Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

I

L'OEUVRE DE DIEU, L'OEUVRE DE L'HOMME

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Y a-t-il une histoire de la famille?
La famille n'a-t-elle pas toujours vécu?
N'y a-t-il pas toujours eu des foyers?
Autour des foyers n'a-t-on pas toujours vu ce groupe saint : le mari, la femme et les enfants?
Oui; au début de l'humanité, vous trouvez le couple.
Vous le rencontrez dans sa juvénile beauté. L'ombre transparente des fraîches verdures d'Éden le voile à peine, il tient levé vers les cieux son front que caressent les brises de l'aube; ni l'ardeur de midi ne l'a hâlé, ni l'aile du mal ne l'a touché. Contemplez-le bien : l'homme, roi dans la création, enveloppé de lumière; la femme, ce don suprême de Dieu, pareille à l'homme et diverse, la chair de sa chair, l'aide semblable, le coeur qui répond au coeur, le rayonnement de toute joie, de toute force, de tout bonheur!
La parole créatrice lui a été adressée, ce : Croissez et multipliez! qui renferme les milliers et les milliers des futures générations (1).
Regardez-le, je vous le redis encore; l'heure est bénie; l'heure ne durera pas.

Un sifflement a retenti. Libre, parce que sa moralité l'exige, parce que sans la liberté sa conscience n'existerait pas; le couple s'est séparé du Père, il a brisé le vase des dilections.
C'est fini.

Bien avant que la sentence ait foudroyé l'homme, le châtiment l'a rencontré, car l'homme a peur de Dieu! « ils se cachèrent ! (2) »
Bien avant que les portes de l'Éden se soient fermées sur lui, l'homme va errant par le désert, car il ment à son Créateur : «'J'ai craint parce que j'étais nu ! (3) »
Bien avant que l'assassinat d'Abel ait scellé de sang l'arrêt irrévocable, la mort est entrée, l'horrible mort qui tue les bien-aimés, car les lèvres d'Adam ont accusé son Ève, la sienne, son unique, et Il ont comme désignée au courroux de l'Éternel. - « La femme que tu m'as donnée ! (4) »

Dès lors les ténèbres se font. La famille, cette bénédiction du paradis, va tristement éclore sur une terre maudite. Le frère égorge le frère. La race de Caïn, qui a détruit la vie, détruit le mariage : Lémec prend deux femmes. La soif du sang s'allume : « Femmes de Lémec, entendez ma voix, écoutez ma parole : je tuerai un homme, moi étant blessé; même un jeune homme, moi étant meurtri (5). » Toutes les corruptions se déchaînent, toutes les infamies jaillissent du coeur, toutes les perversités y trouvent accès; il y a, dans ce monde antédiluvien, comme de gigantesques végétations de turpitudes, il y a comme une monstrueuse fécondité pour le mal; la terre en est si souillée, que les eaux débondées du grand abîme pourront seules emporter ces fanges et balayer ce globe pourri. Mais laissez faire les compassions divines; laissez le Rédempteur clouer avec la sentence le péché sur la croix; laissez le Victorieux descendre au lieu invisible pour y terrasser la mort; laissez le Réparateur des brèches, mettre dans le royaume du destructeur, lui arracher les tendresses humaines; qu'a la face du jour, sous tous les cieux, où qu'il y ait un homme, Jésus en dispute le coeur à la révolte, en soustraie la vie aux dégradations, la famille renaîtra; vous la verrez sortir aussi belle, plus touchante du tombeau qu'elle n'y était entrée; et dans tous les âges, partout où quelque souvenir de Dieu se sera conservé, dans tous les pays, partout où quelque vérité chrétienne touchera le sol, là germeront les purs amours, là s'éclairera le devoir: la famille ressuscitée relèvera l'humanité.

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1. Genèse, I, 28. 
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2. Genèse, III, 8. 
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3. Genèse, III. 
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4. Genèse, III. 
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5. Genèse, IV, 13. 
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