Chacun
recevra sa
propre récompense selon son propre
travail. (1Co
3:8.)
Ma
rétribution
est avec moi pour
rendre à chacun selon ce qu'est son
oeuvre. (Apo
22:12.) |
Je suis convaincu, d'après l'opinion que
j'ai pu me faire, que celui qui s'attend à
être récompensé ici-bas pour le
bien qu'il fait, n'est pas du tout qualifié
pour le service de Dieu. S'il recherche
l'approbation des hommes, il compromet la
vérité; il craint alors de heurter
les sentiments de ses semblables, de soulever
l'opposition, de provoquer des critiques ou des
articles de journaux contre lui. Mais il faut
fouler le monde sous nos pieds si nous voulons
recevoir une récompense après cette
vie ! Si nous servons Dieu, nous pouvons nous
attendre à être
persécutés. Le royaume des
ténèbres et celui de la
lumière ont été, sont et
seront en guerre aussi longtemps qu'il sera permis
à Satan de régner sur le monde ; il y
aura un constant conflit entre eux, et si vous
voulez être admis dans les cieux et y
recevoir une rétribution éternelle,
il vous faut consentir à être
méprisé sur la terre.
Si vous recherchez les applaudissements
des hommes, vous n'entendrez pas sortir de la
bouche du Seigneur, au terme de votre vie, cette
parole « Cela va bien! » Impossible de
concilier les deux choses ! Pourquoi cela? Parce
que le monde est en guerre avec Dieu. Il n'est pas
vrai de dire qu'il va s'améliorant; le vieux
coeur de l'homme est tout autant
révolté contre son divin Maître
que lorsque Caïn tua Abel. En la personne de
Caïn, le péché
s'élança dans toute sa force et
armé de toutes pièces; depuis, la
guerre a continué entre la créature
et le Créateur. Le monde n'a pas
accepté la grâce ; c'est pourquoi nous
avons à combattre le monde, la chair et le
diable. Le monde et la chair ne nous aimeront pas
si nous luttons contre eux. Il nous faut mortifier
la chair, crucifier le vieil homme et l'asservir;
alors nous ne tarderons pas à recevoir notre
récompense, oui, même une glorieuse
récompense. C'est ce que nous trouvons dans Luc
16:15 : « Jésus leur
dit : Vous, vous cherchez à paraître
justes devant les hommes, mais Dieu connaît
vos coeurs, car ce qui est élevé
devant les hommes est une abomination devant
Dieu.
Nous devons remonter le courant. Si le
monde n'a rien à dire contre nous, nous
pouvons être presque sûrs que le
Seigneur Jésus a très peu de chose
à dire en notre faveur. Bien des personnes
redoutent de suivre un chemin opposé
à celui du monde, et, bien que telle ou
telle chose leur paraisse condamnable, elles se
gardent de la blâmer de peur de compromettre
la bonne opinion qu'on a d'elles. Si nous voulons
obtenir le prix de la course, il nous faut
combattre le bon combat de la foi ; car à
tous ceux qui font ainsi, le Seigneur, juste juge,
réserve pour ce jour là une couronne
de justice et il la donnera.
(2Ti
4:8)
La crainte de la mort.
Le sens profond du mot éternité
nous échappe. Le temps compris entre la
création et la fin du monde, ne formerait
pas un jour de l'éternité. Il en est
du temps comme de l'espace; dont le centre est
partout et la circonférence nulle part. Nous
lisons dans Hébreux
(Heb
2:14) : « Ainsi donc,
puisque les enfants participent du sang et de la
chair, il en a également participé
lui-même, afin que par la mort, il
anéantît celui qui a la puissance de
la mort, c'est-il dire le diable, et qu'il
délivrât tous ceux qui, par crainte de
la mort, étaient toute leur vie retenus dans
la servitude. » Un grand nombre de ceux qui
font profession de piété , vivent
dans une servitude continuelle par la crainte
qu'ils ont de la mort. Je crois qu'en cela ils
déshonorent Dieu, qui ne veut certainement
pas qu'un seul de ses enfants vive dans la crainte,
pas même un instant. Pourquoi trembler
à ce sujet si nous connaissons la
vérité qui est en Christ, puisque la
mort ne fera que hâter notre arrivée
dans la gloire où nos noms sont
déjà inscrits? Notre
préoccupation se porte d'abord sur ceux qui
nous sont chers ; c'est notre privilège
d'avoir inscrits dans les cieux, non seulement nos
noms, mais aussi ceux des enfants que Dieu nous a
donnés. La promesse est pour nous et aussi
pour eux. Bien des parents sont inquiets sur le
salut de leurs enfants ; eh bien! si nos propres
noms sont gravés là-haut, le
principal désir de nos coeurs doit
être que celui de nos enfants le soient
aussi.
Dans l'une de nos cités de l'est,
une mère de famille se mourait de
consomption. Comme elle s'affaiblissait de plus en
plus, on eut la pensée de lui amener ses
enfants l'un après l'autre.
L'aîné reçut d'abord conseils
et bénédiction, puis le second, puis
le troisième et tous jusqu'au
bébé. Elle prit ce dernier et le
pressa contre son coeur, son tendre coeur... Voyant
que ceci l'agitait et pouvait hâter sa fin,
on lui reprit l'enfant. Alors elle dit à son
mari : « Je te donne charge d'amener avec toi
tous ces enfants dans la maison éternelle.
»
C'est ainsi que Dieu charge les parents
d'amener au ciel tous leurs enfants, afin que leurs
noms soient, aussi bien que les leurs, inscrits
dans les demeures célestes.
Un éminent chrétien de
New-York me racontait un jour cette touchante
anecdote :
« Un père avait un fils
dangereusement malade il ne croyait pourtant pas
qu'il fût à l'extrémité
jusqu'au jour où, en rentrant, il trouva sa
femme tout, en larmes.
Il l'interrogea :
- Notre garçon est bien
changé depuis ce matin, répondit la
mère ; je crains qu'il ne soit mourant.
Viens le voir ; et si tu comprends qu'il est
près de sa fin, je désire que tu le
lui dises, car je n'ai pas le courage de le faire
moi-même.
Le père entra dans la chambre et
s'assit au chevet du malade. Puis, en
plaçant la main sur le front de son fils, il
sentit la froide sueur de la mort et comprit que la
séparation était proche.
- Mon enfant, lui dit-il, sais-tu que tu
vas mourir.
- Non ! est-ce bien vrai ?
répondit le garçon. Est-ce la mort
que je sens dans tous mes membres, papa?
- Oui, c'est elle.
- Vivrai-je jusqu'à
demain
- Tu peux mourir à chaque
instant. » L'enfant regarda son père et
dit :
- Eh bien, je serai ce soir
auprès de Jésus, n'est-ce pas
?
- Oui, mon enfant. Tu passeras la nuit
auprès de ton Sauveur.
Et le père se
détourna pour cacher ses larmes, afin que le
petit garçon ne le vît pas ; mais
celui-ci s'en aperçut :
- Papa, ne pleure pas ! dit-il. En
arrivant au ciel, j'irai droit à
Jésus et je lui dirai qu'aussi loin que mes
souvenirs peuvent aller, tu as toujours
cherché à me conduire à lui.
»
J'ai trois enfants moi-même, et je
puis dire que le plus cher désir de mon
coeur, c'est qu'ils soient sauvés et que je
sache que leurs noms sont écrits dans le
livre de vie. Je puis leur être bientôt
enlevé et les laisser orphelins dans un
monde où tout change; mais je voudrais
qu'ils pussent dire de moi ce que cet enfant disait
de son père. S'ils venaient à mourir
avant moi, je désirerais qu'ils pussent dire
au Maître que j'ai toujours cherché
à les conduire à lui. Cela me serait
plus précieux que d'avoir sur ma tombe un
monument aussi haut que les cieux.
On n'envisage pas le plus souvent la
mort comme on le devrait. L'évêque
Héber écrivait au sujet d'un ami
décédé :
« Tu es descendu dans la tombe,
mais nous ne te pleurerons pas, bien que la tombe
nous apparaisse environnée de
ténèbres et de douleur. Avant toi,
ton Sauveur en a franchi les portes et c'est son
amour qui éclaire ton sentier à
travers l'abîme. Tu es descendu dans la tombe
! Nos yeux ne peuvent te voir et nous ne foulons
plus à tes côtés les routes
épineuses de la vie. Mais les bras de la
miséricorde éternelle t'enlacent. Les
pécheurs peuvent mourir puisque celui qui
fut sans péché est mort pour eux.
»
Dans le ciel on fait l'appel et chacun
à son tour doit comparaître. Si nous
savons que nos bien-aimés sont sauvés
et que leurs noms sont enregistrés, il nous
sera bien doux de penser après leur
départ que nous les retrouverons un jour et
que nous les reverrons quand les ombres de la nuit
se seront dissipées, au grand matin de la
résurrection !
Pendant la dernière guerre
d'Amérique, un jeune homme blessé
était couché dans une cabane; on
l'entendit crier : « Présent!
présent ! »
Quelqu'un s'approcha pour lui demander
ce qu'il voulait dire.
- Ecoutez ! chut !n'entendez -vous pas?
dit-il.
- Quoi donc ?
- Ils font l'appel dans le ciel.
Bientôt après on l'entendit
répondre encore « Présent!
» et il expira.
Si nos noms sont écrits dans le
livre de vie, lorsque l'appel se fera
là-haut et que nous serons nommés,
nous dirons comme Samuel : « Me voici ! »
et nous nous hâterons d'aller à la
rencontre de notre Dieu. Si nos enfants sont
rappelés de bonne heure, oh ! qu'il est doux
de penser qu'ils sont morts en Christ, que le bon
Berger les rassemble dans ses bras, qu'il les porte
dans son sein et que bientôt nous irons les
rejoindre
Paul, le héros chrétien.
Le moyen d'aller au ciel, c'est d'être
sauvé par la foi en Jésus-Christ.
Nous recevons le salut comme un don, mais nous
devons faire valoir ce don. Si l'on nous donnait
une mine d'or, nous l'exploiterions ; je ne puis
acquérir une couronne en me faisant recevoir
membre d'une Eglise ou en louant à mes frais
l'un des bancs de cette église. Voyez Paul!
Il a obtenu sa couronne. Il livra plus d'un rude
combat, il se mesura avec Satan sur plus d'un champ
de bataille, il le vainquit et reçut la
couronne des vainqueurs. Il faudrait bien dix mille
des chrétiens d'aujourd'hui pour faire un
Paul. Quand je lis la vie de cet apôtre, je
rougis de honte pour les chrétiens du XIXe
siècle, tant ils sont faibles et
misérables.
Voyez ce qu'il eut à supporter.
Cinq fois il fut flagellé. Cette ancienne
coutume romaine consistait à lier ensemble
les poignets du malheureux et à le faire
tenir courbé. Puis, un soldat romain lui
infligeait sur le dos nu des coups d'un fouet
tressé et garni de petites lamelles d'acier.
L'acier déchirait la peau du patient, qui
expirait souvent pendant qu'on le frappait. Paul
dit qu'il avait été flagellé
à cinq reprises différentes. Si nous
avions à recevoir un seul coup de ce
fouet-là, que de gémissements nous
ferions entendre ! Avant la fin du jour, quarante
éditeurs s'empresseraient .autour de nous
pour écouter notre récit, publier
notre vie et s'enrichir par ce moyen. Mais Paul dit
simplement : « J'ai reçu cinq fois
quarante coups moins un. » C'était peu
de chose pour lui ! Prenez place à ses
côtés et interrogez-le.
- Paul ! tu as été battu
quatre fois par ces Juifs et ils vont encore te
donner trente-neuf coups de fouet. Que feras-tu
après avoir ainsi souffert ? Que penses-tu
faire
- Ce que je ferai ? vous
répondra-t-il, je tendrai de toutes mes
forces vers le but afin d'obtenir le prix de ma
haute vocation, car je cours dans la lice pour
avoir une couronne.
- Cette couronne, il ne voulait pas la
perdre !
- Quelques coups de fouet ne me
décourageront pas ; ces
légères afflictions du temps
présent ne sont rien...
Et ses persécuteurs
ajoutèrent encore trente-neuf autres
coups.
Paul s'était élancé
dans l'arène et il bondissait, pour ainsi
dire, vers le ciel. Le diable trouva en lui son
maître ; - passez-moi l'expression, -
l'apôtre ne s'égara jamais vers une
fausse piste. « Je n'ai qu'une seule choses
à faire, disait-il, c'est de ne pas perdre
ma couronne. » Prenez garde que personne ne
vous ravisse la vôtre.
Trois fois Paul fut battu de verges.
Interrogez-le de nouveau :
- Voyons, Paul! on t'a battu deux fois
et l'on s'apprête à te battre encore.
Que vas-tu faire ? As-tu l'intention de continuer
tes prédications ? S'il en est ainsi,
permets que je te donne un petit conseil. Ne sois
pas si absolu dans tes convictions; deviens plus
accommodant. Emploie un langage plus
élégant ; enveloppe, si je puis ainsi
dire, la doctrine de la croix d'une
éloquence plus relevée et d'un style
plus fleuri ; dis aux hommes qu'ils sont assez
bons, après tout, et point si mauvais.
Tâche d'apaiser les Juifs et de t'en faire
des amis; transige avec le monde et le monde te
considérera. Ne sois ni si
zélé ni si radical. Je te prie
d'écouter mes avis. Que vas-tu
faire?
- Ce que je vais faire? répond
l'apôtre, je vais courir vers le but pour
remporter le prix de ma sainte vocation.
Aussitôt on lui applique les
verges et à chaque coup, son âme
s'élève plus près de son
Dieu... Tenez-vous encore à ses
côtés : on commence à le
lapider, car c'était là le supplice
infligé à ceux qui ne parlaient pas
selon le désir des persécuteurs. Il
semble qu'on va lui rendre ce qu'il mérite,
car il consentit à la lapidation d'Etienne
alors qu'il s'appelait encore Saul.
- Maintenant, Paul, ceci devient grave.
Ne ferais-tu pas mieux de rétracter
quelques-unes des paroles que tu as
prononcées au sujet de Jésus ? Que
vas-tu faire?
- Eh bien, s'ils prennent ma vie, je
n'en recevrai que plus tôt ma couronne !
s'écrie l'apôtre. Il ne recula pas
d'un pouce. Il possédait ce que le monde ne
peut donner, ce qu'il ne peut citer, savoir une vie
éternelle et une couronne de gloire.
Une légère affliction.
Trois fois Paul fit naufrage ; il passa un jour
et une nuit dans « l'abîme. » Voyez
ce puissant apôtre passant une nuit et mm
jour dans l'abîme ! Il est naufragé,
et dans quel but ? Est-ce pour gagner de l'argent?
Oh ! non , car il ne court pas après la
fortune. Il allait simplement de ville en ville et
de bourgade en bourgade, prêchant le glorieux
Evangile de Jésus-Christ, arborant la croix
partout où il en trouvait l'occasion. Il
descendit à Corinthe et y prêcha
durant dix-huit mois sans qu'aucun des
coryphées de l'endroit vînt
l'entendre. Personne ne le secondait. Quand il
arriva, aucun des principaux de la ville ne le
patronna ni ne l'encouragea. Le petit faiseur de
tentes y vint comme un étranger, et s'occupa
tout d'abord de son travail manuel afin de gagner
son pain à la sueur de son front.
Représentez-vous le grand apôtre
confectionnant une tente, puis allant se tenir au
coin d'une rue pour prêcher...
La vie d'un tel homme m'humilie ; je
pense à la chrétienté de nos
jours, si maladive et rabougrie, où des
centaines ne prennent nul souci de travailler pour
Christ et de l'honorer.
Paul dresse pourtant un inventaire des
biens qu'il possède quand il écrit
aux Corinthiens. Il est riche, à ce qu'il
dit. Il a été fréquemment en
voyage, en péril sur les fleuves, de la part
des brigands, de ceux de sa nation, de la part des
païens ; en péril dans les villes, dans
les déserts, sur la mer, parmi les faux
frères... Ce dernier danger a dû
être le plus cruel de tous. Il a vécu
dans le travail et la peine, exposé à
de nombreuses veilles, à la faim et à
la soif, à des jeûnes
multipliés, au froid et à la
nudité, assiégé encore chaque
jour par les soucis que lui donnaient toutes les
Eglises.
(2Co
11:27-29.) Voilà
quelques-unes des peines qu'il cite. Mais
savez-vous ce qui le rendait excessivement joyeux?
Il croyait l'Ecriture ; il croyait le sermon sur la
montagne, auquel nous croyons beaucoup trop peu.
Ecoutez une seule phrase de ce sermon : «
Réjouissez vous et soyez dans
l'allégresse lorsqu'on vous outragera et
vous persécutera, parce que votre
récompense sera grande dans les cieux.
» Or donc la persécution était
à peu près toute la richesse de
Paul.
C'était son capital et ce capital
était considérable ; il l'avait
amassé et il devait lui valoir une
récompense. Le Christ a dit : «
Réjouissez-vous et soyez dans
l'allégresse parce que votre
récompense sera grande dans les cieux.
» Il parle d'une grande récompense.
Nous appelons grandes des choses qui peuvent
paraître petites au Seigneur, et celles
qui nous semblent bien petites peuvent être
très grandes aux yeux de Christ. Quand Celui
qui a créé le ciel et la terre et qui
les a agencés par sa toute-puissance, parle
d'une grande récompense, que doit-elle
être ?
Peut-être quelques-uns disaient
alors à Paul Voyons ! tu rencontres trop
d'oppositions, tu souffres trop ! Mais
écoutez sa réponse : « Nos
légères afflictions du moment
présent produisent pour nous au delà
de toute mesure un poids éternel de gloire.
(2Co
4:17)
« Nos légères
afflictions ! » Nous les aurions
trouvées pesantes, accablantes, n'est-ce
pas? Paul dit : « Ces légères
afflictions, que sont-elles en comparaison de la
gloire qui m'attend, du couronnement qui se
prépare, de la récompense qui m'est
réservée ? Le juste Juste me donnera
tout cela quand le moment sera venu. » Cette
pensée le remplissait de joie.
Et maintenant,
réfléchissez à l'oeuvre que
Paul a accomplie. Représentez-vous ce
premier des missionnaires en pays païens,
allant prêcher le glorieux Evangile de
Jésus-Christ à des hommes
méchants, hostiles et pleins de haine, pour
leur dire que celui qui fut crucifié hors
des murs de Jérusalem comme un vil criminel
aux yeux du monde, était le Messie promis !
Il les exhortait à croire à ce Messie
pour pouvoir entrer dans le royaume des cieux.
Figurez-vous quels sinistres obstacles se
dressaient devant lui, quelles oppositions il
rencontra, quelles persécutions se
déchaînèrent contre lui ; et
puis, comparez tout cela avec les petites
épines qui embarrassent notre chemin
Chanter dans la prison.
Les gens du monde pensent que la vie de Paul a
été un échec, Ses ennemis, en
le mettant en prison, croyaient sans doute le
réduire au silence, Cependant je crois qu'il
rend maintenant grâce à Dieu pour les
prisons, les coups, les persécutions et les
oppositions qu'il a endurés plus que pour
tout autre chose. Que de fois ce qui nous
répugne le plus est le plus salutaire ! Si
Paul n'avait pas été mis en prison,
il est probable que l'Eglise ne posséderait
pas quelques-unes de ses glorieuses
épîtres. C'est là qu'il prit la
plume pour écrire aux chrétiens
d'Ephèse, de Philippes, de Colosse, à
Philémon et à Timothée. Quelle
bénédiction pour le monde et pour
l'Eglise que les deux épîtres aux
Corinthiens ! Que de lumière elles ont
répandue dans les coeurs. Sans la
persécution, nous aurions été
peut-être privés de ces
épîtres.
John Bunyan est porté à
bénir probablement le Seigneur à
cette heure quand il se souvient de la geôle
de Bedford. S'il n'eût été
enfermé dans cette prison, nous n'aurions
pas sans doute le Voyage du chrétien. Satan
croyait remporter une grande victoire lorsqu'il le
mit là pour douze ans et demi; mais quel
bien en est résulté pour le monde !
Je pense que Paul bénit Dieu maintenant pour
son emprisonnement à Rome, car il put avoir
là le loisir nécessaire pour
écrire ses précieuses lettres,
Admirez si vous le voulez, Alexandre et ses
conquêtes ; vantez la valeur d'un
César et d'un Napoléon ! Voici un
pauvre faiseur de tentes qui, sans avoir
d'armée, a bouleversé le monde… Et
comment ?
Parce que le Tout-Puissant était
avec lui. Paul dit : « Je ne tiens nul compte
des tribulations, » (Act 20:24,) On le jetait
en prison, que lui importait ? cela ne
l'ébranlait nullement. Rien ne le troublait,
à Corinthe, à Athènes,
lorsqu'il prêchait il ne voulait qu'une
chose, courir dans la lice pour saisir le prix de
sa vocation sainte. Si, pour remporter ce prix,
Dieu le laissait mettre en prison, il était
prêt à tout souffrir, En prison il
avait toujours le Seigneur avec lui, car il
était si étroitement
enchaîné à son maître que
nul ne pouvait les séparer, Il
préférait être en prison avec
Jésus, qu'en liberté sans lui,
souffrir avec lui dans les fers plutôt que
d'être à l'aise dans le monde.
Lorsqu'il entend ce cri : « Passe en
Macédoine et viens nous secourir ! » il
s'y rend, il prêche et on le jette en prison
à Philippes. S'il eût
été pusillanime comme nous le sommes
pour la plupart, il aurait été
désappointé et abattu. Il se serait
plaint en gémissant : Voilà une
étrange direction de la Providence !
aurait-il dit, Pourquoi suis-je emprisonné ?
Je croyais que le Seigneur m'appelait à
venir dans ce pays, et me voici enfermé dans
une ville étrangère ! Comment en
sortirai-je ? Je n'ai ni argent, ni amis, point
d'avocat, personne qui puisse intervenir en ma
faveur. Je suis abandonné.
Paul et Silas avaient aussi les pieds
tenus dans les ceps ; ils étaient dans une
prison intérieure, dans une cellule sombre,
froide et humide. Mais à minuit, les
détenus entendent un bruit étrange ;
on chante ! Jamais de pareils accents n'avaient
frappé ces tristes lieux. Je ne sais quel
cantique chantaient les deux
évangélistes, mais ce dont je suis
certain, c'est que leur chant n'était ni
plaintif, ni lugubre comme ceux qui auraient pu
sortir d'un tombeau. Il nous est dit qu'ils
entonnèrent des louanges. Singulier endroit
pour chanter des louanges, n'est-ce pas ?
Je pense qu'ils faisaient ensemble leur
culte et répétaient l'hymne du soir,
Dieu exauça leur prière. La vieille
prison fut ébranlée, les
chaînes des prisonniers se rompirent et les
portes s'ouvrirent. Oh! oui , oui, je n'en doute
pas! Paul rend grâce à Dieu dans la
gloire d'avoir été mis en prison et
de ce que le geôlier s'est converti.
Dans la gloire.
Mais, voyez-le à Rome ! Néron
vient de signer son arrêt de mort. Tenez-vous
là, et observez cet homme de petite taille
si méprisé du monde.
(2Co
10:10.) On le dédaigne.
Si vous alliez parler dans le palais du roi de ce
criminel, vous êtes sûrs de voir un
sourire railleur sur tous les visages.
« Oh ! c'est un fanatique! dit-on.
Il est fou ! » Pour ma part, je voudrais que
le monde fût rempli de pareils
insensés. Il nous en faudrait de nos jours
qui fussent de cette trempe, des hommes qui
n'eussent d'autre crainte que de pécher,
d'autre amour que l'amour de Dieu.
Rome ne vit jamais dans ses murs un tel
conquérant, ni dans ses Etats un homme d'une
telle puissance. Le monde pouvait le regarder avec
mépris et le trouver fort chétif,
mais aux yeux des habitants des cieux il
était le plus puissant qui eût jamais
foulé le sol de cette reine des
cités. Aucun de plus grand que lui ne
parcourra probablement jamais ses rues. Le Fils de
Dieu marchait avec lui dans la fournaise. (Dan
3:25.) Mais entrons dans sa prison. Il s'avance ;
les officiers viennent lui annoncer que
Néron a signé son arrêt de
mort. Paul ne frémit pas, il n'est point
effrayé...
- Paul ! dis ; ne regrettes-tu pas
à cette heure ton grand zèle pour
Christ? Il va te coûter la vie. Si tu pouvais
recommencer ta carrière terrestre, la
consacrerais-tu à Jésus de Nazareth
?
Que va répondre le vieux lutteur?
Son oeil s'enflamme et il s'écrie :
- Eusse-je dix mille vies, je les
donnerais toutes pour Christ ! Mon seul regret
c'est de n'avoir pas plus tôt commencé
à le servir et de ne pas l'avoir mieux
servi. Mon unique regret à cette heure,
c'est d'avoir autrefois parlé contre
Jésus de Nazareth.
- Mais on va te
décapiter.
- Eh bien! qu'ils prennent ma
tête, je ne m'en inquiètes pas ! Mon
coeur est à mon Sauveur depuis des
années ; nul ne peut me séparer de
lui. Quand on me fera mourir, j'irai auprès
de lui, ce qui me sera beaucoup meilleur.
On le tire hors de sa prison. Je ne sais
à quelle heure, peut-être à la
pointe du jour. Une tradition raconte qu'on
l'emmena à deux milles de la ville. Voyez ce
petit faiseur de tentes comme il avance d'un pas
ferme à travers les rues de Rome ;
contemplez ce géant comme il marche au
supplice. Prenez place à côté
de lui ; entendez-le ! il parle de la gloire
à venir.
Désormais la couronne de justice
m'est réservée. Aujourd'hui
même, je verrai le roi dans sa beauté.
Mon ardent désir était d'être
auprès de lui ; il me tardait de le voir...
Voici le jour de mon couronnement. »
On pouvait le plaindre, mais lui n'avait
pas besoin de la pitié des hommes. Il
possédait ce que le monde ne connaissait
pas, un amour et un zèle dans le coeur dont
le monde n'avait nulle idée. Ah ! quel amour
que celui de Paul pour Jésus ! mais quel
amour bien plus grand que celui de Jésus
pour Paul !
L'heure était venue.
D'après l'usage, le prisonnier devait se
pencher en avant, puis un soldat saisissait une
épée tranchante et lui emportait la
tête d'un seul coup. Il me semble voir Paul,
le visage radieux, incliner sa précieuse
tête... L'épée de
l'exécuteur s'abaisse sur elle et met son
âme en liberté.
Avec les yeux d'Elisée, nous
aurions pu la voir cette âme,
s'élancer comme Elie dans un chariot de feu
et prendre son glorieux essor à travers
l'infini. Elle monte plus haut, encore plus haut !
Voyez-la s'élever toujours, toujours,
toujours, toujours plus vers les cieux.
Contemplez-la enfin là-haut.
La voilà ! Elle entre dans la cité
éternelle où sont les saints
glorifiés, dans la demeure bienheureuse des
rachetés. Elle va recevoir le prix qu'elle a
si longtemps recherché. Voyez comme les
portes du ciel s'ouvrent toutes grandes pour la
recevoir... Entendez les anges, ces hérauts
du ciel, debout sur les crénaux
étincelants de la cité
céleste, se dire l'un à l'autre avec
des cris de joie : « Le voici ! le voici!
» L'âme de Paul vole à travers
les portes de perles ; elle suit la voie royale
jusqu'au pied même du trône de Dieu.
Là, Christ le reçoit en disant :
« Cela va bien, bon et fidèle
serviteur! Entre dans la joie de ton Seigneur!
»
Si le Maître vous disait cette
parole, ne serait elle pas une compensation
suffisante pour toutes vos peines, ne le
croyez-vous pas ?
Chers amis! nous l'entendrons
bientôt cette parole pourvu que nous
demeurions fidèles. Prenons garde de ne pas
perdre notre couronne ! Réveillons-nous de
notre sommeil ! Revêtus de l'armure
complète de Dieu,
élançons-nous dans la
mêlée pour combattre le bon combat.
Alors, nous aussi, comme les saints des temps
passés, nous serons accueillis dans le ciel
par ces accents de bienvenue : « Cela va bien,
bon et fidèle serviteur! »
Après.
- Après de longs soupirs, une joie éternelle,
- Après de durs labeurs, le repos dans les cieux,
- Après l'ignominie, une gloire immortelle,
- Après d'obscurs sentiers, un soleil radieux...
- Après de tristes deuils, une vive espérance,
- Après la sombre nuit, l'aurore d'un beau jour,
- Après l'incertitude, une ferme assurance,
- Après les coeurs brisés, un fort et tendre amour.
- Après nuits de souffrances, un appui pour nos têtes,
- Après le tourbillon, un ciel pur et serein,
- Pour l'amour de Jésus, ô Dieu! tu nous apprêtes,
- Après tant de douleurs, un abri dans ton sein...
- Après de longs combats, des palmes de victoire,
- Après une agonie, un cantique éternel,
- Après l'amer calice, un fleuve dans la gloire,
- Après nos lourdes croix, des couronnes au ciel.
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