SECTION II - Difficultés scripturaires.

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§ 145. Sources et nature de ces difficultés. - Bien des problèmes de la théologie, a dit Bacon, ne peuvent avoir d'autre solution que ces mots : « 0 profondeur ! » Celui qui voudrait comprendre et approfondir toutes les choses secrètes de Dieu , devrait connaître d'abord quatre choses que l'homme ne connaîtra jamais complètement , les mystères du royaume de la gloire, la perfection des lois de la nature, les secrets du coeur de l'homme et les secrets des âges à venir.

La Bible a été écrite « pour notre instruction » et « sous l'inspiration de Dieu ; » elle renferme néanmoins « des choses difficiles à comprendre. » Les chrétiens sont souvent fatigués des objections dont ce fait est le prétexte ou le motif , et les incrédules s'en font une excuse pour rejeter l'autorité de la révélation. Il importe donc d'examiner ces difficultés dans leur origine , leur solution, leur usage, et de voir comment elles peuvent cadrer avec le caractère et le but d'un livre qui se donne comme inspiré, et utile pour instruire.

Quant à leur origine, il est aisé de s'en rendre compte. Les langues dans lesquelles la Bible a été écrite sont mortes maintenant et hors d'usage ; elles sont différentes l'une de l'autre et différentes de la nôtre ; les expressions , les images , les pensées appartiennent à des personnes, des contrées , des époques différentes ; les moeurs et les coutumes qu'elle décrit sont perdues ; ses sujets sont variés à l'infini et comprennent une portion de l'histoire de tous les peuples, à plusieurs siècles d'intervalle ; le système de vérité qu'elle révèle a pour but d'agir sur le monde entier et sur tous les hommes ; il doit exercer son influence sur la vie présente et sur la vie à venir ; ses préceptes et les aperçus qu'elle donne sur l'un et sur l'autre monde sont exprimés en des termes qui n'appartiennent qu'au monde actuel, et toute cette révélation est renfermée en un seul, court et substantiel volume. Si l'on tient compte de ces faits et d'autres semblables , on comprendra qu'il était impossible d'éviter qu'il n'y eût des difficultés dans une révélation restreinte dans de si étroites limites, qui s'adresse à l'esprit de l'homme mortel et fini, au milieu des changements attachés à tout ce qui est humain. Il doit nécessairement s'y trouver des difficultés qui exigent pour être résolues des connaissances que personne ne peut se flatter de posséder, et d'autres difficultés qui, malgré une solution partielle, laissent encore bien des choses à éclaircir.

Ou bien la Bible aurait dû être écrite sans renfermer la moindre allusion à l'histoire et aux faits ordinaires de la vie , sauf ce qui serait nécessairement dans les habitudes de chaque homme, à toutes les époques ; ou bien les difficultés doivent abonder. Et de fait elles abondent à quelques égards, mais elles tiennent moins aux écrivains eux-mêmes qu'aux lecteurs et à leur ignorance des langues, des habitudes ou des faits de l'antiquité sacrée.

En comparant ce qui a été dit ( chap. I, section V; chap. IV, section I et suiv. ) et ce qui sera dit dans les introductions de la seconde partie, on verra que les difficultés scripturaires réelles proviennent :

a) de l'incertitude du texte ;

b ) du sens des mots ou des phrases, du rapport des arguments, du but de certains livres et de l'auteur à qui ils doivent être attribués ;

c) des us et coutumes du pays et du siècle dans lequel les auteurs sacrés ont vécu ;

d ) de la chronologie , de l'histoire , de la géographie, etc ;

e ) de l'apparente contradiction qui existe entre certains préceptes et vérités de la révélation, au point de vue des termes employés ;

f) enfin , des sujets mêmes qui font l'objet de la révélation, ce dernier point renfermant toutes les difficultés spirituelles ou morales que peut offrir la vérité révélée.

Examinons brièvement les unes et les autres.

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§ 146. Difficultés provenant du texte. - Il est quelquefois difficile de rétablir le texte primitif et de choisir entre plusieurs variantes ; un seul exemple suffira pour en donner une idée. Nos versions lisent (Gen., XLIX, 6) « ils ont enlevé les boeufs : » le mot hébreu est shoûr, et sa traduction littérale devrait être dans ce cas « ils ont percé une muraille ; » mais outre qu'il n'y a aucune circonstance de ce genre mentionnée dans leur histoire , ce fait serait presque innocent en comparaison de ce que Jacob pouvait encore reprocher à ses fils (voyez XXXIV, 25) ; pour justifier la traduction française il faut lire shôr, mais l'objection précédente reste la même ; d'autres enfin , et avec assez de raison, lisent sàr, ou tsar, un prince : « ils ont tué un prince, » c'est la traduction syriaque.

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§ 147. Difficultés provenant des mots ou des phrases. - Plusieurs de celles qui ont été traitées au chap. IV, section VI, appartenaient à cette catégorie; leur solution est le résultat des travaux modernes.

Le texte étant fixé, il reste à l'expliquer; les difficultés qui peuvent se présenter tiennent aux diverses causes suivantes :

a. Au sens des mots ou des phrases. - Les mots « grâce pour grâce » ont été entendus de bien des manières. Ils signifieraient, d'après Chrysostôme, Bèze, Erasme, « les bienfaits de l'Evangile au lieu des avantages de la loi; » - d'après Leclerc, « des grâces additionnelles comme récompense de grâces dont on a fait un bon usage; » - d'après Grotius , « la grâce qui vient de la grâce de Christ; » - d'après Doddridge, Wesley, Olshausen, « grâce sur grâce, c'est-à-dire abondance de grâce c'est probablement le sens exact, quoique la préposition pour, n'ait nulle part ailleurs ce sens dans le Nouveau-Testament. C'est peut-être un hébraïsme pour al ou hal (sur), et Von en trouve même des exemples dans les auteurs classiques.

Héb., XII, 17. « Quoiqu'il LA demandât avec larmes. » La peut se rapporter à la repentance, à la sienne, ou encore à celle de son père (Dodd.) ; mais il est plus probable qu'il se rapporte à la bénédiction de son père (Gen., XXVII, 34).

Héb., IX, 16. « Où il y a un testament, il est nécessaire que la mort du testateur intervienne, » peut s'entendre de deux manières, - ou bien : là où il y a un testament, il faut que le testateur meure avant qu'il reçoive son exécution; c'est le sens de nos versions, de Guyse, de Moses Stuart, etc. ; - ou bien : là où il y a contrat et alliance, la victime qui en est le gage doit d'abord être mise à mort; Michaélis, Mackensie, Doddridge, Bloomfield.

1 Cor., XI, 10. « C'est pourquoi la femme doit avoir

(1) une (marque de l') autorité (de son mari)

(2) sur la tête

(3) , à cause des anges. »

Selon les uns, la marque de l'autorité, c'est un voile, mais nulle part ailleurs on ne trouve rien qui légitime cette explication; les autres prennent le mot autorité dans son sens ordinaire , et le mot tête ou chef, dans un sens figuré, pour mari; la femme doit avoir, ou ne doit avoir d'autorité qu'en son mari ou par lui (cf. 1 Tim., Il , 11-13) ; à cause des anges, c'est-à-dire à cause des mauvais qui se réjouiraient d'une tenue peu décente , ou à cause des bons qui observent sa conduite (Ecclés., V, 6), ou à cause des ministres de l'Eglise (Apoc., III) , ou à cause des espions envoyés par les païens ! Ce passage, dit Barnes, est du très-petit nombre de ceux qu'on peut regarder comme inexplicables.

Quand le langage est figuré, les difficultés sont plus grandes encore.

Ps. CIV, 1-3, par exemple, est figuré; les expressions peuvent aussi bien se rapporter au tabernacle qu'à la nature; la lumière peut être la gloire de la Shekinah; les cieux étendus sont le voile du sanctuaire ; les planchers des hautes chambres sont les pièces du tabernacle; les nuées, son chariot, sont les mouvements de la Shekinah; les ailes du vent se rapportent aux voyages et transports successifs de l'arche. Mais le reste du psaume se rapporte évidemment à la nature.

Chez Ezéchiel les descriptions sont quelquefois claires, quelquefois à dessein ambigües.

b. Au rapport des arguments. - 2 Pierre, I, 19. « La parole prophétique plus ferme, » que quoi? que les fables du verset 16 ? C'est l'opinion de Chandler. Plus ferme que la transfiguration , d'après Sherlock. Il est plus probable que le sens est la parole prophétique confirmée, soit par la transfiguration, soit plutôt par son accomplissement dans le Nouveau-Testament. La prophétie était une lampe dans un lieu obscur , l'accomplissement en Christ est le crépuscule , l'aurore.

c. Au but et à l'auteur douteux de certains livres. - Prenons Job pour exemple. Quelques-uns le regardent comme fort ancien, contemporain de Moïse, peut-être même plus ancien encore (Michaélis, Schulthens, Lowth) ; d'autres comme relativement moderne, contemporain des rois ou de la captivité (Heath , Warburton) écrit par Job , ou par Elihu (Dupin, Lowth , Schulthens, Lightfoot) traduit par Moïse (Patrick, Grey); écrit par lui (Michaélis, Lowth) par Salomon (Spanheim), ou par Esdras (Warburton). - Quelques-uns y voient une histoire réelle (Lowth, Schulthens) ; d'autres une allégorie (Michaélis, Warburton). - Son but est, selon les uns, de donner un modèle de patience (Schulthens, Grey) , de prouver que la piété D'empêche pas les épreuves (Lowth), de manifester la grâce souveraine de Dieu ou de combattre la doctrine manichéenne de l'existence d'un pouvoir du mal égal à Dieu (Sherlock) ; de fortifier le courage des Israélites en Egypte (Michaélis), ou pendant la captivité (Heath), ou d'expliquer le changement du gouvernement providentiel de Dieu après la captivité, c'est-à-dire la substitution d'un système plus spirituel au système de récompenses terrestres qui avait régné jusqu'alors (Warburton). On peut ajouter que ce livre répond en effet à plusieurs des objets indiqués, et que des recherches, comparativement modernes, ont jeté beaucoup de jour sur son contenu.

d. Aux mots et au contexte tout ensemble. - Un des mots les plus difficiles de l'Ecriture, c'est la particule Signifie-t-elle seulement afin que, ou peut-elle signifier aussi de sorte que? Dans le premier cas elle exprime toujours l'intention dans laquelle une chose a été faite; dans le second elle constate la conséquence d'un acte sans supposer d'intention chez celui qui l'a fait. (Le premier sens est appelé par les savants télique, de le second, ecbatique, de Les autorités sont divisées. Tittmann, Stuart, Robinson, Burton, maintiennent les deux sens; Winer, de Wette, Olshausen, n'admettent que le premier. Le sens télique est plus conforme à l'usage classique , et c'est aussi le plus ordinaire dans l'Ecriture; cependant le second semblerait préférable dans des passages tels que Jean, IX, 2. Luc, XI, 50. Rom., XI, 11 , quoique quelques-uns, même ici , conservent le sens télique. - On emploie quelquefois cette particule pour exprimer non le principal but, mais un résultat accessoire (Rom., V, 20; XI, 32. Jean , V, 20 ; I, 7; XV, 6). Cet usage plus large du mot vient peut-être des Septante qui l'emploient souvent dans des passages où ni l'hébreu ni le contexte n'indiquent un sens télique, et bien plutôt le sens contraire (voyez Gen., XXII, 14, Septante).

e. Au texte et au sens à la fois. - Ainsi le texte d'Esaïe, LIII, a été altéré en plusieurs endroits par les copistes. De même Michée, V, 1 -4, cité Matth., Il, 6. Voyez encore plusieurs autres passages cités dans le Nouveau-Testament : Esaïe, III, 6, 7; VI, 10; VIII, 12-18 ; XVI, 1-7 ; XLVIII , 16.

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§ 148. Difficultés provenant des coutumes. - Quand le sens des mots a été fixé, il est quelquefois difficile de comprendre l'usage auquel ils font allusion. - Ecclés., XI, 1. « Jette ton pain sur la surface des eaux, car avec le temps tu le trouveras, » c'est-à-dire donne du pain à ceux qui sont dans l'affliction (Gill) ; ou : sème ton grain sans espoir de récolte, c'est-à-dire soyez désintéressés dans votre libéralité (Jebb.); ou : soyez libéral et généreux pendant que vous en avez les moyens (Boothroyd) ; ou enfin et avec plus de probabilité : ayez largement confiance en Dieu; dans vos dons et dans vos efforts agissez avec foi, comme le cultivateur qui sème son riz sur les terres inondées, et qui attend en paix la moisson , les champs de riz étant inondés à peu près depuis les semailles jusqu'à l'époque des moissons (Dr Clarke).

Il est fait allusion à plusieurs coutumes dans les passages suivants , qui, à cause de cela , présentent des difficultés (Esaïe, III, 16 ; XLIX, 16, 23; L, 1, 6; LI, 23; LII, 2; LVII, 6-9; LXV, 3, 4; voyez les commentaires).

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§ 149. Difficultés résultant de la chronologie et de l'histoire. - Elles sont nombreuses.

Gen., IV, 17. La fondation d'une ville par Caïn a soulevé la question : Qui donc a pu l'habiter? Des calculs faciles à vérifier prouvent que cinq cents ans après la création, les descendants de nos premiers parents pouvaient s'élever déjà à plusieurs centaines de mille (Dr A. Clarke).

Les variantes et les leçons erronées, dans les chiffres surtout, provenant de la ressemblance des lettres employées ou des différentes manières de compter, ont causé de grandes difficultés en chronologie et dans les questions de nombre en général. Il en est de même du reste dans les auteurs profanes. D'après Cicéron, Cyrus régna trente ans, en comptant depuis son association avec Cyaxarès; d'après le canon de Ptolémée, neuf ans en comptant depuis la prise de Babylone; d'après Xénophon, sept ans depuis qu'il occupa seul le trône. Cette manière de compter est peut-être celle d'Esdras, I, 1.

Quant aux difficultés historiques, elles sont de deux sortes, les unes provenant de la comparaison de différentes parties de l'Ecriture entre elles; les autres, de la comparaison de l'Ecriture avec les données de l'histoire profane.

Quelquefois elles viennent de ce que certains noms sont écrits différemment; ainsi Eliham , 2 Sam., XI, 3, est appelé Hammiel 1 Chron., III, 5; de même Nébucad-Netsar, ou Retsar. D'autres fois la relation d'un même fait est placée dans de tout autres circonstances (cf. 2 Sam., V, 23 et 1 Chron., XIV, 14).

A. Quand on compare des passages parallèles et en apparence contradictoires des Ecritures, il faut se rappeler les faits suivants :

a. Des faits que l'on croit contradictoires sont quelquefois réellement différents; ainsi , Matth., I, 1 , nous avons la généalogie du Sauveur par Joseph, et, Luc, III, 23, sa généalogie par Marie.

b. Dans la narration d'un même fait deux historiens peuvent raconter des circonstances différentes, l'un plus, l'autre moins; le récit plus complet renferme celui qui l'est moins, et ce dernier n'est pas contradictoire du premier (cf. Luc, Il , 39 et Matth., II, 22 , 23) ; ces versets racontent un même fait avec quelques détails différents qui ne s'excluent pas les uns les autres. - Voyez encore, sur la vocation des douze apôtres, Luc, V, 1-11. Matth., IV, 18-22. Marc, I, 16-20. Greswell pense que les faits racontés par Luc ont eu lieu plus tard; Robinson les accepte tels qu'ils sont , et ne voit aucune difficulté à les concilier. - Cf. aussi l'histoire des deux démoniaques (Marc, V, 1-21. Matth., VIII , 28, à IX , 1. Luc, VIII, 26-40).

c. La même observation s'applique au récit de ce qui a pu être dit en une certaine occasion, l'un des historiens reproduisant les termes propres, l'autre se contentant du sens général , ou bien chacun en rappelant une partie différente, ou changeant l'ordre des idées suivant le but qu'il se propose; - voyez, par exemple, les paroles du souper du Seigneur, ou les inscriptions de la croix; comparez encore Matth., XIX, 3-12. Marc, X,2-12.

d. Quelquefois une chose est attribuée à une personne, et ailleurs elle est attribuée à une autre personne , mais agissant par l'ordre de la première (Matth., VIII , 5, 6. Luc , VII, 2 , 3. - Marc, X, 35 et Matth., XX, 20) ; d'autres fois le pluriel est employé, quoique l'observation spéciale ne s'applique qu'à une seule personne (Matth., XXVI , 8 ; cf. Jean, XII , 4. - Matth., XXVII, 44; cf. Luc, XXIII, 39-42).

e. Une expression tout-à-fait générale doit souvent être limitée dans son sens par une expression d'une portée plus restreinte, ou un mot obscur expliqué par un mot clair (Matth., X, 10. Marc, VI, 8. Luc, IX, 3).

f Les récits de l'Ecriture ont été recueillis et compilés dans des principes et avec un but quelquefois différents. Quelques écrivains s'attachent davantage à l'ordre chronologique , d'autres groupent les faits semblables et les incidents de même nature. Il faut étudier le principe qui prévaut dans l'arrangement de chaque livre particulier, et y rapporter l'harmonie de chaque détail. - L'ordre est presque toujours chronologique chez Marc et Luc; Matthieu réunit par groupes les faits, les discours, les paraboles (voyez deuxième partie) ; quelquefois cependant il suit l'ordre chronologique, et le marque par les expressions dont il se sert. Dans l'histoire de la tentation , par exemple, chap. IV, il indique l'ordre par l'emploi des mots alors ou ensuite ; Luc (IV) suit un ordre différent, mais il ne dit pas qu'il donne les faits dans leur ordre réel ; il se sert simplement des mots et ou mais. - Gen., 1, 27. La création de l'homme est sommairement indiquée; elle est rapportée avec plus de détail, Il , 7, 21 , de manière à amener une apparente contradiction. - L'ordre du souper du Seigneur et la trahison de Judas sont racontés par Jean , Marc et Matthieu; il faut placer Jean, XIII, 26-35 , entre les versets 25 et 26 de Matthieu , XXVI; chez Luc, XXII , les versets 19 et 20 se placent après 21-33. - On peut de même rétablir l'ordre d'Esaïe, XXXVIII, 21 , 22 , par la comparaison de 2. Rois, XX, 7, 8. - L'arrangement actuel des psaumes et celui des oracles des prophéties sont de même la source de plusieurs difficultés; c'est au travail de les vaincre (voyez deuxième partie).

g. Il y a quelquefois aussi une contradiction apparente entre le récit original et les allusions qui y sont faites ailleurs ; la contradiction s'explique soit par une variante erronée, soit autrement encore. - Matth. , Il , 25, 26. « Aux jours d'Abiathar ; » voyez 1 Sam. , XXI, 1, 2. C'est Abimélec qui était souverain sacrificateur à l'époque du fait mentionné, mais Abiathar son fils vivait déjà, et Marc le nomme parce qu'il était plus connu (lue son père, comme souverain sacrificateur, et qu'il fournit une date plus facile à se rappeler. - Matth., XXIII, 35. Zacharie, fils de Barachie ; voyez 2 Chron., XXIV, 21, où le père est appelé Jéhojadah ; les deux noms ont en hébreu à peu près la même signification (celui que Dieu bénit , ou dont il prend soin) , comme Hosias, la force de l'Eternel , est appelé aussi Hazaria, celui que l'Eternel aide ( 2 Chron., XXVI, 1. 2 Rois, XIV, 21. - Actes, VII, 16. « qu'Abraham avait acheté; » mais

a) ce fut Jacob qui l'acheta ( Gen., XXXIII, 19. Josué, XXIV, 32.)

b) Jacob fut enterré à Hébron et non à Sichem ( Gen. , L, .13). Il est probable que les mots « furent transportés » ne se rapportent qu'à « nos pères, » et que le nom d'Abraham doit être omis ; de sorte qu'on lirait : « qu'il avait acheté , » il , c'est-à-dire Jacob , dont le nom précède.

h. L'allusion à un récit renferme quelquefois plus que le récit lui-même, mais il ne peut y avoir là de difficulté sérieuse ni de contradiction réelle ; les premiers écrivains n'ont pas tout écrit, et ceux qui rapportent après eux des faits anciens peuvent les compléter dans le même esprit. - Les fers mis aux pieds de Joseph ( Ps. CV, 18) , les paroles du Seigneur citées Actes , XX , 35 , l'apparition de Jésus à Jacques ( 1 Cor. , XV , 7 ) , le mariage de Salmon et de Rachab ( Matth. , I, 5 ) ne sont pas racontés en leur place. ( Voyez encore Jude, 9 et 14. Apoc., II, 14. 2 Tim., III, 8. )

B. Quand on compare les récits de l'Ecriture avec ceux des écrivains profanes, on peut rencontrer des contradictions; mais en général presque toutes ont été résolues par les travaux de la science, et elles n'ont fait qu'ajouter de nouvelles preuves à l'authenticité et à la véracité parfaite des Ecritures. - Il est dit, Luc, Il , 2 , qu'un dénombrement fut fait lorsque Cyrénius avait le gouvernement de la Syrie; Greswell et Tholuck traduisent : avant que Cyrénius eût le gouvernement , etc. ; Burton et d'autres pensent que le dénombrement ordonné douze ans auparavant n'eut son effet , c'est-à-dire n'obligea au paiement de l'impôt , que lorsque Cyrénius fut nommé gouverneur. Le fait est que le recensement fut ordonné par Auguste trois ans avant la naissance de Jésus-Christ, mais que l'impôt qui en fut la conséquence ne fut exigé que douze ans plus tard, quand Cyrénius fut appelé au gouvernement de la Syrie. Voyez d'autres exemples dans Paley, Lardner , etc. - Daniel mentionne quatre rois de Babylonie et de Perse: Nébucadnetsar, Belsatsar, Darius le Mède et Cyrus. Le premier est bien connu; le second est mentionné par les écrivains profanes, mais sous d'autres noms (Hérodote l'appelle Labynetus , et Bérosus Naboned); le troisième ne fut roi que de nom : c'est le Cyaxare II de Xénophon ; Cyrus eut pour successeur Cambyse , puis Smerdis, et Darius Hystaspe (Esdras , VI, 1). Son successeur fut Artaxerces Longuemain , celui de Néhémie ; puis un autre Artaxerces et deux autres rois du nom de Darius occupèrent le trône jusqu'au moment où l'empire tomba sous les attaques d'Alexandre, 331 ans avant Christ. L'identité des noms et la confusion des chronologies perse et assyrienne sont la source de bien des difficultés ; mais une étude sérieuse et profonde triomphe de toutes (voyez encore Horne, Newton sur les prophéties, Prideaux et les ouvrages spéciaux).


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