Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



 

De la réforme

du caractère

à la lumière de l'Evangile

 

par Adèle Pélaz

 

Delachaux & Niestlé S. A.

Neuchâtel (Suisse)

Janvier 3003
Fac-similé de la couverture


Ces pages sont nées de circonstances particulières. Lues une dizaine de fois, dans des Alpes ou localités de la Suisse, elles ont trouvé de bienveillants auditeurs. Quelques-uns ont insisté pour que l'auteur les publie.

Pour traiter un sujet de si haute importance, il eût fallu lui donner une tout autre ampleur, et de tout autres développements. Il eût fallu, surtout, une plume plus capable et plus digne de la cause que ce sujet est destiné à servir. Néanmoins, puisse ce petit opuscule trouver grâce auprès des « jeunes ». Puisse-t-il mettre, face à face, quelques-uns d'entre eux, avec le vide et la stérilité de certaines théories philosophiques. Puisse-t-il, surtout, leur faire découvrir le facteur le plus actif de la régénération d'un mauvais caractère : la puissance libératrice que Dieu met à la disposition de quiconque la demande. A. P.


De la reforme du caractère

à la lumière de l''Evangile

 

Je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. (Rom. VII, 19.)

Notre Père qui es aux cieux... c'est à Toi qu'appartient la puissance... (Matth. VI, 13.)

 

ON lisait, dernièrement, dans un journal de la Suisse romande: «On demande, pour l'éducation de deux fillettes, une institutrice chrétienne, mais aimable.»

Pourquoi ce « mais aimable » chez les auteurs de l'annonce? Sans doute, parce que témoins de plis défectueux de caractère, restés dans la physionomie morale de certains chrétiens.

La piété et l'intégrité du caractère ne devraient-elles pas, par une intime pénétration, s'influencer réciproquement : la piété provoquer la guérison du caractère, et celui-ci, en s'affinant, ennoblir celle-là?

Il est de bons caractères.

Il en est, et ce sont les plus nombreux, de médiocres, de déformés ou de décidément mauvais.

Mauvais? Nous n'entendons pas, par là, de dépravés, de corrompus, mais simplement révélateurs de défectuosités indiscutables, de défauts s'associant, parfois, à de brillantes qualités.

«Il est des hommes, a écrit Henry Drummond, qui sembleraient approcher de la perfection, si ce n'était un caractère facilement froissé, prompt à s'offenser, et susceptible à l'excès. Cette possibilité, d'allier l'irritabilité de caractère à de hautes qualités morales, est un des problèmes les plus singuliers et les plus tristes de la psychologie. »

 

La réforme ou la régénération du caractère est-elle possible?

 

Les mauvais caractères peuvent-ils être transformés?

Cette transformation, réalisée, supprime-t-elle la progression?

Pouvons-nous n'être plus jamais ce que nous fûmes toujours ?

L'Ethiopien, - pour parler le langage biblique, - peut-il changer sa peau, et le léopard ses taches? (Jér. XIII, 23.)

Bien plus, pouvons-nous non seulement voir disparaître notre défaut dominant, mais acquérir la qualité contraire? La violence peut-elle faire place à la douceur?

L'égoïsme à l'oubli de soi?

L'avarice à la générosité?

Sommes-nous condamnés à voir toujours les racines de notre vie morale plonger dans le sol de la médiocrité; ou bien, osons-nous ambitionner un caractère de haut vol. comme celui d'un Gaston Frommel, dont on a pu dire : « L'intégrité de son caractère était telle, que le seul fait de prononcer son nom, assainissait l'atmosphère d'un salon ou d'une assemblée, où sa présence faisait défaut. »

Pouvons-nous laisser derrière nous un sillon semblable à celui d'un Paul Minault? « Voir les richesses de ce caractère, - a-t-on écrit, - suivre ce chrétien dans sa vie quotidienne, c'est vouer une haine féroce à la médiocrité. »

Cette parole de l'apôtre Paul, est-elle, oui ou non réalisable dans nos vies: « Nous tous qui contemplons, comme dans un miroir, la gloire du Seigneur, nous sommes transformés à la même image... » (2 Cor. III, 18.)

Cette contemplation du Maître, Jésus-Christ, ne peut-elle pas imprimer, sur nous, les traits de Son caractère?

 

Au foyer paternel

 

Comment l'homme qui se met face à face avec les lacunes de son caractère, et voudrait les combler, peut-il sortir de cette longue agonie, où, sa vie durant, il cherche, par des résolutions toujours renouvelées, mais sans cesse brisées, à toucher le port de la délivrance où sa barque n'aborde jamais?

Est-ce toujours sa faute? Non.
A-t-il été encouragé?

A-t-il acquis, au foyer paternel, la certitude qu'il est des forces invisibles capables de réprimer les mauvaises tendances de son tempérament naturel?

Consciemment ou inconsciemment, quand il pose le pied sur les premiers degrés de la vie, l'enfant se forge un idéal moral. il le porte en germe.

Si la certitude de pouvoir l'atteindre lui fait défaut, si l'on n'a pas su imprimer, dans son esprit, la merveilleuse devise de Jésus-Christ :

« Tout est possible à celui qui croit »,

devenu homme, il s'écriera, désespéré :

Ne puis-je pas, dites-le-moi donc, recevoir du ciel une secousse électrique capable de me guérir du coup?

Dieu ne permettra-t-Il pas à ma main débile, de toucher le bouton de ses énergies divines, source d'une victoire définitive?

 

Tempérament et caractère

 

On confond souvent tempérament et caractère. Distinguons.

« Le tempérament (Dict. Larousse), c'est la constitution particulière du corps. Par extension - constitution morale. »

Constitution morale, c'est-à-dire l'ensemble des penchants, des tendances, bonnes OU mauvaises, avec lesquels nous venons au monde.

De même que nous naissons avec une constitution, soit un tempérament sanguin ou lymphatique, robuste ou maladif, de même, nous ouvrons les yeux à la vie, avec un tempérament généreux ou avare, patient ou irritable.

Qu'est-ce alors que le caractère?

La répétition des actes ou manifestations du tempérament.

En effet, ne peut-on pas, par tempérament, être porté à la violence, et ne jamais se livrer à des actes d'emportement ou de colère?

L'apôtre Paul, en voilà un qui naquit avec un tempéra, ment fougueux, violent, vindicatif! Ce héros de l'Eglise apostolique nous retrace, dans l'épître aux Romains, une époque de sa vie, où il voulut, en vain, dompter ce tempérament. Il en fait l'humble aveu : « Je fais le mal que je ne veux pas, et je ne fais pas le bien que je veux. »

Je suis charnel, dit-il, j'ai la volonté et non le pouvoir; le mal est attaché à moi, malheureux homme que je suis, qui me délivrera de ce corps de mort?

La fin du chapitre septième de cette même épître pivote sur ces deux mots: moi et je, je et moi, toujours attachés à l'incapacité absolue de l'apôtre de faire le bien, par lui-même.

Et, ce même homme, devenu le plus saint, ou l'un des plus saints, après Jésus-Christ, est obligé de faire la douloureuse déclaration, qu'il fut un temps où sa volonté fléchissait, en face du bien qu'il voulait faire, et cédait, devant le mal qu'il baissait. En d'autres termes, un temps où il fut l'esclave de son tempérament violent.

Plus tard, ce même apôtre, « blasphémateur, persécuteur, ne respirant que meurtres et menaces », fait cet autre aveu, aussi sincère que le premier : «J'ai été plein de douceur au milieu de vous. » (I Thess. II, 7.)

Que s'était-il passé?

Par un principe nouveau, une pénétration, une infiltration, une instauration de la vie d'En-Haut, le caractère de l'apôtre avait subi une telle transformation, qu'il pouvait s'écrier

«Ce n'est plus moi, - l'homme violent, - qui vis,
C'est Jésus-Christ,
- l'homme doux et humble de coeur, -
qui vit en moi.»

Cette transformation, opérée sur le chemin de Damas, il l'affirme (Rom. VII, 2) et déclare que l'Esprit du Christ, devenu Sien, l'a affranchi de la loi du péché, a brisé son esclavage, et lui a communiqué, avec le vouloir, le pouvoir. Cet Esprit, devenu le moteur de sa volonté, a métamorphosé son caractère de lion en caractère d'agneau.

Le tempérament qu'il a reçu, à sa naissance, - et il faut insister là-dessus, - sera toujours un tempérament de fer et d'acier, - mais la vie nouvelle qui s'est emparée de tout l'homme, soumet, discipline ce tempérament indomptable, et le maintient dans la douceur de l'Esprit.

De là, réforme de son caractère, parce que, désormais, absence des manifestations de son tempérament.

L'expérience de saint Paul ne peut-elle pas devenir nôtre? Là où l'éléphant a passé, le mulet peut passer aussi, dit un antique proverbe.

 

Efforts infructueux

 

En dehors de cette infiltration de la puissance divine, l'homme réduit à ses propres forces peut-il espérer, par l'effort individuel, même très sincère, la guérison de son caractère?

L'histoire ne nous donne-t-elle pas des exemples de grandeur morale, de vertus signalées, en dehors de l'action de la foi chrétienne?

Jules Payot, dans son volume sur l'Education de la volonté, cherche à prouver que «vouloir c'est avoir».

Mais, si la volonté est anémiée par les tendances corruptrices d'un mauvais caractère, comment recourir à celle-là, - la volonté, - pour influencer celui-ci, - le caractère?

« Il faut la fortifier », dit J. Payot.

Fortifier la volonté? mais avec quel moteur?

« Seul, le coeur, répondra Gustave Tophel, dans une étude psychologique, seul, le coeur pourrait l'être, ce moteur.... et voici, il est le foyer même du poison, du mal, du péché, car le coeur, comme toutes les autres facultés de l'homme, y compris la volonté, a été vicié, dénaturé par la chute. »

Combien d'adultes, combien de jeunes, lassés de résolutions toujours brisées, se sont mis, avec ardeur, à lire les ouvrages de Marden, de Trine et consorts, ouvrages qui ne font appel qu'à la volonté de l'homme, et ne nous apportent, sur le sujet qui nous occupe, que ce qui a été dit, maintes et maintes fois, au cours des siècles?

Où sont ceux qui ont recouvré une pleine santé par ces lectures?

Influencés.... momentanément.... peut-être?
Guéris, transformés, c'est autre chose.

En face de ces systèmes soi-disant nouveaux, quelqu'un s'est écrié : « Cela ne mord plus; l'homme qui veut réagir contre tel ou tel défaut invétéré, a beau mettre son énergie et sa volonté au premier plan, il verra la stérilité de la plupart de ses efforts. »

A l'appui de ces réflexions, laissez faire à un homme, doué cependant d'une forte volonté,
la douloureuse confession suivante

« Pour me corriger, dit-il, de mon mauvais caractère: aigre, contredisant, faux, orgueilleux, égoïste, susceptible, j'ai essayé en vain

des méthodes philosophiques
de tous les temps.
Résolu à trouver le chemin de la victoire,
Je ne voulais pas rester ce que j'étais,
je me suis imposé des règles,
et me suis soumis à de mâles pratiques.
Je me suis efforcé de solidifier mes muscles moraux.
Je me suis considéré l'élève d'une école de privations.
J'ai fourbi journellement mes armes.
J'ai répété, chaque matin, vingt fois certaines formules. (Méthode Coué.)
Que de vaines résolutions n'ai-je pas prises ?
Ai-je assez pleuré?
Ai-je assez gémi?

Me suis-je assez puni avec le marteau, le fouet, la trique, - pour tomber dans le plus noir désespoir, en face de tendances invaincues?

Parfois, je gagnais une ou deux victoires.... et j'étais battu peu après.

Aussi bien, las de frapper, de piétiner vainement, découragé par mes insuccès et mes échecs répétés, je me suis écrié:

Seigneur ! le ressort de mes énergies humaines est brisé; mes forces naturelles ont fait faillite, il me faut une puissance qui vienne hors de moi, qui vienne de Toi, qui vienne d'En-Haut. Il me faut ton Esprit.

Dieu répondit à ce cri d'angoisse, de détresse et de désespoir. La guérison me fut accordée. je pus, désormais: vouloir et pouvoir. »

C'est ainsi qu'à travers tous les siècles, des glaces du pôle à l'équateur, retentit ce cri déchirant : Je veux... mais je ne peux pas. Mon caractère, que j'exècre, reste le même.

Bien obligé est l'homme de reconnaître la vérité du vieil adage :

«Entre le vouloir et le faire court la mer. »

Bien obligé est-il aussi de constater que sa volonté, parce que viciée, cède dans la lutte contre le péché.

Dans son remarquable volume A l'école de Calvin, M. de Saussure écrit: «Le péché qui vicie tout notre être, sens, coeur, volonté, conscience, fausse aussi le jeu de notre entendement. »

Evidemment, nous ne parlons pas, ici, de cette volonté de fer, qu'exercent certains hommes, pour arriver à la gloire ou à la richesse. Ils y arrivent, parfois, et même souvent; mais, à y regarder de près, la volonté de ces mêmes hommes reste stérile en face d'un défaut de caractère. Non, non. Nous parlons de l'exercice de la volonté en face du mal inné dans le coeur de l'homme.

Nous nous demandons donc,
« Si cette impuissance de la volonté de l'homme,
ne rentre peut-être pas,
dans le plan éducatif de Dieu,
après la chute?

En effet, si, par lui-même, l'homme Pouvait ce qu'il veut, dans l'ordre de pensées qui nous occupe, ne deviendrait-il pas son propre Dieu? tandis que, de la stérilité de ses efforts personnels naît, très souvent, la recherche de Dieu. »

N'est-on pas autorisé à le croire en S'appuyant sur l'ensemble des vérités évangéliques?

On allègue: Mais Jésus-Christ a toujours fait appel à la volonté de l'homme: « Veux-tu être guéri? » - Sans doute. Mais pourquoi celui-ci recourt-il à une puissance qui lui fait défaut, à celle du grand Médecin des âmes et des corps? parce que incapable, par lui-même, d'obtenir la guérison.

Le self ne disciplinera jamais le self, disent les Anglais.

Aussi bien, quand on affirme que la victoire, sans Dieu, est possible, on le fait, inconsciemment, par des méthodes philosophiques dont les racines plongent encore dans le sol nourricier des vérités évangéliques. (On s'impose des moments de silence, d'examen de soi-même, etc.)

 

Sur le terrain religieux

 

Voyez cet homme attelé à un char trop lourd pour ses forces. Elles vont le trahir. La pente est raide. Il va lâcher prise. Témoin de ce spectacle, un passant à l'aspect robuste, aux bras vigoureux, s'approche, par derrière, et donne à l'équipage une impulsion nouvelle.

Aussitôt l'homme et le char changent d'allure.

Que s'est-il passé?

La force d'un autre est venue au secours de celui qui en manquait.

La solution du problème religieux est tout entière dans cette image.

Jules Delapierre (2), avec son sens pédagogique remarquable, déclarait: «Le plus beau spectacle que peut donner le monde, c'est la transformation, par la religion, d'un caractère réputé incorrigible. »

Si nous interrogeons la Bible, guide infaillible de l'éducation morale, nous n'y trouvons pas, croyons-nous, le mot «caractère» dans le sens où nous l'étudions ici. N'importe le mot, si la chose y est. Les Ecritures nous parlent de régénérés et d'irrégénérés, c'est-à-dire de corrigés, transformés, métamorphosés. (1 Pierre I, 3 et 23.)

L'homme, lassé des théories terre à terre, trouvera la source de la puissance libératrice dans ce code-là.

 

Attitudes à prendre

1. Pas de découragement.

Pas de découragement, eussions-nous été battus à plate couture, mille et mille fois.

Nous voulons vaincre, nous vaincrons, parce que, non pas à l'école des prophètes de néant, mais à celle du Maître sous le règne duquel on apprend à vaincre.
 

2. Appelons nos défauts par leur nom.

Appelons nos défauts par leur nom. Rien avant; rien après.

« La précision est un autre nom de la vérité. » (Vinet.)
Je suis lâche, non pas: je manque de courage.
Je suis menteur, non pas : il peut m'arriver d'exagérer.
Je suis colère, non pas : je m'indigne devant l'injustice.
Je suis jaloux, médisant, obstiné, hargneux.
Je conjugue habituellement tous les verbes
à la première personne: « je».

De tels aveux expirent, souvent, sur les lèvres du coupable.

Le bienheureux Alfred de Meuron, ce chrétien d'élite, auquel des centaines de confessions avaient été faites, affirmait : « Personne ne m'a jamais dit, carrément: « Je suis avare. »

Dès lors, pas de changement de caractère, là où demeure un interdit.
 

3. Pas un jour de plus...

Persuadons-nous que nous ne sommes pas obligés de rester, un jour de plus, ce que nous avons été jusqu'à aujourd'hui.

«Sous la grâce, écrivait le professeur de théologie, Charles Porret (1), nous sommes appelés à la vie de gens guéris et non pas à traîner perpétuellement une vie de convalescents. Fixer une limite à la puissance de Dieu serait insensé et criminel. » Nous dirions blasphématoire. Persuadons-nous, en effet, que la réforme du caractère n'est pas nécessairement longue.

Les meilleurs procédés curatifs s'inspireront du reste, toujours, des méthodes du Christ.

Il n'a jamais dit:

Va, et fais de mieux en mieux.
Les «peu à peu » ne rentrent pas
dans son plan éducatif.

Jésus place toujours l'absolu et l'immédiat devant ses auditeurs :

«Va et ne pèche plus. »
« Va et ne pèche plus à l'avenir. »
« Soyez parfaits, comme votre Père qui est dans les cieux est parfait. »

Il ne dit pas : «Pries-tu?» mais : « Crois-tu que je puisse faire cela?» Celui qui croit, prie.

Le grand Educateur des consciences ne laisse pas la porte entr'ouverte aux défectuosités du caractère. Ce serait attaquer la racine même de son enseignement, que de lui faire dire autre chose.

Les éducateurs qui ont fait école, après Lui, tiennent le même langage.

« On ne rompt pas, écrit Frédéric Godet, petit à petit avec le péché. On consomme d'un seul coup la rupture complète.

On ne gravit pas, un à un, les degrés du trône, on s'élance et on s'assied en Christ par la foi... Si une convoitise s'élève dans le coeur du régénéré, l'Esprit-Saint qui fait vivre Jésus-Christ, en lui, excite, à l'instant, une protestation contre ce commencement de péché et empêche absolument la volonté d'y adhérer. »

Néanmoins la guérison du caractère, non pas seulement l'amélioration de celui-ci, ne supprime pas la progression. Elle l'enfante. Elle en est le point de départ, pour arriver à l'état de permanence.

Le symptôme significatif de cette progression, c'est l'évolution intéressante du caractère, dont les défauts font place aux qualités contraires.

Si la piété n'engendre pas cette pureté de caractère, c'est la meilleure preuve que la puissance d'En-Haut n'a pas pénétré tous les départements du coeur, de la conscience et de la volonté.

Evidemment, une rechute peut toujours se produire, mais ce n'est pas parce qu'un cheval vicieux a fait, une fois, un saut de côté, qu'il est condamné à répéter cette expérience sa vie durant.

 

4. Avant tout, croyons.

Croyons à la puissance de l'Esprit pour rénover toutes nos facultés.

Burinons sur nos coeurs cette parole : « Tout est possible à celui qui croit. » Tout, c'est-à-dire «tout »

Demandons-la, cette puissance.

« Ne semble-t-il pas, écrivait un auteur chrétien, que le credo de certains croyants est, parfois, celui-ci :

Je crois en Dieu,
le Père impuissant, incapable de régénérer mon mauvais caractère.
Je suis ainsi fait. Il n'y peut rien, ni moi non plus. »

Frédéric Godet, commentant la parole de l'apôtre Paul: « La loi de. l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ, m'a affranchi de la loi du péché et de la mort » (Romains VIII, 2), écrit: « Cette loi, en Jésus-Christ, est intérieure, elle pénètre, entraîne, subjugue, fortifie la volonté, c'est l'Esprit de vie qui est en Jésus-Christ. Jésus nous la communique, et transmet, par là, sa propre sainteté réalisée ici-bas. »

Autrement dit, opère la transformation du caractère.

 

Conclusion

 

La synthèse du sujet que nous étudions est donc tout entière dans la réception d'un principe nouveau, dans l'infiltration, dans la pénétration, l'instauration d'une force mystérieuse, ressort intime, rendant l'homme capable d'agir dans la direction des ordres de Dieu. Force mystérieuse susceptible de purifier les sources les plus profondes de la vie naturelle,

sans supprimer le rôle important
de la volonté,
régénérée par cette force elle-même.

Seule, cette puissance, que l'on reçoit à genoux, donne à l'homme

avec le vouloir, le faire.

Puis, quand elle a fait invasion dans un coeur, il faut que la bénédiction reçue soit alimentée, par une assimilation toujours renouvelée des certitudes bibliques, et par une vie de prière quotidienne.

Il faut
Qu'en saisissant son bâton de voyage,
Au clair matin, le pèlerin pieux
Croise les mains,
Lève les yeux,
Et fasse son pèlerinage
Au pays de Dieu.

La réforme du caractère est donc possible. Nier cette possibilité ne l'anéantit pas.

****************

«J'adhère, disait un chrétien très âgé, à la doctrine de la sanctification. je la crois biblique. Mais, avant de «toucher l'autre rive », j'aimerais voir défiler, devant moi, quelques-uns de mes contemporains, hommes et femmes, au caractère intègre : exemples à suivre et devant lesquels on s'incline. »

On lui cita parmi les morts: Charles Rochedieu, Alfred de Meuron, Ernest Favre-Iselin, Gaston Frommel, Hudson Taylor, Alexandre Morel, puis Otto Stockmayer dont Francis Chaponnière écrivait (Semaine religieuse du 18 août 1907): « Tous ceux qui avaient suivi le développement moral et religieux de Otto Stockmayer attestaient que son caractère altier avait été transformé par la puissance de sa vie religieuse. » On lui cita encore : Nanette Bovet, Joséphine Butler, Renée de Benoît, tous chevaliers du Christ, parce que touchés par la grâce de Dieu.

- D'accord, Mais ce sont des exceptions.

On fit passer alors devant lui une longue série de noms, vrais phares dans le monde protestant.

- C'est vrai, dit-il, mais ces exceptions devraient être la règle dans toutes nos Eglises et dans tous nos groupements religieux.

Exceptions qui devraient être la règle, mais c'est le but même de ces pages.

On entendit, un jour, dans l'antique Judée, La voix du Fils de Dieu, Jésus de Galilée. le suis doux, disait-Il, doux et humble de coeur.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

L'humilité, racine de toutes les vertus, parce que révélation de la mort à soi-même. L'humilité, vertu caractéristique de Jésus-Christ.

Contemplons-Le jusqu'à ce que disparaisse de nos caractères la dernière dissemblance d'avec le sien.

.


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1 Discours aux étudiants de la Faculté de théologie libre de Lausanne.
.
2 L'auteur de la Concordance biblique, version Segond, et de la brochure: « Qu'eussiez-vous fait avec un tel fils? »
 

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