Le présent volume, retardé par le désistement de
31. Jacques Marty, auquel une blessure de guerre a interdit la
collaboration promise, étudie la période qui s'étend de Constantin à
Charlemagne, grande histoire qui, si elle n'a pas l'attrait émouvant
de
celle de l'Église naissante et adolescente, n'en a pas moins.
l'intérêt
qui s'attache à l'activité de son âge mûr. Il fait revivre les grandes
personnalités d'Athanase, Basile de Césarée, Grégoire de Nazianze,
Jean
Chrysostome, Jérôme, Augustin, Grégoire-le-Grand et bien d'autres. Il
retrace la courbe conquérante du christianisme, L'évolution de ses
croyances et dé ses rites, son passage graduel au catholicisme romain,
large affluent aux bouches multiples, qui a donné non seulement sa
couleur mais son nom au courant primitif où il s'est jeté. Il montre
la
puissance morale de cette religion si vivace, qui, se désolidarisant
d'un monde vieilli tombé en ruines, a construit un édifice social
nouveau, fusion des idées et des coutumes apportées par les races
barbares en ébullition, et des éléments de la civilisation antique qui
méritaient de survivre.
Ce tome, comme le précédent, a été
écrit avec une entière sincérité, L'auteur, très attaché au
christianisme du Christ, d'ont il a senti dans les âmes vraiment
évangéliques L'incomparable force spirituelle, mais réfractaire au
sacrifice de L'histoire au panégyrique,
s'est appliqué à peindre, avec une sympathie visible, les mérites et
les bienfaits, de l'Église, mais sans dissimuler ses fautes ni ses
erreurs. Il a dû réagir contre la tendance des ouvrages purement
laïques à la sous-estimer, et contre la piété filiale qui pousse les
chrétiens à l'exalter.
L'histoire, en effet, n'est pas
seulement une résurrection, elle est aussi une révision, Elle passe au
crible les faits transmis et leurs appréciations traditionnelles,
résolue à réduire à leur juste valeur des réputations exagérées ou des
condamnations précipitées. De plus, celui qui retrace une évolution
historique ne peut se dispenser de la juger. Il doit constater si elle
suit bien la ligne marquée par son principe ou si elle s'en écarte.
C'est ainsi que nous avons dû noter, à plusieurs reprises et non sans
regret, les floraisons adventices et les fruits inattendus qui, sous
l'action, de greffes diverses, ont paru sur le grand arbre de
l'Église,
.. déviation des idées dogmatiques, morales, sociales et
ecclésiastiques, révélées dans le Nouveau Testament.
Puisse notre exposé mettre en pleine
lumière ce qu'a coûté au christianisme son infidélité au Christ, son
seul vrai Chef, et ce qu'il peut gagner à le suivre désormais de toute
son âme et de toute sa pensée !
Pour les sources de l'histoire racontée dans notre
Tome Il, nous renvoyons aux Préliminaires du 1er.
Rappelons simplement celles que nous
fournit l'antiquité : la Chronique d'Eusèbe, évêque de Césarée,
continuée par Jérôme, et son Histoire ecclésiastique, complétée par
Rufin ; le De Viris illustribus, de Jérôme, continué par Gennadius, de
Marseille, et Isidore, de Séville ; les Histoires ecclésiastiques de
'Socrate, Sozomène, Théodoret et Philostorge ; les Chroniques, de
Sulpice Sévère et de Grégoire de Tours, la Bibliothèque du patriarche
Photius, les écrits de Philaster et d'Épiphane contre les hérésies.
Parmi les travaux récents, qu'il
faut consulter, signalons, après la monumentale Patrologie de l'abbé
Migne en 379 volumes, l'édition des Écrivains ecclésiastiques latins,
publiée à, Vienne, en Autriche, depuis 1866 (Corpus de Vienne), -celle
des Écrivains grecs. chrétiens, publiée à Leipzig depuis 1877 (Corpus
de Berlin), et la Patrologie orientale de Graffin et Nau (Paris, 1903
es) ; la célèbre collection de Gebhardt et Harnack, Textes et
Recherches pour L'histoire de l'ancienne Littérature chrétienne (à
Leipzig depuis 1882 : en abrégé TU), la série Textes et Documents pour
l'étude historique. du christianisme, éditée depuis 1904 à Paris, sous
la direction de Hemmer et Paul Lejay ; la Revue d'Histoire et de
Littérature religieuses (en abrégé
: Revue Loisy) ; l'Histoire des Dogmes de Harnack (4e éd. 1909), les
Manuels de Patrologie de Bardenhewer (3e éd. 1910 et de l'abbé
Tixeront
(1927). Nommons aussi, avec gratitude, deux publications déjà
anciennes
mais toujours utiles, l'Encyclopédie des Sciences religieuses de F.
Lichtenberger (Encycl. Licht.), et le Tableau de l'Éloquence
chrétienne
au IVe siècle, de Villemain (en abrégé: Tableau).
Insistons enfin sur plusieurs grands
ouvrages que nous avons largement utilisés : l'Histoire ancienne de
l'Église, en quatre volumes, de Mgr Duchesne, ancien directeur de
l'École française de Rome. (chez Fontemoing, à Paris, Tome II, 21, éd.
1905, - en abrégé : Hist. de l'Église) ; l'Histoire littéraire de
l'Afrique chrétienne, depuis les Origines jusqu'à L'Invasion arabe,
par
Paul Monceaux, membre de l'Institut (sept vol. Paris 1901-1923) ;
l'Histoire de la Littérature latine chrétienne, de Pierre de
Labriolle,
professeur à la Sorbonne (Paris, 1920) ; l'Histoire de la Littérature
grecque chrétienne, d'Aimé Puech, membre de l'Institut (T. III, Paris,
1930) ; La Fin, du Monde antique et le Début du Moyen-Age, par
Ferdinand Lot, membre de l'Institut (Paris, 1927), et les Barbares, de
Louis Halphen, professeur à la Faculté des lettres de Bordeaux.
(Paris, 1926).
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