Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

MARIE DE MAGDALA

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Autour de la Croix ou aux portes du sépulcre nous trouvons des femmes. Les disciples ont fui, les femmes se sont rapprochées. Parmi les accusateurs de Jésus, nous ne connaissons que des hommes. Tandis, par exemple, qu'Hérode et Pilate se liguent contre le Christ, la femme du gouverneur romain et la femme de Cuza, l'intendant d'Hérode, prennent ouvertement sa défense. Quand il est mort, Joseph d'Arimathée lui prête son tombeau, Nicodème fournit le parfum (Jean XIX, 31), mais les saintes femmes se réservent le soin d'embaumer son corps.

Parmi elles se distingue Marie de Magdala, qui s'était attachée au Sauveur, depuis le jour où elle avait été délivrée par lui de sept démons (Luc VIII, 2). Elle le suivit partout durant son ministère et l'assista de ses biens. Elle paraît même, d'après le rang qu'elle occupe dans les Évangiles, avoir été supérieure, par la position, la fortune ou la piété, à toutes les autres femmes. Après avoir accompagné son Maître jusqu'au Calvaire, elle est la première au tombeau du ressuscité. Si Marie, la mère du Sauveur, n'est pas là, c'est qu'ayant compris maintenant les prophéties de son fils, elle sait qu'il va bientôt ressusciter.

Les anges avaient choisi des bergers pour leur annoncer la venue du Sauveur, et ils choisissent des femmes pour leur faire part de sa résurrection. Dès qu'elles apprennent cette nouvelle, elles quittent le tombeau vide et s'en vont à la recherche de leur Maître ressuscité. Marie de Magdala ne peut se décider à partir. Assise à l'entrée du sépulcre, elle pleure et se penche pour regarder (Jean XX, 11), comme À elle n'osait pas en croire ses yeux, son amour étant supérieur à sa foi qui n'était pas encore pure de tout alliage. La faculté d'aimer, chez la femme, semble n'être que la faculté de souffrir : plus elle peut aimer, plus elle sait souffrir. Seule, elle a trouvé le secret de demeurer inconsolable.

Aussi fut-elle l'objet d'un témoignage spécial. Deux anges viennent la consoler et la rassurent en affirmant que le corps de son Seigneur n'a pas été enlevé. Jésus lui-même apparaît derrière Marie qui se retourne aussitôt (Jean XX, 16), sans se douter que ce soit lui.

Comme les disciples d'Emmaüs le prendront plus tard pour un étranger, Marie le prend maintenant pour un jardinier. Les uns et les autres, tant leur coeur est plein de son souvenir, parlent de lui, sans le nommer. Aussi, pour ne pas les troubler, je fait-il connaître à ses disciples par un signe et à Marie par son nom qu'il prononce d'une manière spéciale, comme plus tard il se révélera par une seconde pêche miraculeuse. Toutefois, pas plus Marie que les disciples d'Emmaüs ou que les pêcheurs du lac, nul n'ose lui demander qui il est. Mais, quand les disciples veulent le retenir ou quand Marie veut le toucher, il leur dit, d'après le texte grec, non pas « ne me touche pas », parole qui a de tout temps intrigué les commentateurs, mais « ne t'attache pas à moi ». Comment, en effet, défendrait-il à Marie, dont il a besoin d'épurer la foi par trop matérialiste et charnelle, ce qu'il ordonnera bientôt à Thomas, pour dissiper son doute et faire naître sa foi au Christ ressuscité?

Jésus ordonne à Marie d'aller vers ceux qu'il appelle encore « ses frères », malgré leur reniement ou leur abandon. Il ne rougit pas d'avoir pour frères (Hébr. Il, 12) ceux qui ont rougi de l'avoir pour Maître. En leur annonçant son départ, il leur dit : je vais vers « mon Père et votre Père », nous assurant par là que Dieu veut bien nous reconnaître pour ses enfants, quoique nous le soyons à un autre titre que Christ, puisque lui l'était par nature, tandis que nous ne le sommes devenus que par grâce.

Comme c'est d'abord à la femme, après la chute, que Dieu fit entendre la sentence de condamnation, c'est aux femmes que le Sauveur, après sa résurrection, a voulu annoncer tout d'abord le message du salut. Si la femme avait apporté à l'homme la sentence de mort, elle doit lui apporter désormais la promesse de vie. L'opprobre qui pesait sur la femme après la chute a disparu depuis la rédemption. Le monde a bien appris la résurrection de Christ par les apôtres, mais ceux-ci l'avaient d'abord apprise par les femmes, en réalité les premiers évangélistes. Aussi, même avant les disciples, les saintes femmes ont-elles été les premières à adorer le Christ ressuscite (Matt. XXVIII, 9).


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LA FEMME ADULTÈRE

(JEAN VIII 1- 11.)

Jésus, pour se reposer d'une journée d'enseignement dans le Temple, se retira le soir sur le mont des Oliviers et y passa la nuit en prières. C'est du moins ce qu'on est en droit de conclure des premiers mots de notre récit.

Au point du jour, il redescendit à Jérusalem et entra dans le Temple où ses auditeurs de la veille l'avaient déjà devancé. S'étant assis sous un des portiques, il se mit à enseigner le peuple.

A peine Jésus avait-il commencé à parler de justice et de pardon, que tout à coup pénètrent à l'endroit où, la veille, ils avaient écoute le Maître, des scribes et des pharisiens, suivis d'un grand nombre de prêtres et de curieux.

Au milieu du groupe se tient une femme, la tête découverte, les cheveux en désordre; elle cache son visage dans ses mains et tremble en pensant au châtiment qui l'attend. La honte est encore pour elle pire que la mort. En un instant, ses accusateurs l'ont poussée au premier rang et les spectateurs, muets, attentifs, forment cercle autour d'elle. La voilà maintenant, cette femme adultère, dans le temple saint, en présence de celui qui est la sainteté

Jésus, en voyant cette femme et en apercevant ceux qui la conduisaient et s'étaient érigés en juges alors qu'ils n'étaient que ses accusateurs, a compris aussitôt ce qu'ils attendent de lui. Cette femme qu'on traîne devant Jésus pour être jugée n'est encore qu'une inculpée et on la traite comme s'il l'avait déjà condamnée. Il a cessé de parler, mais, tenant ses yeux fixés à terre, il s'est mis à écrire sur les dalles du Temple où il était assis, selon l'usage des rabbins quand ils enseignaient leurs disciples..

Ces pharisiens sont venus pour tendre un piège au Christ, mais ils vont être pris dans leurs propres filets.

Jésus semble ne pas les avoir aperçus. Alors, pour provoquer son attention et gagner en même temps sa confiance, ils l'interpellent en lui donnant par une basse flatterie le titre de Maître. « Quel est ton avis sur le cas de cette femme surprise en adultère? » Mais Jésus ne répond pas et, penché à terre, continue à écrire, leur montrant par là que leur indignation factice ne l'émeut pas et voulant leur laisser le temps de se rendre compte de leur odieux complot. S'il ne lève pas les yeux, c'est surtout par pitié pour cette femme coupable, dont il juge inutile d'augmenter la confusion et la douleur.

Les ennemis de Jésus sont persuadés que, s'il garde le silence, c'est qu'il est embarrassé et craint de se compromettre. Si, en effet, il condamne à la lapidation cette femme, il viole la loi romaine qui ne reconnaît plus aux juifs le droit de punir de mort et qui, du reste, est singulièrement indulgente pour ces fautes-là. S'il l'absout, il transgresse ouvertement la loi de Moïse et on peut le traduire devant le sanhédrin. Quelle que soit la sentence qu'il rende, ses ennemis sont persuadés qu'il ne saurait échapper au piège tendu. Comment Jésus pourra-t-il se montrer charitable tout en restant juste et condamner sans punir?

Tandis que Jésus garde le silence, la foule s'agite; les uns admirent la sagacité des scribes, les autres raillent tout haut le rabbin. Tout à coup, celui qu'ils avaient pris pour juge et qu'ils semblent à cette heure regarder comme un accusé, cesse d'écrire, lève les yeux, les fixe sur eux et se contente de leur répondre : « Que celui d'entre vous qui est sans pêche lui jette la première pierre. » A la lapidation, un des accusateurs devait jeter la première pierre. Jésus ne nie pas le crime et ne justifie pas la coupable, il cherche seulement, pour la condamner et la punir, des juges sans péché. Puis, se baissant de nouveau, Jésus se remet à écrire.

A l'ouïe de cette parole, la scène change, les railleries cessent, les bouches se ferment. Les interlocuteurs du Christ cherchent à cacher à la foule leur indicible confusion. Seule, l'accusée manifeste un trouble extraordinaire. Son crime mérite la mort. Elle a entendu sa terrible sentence et elle est sortie de la bouche même de Jésus, si doux et si plein de miséricorde pour les pécheurs. Aussi, devant la foule, elle fond en larmes et se jette aux pieds du Christ pour implorer son pardon, éprouvant encore plus de crainte du châtiment que de remords de sa faute.

Ses lâches accusateurs profitent de cette scène pour s'esquiver. Pas un ne reste, et cette femme se trouve seule en présence du Christ. Ces justes et ces purs avaient bien d'autres soucis que de faire punir une femme coupable. Son crime n'était qu'un prétexte pour prendre en faute le rabbin galiléen.

Les hommes n'ont pas bien changé depuis. Il n'est pas de perfidie ou de mensonge auxquels ils n'aient recours pour séduire une femme et, quand elle est tombée, ils n'ont pas assez de sévérité pour la flétrir et la condamner.

D'ailleurs, cette femme n'a pas été seule à commettre son crime : elle a un complice. Pourquoi ces observateurs rigides de la loi ne l'ont-ils pas amené, puisqu'ils disent l'avoir surprise en flagrant délit? Cet homme, lui aussi, ne mérite-t-il pas la mort? Si elle a succombé, ne l'a-t-il pas séduite? Sans lui, elle n'aurait peut-être jamais failli à l'honneur et au devoir. Oh! la race des pharisiens n'est pas éteinte, puisqu'il se trouve encore des juges pour condamner l'adultère de la femme et innocenter ou justifier son complice.

Comment Jésus s'établirait-il juge, puisqu'il n'a devant lui qu'un des coupables? Du reste, ses accusateurs ont, en s'enfuyant, retiré l'accusation. Aussi, lui qui était resté assis devant ces pharisiens vertueux, se lève devant cette femme tombée et, la forçant à lever les yeux et à le regarder, il lui dit : « Femme - le même mot qu'il avait employé naguère en parlant à sa mère - où sont tes accusateurs? » Elle jette les yeux timidement derrière elle et, surprise de ne voir personne, elle regarde de nouveau le Christ. Il lui dit alors : « Quelqu'un t'a-t-il condamnée? » Elle se contente de répondre : « Personne ». Ce seul mot suffit à flétrir ses juges, qui ne se doutaient pas, en la conduisant au Temple, qu'ils la jetaient aux pieds du Christ et dans les bras de Dieu.

« Va, dit Jésus, et ne pèche plus. » S'il ne la condamne pas à la lapidation, il ne lui pardonne pas encore. Il se contente, en lui faisant grâce du châtiment disproportionné au péché commis et avoue par cette femme, de la conduire sur le chemin du pardon. Elle l'obtiendra si, en se repentant de son péché passé, elle n'y retombe plus à l'avenir.

Jésus la renvoie sans la condamner à mort pour que nul ne désespère du pardon, mais il ne lui pardonne pas encore pour que nul n'abuse de la miséricorde de Dieu. Il veut qu'on ne doute pas de sa charité mais aussi qu'on ne puisse pas oublier sa justice.


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DORCAS LA PREMIÈRE DIACONESSE

(ACTES IX, 36)

Dorcas était le nom grec que portait une femme juive convertie. Ce nom, synonyme du mot hébreu Tabitha, signifiait gazelle. Était-ce un nom ou un surnom? Nous l'ignorons. Nous savons seulement qu'il était alors fort répandu et que beaucoup de femmes grecques et juives se nommaient ainsi. Dans tous les cas, il convenait particulièrement à cette diaconesse de l'Église primitive, semblable à une gazelle, sinon par sa grâce, du moins par sa promptitude à secourir les pauvres.

Dorcas était sans doute une veuve, au sens des écrits évangéliques, qui appelaient ainsi les jeunes filles ou femmes sans maris, vivant isolées, sans guide et sans protecteur.

Dans le récit des Actes, nous ne voyons en effet auprès de Dorcas aucun parent. Ce sont les disciples qui font appeler l'apôtre Pierre et doivent recueillir le dernier souffle de cette veuve.

Restée seule à la mort de ses parents, qui, a en juger par ses dons, devaient lui avoir laissé quelque fortune, elle parait avoir disposé généreusement de ses ressources pour secourir les pauvres et faire du bien autour d'elle dans cette église de Joppé, dont elle devait être l'âme.

Libre et indépendante, pouvant dépenser sa fortune et son temps, elle s'était fait comme une seconde famille des orphelins qu'elle faisait vivre, des pauvres qu'elle habillait,, des veuves qu'elle visitait et consolait.

Dans sa demeure hospitalière avaient l'habitude de se réunir, pour le travail et la prière, les veuves qui accueillirent Pierre à son arrivée et s'empressèrent de lui montrer les ouvrages confectionnés par Dorcas.

Ce fut ainsi que se fonda, à Joppé, la première réunion de couture; toutes les femmes pieuses de l'église et, en particulier, les veuves durent en faire partie.

Dorcas, loin de se laisser aller, comme le font parfois des femmes pieuses, à une vague religiosité ou à un paresseux mysticisme, avait, au contraire, une foi vivante et agissante par la charité. Elle ajoutait à la foi en Dieu, l'amour pour le Sauveur qui inspire le sacrifice pour nos frères. Tel est bien le sens du récit des Actes.

Faisant partie du groupe des disciples du Christ qui composaient l'église de Joppé, « elle se consacrait aux bonnes oeuvres », par où il faut entendre le culte, la prédication, l'apostolat, ces formes diverses de la piété, et « faisait beaucoup d'aumônes », manifestations extérieures de sa foi.

Cette femme chrétienne, type accompli de la vraie diaconesse, ne se contentait pas de croire, elle savait aimer. Les dons de sa charité attestaient les trésors de son coeur. Son christianisme n'était pas celui des portes closes, des langues bavardes ou des bras croisés. Elle faisait beaucoup de bien et peu de bruit. En sorte que ce ne fut qu'à sa mort que l'église de Joppé put apprécier l'étendue de sa charité. L'odeur du parfum ne se répandit dans la maison et dans l'église que lorsque fut brisé par la mort ce vase de prix discrètement scellé pendant la vie.

Ses amies découvrirent alors, soigneusement enfermés, toute une provision de tuniques et de manteaux, vêtements de dessus et de dessous. Elle les avait confectionnés durant les longs jours d'été en prévision des rigueurs de la saison d'hiver. Les veuves, qui l'avaient aidée, transportèrent ces vêtements comme des trophées dans la chambre haute où venait d'être déposé son corps. Elles en ornèrent son lit de mort. Cette parure, qui valait mieux que des couronnes ou des fleurs, était pour Dorcas la plus éloquente oraison funèbre.

Nous ne savons rien de la maladie qui l'emporta, sinon qu'elle dut venir rapidement. En effet, sa mort fut si prompte qu'elle surprit tout le monde. Peut-être en contracta-t-elle le germe en soignant un malade, ou commit-elle quelque imprudence en allant visiter les pauvres?

Quand elle fut morte, on alla chercher Pierre qui accourut. Touché par les larmes des veuves et l'affliction des disciples et ignorant encore la volonté de Dieu à l'égard de Dorcas, il voulut rester seul dans la chambre mortuaire pour prier et lutter à genoux.

Dieu entendit la prière de l'apôtre et répondit en même temps aux voeux de l'église tout entière. A la voix de Pierre, Dorcas ouvrit les yeux et s'assit sur son lit, comme si elle se préparait à reprendre aussitôt sa tâche interrompue. La prenant par la main, l'apôtre la fit se lever, afin de montrer aux assistants la réalité du miracle. Luc, qui nous avait dépeint la douleur de ses amies à sa mort renonce à nous décrire leur joie à sa résurrection.

Dès ce jour, Dorcas put continuer son oeuvre de propagande et de charité. En rendant aux pauvres de Joppé leur bienfaitrice, Dieu faisait renaître dans leurs coeurs l'espérance et la foi. Aussi est-il dit que « beaucoup crurent au Seigneur » et cette résurrection corporelle fut l'occasion de nombreuses résurrections spirituelles.


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LYDIE

(Actes XVI, 13-15.)

Lydie, originaire de Thyatire, avait quitté l'Asie Mineure, pour venir s'établir en Europe avec sa famille et y vendre des étoffes de pourpre, qu'elle faisait venir de sa ville natale, renommée alors pour ses teintures. Elle s'était fixée dans la ville de Philippes où elle avait conduit avec elle sa famille. Ayant sans doute réussi dans ses affaires, elle y avait acquis une maison assez grande pour y loger, après sa conversion, Paul et ses compagnons et pour servir plus tard de salle de réunion à la première église chrétienne d'Europe.

Gagnée au judaïsme par des juifs de Thyatire, Lydie était devenue prosélyte, expression synonyme de « craignant Dieu », mais elle était restée « prosélyte de la porte à), n'acceptant du judaïsme ni toutes les doctrines, ni surtout toutes les pratiques, comme le faisaient les « prosélytes de la justice », à qui, bien que païens, on allait jusqu'à accorder le titre d'israélite. Cette attitude de Lydie à l'égard du judaïsme, qui ne pouvait satisfaire toutes les aspirations de son coeur et surtout son besoin de pardon, nous explique sa promptitude à accepter l'évangile.

Ayant de grandes préoccupations religieuses, Lydie dès son arrivée à Philippes eut hâte d'entrer en relation avec les quelques juifs de cette ville, qui, trop peu nombreux ou trop pauvres pour bâtir une synagogue, devaient se contenter d'un endroit situé au bord d'une rivière, connue des juifs seuls et que Paul semble avoir eu quelque peine à découvrir.

L'apôtre n'y rencontra que quelques femmes réunies pour prier et parmi elles il distingua Lydie, dont le recueillement attira aussitôt son attention. jugeant qu'un discours n'était pas de circonstance, il s'assit au milieu de ce petit groupe et dut leur annoncer que celui que les païens cherchaient, que les juifs attendaient encore était venu et que lui, Paul, l'avait vu sur le chemin de Damas et avait alors reçu de lui l'Evangile qu'il apportait en Europe. Puis il dut les entretenir de la vision du Macédonien l'appelant à son secours, et leur montrer le Sauveur le guidant mystérieusement, mais sûrement jusqu'à Philippes, et jusqu'au bord de cette rivière, au milieu de cette assemblée, pour conduire quelque âme au salut,

La prédication de Paul a déjà touché le coeur de Lydie, prépare par Dieu lui-même qui l'a « ouvert » pour recevoir le message divin. Notre coeur en effet reste fermé tant qu'il n'a pas été touché par la grâce de Dieu et si nous voulons être attentif à la prédication de l'Évangile, nous devons demander à Dieu qu'il ouvre notre coeur. C'est assez dire que tout culte doit commencer par la prière et que nous ne trouvons dans nos assemblées religieuses que ce que nous venons y chercher. Si nous y assistons par habitude, sans préparation, sans avoir demandé à Dieu de nous ouvrir le coeur, nous n'emportons avec nous ni instruction, ni édification; si au contraire nous y venons préparés par la prière, avec le désir d'y recevoir de nouvelles forces, Dieu nous rendra attentifs, et ne nous contentant pas d'entendre, nous écouterons et nous pourrons ainsi comme Lydie après une prédication accepter le salut.

L'exemple de Lydie nous montre comment nous devons écouter la prédication de l'Évangile, comment nous pourrons nous affermir dans la foi, comment nous rendrons témoignage à la vérité.

Tout d'abord, comme Lydie, éloignons-nous de la foule et du bruit, faisons trêve à nos soucis et à nos affaires, et mettons à profit le jour du repos pour nous joindre à nos frères, et nous entretenir ensemble des intérêts éternels de nos âmes.

Lydie aurait pu avoir recours à bien des prétextes pour ne pas se rendre à « la prière » : son commerce, ses enfants, les soins du ménage; cependant elle surmonte tous les obstacles et cela, parce que son coeur était dispose à prier, et qu'elle désirait ardemment trouver la vérité, obtenir le salut, parvenir à la vie éternelle.

La foi de Lydie après sa conversion fut une foi pleine d'humilité. Se soumettant au jugement de chrétiens plus avancés dans la piété, elle leur dit : « Si vous me jugez fidèle au Seigneur » et les invite à demeurer chez elle, pour s'affermir davantage dans sa foi. Et pour témoigner sa reconnaissance envers le Dieu qu'ils servent, elle se montre prête à faire par amour pour lui tous les sacrifices dont elle est capable.

Enfin Lydie ne veut pas jouir en égoïste de son bonheur. Mais après avoir affirmé par le signe extérieur du baptême sa communion avec son Sauveur, elle fait baptiser tous les siens, montrant par là son désir de les voir dès ce jour membres de cette église chrétienne que Paul vient de fonder à Philippes. Faisons, nous aussi, partager à nos proches notre foi et pour cela donnons-leur, comme Lydie, l'exemple de la prière, de l'humilité, de la charité, de l'esprit de sacrifice, de l'amour et de la piété.

De quelle importance est pour l'histoire cet entretien de 'Paul et de Lydie? En le rapprochant de l'entretien de Jésus avec la Samaritaine, on voit que le disciple, comme le Maître, ne dédaigne pas, mais recherche les petits commencements. Ces entretiens avec des femmes ne montrent-ils pas la place que le christianisme allait faire à la femme, à qui le salut est directement annoncé et qui, devenue l'égale de l'homme, doit avoir désormais droit dans l'église, aux mêmes privilèges et aux mêmes bienfaits

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