Réalités et motifs - Que d'attentats s'inspirant de motifs antisémites

 

Que d'attentats s'inspirant de motifs antisémites n'avons-nous pas déjà vécu? Ces derniers temps toutefois, leur nombre s'amplifie dans une mesure jamais vécue depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale. En Europe de l'Est, le spectre a pris de l'ampleur ces dernières semaines. Depuis la profanation particulièrement méprisables du cimetière juive de Carpentras, au Sud de la France, le fantôme antisémite étend son ombre sur l'Europe occidentale. L'antisémitisme est-européen, on le connaissait longtemps avant le mouvement communiste, voire l'holocauste mis en scène par Hitler.

On ne peut renier que les communistes ont exploité l'antisémitisme à leur profit; il suffit de penser à la conjuration des médecins visant à rendre des juifs responsables de la mort de Stalin-Adlatus Schdanown. Auparavant déjà, on a assisté à une véritable campagne antisioniste; parmi ses victimes, nous trouvons Kostov en Bulgarie (membre du Politburo), du ministre hongrois de l'Intérieur Rajk; en Roumanie, nous trouvons Luca (président suppléant du Conseil), Georgescu (ministre de l'Intérieur) et la ministre des Affaires étrangères Ana Pauker. En Allemagne de l'Est, le sort a touché avant tout Paul Merker, Leo Baurer et Rudolf Herrnstadt. La victime la plus connue fut Rudolf Slansky, le secrétaire général du Parti communiste de la Tchécoslovaquie. En Pologne, le parti a tenté à plusieurs reprises de mobiliser les sentiments antisémites pour mécontenter le peuple, contre Solidarnosc également.

Et tout cela n'appartient malheureusement pas au passé. Une alliance entre communistes et chauvinistes cimente le mouvement «Pamjat» d'obédience antisémite déclarée en Russie, jouissant d'une parfaite aisance. En Allemagne de l'Est, en Roumanie et en Hongrie, les groupes antisémites deviennent de plus en plus hardis.

Les nouveaux gouvernements n'endossent aucune faute en l'occurrence, au contraire: lors de leur entrée en fonction, ils se sont efforcés d'entretenir de meilleurs rapports avec les minorités juives et de nouer des relations diplomatiques avec Israël. Un signe tangible le documentant a été la nomination du juif Rudolf Slansky junior (le fils du secrétaire général assassiné) comme nouvel ambassadeur de la Tchécoslovaquie à Moscou.

Particulièrement évident: le parti SEO d'Honecker se recommandant comme anti-fasciste et laissant toute liberté aux Skinheads avec leurs uniformes incroyables. Les Skinheads de Berlin-Ouest et Est ont collaboré à plusieurs reprises - avec une efficacité remarquable pour des esprits sinon brouillards - alors que la SED/PDS condamnait leur apparition comme l'une des pires fatalités de la chute du mur.

En RFA, les peintres en herbe de croix gammée existent depuis des années; ils sévissent également dans les cimetières juifs. On s'est déjà posé de nombreuses questions sur les auteurs de tels infantilismes; en 1970 certes, un ancien fonctionnaire des services secrets tchécoslovaque, Ladislav, affecté aux positions ouest, a avoué que ses agents avaient mis de telles actions en scène pour prouver les tendances néo-nazis de la RFA. Que la clé du mystère se trouve là, personne ne peut le confirmer. Il vaut toutefois la peine de rechercher dans toutes les directions ...

De larges couches de la population française ont été outrées par les profanations de cadavres et de sépultures dans le cimetière juif de Carpentras. Le paroxysme de la répulsion a été atteint par une marche de protestation des masses vers Paris, conduite par le président Mitterrand et la presque totalité de l'élite politique française.

Bien que les auteurs des forfaits soient restés inconnus, Le Pen et son Front national ont brillé par leur absence à la manifestation, prouvant clairement où se trouvent les esprits condamnables dans l'environnement politique.

Comme l'a démontré le soulèvement de la conscience populaire en France, ce pays est conscient des risques inhérents à l'antisémitisme tout comme à d'autres préjugés. Des politiciens remarquables, d'origine juive, ont marqué de leur personnalité l'histoire contemporaine française: Léon Blum, Laurent Fabius. Les préjugés envers les juifs ont également sévi sur la scène publique, par exemple l'affaire Dreyfus.

Nouvelles d'Israël Juillet 1990

© Nouvelles d'Israël