Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Chapitre troisième

TACHES MISSIONNAIRES

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DU PASSÉ VERS L'AVENIR
(Échos de la Retraite missionnaire de juillet 1952)

Historique, cette année 1952 l'est non seulement par le souvenir d'un émouvant et riche passé, mais aussi par une vision nouvelle sur l'avenir. Il semble que Dieu ait permis qu'elle soit comme un stade dans l'évolution harmonieuse de l'oeuvre missionnaire :
La semence de l'Évangile, après avoir engendré l'Eglise, en manifeste l'édification, la plénitude.

La conférence entre anciens et missionnaires que nous venons d'évoquer, trouve son prélude dans celle de juillet entre missionnaires seuls. En effet, la grande préoccupation qui devait la dominer fut : l'Eglise.

Dans le message d'ouverture à l'écoute de I Cor.3, le vénérable doyen M. Audétat explique : Il nous fut accordé de poser le seul fondement, Jésus-Christ ; à vous, jeunes, d'y bâtir désormais avec vigilance ; ... y édifier Son Église.
« Ce que tu as entendu de moi... confie-le à des hommes fidèles capables de l'enseigner également à d'autres » (2 Tim. 2.2).

Cette parole lue ensemble s'éclaira d'une véritable révélation : N'est-ce pas ici notre consigne future, celle laissée par le vieux missionnaire Paul au jeune Timothée ?
La vision du passé : évangéliser le Laos.
Celle de l'avenir : y édifier l'Eglise...

... une Église missionnaire à son tour, qui elle, évangélisera le Laos. Il s'agit donc pour le missionnaire de prêcher et d'enseigner encore, mais de le faire « à travers » ces hommes qu'il aura instruits. Sa souffrance sera de ne plus prêcher ou enseigner lui-même, mais sa récompense sera de voir ses enfants spirituels, serviteurs indigènes formés à son école, le faire à sa place. Oui, si ma vie connaît cet humble sacrifice d'enfanter et de former dix serviteurs, ma joie sera de voir dix vies au service de Dieu plutôt qu'une, mon repos sera de comprendre que, mieux que moi, ils sauront apporter l'Évangile éternel dans la langue et la mentalité de leur peuple.

Tout naturellement les préoccupations mises alors en commun durant cette conférence, portèrent sur cet aspect du service missionnaire :


L'école de Savannakhet Enfants laotiens, vietnamiens et français.

Les orphelins de Song-Khône

Un jeune Laotien annonce la bonne nouvelle dans un village

Les missionnaires

 

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ÉCOLE BIBLIQUE

Il s'agit donc de porter tout particulièrement l'attention et les efforts sur l'enseignement ; de trouver des hommes spirituels et doués pour leur confier la grande charge de l'évangélisation et de l'enseignement. Prendre conscience de cette nécessité, c'est jeter les véritables bases d'une école biblique. Celle-ci est aujourd'hui en voie de réalisation.

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COURS BIBLIQUES

La nécessité de poursuivre les cours bibliques annuels groupant les chrétiens de tout le Bas-Laos résultait de la même préoccupation. Ces semaines de retraite et de communion furent de tout temps combien enrichissantes ; les croyants isolés, les communautés fatiguées viennent y retremper leur foi et leur zèle. C'est à l'issue de ces conventions chrétiennes que se renouvelle la grande décision des colporteurs volontaires. Le chant aussi y occupe une place d'honneur pour la jeunesse ; enrichie de mélodies nouvelles, elle les rapportera, après la dispersion, aux diverses communautés de brousse.

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COURS DE JEUNES

Depuis toujours les missionnaires comprirent l'importance primordiale d'instruire les jeunes. Keng-Kolz est le lieu de prédilection de camps bibliques à leur intention. Pour la première fois, en 1951, des jeunes filles répondirent à leur invitation.
Ce problème d'un travail plus effectif encore en faveur de la jeunesse féminine, de l'Eglise notamment, fut également apporté durant ces journées de conférence.

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JEUNES FILLES

Infiniment trop peu nombreux, les missionnaires débordés de travaux n'ont pas pu soutenir en faveur des jeunes filles le service complet qu'ils auraient aimé pouvoir leur accorder. C'est le problème de l'éducation chrétienne qui se pose pour elles comme d'ailleurs pour toute la jeunesse laotienne. Cette lacune se fait sentir dans un domaine insoupçonné, le mariage. S'il se manifeste aujourd'hui, dans l'Eglise, des jeunes hommes consacrés, il est difficile pour eux d'y rencontrer « l'aide qui leur corresponde » ; peu de jeunes filles sont en mesure de partager avec eux une véritable vocation au service de Dieu. Un des cas les plus significatifs et émouvants est celui d'un jeune évangéliste, un serviteur de valeur, au visage rayonnant. Le problème de sa vie d'homme est de n'avoir pu trouver : « Je n'ai pu concilier l'oeuvre de Dieu et le mariage, confia-t-il au missionnaire, mais l'oeuvre de Dieu d'abord. » Une pareille détermination dénote une personnalité et une consécration remarquables ; elle prend en Orient une signification infiniment plus exceptionnelle que chez nous. Elle nous montre au Laos aussi une véritable vocation au célibat.

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CAMPS DE JEUNESSE, ÉDUCATION CHRÉTIENNE

Le problème urgent posé par l'enfance et l'adolescence chrétiennes fut encore évoqué en ces journées.
Les enfants, ne sont-ils pas au premier échelon d'une action progressive et complète en faveur de l'Eglise laotienne ? Avec une profonde angoisse les missionnaires voient la jeune génération chrétienne glisser hors de l'Eglise, emportée par la vague d'émancipation et d'immoralité consécutive au « progrès » et à la guerre. En terre païenne, la valeur d'une génération issue de parents chrétiens est inestimable ; elle constitue par son éducation morale et son instruction biblique un fondement d'une grande solidité, un terrain humain incomparablement riche ; la conversion est alors immédiatement mise au bénéfice de tout cet acquis et l'assemblée locale n'en est que plus forte. (Les missions romaines l'ont fort bien compris : il est de règle de n'admettre à la prêtrise que des éléments de la troisième génération chrétienne.)

La formule des camps de jeunesse semble répondre à cet impérieux besoin ; il faudrait sans tarder passer aux réalisations concrètes : mais aucun missionnaire ne se trouve disponible pour cette tâche urgente, quelle souffrance de n'y pouvoir répondre et d'assister impuissants à ce drame !

Et le problème semble aller plus profond encore. Dans l'Eglise, et même parmi ses anciens, une irrémédiable carence d'éducation humaine, morale et psychologique, se fait douloureusement sentir. (Cf. Silhouettes laotiennes, p. 17.) Sa marche en avant semble même compromise par cette lacune fondamentale. - impossible de construire plus haut l'édifice avant de consolider les fondements. Sur ce point, la prédication et l'enseignement spirituel se sont vainement épuisés en exhortations, en censures même... il faut plus encore : Jésus a non seulement enseigné ses disciples, il les a pris avec lui. Le problème relève en définitive de l'éducation. C'est ce que les missionnaires ont depuis longtemps compris :

« Nos chrétiens laotiens, malgré les dons spirituels que le Seigneur a distribués parmi eux, sont encore mineurs, écrivait M. Audétat en 1935, ils ont besoin de conducteurs spirituels (missionnaires). Il y a toute une jeunesse, enfants de parents chrétiens à instruire, à éduquer : il y a très longtemps que nous voyons la nécessité de créer un internat à leur intention et nous demandons au Seigneur un couple capable de le diriger. »

Après dix-huit années, cet appel pressant resté sans réponse garde toute son actualité ; il n'en est que plus insistant encore. En effet, pour cet aspect du service, ce sont dix-huit années irrémédiablement perdues, aujourd'hui l'internat est encore inexistant. Pourquoi n'avons-nous pas répondu ? Et qui trouvera maintenant pour cette jeune Église cette phalange introuvable et indispensable que nous n'avons pas pu... ou pas voulu lui préparer ? Et pour demain, pour les dix-huit années qui viennent, qu'allons-nous faire, qui se lèvera ?
On ne peut creuser trop profond, ni voir trop loin pour fonder et édifier Son Église. Avec quelle patience, depuis dix-neuf siècles, le Seigneur la bâtit en Occident.

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VISITES AUX ÉGLISES

Une manière excellente et indispensable de répondre à ce service d'édification, c'est d'intensifier encore les visites aux assemblées, des visites périodiques pour apporter dans leur cadre même, cet enseignement suivi, cette réponse complète dont elles ont besoin ; puis les laisser à elles-mêmes, découvrir et vivre l'expérience laotienne de la communauté chrétienne.

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ORPHELINS

C'est pour pratiquer l'Évangile et le vivre pour eux et avec eux que des orphelins furent recueillis avec tant de dévouement et d'amour à la station missionnaire de Song-Khône. Le chrétien ne peut pas laisser mourir ce nouveau-né victime d'une cruelle superstition, ou laisser condamner cet enfant de lépreux à la maladie ou à la dépravation... et bien d'autres cas encore. De plusieurs points du champ, des enfants infortunés appellent à l'aide. Que faire ? Impossible à chaque missionnaire d'en recueillir quelques-uns, la tâche matérielle et éducatrice les paralyserait au détriment des autres services. Alors, il faudrait les grouper, créer un orphelinat auquel un ou une missionnaire se consacrerait secondé par quelque aide indigène. Telle est la brûlante question posée aujourd'hui par ces enfants. Jusqu'ici des familles chrétiennes accueillirent aussi de ces malheureux délaissés ; cette solution serait certes la meilleure si elle pouvait suffire ; toutefois, elle ne permettrait pas en faveur de ces enfants, cette solide éducation chrétienne dont l'Eglise a tant besoin.

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INSTRUCTION ET ÉCOLES

Dès le début les missionnaires se sont préoccupés de l'enseignement scolaire comme d'une tâche essentielle. Song-Khône, Keng-Kok, Ban-Lao, Savannakhet ont connu et connaissent encore aujourd'hui de semblables et féconds efforts. Plusieurs assemblées se sont constituées « autour » d'une école dont l'instituteur chrétien, formé sur la station, était aussi un conducteur spirituel ; ce fut le cas, notamment pour Nong-Boua, la Sé-Bang-Nouen, Kram-San... Cette magnifique solution avait des effets multiples : non seulement elle donnait à la communauté un conducteur spirituel, mais en village païen, elle évitait aux enfants l'influence de la pagode à laquelle était confiée l'instruction publique, et elle préparait, pour l'église, une jeunesse sainement instruite. Les effets de ce travail furent considérables pour le maintien et le développement des assemblées chrétiennes au Laos.

Cependant ce service n'a pas pu jouir des forces et du temps qu'il méritait, et une action systématique n'a pu être étendue et poursuivie dans ce domaine car l'effectif missionnaire devait rester infiniment trop faible pour envisager un plan de grande envergure. Bien des croyants ne peuvent encore lire couramment leur Bible ; or le missionnaire sait bien qu'il est essentiel pour un chrétien de pouvoir lire les Écritures ; cette lecture signifie nourriture, progrès, solidité dans la foi ; c'est pourquoi plusieurs missions en font une des conditions du baptême.

Plusieurs perspectives sont à envisager par le moyen de l'instruction :
- Tout d'abord arriver absolument à donner aux croyants de tout âge cette faculté de lire leur Bible. Certains préconisent la célèbre méthode « Laubach » pour résoudre cet insoluble problème.
- Puis instruire, éduquer la jeunesse : excellente préparation aux cours ou écoles bibliques. Car il faut pour l'Eglise du Laos, des « hommes non seulement fidèles, mais aussi capables, capables d'enseigner ... » Cette capacité reçue de Dieu, elle se développe aussi sur les bancs d'école en « s'efforçant d'ajouter à la foi... la science, la vraie science ».
- Poursuivre aussi l'activité scolaire en faveur de la jeunesse évoluée. Il semble au premier abord que cette action ne saurait appartenir à la tâche missionnaire. Cette remarque est juste si nous entendons par « mission », exclusivement la prédication orale de l'Évangile ; mais elle cesse d'être valable, si «mission» implique un témoignage total de l'Évangile au sein de l'existence humaine, sa présence et son influence portées au coeur même d'une nation païenne. Or il est indiscutable que l'école de Savannakhet est actuellement le seul moyen de pénétration dans la classe laotienne évoluée et dirigeante. En effet, si les enfants de médecins, d'officiers, de ministres, de gouverneurs, etc. fréquentent l'école de la mission, les missionnaires à leur tour entreront dans ces milieux jusqu'ici fermés. Plus encore, ces enfants, enseignés dans une atmosphère chrétienne, ne seront-ils pas appelés un jour à présider aux destinées du Laos de demain ? Or c'est l'avenir que nous sommes sans cesse invités à considérer lorsque nous entreprenons pour Dieu parmi les hommes.
- Envisager enfin une école primaire pour les enfants missionnaires.

Le champ missionnaire éprouve un impérieux besoin de serviteurs formés pour de semblables tâches, institutrices, instituteurs, professeurs même. Ceux sur lesquels elles pèsent accomplissent actuellement un travail admirable et surhumain, mais qui risque fort de dépasser leurs forces et leurs possibilités.

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SERVICE MÉDICAL

Dans le service médical aussi le passé nous lègue une magnifique et lourde succession. Il faut donc poursuivre, étendre encore ce geste d'amour pour le prochain : « Va, et toi fais de même », ordonne Jésus au docteur de la Loi pour conclure la parabole du bon Samaritain.

Quel remarquable service les trois stations de brousse n'ont-elles pas accompli ; des dizaines de malades y affluent journellement pour implorer secours ; la nuit comme le jour, la porte est ouverte ; il n'y a pas d'heure pour la souffrance lancinante, pas d'heure non plus pour un coeur compatissant.
Ils sont là accroupis sur la grande galerie de la mission, de tout âge, de toute condition, de toute maladie, comme aussi de toute misère morale et spirituelle ; ils sont là, accourus de près ou de fort loin ; et sur ce groupe souffrant et constamment changeant, un grand coeur et une inlassable main prodiguent sans compter secours médical et spirituel.

Quelques-uns diront peut-être, c'est très bien, mais que reste-t-il de ce travail immense ? Jésus a guéri les dix lépreux et tous les autres... pour se trouver finalement seul à la croix, abandonné de tous. Vivre l'Évangile, c'est « prêter sans rien espérer ».
Et pourtant de tels sacrifices inscrivent dans la société païenne un signe indélébile. Avec quelle émotion j'entendais un colon marié à une Laotienne de Keng-Kok me décrire l'émoi, la détresse même de la population païenne de la ville lors de l'arrestation de M. Brügger par les Japonais. «Ils nous ont enlevé notre père... qu'alIons-nous devenir sans lui, sans sa présence, sans ses exhortations, sans son appui et ses soins ? » Ce moment suprême manifesta le véritable attachement porté aux missionnaires, l'influence profonde de leur vie infatigable et dévouée au service de ce peuple. Ils y tenaient, ils y tiennent à leurs missionnaires ; sans que ceux-ci s'en doutent, leur présence et leur témoignage rayonnent sur un peuple païen qui tourne ses regards vers eux. « Ça leur est tellement impossible de rompre avec leurs traditions ancestrales, leurs superstitions, leurs bonzes ... » et cependant cette présence missionnaire les attire, les apaise et leur parle. « Ils vivent, selon le mot de R. de Pury, parce qu'il leur reste Jésus-Christ à connaître. » L'Évangile pratiqué a son éloquence.

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LÉPROSERIE ET LÉPREUX

C'est une de ces actions concrètes qu'attendent en silence, depuis fort longtemps, les lépreux de Paksé. Ce nom seul éveille la vision poignante de ce qu'on a appelé « la léproserie de Paksé », cruelle ironie du langage ! Et l'on comprend pourquoi beaucoup de malades préfèrent mourir dans leur village.

Laissant la route coloniale à quelques kilomètres de la ville, une sente taillée dans la brousse vous y conduit ; nous franchissons une tranche de forêt, passons à gué un « roué », contournons quelques rizières puis... « Mais c'est là ! » indique mon collègue ; le spectacle est pitoyable : un poteau à demi arraché devait porter jadis l'écriteau du lieu ; et quel lieu, sorte de campement désolé pour y cacher la désolation ! Un terrain défriché couvert de hautes herbes s'enfonce en triangle dans la grande forêt ; sur notre gauche, l'unique bâtisse digne d'homme, au fond, pêle-mêle, des « toupes » délabrées essaient d'abriter encore ceux qui furent des hommes ; ils sont une quarantaine à vivre ou plutôt à mourir ici, de cette mort lente, inévitable. Le mal ronge et consume en d'intolérables brûlures les membres puis l'épiderme du condamné ; et il cherche vainement la fraîcheur, un peu de fraîcheur, de cette fraîcheur introuvable parce que la forêt torride ne la laisse pas venir et que la peau détruite ne la laisse plus passer. Ils dépérissent là, dans cet enfer, des mois, des années durant dans le plus effroyable abandon moral et médical. Un gouvernement païen ne s'intéresse plus au sort de ceux que soignait la France : La seule maison salubre ne fut récemment construite que sur les instances répétées du missionnaire. Comme nourriture, c'est à peine si du riz leur est encore apporté pour les empêcher de mourir de faim ; les moins atteints essaient de cultiver les rizières des autres.

Devant ce dénuement et cet abandon qui révoltent notre conscience chrétienne, nous mesurons ce que signifie une civilisation païenne ; et le missionnaire ne peut faire autrement qu'entrer dans ce lieu désolé pour y apporter en paroles et en actes l'Évangile du salut. Mais ce « missionnaire », c'est nous, et ces « actes » nous appartiennent ; ces malades sont nos frères parce qu'ils sont des hommes et pour plusieurs, convertis. Une quinzaine de croyants, fruits du témoignage émouvant de Souphine la petite lépreuse, partagent ici leur foi. Le missionnaire essaie de les aider, de les consoler, de les soigner, mais ses moyens sont tragiquement insuffisants. « Si de limités que nous sommes nous osions voir grand, écrivait-il en substance, alors bien sûr, il faudrait absolument retirer ces malheureux de cette clairière malsaine et étouffante pour créer à leur intention une colonie hospitalière sur les rives salubres du Mékong ; il faudrait absolument une vocation médicale en leur faveur... » Oui, pour cette réponse, la « grande », la seule digne des grandes détresses, et d'un grand amour, une vocation médicale s'impose immédiatement pour le Laos : infirmière, infirmier, médecin ? Qui entendra, « Qui marchera pour nous », vers eux ? « Priez le Seigneur de la moisson de les envoyer ! »... des centaines de lépreux attendent !

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TRADUCTIONS ET PUBLICATIONS

Avec l'ampleur sans cesse croissante de la tâche, un service de traductions et de publications s'impose de plus en plus. La nécessité d'une nouvelle révision et d'une nouvelle réimpression des Saintes Écritures nous a déjà été signalée ; à celle-ci s'ajoute la pressante nécessité de créer toute une littérature évangélique pour les besoins de l'Eglise et du peuple laotiens. Un simple coup d'oeil sur notre propre bibliothèque suffira pour nous convaincre de l'indispensable enrichissement qu'apporte une telle littérature (cf. 2 Tim. 4. 13). L'analphabétisme recule à grands pas au Laos aussi ; les chrétiens et les non-chrétiens iront à d'autres nourritures si l'Eglise ne leur fournit pas une saine lecture.
Une tâche aussi considérable requiert des hommes qui s'y donnent résolument. Déjà un missionnaire particulièrement doué pour les langues s'oriente dans cette direction.

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ADMINISTRATION

Qu'on le veuille ou non, la présence missionnaire reste liée aux contingences matérielles de la vie. Une « colonie » missionnaire en pays étranger implique nécessairement des réalités administratives auxquelles il faut bien prendre le temps de répondre. En outre, tout un service de liaison s'impose entre les stations : transport de personnes, achats de marchandises et leur acheminement vers les stations dépourvues, etc. Il convient qu'un missionnaire y consacre le temps nécessaire ; et ce sera tout naturellement celui en résidence dans la ville située au centre du champ, Savannakhet. Ce travail est considérable, et c'est sans compter que le missionnaire s'y dépense pour s'acquitter au mieux de ces services sans noms et sans nombre.

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LIENS AVEC L'ÉGLISE-MÈRE

Incontestablement, la mission au Laos a souffert, et souffre encore, d'un réel isolement. Un contact suivi a manqué entre missionnaires et églises de l'arrière. La correspondance, une information ordonnée et continue, un partage de sujets de prières suivis sont autant de liens vivants entre les envoyés et l'Eglise au pays. Le missionnaire débordé de travaux n'a pas toujours pu trouver le temps et les forces pour créer, maintenir, intensifier ce contact vivifiant avec l'Eglise, et celle-ci n'a pas toujours su s'intéresser et solliciter ces relations étroites pour vivre avec lui un service missionnaire pleinement partagé.

Toute une découverte reste à faire de part et d'autres ; il faut des hommes ici et là-bas appelés à être ces humbles chaînons intermédiaires entre la mission et l'Eglise.

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ÉVANGÉLISATION

Ces tâches variées qui, chacune pour sa part, manifestent et servent l'Évangile, ne sauraient remplacer la prédication elle-même.
Prêcher l'Évangile demeure la vocation fondamentale de la mission, cette vocation qu'elle s'efforce de transmettre à l'Église laotienne.

Le moment semble venu d'intensifier l'effort d'évangélisation en faveur des principales villes du Bas-Laos. Ce besoin fut fortement souligné aussi au cours de ces rencontres de juillet 1952. Il s'agit maintenant d'atteindre les classes évoluées : laotiennes, vietnamiennes, chinoises et françaises également. Des conférences en langue française tenues « en équipe » dans les grandes salles de ville, sont apparues comme la réponse la plus actuelle à ce grand appel des populations urbaines. Cette attente des villes n'affaiblit en rien l'insistance des appels de la brousse aux besoins immenses et grandissants. Quelle tâche, quelle tâche incommensurable t
Quel travail multiple et multiplié implique un témoignage missionnaire intégralement donné :
Évangélisation, églises, écoles et cours bibliques, littérature, éducation chrétienne, camps de jeunesse, services scolaires, médical, social, administratif, etc., ce sont autant de tâches bien définies proposées avec tant d'urgence à l'ensemble des missionnaires. Certes pas à eux seulement, mais à toutes ces assemblées chrétiennes dispersées dans le pays.

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« IL FAUT QU'IL CROISSE ET QUE JE DIMINUE »

Très remarquable et significative est la conclusion vers laquelle l'Esprit de Dieu achemina ces rencontres missionnaires. Ce fut comme une nouvelle découverte, une prise de conscience impérative : Non, nous n'avons pas le droit de prendre des décisions nous les missionnaires seuls, de conclure sans « eux ». Tout ce qui concerne l'oeuvre de Dieu au Laos, ce qui nous préoccupe tellement, ce que nous avons mis en commun au cours de ces journées de conférence, tout cela ne nous appartient pas à nous seuls, mais au même titre à nos frères laotiens aussi. C'est en dernier ressort à eux que le Seigneur veut confier l'honneur et la responsabilité du témoignage de l'Évangile au Laos. Ce sont eux qu'il appelle à être son Église en ce pays, Église accomplie, vivante, conquérante.

Il fut alors décidé de ne rien arrêter arbitrairement entre missionnaires, mais de se rencontrer avec les anciens responsables des diverses assemblées. Le moment semblait venu de partager avec eux ces problèmes, pour les introduire dans les responsabilités du travail, de recueillir leur opinion, leurs convictions, leur vision, pour « qu'elle croisse, cette Église, et que nous diminuions, nous missionnaires » (cf. Jean 3. 30). Ces paroles admirables prononcées au cours de cette conférence proposaient ce que devait être notre ligne de conduite envers nos frères laotiens. Tel Jean-Baptiste devant l'Époux, le missionnaire face à l'Épouse s'effacera progressivement devant sa croissance... « jusqu'à n'être plus rien », devait conclure le missionnaire saisi par cette vision : « Oh ! pardonne, Seigneur, chaque fois que je n'ai pas été à l'humble service de mes frères laotiens, mais à leur tête, un obstacle à leur croissance. Grâces te soient rendues, Seigneur, parce que tu as permis et que tu assures cette croissance de ton Épouse au Laos, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi, et de ta connaissance, ô Fils de Dieu éternellement béni et adoré. Amen ! » (Eph. 4.)

« Grâces soient rendues à Dieu pour son don ineffable. »

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