Une étoile nouvelle, surgissant sur le fond
bleuâtre de la nuit, quelle, apparition émouvante ! Devant cette
reine de, lumière, à laquelle les astres coutumiers semblent faire
cortège, le savant tressaille... Il scrute avec passion, il
photographie bien des lois cette clarté qui grandit jusqu'à
s'imposer au regard en plein midi, face au soleil, puis décroît par
soubresauts pour. s'effacer en quelques mois...
L'étoile nouvelle n'est-elle pas le
symbole de celui qui a reçu, le nom de LUMIÈRE DU MONDE ? Le Christ
a fait, lui aussi, un court passage à notre horizon. Il a disparu
sans laisser plus de traces que l'AIGLE ou, le CYGNE ; il n'est
resté de lui aucun objet personnel, aucun écrit. Mais, selon la
forte expression de Pascal, comme il avait « éclaté aux esprits »
c'est-à-dire aux âmes ! Quelle impression il avait faite sur un
groupe illettré mais fidèle ! Quelques rayons de cet astre unique se
sont fixés dans ces coeurs fervents et ces mémoires fraîches, et
pareils aux plaques sensibles qui garderont à jamais l'aspect de
l'étoile évanouie, les vieux documents évangéliques conservent
l'image imparfaite mais toujours vivante, de, la radieuse et
bienfaisante apparition.
Depuis lors, bien des générations se
sont succédé, se réchauffant l'âme à la lumière condensée dans ces
pages vénérables et à la chaleur spirituelle des témoins du Christ
et de leurs successeurs, et leurs expériences religieuses, leurs
luttes et leurs victoires morales constituent une grande histoire,
d'autant plus attachante qu'elle se prolonge encore dans nos moeurs,
humanisées par le Christianisme, et jusque dans notre pensée qu'il a
spiritualisée.
Cette reconstitution ne peut se faire
sans un travail critique consciencieux. Les vieilles traditions
chrétiennes ne doivent pas, en effet, prétendre à un traitement de
laveur, et il faut qu'elles soient passées au crible, comme les
récits profanes. L'historien, soucieux avant tout de dégager les
laits, doit se souvenir qu'elles ont été parfois influencées par des
préoccupations autres que celle de la pure vérité. Il doit également
se soustraire à l'emprise des tableaux parfois tendancieux du,
Christianisme, que le zèle confessionnel a inspirés, en songeant que
la projection de Jésus dans les âmes, moins brillante que l'astre
lui-même, a été altérée par leurs imperfections qui faisaient dire
déjà à saint Paul : « Nous avons ce trésor dans des vases de terre »
(2
Cor. 4, 7). Quelles que soient
l'admiration et la sympathie qu'elle lut inspire , il doit sentir
que l'idéaliser par piété serait trahir la vérité ! L'historien
protestant, en particulier, serait infidèle à son grand principe du
libre examen s'il s'en tenait, sans une sérieuse discussion, à des
opinions contestées, et si, sous prétexte que les savants sont
faillibles, il discréditait leur noble labeur ou paraissait
l'ignorer.
Il ne faut pas oublier, d'ailleurs,
que la critique ressemble au dur mistral de mars qui fait périr,
avec les êtres vieillis , les fleurs des vergers et leurs promesses.
Si elle arrache les légendes manifestes et les traditions
incertaines qui sont venues s'enrouler autour du vieux tronc
chrétien, elle peut aussi l'ébranler lui-même ou. faire choir ses
branches maîtresses, en mutilant ses grandes réalités spirituelles.
Elle risque d'emporter, avec les excroissances de la foi chrétienne,
cette foi elle-même.
Aussi, est-il nécessaire que des
historiens, de formation scientifique et d'éducation évangélique,
tentent de reconstituer l'histoire du Christianisme, en exposant les
laits, autant qu'on peut les saisir, sans les embellir mais sans les
rapetisser pour mieux les expliquer. Leur oeuvre a sa place marquée
en face des grandes constructions orthodoxes où, dans le Cadre d'une
érudition. magnifique, la liberté intellectuelle est mal à l'aise,
et des monuments laïques, admirables de savoir et de pénétration,
mais où la préoccupation naturaliste vient altérer parfois la
vérité. A plus forte raison doivent-ils l'opposer aux édifices
élégants mais fragiles de l'hypercritique, assez semblables - pour
user d'une comparaison malgache - au riz mal mûr « qui a bel aspect
mais ne nourrit pas ».
Telle est la tâche que nous avons
assumée.
Elle est immense autant que délicate.
Quel travail d'élagage, parfois douloureux comme le serait le devoir
d'un chirurgien obligé d'opérer l'un des siens ! Et puis, quelle
fatigue pour l'historien pliant sous le poids des innombrables
travaux de la critique ! Et comment gardera-t-il quelque originalité
devant ce prodigieux effort collectif qui a tout vu et tout supposé
? Ne risque-t-il pas de ressembler à l'arbre greffé, chanté par
Virgile ? Heureux s'il peut faire un bon choix entre des sèves si
diverses, garder celles qui ont le parfum de loi vérité et en tirer
quelques fruits savoureux !
Récolte incomplète, dira quelque
spécialiste, et il aura raison. Pans les limites étroites de noire
livre, les lacunes sont nombreuses autant qu'inévitables. Mais, ne
pouvant être complet, nous avons tâché de dire l'essentiel, sous la
forme vivante sans laquelle il n'y a pas d'histoire digne de ce nom.
Récolte décevante, dira peut-être, à
son tour, quelque chrétien, peiné de l'amputation de telle tradition
qui lui était chère, et il aura tort. Le Christ demeure, avec sa
personnalité unique, son enseignement sur, bien, des points
définitif, son exemple toujours attirant, son rayonnement qui a mis
une auréole sur les grandes figures du Christianisme. Comme l'éclat
des yeux survit à la fraîcheur du visage usé par le temps, il reste
jeune devant le vieillissement des dogmes qui ne tirent pas de lui
leur sève, et il fait sans cesse éclore des vies nouvelles.
Puisse, notre tentative, à la fois
sincère, et respectueuse, de peindre le Christ historique et la
vraie physionomie de l'Eglise adolescente, contribuer à faire aimer
ce grand passé !
Les plus anciennes sources de l'histoire du
Christianisme antique sont les livres du Nouveau Testament (1).
Rares sont, les témoignages profanes
ou juifs : quelques allusions de Tacite et de; Suétone, certaines
indications de, Josèphe (2)
et de Pline le Jeune, que nous citerons plus loin. Pour être
renseigné sur la vie et la pensée de Jésus, on doit consulter les
quatre évangiles ; pour connaître les origines et la croissance de
l'Eglise, il faut étudier les Actes des Apôtres, les épîtres de Paul
et le, reste du, Nouveau Testament.
Les précieux et émouvants détails que
l'on trouve dans les trois premiers évangiles (les Synoptiques) sur
le Christ et ses disciples doivent être utilisés avec précaution.
Ces écrits, en effet, sont anonymes et postérieurs d'environ un
demi-siècle aux grands événements qu'ils retracent. Selon l'opinion
la plus plausible (3),
Marc, qui paraît le plus ancien des trois, a, dû être rédigé au plus
tôt vers l'an 75, et Matthieu, ainsi que Luc, dateraient de l'an 80
environ. De plus, sans être des oeuvres de partis, comme l'a, cru
l'Ecole de Tubingue, ils sont, parfois, selon la, formule de l'Ecole
allemande de l'Histoire des Traditions (évangéliques), des documents
non pas strictement historiques, mais religieux, traduisant ce; que
Jésus a été pour la piété de l'Eglise primitive (4).
Ils étaient destinés, en réalité, à exalter sa divinité (Marc,
1,
1), ou à prouver qu'il était le
Messie (l'« oint » de Dieu) annoncé par les prophètes (Matth.
1,
22-23, etc.), ou à montrer en lui le
prédicateur démocratique, du salut pour tous (Luc
1,
76 ss.). Il faut tenir compte. aussi
de, leur caractère composite (5),
qui implique des sources de valeur inégale, dont plusieurs exagèrent
le surnaturel.
Pourtant, si les auteurs des
Synoptiques sont inconnus, ils se rattachent à des apôtres ou à des
disciples d'apôtres. Le second évangile semble avoir utilisé des
souvenirs rédigés par Marc, compagnon de Pierre. Matthieu est
largement tributaire d'un recueil de discours de, Jésus (Logia),
attribuables à Matthieu. Luc, avec, sa. largeur toute paulinienne,
dénote l'influence d'un disciple du grand apôtre, probablement de
Luc.
De plus, bien qu'ils aient été
composés dans le recul d'un demi-siècle, « ils appartiennent, dans
leur contenu essentiel », comme le, dit Harnack, « à la période
paléontologique du christianisme » (6),
et
l'on sent que, à tout prendre, le portrait tracé de Jésus est
ressemblant. Dans Marc, écrit Renan, « la, forte impression laissée
par lui se retrouve tout entière » (7).
« Un témoin; dit Wernle, n'aurait pu écrire, autrement » ; son
témoignage, dit F. Godet, « porte encore; le fard du fruit tombant
de l'arbre ». Dans Matthieu, se détachant de la gangue des éléments
légendaires, brillent (,les maximes et des paraboles d'une
originalité et d'une inspiration qui font éclater leur authenticité.
Il en est de même pour Luc. Au reste, dans ces trois évangiles, bien
des récits, surtout ceux de la Passion, offrent les principaux
caractères de l'historicité.
La nature du IVe évangile, sorte de
poème dogmatique, en l'honneur du Christ, - ce qui lui a fait donner
le nom d'« évangile! de la gloire » (8),
- et sa dépendance. à l'égard du mysticisme hellénique et de la
pensée philonienne empêchent de voir en lui une, histoire, mais on y
a reconnu (9)
des détails précieux, empruntés à une source sérieuse, qui corrigent
parfois les indications des Synoptiques. Les discours qu'il
contient, tout en portant la marque du rédacteur, sont émaillés de
paroles « qui se ramènent sans trop de difficulté au type synoptique
» (10).
On, peut dire, avec Jean Réville, auteur d'une savante étude sur le
IVe évangile (1901), que « sur beaucoup de points il a dégagé, l'âme
de Jésus des formes inférieures auxquelles la tradition primitive!
l'avait enchaînée ». Les admirables appels du Christ aux coeurs
altérés de vie éternelle, qu'il exprime en un style à la fois
solennel et tendre, justifient l'admiration de, Luther qui
l'appelait « l'évangile capital, l'unique, le plus cher ».
Les nombreux détails, d'un si haut
intérêt, donnés par les Actes des Apôtres sur l'Eglise, primitive et
sur l'activité de Pierre et surtout de, Paul, doivent être, pesés
avec la plus grand soin. L'auteur, qui a vécu, semble-t-il, un
demi-siècle après les événements qu'il raconte, sans aller, jusqu'à
les déformer d'une façon systématique, comme l'ont prétendu l'Ecole
de Tubingue, et, tout récemment,, Alfred Loisy, les a, parfois
altérés parce qu'il y a projeté ingénument, la situation
ecclésiastique de son temps, mélange de paulinisme et de
judéo-christianisme adoucis (11).
De plus, ses récits ont pu être influencés par son vif désir de,
prouver que le Christianisme était l'héritier véritable des
prophètes d'Israël et qu'il avait droit (comme l'a bien vu Loisy) à
la protection légale accordée au Judaïsme dans l'Empire romain.
Pourtant, ici encore, le roc, historique se découvre assez souvent,
et l'on a pu discerner des sources, d'une réelle valeur (12),
riches,
au jugement de Goguel, en « indications qui permettent d'apprécier,
de coordonner et d'encadrer les données que l'on tire des épîtres »,
et font du livre « l'une des bases les plus essentielles sur
lesquelles repose l'histoire du christianisme primitif » (p.
365-367).
Les épîtres authentiques (13)
de l'apôtre Paul, sont considérées avec raison comme des peintures,
singulièrement précises et colorées, de la vie morale et religieuse
des églises, vers le milieu du 1er siècle. Sur celles dei la seconde
génération chrétienne (de l'an 70 environ jusque vers l'an 90), on
trouve dé précieux renseignements dans le reste du Nouveau Testament
: l'épître aux Ephésiens, lettre circulaire envoyée en Asie-Mineure
par un disciple de Paul, qui l'avait enrichie de larges extraits de
celle aux Colossiens ; les trois épîtres dites pastorales, oeuvre
d'un disciple qui avait enchâssé quelques billets pauliniens dans
des. prescriptions ecclésiastiques dirigées contre certaines
hérésies d'Ephèse et de Crète; J'épître aux Hébreux et l'épître de
Jacques, dues à des Juifs convertis, d'origine hellénistique, peu
favorables au ritualisme judaïque ; la première épître de Pierre,
écho de la pensée, de, cet apôtre, les trois épîtres de Jean,
provenant d'Asie-Mineure, comme le IVe évangile dont elles sont les
soeurs, et enfin deux chapitres (le IIe et le IIIe de l'Apocalypse,
exhortations adressées à sept églises d'Asie-Mineure (14).
Pour l'ensemble de la période qui nous
occupe (des origines jusqu'au, milieu du IVe siècle), les sources de
l'histoire ecclésiastique sont dispersées dans les oeuvres des Pères
de l'Eglise, Pères apostoliques (Clément de Rome, Ignace d'Antioche,
Polycarpe de Smyrne, etc.), Pères apologistes (Justin Martyr,
Tatien, etc.), Pères hérésiologues ou historiens et critiques des
hérésies (Irénée de Lyon, Hippolyte de, Rome, etc.). On trouve aussi
d'intéressants détails dans des écrits anonymes, tels que la
Didakhé, et dans divers fragments d'ouvrages hérétiques. Ici encore,
un triage rigoureux s'impose, car, si les Pères ont eu d'éminentes
qualités, ils ont eu aussi d'étranges illusions (15).
Pourtant,
on a la satisfaction de constater ici encore que du moulin
redoutable de: la critique est sorti un important et savoureux
résidu.
Venons-en aux sources si précieuses
constituées par les histoires ecclésiastiques proprement dites que
nous a léguées l'antiquité.
La. plus considérable est celle
d'Eusèbe, évêque de Césarée (16).
Cette
Histoire ecclésiastique, en dix livres, (17),
abonde en détails biographiques et en extraits de nombreux écrits
perdus. Eusèbe avait mis à profit, pour l'écrire, la riche
bibliothèque, de son ami Pamiphile à Césarée, celle de l'évêque
Alexandre, à Jérusalem, et les archives de l'Empire que lui avait
ouvertes Constantin. Les huit premiers livres Paraissent avoir été
achevés en 312, le neuvième en 315, le dixième, vers 324. Eusèbe y
raconte l'histoire du Christ (L. 1), celle des apôtres jusqu'à la
guerre de Judée (II) et de l'Eglise jusqu'à Origène (III-V), la vie,
et l'oeuvre, de ce Père (VI), la période de 260 à 300 (VII),
l'histoire contemporaine jusqu'en 311 (VIII), les événements de 311
à 324 (IX et X). Ce vaste ouvrage n'est pas sans défauts. Il est une
collection de faits plutôt qu'une histoire suivie. On a, reproché à
Eusèbe des erreurs de chronologie, une certaine crédulité qui lui
fait admettre, par exemple, comme, authentique une correspondance de
Jésus avec Abgar, roi d'Edesse, et enfin l'insuffisance de ses
renseignements sur la chrétienté occidentale, qu'il connaissait mal.
D'autre part, on a loué à bon droit sa sincérité et la sûreté
relative de son sens critique, qui lui a, fait écarter bien des
écrits apocryphes, et, en somme, « on ne peut s'empêcher, déclare
l'éminent professeur Chastel, de lui accorder un haut degré de,
confiance ».
Il faut insister aussi sur sa grande
Histoire Universelle. Dans la première partie (Chronographie), il
expose les divers systèmes chronologiques. La. deuxième se compose
de, tableaux synchroniques (chronicoï canones), présentant les
principaux événements de l'histoire générale, spécialement de
l'histoire, sainte. La dernière des cinq sections va de la mort du
Christ à l'année 333. On peut aussi puiser d'utiles indications dans
deux autres ouvrages d'Eusèbe, sa Préparation évangélique (en quinze
livres) et sa Démonstration évangélique (en vingt livres, dont neuf
sont perdus), où il montre la supériorité du Judaïsme sur le
paganisme, puis celle de la foi chrétienne sur le Judaïsme (18).
Signalons, après Eusèbe, les
principaux historiens grecs qui Font suivi en s'inspirant de sa
méthode : Socrate, savant jurisconsulte de Constantinople qui
écrivit une, histoire, de l'Eglise en sept livres, à, partir de
Constantin jusqu'en 4.39 ; Sozomène, avocat dans la même ville, et
Théodoret, évêque de Cyr (en Syrie euphratésienne), qui traitèrent
le même sujet. Ils se placent tous les trois au point de vue
orthodoxe, et ils ne cachent pas leur admiration pour Constantin.
Ils se montrent, d'ailleurs, assez bien informés. La même histoire,
vue du; point de vue, arien, a été, écrite par Philostorge, en douze
livres (19),
d'Arius,
à 425 (il en reste quelques fragments).
On trouve, également, chez certains
écrivains de langue latine, de précieux renseignements. Rufin,
prêtre d'Aquilée, en Illyrie (dcd 410), traducteur de l'Histoire
Ecclésiastique d'Eusèbe, y ajouta deux livres qui la continuaient
jusqu'à la mort de, Théodose, en 395 (20).
Jérôme,
auteur de la célèbre traduction latine (Vulgata) de, l'Ancien,
Testament d'après l'original hébreu (achevée vers l'an 405), donna
une suite, (de 325 à 378) à la Chronique d'Eusèbe, dont il avait
traduit, en 380, la deuxième, partie. Son oeuvre historique,
principale est le De Viris illustribus (392) où, en 135 notices, il
énumère tous les écrivains chrétiens dont les noms lui sont connus,
depuis saint Pierre jusqu'à lui-même, et indique les titres et
l'objet, de leurs ouvrages, catalogue très important, malgré ses
lacunes et ses erreurs. Il fut continué par Gennadius, prêtre à
Marseille (fin du Ve siècle), historien consciencieux, qui y ajouta,
97 notices, d'écrivains chrétiens, avec, résumé dei leur vie et
indication de leurs écrits. Ce catalogue lui-même fut complété par,
le grand compilateur Isidore, évêque de Séville, qui rédigea, vers
616, 33 chapitres additionnels. On lui doit aussi une Chronique et
une intéressante Histoire des rois goths, vandales et suèves.
Il faut signaler encore Sulpice
Sévère, prêtre gaulois (dcd 420), dont, les deux livres de
Chroniques, de: faible, valeur, critique, retracent à, grands traits
l'histoire universelle, surtout celle (le l'Eglise, qu'ils
conduisent jusqu'au consulat de Stilicon, en 400. Il composa aussi
une Vie de saint Martin de Tours, déparée par le, merveilleux, et
deux Dialogues où il célébrait, également ses vertus. Paul Orose,
disciple de saint Augustin, écrivit, à sa demande, sept livres
contre les Païens, dont les, récits vont de la création du monde,
jusqu'à Van 417, vaste compilation dont la fin seule est personnelle
et que le Moyen-Age a beaucoup appréciée. Terminons cette
nomenclature en indiquant l'Histoire ecclésiastique tripartite, que
le savant moine Cassiodore (21),
grand animateur de la copie! des manuscrits (dcd 562), composait en
s'aidant de Socrate, Sozomène et Théodoret ; les Chroniques de
Grégoire de Tours (dcd 595), qui racontent les grands événements de
l'histoire, en insistant, sur celle des Gaules, et la Bibliothèque
du patriarche oriental Photius (dcd vers 890), avec 279 notices.
Pour les hérésies, les sources
principales sont les ouvrages qui furent composés contre elles,
surtout le célèbre, traité d'Irénée, évêque de Lyon, l'Adversus
Hoereses, en cinq livres, (fin du IIe siècle) et celui d'Hippolyte,
évêque schismatique de Rome, les, Philosophoumena, (début du IIIe
siècle), dont nous parlerons plus loin (L. Il ch. IV et L. III ch.
IV). On doit aussi à Hippolyte, un court maïs important ouvrage,
appelé, d'après le grec, Syntagina (traité). Il a été perdu, mais
les, savants croient l'avoir reconstitué grâce aux citations
conservées d'ans les trois livres suivants : le Pseudo-Tertullien,
ainsi nommé, parce qu'il a été trouvé à la suite du grand ouvrage,
de Tertullien, le De Praescriptione Hoereticorum (22),
catalogue de trente-deux hérésies connues à la, fin du ne siècle ;
le Liber de Hoeresibus (23)
de Philaster, évêque, de Brescia, en Lombardie (dcd vers 387), et
enfin, le Panakion (Boîte à remèdes), où Epiphane; , évêque de
Constantia, dans l'île de Chypre, (fin du IVe siècle), combat,
quatre-vingts hérésies à peu près dans, l'ordre chronologique. Ce
dernier traité est une mine de renseignements, où l'on doit pourtant
déplorer l'étroitesse d'esprit, due au monachisme, le ton acerbe et
les défaillances du sens critique (24).
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