Un chrétien a dit: « Je suis
aussi fermement convaincu de l'existence d'une
autre vie et d'une vie meilleure qui attend les
fidèles, que je puis l'être de
l'existence du soleil. » Il y a pour les
croyans un paradis plein de délices, dont le
nom est la montagne de Sion, la ville de Dieu, la
nouvelle Jérusalem, le sein d'Abraham (ou
maintenant plutôt de Jésus), le pays
du repos, la Canaan céleste. C'est pour y
vivre que nous avons été tous
créés, et que nous avons
été rachetés, lavés,
blanchis par le sang de l'Agneau.
Mais hélas! combien y a-t-il
peu de gens qui tournent sérieusement leurs
pas du côté de la cité d'en
haut? Ah ! la plupart des hommes ne croient pas
réellement à l'existence future ;
autrement ils mèneraient ici-bas une vie
bien différente. Mais moi, je crois à
une vie éternelle, à une
félicité sans fin, à une existence permanente qui
ne
sera
pas comme notre vie d'ici-bas, fugitive et pleine
de douleurs, qui ne sera pas comme la vie des
inconvertis, une longue mort.
Je crois, ainsi que tous mes
compagnons de voyage, je crois qu'il y a pour nous,
pour moi misérable, une vie éternelle
après notre temps d'épreuves et de
souffrances. Souvent je soupire après le
ciel, et je dis avec le Psalmiste
(CXX)
: « Hélas que je
suis malheureux de demeurer dans les tentes de
Kédar, avec ceux qui haïssent la paix !
» Je le confesse, je crois à la vie
éternelle, et la désire de tout mon
coeur. Oui, je le sais, « je verrai les biens
de l'Éternel dans la terre des vivants
»
(Ps.
XXVII).
Mon Sauveur a vaincu ! Mon
Sauveur
me guide et me soutient. C'est une chose certaine:
bientôt je chanterai au milieu des choeurs
éternels le cantique de l'Agneau
immolé. Alléluiah ! Il me donnera lit
haut la vie éternelle, mon coeur glorifiera
Dieu d'éternité en
éternité.
Les portes de Jérusalem sont
ouvertes nuit et jour, sont ouvertes à tous.
Mais personne n'y entre qui n'ait d'abord
lavé sa robe dans le sang de l'Agneau, et
qui n'ait en outre marché sur les pas de
l'Agneau.
Mais il en est qui imaginent
avoir
une foi réelle à la vie
éternelle et bienheureuse, tandis qu'ils
vivent ici-bas dans l'indifférence, dans
l'insouciance, dans la mondanité, et
qu'opiniâtrement attachés aux choses
de la terre, ils ne pensent pas à suivre le
chemin de la repentance et de la foi, on que du
moins ils ne font pas leur
affaire essentielle d'y marcher avec
fidélité et
persévérance jusqu'à la
fin.
Que le fidèle aussi se tienne
sur ses gardes ! S'il perd de vue
l'éternité, il est exposé
aussitôt à de grands dangers. Il
marchera ait contraire à pas
redoublés dans le chemin de Sion, si non
content d'avoir une espérance vivante de la
vie bienheureuse, il l'a chaque jour et chaque
heure présente à son esprit, s'il a
toujours devant les yeux les portes et les tours de
la cité céleste. Oh ! que dans toutes
nos occupations et nos épreuves, nous
puissions toujours dire en toute
vérité : Je crois à la vie
éternelle! Pourquoi m'inquiéter et me
tourmenter des choses d'ici-bas? ». Que nous
nous demandions constamment si ce que nous
projetons est d'un intérêt, d'une
utilité éternelle. Oui, Seigneur !
prépare-nous toi-même à la
félicité des Cieux. Amen !
« Hâte-toi; sauve ta vie; ne regarde
pas derrière toi; ne t'arrête nulle
part jusqu'à ce que tu sois arrivé au
haut de la montagne, afin que tu ne périsses
point ! »
(Gen.
XIX, 22.)
Pauvres âmes, qui n'avez pas
encore songé sérieusement à
vous convertir avec sincérité et
à suivre la voie du salut! Vous, qui
demeurez tranquilles au milieu de la Sodome
spirituelle de ce monde, écoutez-moi. Le
jour du Seigneur approche ! Le temps de son
jugement terrible est près !
Hâtez-vous donc de sortir de votre
sécurité, et de chercher un refuge
contre la colère à venir, qui va
éclater au jour où le Seigneur viendra avec des
flammes de
feu
exercer la vengeance sur les rebelles qui auront
repoussé son Évangile de
paix.
Ne voyez-vous pis que le monde
est
plongé dans le mal, et que toute chair a
corrompu sa voie ? Ne comprendrez-vous point enfin
les signes du temps ? N'en est-il pis de nos jours
comme au temps de Noé ? Peu, bien peu de
gens s'effrayent de leur état de
péché, quittent le train
désordonné de ce monde, pour suivre
la voie étroite, la voie du salut; la masse
des hommes reste sur la voie large. Mais ce n'est
pas pour vous une raison de vous tranquilliser.
Dieu n'a jamais ménagé les
pécheurs à cause de leur grande
multitude.
Sauvez-vous avec le petit nombre
pour échapper aux dernières et
terribles plaies que la colère de Dieu va
répandre sur le monde, et qui sont
déjà suspendues sur vos têtes.
Nous sommes aux derniers temps, disait saint Jean.
Nous pouvons dire, nous, nous sommes à la
dernière heure. Et bientôt
peut-être : Nous sommes au dernier instant !
Dieu n'attend plus que, votre conversion ; car il
ne peut rien faire jusqu'à ce que le nombre
des élus soit complété; il
petit l'être à chaque moment, et alors
viendra la fin.
Dieu vous a envoyé souvent un
Loth et des anges pour vous engager à sortir
de Sodome. Au nom de votre éternel bonheur,
ne tournez pas en dérision les appels de la
miséricorde divine. Ne vous asseyez pas au
banc des moqueurs. Bientôt la scène va
changer, il y aura pour les rieurs de ce monde des
pleurs et des grincemens de dents. Ne
méprisez donc pas les invitations à la
conversion qui vous sont adressées. Ne vous
joignez pas à la multitude furieuse qui
s'élève contre tout ce qui est bien,
qui assaillit la maison du juste Lot, et qui, ivre
de péché et de sang, n'a plus de sens
pour entendre les avertissemens de Dieu et pour
voir le feu prêt à la
consumer.
Hâtez-vous; ne dormez pas dans
Sodome. Ne cherchez pas votre bonheur, votre repos
en ce monde, dans les choses de ce monde, dans les
convoitises, les richesses, les plaisirs, les
vanités, l'orgueil. Rien de tout cela ne
peut nourrir votre âme et lui donner la vie ;
toutes ces choses passent comme la fleur de l'herbe
; elles n'ont pas plus de valeur que le potage de
lentilles du profane Ésaü. Que l'amour
de ces choses périssables ne vous
empêche donc pas de vous convertir et de vous
sauver. Bientôt vous allez tout quitter, et
le feu dévorera tous ces objets.
Hâtez-vous donc; je vous le
répète. La chair et le sang
voudraient toujours différer la conversion;
mais il faut lutter contr'eux et prendre
courageusement la résolution, non pas de se
changer soi-même, puisqu'on ne le peut pas,
mais de venir à Jésus et de se tenir
attaché à lui, sans plus courir de
côté et d'autre et sans retourner
jamais en arrière. Lot lui-même
montrait de la disposition à tarder,
oubliant l'imminence du danger. Mais quel sort
affreux il eût éprouvé s'il
eût attendu le lever du dernier soleil qui
éclaira Sodome ! quelle inexprimable
angoisse vint surprendre, au milieu de leur
sécurité, les habitans de cette ville
impure ! Bien des fois le soleil s'est levé
sur vous ! que de jours de
répit et de grâce le Seigneur vous a
accordés! N'abusez plus de sa patience. Le
soleil qui se levait sur la terre éclairait
le salut de Lot, la ruine de Sodome.
Peut-être le soleil de la grâce s'est
levé aujourd'hui sur vous pour la
dernière fois. Oh! que bénie serait
cette journée, si elle était celle de
votre conversion !
Écoutez la voix des pasteurs
et des chrétiens zélés et
fidèles qui vous exhortent, et qui cherchent
à vous emmener hors de la ville maudite,
comme les anges emmenèrent Lot en le
saisissant, quand ils virent qu'il tardait. Laissez
là tous vos prétextes et toutes vos
vaines excuses ; ne songez plus à autre
chose qu'à votre salut.
Si vous êtes encore dans les
murs de Sodome, si vous vivez dans les oeuvres
manifestes de la chair (Gal. V), tremblez, criez
à Dieu, demandez lui d'envoyer son ange pour
vous tirer de là. Si vous êtes
déjà hors de la. ville, mais encore
sur son territoire; si vous ne commettez plus de
péchés grossiers, mais que votre
coeur soit encore dur, orgueilleux, terrestre,
étranger à l'amour de Dieu, ne vous
croyez pas en sûreté malgré
l'intégrité de votre conduite
extérieure et malgré vos belles
apparences de piété; ne vous
arrêtez pas, marchez, courez pour
éviter la destruction. Fuyez la terre de
malédiction, et cherchez le royaume de Dieu
qui consiste, non en paroles, mais en
efficace.
N'emportez rien avec vous; tout
ce
qui vient de Sodome, est souillé et
éloignerait de vous la
bénédiction céleste,
Faites usage de toutes les
forces,
de tous les moyens que Dieu vous accorde pour vous
sauver. Priez, profitez de la société
et des conseils des âmes sincères,
joignez-vous à ceux qui ont à coeur
de fuir la colère divine quelque petit que
soit leur nombre, courez avec eux vers le lieu que
Dieu vous désigne.
Si déjà vous
êtes loin de Sodome, que rien ne vous
arrête dans votre course. Ne vous contentez
pas de faire la moitié du chemin. Ne vous
détournez pas de la voie qui vous est
tracée; ne cessez pas de veiller, de prier,
de faire usage de tous les moyens de grâce.
Mais que ces choses soient pour vous des moyens et
non pas le but. Qu'elles servent à vous
donner des forces pour accélérer
votre marche; qu'elles ne deviennent pas pour vous
un appui pour vous endormir, un oreiller de paresse
pour cesser d'avancer. Ne regardez pas en
arrière , pour vous enorgueillir du chemin
que vous avez fait, ne vous croyez pas encore
sauvés, parce que vous êtes hors de
Sodome; prenez garde d'écouter la parole
sans la mettre en pratique, n'endurcissez pas vos
coeurs. « Souvenez-vous de la femme de Lot,
elle s'arrêta sur le chemin et devint une
statue de sel. »
Vous ne pouvez sans doute assez
rendre grâces à Dieu de ce qu'il vous
a donné les moyens et l'occasion de vous
sauver, et de ce que déjà vous
êtes en route. Mais vous êtes à
peine à l'entrée de la
carrière ; hâtez-vous, en avant;
courez à Tsohar la petite ville, pour que
vos âmes vivent; arrivez à la
repentance, à la petitesse, à la
pauvreté d'esprit. Et puisque vous ne pouvez
rien par vous-mêmes,
demandez au Seigneur qu'il vous fasse arriver
à Tsohar.
Vous y êtes arrivés?
réjouissez-vous, vous êtes en
sûreté. Car Dieu ne rejette aucun
pêcheur repentant qui fuit de Sodome, qui
vient lui demander grâce, qui ne
s'arrête pas en chemin, et qui ne se borne
pas à des désirs de salut passagers
et infructueux. Les flammes de la colère
divine poursuivent le pécheur jusqu'au
Tsohar de la vraie repentance ; mais là
elles se changent à cause de Christ en
flammes d'amour et de
miséricorde.
Pleurez alors d'avoir demeuré
si long-temps à Sodome , d'avoir
quitté la société d'Abraham et
des enfans de Dieu pour les gras pâturages de
la terre et pour le riche paradis du monde. Pleurez
tous ceux qui sont restés dans Sodome et ont
méprisé les appels de Dieu, ou s'en
sont irrités. Reconnaissez combien le
Seigneur a été bon pour vous. Mais
avouez aussi que voyant vos retards, il vous a
saisi -un peu rudement pour vous arracher aux
flammes.
Mais il n'y a point encore pour
votre pauvre âme de vrai repos dans Tsohar.
Vous craignez comme Lot; -sauvez-vous du
côté de la montagne d'où vient
le secours de l'Éternel (Ps. CXXI), montez
sur le rocher qui est Christ habitez dans ses
blessures. Là se trouvent la paix parfaite
et le salut. N'oubliez jamais sans doute ce que
vous avez éprouvé à Tsohar, le
terrible jugement de Dieu, vos angoisses, votre
miraculeuse délivrance , tant de
grâces si peu méritées. Mais
gravissez la montagne qui est devant vous;
montez-là avec foi,
simplicité et prières. Ne vous
laissez pas effrayer par sa majestueuse
élévation, mais osez avancer. Le
Seigneur y a placé les magnifiques richesses
de sa grâce, et la main qui vous a saisi et
vous a entraîné hors de Sodome, vous
fera parvenir au sommet de la montagne.
Les flancs sont escarpés et
la route pénible, et vous apprendrez que la
foi a ses difficultés et ses combats.
Souvent il vous semblera impossible de vous
élever à de telles hauteurs. Souvent
vous vous fatiguerez, ou parfois un vertige vous
saisira quand vous regarderez la hauteur de ce mont
dont la cime atteint le ciel, la longueur, la
largeur et la profondeur de l'amour de Dieu. Mais
ne vous arrêtez pas, ne vous
découragez pas, regardez à Christ, le
chef et le consommateur de la foi. Vos doutes et
vos frayeurs se changeront en une joie dont vous
pressentez à peine la grandeur.
Arrivés sur la montagne, vous
y trouverez le repos de vos âmes. Vous y
êtes réellement bienheureux. Vous
êtes délivrés de la
condamnation et du jugement. Félicité
inappréciable à laquelle atteignent
bien peu d'âmes, hélas ! car la
plupart se rebutent. Ils couraient bien: qui les a
donc arrêtés ?
(Gal.
V).
Mais quelque précieuse que
soit cette délivrance, sachez que tout n'est
pas encore fait. Vous avez encore en vous un ennemi
dangereux, c'est votre chair, c'est votre vieil
homme. Sacrifiez-le à l'Éternel sur
la montagne. Liez les pieds et les mains à
la volonté propre, aux désirs
charnels, et crucifiez-les. Pénétrez par la foi
dans la communion
aux
souffrances de Jésus et mourez à
vous-mêmes.
Veillez sur votre âme, veillez
sans cesse sur les grâces que vous avez
reçues. Ne vous laissez pas enivrer par la
complaisance en soi-même, ni endormir par les
voluptés; votre esprit et peut-être
votre corps en seraient souillés. Prenez
garde à ceux avec qui vous vous liez.
Craignez de retomber dans les anciennes habitudes
et les péchés de Sodome. Que le nom
du Seigneur ne soit pas blasphémé
à cause de vous!
Pour être sur la montagne, ne
croyez point être parvenus déjà
au dernier sommet, qui plonge dans
l'éternité ; mais souvenez-vous bien
de tout le chemin qu'il vous reste à
parcourir. Suivez les directions de l'Esprit saint;
allez de foi en foi; passez du Thabor au Golgotha,
de Golgotha au mont des Oliviers, du mont des
Oliviers à la montagne de Sion. Recevez
grâces sur grâces jusqu'à ce que
vous soyez à la porte des Cieux, où
vous réunissant aux vierges sages qui ont
suivi le Seigneur, vous entonnerez le cantique de
l'Agneau, et direz. « J'ai combattu le bon
combat, j'ai gardé la foi jusqu'à la
fin, la couronne de justice m'est
réservée»
(2
Tim. IV).
O Sauveur puissant et
miséricordieux! Toi qui est le chemin, la
vérité et la vie ! Sois loué
et glorifié de ce que tu nous as ouvert par
ton sanglant sacrifice le chemin du salut et
l'entrée du royaume des Cieux, et sois
béni de ce que tu nous a
révélé dans ta sainte parole
cette oeuvre de miséricorde et d'amour. Fais
que nos murs en soient sans cesse occupés.
Réveille tour, ceux qui
sont plongés dans l'indifférence et
dans une fausse sécurité, et qui, ne
sentant pas le danger de leur état de
péché, méprisent le salut qui
leur est offert. Oh oui ! réveille en tous
lieux les âmes, pour que ton nom soit
magnifié partout. Prends surtout
pitié de ceux qui sont appelés
à conduire leurs frères. Fais leur la
grâce de n'avoir d'autre pensée,
d'autre souci que de sauver leurs âmes et
celles de leurs auditeurs. Qu'ils sentent vivement
le prix de ces âmes immortelles que tu as
rachetées par ton sang plus précieux
que l'univers tout entier, et qu'ils apprennent
avant tout à connaître par leur propre
expérience le chemin de la repentance et de
la foi qu'ils doivent montrer aux autres.
Bénis les ouvriers et les pasteurs
fidèles. Qu'ils ne travaillent pas en vain ;
qu'ils ne bâtissent pas avec du chaume et de
la paille, Qu'ils soyent diligens et soigneux.
O Pasteur suprême ! Sauveur
charitable ! Fais nous la grâce de ne pas
abandonner même les pécheurs
obstinés, malgré les douleurs qu'ils
nous causent, et de travailler à les sauver,
afin que leur perte ne puisse nous être
imputée.. Que nous soyons fidèles
dans notre ministère à leur
égard, puisque c'est la
fidélité seule que tu demandes, et
non pas le succès. Répare nos
manquemens, subviens à nos misères.
Daigne aussi bénir ce livre, qu'il serve
à ta gloire et au bien de tes enfans qui
cheminent en ce monde, entourés de
périls, et qui peuvent si facilement
être détournés de de la bonne
voie par les séductions de Satan, de la
chair et de leur propre esprit, Oh brise
bientôt l'ennemi sous nos pieds ; rassemble
nous des quatre vents des Cieux,
afin que, réunis devant ton trône,
nous n'ayons plus qu'à te bénir et
à te louer, pendant toute l'Eternité,
ô notre Dieu, Père, Fils et Saint
Esprit! Amen
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