Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AUX VILLAGEOIS RICHES, AISÉS OU PAUVRES, INSTRUITS OU IGNORANTS.

AUX MARIS ET AUX FEMMES. AUX JEUNES GENS. AUX VIEILLARDS.

CONCLUSION.

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Me voici au terme de ma course; mais avant de me séparer de vous, mes chers amis, je veux encore vous adresser quelques paroles d'exhortation. Il y a entre nous maintenant, je l'espère, des sentiments de confiance réciproque, et je puis vous parler tout à fait à coeur ouvert.

C'est à vous, riches, que je m'adresse premièrement, parce que vous avez une plus grande influence, et dès lors une plus grande responsabilité que les autres. Votre place est belle au village : on vous observe, on vous écoute, on sait votre exemple. Comprenez bien que c'est là une espèce de royauté qui vous impose des obligations de plus d'un genre. Point de moyens frauduleux, ni envers l'État ni envers les particuliers pour grossir votre fortune; car si les pauvres vous voyaient agir de la sorte, combien ne s'y croiraient-ils pas encore plus autorisés que vous ! Point de dérèglement dans vos moeurs; car chacun s'appuierait de vos désordres pour excuser les siens. Point de plaintes contre le sort que Dieu vous a fait ; car en entendant vos murmures, les autres penseraient avoir le même droit d'éclater en imprécations. De la piété surtout, une piété sincère et forte, vous pouvez beaucoup pour le réveil de la religion autour de vous. En un mot, soyez les modèles de vos voisins et leurs guides: c'est à cette condition que Dieu vous a donné des richesses ici-bas.

Les richesses ont leurs dangers aussi bien que leurs jouissances, ne l'oubliez jamais. « Un riche, disait Jésus, entrera difficilement dans le royaume des cieux »(Matthieu XIX, 23). Veillez donc, et attentivement, de peur de vous laisser prendre à la séduction de la fortune. N'aspirez pas à étendre continuellement les bornes de votre héritage: la part qui vous a été accordée est assez bonne, et quand même vous auriez ajouté des terres à des terres, en seriez-vous plus heureux? Puisque tout doit bientôt aboutir pour vous à une fosse et à un peu de poussière, soyez moins inquiets de ce que vous avez, et soyez-le davantage de ce que deviendra votre âme au delà du tombeau. « Que profiterait-il à un homme de gagner tout le monde s'il faisait la perte de son âme? Ou que donnera l'homme en échange de son âme » (Marc, VIII, 36, 37) ?

Gardez-vous de l'orgueil aussi soigneusement que de l'avarice. L'orgueil ne sied à personne, pas même à l'homme le plus vertueux, et combien moins encore à l'homme riche ! Vos biens sont hors de vous, et ne viennent pas de vous. « De qui vient la différence entre toi et un autre? demandait l'apôtre S. Paul. qu'as-tu que tu n'aies reçu? et si tu l'as reçu, pourquoi t'en glorifies-tu, comme si tu ne l'avais point reçu ? » (1 Cor., IV, 7)

Voulez-vous que je vous indique le moyen de vous garantir de la séduction des richesses ? C'est d'en faire un bon usage. Soyez charitables. Que la portion de vos biens qui appartient aux indigents ne soit jamais diminuée pour agrandir la vôtre. En faisant cela, vous laisserez peut-être quelques champs de moins à vos enfants, mais vous leur laisserez un trésor infiniment plus précieux : le souvenir de vos bonnes oeuvres. Je vous exhorte aussi à la charité, vous qui n'êtes ni riches ni pauvres. Vous avez un peu de superflu : donnez quelque chose de ce peu à celui qui n'a rien. Le morceau de pain qui ne fera aucun vide chez vous en remplira un chez d'autres, et c'est là qu'il doit aller, selon la volonté de Dieu.

Villageois d'une condition médiocre n'ayez pas la prétention de vous égaler aux riches. Cette vanité, tout en ne vous procurant pas les plaisirs de la fortune, vous ôterait ceux de l'aisance. En regardant sans cesse à ceux qui ont plus, vous croiriez avoir moins que vous n'avez. Comparez-vous, non aux grands, mais aux petits: vous aurez alors dans votre coeur et dans votre bouche, au lieu de plaintes contre la Providence, de continuelles actions de grâces. Ne vous proposez de surpasser votre prochain qu'en foi et en sainteté: l'émulation, nuisible en toute autre chose, ne l'est plus en celle-là, parce qu'à mesure qu'on s'y élève, on y sent mieux qu'on n'a rien de soi-même et que toute grâce vient de Dieu.

À cette supériorité dans la vie chrétienne, vous pouvez également prétendre, vous dont les jours sont difficiles et pesants. Loin d'être un obstacle au progrès de la foi, la pauvreté y est favorable, quand on sait être pauvre selon le Seigneur. L'âme n'a pas autant de barrières à traverser pour se livrer à la contemplation des biens invisibles, et pourquoi ne béniriez-vous pas Dieu de vous avoir fait une nécessité de ce qui vous aplanit le chemin du bonheur à venir?
Non point que la pauvreté en elle-même soit déjà un titre pour obtenir l'héritage du ciel. Rejetez cette erreur qui vous plongerait dans une fatale sécurité. Un malheureux qui n'aurait à offrir au souverain Juge, pour toute justice et pour tout mérite, que son malheur même, ne serait pas admis dans le royaume céleste. Mais la pauvreté, nous retenant à la terre par moins d'attaches que la fortune, est plus propre qu'elle a nous faire désirer et accepter les promesses de l'Évangile. Profitez donc de votre indigence pour acquérir les véritables richesses, et, puisque vous avez les peines de la pauvreté, tâchez aussi d'en recueillir les fruits.

Jésus-Christ était pauvre comme vous, et ce point de ressemblance que vous avez avec le Rédempteur doit vous exciter à rechercher les autres.

En vous tenant ce langage, mes chers amis, je ne me cache pas les dures souffrances qui vous sont imposées. Je sais qu'il y a dans mon pays plusieurs millions de villageois, qui, après le plus rude labeur, n'ont qu'un peu de pain noir pour se nourrir, et une chétive hutte de paille pour s'abriter. Je compatis à toutes vos douleurs, et que ne puis-je les adoucir ! Mais il y aura toujours des pauvres dans le monde, c'est Dieu qui l'a dit, et que sont devant sa volonté tous nos faibles efforts ! Ne pouvant changer votre destinée, considérez-la sous un aspect qui vous la rende non-seulement supportable, mais douce et heureuse. Rappelez-vous que nous sommes étrangers et voyageurs sur la terre, et des voyageurs d'un jour. Qu'importe, pendant ce court trajet, un peu plus de fatigue, ou un peu moins: la seule chose nécessaire, c'est d'entrer dans la patrie où le Seigneur nous attend. Ne soyez donc pas envieux du sort des riches; et ne murmurez pas. Demain, entre leur poussière et la vôtre, quelle différence y aura-t-il ? Mais la différence sera grande pour vos âmes d'être à la droite ou à la gauche de Dieu.

Outre l'inégalité des fortunes, il y a dans les campagnes, comme ailleurs, des distinctions fondées sur l'inégalité des lumières. Les uns sont instruits, et même savants, ainsi qu'on les nomme; les autres ne le sont point.

À vous donc, savants de village, quelques mots d'avertissement. Vous avez bien fait de cultiver votre esprit; mais soyez en garde contre l'orgueil de la science, le pire des orgueils et le plus faux. Parce que vous en savez plus que vos voisins, n'allez pas croire que vous savez beaucoup. Si vous étiez comparés avec nos illustres savants des villes, votre science paraîtrait bien petite; et si, à leur tour, les lumières de ces véritables savants étaient comparées à celles qu'ils devraient avoir pour connaître les secrets de la religion et de la nature, on verrait que toute la science humaine est comme une goutte d'eau sortie de l'océan de la science divine.
Soyez donc modeste, et il vous sera d'autant plus aisé de l'être que vous vous instruirez davantage. Un sot est présomptueux; un homme vraiment instruit ne l'est point. Si quelqu'un s'extasie devant votre science, faites-lui cette réponse que j'ai lue quelque part : Mon ami, vos éloges ne me donnent pas une meilleure opinion de mon esprit, mais ils m'en donnent une pire du vôtre. Un pareil langage vous garantira du poison de la flatterie.

Préservez-vous aussi de cette curiosité intempérante qui veut tout savoir et tout juger. À force de courir à travers les précipices des montagnes, l'imprudent voyageur y tombe ; à force de jouer avec des armes chargées, l'étourdi jeune homme se fait de mortelles blessures. Ne jouez pas non plus avec tous les écrits qui vous viennent sous les yeux ; ne courez pas follement au travers de tous ces abîmes. Combien de pauvres savants de village qui s'y sont perdus ! La tête leur a en tourné, ou leur coeur s'y est perverti.

Faites de vos livres comme le sage fait de ses amis - examinez s'ils méritent votre confiance, avant de la leur accorder. Mieux valent deux amis sûrs que cent qui ne le sont pas : ainsi des livres. Ne lisez pas trop, mais lisez le meilleur. Vous y apprendrez plus, et vous n'aurez rien à oublier. Pensez surtout à cette règle, que toute science qui vous éloigne de la religion, au lieu de vous en rapprocher, est mauvaise. Défendez-vous contre elle : ce n'est plus un phare qui vous conduirait au port; c'est une torche sinistre allumée par des mains perfides, pour vous attirer et vous briser contre un écueil.

Quant à vous qui n'avez fait aucune étude, pauvres gens privés du pain de la science, ne vous découragez point. L'homme ne doit jamais prendre son parti de ne rien savoir, puisqu'il peut à tout âge, avec une résolution ferme, apprendre quelque chose. Les exemples de personnes qui ont appris à lire entre quarante et soixante ans sont nombreux, et à plus forte raison le sont-ils au-dessous de cet âge. On ne doit désespérer en matière d'étude que de celui qui désespère de soi-même : tant qu'il croit pouvoir apprendre et qu'il le veut rien n'est entièrement perdu.
Ayez donc confiance et courage, ô vous qui, par la négligence de vos parents ou par toute autre cause, n'avez pas fréquenté les écoles dans vos jeunes années. Cherchez les occasions de vous instruire : il s'en trouvera, n'en doutez point, et vous vous ouvrirez le monde de l'intelligence, où vous goûterez des joies qui vous ont été jusqu'ici inconnues.

Enfin, après l'inégalité des fortunes et celle des lumières, il en existe une troisième : l'inégalité des âges.

Vous qui êtes au milieu de la carrière, chefs de famille, maris et femmes, pères et mères, vous êtes exposés à de grandes tentations. Vous traversez l'époque de la vie où s'accroissent outre mesure les affaires et les soucis du monde. Une métairie à diriger, un propriétaire à payer, des enfants à élever, une responsabilité immense et continuelle à porter - quoi de plus dangereux pour les âmes qui manquent de vigilance ? On est alors assailli de tant de bruits qui montent de la terre qu'on n'a plus d'oreilles pour entendre la voix qui descend du ciel ; et le coeur, le pauvre coeur de l'homme, se partage entre tant d'affections qu'il n'a plus d'amour pour Celui qu'il devrait aimer de toute sa force et de toute sa pensée.

On se console en disant : Je retournerai à Dieu quand je serai délivré du poids de mes affaires. Triste illusion ! folle espérance ! Des affaires, vous en aurez toujours. Si ce ne sont plus les vôtres, ce seront celles de vos enfants ; si ce ne sont plus les affaires de vos enfants, ce seront celles de vos petits-enfants; si ce ne sont plus celles de vos petits-enfants, ce seront celles du prochain, ou les affaires de l'État ! ou celles du monde entier. Les affaires ne se détachent pas de l'homme ; c'est l'homme qui s'en doit détacher, assez du moins pour réserver à Dieu la première place ; et s'il ne le fait pas, s'il compte que les affaires le quitteront une fois d'elles-mêmes pour laisser l'espace libre à la religion, il ressemble à cet insensé qui s'était arrêté sur le bord d'un fleuve attendant qu'il fût à sec pour continuer son voyage. Mais l'eau coulait, coulait toujours, et il ne fit pas un seul pas de plus.
C'est donc quand les inquiétudes de la vie commencent à vous enlacer qu'il faut résister vigoureusement à leur despotisme; plus tard, le combat serait plus difficile, et la victoire plus incertaine. Conservez avec un soin jaloux dans vos pensées et dans votre vie, la part qui est due au Seigneur : celle du monde sera toujours assez grande.

Et ne pensez pas que vos intérêts actuels en souffrent. Je me suis quelquefois demandé si ce que l'homme perd à poursuivre avec moins d'ardeur les biens d'ici-bas n'est pas compensé et au delà par ce qu'il y gagne, en pratiquant les vertus chrétiennes. De quelque manière qu'on réponde à cette question, toujours est-il certain qu'on ne saurait citer une seule famille qui soit tombée dans l'indigence pour avoir été pieuse, et qu'on en citerait des milliers qui sont devenues misérables pour ne l'avoir pas été.

Maris et femmes, respectez vos mutuelles obligations. Hors de là, nul bonheur vrai. Ce qui est illégitime peut enivrer le coeur un moment, mais ne le rend pas heureux. Au fond de la coupe du vice il y a une lie amère que le moindre vent fait monter à la surface. Soyez-vous l'un à l'autre fidèles et dévoués. Que l'être fort protège l'être faible, et lui offre dans son amour un appui qui ne fléchisse jamais. Que l'être faible, à son tour, soit la joie de l'être fort par ses tendres sympathies et ses douces prévenances. En plaçant la force d'un côté et la grâce de l'autre, Dieu a fait entre les deux sexes les parts égales et rendu l'un nécessaire à l'autre. N'essayez pas d'intervertir cet ordre divin l'homme qui imite la femme se dégrade la femme qui veut être homme déchoit et s'anéantit.

Pères et mères, je ne vous exhorte pas à aimer vos enfants : la nature y a pourvu; mais je vous exhorte à les aimer selon le Seigneur. Relisez souvent les préceptes, que vous a donné l'Esprit de Dieu pour vous diriger dans une oeuvre si importante. Que nul travail, après celui de votre salut ne vous soit plus sacré que celui-là; car, dans toutes les autres choses, vous travaillez pour le temps, ici pour l'éternité. Quand la terre ne sera plus, vos fils et vos filles vivront encore: ils vivront avec le bien ou le mal que vous aurez fait à leurs âmes. Que jamais cette pensée ne vous quitte en présence de vos enfants, elle mettra dans vos discours et dans vos actes quelque chose de ce saint tremblement que vous éprouverez devant le tribunal de Dieu.

Jeunes gens, vous êtes dans cet heureux âge où l'intelligence est prompte, la mémoire fidèle, le coeur ouvert. C'est maintenant que vous pouvez tout apprendre, et que vous le devez. Aucun de vous n'attend, pour s'instruire dans la profession à laquelle il demandera des moyens d'existence, que les années soient venues augmenter les difficultés de sa tâche. N'attendez pas non plus jusque-là pour vous instruire de ce qui vous donnera la vie éternelle. « Souviens-toi de ton Créateur aux jours de ta jeunesse, avant que les jours mauvais viennent et que les années arrivent desquelles tu dises: Je n'y prends point de plaisir » (Ecclés., XII, 3).

Ne comptez pas sur un avenir qui est indépendant de votre volonté. Et lorsque votre imagination abusée veut vous persuader que vous aurez encore beaucoup de temps pour vous préparer au jugement de Dieu, allez dans le champ des morts, et lisez sur les pierres funéraires l'âge de ceux qui y reposent : combien n'en trouverez-vous pas qui, au moment de leur départ, étaient moins âgés que vous n'êtes! Comme vous peut-être, ils espéraient arriver jusqu'au soir, et ils sont morts dès le matin. Ah ! loin de compter sur des années, ne comptez pas même sur le jour de demain. « La lumière est encore avec vous pour un peu de temps; marchez pendant que vous avez la lumière, de peur que les ténèbres ne vous surprennent » (Jean, XII, 35).
Si les plaisirs du monde menacent de vous séduire, examinez-les au flambeau de la Parole de Dieu. Vous les verrez alors non plus avec les charmes trompeurs qu'ils revêtent dans une perspective lointaine, mais avec leurs cortèges d'illusions et de douleurs. En parcourant les vastes solitudes de l'Égypte, le voyageur croit voir aux bornes de l'horizon des arbres au vert feuillage et des eaux limpides; il s'avance, il accourt le coeur joyeux, et ne trouve qu'une plage aride et désolée. Ne vous laissez pas tromper comme ce voyageur.

Jeunes gens, fuyez les mauvaises compagnies, et si vous demandez à quels signes vous les reconnaîtrez, sachez que toute relation qui vous détourne de Dieu est mauvaise. Les amis qu'il faut aimer sont ceux qui nous font aimer Dieu encore plus qu'eux-mêmes.

Cultivez soigneusement les dons que le Seigneur vous a faits. Si vous avez une intelligence heureuse, gardez-vous de la négliger. Les livres, la science, les arts peuvent s'allier au travail des champs, et lui donnent un attrait nouveau. Une humble et riante maison au village, quelques arpents de prairies, un peu d'aisance avec la piété et le goût de l'étude : quel sort sera plus doux que le vôtre! Les princes de la terre en devraient être jaloux.

Respectez la vieillesse; levez-vous devant les cheveux blancs. La vieillesse a un corps débile, et doit être soutenue par vos pieuses mains; elle a un esprit mûri par les ans, et doit être vénérée. La vieillesse est la vivante image du passé: aux berceaux des enfants elle unit, par la chaîne des traditions, les tombeaux des aïeux. Ne pas honorer les vieillards, c'est insulter aux souvenirs et aux cendres de ses pères; c'est briser ce que Dieu a voulu joindre en laissant vivre ces témoins des générations qui ne sont plus. Jeunes gens, ne commettez pas un tel sacrilège ; n'abandonnez pas à un morne isolement la seconde enfance de ceux qui ont si tendrement veillé sur la vôtre. Partout où la vieillesse est méprisée, les bonnes moeurs s'en vont et l'ordre social chancelle sur ses fondements.

Et vous enfin, vieillards, écoutez avec bienveillance les paroles d'un homme qui s'incline avec respect devant vous, et veut, selon le conseil d'un apôtre, vous parler comme à des pères. La plupart de vos compagnons d'enfance sont couchés dans le sépulcre ; et vous êtes encore sur la terre des vivants: soyez-en reconnaissants envers le Seigneur. Monuments vénérables de sa bonté et de sa patience, il vous a donné le temps de vous repentir et d'aller à lui. Ah ! si vous avez négligé de le faire jusqu'à présent, ne profiterez-vous pas de ce retard de la mort pour vous réconcilier avec Dieu par Jésus-Christ?

Vieillards, vos jours sont comptés. La mort, fatiguée de vous attendre, réclame impatiemment sa proie, et Dieu est prêt à la lui donner. Êtes-vous prêts vous-mêmes à comparaître devant lui? Les livres qui vous doivent juger sont ouverts: votre nom y est-il inscrit au nombre des rachetés du Sauveur ? Sinon, je vous le dis encore, hâtez-vous, hâtez-vous ! L'arbre qui a longtemps occupé la terre, et qui l'a occupée inutilement, ne sera-t-il pas jeté au feu?

Et pendant que vous achevez votre course avec la débilité qui en a marqué le commencement, ne portez pas envie à ceux qui ont plus de jeunesse et de vigueur que vous. C'est une loi de la Providence que, tandis que les uns montent, les autres descendent. Vos enfants ont hérité de votre force, comme vous aviez hérité de celle de vos pères. Ne regrettez pas avec amertume le passé ; ne condamnez pas le présent avec humeur et injustice. La somme de bien et de mal est toujours à peu près égale entre les générations ; et quand il balance leurs défauts et leurs vertus, l'homme sage est embarrassé de choisir.

Maintenant, chers lecteurs, il faut nous quitter. J'aurais encore, sans doute, plus d'une bonne parole à vous dire ; mais le temps nous manquerait, à moi pour vous parler, à vous pour m'écouter. Je vous recommande à la Parole de Dieu et à sa grâce ; elle vous instruira mieux que ma faible voix.

Soyez chrétiens, soyez vertueux, soyez heureux : trois choses qui n'en font qu'une, et que vous trouverez en Jésus crucifié. Adieu, mes amis. Puissions-nous, après avoir vécu éloignés les uns des autres ici-bas, nous réunir tous dans le ciel, et chanter ensemble le cantique des élus !


FIN.

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