Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE.

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Fais du bien aux pauvres, protège et défends les faibles, et mets tout ton pouvoir au service du droit en t'efforçant de redresser les torts. Alors le Seigneur t'aimera, et Dieu sera lui-même ta grande récompense.
Dernières paroles d'ALFRED-LE-GRAND (901).



Photo H. Holmes.
Le maréchal Feng (au centre) et deux de ses officiers.

 

Que nul ne s'étonne si la Mission aux Indes publie aujourd'hui la biographie d'un Chinois ! Nous le faisons pour glorifier Dieu, pour encourager la foi des amis des Missions, et pour les stimuler à la prière.

Dans nos difficultés, il est bon de regarder parfois au-delà de nos frontières pour contempler l'oeuvre de Dieu dans d'autres champs de Mission. Que Sa sagesse est grande, et que Ses moyens sont variés ! Lui qui a su donner aux Indes un Sadhou Sundar Singh, a donné à la Chine un soldat chrétien, le Maréchal Feng ! je viens de lire ceci : "Ce qui manque le plus à la Chine pour sortir de son anarchie actuelle, ce sont des hommes désintéressés, prêts à accepter de vraies responsabilités publiques." Feng est précisément l'un de ces hommes. Il est instructif de suivre les étapes par lesquelles Dieu a préparé la conversion de cet instrument d'élite : ce furent l'héroïsme de quelques martyrs de la révolte des Boxers, le dévouement et le témoignage de deux médecins missionnaires, la sollicitude courageuse d'un missionnaire pour son troupeau, la Bible, et enfin l'appel viril de John Mott dans une grande réunion d'évangélisation. Dieu s'est servi de tous ces moyens pour gagner Feng Yü-hsiang. Rendons-Lui grâces de ce qu'Il ait donné à la Chine cet homme-là ; intercédons en sa faveur, rendons nous-mêmes plus fidèlement notre témoignage, et prions avec plus de foi et de persévérance pour nos divers champs de mission !

Océan Indien, le 29 juin 1924.

P. de Benoît, missionnaire.

 

P. S. Nous désirons aussi remercier M. Marshall Broomhall de sa permission, gracieusement accordée, de faire traduire ce livre, ainsi que M. Ch. Rochedieu, pasteur, qui a bien voulu se charger de ce travail.




AVANT-PROPOS DU TRADUCTEUR.


On n'a guère entendu parler jusqu'à présent du maréchal Feng sur le continent européen. Cette remarquable personnalité mérite pourtant d'être connue. Feng représente un type de piété différent de celui du Sadhou Sundar Singh. Ce dernier est, comme ses compatriotes hindous, religieux et mystique de nature, tandis que les Chinois sont avant tout pratiques, pour ne pas dire terre à terre. L'Évangile est le merveilleux message divin adressé à toute l'humanité ; il s'adapte aux mentalités les plus diverses ; s'il fait du Sadhou un apôtre et un saint, il transforme aussi un soldat chinois sans éducation et parvient à faire de lui un serviteur de Dieu aussi humble que fidèle, un ardent patriote, dévoré de l'unique ambition d'amener la Chine entière aux pieds de son Sauveur.

Au moment où cet immense pays traverse une crise d'une exceptionnelle gravité, n'est-ce pas le devoir des croyants de tout pays d'entourer de leurs prières l'homme extraordinaire et sympathique que Dieu semble avoir suscité à l'heure où précisément il fallait, non plus seulement des missionnaires étrangers, mais un apôtre indigène qui pût mettre au service de l'Évangile et de sa patrie sa foi et ses dons particuliers ?

Dans l'Avant-propos anglais de cette biographie, le lieutenant-général Sir G. K. Scott Moncrieff le compare, non sans raison, à Gustave-Adolphe, l'ardent et pieux champion de la Réformation menacée, grand soldat et meneur d'hommes en même temps que grand chrétien, dont les vertus brillent d'un éclat d'autant plus vif que le milieu dans lequel il était appelé à vivre était plus corrompu. Mais Gustave-Adolphe avait reçu une éducation chrétienne des plus soignées ; tandis que celui qui est aujourd'hui feld-maréchal dans l'armée chinoise est à tous égards un fils de ses oeuvres, né dans le milieu le plus humble et le plus ignorant. Il s'est élevé aux plus hautes fonctions par ses mérites personnels et, par la grâce de Dieu, il s'est préparé lui-même pour une tâche exceptionnelle.

C'est le lieu d'indiquer quelques dates de la rapide carrière militaire de Feng. En 1898 il entre dans l'armée chinoise, à l'âge de dix-huit ans ; en 1913, il est colonel de la XlVe brigade d'infanterie ; en 1914, colonel de la XVIe brigade ; en 1918, commissaire chargé de la défense du Honan occidental ; en 1921, commandant de la Xle division ; en 1921, général ; en 1922, gouverneur militaire du Honan ; en 1922, inspecteur militaire général à Pékin ; en 1923, feld-maréchal. Sans donner à cette carrière militaire en Chine une importance exagérée, elle n'en témoigne pas moins chez Feng d'aptitudes exceptionnelles.

La première édition anglaise de cette esquisse biographique a paru en septembre 1923, alors que Feng était général. Cette première édition a été réimprimée la même année en novembre, puis en décembre ; avec la quatrième édition, en mars 1924, il a fallu en modifier le titre et ajouter les dernières pages. Il a déjà paru ou il va paraître des traductions en suédois, en danois, en allemand, et en arabe, sans parler d'une édition anglaise en caractères Braille, pour les aveugles. C. R.

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