On ne trouvera pas ici un exposé systématique. Ces pages - nombre d'entre elles du moins - peuvent être lues indépendamment les unes des autres. Dictées par des circonstances fort diverses, elles ne sont liées entre elles que parce qu'elles tendent toutes au même point de l'horizon spirituel.
Don magnifique et fragile, grâce
suprême laissée à la
créature égarée,
l'Espérance habite le coeur de l'homme. Et
l'homme l'y tient enfermée, parce que, sans
elle, il ne peut pas vivre.
Pourtant, elle ne le sert qu'au jour
où il la délivre : « Va,
déploie tes ailes, emporte-moi !
»
0 mon frère, prends garde
à qui vient la réveiller, et ne
confie ta prisonnière qu'au coeur
fidèle et à la main sûre. Car
l'Espérance est ainsi faite : elle ne prend
son vol que sur un appel et il lui faut un guide
pour l'orienter. Pense au terrible danger de ses
ailes puissantes, si le guide ne les conduit pas
dans les voies de la droiture et de la
vérité !
Tremble devant la
légèreté criminelle de
quiconque vient, souriant, la promesse aux
lèvres, au seuil de ta chambre forte
où dort la fille de Dieu, les ailes encore
ployées, et qui, avec ton consentement
confiant et ravi, la réveille, la
déchaîne, et bientôt,
décontenancé par son ardeur,
l'abandonne devant la porte ouverte...
Tu la verras, ton Espérance,
s'élever éperdument et chavirer tout
à coup dans une ruine
irrémédiable !
Béni soit Celui qui, sans se
lasser, crée et recrée les mondes et
ressuscite l'Espérance dans le coeur qu'elle
avait déserté !
- | Table des matières | Chapitre suivant |