CHAPITRE V.

DE L'ÉTUDE SYSTÉMATIQUE ET RAISONNÉE DES ÉCRITURES.

SECTION Ire. - Etude des doctrines de l'Ecriture.

 

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§ 128. Mode de révélation de la doctrine. - La vérité peut prendre différentes formes dans sa manifestation; elle revêt la forme de l'autorité quand elle se manifeste comme loi ; dans l'histoire, elle se révèle comme exemple; parfois elle se présente sous forme de promesses , plus ordinairement encore sous forme doctrinale et sentencieuse. Les vérités bibliques sont , à cet égard, comme toutes les autres ; elles se révèlent sous ces diverses formes , et souvent sous plusieurs à la fois. Un commandement renferme une doctrine, une doctrine peut renfermer une promesse; et l'une et l'autre correspondent à un devoir.

Si les commandements , les doctrines et les promesses de l'Ecriture étaient tous rangés sous des chefs distincts et classés par catégories, nous aurions un système, un ensemble de vérités reposant sur un principe. Si les doctrines et les préceptes qui se rattachent à une même vérité étaient groupés autour de cette vérité , nous aurions également un système , mais fondé sur un principe différent. Dans le premier cas , les vérités scripturaires seraient classées et divisées suivant le mode de leur révélation, «après la forme plutôt que d'après le fond, en préceptes , promesses et doctrines. Dans le second cas, au contraire, les différentes formes et manifestations de la vérité se confondraient sous un même chef, et la classification aurait lieu suivant le fond même des vérités enseignées. Pour celui qui étudie soigneusement les Ecritures, l'un et l'autre systèmes ont leurs avantages, et ils doivent être combinés.

Le meilleur système, en effet, consiste dans cette vue d'ensemble qui permet de donner à chaque portion de la Parole de Dieu sa signification exacte , et d'assigner à chaque vérité et à chaque devoir la place qui lui appartient pour l'ordre et pour l'importance, chaque vérité et chaque devoir faisant ressortir l'ensemble, et en retirant à son tour une plus grande lumière et une plus grande force.

La nécessité d'un travail de ce genre n'est pas particulière à la Bible seule. La nature et la Providence nous présentent pareillement des faits nombreux, des phénomènes divers, qui sont répandus partout avec la plus grande profusion. C'est le devoir de la science de les recueillir, et de démêler la pensée d'ordre et d'unité qui relie entre eux des objets si divers et si disparates. Les lois générales qui régissent l'univers, les règles de conduite par lesquelles les hommes se gouvernent eux-mêmes sont également des faits qui doivent être réduits en systèmes par l'étude et l'observation. Dans tous les cas, on doit avoir recours à un même principe comme point de départ, l'induction philosophique. Les textes de l'Ecriture forment la base de la théologie, comme les faits de la nature la base des sciences naturelles, et les faits de la conscience la base de la philosophie morale. Néanmoins l'Ecriture nous fournit encore cet avantage que, tandis que dans la nature nous n'avons que des faits isolés dont nous devons déduire les lois générales , dans la Bible nous trouvons les lois générales de la vérité et du devoir, aussi bien que les faits de détail qui nous montrent l'application de ces lois aux circonstances de la vie ordinaire.

L'étude systématique de l'Ecriture diffère matériellement de son interprétation proprement dite, ou exégèse. Cette dernière ne porte que sur le sens de passages considérés isolément , tandis que la théologie systématique les considère dans leur ensemble, dans leurs rapports les uns avec les autres et dans leurs rapports avec nous.

Il y a entre les doctrines et les préceptes du christianisme une relation intime, une connexion essentielle. Non-seulement la doctrine renferme implicitement un commandement, mais encore elle présente la vérité sous une forme qui est de nature à exciter de saintes affections, et ces affections sont le principe immédiat d'une vie sainte. La foi aux doctrines de l'Evangile et l'obéissance sont par conséquent inséparables. « La moralité, c'est la religion en pratique; et la religion, c'est la morale en principe. » Celui qui aime Dieu garde ses commandements , et celui qui garde ses commandements aime Dieu. L'homme peut essayer de séparer ce que Dieu a joint; il peut exposer la vérité de manière à détruire la moralité; il peut essayer d' « anéantir la loi par la foi; » il peut retenir « la vérité dans l'injustice. » Mais Dieu a voulu que la vérité portât toujours des fruits de sainteté, comme inhérents à sa nature , essentiels à la vérité. Aussi ne trouve-t-on jamais la sainteté sans la vérité ; et si quelquefois on trouve la vérité sans la sainteté, c'est que la perversité humaine a réussi à séparer l'une de l'autre, le principe de ses résultats.

On s'est fait souvent de la théologie systématique des idées singulièrement fausses. Les uns ont affirmé qu'on ne pouvait pas avoir sans elle une connaissance intelligente de l'Ecriture ; les autres, au contraire, l'ont rejetée comme inutile, comme étant un reste de ces habitudes scolastiques, dont il est de l'intérêt de l'Eglise de se débarrasser. Ces deux points de vue sont également faux. Les passages de l'Ecriture qui renferment des abrégés clairs et sommaires des vérités évangéliques sont si nombreux , voyez, par exemple , Tite, II, 11-14. Ephés., II, 4-10 ) , qu'un homme pieux se fera souvent à lui-même , et sans s'en rendre compte, un système dogmatique vrai et intelligent. D'un autre côté, si nous rejetons toute espèce de système, nous nous obligeons à n'employer jamais en fait de doctrine que les textes de l'Ecriture, et nous nous exposons par là même au danger de défigurer certaines vérités , soit en les exagérant , soit en en laissant d'autres dans l'ombre; surtout nous risquons d'oublier et de méconnaître cette juste proportion qui provient de l'équilibre de doctrines qui se complètent l'une par l'autre , et de tomber ainsi dans des erreurs d'autant plus dangereuses qu'elles reposeront sur un fond partiel de vérité. « Les principes généraux déduits de faits particuliers, dit Locke , sont comme les joyaux de la science ; ils renferment une très-grande valeur sous un fort petit volume; mais il ne faut les accepter et en user qu'avec de grandes précautions, de peur qu'en prenant les faux pour vrais, nous ne soyons exposés à une perte d'autant plus grande lorsqu'ils seront soumis à un examen plus attentif et plus sévère. »

L'étude systématique de la Bible peut être faite à un double point de vue. On peut se proposer, ou bien de déterminer les doctrines de l'Ecriture, ou d'en reconnaître les règles de conduite et de sainteté. Dans le premier cas on obtient un système dogmatique ou théologique; dans le second, un système de théologie morale ou pratique ; mais l'un et l'autre sont aussi intimement unis, confondus et comme entrelacés dans l'Ecriture qu'ils le sont dans l'expérience de la vie ordinaire de chacun.

Lorsqu'on veut arriver à déterminer une vérité scripturaire, on commence par rassembler tous les textes, quels qu'ils soient, qui se rapportent à un même sujet, doctrines , préceptes , promesses, exemples ; on les compare impartialement les uns avec les autres; on restreint, limite, explique les expressions d'un passage par celles d'un autre; on contrôle les détails les uns par les autres, et lorsqu'on a obtenu un résultat qui répond à l'ensemble des textes et les renferme tous, sans faire violence à aucun , sans rien ajouter, sans rien retrancher, on peut regarder ce résultat comme exprimant une vérité générale scripturaire , une doctrine biblique.

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§ 129. Règles à observer. - Indépendamment des observations générales qui précèdent, il est important de se rappeler les points suivants comme règles à suivre :

C'est, avant tout, dans le Nouveau-Testament que nous devons nous attacher à recueillir les vérités et les doctrines du christianisme ; il faut en expliquer les déclarations les unes par les autres, ainsi que par les faits et les révélations les plus claires de l'Ancien.

Il faut expliquer les passages douteux , ambigus ou figurés, par ceux dont le sens est clair et littéral ; ceux dans lesquels le sujet n'est traité que brièvement et d'une manière sommaire, par ceux qui le développent avec plus de détail ; et les assertions générales, par d'autres (s'il y en a) qui exposent la même vérité avec des réserves , des restrictions ou des exceptions.

Il ne suffit pas que les passages qui se rapportent à une même doctrine soient d'accord entre eux , il faut encore que chaque doctrine soit en harmonie avec les autres. L'Ecriture nous enseigne, par exemple, que la repentance, la foi , l'obéissance sont des dons de Dieu (Jean, XV, 5. Ephés. , II, 8. Philip. , I, 29; II, 13. 1 Pierre, I, 2). Devrons-nous en conclure que les hommes sont innocents s'ils ne se repentent pas, s'ils ne croient pas, s'ils n'obéissent pas à l'Evangile ? ou bien regarderons-nous comme superflu de les exhorter à la foi, à la repentance , à l'obéissance? Evidemment non; une pareille conclusion serait contraire à l'Evangile, qui fait peser sur l'homme tout le poids de son impénitence (Matth. , XI , 20 , 21. Apoc. , Il, 20 , 21). Son incrédulité est considérée comme son grand péché comme la cause de sa condamnation (Jean, III, 18 ; XVI, 9). La désobéissance à Dieu est partout condamnée. Les hommes sont également invités à se repentir (Marc, I, 15), à croire et à obéir. Samuel exhortait les Israélites dans ce sens, comme Pierre exhortait Simon le magicien et les meurtriers du Sauveur (Actes, III, 19; VIII, 22). - S'il y a donc dans l'Ecriture des doctrines en apparence contradictoires, et si nous ne savons pas toujours comment les concilier, il n'en est pas moins vrai qu'une doctrine, présentée de manière à en exclure une autre pareillement révélée , n'est pas scripturaire.

Il faut exposer et interpréter chaque doctrine au point de vue spécial du but pratique que l'Ecriture se propose en nous la révélant. - Ainsi la manière dont la Bible nous présente la doctrine de l'élection est pleine d'enseignements. De quelque point de vue que l'on considère cette doctrine, il est évident que personne n'admet qu'elle suppose en Dieu ni caprice, ni arbitraire; on n'admet pas davantage que son libre choix soit motivé par les mérites personnels des élus, ou par le besoin de les rendre, eux, personnellement heureux. C'est plutôt un trait du caractère de la divinité qui est mis en relief : Dieu est représenté comme poursuivant son dessein arrêté, manifestant sa gloire et travaillant au bien général. Aussi cette doctrine n'est-elle amenée dans l'Ecriture que lorsqu'il s'agit, par exemple , de faire remonter à Dieu seul l'oeuvre du salut, en excluant chez l'homme toute espérance de se sauver par ses mérites ou par ses oeuvres (Rom. , XI, 5 , 6); - d'expliquer, sans l'excuser, l'incrédulité des Juifs (Rom. , IX) ; - d'établir le triomphe assuré du règne de Dieu en dépit de tous ses adversaires (Matth. , XXI , 42. Jean , VI, 37). A tout autre point de vue, et dégagé de ce contexte, cette doctrine pourrait se présenter avec toutes les apparences de l'arbitraire ; elle pourrait , comme chez le peuple juif , entretenir l'orgueil spirituel; elle pourrait enfin détruire chez l'homme le sentiment de sa responsabilité morale , et chez le chrétien même affaiblir le sentiment du devoir et de l'obéissance. Mais considérée du point de vue pratique en rapport avec les vérités qui l'entourent et la font ressortir dans l'Ecriture, appliquée aux objets que les écrivains sacrés avaient en vue, cette doctrine ne peut avoir qu'une heureuse influence ; elle humilie, elle encourage, elle sanctifie.

De même quand la Bible enseigne, comme doctrine, l'influence de Satan, elle ne le fait que pour nous donner une idée plus claire de la valeur de l'oeuvre de Christ, et pour nous exciter à la vigilance et à la prière (2 Cor., IV, 4. Ephés., II , 2 ; VI, 11-18. Jean, XIII, 27. Luc, VIII, 30. Apoc., XII, 9. 1 Jean, III, 8, etc.).

Le mystérieux rapport qui existe entre le premier péché et le fait que tous les hommes sont placés sous la condamnation est clairement affirmé dans la première aux Corinthiens et Rom., V, mais uniquement pour magnifier la grâce de Dieu dans notre rédemption par Jésus-Christ.

La doctrine de la trinité est une révélation de Dieu dans ses rapports avec l'homme ; et bien qu'elle soit quelquefois introduite comme un article de foi sobrement et simplement du reste (par exemple dans la formule du baptême), elle est généralement rattachée à des bénédictions spirituelles, spécialement à l'oeuvre de la rédemption (2 Cor., XIII, 13).

Des déductions logiques, tirées de dogmes fondés sur les déclarations de l'Ecriture, ne doivent pas pour cela seul être considérées comme scripturaires , à moins que ces déductions elles-mêmes ne soient révélées.

Il est, positif, par exemple , que certains actes distincts, que certains faits, qui dans quelques passages sont attribués à Dieu d'une manière générale, sont en d'autres passages attribués soit au Père, soit au Fils, soit au Saint-Esprit, et que le culte et l'adoration sont réclamés pour chacun d'eux. Nous pouvons donc dire qu'il y a trois personnes en Dieu, et qu'il n'y a qu'un seul Dieu, c'est-à-dire qu'il y a trinité, dans l'unité. Nous exprimons ainsi une vérité scripturaire, et nous le faisons dans une forme convenable. Mais si nous essayons d'expliquer cette vérité, ou si nous tirons de ces mots d'autres conclusions éloignées, nous risquons d'obscurcir le conseil de Dieu par des paroles sans connaissance, et de formuler des enseignements qui ne viennent pas de Dieu.

On bien encore l'Ecriture nous apprend que tous les hommes sont pécheurs , et que les meilleures actions des hommes les plus pieux restent toujours au-dessous des saintes exigences de la loi divine; nous exprimons l'une et l'autre de ces vérités quand nous affirmons d'une manière générale l'entière corruption de la nature humaine. Mais si de là nous allons conclure que tous les hommes sont pécheurs au même degré, la conclusion, quoique en apparence renfermée dans les prémisses, n'est pas scripturaire; c'est une conclusion purement humaine, résultant de l'imperfection du langage des hommes. Nous sommes tous obligés de croire aux Ecritures, et celui qui les admet reçoit également tout ce qu'elles renferment. « Mais, dit Jérémie Taylor, personne n'est obligé d'admettre les conséquences que l'esprit de l'homme en peut tirer , à moins que ces déductions ne soient écrites par la même main que l'original; car nous savons que le texte, dans sa sublime simplicité , vient d'un Esprit infaillible ; mais celui qui voudrait m'imposer ses déductions m'obligerait à admettre d'abord l'infaillibilité de sa logique , et , pour y croire, je n'ai ni un commandement de Dieu, ni de là part de l'homme des garanties suffisantes. »

Sur toutes les doctrines qui sont particulières à l'Ecriture, le martyr Ridley nous a laissé cette règle aussi chrétienne que philosophique : « Dans ces matières, dit-il , j'ai tant de scrupules, que je n'ose véritablement aller plus loin, ni même m'exprimer autrement que le texte, et que je me laisse conduire par lui comme par la main. »

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& 130. Règles à observer (suite). - Il ne suffit pas, quand on cherche à réunir en système les enseignements de l'Ecriture , de grouper les uns après les autres ceux que l'on découvre dans la Bible; il faut encore:

Déterminer soigneusement leur importance relative, et , si possible, l'ordre dans lequel nous les présente la Parole de Dieu. A cet effet , et pour éviter toute erreur et tout arbitraire, il est bon de se rappeler les indications suivantes :

A. Lorsque certaines vérités sont passées sous silence dans un livre ou dans plusieurs, il est permis de penser qu'elles ne sont pas aussi importantes que celles qui sont invariablement présentées dans tous.

B. Remarquez les sujets qui sont le plus souvent recommandés à notre attention par le Seigneur et par ses apôtres. - Si l'on demande, par exemple, quelle est la circonstance la plus mémorable de l'institution de la sainte cène, il est aisé de répondre que c'est son caractère de mémorial , car cette particularité est rappelée trois fois dans les paroles de l'institution (1 Cor., XI, 24, 25, 26). - De même, parmi les directions pratiques qu'il nous donne, le Seigneur nous rappelle par trois fois , et chaque fois avec insistance, que les grâces dont on sait faire un bon usage seront augmentées , et que les dons qu'on a l'habitude de négliger finiront par être retirés et repris (Matth., XIII, 12 ; XXV, 29. Luc, XIX, 26). L'humilité n'est pas rappelée moins de sept fois dans les trois premiers évangiles, et toujours avec honneur (Matth., XVIII , 4, etc.).

C. Il faut rechercher avec soin tous les points qui sont communs aux deux dispensations, le judaïsme et le christianisme. - L'unité et la spiritualité de Dieu , son pouvoir et sa fidélité sont rappelés dans l'une et l'autre, et nous prêchent la reconnaissance et l'amour comme notre premier devoir. - Les prescriptions si nombreuses de la loi touchant les sacrifices , et la grande place donnée à cette vérité que « Christ a été offert une fois pour porter les péchés de plusieurs, » montrent l'immense importance soit de la doctrine elle-même, soit des sentiments qu'elle est destinée à réveiller et à produire (Héb., IX, 28).

D. Il est nécessaire aussi de tenir compte de la valeur que l'Ecriture elle-même attribue à certaines vérités ou à certains préceptes, Quelquefois elle pose comme essentiels des devoirs ou des conditions morales; ainsi quand elle dit: Il est impossible d'être agréable à Dieu sans la foi (Héb., XI, 6). Quelquefois elle établit la supériorité absolue d'une vertu sur une autre, de la charité sur l'espérance et la foi (1 Cor., XIII). Il est évident que ce principe est le même qui réglera le sort de chacun au grand jour du jugement, et que, sous ce rapport, on ne saurait attacher trop d'importance à tout ce qui peut, avant toute autre chose, assurer le salut du pécheur, c'est-à-dire la foi, la sanctification, une saine et chrétienne direction de nos pensées, de nos paroles, de nos sentiments, de nos habitudes, de nos actions et de nos dispositions (Jean, III, 15. Matth. , XV , 18, 20; XIII, 43 , 49; XVI, 27. Rom. , II, 6. Gal., VI, 8. 1 Jean, III, 23. Apoc., XIV, 13). Tous ces passages établissent que le but de l'Evangile, ce n'est pas seulement le pardon, mais la sainteté, et que la préparation pour le ciel emporte l'idée non-seulement de l'absolution, mais encore de la conversion, de la régénération, d'une vie nouvelle.

On peut, au moyen des règles qui précèdent, comparer et reconnaître l'importance de la mort et de la résurrection de notre Seigneur, et leurs rapports avec la justification et la sanctification ; il suffit d'examiner et de comparer pour cela les passages suivants : Gal. , II, 20; III, 1,13; V, 11,24; VI, 12, 14. 1 Cor.,I , 13, 17, 18, 23; II, 2-8 ; V, 7 ; VIII, 11 ; XI, 26 ; XV, 3. Rom. , III, 24 , 25 ; IV, 21, 25; V, 8, 19 ; VI, 5-8, 10 ; VIII, 3, 32 ; XIV, 15. Ephés., 1 , 7 ; II, 16; V, 2. Col., I, 14, 18-20, etc.

Le fait de la résurrection et de l'ascension de notre Seigneur , comme preuve de rentier achèvement de son oeuvre, et comme gage de la résurrection de son peuple , est mentionné plus de cinquante fois dans les épîtres seules. Tout système, ou toute manière de représenter l'Evangile, qui relègue au second plan ces faits et ces doctrines, n'est donc pas un système évangélique et scripturaire.

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§ 131. Principes d'application. - A l'appui des règles qui viennent d'être indiquées, et pour en faciliter l'application, il est bon de rappeler ici quelques principes généraux.

Rien ne peut être donné comme article de foi , qui n'est pas l'objet d'une révélation.

Il faut étudier la Bible dans un esprit libre de tout jugement formulé d'avance, et par conséquent avec impartialité. Autrement, l'on s'expose à se retrouver soi-même dans la Bible, et l'étude n'est plus qu'une affaire de fantaisie et d'imagination , quelquefois une affaire de parti.

Il faut donner à chaque doctrine la même importance que lui donne l'Ecriture.

Toutes les fois qu'il s'agira d'une doctrine importante et nécessaire, on peut être sûr que le langage de l'Ecriture sera clair et abondant. Si les textes ne sont pas clairs, c'est, ou parce que la doctrine n'a pas par elle-même d'importance , ou parce que son importance n'appartient pas à notre condition actuelle et à notre état présent.

La Bible , étant inspirée , ne saurait se contredire elle-même. Quand il y a une contradiction apparente , quelquefois elle tient à remploi de certains mots, et une étude plus approfondie de ces mots fera disparaître la difficulté ; on bien elle se trouve dans les choses mêmes , dans les faits ou dans les doctrines, et elle sera résolue par l'un des moyens suivants :

a. Quand un même fait est attribué à différentes personnes , il doit y avoir un sens dans lequel la chose est vraie de l'une et de l'autre. - Il nous est dit, par exemple , dix fois que Pharaon endurcit son coeur, et dix fois que Dieu endurcit le coeur de Pharaon. Ce que l'Ecriture nous révèle du caractère de Dieu doit nous dire dans quel sens il faut prendre cette double déclaration, et quel sens il faut éviter de donner à chacune de ces affirmations. Si l'Ecriture n'est pas suffisamment claire, c'est que le sujet appartient aux « choses secrètes, » dont Dieu s'est réservé la connaissance ; si l'Ecriture est claire sur ce point , toute apparence de contradiction disparaît, et le sens vrai nous est révélé.

Voyez, pour d'autres exemples où un même fait est attribué dans l'Ecriture à différentes personnes : Exode , XVIII, 17-26. Deut., I, 9-13, l'établissement des juges; Nomb., XIII , 1-20. Deut., I, 9-13, l'envoi des espions ; 2 Sam. , XXIV , 1. 1 Chron. , XXI , 1 , le dénombrement du peuple par David.

b. Lorsque des qualités en apparence contradictoires , et exclusives l'une de l'autre, sont attribuées dans l'Ecriture à une même personne, ou à un même objet, il doit y avoir un sens dans lequel elles sont vraies l'une et l'autre. - C'est ainsi que dans un sens tous les hommes sont pécheurs , et que dans un autre sens il en est, savoir, ceux qui sont nés de Dieu, qui ne pèchent plus (1 Jean). Ces deux sens sont vrais et scripturaires, et la Parole de Dieu renferme la clef de cette difficulté. - Il nous est dit de même que Dieu punit les péchés des pères sur les enfants, et ailleurs, au contraire, que le fils ne portera point l'iniquité du père (Exode, XX, 5. Ezéch., XVIII, 20). Cela signifie, ou bien que les péchés des pères influent d'une manière temporelle sur le bonheur et la prospérité des enfants , mais que la destinée finale de ceux-ci dépend d'eux-mêmes et de leur propre conduite ; ou bien le premier passage est limité à ceux qui haïssent Dieu, et alors la faute des pères s'ajoute à la leur en aggravation de condamnation.

c. S'il est dit d'une chose qu'elle assure le salut, et d'une autre qu'elle rend le salut impossible, l'existence de la première exclut nécessairement la possibilité de l'autre. Ainsi : la foi nous sauve, et, d'un autre côté, celui qui hait son frère ne peut être sauvé ; c'est que ces deux choses ne sauraient aller ensemble ; celui qui hait son frère De peut avoir la foi, ou, inversement, celui qui a la foi ne peut haïr son frère. L'amour et la foi sont toujours réunis. - C'est ainsi que se concilient les promesses faites à la foi avec celles qui sont faites au caractère moral, comme dans le sermon sur la montagne; non point que de tels caractères soient bénis comme tels, quand ils ont la foi, car la promesse est absolue ; mais c'est la foi qui forme de tels caractères et qui les amène ainsi sous l'influence de la promesse.


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