Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APPENDICE page 309

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I. Il reste de Catherine de Sienne, huit lettres autographes, dont six sont à la Bibliothèque communale de sa ville natale, une au couvent d'Acireale, près de Catane, et une à saint Aloysius Chureh d'Oxford. On trouve des manuscrits d'autres lettres à Milan, Sienne et Florence. Une première collection semble avoir été faite par Raymond de Capoue, et augmentée par Maconi et Néri, puis par Caffarini qui constitua le grand Epistolario.
La plus ancienne édition (princeps) de ce recueil parut à Bologne en 1492, avec une gravure sur bois représentant la sainte portant une couronne d'épines. La seconde (350 lettres) sortit en 1500 des presses renommées d'Alde l'ancien, à Venise.
Édition complétée au XVIIIe siècle par E. de Gigli et Burlamachi, rééditée par Tommaseo en 1860 (cf. Fawtier, ouvrage cité, T. II). Raymond de Capoue admirait dans ces lettres « ce style élevé, qui semble être plutôt celui d'un apôtre que d'une jeune fille ». On y trouve, en effet, de belles expressions, mais leur répétition engendre de la monotonie. Le vocabulaire de Catherine était limité, comme son éducation.

Il
. Quel est l'auteur de l'Imitation ? On a beaucoup. discuté sur ce point, avec d'autant plus de vivacité que le sentiment national s'en est mêlé. La France et l'Italie ont disputé, en effet, à la Hollande l'honneur d'avoir produit ce noble esprit. Ce qui fait la difficulté du problème, c'est l'absence d'indication d'auteur dans nombre de manuscrits et la diversité des noms marqués sur les autres (Thomas a Kempis, Gerson, Gersen, saint Bernard, etc). Au début du XVIIe siècle, le jésuite Rossignoli découvrit dans un couvent, près de Milan, un manuscrit sans date, attribuant le livre à Jean Gersen, abbé de Verceil en Piémont (XIIIe siècle), hypothèse qui fut soutenue en 1614, par le bénédictin Constance Cajetan, dans son Gersen restitutus. D'autre part, le moine augustin Rosweyde, dans ses Vindiciae Kempenses (Anvers 1617), défendit avec force les droits de Thomas a Kempis. Au XIXe siècle, l'attribution à Gersen fut reprise, mais l'existence même de cet abbé a été niée par Funk, qui a vu dans ce nom une altération de Gerson. En France, l'opinion resta longtemps indécise. La magnifique édition de Richelieu parut sans nom d'auteur (1640). Pourtant, le Parlement, dans son édition de 1652, désigna
Thomas a Kempis, Gerson, au contraire parut dans plusieurs éditions françaises du XVIIIe siècle, mais à la suite des travaux de Schwab (J. Gerson, Wurzbourg, 1858), cette hypothèse tomba.

On a peine, en effet, à concevoir que ce chancelier si actif ait pris une mentalité de moine. De plus, son style diffère de celui du livre, qui, d'ailleurs, ne figure pas dans la première édition de ses oeuvres (1423), pas plus que sur la liste de celles que lui attribue son frère, prieur à Lyon.
Glissant sur l'hypothèse de Puyol qui, après avoir comparé 348 mss, proclame l'antiquité de ceux d'Italie et conclut que l'original a été écrit en italien, indiquons les raisons qui poussent la majorité des critiques (Schwab, Funk, Hirsche, Spitzen, etc) à se prononcer en faveur de Thomas a Kempis.

Ce moine (1380-1471), né à Kempen, au nord-ouest de Cologne, sous-prieur du couvent augustin au Mont Sainte-Agnès, près de Zwolle, fut un copiste de la Bible et l'auteur d'ouvrages de piété nourris de citations du Nouveau Testament : traités, lettres, biographie de Groote, Florentins et leurs disciples, méditations dont l'une sur l'Incarnation du Christ et une autre sur la Vie et les bénédictions du Sauveur, et enfin code de vingt-trois préceptes (Petit Alphabet pour un Moine à l'école de Dieu), qui prescrit les vertus monacales (Cf. Oeuvres de Th. a K., quinze écrits où l'Imitation ne figure pas, éd. Utrecht 1473, rééditée par Pohl, huit vol. Fribourg en B. 1903, ss ; dom Vincent-Sully, Life of Th. a K., Londres 1901 ; de Montmorency, Th. a K. his Age and Book, Londres 1906 ; Butler, Th. a. K. Londres 1908).

Ce qui permet d'attribuer l'Imitation à Thomas a Kempis, ce sont les témoignages formels de plusieurs auteurs du XVe siècle, dont Caspar de Pforzheim, et ceux des mss et des vieilles éditions latines. Le plus ancien, qui fait partie d'un codex contenant neuf autres écrits de Thomas et qui est conservé depuis 1826, dans la Bibliothèque royale de Bruxelles, porte cette indication : finitus et completus (1441) permanus fratris Th. Kempensis in Monte S. Aanetis prope Zwollis.

Un deuxième ms (Louvain), qui paraît dater de 1420, porte qu'il a été écrit manibus et characteribus Thomae. Même déclaration sur un troisième, daté de 1425 (Bruxelles). Funk en indique plusieurs autres. Dans les éditions latines du XVe siècle, douze attribuent le livre à Thomas, contre vingt-huit à Gerson, et, dans celles du XVIe siècle, trente-sept sont pour Thomas contre vingt-cinq pour Gerson. Disons enfin que le style et le contenu de l'Imitation rappellent beaucoup la méditation sur l'Incarnation du Christ, et qu'on y trouve (d'après Funk) des allusions à des coutumes ecclésiastiques du début du XVe siècle (Sur l'ensemble de la question, cf. Spitzen, Th. a Kempis, etc. Utrecht 1880; Denifle, Krit. Bemerk. zur Gersen-Kempis Frage (Zeitung für kath. Theologie, 1882, ss) ; V. Becker, L'auteur de l'Imitation et les documents néerlandais, La Haye 1882, et Les derniers travaux sur l'auteur de l'Imitation, Bruxelles 1889 ; Funk, Der Verfasser der lm. Chr. (dans ses Abhandlungen, Paderborn, 1899, T. IL 313-344) ; P.-E. Puyol, L'auteur du livre de l'Imitation, deux vol. Paris 1899).

III
. Mentionnons enfin la Théologie germanique, très louée par Luther qui l'appelait « un noble petit livre » et lui donna son titre actuel. Il y voyait l'oeuvre d'un « Ami de Dieu », prêtre à Francfort, hypothèse qui n'est pas en désaccord avec le plus vieux ms, daté de 1497 (découvert en 1850), qui écarte l'attribution à Jean Tauler cité au ch. 13. La Théologie germanique, au cours de ses 54 chapitres, abonde en citations du N. T. et présente Christ comme le seul médiateur. Pas une allusion à Marie, au salut par les oeuvres ou à la vertu des sacrements. Elle prescrit l'obéissance à Dieu, source de la vraie liberté, et l'amour qui unit. Luther en fit deux éditions avec des préfaces (1516 et 1518). Elle a été mise à l'Index en 1621 (Ed. Pfeiffer, 31 éd, Gutersloh 1875, avec la préface de Luther de 1518).

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