SECTION IV. - Les livres de Sophonie, Jérémie, Habacuc, Daniel, Ezéchiel et Abdias. (Suite)

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§ 91. Habacuc (612-598). - On ne sait rien de positif, ni sur la famille , ni sur la vie de ce prophète. Mais comme il ne fait aucune mention de l'Assyrie, et qu'il parle de l'invasion des Caldéens comme imminente, on suppose qu'il a prophétisé en Juda pendant les règnes de Jéhoachaz et de Jéhojakim , peu de temps avant l'invasion de Nébucadnetsar (I, 5; II, 3 ; III, 2 , 16-19). Il était par conséquent contemporain de Jérémie , et l'on dit qu'il resta en arrière, au milieu de sa patrie désolée , au lieu de suivre ses frères dans la captivité. Aux jours d'Eusèbe, on montrait son tombeau à Bélah, en Juda.

Le livre qui porte son nom a évidemment été écrit par lui (I , 1; II, 1, 2), et il est cité, comme l'ouvrage d'un prophète inspiré, par plusieurs auteurs du Nouveau-Testament (Héb. , X, 37, 38. Rom. , I , 17. Gal., III, 11. Actes , XIII, 41).

Parmi les nations qui furent les fléaux de Dieu pour frapper les Juifs, et en eux l'Eglise du Seigneur, on distingue surtout les Assyriens, les Caldéens et les Edomites. Trois prophètes ont reçu la mission spéciale de leur annoncer qu'après avoir frappé, ils seront frappés à leur tour. Nahum prophétise la ruine des Assyriens, Habacuc celle des Caldéens, Abdias celle d'Edom.

Habacuc commence en déplorant les iniquités, les violences et la corruption du peuple; puis il annonce que Dieu fera en son temps une oeuvre étrange : il suscitera les Caldéens, qui étaient peut-être alors une nation amie et pacifique, et il les enverra, cruels et impétueux , ravager l'étendue de la terre et prendre possession de leurs demeures. Le prophète décrit ensuite les trois invasions successives qui eurent lieu plus tard sous Jéhojakim, Jéchonias et Sédécias ; il raconte l'impétuosité de leurs attaques et la rapidité de leurs victoires. Mais au milieu de ces scènes de désolation, l'on entrevoit tout-à-coup une scène d'un genre tout différent , et qui offre le plus entier contraste avec ce qui précède. L'orgueil et la fausse sécurité des vainqueurs leur tourne en piège , et Nébucadnetsar est changé; sa démence future est pressentie. Le prophète demande humblement à Dieu comment des afflictions aussi douloureuses sont envoyées à son peuple par un peuple plus méchant encore (chap. I).

Au chapitre II, il reçoit la réponse à sa prière. Dieu lui fait connaître que si la vision tarde à venir, elle viendra cependant , et que le juste doit vivre par la foi et attendre. Il annonce les jugements qui fondront plus tard sur les Caldéens , en punition de leurs cruautés et de leur idolâtrie : leurs images taillées ne leur profiteront de rien; l'Eternel seul « dans le temple de sa sainteté » est le Dieu fort.

Après avoir entendu ces promesses et ces jugements, le prophète termine son livre par un sublime cantique d'actions de grâces et de prière. Il célèbre les anciennes dispensations de la puissance et de la miséricorde de l'Eternel ; il demande à Dieu la prochaine délivrance de son peuple, et il finit en exprimant une confiance inaltérable en ce Dieu toujours le même, toujours fidèle.

(Theman est Edom ; Cusan est une partie de l'Arabie, le Chusistan; voyez encore Nomb. , XIII , 15 ; XXXI, 2-11. Exode, XV, 15. Juges, III, 10 ; VII, 1. - Quant au titre (III, 1) , AI-Shig'iônoth , que nos versions traduisent « pour les ignorances; » il signifie plutôt : « sur les égarements. »)

Ce psaume, car c'en est un , évidemment destiné au culte public, avait pour but d'encourager et de fortifier les Juifs pieux, en présence des douloureuses calamités qui n'allaient pas tarder à fondre sur leur patrie.

D'anciens écrivains Juifs rapportent II, 3 aux temps du Messie; mais l'Apôtre , sans contester cette interprétation, considère ces paroles comme devant avoir un autre accomplissement encore à venir (Héb. , X, 37, 38). La foi , c'est-à-dire la patiente attente de Dieu et la confiance en lui, est le grand principe de la vie divine; et dans tous les âges une entière délivrance, un complet affranchissement, sera plutôt un objet de foi qu'une parfaite réalité. Le caractère du chrétien consiste à vivre par la foi ; quant aux promesses, quant à la délivrance du péché et de ses amères conséquences , il l'attend.

Cf. Rom., I, 17. Gal. , III, 2. Rom. , V, 1-3. 1 Cor. , I, 7.

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§ 92. Daniel (606-534 avant Christ). - On n'a guère sur Daniel d'autres détails que ceux que nous donne le livre qui porte son nom. Il n'était pas de la famille sacerdotale , comme Jérémie et Ezéchiel ; il appartenait plutôt, comme Esaïe, à la tribu de Juda, et probablement à la race royale (Dan. , I, 6, 3). Il fut emmené à Babylone dans la quatrième année de Jéhojakim (606 avant Christ), huit ans avant Ezéchiel , âgé de douze ans suivant saint Ignace, de dix-huit selon Chrysostôme, selon toute apparence entre ces deux limites extrêmes (I , 4). Il fut placé à la cour de Nébucadnetsar, et instruit dans toute la science des Caldéens, à laquelle Dieu ajouta une science , une intelligence et une sagesse de beaucoup supérieures. Bientôt Daniel ayant, grâce à cette sagesse divine, interprété un songe de Nébucadnetsar , il fut élevé aux plus grands honneurs, il devint l'objet de toutes les faveurs du monarque, et fut nommé gouverneur de Babylone et chef des mages.

Sous les successeurs de Nébucadnetsar , il parait avoir perdu quelque peu de son crédit et n'avoir plus eu dans l'Etat qu'une position subalterne; mais une seule nuit, la dernière de Belsatsar, suffit à lui faire regagner tout le terrain qu'il avait perdu , et il redevint , sous la dynastie perse , ce qu'il avait été dans les premières années de Nébucadnetsar. Il mourut dans un âge avancé, ayant prophétisé pendant les soixante-dix ans de la captivité (I , 21); sa dernière prophétie est même postérieure de deux ans au retour de l'exil, ayant été prononcée dans la troisième année de Cyrus. Il ne parait pas avoir accompagné ses compagnons d'exil quand ils retournèrent à Jérusalem.

Quant à la chronologie des principaux événements racontés dans ce livre, le premier fait qui attira à Daniel la faveur de la cour de Babylone, la révélation et l'explication du songe de Nébucadnetsar , se passa en 603 avant Christ , dans la seconde année du règne de ce monarque , devenu seul roi par la mort de son père. Ussérius pense que c'est vingt-trois ans plus tard (580) qu'il faut placer l'histoire des trois jeunes gens dans la fournaise (chap. III). Daniel était probablement à cette époque employé ou occupé dans quelque autre partie de l'empire. Dix ans plus tard (570) eut lieu le second songe de Nébucadnetsar, et l'on croit que , pendant les sept temps de sa folie, Daniel gouverna le pays à sa place comme vice-roi. La date des événements racontés au chapitre V se place vers l'an 538 , à la fin du règne de Belsatsar; Daniel étant alors complètement retiré des affaires (versets 12 et 13). Dans une seule nuit le roi fut tué et la dynastie changée. Les dignités que Belsatsar conféra à Daniel dans ses dernières heures lui furent confirmées et conservées par Darius et par Cyrus.

Le livre se divise en deux parties bien distinctes : l'une historique (I à VI), l'autre prophétique (VII à XII). Les chapitres Il (depuis le verset 4) à VII sont écrits en Caldéen, le reste en hébreu.

La dernière moitié du livre a évidemment été écrite par Daniel lui-même; et quoique , dans la première , il soit mentionné à la troisième personne, on est généralement d'accord à penser qu'il est l'auteur de tout le livre. Ezéchiel , vers 584, parle de lui, et le cite comme un modèle de droiture et de sagesse , le plaçant au même rang que Job et Noé (XIV, 14 ; XVIII, 20 ; XXVIII, 23). Notre Seigneur le désigne comme prophète (Matth., XXIV, 15). Saint Paul fait allusion à lui (Héb. , XI, 33, 34) , et dans l'Apocalypse, Jean lui emprunte son langage. - On peut consulter sur l'authenticité de ce livre le traité de Hengstenberg sur Daniel, le commentaire de Haevernick, et l'introduction du même auteur à l'Ancien-Testament.

La seconde partie de Daniel peut , comme la première, se diviser en périodes distinctes. La première vision prophétique eut lieu la première année de Belsatsar (555) (chap. VII) ; la seconde, deux ans plus tard (553) (chap. VIII) ; la troisième (chap. IX), la première année de Darius le Mède (538) ; la dernière, la troisième année de Cyrus (534) (X à XII). - Le songe de Nébucadnetsar (chap. II) est également prophétique.

Les prédictions de Daniel ont toute la précision de l'histoire; on les a longtemps considérées comme une des preuves les plus importantes de la divine inspiration des Ecritures. Depuis Porphyre, l'incrédulité n'a eu d'autre ressource, pour échapper à la force de ce témoignage, que de prétendre que ses prophéties avaient été écrites après les événements annoncés.

Le chapitre Il contient une histoire abrégée des monarchies qui forment le principal sujet de ce livre. La statue représente la monarchie babylonienne sous la dynastie de Nébucadnetsar, l'empire des Perses, les Grecs et les Romains. Cette dernière monarchie se subdivise en dix royaumes , et donne naissance au royaume du Messie, indiqué par cette petite pierre qui se détache sans main, c'est-à-dire d'une origine miraculeuse, qui grandit comme une montagne, et finit par absorber, éclipser et faire disparaître les métaux les plus précieux , les trônes terrestres les plus magnifiques. Dans les derniers chapitres , les unes ou les autres de ces monarchies reparaissent encore de temps en temps.

Au chapitre VII , les quatre monarchies terrestres sont représentées par des bêtes féroces tout-à-fait caractéristiques. Des dix royaumes qui naissent de la quatrième, trois sont soumis et vaincus par une petite corne qui représente la puissance papale (verset 8). Cette puissance , que nous retrouverons encore, exercera sa tyrannie pendant douze cent soixante ans , puis viendra le triomphe des saints. Ce coup-d'oeil sur les quatre monarchies se rapporte plutôt au point de vue religieux , tandis que le précédent traitait le côté politique de leur existence.

Au chapitre VIII , nous avons l'histoire des empires médo-perse et macédonien, qui commencent, Fun avec Cyrus, et l'autre avec Alexandre. Le bélier à deux cornes , dont l'une est plus grande que l'autre , représente la dynastie médo-perse avec ses conquêtes (verset 4). Le bouc « avec une corne qui paraissait beaucoup , » c'est Alexandre qui renverse l'empire des Mèdes ; on voit ses conquêtes , puis la division de son empire en quatre parts ou cornes ; de l'une d'elles il en sort une autre, petite, mais qui ne tarde pas à grandir ; c'est Antiochus Epiphane, le tyran fourbe et cruel. Ainsi l'a expliqué l'antiquité juive et chrétienne presque entière; mais on peut croire que cette première explication ou application n'est que partielle , et qu'on en trouvera aussi la plus complète réalisation dans la puissance romaine.

Le chapitre IX annonce la venue du Messie. Au bout de sept semaines d'années, c'est-à-dire quatre cent quatre-vingt-dix ans , à partir du décret d'Artaxercès (Esdras, VII, 8-11) (457 avant Christ), les murailles de la ville seront reconstruites , et cela en un temps d'angoisse. Cette date nous conduit jusqu'au terme de l'administration de Néhémie. Puis après soixante-deux semaines, quatre cent trente-quatre ans , le Christ paraîtra et commencera son ministère ; a la moitié d'une semaine nouvelle, c'est-à-dire après trois ans et demi , il sera retranché.

Le chapitre X nous montre l'opposition du prince de Perse au décret de Cyrus en faveur des Juifs, et le triomphe de Micaël combattant pour le peuple de Dieu.

Au chapitre XI, le prophète reprend , en y ajoutant de nombreux détails , ses oracles et ses visions sur l'histoire des monarchies perse et macédonienne. Quatre rois de Perse sont prédits : Cambyse , fils de Cyrus, Smerdis, Darius et Xerxès, puis l'élévation d'Alexandre.

On voit ensuite l'histoire de son royaume , celle de ses successeurs au midi en Egypte, au nord en Syrie , jusqu'aux temps d'Antiochus Epiphane et de Ptolémée Philométor (verset 25). Leur caractère et leurs destinées sont clairement décrits. Au verset 30, le prophète annonce la conquête de la Syrie par les Romains, et de là jusqu'à la fin du livre nous avons une suite de prédictions dont l'accomplissement se trouve , selon quelques-uns , dans l'histoire d'Antiochus; selon d'autres, dans l'histoire de l'Eglise de Christ et spécialement dans celle de la papauté jusqu'à la fin des temps. Les derniers versets du chapitre XI sont certainement appliqués par saint Paul à l'Antichrist (2 Thes., II) , et les douze cent soixante années du chapitre XII sont rappelées dans l'Apocalypse comme une époque de trouble et d'oppression, qui sera suivie pour l'Eglise d'une grande délivrance.

Le livre de Daniel est d'une étude difficile, et qui ne se laisse aisément ni résumer, ni analyser. Il sera utile de consulter les commentaires spéciaux : en anglais, Moses Stuart, docteur Lee , Newton, Birks , Tregelles, Keith , etc.; en allemand, Haevernick ; en français, surtout Gaussen, Leçons sur Daniel.

Indépendamment de l'importance des prophéties contenues dans le livre de Daniel , nous y trouvons de nombreuses leçons morales et spirituelles. Il fut écrit au milieu des ténèbres de la plus terrible épreuve que le peuple de Dieu ait jamais eu à supporter, et cependant il contient les révélations les plus étonnantes sur les gloires futures de l'Eglise. Partout on reconnaît la providence de Dieu faisant concourir toutes choses pour le bien de ceux qui l'aiment. Les prophéties de Daniel comprennent toute l'histoire du monde , depuis la monarchie médo-perse jusqu'au grand jour de la résurrection des morts ; la foi des fidèles et leur confiance en la vérité de ces révélations lointaines est entretenue, activée, justifiée par des prophéties concernant des faits plus rapprochés , la mort soudaine de deux rois orgueilleux et impies, et la reconstruction de Jérusalem.

L'histoire des épreuves de Daniel et de ses compagnons , de leur constance, de leur fermeté, de leur délivrance , est bien instructive; elle nous montre une fois de plus le mystère des dispensations divines, et le secret de la fidélité et de la patience des serviteurs de Dieu, qui savent qu'ils peuvent compter sur une heureuse issue, quelles que soient d'ailleurs les apparences contraires. La promesse de la restauration de Jérusalem fut accordée à la prière et à la confession du prophète; la promesse accordait plus encore que la prière ne demandait. Daniel priait pour Jérusalem , Dieu lui accorda sa demande, et y ajouta la promesse du Messie comme roi. Les détails précis sur l'époque de la venue du Sauveur, les déclarations concernant son sacrifice expiatoire (IX , 24-26) , l'annonce de sa gloire future et de son second avènement sur les nuées du ciel (Cf. Actes, I , 11) font de ce livre une étude du plus vif intérêt pour l'Eglise.

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§ 93. Ezéchiel (595-571 avant Christ). - Ce prophète, dont le nom signifie la force de Dieu ou l'Eternel fortifiera , était, comme Jérémie , prêtre en même temps que prophète. Il fut emmené captif par Nébucadnetsar en même temps que Jéhojakim , en 599, onze ans avant la destruction de Jérusalem. Son ministère prophétique commença quatre ans après sa déportation , et toutes ses prophéties furent prononcées en Caldée, sur les rives du Chaboras, fleuve qui se jette dans l'Euphrate à Carkémis , à 100 lieues au nord de Babylone. C'est là qu'il demeurait (I, 1 ; VIII, 1) et qu'il perdit sa femme (XXIV, 18). La tradition raconte qu'il fut mis à mort par un de ses compatriotes , irrité comme tant d'autres de ses reproches et de ses prédications contre l'idolâtrie; au moyen-âge, on montrait encore son tombeau à quelque distance de Bagdad.

Il commença à prophétiser vers la cinquième année de la captivité de Jéhojakim (I, 2), c'est-à-dire pendant le règne de Sédécias, et il continua au moins jusqu'à la vingt-septième année de sa propre captivité (XXIX , 17). L'année de sa première prophétie est ainsi la trentième du règne de Nabopolassar et de l'ère de la réforme de Josias. C'est probablement à cette circonstance que se rapporte le chiffre indiqué I, 1 , ou bien à la trentième année de son âge (cf. Nomb. , IV , 3). L'influence dont il jouissait ressort des nombreuses visites qui lui étaient faites par des anciens, désireux de connaître les révélations que Dieu lui confiait (VIII, 1 ; XIV, 1; XX, 1).

Ses écrits dénotent une vigueur remarquable, et l'on voit qu'Ezéchiel était bien qualifié pour lutter contre le peuple de col roide et de coeur dur, auprès duquel il était envoyé. Ce qui le caractérise surtout, c'est le parfait accord entre son ministère et sa vie toute entière il n'agit, ne parle, ne pense qu'au point de vue de son oeuvre toujours il se souvient qu'il est prophète. Sous ce rapport, ses écrits contrastent singulièrement avec ceux de Jérémie, son contemporain, qui plus d'une fois raconte son histoire ou donne essor à ses impressions personnelles. On voit cependant , par les quelques mots consacrés à la mort de sa femme, qu'il était susceptible de sentir vivement.

Le point central de tous ses oracles, c'est la destruction de Jérusalem. Quelques-unes de ses prophéties sont antérieures, les autres postérieures à cet événement. Son but principal est d'abord d'appeler à la repentance ses compatriotes endormis dans une trompeuse sécurité , de les prémunir contre l'espérance illusoire que le secours de l'Egypte leur permettra de secouer le joug de Babylone (XVII, 15-17. Cf. Jér. , XXXVII, 7), et de les prévenir enfin que la destruction de la ville et du temple est non-seulement inévitable, mais prochaine. Après cet événement, il s'occupe surtout de consoler les exilés en leur promettant, par le secours de Dieu, la délivrance, le retour dans leur patrie et la reconstruction de la ville et du temple; il leur fait entrevoir aussi, pour relever leur courage, de nouvelles bénédictions. Entre ces deux grandes divisions de son livre, c'est-à-dire du chapitre XXV au XXXIIe, nous avons des prophéties contre des peuples étrangers, prononcées pour la plupart dans l'intervalle entre la première nouvelle du siège de Jérusalem par Nébucadnetsar et la nouvelle de la prise de la ville (XXIV , 2 ; XXXIII, 21). - Les dates de ses prophéties sont en général clairement indiquées.

Haevernick divise en neuf sections distinctes le livre d'Ezéchiel, et ces sections sont assez naturelles pour qu'on puisse croire qu'elles ont été dans la pensée du prophète lui-même.

Vocation d'Ezéchiel aux fonctions prophétiques (I à Ill, 21). Dieu apparaît au milieu d'une nuée entre les chérubins et donne au prophète un rouleau sur lequel sont inscrits des caractères prophétiques, en lui ordonnant de le manger, c'est-à-dire d'en méditer le contenu.

Prédictions et figures symboliques annonçant la prochaine destruction de Juda et de Jérusalem (III, 22 à VII). Les trois cent quatre-vingt-dix années de la défection d'Israël et les quarante années pendant lesquelles la rébellion de Juda a été plus particulièrement manifeste sont rappelées par le siège typique du chapitre IV. Au chapitre V on voit le triple jugement de la peste, de l'épée et de la dispersion.

Un an et deux mois plus tard, le prophète voit en vision le temple souillé par le culte de Thammuz (Adonis) , les adorateurs se tournant comme les Perses idolâtres vers l'Orient, les jugements qui fondent sur Jérusalem et sur ses prêtres, un petit nombre seulement étant marqués pour être épargnés ; ces oracles se terminent par la promesse de temps meilleurs et d'un culte plus pur (VIII à XI). Dieu semble ne vouloir s'éloigner que lentement, du temple d'abord, de la ville ensuite.

Reproches et avertissements particuliers (XII à XIX). Par deux signes symboliques , le prophète fait d'abord connaître aux captifs le sort réservé à Israël (chap. XII); il rappelle (XIII, 18) que les faux prophètes, tant à Jérusalem qu'à Babylone (Jér., XXIII, 16; XXIX, 8), ne parlaient au peuple que de paix et de repos; il répète ses menaces en présence de quelques anciens qui étaient venus le visiter dans l'espoir d'obtenir de lui des oracles en contradiction avec ceux de Jérémie (chap. XIV); il représente Israël comme une vigne stérile (chap. XV) et comme une nation adultère (chap. XVI). Au chapitre XVII , il montre par un grand aigle (Nébucadnetsar) qui a enlevé la cime d'un cèdre (Jéhojakim) , et par un autre grand aigle (Pharaon) vers lequel un cep étend ses branches (Sédécias), que l'un et l'autre ceps seront arrachés, et que leurs racines sécheront; puis, après avoir reproché à Sédécias la violation du serment qu'il avait prêté (verset 15. Cf. 2 Chron. , XXXVI, 13), il annonce la restauration d'Israël et sa nouvelle prospérité sous l'emblème du Rameau messianique. Le prophète termine cette série en rappelant au peuple que ses épreuves sont la conséquence de ses propres fautes et non pas seulement la punition des péchés des pères (chap. XVIII).

Autre série d'oracles, prononcés environ un an après les précédents, lorsque Sédécias se fut révolté contre l'Egypte. Sédécias sera renversé, Jéhojakim sera élevé (XXI, 31. Voyez XVII, 24) et tous les changements qui se préparent auront lieu en vue de « Celui à qui appartient le gouvernement » (verset 32. - Chap. XX à XXIII).

Le chapitre XXIV fut écrit deux ans et cinq mois plus tard, le jour même où commençait le siège de Jérusalem (XXIV, 1. Cf. 2 Rois, XXV, 1). Il annonce la complète destruction de la ville. Le même jour le prophète perdit sa femme, mais il ne mena point deuil , signifiant par là que la ruine de Jérusalem serait pour les malheureux Juifs une si effroyable catastrophe, qu'elle ne leur laisserait pas même le temps de pleurer leurs morts.

Prophéties contre les nations étrangères (XXV à XXXII). Elles s'étendent sur une période de trois années, pendant toute la durée du siège de Jérusalem ; et pendant tout ce temps, aucune prophétie ne fut prononcée contre Israël (voyez XXIV, 27). Le prompt et rapide accomplissement de quelques-uns de ces oracles , en montrant à tous les âges la vérité des Ecritures, avait en outre pour but de donner aux Israélites une garantie morale de l'accomplissement assuré des autres portions de la prophétie.

Les oracles relatifs à Israël recommencent. Le signe annoncé, un réfugié de Jérusalem, est arrivé (cf. XXIV, 26; XXXIII, 21). Exhortations à la repentance. Prophétie contre Edom. Triomphe d'Israël et progrès du règne de Dieu sur la terre (chap. XXXIII à XXXIX).

Représentations symboliques des temps du Messie : grandeur et beauté de la sainte cité et du nouveau temple (XL à XLV III). - Ces derniers chapitres renferment de nombreuses difficultés. Quelques-uns ont voulu y voir un souvenir donné au temple de Salomon; selon d'autres, le prophète décrivait la gloire du second temple reconstruit; d'autres y voient enfin la description du temple spirituel qui est encore à venir. En y regardant de pré,,, , en tenant compte des détails, d'après l'analogie des derniers chapitres de l'Apocalypse et d'après la teneur générale du langage prophétique, on peut avec les meilleurs commentateurs contemporains, Haevernick , Fairbairn et autres, admettre que le prophète a en vue la grandeur, la gloire et la prospérité assurée du royaume de Dieu sur la terre à la fin des temps.

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§ 94. Abdias (588-583 avant Christ). - Le temps auquel Abdias prononça sa prophétie ne peut être déterminé d'une manière certaine; ce fut probablement entre la destruction de Jérusalem par les Caldéens, sous Nébucadnetsar (588 avant Christ) , et la conquête d'Edom qui eut lieu cinq ans plus tard. Quelques auteurs donnent à' ce livre une date plus ancienne et le placent, mais sans raisons suffisantes , à l'époque d'Ezéchias. L'histoire et la personne du prophète sont peu connues; plusieurs personnages éminents, portant le même nom , sont mentionnés dans l'Ecriture. Contemporain de Jérémie et d'Ezéchiel, le prophète traite les mêmes sujets, et ses écrits rappellent les leurs en plusieurs passages (cf. 1 et 4 , Jér. , XLIX, 14-16. - 6 , 8, Jér., XLIX, 9, 10. - 9 , Ezéch. , XXV, 13. - 12, Ezéch., XXXV, 15).

Israël n'avait pas de plus grands ennemis que les Edomites. Ils étaient fiers de leur sagesse , devenue proverbiale (verset 8) et de leur forte position au milieu de rochers imprenables (verset 3).

Mais le prophète annonce que leurs trésors seront découverts ; il réprouve les cruautés qu'ils ont commises , eux , les fils d'Esaü, envers les Juifs , leurs frères , issus d'un même sang ; il condamne la joie qu'ils ont éprouvée en apprenant les malheurs de Jérusalem, et les encouragements qu'ils ont donnés à Nébucadnetsar, l'excitant dans son couvre d'extermination (Ps. CXXXVII, 7). Pour toutes ces choses , le jour de la rétribution est arrivé. « Comme tu as fait, il te sera ainsi fait (verset 15). » Leur hostilité jalouse, et qui s'est manifestée dès les temps les plus anciens de leur histoire (Nomb., XX, 14-21) va trouver enfin son châtiment.

Mais la race élue doit elle-même être emmenée en captivité; la terre sainte va devenir déserte; la ville sainte va être réduite en cendres , et les épreuves terribles dénoncées contre les Edomites ne sont pas plus grandes que celles qui vont frapper le reste de la maison de Jacob. N'y aurait-il entre ces deux branches de la même famille aucune différence? Le prophète va le dire. Edom ne se relèvera jamais; il n'y aura rien de reste de la maison d'Esaü ; les nations seront comme si elles n'avaient jamais été, prophétie qui a été littéralement accomplie et de la manière la plus remarquable; mais Israël se relèvera; il reprendra possession de sa terre et même des terres voisines de la Philistée et de l'Idumée, et il se réjouira dans le règne glorieux du Messie promis à ses pères (voyez Ire partie , § 57 bis. - Cf. Amos, I, 11, 12; IX, 11-15. Joël, III, 19, 20. Ezéch., XXXV).


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