Ce sont
des
choses que l'oeil n'a point vues, que
l'oreille n'a point entendues, et qui ne
sont point montées au coeur de
l'homme ; des choses que Dieu a
préparés pour ceux qui
l'aiment.
(1Co
2: 9.)
|
S'il existe un nom, qui mieux que tout autre,
puisse ouvrir toutes grandes les portes
éternelles, c'est certainement celui de
Jésus. Ici-bas il ne manque pas de mots
d'ordre et de convention, mais ce nom sera pour
nous l'unique consigne pour pénétrer
dans le ciel. Jésus en est lui-même la
porte. Quiconque cherche à y entrer par un
autre endroit, est un larron et un voleur. Mais
nous éprouverons en y entrant une joie qui
surpassera toutes nos autres joies, ce sera celle
de voir Jésus lui-même et d'être
constamment auprès de lui.
Esaïe donne à ceux qui sont
sauvés par la foi cette promesse divine :
« Tes yeux verront le Roi dans sa
magnificence, ils contempleront le pays dans toute
son étendue. »
(Esa
33:17) Nous ne pouvons pas tous
faire le tour du monde, ni même
peut-être voir une contrée
étrangère; mais tous les
chrétiens verront cette terre
éloignée, la véritable terre
promise. John Milton dit des bienheureux qui y sont
déjà, qu'ils marchent avec Dieu sur
les plus hautes cimes du salut et de la
félicité.
C'est une atmosphère bénie
que celle du ciel. Ici-bas, on s'agite pour aller
trouver des climats tempérés
où l'on ne rencontrera ni peine ni douleur.
Eh bien ! dans la sereine atmosphère du
paradis, ni peine ni douleur ne saurait exister ;
elles ne peuvent y entrer ; nous les laisserons
derrière nous, et nous jouirons
là-haut d'une santé éternelle
inconnue sur cette terre.
Mais vous savez que nos faibles yeux ne
pourraient contempler la gloire de notre
céleste Roi dans les cieux : « Christ
est le bienheureux et seul souverain, le Roi des
rois et le Seigneur des seigneurs, qui seul
possède l'immortalité, qui habite une
lumière inaccessible que nul homme n'a vue
ni ne peut voir, à qui appartiennent
l'honneur et la puissance éternelles. »
Nos regards éblouis seraient incapables de
soutenir la vue d'une telle gloire pendant que nous
sommes encore sur la terre.
Le prophète Ezéchiel eut
une vision des choses célestes : « Tel
l'aspect de l'arc qui est dans la nue en un jour de
pluie, ainsi était l'aspect de cette
lumière éclatante qui l'entourait.
C'était une image de la gloire de
l'Éternel. A cette vue, je tombai sur ma
face. »
(Eze
1:28.) Ici-bas bien des choses
nous éblouissent; aucun de nous ne peut
regarder le soleil en face. Mais, lorsque ce qui
est corruptible aura revêtu
l'incorruptibilité, ainsi que le dit Paul,
nos facultés auront acquis une plus grande
puissance, et nous pourrons contempler Christ dans
sa gloire.
Nous le verrons tel qu'il est quand le
soleil sera obscurci et que la lune ne donnera plus
sa lumière. C'est là ce qui fera du
ciel un séjour de pure
félicité; mais nous savons tous
qu'une telle félicité ne se trouve
point sur cette terre. La raison, la Bible et une
expérience de six mille années, tout
nous l'assure; aucune créature ne peut nous
procurer le bonheur. L'accomplissement du devoir ne
le donne même pas entièrement, car le
péché étant dans ce monde, les
meilleurs des hommes ne peuvent y vivre
parfaitement heureux. Pour être heureux, ils
doivent attendre d'être dans le ciel ;
parfois il peut leur sembler que ce ciel est si
près d'eux, qu'ils peuvent
déjà en apercevoir quelque
avant-coureur, comme lorsque Colomb vit de
magnifiques oiseaux voltiger autour des mâts
de son navire, avant même d'avoir pu
discerner les rivages de l'Amérique.
Toutes les joies que nous
goûterons dans les cieux n'auront d'autre
source que la présence de Dieu ; c'est
l'idée dominante qui traverse les
Écritures. La vie éternelle sans
cette présence serait semblable à la
vie terrestre sans la santé c'est cette
présence qui sera la lumière et la
vie même des rachetés. On a dit que ce
mot pourrait se traduire ainsi : « Une vue qui
rend heureux. » Cette vue nous remplira d'une
joie pareille à celle que cause le retour
vers sa mère d'un fils depuis longtemps
perdu, ou le premier aperçu de notre demeure
après un long temps d'absence. Plusieurs
savent combien un rayon de soleil par une
journée sombre, ou le visage bienveillant
d'un ami au jour de l'épreuve, peut relever
notre courage. Eh bien! notre bonheur sera encore
mille fois plus grand, car nous verrons le Seigneur
face à face et c'est ce qui nous le fera
aimer d'autant plus.
Nous l'aimons ici-bas à
proportion de la connaissance que nous avons de
lui; aussi plusieurs auraient pour lui une bien
plus grande affection s'ils le connaissaient plus
intimement. Puisque déjà, sur cette
terre, nous éprouvons tant de joie en
pensant aux perfections de Christ, que sera-ce
quand nous le verrons tel qu'il est!
Nous serons semblables à Christ.
On demandait à un chrétien ce
qu'il pensait faire à son arrivée
dans le ciel. Il répondit qu'il passerait
les mille premières années à
contempler son Sauveur et, qu'après cela, il
chercherait à voir Pierre, puis Jacques,
puis Jean, et emploierait joyeusement tout son
temps à regarder ces grands personnages.
Mais il me semble qu'un regard sur Jésus
sera pour nous un dédommagement suffisant
pour tous les sacrifices que nous aurons pu faire
pour lui ; il nous suffira de le voir. Nous lui
deviendrons semblables dès que nous le
verrons, parce que nous serons remplis de son
Esprit. Jésus, le Sauveur du monde, sera
là dans le paradis, et nous le contemplerons
face à face.
Les portes de perles, les murs de jaspe
et les rues pavées d'or transparent comme du
cristal, ne constitueront pas pour nous le ciel.
Toutes ces glorieuses choses ne sauraient nous
satisfaire, elles seules ne nous feraient pas
désirer d'y vivre éternellement. Une
petite fille, qui avait sa mère très
malade, fut emmenée par une voisine qui la
prit en attendant que la mère se
trouvât mieux. La maladie empira et la
mère mourut. Les voisins ne voulurent rien
dire d'abord à l'enfant, et ne la
reconduisirent chez elles qu'après
l'enterrement. La petite fille alla dans un salon,
puis dans l'autre en répétant :
« Où est maman? » Elle parcourut
ainsi toute la maison sans la trouver. Et lorsqu'on
lui eut dit qu'elle était morte, la pauvre
enfant voulut retourner chez la voisine, car sa
propre demeure n'avait plus aucun attrait pour,
elle. Ni les murs de jaspe, ni les portes de perles
ne rendront pour nous le ciel attrayant, mais ce
sera la présence du Rédempteur et le
bonheur d'être pour jamais avec lui.
Il fut un temps où je pensais
davantage à Jésus-Christ qu'à
Dieu le Père. Christ me semblait plus
rapproché de mon âme, parce qu'il
était devenu le Médiateur entre le
Père et moi. Mon imagination
reléguait Dieu bien loin sur un trône,
le considérant comme un Juge
sévère, tandis que Jésus
étant intervenu comme Médiateur entre
nous, je le voyais beaucoup plus près de
moi. Je changeai de manière de voir lorsque
j'eus un fils. Pendant dix ans je n'eus que ce fils
et, quand je le voyais grandir, la pensée me
vint que Dieu nous avait montré un plus
grand amour en donnant son Fils que le Fils en
mourant pour nous. Je sentis qu'il me serait plus
facile de partir pour être mis à mort
moi-même, que de voir mon unique enfant, le
fils de mes entrailles, livré pour
être crucifié. Voyez donc quel amour
Dieu a eu pour un monde coupable puisqu'il lui a
donné Jésus-Christ
Lisez au chapitre VII des Actes. Vous
verrez qu'avant d'être lapidé, Etienne
leva les yeux alors Dieu souleva le voile, et lui
permit de jeter un regard dans la cité
céleste pour y contempler Christ debout
à la droite du Père. Quand le
Sauveur, au jour où son oeuvre fut
accomplie, fit son ascension en emmenant en haut
des captifs, il s'assit sur son trône, nous
est-il dit. Mais comme Etienne le vit debout, je me
représente Jésus se levant pour
souhaiter la bienvenue au premier des martyrs qui
luttait seul et désarmé.
Déjà vous auriez pu
entendre les pas fermes des millions qui ont
marché sur ses traces en donnant leur vie
pour le Fils de Dieu. Etienne formait
l'avant-garde. Comme il mourait, il regarda vers le
ciel; son Sauveur alors se leva pour l'accueillir,
et le Saint-Esprit fut envoyé pour
témoigner que Christ était bien
là-haut. Comment pourrions-nous en douter
maintenant ?
Un mendiant n'a pas de plaisir à
contempler un palais; la beauté de son
architecture ne lui dit rien. Un homme
affamé ne sera pas rassasié en
assistant à un banquet royal. Mais voir le
ciel, c'est y avoir une part. Ce regard ne nous
communiquerait aucune joie, si nous ne savions
qu'une portion de ce ciel nous appartient. Dieu
s'unit à notre âme, et nous devenons
« ainsi participants de la nature divine.
»
(2Pi
1:4.) Si vous placez un morceau
de fer dans un foyer allumé, il perdra
bientôt sa couleur sombre et deviendra rouge
et brûlant comme le feu lui-même, sans
perdre cependant sa nature métallique! Ainsi
l'âme, au contact de Dieu devient brillante
comme lui, belle de sa beauté, pure de sa
pureté, brûlante en
réfléchissant la gloire de son
parfait amour, mais sans cesser pourtant de rester
une âme humaine. Nous serons faits semblables
à lui tout en conservant notre
humanité.
Un bon roi, - ceci est une fable, -
chassant un jour dans une forêt, rencontra un
jeune aveugle orphelin qui vivait là
à la manière des bêtes.
Touché de compassion, le monarque adopta ce
pauvre garçon et lui fit apprendre tout ce
que l'on peut enseigner à un aveugle.
Lorsque celui-ci eut atteint sa majorité, le
roi, qui était aussi un habile
médecin, rendit la vue au jeune homme;
après quoi, il le prit avec lui dans son
palais au milieu des nobles qui composaient sa cour
; avec tous les honneurs possibles il
déclara qu'il le recevait au nombre de ses
fils, et ordonna à tous de lui rendre amour
et obéissance. L'orphelin
délaissé devint un prince: il eut sa
part de toutes les dignités, des
félicités et de la gloire qu'on peut
trouver dans le palais d'un roi. Qui pourrait
exprimer la joie qui dut remplir son coeur
lorsqu'il put contempler de ses propres yeux pour
la première fois, la magnificence, la grande
puissance et l'excellence du monarque qu'il avait
entendu vanter si souvent? Et qui dira son bonheur
lorsqu'il se vit revêtu d'un habit de prince
et qu'il entra dans la famille royale avec le titre
de fils adoptif, honoré et aimé de
tous ?
Et maintenant, Christ est le Roi
puissant qui trouve nos âmes
égarées dans ce monde de
péché comme dans un désert; il
nous y trouve « malheureux, misérables,
pauvres, aveugles et nus ; mais il nous lave de nos
péchés par son sang, il nous
revêt des vêtements du salut, il nous
couvre du manteau de la délivrance, comme le
fiancé s'orne d'un diadème, comme la
fiancée se pare de ses joyaux. »
(Apo
3; Esa
61:10.)
Le Sauveur explique à Paul
(Act 26)
la mission que devait
remplir l'Evangile à l'égard des
pécheurs; il était destiné
à leur « ouvrir les yeux pour qu'ils
passassent des ténèbres à la
lumière et de la puissance de Satan à
Dieu, pour qu'ils reçussent par la foi en
Jésus, le pardon des péchés et
l'héritage avec les sanctifiés.
» Voilà ce que Christ opère dans
le coeur de tout chrétien ; il lui fait don
de sa grâce et l'adopte pour être son
enfant. C'est pourquoi il nous est dit dans 1Co
3:22-23 : « Tout est
à vous, soit Paul, soit Apollos, soit
Céphas, soit le monde, soit la vie, soit la
mort, soit les choses présentes, soit les
choses à venir, tout est à vous, et
vous à Christ, et Christ à Dieu.
» Il vous a donné sa parole pour vous
former pour le ciel, il a ouvert vos yeux, et vous
voyez maintenant. Par le moyen de sa grâce
qui agit en vous et par vous, votre âme se
développe graduellement et arrive à
lui ressembler toujours davantage.
Un jour, votre Père
céleste vous rappellera auprès de
lui. Là vous verrez les anges et les saints
revêtus de la beauté de Christ, qui se
tiennent debout autour de son trône, et vous
entendrez cette parole du Maître au moment
où il vous introduira au milieu d'eux :
« Cela va bien, bon et fidèle
serviteur! Entre dans la joie de ton Seigneur.
Jésus a dit
(Jean
16) : « Tout ce que le
Père a est à moi; c'est pourquoi j'ai
dit qu'il prendra de ce qui est à moi et
qu'il vous l'annoncera. » Toutes choses seront
donc à vous. Ah! combien les plaisirs
terrestres paraissent mesquins et insignifiants en
comparaison !
- Ici-bas, tout est froid et sombre,
- Ici-bas tout va se flétrir.
- Brise qui passe, une vaine ombre...
- Mon coeur se glace, il faut partir !
- Viens donc, mon âme, sur tes ailes
- Jusqu'au beau pays du soleil,
- Car c'est aux rives immortelles
- Qu'on goûte un bonheur sans pareil.
A l'autre bord.
Il y a de la joie dans le ciel quand un
pécheur se convertit sur la terre, «
plus de joie même pour un seul pécheur
qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes
qui n'ont pas besoin de repentance. »
(Luc
15:7) Lorsqu'on est sur le point
d'élire un président aux Etats-Unis,
la surexcitation est intense; c'est un choc
terrible pour la nation. Dans tous les journaux et
sur presque chacune de leurs pages, depuis le Maine
jusqu'en Californie, il est question des candidats.
Le pays tout entier est en fermentation mais je ne
crois guère que dans le ciel on y prenne
garde! Si la reine Victoria abdiquait, le monde
entier serait dans l'agitation; toutes les nations
prendraient un grand intérêt à
cet événement; on
télégraphierait partout; mais
peut-être la chose passerait-elle
inaperçue clans le paradis? Tandis que si un
petit garçon ou une petite fille, un
homme ou une femme, se repentait de ses fautes en
ce moment même, le ciel tout entier en serait
ému. Des circonstances qui nous semblent
considérables, paraissent très
petites là-haut ; d'autres qui nous semblent
peu de chose sont regardées comme
très importantes dans les cieux. Pensez
à ceci, qu'un simple acte de votre part peut
causer une grande joie dans les célestes
demeures! Cette idée nous paraît
presque trop magnifique pour y croire et, pourtant,
le repentir du plus pauvre des pécheurs peut
faire tressaillir de joie les habitants du
ciel.
« Il y a de la joie devant les
anges de Dieu, » dit l'Ecriture ; ce qui ne
signifie pas que les anges se réjouissent,
mais que devant eux, en leur présence, on se
réjouit. Je me suis souvent demandé
ce que ces mots voulaient dire et je les ai
longtemps médités. Eh bien, je fais
ici des conjectures, je l'avoue, - elles peuvent
être oui ou non fondées, - mais les
chers amis qui ont franchi le seuil de ce monde
avant nous et qui ont été accueillis
dans le bercail céleste, regardent sans
doute vers la terre; et lorsqu'ils voient se
repentir et se donner à Dieu un de leurs
bien-aimés pour lequel ils ont longtemps
prié avant de mourir, leur coeur
frémit d'une sainte allégresse. En ce
moment même, une mère considère
de là-haut peut-être son fils ou sa
fille, et si elle entend l'un d'eux dire en son
coeur : - Je veux aller où est ma
mère et me repentir. Oui, mère! je
viendrai te rejoindre! cette nouvelle, rapide comme
un rayon de soleil, atteint les régions
célestes et la mère se réjouit
« devant les anges de Dieu. »
Après un de nos services à
Dublin un homme entra dans la salle où on
allait tenir la seconde réunion d'entretiens
et de prières (inquiry room) ; il amenait sa
fille unique, de qui la mère était
partie de ce monde peu de temps auparavant : «
Ô Dieu! dit-il dans sa prière, fais
pénétrer jusqu'au fond du coeur de
cette enfant les vérités qu'elle
vient d'entendre, afin que les prières de sa
mère soient exaucées aujourd'hui
même et qu'elle soit sauvée! » En
se relevant, la jeune fille entoura de ses bras le
cou de son père en le baisant et dit :
« Je veux retrouver là-haut ma
mère! je veux appartenir à Christ.
» Ce jour-là, elle accepta le salut.
Cet homme est maintenant pasteur dans le Texas, et
sa fille, morte là-bas depuis peu, est
allée rejoindre sa mère dans le ciel.
Quel doux et joyeux revoir !
- A l'abri des douleurs, en paix elle repose
- Dans le sein de Jésus. En ces bas lieux, la rose
- Fleurit sur son tombeau.
- On peut lire aux rayons du soleil qui le dore,
- Effacé par des pleurs, ce mot visible encore :
- « Elle a monté plus haut ! »
- Seigneur! ah! monte aussi mon âme sur des ailes!
- Montre-moi les beautés des rives éternelles
- Avant mon dernier jour.
- Qu'en élevant les yeux jusqu'à toi dans l'espace,
- Je puisse voir les miens, ton sourire et ma place,
- Dans ton divin séjour...
Peut-être un frère, peut-être
une soeur vous attend là-haut? Qui que vous
soyez répondez à son appel.
Un père rentrait un soir
très tard avec sa petite fille. La nuit
était sombre; après avoir
traversé un bois épais, ils
arrivèrent au bord d'une rivière.
Bien loin, sur la rive opposée,
scintillaient des lumières dans quelques
maisons éparses et, plus loin encore,
brillaient celles de la ville où ils se
rendaient. L'enfant était fatiguée et
assoupie ; le père la prit alors dans ses
bras en attendant le batelier qui arrivait de
l'autre bord. Ils aperçurent enfin une
faible lueur ; le bruit des rames se rapprochait
peu à peu, et bientôt ils furent
installés sains et saufs dans la
barque.
- Père ! dit la petite fille, il
fait bien sombre! Je ne vois pas le rivage ;
où allons-nous ?
- Le batelier connaît le chemin,
mon enfant: nous serons bientôt à
l'autre bord.
- Oh! je voudrais bien y
être!
Quelques instants après, ceux qui
l'aimaient accueillaient la petite fille dans leurs
bras à la maison paternelle, et toutes ses
craintes avaient disparu.
Peu de mois s'écoulèrent;
cette même enfant se trouvait alors sur les
rives d'une autre rivière plus profonde,
plus sombre, plus effrayante que la
première. C'était la rivière
de la mort. Le même tendre père se
tenait auprès d'elle, tout
désolé de ne pouvoir l'accompagner.
La mère et lui veillèrent à
son chevet bien des jours et bien des nuits en
priant pour leur précieux trésor.
Parfois, l'enfant paraissait sommeiller,
inconsciente comme si son esprit allait s'envoler
doucement. Mais un matin elle se réveilla
soudain, l'oeil brillant, en pleine possession de
ses facultés.
- Père, dit-elle en souriant, je
suis de nouveau au bord de la rivière!
J'attends que le batelier arrive pour me faire
passer.
- Fait-il froid et sombre comme lorsque
nous étions ensemble au bord de l'autre
rivière, mon enfant ?
- Oh! non. Il n'y a point ici
d'obscurité. La rivière est toute
argentée. Le bateau qui vient me prendre est
solide et brillant, et je n'ai pas peur du
batelier.
- Peux-tu voir l'autre côté
de la rivière ?
- Oh ! oui. Il y a là-bas une
grande et belle ville étincelante de
lumière, et j'entends des concerts comme
ceux des anges.
- Peux-tu distinguer quelqu'un à
l'autre bord ?
- Oh ! oui, oui ! Je vois un personnage
si beau! Il me fait signe de venir maintenant. Oh
batelier, hâte-toi! Je comprends qui il est.
C'est Jésus, mon adorable Sauveur. Il me
prendra dans ses bras ; je reposerai sur son sein.
Je viens ! je viens !
Ce fut ainsi qu'elle traversa la
rivière de la mort, rendue semblable
à un ruisseau d'argent, grâce à
la douce présence du Rédempteur.
Quelque chose de plus.
Vous trouverez à peine un homme au monde,
quelles que soient sa puissance ou ses richesses,
qui ne finisse par vous avouer, quand vous aurez
gagné sa confiance, qu'il n'est pas heureux.
Il a encore des désirs qui ne sont pas
satisfaits ou quelque chose qui l'embarrasse. On
peut mettre en doute que le tsar de toutes les
Russies, qui possède tout ce qu'il est
possible d'avoir, soit un homme parfaitement
content de son sort. On peut aussi se demander si
la reine Victoria avec des palais et des milliers
d'hommes à son service, et de plus, - ce que
tous les souverains n'ont pas, - l'attachement de
ses sujets, a une position qui lui donne beaucoup
de jouissances. Quand les souverains aiment le
Seigneur Jésus et sont sauvés, alors
seulement ils peuvent être heureux ; s'ils
sont assurés d'aller au ciel, ils peuvent
dormir en pleine sécurité aussi bien
que le plus humble de leurs sujets. Paul, le
faiseur de tentes, aura une place plus honorable
dans le ciel que le plus grand et le meilleur des
monarques de ce bas monde. Si le tsar rencontre
dans le ciel John Bunyan, il trouvera sans doute le
pauvre étameur plus élevé que
lui.
Une vie vraiment chrétienne est
la seule qui puisse être heureuse; dans
toutes les autres se trouve toujours quelques
lacunes. Quand nous sommes jeunes, nous
entreprenons de grandes choses que nous
compromettons par notre
témérité. Nous manquons alors
d'expérience. Quand nous avons
l'expérience, nous avons perdu la force
d'exécuter nos desseins. « Heureux est
le peuple dont l'Éternel est le Dieu! »
La piété est le seul moyen
d'être heureux. Celui qui dérobe parce
qu'Il a faim, dérobe pour atténuer sa
souffrance, mais il oublie à ce
moment-là combien son péché
aura de pénibles conséquences.
Malgré sa mauvaise nature, l'homme est
encore ce qu'il y a sur la terre de plus noble; il
est aisé de comprendre dès lors qu'il
ne puisse trouver le vrai bonheur dans les choses
qui sont moins élevées que lui. Dieu
seul est meilleur que nous, et c'est en lui
seulement que nos âmes seront satisfaites.
L'or, cette scorie tirée de la terre, ne
saurait nous suffire, ni les honneurs, ni les
louanges des hommes; il nous faut plus, et ce qu'il
nous faut, nous ne l'obtiendrons que dans le ciel.
Je ne dois plus m'étonner que les anges qui
voient continuellement la face de Dieu, soient si
heureux !
Les publicains s'en allèrent
trouver Jean-Baptiste au désert pour savoir
ce qu'ils devaient faire ; d'autres, parmi les plus
considérables du pays, le
consultèrent pour savoir où se
trouvait le bonheur. Il est écrit : «
Heureux est quiconque se confie en
l'Éternel. » C'est donc parce
qu'ici-bas nous ne pouvons avoir de bonheur
réel, qu'il ne vaut pas la peine de vivre
pour la terre ; et c'est parce que le vrai bonheur
est tout entier là-haut qu'il vaut la peine
de mourir pour aller au ciel. Au ciel, c'est la vie
et jamais la mort. En enfer, c'est la mort et
jamais la vie. Sur la terre, il y a des mourants et
des vivants. Si nous sommes morts au
péché, nous vivrons dans le ciel, et
si nous vivons ici dans le péché,
nous pouvons attendre après cette vie une
mort éternelle.
Savez-vous bien que tout pécheur
meurt deux fois ? D'abord il meurt spirituellement
au péché ; il est alors
régénéré et commence
à goûter les joies célestes ;
ces joies-là parviennent jusqu'à
notre monde aussi nombreuses, aussi réelles
que les rayons du soleil. Puis, la mort physique
introduit notre âme dans les cieux, car nous
ne pouvons emporter là-haut notre vieux
corps de péché, il faut auparavant
qu'il soit transformé ; ce corps de
péché, quand il ressuscitera, sera
glorifié à la ressemblance de celui
de Christ.
Nous n'aurons point de tentations
là-haut. S'il n'y en avait point ici-bas,
Dieu ne pourrait nous mettre à
l'épreuve pour connaître si nous
sommes sincères. C'est dans ce but qu'il
plaça l'arbre de la science du bien et du
mal dans l'Eden, et les Cananéens dans la
terre promise.
Lorsque nous mettons une semence en
terre, elle disparaît, puis pousse et produit
une autre semence semblable mais qui n'est pourtant
pas la même. Ainsi nos corps et ceux de nos
bien-aimés ressusciteront avec une certaine
ressemblance sans être pourtant les
mêmes corps. Christ a emporté dans les
cieux le corps même qu'il avait livré
à la mort de la croix, à moins qu'il
n'ait été transfiguré quand
une nuée le déroba aux yeux des
disciples à mesure qu'il montait. La forme
de son corps devait avoir déjà subi
un changement après la résurrection,
car Marie-Madeleine, qui fut la première
à le revoir, ne le reconnut pas ; les
disciples qui cheminèrent et
parlèrent avec lui jusqu'à
Emmaüs, ne comprirent que c'était
Jésus que lorsqu'il eut béni le pain.
Pierre lui-même ne le reconnut pas sur le
rivage, et Thomas ne put croire qu'après
avoir vu la marque des clous et la blessure de son
côté percé. Mais au ciel nous
le connaîtrons tous.
Il y a dans la Bible deux
vérités aussi clairement
enseignées que l'existence d'une vie
éternelle. La première, c'est que
nous verrons le Christ, la seconde, c'est que nous
lui serons semblables. Alors Dieu ne nous voilera
plus sa face et Satan ne nous montrera plus la
sienne.
Après tout, la différence
entre la grâce et la gloire n'est pas
tellement grande ! La grâce, c'est le bouton,
et la gloire c'est la fleur. La grâce, c'est
l'aurore, et la gloire c'est la pleine
lumière. Ceux qui servent le Seigneur
ici-bas ne trouveront pas difficile de le servir
là-haut ; ils changeront de
résidence, mais non d'occupation.
Plus haut.
Dès l'instant où une personne
tourne vers les choses célestes ses
pensées et ses affections, sa vie acquiert
une beauté réelle ; la lumière
des cieux brille sur son sentier ; elle ne passe
plus son temps à s'accuser et à se
flageller parce qu'elle ne ressemble pas davantage
à Christ. Un Ecossais à qui l'on
demandait s'il était sur le chemin du ciel,
répondit : « Mais, c'est dans le ciel
que je vis ! je ne suis pas sur le chemin qui y
mène. » C'est là qu'il vivait !
Oui, il nous faut vivre dans le ciel tandis que
nous sommes encore ici-bas ! notre privilège
c'est d'avoir nos affections en haut. Une dame de
Londres trouva un jour une pauvre chrétienne
couchée sur un lit de douleur mais
très heureuse. Puis elle visita une dame
riche qui passait tout son temps à murmurer
et à se plaindre de son sort. Je pense
quelquefois que ceux à qui Dieu accorde le
plus de biens temporels, pensent le moins à
lui, l'oublient le plus complètement et
travaillent le moins pour son service. Cette dame
dont je parle, en allant visiter les pauvres, avait
l'habitude de se rendre chez la chrétienne
malade pour être elle-même
encouragée et réjouie. Il se trouve
à Chicago un certain quartier où,
depuis des années, les chrétiens qui
désirent être fortifiés dans
leur foi vont visiter l'une de ces âmes
d'élite. Une amie me disait que le Seigneur
avait placé de ces âmes-là dans
la plupart des villes, afin que les anges qui
passent pour accomplir leurs messages de
miséricorde, s'arrêtent pour les
consoler, car elles ont l'air d'avoir souvent leur
visite. La chrétienne qui voyait la pauvre
malade, invita la dame riche à l'y
accompagner ; celle-ci finit par y consentir. Elles
montèrent ensemble un escalier obscur et mal
tenu jusqu'au premier.
- Que c'est horrible ! dit la dame
riche. Pourquoi m'avez-vous conduite ici ?
- C'est mieux plus haut !
répondit son amie. Elles montèrent
jusqu'au second étage, et la première
se plaignant toujours, l'autre lui dit encore -
C'est mieux plus haut !
Et ainsi elle répéta la
même réponse à chaque
étage, jusqu'à ce qu'elles eussent
atteint le cinquième. La chambre où
elles entrèrent était fort belle,
garnie de tapis, avec des pots de fleurs sur la
croisée et un petit oiseau qui chantait dans
une cage. Là se trouvait la bonne
chrétienne avec un visage tout
souriant.
- Ce doit être bien dur pour vous
d'être retenue ici et de souffrir ? lui
demanda la dame riche.
- Oh ! c'est peu de chose ! et ce n'est
pas dur du tout, car je sais que je serai mieux
plus haut.
Ainsi, quand tout ne va pas à
notre gré dans ce bas monde, que bien des
choses nous contrarient. répétons :
« Ce sera mieux plus haut ! » Nous
pouvons élever nos coeurs vers les cieux et
nous réjouir tout en cheminant vers la
patrie.
Le revoir.
- Bientôt ira fleurir ta corolle fanée
- Sous un ciel toujours bleu, sous un soleil plus pur,
- A la place qu'en haut Jésus t'a destinée,
- Où jamais la tempête, en fureur déchaînée,
- N'ébranle les échos lointains, les flots d'azur.
- Là, brille le matin d'un jour exempt d'orages,
- Là, d'un parfum divin les cours sont embaumés;
- Amis! dans ce lieu saint, sans voiles, sans nuages,
- Nous nous rencontrerons avec nos bien-aimés.
- Alors seront finis nos sombres jours d'alarmes!
- Vains plaisirs d'ici-bas, fantômes d'un moment,
- Et vous, rêves trompeurs, qui coûtez tant de larmes,
- Vous aurez fui! - Dépris pour jamais de vos charmes,
- Nos coeurs libres n'auront ni péché, ni tourment.
- Plus de veilles; de pleurs, plus de charges pesantes!
- La mère a retrouvé les fils qu'elle a bercés....
- Amis, c'est le revoir! Nos âmes triomphantes,
- Reconnaîtront tous ceux qui nous ont devancés.
- Là, se refermeront nos blessures cachées,
- Là, nos coeurs rajeunis pourront s'épanouir;
- Pauvres fleurs d'ici-bas, tremblantes, desséchées,
- Vos soifs seront là-haut pour jamais étanchées
- Aux sources d'un bonheur qui ne doit point tarir.
- Aimant d'un saint amour, qu'un autre amour partage,
- Sans honte, sans regret, tous en Dieu consommés,
- Amis! dans des flots purs, profonds et sans rivage,
- Nous nous abreuverons avec nos bien-aimés.
- Mais, avant que des cieux la splendeur éphémère,
- Se soit évanouie avec la terre en pleurs,
- Le monde rajeuni dans sa vile poussière,
- Revêtu de beauté, de parfum, de lumière,
- Sortira libre et pur de toutes ses douleurs,
- Alors, le Roi divin, dans sa pourpre et sa gloire,
- Tiendra ses ennemis sous son pied désarmés,
- Amis! saluons-le par des chants de victoire,
- Car nous allons régner avec nos bien-aimés.
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