Cependant ses forces allaient chaque jour en déclinant. Il aurait voulu retrouver cette vigueur, ce feu qui avait brillé d'un si grand éclat dans les premières années de sa carrière, ou du moins avoir à ses côtés un fidèle collaborateur. C'est dans ce but qu'il écrivit à Jean Gossner :
Sayn, le 4 Juin 1824.
« Mes forces morales et physiques
s'affaiblissent tous les jours davantage ; je
me traîne encore comme je peux je
prêche, sans aucun aide, les dimanches et les
jours de
fêtes.
Tu n'ignores pas que beaucoup de gens se
plaignent de mon inactivité. Que le Seigneur
soit ici mon juge ; j'ai un pied dans la
fosse ; mon corps et mon esprit sont tellement
affaissés, que je ne suis capable de rien.
Aussi, plus d'une fois j'ai pensé abandonner
ma paroisse et me livrer à un repos complet,
ou chercher un aide. Pourrais-tu venir
auprès de moi partager mes travaux ?
Mes paroissiens te verraient avec plaisir. Je puis
dire comme le paralytique : « Je
n'ai personne pour me jeter dans le
réservoir « quand l'eau est
troublée.
(Jean,
V, 7) » Si tu voulais
accéder à ma demande, nous pourrions
goûter ensemble quelque repos, travailler
ensemble jusqu'à la fin de notre
carrière, ensemble encore souffrir, croire
et mourir.
Tu es la seule personne avec qui je
puisse passer les monts que Dieu seul peut aplanir.
Je sacrifierais volontiers à Dieu et
à toi le repos dont j'ai joui jusqu'ici, car
le désir de mon coeur c'est d'être
encore une fois témoin d'un réveil
religieux, et puis de mourir ! Je l'avoue
à ma honte, et tu dois le savoir : il
n'est encore ici aucune âme qui se soit
réveillée. Voilà la cause de
mon repos extérieur. Cependant, je ne suis
tranquille ni au-dedans, ni au-dehors. Les
pamphlétaires me traitent toujours
d'hérétique ; ils te font aussi le même
honneur. Mes
paroissiens endurcis sont comme une plaie à
mon âme, et ceux qui passent pour
réveillés se plaignent ouvertement
à moi. Tel est le repos dont je
jouis. »
Du 11 juillet 1824. « J'ai
réellement besoin d'une aide, car je ne puis
bientôt plus faire aller ma barque.
Aujourd'hui encore je me suis trouvé si
fatigué que j'ai cru qu'il me serait
impossible de prêcher et de faire le service.
Pour le moment, je n'ai pas de maladie proprement
dite ; mais la faiblesse de l'âge
commence à se faire sentir. Ma respiration
est souvent gênée, et j'ai besoin,
pour la moindre fonction de demander à Dieu
les forces nécessaires : - Je ne puis,
comme autrefois, prier et pleurer de manière
à faire de ces pierres dures, des enfants
d'Abraham. Viens à mon secours, car je sens
approcher ma fin. »
Gossner ne put se rendre à
l'appel de son ami. Forcé de quitter la
Bavière à cause de ses
hérésies (d'après
l'Église romaine), Gossner alla exercer son
ministère en Pologne, où tout le
pouvoir d'Alexandre, empereur de Russie, ne fut pas
assez fort pour le maintenir contre les vexations
du clergé. Pendant ce temps-là, Boos
passait par une crise qui devait être
l'avant-coureur de son délogement.
Peu de temps après, il put encore
écrire à son ami Gossner .
« Depuis le mois de novembre
dernier, le Seigneur m'a jeté dans le
creuset de l'épreuve. Pendant quinze jours,
j'ai eu de violents maux d'estomac, puis une
inflammation de foie. Le docteur me saigna
précipitamment avec son couteau de
poche ; le bandage, étant mal fait, se
détacha, sans que je m'en aperçusse,
de manière que je nageai dans mon sang.
Dès-lors, je fus atteint d'hydropisie ;
j'eus de l'enflure aux pieds et par tout le corps.
Le médecin parvint deux fois à la
faire disparaître ; mais elle menace
toujours de revenir. J'étais couvert de
vésicatoires, de cataplasmes et de sangsues.
Tout cela m'avait tellement fatigué, que
depuis dix semaines je pouvais à peine faire
un pas. J'avais perdu tout appétit.
C'est en vain que j'ai demandé un
chapelain.
Depuis trois jours, le Seigneur m'a
accordé quelque soulagement.
L'appétit revient ; l'enflure
disparaît ; mais j'ai beaucoup de peine
à t'écrire ces lignes. Avant le
nouvel an, je ne pouvais croire à la
possibilité de mon
rétablissement ; je ne pensais plus
qu'à mourir. Je me fis administrer les
sacrements, je demandai pardon à mes
paroissiens pour le mal que j'aurais pu leur
causer, et je me mis à faire mon testament.
On pria pour moi dans toutes les maisons et dans
l'église, ce qui montra que ma paroisse
avait pour moi bien plus d'amour que je ne le
croyais. Tous les jours, quelques-unes de mes
ouailles viennent prier
et
pleurer près de mon lit. Prie pour ton ami
souffrant.
Boos. »
Le 9 février 1825 il écrivait au
même :
« Je me trouve un peu
mieux ; cependant, je suis encore si faible
que je ne puis servir ni Dieu, ni les hommes. Mon
médecin m'a déclaré hier, en
présence de l'évêque, que si je
voulais me rétablir entièrement, il
me fallait un repos de six mois, et qu'ainsi il
était nécessaire de me donner un
chapelain. Je serais donc condamné à
une inaction complète ! Cela n'est pas
possible ; le Seigneur ne le veut pas.
J'espère reprendre mes fonctions plus
tôt.
Voilà quinze jours que je donne,
de mon lit, l'instruction religieuse à la
jeunesse et que je reçois les confessions.
J'espère qu'à Pâques je pourrai
me lever et me remettre à l'oeuvre. J'aurai
sans doute les pieds encore malades, car l'enflure
ne les a pas quittés.
Tu aurais désiré que
j'eusse répandu mon sang, non pas sur mon
lit, mais sur l'échafaud des martyrs pour la
cause de Christ. Comme tu es sanguinaire ! Je
puis te dire que dans cette affreuse maladie j'ai
souffert un plus cruel martyre que si j'eusse
été lié sur un bûcher,
comme Barthélemi et Laurent. Ces souffrances
eussent été des gouttes de
rosée en comparaison des miennes.
Crois-moi ; le Seigneur châtie plus
douloureusement que les hommes ; j'ai
été, comme Job et David,
plongé pendant trois mois dans un abîme de
douleurs.
-
L'évêque m'a
communiqué, il y a quelques jours, un
rescrit royal, par lequel le roi m'accorde
annuellement 100 florins pour frais de culte, 24
thalers pour mon sacristain, 320 thalers pour mon
successeur et 1000 florins jusqu'à la fin de
mes jours, avec la jouissance du bien-fonds.
Plusieurs personnes me conseillent de
renoncer à toute espèce de
travail ; mais je redoute l'inaction plus que
la mort. »
Du 28 février. -
« Depuis l'envoi de ma dernière
lettre, je suis devenu de plus en plus faible. J'ai
mille peines à écrire. On continue
à me tirer de l'eau du corps, et l'on
achève par là de me tuer. Les pieds
et la poitrine sont toujours enflés, au
point que je suis près d'étouffer,
faute d'air. C'en est fait ; je dois
m'attendre à mourir d'un instant à
l'autre. Ah ! si tu étais auprès
de moi ! Je n'ai personne pour me consoler
dans mes vives douleurs ; ceux qui m'entourent
sont incapables de le faire. Les tourments de
l'esprit et du coeur viennent se joindre à
ceux du corps. Tout ce que j'ai souffert jusqu'ici
n'est pas à comparer avec ce que j'endure
maintenant.
Ma foi subit souvent de rudes assauts.
Après une journée des plus
pénibles, le Seigneur a daigné
m'accorder une nuit tranquille ; il m'a
consolé et préparé à
mourir. « Te voilà, me disais-je
te voilà à la porte de
l'éternité, comme un pauvre mendiant, portant
une
besace pleine de péchés, qui te
rendent digne des châtiments de l'enfer. Le
bien que j'ai pu faire durant ma vie, n'est qu'un
fruit des grâces divines que j'ai
souillées d'égoïsme.
Si je pouvais prêcher à cette heure
et remplir d'autres devoirs pour la gloire de Dieu
et pour le salut des hommes, quelle grâce ce
serait pour moi ! Si Dieu m'accorde quelque
récompense, il ne pourra couronner que ses
dons que j'ai entachés de mes fautes.
Oh ! que je suis pauvre devant toi,
Seigneur ! Les persécutions que j'ai
endurées en Autriche et en Bavière
à cause de Christ et de son Évangile,
étaient une faveur que Dieu m'accordait et
une épreuve qui m'était salutaire. Le
Seigneur n'y trouvera rien qui mérite
récompense.
En un mot, je n'ai aucun mérite
à lui offrir.
Et dans ma dernière maladie, que
de fois j'ai manqué de patience et de
soumission ! - Oh ! que je suis pauvre
devant toi, Seigneur. Je n'ai donc aucune autre
ressource que de saisir des deux mains, ce salut
par grâce, ce salut qui n'est qu'en
Jésus, ce salut abhorré et poursuivi
en ma personne, comme une abominable
hérésie. »
« Pressé par la douleur
et par la mort, je me suis fait lire, à
minuit, tous les passages qui m'ont
précédemment fait goûter de
puissantes bénédictions. Ils ont
réjoui mon coeur, et m'ont fait retrouver la
respiration plus libre et le sommeil,
Prie pour moi, de peur que je ne fasse
naufrage, quant à la foi, et pour que le
Seigneur me pardonne de n'avoir pas assez
hautement, par crainte des hommes, proclamé
son saint nom. Oh ! oui, c'est pour Christ que
j'aurais voulu répandre mille fois mon sang
qui, à cette heure, se change en
eau ! »
Quelques jours plus tard il écrivait
encore :
« Voici peut-être la
dernière fois que je t'écris. Je suis
bien reconnaissant pour toute l'affection que tu
m'as constamment témoignée ;
pardonne-moi tous les torts que je pourrais avoir
envers toi, et prie pour ton compagnon de voyage
mourant dans une grande pauvreté d'esprit.
Tous ceux qui m'entourent te saluent.
Jour et nuit ils me consolent par la
lecture des passages les plus propres à
ranimer notre vieille croyance qu'on a tant
persécutée. Je ne puis assez
m'étonner comment il se fait que les chefs
de notre église m'interdisent de croire ce
qui seul est capable de me soutenir aux approches
de la mort, et de
ce
que mes confrères, bien loin de m'apporter
quelque consolation, m'abandonnent tout à
fait. Je suis ou je serai bientôt comme Job,
couché dans la cendre. Si les
ecclésiastiques des bords du Rhin me
délaissent, tu me consoles au moins, comme
tu l'as toujours fait. Que ne puis-je confesser
tous mes péchés et pleurer aux pieds
de Jésus, comme faisait la pécheresse
reçue en grâce ! Ce même
Sauveur que nous prêchons durant notre vie
nous est bien nécessaire aux portes de la
mort. Qu'il vienne à notre aide à
l'un et à l'autre ! Amen. »
Du 10 Mai. - « Je vis encore,
mais ma vie est une mort continuelle. On m'a
donné pendant quinze jours du mercure, pour
combattre mon hydropisie, ce qui m'a tellement
empoisonné et affaibli qu'il faudrait un
miracle pour que j'en relevasse. Je lutterai encore
quelque temps entre la vie et la mort.
Que feras-tu de mes écrits quand
je ne serai plus ?
Laisse-moi reposer en paix dans le
tombeau. On ne nous croit pas pendant notre
vie ; nous croira-t-on quand nous serons
morts ? Je désire être
oublié dans un monde où j'ai fait
tant de mal et si peu de bien. »
Ici sa main tremblante ne traçait
que des mots presque illisibles ; puis il
continuait :
« Je ne puis plus tenir la
plume ; tu peux juger par là de mon
extrême faiblesse. Il est temps de mourir:
tous mes membres refusent leur
service ; je suis abattu d'âme et de
corps. Priez pour moi, de peur que je ne
défaille entièrement. C'est le
Seigneur lui-même, et non
l'évêque ni le roi, qui m'a
arraché à mes fonctions pastorales.
Je puis encore entendre quelques confessions,
baptiser et instruire les enfants, tout autant de
choses qui n'exigent pas beaucoup de peines ;
c'est un chapelain qui fait le reste. Dieu a voulu
qu'il en fût ainsi avant ma mort.
Encourage-moi, encore une fois, car je suis
plongé dans la tristesse. Demande au
Seigneur de jeter un regard sur moi et qu'il me
touche encore une fois de son Esprit de
vie ! »
Le 15 juin 1825.
Au même.
« Bien-aimé ! tu
ne me croiras pas quand je te dirai encore que je
vais mourir. Je suis tout près de la
tombe ; j'y tomberai aujourd'hui ou demain,
mais Jésus, qui est la résurrection
et la vie, m'en fera sortir un jour. Je viens te
remercier du trésor de consolations que tu
m'as envoyé. Le Seigneur s'en est servi pour
me remplir de joie. Pendant bien long-temps, comme
je te l'ai souvent écrit, mon corps
était plein de bile et de mercure, et mon
âme en proie à
l'incrédulité et au désespoir.
On aurait dit que sept
démons s'étaient emparés de
moi. Mais lorsque, le 5 courant, on m'eut remis la
petite cassette, et que j'eus commencé
à lire ce qui y était contenu, les
sept mauvais esprits parurent s'enfuir ; mes
yeux se remplirent de larmes ; la paix et la
joie reparurent dans mon coeur, par la puissance du
St-Esprit, à un tel point que je ne puis
l'exprimer. J'en bénis Dieu et je t'en
remercie : c'est ainsi qu'il fait bon mourir.
Ce qui me réjouit aussi beaucoup, c'est que
tu insistes autant sur la nécessité
d'une vie sainte que sur la foi.
Me voici aux prises avec la
mort ;
dans ce moment solennel, je suis pleinement
convaincu que sans la sanctification personne ne
verra le Seigneur et que si nous ne sommes pas
lavés dans le sang de Christ, nous ne
pourrons contempler la Majesté divine, ni
être revêtus des vêtements
blancs, ni suivre partout l'Agneau de
Dieu. »
Tels furent les derniers mots
tracés de la main de Boos ; ils
couronnent dignement une vie toute employée
à glorifier son Maître Lequel de nos
lecteurs ne désirerait les tracer en face de
la tombe ? Qui ne voudrait mourir de la mort
du juste et déposer son âme en paix,
comme le fit Boos, entre les mains du
Sauveur ?
Écoutons un de ses amis qui l'a
assisté dans ses derniers
moments :
« Les deux derniers mois de sa
vie ne furent qu'une longue
agonie ; son âme eut parfois à
soutenir de bien rudes combats : cet homme qui
avait une vue si claire et si nette sur la nature
du salut, passa, comme tous les élus de
Dieu, par les plus pénibles
épreuves ; mais son espérance en
sortit plus ferme et plus vive. Après ces
violents assauts, les joies du Saint-Esprit
inondèrent son coeur. Lorsque je le visitai,
il était très-faible et souffrant
beaucoup de l'hydropisie ; mais il
était d'une humeur gaie ; toute sa
confiance reposait sur les mérites de
Christ, en qui il avait trouvé la paix et la
rémission de ses péchés. - Ce
ne fut que vers la fin de sa carrière qu'il
put voir quelques fruits de son pénible
ministère dans la paroisse de
Sayn. »
« Dans ses dernières
lettres, il écrivait à tous ses
frères en la foi : « Je me
meurs. Que le Seigneur soit votre aide et pour le
temps et pour l'éternité. Qu'il nous
réunisse tous et nous sanctifie à
jamais. Amen. »
« Le 10 août, il dicta
ses adieux à ses amis absents. Après
leur avoir annoncé sa mort prochaine, il
continue :
« Je voudrais aussi pouvoir
écrire à mon maître le
professeur Sailer, pour prendre congé de
lui. Puisque je ne suis plus en état de le
faire, veuillez lui exprimer toute ma
reconnaissance de ce qu'il m'a appris dans ma
jeunesse à connaître le Père,
le Fils et par là la vie
éternelle ; dites-lui combien je le
remercie pour son amitié, son appui, ses
avis et ses consolations dans toutes mes
épreuves et dans mes douleurs. Je le supplie
de me pardonner tout le chagrin que je lui aurais
involontairement causé. Le
vénérable évêque Homer
m'a aussi honoré de sa faveur jusqu'à
la fin de mes jours ; la plupart des autres
membres du clergé m'ont aussi accordé
leur estime et leur affection ; je les en
remercie bien vivement. »
Cette lettre était encore
signée de sa propre main. Le jour de son
décès, je lui offris quelque chose
à manger. Ce fut alors que se
montrèrent les avant-coureurs de la mort. Je
me mis à prier avec lui du fond de mon
coeur ; après la prière, il me
recommanda d'accompagner de mes requêtes son
esprit vers sa céleste patrie. Je le frottai
encore une fois d'eau de Cologne, ce qui le remit
un peu, puis il me demanda ce qu'il y avait
maintenant à faire.
Je lui répondis que
c'était l'heure où le Sauveur venait
le chercher et qu'il devait s'y préparer. Il
pria les assistants de saluer tous ses amis absents
par ces paroles du Nouveau-Testament :
« Que la grâce et la paix de Dieu
le Père et de Jésus-Christ Notre
Seigneur soient avec vous.
Amen. »
« Une demi-heure après,
la sueur de la mort le couvrit. Comme il
était assis sur son lit, je le couchai sur son
oreiller ;
il recommanda son âme au Seigneur ; nous
priâmes encore ensemble, et au bout de
quelques instants il expira sans douleur et dans
une pleine paix, en disant :
« Seigneur Jésus, je remets mon
esprit entre tes mains. »
C'était le 29 août 1825,
à cinq heures moins dix minutes du
soir.
« Telle fut » (
continue l'ami qui lui ferma les yeux)
« la fin de cet homme remarquable. Sa vie
entière ne fut qu'une longue série de
peines et de persécutions ; il
manifesta toujours avec courage et
originalité tout ce qu'il crut
nécessaire de proclamer, et éprouva
la vérité de ces paroles du
psalmiste : « Le juste a des maux en
grand nombre, mais l'Éternel le
délivre de tous. La lumière est
semée pour le juste, et la joie pour ceux
qui ont le coeur droit
(Ps.
XXXIV, 20 ; XCVII,
11). »
Boos était
pénétré de l'humilité
la plus profonde ; et le Seigneur qui se
plaît à enrichir les pauvres et les
petits, dépouilla de tout sentiment de
propre justice cet homme qui en avait amené
tant d'autres à la connaissance du
salut ; aussi Boos se regardait comme le
premier des pécheurs et mettait toute son
espérance dans la grâce et la
miséricorde de Dieu par Jésus-Christ.
Il a maintenant terminé sa
carrière terrestre et il contemple son
adorable Sauveur ; sa foi est changée en vue.
Quelle joie, quelle paix pour lui de voir ce
Jésus auquel il croyait ici-bas, ce
Jésus qu'il aimait et qu'il annonçait
avec tant de zèle, quoiqu'il ne l'eût
jamais vu des yeux de la
chair ! »
L'auteur de ce récit fit placer
sur la fosse une simple croix en bois, portant ces
mots : « Ici repose le pasteur
Martin Boos, mort au Seigneur, à l'âge
de soixante-trois ans. Les fossoyeurs qui ont
couvert de terre sa dépouille mortelle, ne
connaissaient pas bien quel était celui
qu'ils ont ici déposé ; mais ils
le connaîtront quand il sera
ressuscité et que chacun recevra selon ses
oeuvres.
Ceux qui auront
été intelligents, brilleront comme la
splendeur du ciel ; et ceux qui en auront
amené plusieurs à lai justice,
luiront comme les étoiles à toujours
et ci perpétuité (Daniel,
XII,
3.)
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