlait pour toujours.

Le disciple, à l'exemple du Maître, qui dans ce but l'a choisi, le sachant plus instruit que les autres, va se consacrer désormais par la parole, comme il le fera dans la suite par ses écrits, à annoncer l'évangile à ses compatriotes en leur prouvant, d'après les écrits des prophètes et les livres de l'Ancien Testament, que Jésus était bien le Messie.

Dès cette heure, date pour le publicain Levi une vie nouvelle qu'il inaugure en prenant un nom nouveau : Matthieu, en grec Théodore ou don de Dieu.

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(1) Jésus a eu recours à un jeu de mots syriaque : chàba devoir et chabba aimer (v. 42-43) 
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(2) Il est assez difficile de savoir qui est exactement cette femme; on a songé bien des fois et bien à tort à Marie de Béthanie et à Marie-Madeleine. Mais tout nous prouve que ce ne peut être aucune de ces deux femmes. D'abord la scène ne se passe pas à Béthanie mais en Galilée; ce n'est pas chez Simon le lépreux mais dans la maison d'un pharisien du nom de Simon; cette onction se place non à la fin mais au début du ministère de Jésus, puis elle a lieu en présence d'un pharisien et non des disciples, et enfin la pécheresse pleure, tandis que Marie offrit son parfum avec joie. 
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