Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE DES ÉDITEURS.

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LE monde passe, la vérité seule est éternelle. Les soi-disant livres religieux d'un monde, qui veut avoir aussi ses heures de dévotion (Stunden der Andacht), ne durent qu'une génération, tandis que les écrits ascétiques d'auteurs vraiment chrétiens sont de tous les temps. L'Imitation de Jésus-Christ, la Paix de l'âme de DuMoulin, les écrits de Baxter, de Bunyan, de Doddridge, le Vrai Christianisme d'Arnd, sont toujours nouveaux, et maintenant en Allemagne on réimprime encore les Quatre dialogues sur l'ordre de la Grâce Évangélique, de Hollaz, qui vivait dans la première moitié du dix-huitième siècle, ainsi que le Chemin de Sion, du même écrivain.

Ces livres qui ne vieillissent pas, ne sont pas non plus restreints aux pays qui les ont vu paraître. Ils sont de tous les lieux comme de tous les temps. L'Imitation, le Voyage du Chrétien, le Vrai Christianisme, ont été traduits dans un grand nombre de langues; on a transporté tout récemment en français et en allemand les écrits de dévotion de Baxter; et les Quatre dialogues imprimés en français en 1823, d'après une ancienne traduction, peuvent certainement prendre place parmi les publications du réveil actuel qui ont produit le plus de bien.

Nous offrons aujourd'hui à nos frères le Chemin de Sion, d'après l'édition de 1745, à laquelle l'auteur avait mis la dernière main., et qui a été réimprimée récemment. Ce livre peut être envisagé comme le résumé et le complément des Quatre dialogues; c'est une courte exposition de la vie chrétienne , de sa nature , de ses progrès, de ses dangers, de ses écarts, depuis le premier travail de la grâce divine dans un coeur inconverti, jusques à l'heure où le fidèle déloge d'ici bas et entre dans la vie bienheureuse.

Nous ne possédons aucune notice biographique sur David Hollaz . et ne le connaissons que par deux écrits. Son père, mort en 1715, est célèbre dans l'histoire de l'église luthérienne par son Système de théologie. Contemporain de Spener et l'un de ses partisans, il avait su réunir dans cet écrit la solide et profonde théologie du dix-septième siècle à la dévotion intime du piétisme, et tempérer la roideur scolastique de ses devanciers sans altérer en rien la pureté de leur orthodoxie. David Hollaz n'a pas la science de son père, il est pasteur plus que théologien; mais il a, lui aussi, fait une étude approfondie de sa religion, et il a conservé dans toute leur précision et leur netteté les bonnes traditions dogmatiques. On reconnaît d'ailleurs l'école où il s'est formé, à sa marche méthodique, à ses nombreuses divisions et subdivisions, et à l'analyse par fois minutieuse à laquelle il soumet ses idées. Le traducteur du Chemin de. Sion a dû modifier quelque peu la forme toute germanique de l'original.

Hollaz a vécu à l'époque de ce grand et beau réveil de l'église allemande dont Spener et Francke furent les principaux instrumens; il est un pasteur luthérien piétiste. On peut conclure de quelques-unes de ses expressions qu'il ne resta point étranger non plus au mouvement opéré à cette même époque par Zinzendorf, et qu'il aimait cette communauté des Frères qui se glorifie d'être l'église de la croix sanglante de Jésus-Christ. Cependant nous ne découvrons dans ces écrits aucune trace ni des doctrines spéciales de Zinzendorf, ni des erreurs de tout genre dans lesquelles le piétisme à son déclin tomba dès le milieu du dix-huitième siècle.

Cette union d'une piété pleine de vie et de chaleur à une connaissance scientifique du vrai et pur christianisme, fait à notre avis le principal mérite des écrits de Hollaz. Au milieu de toutes les sectes qui surgissent du sein des églises réformées, il est plus nécessaire que jamais d'étudier avec attention et de remettre en lumière dans toute leur précision les vraies doctrines de la foi évangélique. Si les églises nationales ne s'étaient pas écartées, souvent à leur insçu, de la vérité, si elles avaient conservé avec soin le dépôt qui leur avait été confié, si elles avaient continué à professer ces dogmes qui seuls ramènent à Dieu et les nations et les individus, et qui seuls avaient opéré la réforme, on n'aurait pas vu et l'on ne verrait pas encore tant d'âmes agitées et ballottées à tous les vents de doctrine. Nous ne parlons pas ici de ces honnêtes gens selon le monde qui veulent se sauver sans repentance et sans foi, ni de ces chrétiens de nom qui prétendent avoir part aux promesses sans renoncement et sans amour : ce sont là les deux grandes plaies de la chrétienté, tout entière.

Mais parmi nous, protestans, que d'erreurs, qui toutes proviennent de l'oubli de la foi évangélique ! Ici ce sont de prétendus réformés qui ont quelque peu honte des excès de doctrines de nos bienheureux réformateurs, et qui prétendent être rentrés dans le chemin du juste milieu : «l'homme n'est pas aussi corrompu qu'on l'a dit, la nouvelle naissance n'est qu'une amélioration, et à côté des parties de l'âme qui doivent être régénérées, il en est d'autres, saines de nature, qui ne subissent à peu près aucune modification; la foi nous aide à nous corriger, et Jésus-Christ par ses mérites complète ce qui manque à notre vertu et nous assure ainsi la vie éternelle.» Là, ce sont des gens qui assurent être parfaits et ne plus commettre de péchés; ils n'ont jamais connu cette intime et douce communion que le sentiment de notre indignité et de notre pardon établit en Jésus-Christ entre notre âme et Dieu; ils n'ont jamais entrevu ni l'abîme insondable au fond duquel l'homme est tombé, ni les divines hauteurs auxquelles la foi doit nous élever, et rabaissant au niveau de leur petitesse le but auquel il faut atteindre, ils se bâtissent, en dehors de Jésus-Christ. d'un demi-péché et d'une demi-sainteté, un christianisme de leur façon.
Ceux-ci s'imaginent entendre continuellement dans leur coeur la voix du Seigneur, et les malheureux ne remarquent pas que la voix dont ils épient tous les accens, n'est le plus souvent que celle de leur coeur irrégénéré; leurs oreilles ne savent pas discerner les sons qui viennent des cieux, et les sons qui sortent de la terre; par fois même ils érigent en principe que l'on ne doit pas chercher à faire cette distinction; ils croient avoir non seulement terrassé., mais anéanti en eux le vieil homme, et tout ce que la bible dit d'un combat de l'esprit contre la chair n'a pour eux plus de sens; ils négligent la parole écrite, ils ne veulent voir dans la contrition du coeur et dans l'humilité que les premiers et imparfaits rudimens de la vie spirituelle, et ils s'avancent ainsi sans ancre ni boussole sur la mer orageuse. Ceux-là enfin prennent l'assentiment de l'intelligence pour la foi du coeur, l'intérêt aux choses divines pour l'amour de Dieu, et la science de la sainteté pour la sainteté même; ils ne mettent pas plus en doute leur salut que leur existence., et c'est en vain qu'ils lisent toutes les menaces que la Bible adresse aux orgueilleux, aux médisans, aux tièdes., à ces vierges folles qui tenaient à la main leurs lampes, mais qui n'avaient pas d'huile.

À toutes ces erreurs, qu'opposera-t-on d'autre que la pure doctrine de la justification par la foi, ou de la régénération? C'est cette doctrine que Hollaz développe dans son Chemin de Sion, et il y expose avec une telle précision et une telle clarté la vérité une, et les erreurs multiples dont celle-ci marche environnée., qu'il n'est certainement aucune âme tant soit peu sérieuse, à qui la lecture attentive de ce livre ne puisse être salutaire.

Le Chemin de Sion traite en neuf chapitres les degrés par lesquels le pécheur inconverti arrive par la conversion et la foi à la vie éternelle. Chaque chapitre s'appuie sur le précédent et ils s'enchaînent les uns aux autres. Tous comprennent, après l'exposition dé telle oeuvre spéciale que la grâce opère dans les coeurs, les illusions qui séduisent ceux qui croient sans raison être sous la conduite de la grâce, les obstacles par lesquels les âmes réveillées ou converties entravent elles mêmes leurs progrès, les obstacles que le monde leur oppose, et les conseils dont l'observation accélère notre marche vers Sion. Comme les divers degrés de la vie spirituelle ont bien des choses communes, des répétitions étaient inévitables; mais au moins l'ouvrage ne pèche-t-il pas par la longueur des développemens; les pensées y sont présentées sous une forme concise, et c'est au lecteur à les méditer en se les appliquant à lui-même.

Nous finissons avec l'éditeur allemand de 1745, en disant:

«Tout lecteur intelligent est invité sérieusement à confronter les enseignemens de cet ouvrage avec les déclarations infaillibles de la Parole de vérité, avec les doctrines de l'église et avec les expériences de tous les vrais chrétiens. Je connais des âmes simples qui, tout en appréciant ce traité, trouvent que l'Ordre de la grâce du même auteur leur a fait plus de bien encore. Mais il en est d'autres qui ont retiré le plus grand fruit de la lecture dit Chemin de Sion, et même bien des hommes instruits préfèrent ce dernier ouvrage au premier. Quoi qu'il en soit, que le Seigneur daigne continuer d'accompagner ce livre de sa bénédiction!

L'auteur a fait quelques corrections dans cette nouvelle édition, et à cherché à s'exprimer d'une manière de plus en plus claire et instructive. Je trouve qu'il serait inutile de rien dire sur la manière de lire cet ouvrage avec profit. Il parle assez nettement, et puis la plupart des lecteurs connaissent ou peuvent se procurer l'Ordre de la Grâce, du même auteur, qui contient tout ce qui pourrait manquer dans ce traité. Que chacun se soumette humblement aux directions de l'Esprit de Christ, et il ne manquera pas de profiter de ce qu'il y a de bon dans cet ouvrage! C'est le voeu que je forme pour tous ceux qui liront ces lignes.»


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INVITATIONS

À SUIVRE LE CHEMIN DU SALUT

TIRÉES DE L'ÉCRITURE.

 

Esaïe LXII, 10, 11.
Passez, passez par les portes, disant: préparez le chemin du peuple; relevez, relevez le, sentier, et ôtez-en les pierres, et élevez l'enseigne vers le peuple.
Voici, l'Éternel a fait entendre ceci jusqu'au bout de la terre : Dites à la fille de Sion : Voici, ton Sauveur vient; voici, son salaire est par-devers lui, et sa récompense marche devant lui.

Jérémie VI, 16, 17.
Ainsi a dit l'Éternel ; Tenez-vous sur les chemins, et regardez, et vous enquérez touchant les sentiers des siècles passés, quel est le bon chemin, et marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes; et ils ont répondu : Nous n'y marcherons point.
J'avais aussi établi sur vous des sentinelles qui disent: Soyez attentifs au son de la trompette. Mais on a répondu - Nous n'y serons point attentifs.

Jérémie VII, 23, 24.
Mais voici ce que je leur ai commandé, disant:
Écoutez ma voix, et je serai votre Dieu, et vous serez mon peuple : et marchez dans toutes les voies que je vous ai ordonnées, afin que vous soyez heureux.
Mais ils n'ont point écouté, et n'ont point incliné leur oreille; mais ils ont suivi d'autres conseils et la dureté de leur coeur mauvais, ils se sont éloignés et ne sont point retournés jusqu'à moi.

Jérémie XXXI, 2.
Ainsi a dit l'Éternel : Le peuple réchappé de l'épée a trouvé grâce dans le désert; on va pour faire trouver du repos à Israël.

Jérémie L, 4 à 6.
En ces jours-là, et en ce temps-là, dit l'Éternel, les enfans d'Israël viendront eux et les enfans de Juda ensemble, ils marcheront allant et pleurant, et cherchant l'Éternel, leur Dieu.
Ceux de Sion s'enquerront du chemin vers lequel ils devront dresser leurs faces, et ils diront : Venez, et vous joignez à l'Éternel. Il y a une alliance éternelle; elle ne sera jamais mise en oubli.
Mon peuple a été comme des brebis perdues; leurs pasteurs les ont fait égarer, et les ont fait errer par les montagnes; ils sont allés de montagne en colline, et ils ont mis en oubli leur gîte.

Luther, tome 1er, sur l'Épître aux Galates.
Pour venir au Père, il n'y a pas d'autre chemin que Christ. Hors de lui, l'on ne trouve que des routes trompeuses; l'on ne rencontre nulle vérité, mais partout l'hypocrisie et mensonge ; nulle vie, mais partout la mort et la condamnation.
Les hommes ont inventé mille manières d'aller au ciel; mais aucune n'est bonne, hormis le chemin nouveau de la repentance et de la foi, qui nous est tracé par le sang de Jésus. (Hébr. X, 19, 20.)


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INTRODUCTION.

 

Emmanuel ! O Seigneur ! que ton bon Esprit nous conduise par un chemin unit Amen!

La porte est large et le chemin est large, qui conduit à la perdition; et il y a beaucoup de gens qui y passent, nous dit l'Écriture. Ce chemin large plaît fort à la chair. Les incrédules y marchent au gré de leurs convoitises. (2 Pierre II, 2. Psaume I.) Convoitise des yeux, convoitise de la chair, orgueil de la vie : tel est leur mot d'ordre.

Les gens qui sont sur la voie large, méprisent et haïssent ceux qui la quittent pour suivre la voie étroite. « Il n'est ni nécessaire ni possible, disent-ils, de marcher sur celle-ci; ceux qui y cheminent ne valent pas mieux que les autres; personne ne peut être parfait, pourquoi donc essayer de le devenir? D'ailleurs, ne vaut-il pas mieux suivre tous la même voie? C'est le moyen d'avoir l'union et la paix. Bien des gens qui ont vécu comme nous ont pourtant été sauvés. Et puis ne faut-il pas être hypocondre et insensé pour se jeter de gaîté de coeur dans un chemin raboteux et pénible. »

Mais ceux qui suivent la route de Sion, ne peuvent assez s'en féliciter; ils ne peuvent assez dire combien de bonheur ils y ont déjà trouvé et combien ils en attendent encore pour l'avenir, de sorte qu'ils ne sont point rebutés par les difficultés et par les peines du voyage.

Je vis un jour en esprit la voie large. Elle était spacieuse et droite; elle ressemblait à Une allée plantée d'arbres verdoyans; seulement il était évident qu'elle allait en descendant; elle était d'ailleurs couverte de voyageurs. Ces gens marchaient avec confiance et sans inquiétude. Les uns paraissaient très affairés; d'autres se livraient au plaisir et à la joie, mangeant et buvant comme les Israélites quand ils célébraient le culte du veau d'or. Quelques-uns étaient uniquement occupés de leur toilette; d'autres, de telle ou telle vanité de ce monde. Du reste, tous semblaient pressés; ils se hâtaient comme, des gens à qui il ne reste que peu de temps; on les voyait s'exciter les uns les autres à accélérer le pas, et enfin beaucoup même se mettaient à courir. On en-, tendait eu même temps le murmure confus de leurs voix, dans lequel on distinguait par momens des paroles semblables à celles du deuxième chapitre du Livre de la; Sagesse. Mais bientôt le chemin disparut avec les voyageurs, et il se fit un grand silence; et quelques instans après j'entendis des cris affreux et d'horribles gémissemens: « O insensés que nous étions ! (Sapience V, 4-6.) Montagnes, tombez sur nous; coteaux, couvrez-nous! Luc XXIII, 30.) »

Seigneur! éprouve-nous et sonde nos coeurs. Examine nos voies et conduis-nous au chemin du salut. Amen!

La porte est étroite et le chemin est étroit qui conduit à la vie, et il y a peu de gens qui le trouvent et encore moins qui y marchent, Ce n'est pas pourtant que cette porte et ce chemin ne soient assez larges pour ceux qui ont un désir sincère d'y entrer. Une âme qui se sent pauvre, nue et dépourvue par elle-même de toute justice et de toute paix , une âme humble comme un petit enfant, trouve toujours la porte ouverte et le passage facile; l'Esprit saint l'introduit et dirige ses pas. Mais la porte de la vie est étroite et impossible à passer pour ceux qui veulent y entrer avec leur esprit mondain. leurs passions terrestres et leur tiédeur; tout autant vaudrait faire passer un chameau par le trou d'une aiguille. Si donc l'homme ne peut entrer, c'est sa faute et non pas celle de la porte.

Combien d'âmes augmentent elles-mêmes les difficultés de leur conversion et de leur entrée dans le royaume des cieux! (1) Si, dès les premiers momens du réveil, on se montrait plus fidèle, plus sérieux et plus docile, on avancerait plus vite et avec moins de peine sur le bon chemin, et l'on irait plus loin dans la sanctification. Faute de ces dispositions, on n'arrive que par de nombreux détours dans la Terre Promise, et avec une petite mesure de grâce dans l'éternité.

Nous faisons souvent comme les enfans qui courent en avant sur la route de toutes leurs forces, puis reviennent sur leurs pas s'arrêtant çà et là, se reposant à chaque instant, et qui font dix fois le même bout de chemin sans nécessité. L'inconstance et l'amour du changement nous font bien du mal! Il est peu d'âmes réveillées qui sachent aller droit au but. Je n'entends pas. qu'il faille passer légèrement sur les mouvemens de repentance et d'humiliation par lesquels l'Esprit de Dieu nous amène à Christ; mais je parle ici des écarts et des retards auxquels on s'expose par sa faute en suivant son propre esprit. Combien d'âmes. courent à l'aventure et sans but déterminé, et franchissent à chaque instant les barrières marquées dans la Parole de Dieu! Aussi le Seigneur a-t-il souvent lieu de dire de nous comme de l'ancien peuple : que nous l'avons irrité par nos égaremens pendant quarante ans, et même bien plus encore; et il peut nous appliquer ces paroles du Ps. XCV : « Ce sont des gens dont le coeur aime le chemin de l'erreur et qui ne veulent point apprendre à suivre mes voies. »

Quand un homme a le coeur touché du sentiment de ses péchés, il doit s'informer avec componction de ce qu'il faut qu'il fasse pour être sauvé, et chercher avec empressement des instructions et dans les prédications et dans des entretiens particuliers. Qu'il soupire avec ardeur après la grâce de Dieu, et ne craigne pas d'être humilié par la Parole divine, et convaincu par elle de son état de corruption et de perdition absolue. Le coeur contrit et brisé , qu'il se laisse amener aux pieds de la croix, comme un faible enfant, comme un être pauvre, misérable, aveugle et sourd, pour recevoir la justification qui est accordée a ceux qui croient de tout leur coeur à l'efficace du sang du Christ. Par cette route on ne tarde pas à arriver à la foi, à là grâce et à la paix, comme nous le prouvent ces cinq mille personnes qui, lors de la première Pentecôte chrétienne, à l'occasion de la prédication des apôtres, crurent aussitôt en Jésus. Ah! nous imiterions mieux ces chrétiens de la primitive église, si nous ne nous laissions pas sans cesse arrêter par les obstacles, détourner par les séductions et entraîner par les passions !

Le but de cet ouvrage est de signaler les difficultés et les dangers qui se présentent sur la route des chrétiens, de les mettre en garde contre les pièges, et de les encourager à marcher en avant sans s'arrêter ni se détourner jamais. Je ne veux point assurément les engager à travailler par leurs propres forces. Bien au contraire, cet ouvrage est destiné à leur apprendre à renoncer à tout ce qui vient d'eux-mêmes, à leurs propres efforts, à toute tentative de se tirer eux-mêmes d'affaire; il a pour but de leur enseigner à s'abandonner entièrement à la grâce de Dieu et à n'avoir recours qu'à elle seule.

Les effets de la grâce divine nous sont très bien représentés dans un des chapitres du petit catéchisme de Luther, où il est dit, que le Saint-Esprit adresse d'abord des appels aux chrétiens, qu'ensuite il les attire hors du monde -vers Jésus-Christ, puis qu'il les éclaire de ses dons, qu'il les sanctifie par la foi, qu'il leur pardonne journellement et pleinement toutes leurs fautes, et enfin qu'il les fait demeurer en Jésus-Christ par la seule vraie foi; à quoi nous ajouterons qu'il les pousse de jour en jour à fuir le mal et à faire le bien pour glorifier leur Créateur, qu'il leur accorde de mourir en paix et qu'il leur donne la vie éternelle en Jésus-Christ.

J'ai dessein de développer ces divers points en au. tant de chapitres, d'exposer d'une manière pratique l'oeuvre de la grâce, de signaler les diverses espèces d'illusions, d'obstacles et de fausses paix qui s'y rencontrent, et d'ajouter des exhortations et des conseils salutaires que je prie le Seigneur de m'inspirer lui-même.

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(1) Je ne veux pas dire par là qu'il faille se contenter d'une repentance, d'une foi superficielle, mais je pense que beaucoup de gens bien disposés se créent eux-mêmes des obstacles en cherchant péniblement à se frayer une route par leur propre travail, au lieu de suivre avec simplicité celle qui est toute tracée. 
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