Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE

-------

Une étoile nouvelle, surgissant sur le fond bleuâtre de la nuit, quelle, apparition émouvante ! Devant cette reine de, lumière, à laquelle les astres coutumiers semblent faire cortège, le savant tressaille... Il scrute avec passion, il photographie bien des lois cette clarté qui grandit jusqu'à s'imposer au regard en plein midi, face au soleil, puis décroît par soubresauts pour. s'effacer en quelques mois...

L'étoile nouvelle n'est-elle pas le symbole de celui qui a reçu, le nom de LUMIÈRE DU MONDE ? Le Christ a fait, lui aussi, un court passage à notre horizon. Il a disparu sans laisser plus de traces que l'AIGLE ou, le CYGNE ; il n'est resté de lui aucun objet personnel, aucun écrit. Mais, selon la forte expression de Pascal, comme il avait « éclaté aux esprits » c'est-à-dire aux âmes ! Quelle impression il avait faite sur un groupe illettré mais fidèle ! Quelques rayons de cet astre unique se sont fixés dans ces coeurs fervents et ces mémoires fraîches, et pareils aux plaques sensibles qui garderont à jamais l'aspect de l'étoile évanouie, les vieux documents évangéliques conservent l'image imparfaite mais toujours vivante, de, la radieuse et bienfaisante apparition.

Depuis lors, bien des générations se sont succédé, se réchauffant l'âme à la lumière condensée dans ces pages vénérables et à la chaleur spirituelle des témoins du Christ et de leurs successeurs, et leurs expériences religieuses, leurs luttes et leurs victoires morales constituent une grande histoire, d'autant plus attachante qu'elle se prolonge encore dans nos moeurs, humanisées par le Christianisme, et jusque dans notre pensée qu'il a spiritualisée.

Cette reconstitution ne peut se faire sans un travail critique consciencieux. Les vieilles traditions chrétiennes ne doivent pas, en effet, prétendre à un traitement de laveur, et il faut qu'elles soient passées au crible, comme les récits profanes. L'historien, soucieux avant tout de dégager les laits, doit se souvenir qu'elles ont été parfois influencées par des préoccupations autres que celle de la pure vérité. Il doit également se soustraire à l'emprise des tableaux parfois tendancieux du, Christianisme, que le zèle confessionnel a inspirés, en songeant que la projection de Jésus dans les âmes, moins brillante que l'astre lui-même, a été altérée par leurs imperfections qui faisaient dire déjà à saint Paul : « Nous avons ce trésor dans des vases de terre » (2 Cor. 4, 7). Quelles que soient l'admiration et la sympathie qu'elle lut inspire , il doit sentir que l'idéaliser par piété serait trahir la vérité ! L'historien protestant, en particulier, serait infidèle à son grand principe du libre examen s'il s'en tenait, sans une sérieuse discussion, à des opinions contestées, et si, sous prétexte que les savants sont faillibles, il discréditait leur noble labeur ou paraissait l'ignorer.

Il ne faut pas oublier, d'ailleurs, que la critique ressemble au dur mistral de mars qui fait périr, avec les êtres vieillis , les fleurs des vergers et leurs promesses. Si elle arrache les légendes manifestes et les traditions incertaines qui sont venues s'enrouler autour du vieux tronc chrétien, elle peut aussi l'ébranler lui-même ou. faire choir ses branches maîtresses, en mutilant ses grandes réalités spirituelles. Elle risque d'emporter, avec les excroissances de la foi chrétienne, cette foi elle-même.

Aussi, est-il nécessaire que des historiens, de formation scientifique et d'éducation évangélique, tentent de reconstituer l'histoire du Christianisme, en exposant les laits, autant qu'on peut les saisir, sans les embellir mais sans les rapetisser pour mieux les expliquer. Leur oeuvre a sa place marquée en face des grandes constructions orthodoxes où, dans le Cadre d'une érudition. magnifique, la liberté intellectuelle est mal à l'aise, et des monuments laïques, admirables de savoir et de pénétration, mais où la préoccupation naturaliste vient altérer parfois la vérité. A plus forte raison doivent-ils l'opposer aux édifices élégants mais fragiles de l'hypercritique, assez semblables - pour user d'une comparaison malgache - au riz mal mûr « qui a bel aspect mais ne nourrit pas ».

Telle est la tâche que nous avons assumée.

Elle est immense autant que délicate. Quel travail d'élagage, parfois douloureux comme le serait le devoir d'un chirurgien obligé d'opérer l'un des siens ! Et puis, quelle fatigue pour l'historien pliant sous le poids des innombrables travaux de la critique ! Et comment gardera-t-il quelque originalité devant ce prodigieux effort collectif qui a tout vu et tout supposé ? Ne risque-t-il pas de ressembler à l'arbre greffé, chanté par Virgile ? Heureux s'il peut faire un bon choix entre des sèves si diverses, garder celles qui ont le parfum de loi vérité et en tirer quelques fruits savoureux !

Récolte incomplète, dira quelque spécialiste, et il aura raison. Pans les limites étroites de noire livre, les lacunes sont nombreuses autant qu'inévitables. Mais, ne pouvant être complet, nous avons tâché de dire l'essentiel, sous la forme vivante sans laquelle il n'y a pas d'histoire digne de ce nom.

Récolte décevante, dira peut-être, à son tour, quelque chrétien, peiné de l'amputation de telle tradition qui lui était chère, et il aura tort. Le Christ demeure, avec sa personnalité unique, son enseignement sur, bien, des points définitif, son exemple toujours attirant, son rayonnement qui a mis une auréole sur les grandes figures du Christianisme. Comme l'éclat des yeux survit à la fraîcheur du visage usé par le temps, il reste jeune devant le vieillissement des dogmes qui ne tirent pas de lui leur sève, et il fait sans cesse éclore des vies nouvelles.

Puisse, notre tentative, à la fois sincère, et respectueuse, de peindre le Christ historique et la vraie physionomie de l'Eglise adolescente, contribuer à faire aimer ce grand passé !

 

.

PRÉLIMINAIRES


Les plus anciennes sources de l'histoire du Christianisme antique sont les livres du Nouveau Testament (1).
Rares sont, les témoignages profanes ou juifs : quelques allusions de Tacite et de; Suétone, certaines indications de, Josèphe (2) et de Pline le Jeune, que nous citerons plus loin. Pour être renseigné sur la vie et la pensée de Jésus, on doit consulter les quatre évangiles ; pour connaître les origines et la croissance de l'Eglise, il faut étudier les Actes des Apôtres, les épîtres de Paul et le, reste du, Nouveau Testament.
Les précieux et émouvants détails que l'on trouve dans les trois premiers évangiles (les Synoptiques) sur le Christ et ses disciples doivent être utilisés avec précaution. Ces écrits, en effet, sont anonymes et postérieurs d'environ un demi-siècle aux grands événements qu'ils retracent. Selon l'opinion la plus plausible (3), Marc, qui paraît le plus ancien des trois, a, dû être rédigé au plus tôt vers l'an 75, et Matthieu, ainsi que Luc, dateraient de l'an 80 environ. De plus, sans être des oeuvres de partis, comme l'a, cru l'Ecole de Tubingue, ils sont, parfois, selon la, formule de l'Ecole allemande de l'Histoire des Traditions (évangéliques), des documents non pas strictement historiques, mais religieux, traduisant ce; que Jésus a été pour la piété de l'Eglise primitive (4). Ils étaient destinés, en réalité, à exalter sa divinité (Marc, 1, 1), ou à prouver qu'il était le Messie (l'« oint » de Dieu) annoncé par les prophètes (Matth. 1, 22-23, etc.), ou à montrer en lui le prédicateur démocratique, du salut pour tous (Luc 1, 76 ss.). Il faut tenir compte. aussi de, leur caractère composite (5), qui implique des sources de valeur inégale, dont plusieurs exagèrent le surnaturel.

Pourtant, si les auteurs des Synoptiques sont inconnus, ils se rattachent à des apôtres ou à des disciples d'apôtres. Le second évangile semble avoir utilisé des souvenirs rédigés par Marc, compagnon de Pierre. Matthieu est largement tributaire d'un recueil de discours de, Jésus (Logia), attribuables à Matthieu. Luc, avec, sa. largeur toute paulinienne, dénote l'influence d'un disciple du grand apôtre, probablement de Luc.
De plus, bien qu'ils aient été composés dans le recul d'un demi-siècle, « ils appartiennent, dans leur contenu essentiel », comme le, dit Harnack, « à la période paléontologique du christianisme » (6), et l'on sent que, à tout prendre, le portrait tracé de Jésus est ressemblant. Dans Marc, écrit Renan, « la, forte impression laissée par lui se retrouve tout entière » (7). « Un témoin; dit Wernle, n'aurait pu écrire, autrement » ; son témoignage, dit F. Godet, « porte encore; le fard du fruit tombant de l'arbre ». Dans Matthieu, se détachant de la gangue des éléments légendaires, brillent (,les maximes et des paraboles d'une originalité et d'une inspiration qui font éclater leur authenticité. Il en est de même pour Luc. Au reste, dans ces trois évangiles, bien des récits, surtout ceux de la Passion, offrent les principaux caractères de l'historicité.

La nature du IVe évangile, sorte de poème dogmatique, en l'honneur du Christ, - ce qui lui a fait donner le nom d'« évangile! de la gloire » (8), - et sa dépendance. à l'égard du mysticisme hellénique et de la pensée philonienne empêchent de voir en lui une, histoire, mais on y a reconnu (9) des détails précieux, empruntés à une source sérieuse, qui corrigent parfois les indications des Synoptiques. Les discours qu'il contient, tout en portant la marque du rédacteur, sont émaillés de paroles « qui se ramènent sans trop de difficulté au type synoptique » (10). On, peut dire, avec Jean Réville, auteur d'une savante étude sur le IVe évangile (1901), que « sur beaucoup de points il a dégagé, l'âme de Jésus des formes inférieures auxquelles la tradition primitive! l'avait enchaînée ». Les admirables appels du Christ aux coeurs altérés de vie éternelle, qu'il exprime en un style à la fois solennel et tendre, justifient l'admiration de, Luther qui l'appelait « l'évangile capital, l'unique, le plus cher ».
Les nombreux détails, d'un si haut intérêt, donnés par les Actes des Apôtres sur l'Eglise, primitive et sur l'activité de Pierre et surtout de, Paul, doivent être, pesés avec la plus grand soin. L'auteur, qui a vécu, semble-t-il, un demi-siècle après les événements qu'il raconte, sans aller, jusqu'à les déformer d'une façon systématique, comme l'ont prétendu l'Ecole de Tubingue, et, tout récemment,, Alfred Loisy, les a, parfois altérés parce qu'il y a projeté ingénument, la situation ecclésiastique de son temps, mélange de paulinisme et de judéo-christianisme adoucis (11). De plus, ses récits ont pu être influencés par son vif désir de, prouver que le Christianisme était l'héritier véritable des prophètes d'Israël et qu'il avait droit (comme l'a bien vu Loisy) à la protection légale accordée au Judaïsme dans l'Empire romain. Pourtant, ici encore, le roc, historique se découvre assez souvent, et l'on a pu discerner des sources, d'une réelle valeur (12), riches, au jugement de Goguel, en « indications qui permettent d'apprécier, de coordonner et d'encadrer les données que l'on tire des épîtres », et font du livre « l'une des bases les plus essentielles sur lesquelles repose l'histoire du christianisme primitif » (p. 365-367).
Les épîtres authentiques (13) de l'apôtre Paul, sont considérées avec raison comme des peintures, singulièrement précises et colorées, de la vie morale et religieuse des églises, vers le milieu du 1er siècle. Sur celles dei la seconde génération chrétienne (de l'an 70 environ jusque vers l'an 90), on trouve dé précieux renseignements dans le reste du Nouveau Testament : l'épître aux Ephésiens, lettre circulaire envoyée en Asie-Mineure par un disciple de Paul, qui l'avait enrichie de larges extraits de celle aux Colossiens ; les trois épîtres dites pastorales, oeuvre d'un disciple qui avait enchâssé quelques billets pauliniens dans des. prescriptions ecclésiastiques dirigées contre certaines hérésies d'Ephèse et de Crète; J'épître aux Hébreux et l'épître de Jacques, dues à des Juifs convertis, d'origine hellénistique, peu favorables au ritualisme judaïque ; la première épître de Pierre, écho de la pensée, de, cet apôtre, les trois épîtres de Jean, provenant d'Asie-Mineure, comme le IVe évangile dont elles sont les soeurs, et enfin deux chapitres (le IIe et le IIIe de l'Apocalypse, exhortations adressées à sept églises d'Asie-Mineure (14).

Pour l'ensemble de la période qui nous occupe (des origines jusqu'au, milieu du IVe siècle), les sources de l'histoire ecclésiastique sont dispersées dans les oeuvres des Pères de l'Eglise, Pères apostoliques (Clément de Rome, Ignace d'Antioche, Polycarpe de Smyrne, etc.), Pères apologistes (Justin Martyr, Tatien, etc.), Pères hérésiologues ou historiens et critiques des hérésies (Irénée de Lyon, Hippolyte de, Rome, etc.). On trouve aussi d'intéressants détails dans des écrits anonymes, tels que la Didakhé, et dans divers fragments d'ouvrages hérétiques. Ici encore, un triage rigoureux s'impose, car, si les Pères ont eu d'éminentes qualités, ils ont eu aussi d'étranges illusions (15). Pourtant, on a la satisfaction de constater ici encore que du moulin redoutable de: la critique est sorti un important et savoureux résidu.

Venons-en aux sources si précieuses constituées par les histoires ecclésiastiques proprement dites que nous a léguées l'antiquité.
La. plus considérable est celle d'Eusèbe, évêque de Césarée (16). Cette Histoire ecclésiastique, en dix livres, (17), abonde en détails biographiques et en extraits de nombreux écrits perdus. Eusèbe avait mis à profit, pour l'écrire, la riche bibliothèque, de son ami Pamiphile à Césarée, celle de l'évêque Alexandre, à Jérusalem, et les archives de l'Empire que lui avait ouvertes Constantin. Les huit premiers livres Paraissent avoir été achevés en 312, le neuvième en 315, le dixième, vers 324. Eusèbe y raconte l'histoire du Christ (L. 1), celle des apôtres jusqu'à la guerre de Judée (II) et de l'Eglise jusqu'à Origène (III-V), la vie, et l'oeuvre, de ce Père (VI), la période de 260 à 300 (VII), l'histoire contemporaine jusqu'en 311 (VIII), les événements de 311 à 324 (IX et X). Ce vaste ouvrage n'est pas sans défauts. Il est une collection de faits plutôt qu'une histoire suivie. On a, reproché à Eusèbe des erreurs de chronologie, une certaine crédulité qui lui fait admettre, par exemple, comme, authentique une correspondance de Jésus avec Abgar, roi d'Edesse, et enfin l'insuffisance de ses renseignements sur la chrétienté occidentale, qu'il connaissait mal. D'autre part, on a loué à bon droit sa sincérité et la sûreté relative de son sens critique, qui lui a, fait écarter bien des écrits apocryphes, et, en somme, « on ne peut s'empêcher, déclare l'éminent professeur Chastel, de lui accorder un haut degré de, confiance ».

Il faut insister aussi sur sa grande Histoire Universelle. Dans la première partie (Chronographie), il expose les divers systèmes chronologiques. La. deuxième se compose de, tableaux synchroniques (chronicoï canones), présentant les principaux événements de l'histoire générale, spécialement de l'histoire, sainte. La dernière des cinq sections va de la mort du Christ à l'année 333. On peut aussi puiser d'utiles indications dans deux autres ouvrages d'Eusèbe, sa Préparation évangélique (en quinze livres) et sa Démonstration évangélique (en vingt livres, dont neuf sont perdus), où il montre la supériorité du Judaïsme sur le paganisme, puis celle de la foi chrétienne sur le Judaïsme (18).

Signalons, après Eusèbe, les principaux historiens grecs qui Font suivi en s'inspirant de sa méthode : Socrate, savant jurisconsulte de Constantinople qui écrivit une, histoire, de l'Eglise en sept livres, à, partir de Constantin jusqu'en 4.39 ; Sozomène, avocat dans la même ville, et Théodoret, évêque de Cyr (en Syrie euphratésienne), qui traitèrent le même sujet. Ils se placent tous les trois au point de vue orthodoxe, et ils ne cachent pas leur admiration pour Constantin. Ils se montrent, d'ailleurs, assez bien informés. La même histoire, vue du; point de vue, arien, a été, écrite par Philostorge, en douze livres (19), d'Arius, à 425 (il en reste quelques fragments).

On trouve, également, chez certains écrivains de langue latine, de précieux renseignements. Rufin, prêtre d'Aquilée, en Illyrie (dcd 410), traducteur de l'Histoire Ecclésiastique d'Eusèbe, y ajouta deux livres qui la continuaient jusqu'à la mort de, Théodose, en 395 (20). Jérôme, auteur de la célèbre traduction latine (Vulgata) de, l'Ancien, Testament d'après l'original hébreu (achevée vers l'an 405), donna une suite, (de 325 à 378) à la Chronique d'Eusèbe, dont il avait traduit, en 380, la deuxième, partie. Son oeuvre historique, principale est le De Viris illustribus (392) où, en 135 notices, il énumère tous les écrivains chrétiens dont les noms lui sont connus, depuis saint Pierre jusqu'à lui-même, et indique les titres et l'objet, de leurs ouvrages, catalogue très important, malgré ses lacunes et ses erreurs. Il fut continué par Gennadius, prêtre à Marseille (fin du Ve siècle), historien consciencieux, qui y ajouta, 97 notices, d'écrivains chrétiens, avec, résumé dei leur vie et indication de leurs écrits. Ce catalogue lui-même fut complété par, le grand compilateur Isidore, évêque de Séville, qui rédigea, vers 616, 33 chapitres additionnels. On lui doit aussi une Chronique et une intéressante Histoire des rois goths, vandales et suèves.

Il faut signaler encore Sulpice Sévère, prêtre gaulois (dcd 420), dont, les deux livres de Chroniques, de: faible, valeur, critique, retracent à, grands traits l'histoire universelle, surtout celle (le l'Eglise, qu'ils conduisent jusqu'au consulat de Stilicon, en 400. Il composa aussi une Vie de saint Martin de Tours, déparée par le, merveilleux, et deux Dialogues où il célébrait, également ses vertus. Paul Orose, disciple de saint Augustin, écrivit, à sa demande, sept livres contre les Païens, dont les, récits vont de la création du monde, jusqu'à Van 417, vaste compilation dont la fin seule est personnelle et que le Moyen-Age a beaucoup appréciée. Terminons cette nomenclature en indiquant l'Histoire ecclésiastique tripartite, que le savant moine Cassiodore (21), grand animateur de la copie! des manuscrits (dcd 562), composait en s'aidant de Socrate, Sozomène et Théodoret ; les Chroniques de Grégoire de Tours (dcd 595), qui racontent les grands événements de l'histoire, en insistant, sur celle des Gaules, et la Bibliothèque du patriarche oriental Photius (dcd vers 890), avec 279 notices.

Pour les hérésies, les sources principales sont les ouvrages qui furent composés contre elles, surtout le célèbre, traité d'Irénée, évêque de Lyon, l'Adversus Hoereses, en cinq livres, (fin du IIe siècle) et celui d'Hippolyte, évêque schismatique de Rome, les, Philosophoumena, (début du IIIe siècle), dont nous parlerons plus loin (L. Il ch. IV et L. III ch. IV). On doit aussi à Hippolyte, un court maïs important ouvrage, appelé, d'après le grec, Syntagina (traité). Il a été perdu, mais les, savants croient l'avoir reconstitué grâce aux citations conservées d'ans les trois livres suivants : le Pseudo-Tertullien, ainsi nommé, parce qu'il a été trouvé à la suite du grand ouvrage, de Tertullien, le De Praescriptione Hoereticorum (22), catalogue de trente-deux hérésies connues à la, fin du ne siècle ; le Liber de Hoeresibus (23) de Philaster, évêque, de Brescia, en Lombardie (dcd vers 387), et enfin, le Panakion (Boîte à remèdes), où Epiphane; , évêque de Constantia, dans l'île de Chypre, (fin du IVe siècle), combat, quatre-vingts hérésies à peu près dans, l'ordre chronologique. Ce dernier traité est une mine de renseignements, où l'on doit pourtant déplorer l'étroitesse d'esprit, due au monachisme, le ton acerbe et les défaillances du sens critique (24).

.
(1) L'édition la plus commode du N. T. grec, est celle d'Eberhard Nestle, - combinaison du texte de Tischendorf, de celui de Westcott et Hort, et de l'édition de B. Weiss. La 13e éd. Londres (1927), faite par son fils Erwin Nestle, utilise aussi les variantes de von Soden. Les meilleurs manuscrits sont le Sinaïticus (désigné par Aleph ou a hébreu), le Vaticanus (B), l'Alexandrinus (A), le Claromontanus, de Th. de Bèze (D), le Codex Ephrem (C), le Syrus Curetonianus, publié à Leipzig, en 1885, le Syrus Sinaïticus, notre plus ancien texte, palimpseste édité à Cambridge en 1894. - Parmi les traductions du N. T. en français, nous recommandons celle de la Société biblique protestante de Paris, avec introductions et notes, parue chez Payot (1929). 
.
(2) Historien juif, né vers l'an 38 de notre ère, auteur de La Guerre juive et des Antiquités Judaïques, etc. 
.
(3) Voir notre livre Les Origines du N. T. 1928, ch. 1. 
.
(4) K.-L. Schmidt, Die Rahmen der Geschichte lesu, Berlin, 1919. 
.
(5) En ce qui touche Marc, ce fait a été démontré avec éclat par Wrede, Das Messiasgeheimniss in den Evang. Goettingue 1901, et J. Weiss, Das älteste Evang. Goettingue 1901. 
.
(6) L'essence du Christianisme, trad. franç. Parle 1902, p. 23. 
.
(7) Les Evang. et la seconde Génér. chrétienne, Paris 1877, p. 116.
.
(8) Voir Tomy Fallot, Comment lire la Bible.
.
(9) Spitta, Das Johannes Evang. Goettingue 1910 ; Ed. Meyer, Ursprung und Anfänge des Christ. Stuttgart 1921, T. I., p. 310 ss. ; Goguel, Le IVe Évangile, ch. XI.
.
(10) H. Monnier, La Mission historique de Jésus, 2e éd. Paris 1914, p. X.
.
(11) Cette thèse d'Overbeck a été développée avec ampleur par Goguel (Le Livre des Actes, Paris 1922). Voir aussi Henri Monnier, Revue de Strasbourg, n° de sept.-oct. 1922, p. 427-433.
.
(12) Voir l'article d'Eugène le Faye, De la Valeur documentaire du Livre des Actes (Revue de Strasbourg, juillet-août 1921). Cf aussi nos Origines, ch. IlI.
.
(13) Nous rangeons sous cette rubrique les deux épîtres aux Thessaloniciens, les deux aux Corinthiens, celles aux Galates, Philippiens, Romains, Colossiens et le billet à Philémon (Cf nos Origines, ch. IV-VIII). 
.
(14) Pour la justification de ces vues, voir Origines, ch. IX-XII. 
.
(15) Pour s'en convaincre, qu'on lise Le Témoignage des Pères (Fischbacher, Paris 1897), de J. Pédézert, professeur de Patristique à la Faculté protestante de Montauban. 
.
(16) Avant lui, Hégésippe, Juif palestinien converti (IIe siècle) avait écrit des Mémoires, en cinq livres, mais il n'en reste que des fragments. 
.
(17) Edition Grapin (collection Hemmer et Lejay, Picard, Paris). 
.
(18) On doit aussi à Eusèbe une Vie du bienheureux Constantin, écrite peu après la mort de cet empereur (337), panégyrique de son grand ami et protecteur, dont il ne relate que les vertus et les bonnes actions. Avant cette date, il avait composé des récits historiques de moindre importance : la Vie de Pamphile, mort martyr en 309 (il n'en reste qu'un fragment), une relation sur les Martyrs de Palestine, victimes de la persécution de Dioclétien (on en possède deux rédactions, l'une courte, l'autre développée), une collection des Actes des anciens Martyrs (fragments). 
.
(19) Signalons encore l'Histoire chrétienne, en trente-six livres, assez confuse et de faible valeur critique, du prêtre Philippe de Side, en Pamphylie (publiée vers 430), et l'Histoire Lausiaque, ainsi nommée à cause de Lausus, grand chambellan de Théodose Il, pour qui elle fut écrite, mémoires très vivants sur les moines et les femmes ascètes d'Egypte, écrits par Palladius, nommé en 400 évêque d'Hélénopolis, en Bithynie. 
.
(20) On lui doit aussi la traduction en latin de nombreux ouvrages de Pères grecs, surtout du Des Principes d'Origène.
.
(21) Fondateur du célèbre monastère de Vivarium, en Calabre. 
.
(22) Son attribution à Tertullien a été rejetée par Oehler. Voir l'édition de Bindley (,Oxford 1893). Harnack le place vers l'an 220. 
.
(23) Edité par Oehler, Berlin 1856, dans son Corpus hoereseologicum, T. 1. Philaster y nommait 156 hérésies (d'après Augustin). 
.
(24) Il s'en prend surtout à Arius ainsi qu'à Origène, abhorré des couvents, et, à ses yeux, père. de l'Arianisme. 
- Table des matières Chapitre suivant