Nouvelles d'Israël
Juillet 1990
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Le héros de la guerre de Six
Jours est populaire de plusieurs longueurs
d'avance
Shimon Peres, svelte, de moyenne
stature, une voix sonore, les yeux bruns
mélancoliques, les mouvements retenus, presque
maladroits: il a misé trop haut, brisé la
grande coalition - sans pour autant être parvenu
à rassembler les 61 députés de la
Knesseth derrière l'étendard d'une propre
coalition en miniature. Son parti, déçu, a
désamorcé le thème de la paix au
Moyen-Orient - ayant servi de puissant aimant publicitaire
pour sauter la coalition - au même titre qu'une mine
rouillée.
Yitzhak Rabin, le héros de la
guerre de Six Jours de 1967, y a contribué de
manière décisive. Trapu, prêt à
la détente, il donne depuis une image plus civile,
plus engageante, faisant tout de même plus
général que diplomate. Il regroupe la
majorité du parti derrière lui, dépasse
Peres de plusieurs longueurs sur le plan de la
popularité et à ce titre également
Shamir, la figure de proue du Likud. Il voit poindre le bout
de son long chemin, l'indemnisation à portée
de main de défaites cuisantes.
Fils d'un émigrant
américain, Rabin est né à
Jérusalem; il a servi dans l'unité
d'élite juive «Palmach», collaboré
avec les troupes britanniques sous mandat durant la Seconde
Guerre mondiale; plus tard, il a lutté contre elles
et été fait prisonnier par les Britanniques.
Il fut toujours un homme d'armes, initialisant une
percée décisive vers Jérusalem durant
la guerre de 1948; comme chef de l'état-major
général, il a su revendiquer une part
décisive également au succès des
Israélites.
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Peres et Rabin, frères
ennemis comme Caïn et
Abel
Leur duel est à la mesure de
l'Ancien Testament.- depuis 16 ans, Shimon Peres et Yitzhak
Rabin luttent pour s'emparer du sceptre du Parti du travail
et de l'Etat d'Israël - avec un fort enjeu et en
recourant à toutes les astuces politiques.
Récemment, Rabin a «jeté le gant»
dans le ring, sonnant ainsi le gong d'une ronde d'arme
décisive entre ces deux caractères vraiment
différents,
Une scène typique: comme
invité d'honneur, nous trouvons Hans-Jochen Vogel,
président SPD, à la table du Parti
israélien du travail, entre Yitzhak Rabin et Shimon
Peres. Si Peres commence par dire «A», Rabin
l'interrompt par «B» un «hi» de Rabin
est sanctionné en écho par une «han»
de Peres. Ambiance coutumière pour la plupart des
personnes présentes; pour l'invité allemand
par contre, un rôle de bâton de chaise peu
flatteur.
La lutte des deux fils d'Israël
est à la mesure de l'Ancien Testament: depuis 16 ans,
Shimon Peres et Yitzhak Rabin luttent pour la conduite du
parti du travail et de l'Etat d'Israël - avec une forte
mise et en recourant à toutes les astuces de la
politique. Jacob et Esaü apparaissent comme une
avertissement fatidique, voire Caïn et Abel. Les deux
frères ennemis ont élevé au rang de
seconde nature la perception d'un éventuel faux-pas
commis par l'adversaire.
Rabin a 68 ans, Peres en aura 67 dans
trois mois. Seul l'âge pourrait justifier le geste de
Rabin et sonner l'issue de la lutte entre deux
caractères aussi différents.
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Politique
intérieure
La politique intérieure
israélite ayant traversé un mois des plus
tourmentés, tous les signes donnent à penser
que Yitzhak Shamir gardera son poste de président.
Son gouvernement devra se contenter d'une majorité
serrée de 61-65 députés à la
Knesseth, appartenant en grande partie aux partis de droite
et orthodoxes.
Le Parti du travail mené par
Shimon Peres devra probablement se contenter du rôle
de force d'opposition, après cinq ans et demi de
coalition avec le LIKUD dans le gouvernement national
unitaire.
Dans le courant du mois d'avril,
Shimon Peres a tenté de former un gouvernement - il a
échoué. Sa défaite est intervenue
après qu'il ait annoncé à son parti et
à l'ensemble de la nation qu'il détenait une
majorité de 61 des 120 députés à
la Knesseth. Au dernier moment, immédiatement avant
l'assermentement du nouveau gouvernement, deux
députés ont repris leurs voix à Peres
pour les octroyer à Shamir. Peres ayant ainsi perdu
la majorité, il a été contraint
d'encaisser le blâme et de restituer son mandat au
président. En 42 années d'histoire de l'Etat,
c'est la première fois qu'un candidat échoue
dans sa tâche de formation d'un gouvernement.
Le jour suivant, le président a
donné à Yitzhak Shamir le mandat de former un
gouvernement; à ce moment-là apparemment, on
pouvait croire qu'il était presque arrivé
à ses fins. Selon l'état actuel des choses
toutefois, la crise politique n'est pas encore
résolue en Israël.
Le gouvernement Shamir s'appuiera sur
6-7 fractions, donc en proie à une instabilité
extrême et aux tentatives permanentes de pression et
de chantage politique.
La crise a fortement
ébranlé les structures internes du LIKUD.
Entre autres choses, elle a consolidé le pouvoir d'un
groupe disparate qui, par le passé, agissait de
manière extrême contre Shamir. Parmi celui-ci,
nous trouvons en particulier le président du parti
Ariel Scharon qui, et cela de manière
théâtrale, a quitté le gouvernement
Shamir il y a de cela deux mois. La crise lui donnant des
ailes, il semble qu'il retournera dans le
gouvernement.
Dans le Parti du travail, l'image de
Shimon Peres a du plomb dans l'aile, alors que Yitzhak Rabin
a pu consolider sa position de force de manière
notoire. Les relations entre ces deux personnages n'ont
jamais été empreintes de grands élans
de sympathie; on peut penser qu'ils se trouvent sur le
chemin d'un puissant duel dont l'enjeu est la conduite du
parti.
La crise a laissé une
impression de longue durée parmi la population. Plus
d'un demi-millions de citoyens ont signé une
pétition visant à changer le système
électoral. La majorité de la population est
déjà irritée par les intrigues et les
manoeuvres démontrés par les politiciens. Sur
les routes israéliennes, on rencontre actuellement de
nombreuses voitures avec l'autocollant «Y'en a
marre!» faisant allusion aux politicards. Devant
l'immeuble de la Knesseth et le siège
présidentiel, on assiste régulièrement
à des grèves de la faim protestant contre la
langue fourchée des politiciens. La pression des
masses se fait de plus en plus forte. Aucun gouvernement,
aucun politicien ne saurait ignorer les (res)sentiments du
peuple. Z. L.
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Réalités et motifs -
Que d'attentats s'inspirant de motifs
antisémites
Que d'attentats s'inspirant de motifs
antisémites n'avons-nous pas déjà
vécu? Ces derniers temps toutefois, leur nombre
s'amplifie dans une mesure jamais vécue depuis la fin
de la Deuxième Guerre mondiale. En Europe de l'Est,
le spectre a pris de l'ampleur ces dernières
semaines. Depuis la profanation particulièrement
méprisables du cimetière juive de Carpentras,
au Sud de la France, le fantôme antisémite
étend son ombre sur l'Europe occidentale.
L'antisémitisme est-européen, on le
connaissait longtemps avant le mouvement communiste, voire
l'holocauste mis en scène par Hitler.
On ne peut renier que les communistes
ont exploité l'antisémitisme à leur
profit; il suffit de penser à la conjuration des
médecins visant à rendre des juifs
responsables de la mort de Stalin-Adlatus Schdanown.
Auparavant déjà, on a assisté à
une véritable campagne antisioniste; parmi ses
victimes, nous trouvons Kostov en Bulgarie (membre du
Politburo), du ministre hongrois de l'Intérieur Rajk;
en Roumanie, nous trouvons Luca (président
suppléant du Conseil), Georgescu (ministre de
l'Intérieur) et la ministre des Affaires
étrangères Ana Pauker. En Allemagne de l'Est,
le sort a touché avant tout Paul Merker, Leo Baurer
et Rudolf Herrnstadt. La victime la plus connue fut Rudolf
Slansky, le secrétaire général du Parti
communiste de la Tchécoslovaquie. En Pologne, le
parti a tenté à plusieurs reprises de
mobiliser les sentiments antisémites pour
mécontenter le peuple, contre Solidarnosc
également.
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Retour au foyer des juifs russes:
attaques de tous les côtés
Le rendez-vous au sommet arabe
prévu pour la fin de mai à Bagdad, capitale de
l'Iraq, aura pour thème principal l'émigration
des juifs vers Israël. Cette exode de population
préoccupe extrêmement les états arabes;
à leur avis, l'équilibre stratégique
est affecté en Moyen-Orient et les Palestiniens
pourraient bien faire les frais de la cause.
A fin avril, le président
syrien Hafez El-Assad a fait escale à Moscou pour
discuter en profondeur sur la question avec Michael
Gorbatschow. A mi-mai, le président égyptien a
conféré une importance supplémentaire
à la pression arabe; lui aussi s'est
déplacé à Moscou pour discuter entre
autres choses de l'émigration juive.
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USA et OLP
Les intentions du gouvernement
américain (19.3.1988) de reprendre les contacts avec
l'OLP seulement lorsque celle-ci:
1. se distancera officiellement de
toute forme de participation au terrorisme et interdira
également à tous ses groupes toute
participation au terrorisme;
2. exclura de ses rangs tout
élément exécutant des actes de
terrorisme en dépit de cette interdiction sont
complètement bafouées par l'administration
Bush: les Etats-Unis discutent déjà avec
l'OLP. La déclaration diffuse d'Arafat du 15.12.88 de
renoncer au terrorisme suffit aux américains.
Depuis, ils ferment les yeux sur le
fait que 18 agressions terroristes ont été
perpétrées entre-temps, d'ordre de
l'organisation AI-Fatah (groupe terroriste propre à
Yasser Arafat) et que 21 personnes ont perdu la vie.
Washington ignore de même que l'OLP renforce au Liban
son armée de 11.000 hommes jusqu'alors.
Sans tenir compte de la
réalité sanglante, le ministre
américain des Affaires étrangères Baker
déclare: «Nous ne disposons pas de preuve de
complicité, d'encouragement ou d'approbation
d'activités terroristes à mettre à la
charge d'Arafat.»
Baker n'a pas non plus entendu les
instructions d'Arafat (voir interview avec Arafat,
AI-Mukharir, 2.4.90) prescrivant que les «juifs
soviétiques émigrants vers Israël doivent
être éliminés.»
L'ex-président Carter considère même le
chef de l'OLP Arafat comme «l'homme de la paix».
Sur la même lancée, Israël est
considérée comme responsable de tous les
troubles dans cette région.
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Juillet 1990
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Vaclav Havel
En avril, le président
tchécoslovaque Vaclav Havel a fait une visite
d'état en Israël. Havel est le premier chef
d'état des pays de l'Europe de l'Est à visiter
l'Israël; il a été accueilli avec de
nombreuses marques d'honneur et une grande
cordialité. Dans le courant des trois jours
passés en Israël, l'hôte s'est vu
conféré le titre de docteur honoris causa en
philosophie par l'Université hébraïque de
Jérusalem.
Havel salua également un
congrès de plus de 4'000 personnes organisé
par des Israélites de souche tchèque. Pour
clôturer son voyage en Israël, Havel a
visité un kibboutz portant le nom d'un autre
président célèbre tchèque,
«Kfar Masrik». Selon les articles de journaux,
Havel a «été presque
étouffé» par les marques de
reconnaissance et de sympathie des habitants du kibboutz. Z.
L.
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Août 1990
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La crédibilité de
l'OLP
Des vedettes rapides conduites par des
terroristes, partis d'un ravitailleur du port libyen de
Bengasi pour attenter à la vie de citoyens innocents
à Tel Aviv, ont une fois de plus fourni à
Israël la preuve éclatante que l'OLP
n'était pas précisément une
organisation de brebis simples d'esprit et en quête de
paix. L'incident s'est produit à la fin de mai, au
matin de la fête du Schawuoth.
Plusieurs centaines de personnes
profitant des bienfaits de la baignade sur la plage
méditerranéenne de «Nizzanim» ont
soudain reconnu à leur grand dam onze terroristes
armés sautant à terre à partir d'un
bateau qui s'était rapproché de la côte
à grande vitesse. Dans les quelques minutes qui
suivirent, de nombreux hommes de l'armée
israélienne intervinrent. Lors de la fusillade qui
s'ensuivit, quatre terroristes y laissèrent leur
vie.
Les autres se rendirent aux soldats.
Deux heures auparavant, une patrouille de la marine
israélienne avait arraisonné un autre bateau
de terroristes croisant au nord de Tel Aviv.
Une première analyse des
événements par l'armée
israélienne a révélé que les
bateaux faisaient partie d'une unité tactique de plus
grande envergure cherchant à accoster non loin de la
ville pour attenter à la vie d'un nombre si possible
élevé de citoyens israéliens. Entre
autres choses, les bateaux devaient lancer des fusées
Katiouska depuis la mer en direction de Tel Aviv.
Ils ont été
envoyés en mission de la Libye par Abuel-Abas, un
membre du comité exécutif de l'OLP et ami
intime de Yassir Arafat. El-Abbas endosse également
la responsabilité du détournement du bateau
touristique «Aquille Lauro» et de l'assassinat
d'un touriste américano-juif qui se trouvait sur le
pont du bateau.
Cette dernière tentative
d'attaque sert à Israël de preuve indiscutable
que les organisations membres de l'OLP continuent leurs
attaques terroristes - par opposition au contenu du dernier
rapport publié par le Ministère des Affaires
étrangères américain. La
crédibilité de Yassir Arafat a
été fortement ébranlée par cet
incident et les Etats Unis ont déjà fait
savoir qu'ils envisageaient une rupture du dialogue avec
l'OLP à Tunis.
Cette tentative d'attaque de masse a
tout d'abord été le point culminant d'une
nouvelle vague de terreur qui a ébranlé
Israël durant le moi de mai. A la veille de la
fête du Schawuoth, une bombe a explosé dans le
marché juif «Mahane Yehuda» à
Jérusalem, tuant un citoyen et blessant six autres.
L'incident était précédé par
d'autres actes graves de terreur de la part d'Arabes au
détriment de Juifs.
Dans l'un des cas, le
propriétaire d'un restaurant du quartier d'habitation
Beit Hakerem de Jérusalem a été
assassiné au couteau. Dans un second cas, un habitant
de Moschaw de la plaine du Jourdain n'a eu la vie sauve que
par miracle, après que quelques Arabes l'aient
guetté en lisière de son champ, pour le
blesser grièvement par de nombreux coups de
couteau.
La vague de terreur accompagnée
durant plusieurs jours de graves confrontations dans les
territoires occupés et également en
Israël, par exemple à Nazareth, a
débuté avec les meurtres commis par un jeune
juif nommé Ammi Poper de travailleurs arabes, sous
l'emprise de la folie; peu auparavant, Poper avait
été licencié
prématurément de l'armée pour
«défaut de capacité
psychique»
Poper abattit d'un coup sept Arabes,
en attente au centre collecteur des travailleurs à la
bifurcation de Rischon Lezion pour trouver du travail. Cet
acte meurtrier a fortement ébranlé la
population israélienne et a été
condamné de vive voix avant tout par les
autorités publiques et politiques. Z.L.
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