Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Avant-propos

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SIMPLE ÉTUDE SUR L'APOCALYPSE DE JÉSUS-CHRIST



Mon cher ami,

Vous avez bien voulu me communiquer votre manuscrit sur l'Apocalypse et me taire l'honneur de me demander mon avis. Je vous suis reconnaissant du plaisir et de l'enrichissement que semblable lecture m'a apportés.

Vous avez eu la sagesse d'aborder l'étude de l'Apocalypse sans parti pris, sans «a priori». Vous avez voulu vous laisser enseigner par elle, et non pas y trouver une légitimation de certaines idées ou théories purement humaines.

Vous avez traité les textes en véritable exégète, en les respectant et en ne les tordant pas pour les besoins d'une cause. Enfin vous avez éclairé l'étude de l'Apocalypse par les clartés de la Parole de Dieu tout entière, soulignant ainsi son unité, et par la même sa divine inspiration.

Votre travail contribuera à faciliter l'étude du dernier livre de la Bible, et j'aime à penser que des groupes bibliques se constitueront pour étudier, au cours d'un hiver par exemple, les richesses de la prophétie que vous avez cherché à mettre en évidence.

Que Dieu bénisse votre bel effort.

(signé) Ch. Freundler, pasteur.

Lausanne, le 4 janvier 1941.




« Comprends-tu ce que tu lis ? Il répondit : Comment le pourrais-je si quelqu'un ne me guide? Et l'officier invita Philippe à monter et à s'asseoir avec lui.» (Act. 8 : 31).

«Heureux celui qui lit et ceux qui entendent les paroles de la prophétie et qui gardent les choses qui y sont écrites 1 Car le temps est proche. » (Apoc. 1 : 3).


Le livre que nous avons le privilège de présenter à nos Eglises vient à son heure pour répondre à un double besoin: un besoin de connaissance et un besoin de bénédiction, de lumière.

De tout temps la prophétie a été difficile à .saisir et, d'autre part, les plus riches bénédictions ont toujours été attachées à la compréhension de la prophétie. On peut même dire que la prophétie biblique a, dans tous les temps, fait la force des croyants, fondant avec Puissance leur témoignage. C'est avec joie que nous avons trouvé dans l'étude de M. le pasteur H.-A. Bolomey une méthode claire, un guide sûr pour entrer dans le mystère des prophéties de Daniel, de l'Evangile et de l'Apocalypse. Ce qui nous semble nouveau et digne d'être exposé aujourd'hui aux Eglises, c'est l'affirmation capitale que la Bible doit s'éclairer par elle-même, s'expliquer par les textes semblables marquant l'unité d'inspiration de l'Ecriture tout entière. Ainsi, devant l'impossibilité où se trouve la méthode historique de donner une réponse satisfaisante, la méthode biblique vient projeter une lumière. Elle rend témoignage au Saint-Esprit qui est à l'oeuvre pour nous rendre la pleine compréhension du dernier livre de la Bible.

Il semble que chaque époque soit appelée à éclairer telle partie de l'Ecriture, que les clartés données permettent de pénétrer Plus profond dans les mystères que Dieu révèle par Sa Parole. La Réformation a retrouvé le sens de l'Epître aux Romains. Sa compréhension a rendu au peuple l'Evangile et son message de salut par la foi.

Aujourd'hui, de tous côtés, des ouvrages paraissent montrant à quel point les croyants pressentent l'heure de l'Apocalypse.

Elle est venue et Dieu nous donne, avec le désir de comprendre, de nouvelles lumières pour éclairer le texte. Celles-ci ne viennent pas nous dispenser de travailler, mais nous convier à un effort nouveau, persévérant éclairant non seulement l'Apocalypse, mais notre compréhension générale de l'Evangile et du message biblique.

Est-ce si nouveau? En 1927, le prof. Ad. Deissmann disait à la Conférence de Lausanne: « Depuis trente ans environ, au sein de la théologie chrétienne internationale, on a été amené à accentuer le caractère eschatologique de l'Evangile de Jésus. Je n'hésite pas à voir dans ce fait un des plus grands progrès des recherches théologiques de tous les temps. Mais, pour beaucoup de gens qui s'étaient accommodés d'un évangile confortable, fait pour la tranquillité d'un cabinet de travail,... la découverte de l'Evangile eschatologique a été une terrible déception.» (Le message de l'Eglise au monde: l'Evangile, par Adolphe Deissmann, conférence mondiale sur la foi et la constitution de l'Eglise. Juillet-août 1927. Pages 12-13.)

Qu'est-ce qu'un évangile eschatologique? C'est un évangile dominé par la vision d'une /in proche, ou par la proximité des événements annoncés dans la Parole de Dieu, ayant pour conséquence la vigilance afin d'être prêt à accueillir le Christ quand Il arrivera.

Le volume de M. H.-A. Bolomey vient précisément mettre en lumière l'enseignement de l'Ecriture sur ces choses et les éclairer par l'enseignement biblique tout entier.

Est-ce à dire qu'il n'y a plus d'obscurité, que le dernier détail devient lumineux? Non, mais à la suite de notre guide, nous sommes introduits dans une compréhension nouvelle, plus organique des grandes étapes du plan de Dieu et nous sommes convaincus qu'une explication telle que celle qui nous est présentée donnera à l'Apocalypse un nouveau groupe de lecteurs, ravivera le désir de lire ce livre difficile et sera source de riches bénédictions pour ceux qui l'étudieront.

Ce livre nous introduit, par l'étude des paraboles, dans la pensée eschatologique de Jésus et nous aide à comprendre combien l'Apocalypse est en accord avec l'Evangile. Enfin, en apportant la question des soixante et dix semaines de Daniel, il nous donne la clé des étapes prophétiques de l'Ecriture.

Nous recommandons chaleureusement la lecture de ce livre à nos Eglises pour lesquelles cet enseignement est plus neuf que pour certains milieux extra ecclésiastiques.

Nous sommes convaincus non seulement qu'il aidera à comprendre d'autres chrétiens, mais qu'il suscitera un vrai renouveau pour l'étude de quelques-unes des pages les plus puissantes de notre Bible. Et Dieu veuille que beaucoup trouvent à leur contact des forces nouvelles pour résister dans les mauvais jours et être de «ceux qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus» (Apoc. 14: 12).

 

Notre voeu maintenant, et notre prière en terminant sont, qu'après avoir passé des heures bénies à lire ce livre, Bible ouverte, nombreux soient ceux qui puissent, semblables à l'officier éthiopien dont parle le livre des Actes, poursuivre joyeux leur route, en répétant avec plus de conviction encore la prière de l'Eglise: «Viens Seigneur Jésus.»

Alex. Vodoz, past.

Vevey, ce 12 février 1941.



Introduction

 

Jésus-Christ, lorsqu'Il arriva au terme de son ministère terrestre, voulut mettre en garde ses disciples contre de fausses espérances concernant l'établissement du Royaume de Dieu sur la terre, et son progrès pendant notre économie. Il le fait sous la forme d'un discours parabolique. Au premier abord, l'on peut se demander la raison pour laquelle le Maître a adopté l'emploi de paraboles pour révéler, à la foule en particulier, ainsi qu'aux disciples rassemblés autour de lui, ce qu'Il avait à leur dire sur ce sujet. Cette question préoccupait déjà les disciples qui, au milieu du discours, s'approchent du Seigneur pour lui demander pourquoi Il leur parle en paraboles, sur quoi le Maître leur répond en ces termes (voir v. 11): «Je leur parle en paraboles parce qu'il vous a été donné de connaître les mystères du Royaume de Dieu, et que cela ne leur a pas été donné, de sorte qu'en voyant, ils ne voient point, et qu'en entendant, ils n'entendent point et ne comprennent point.» En d'autres termes, vous mes disciples, vous m'avez reçu comme l'envoyé de Dieu, comme le Roi qui doit venir, vous m'avez donné une place dans vos coeurs et mon esprit est en vous, il vous aide à saisir les choses qui ont rapport au Royaume; mais eux! ils ne m'ont pas reçu dans leur coeur, ils ne m'ont pas reconnu comme leur Messie, le Roi qui doit venir, donc ils ne possèdent point mon Esprit, tout ce qu'ils ont n'est qu'une religion de pure forme, sans réalité, sans vie, et de ce fait ils ne peuvent pas saisir ce que vous saisissez. C'est pourquoi encore j'image mon message de choses de la vie courante, familières à chacun, qui peuvent être comprises de tous, afin d'illustrer par ces choses les vérités mystérieuses et profondes que je désire leur enseigner, afin que par cette comparaison ils arrivent à comprendre une chose par l'autre.

Ainsi la méthode employée par le Maître de parler en paraboles, avait comme but de venir en aide, d'éveiller l'intérêt de ceux qui l'écoutaient, et d'exciter leur curiosité, afin de les arracher à leur coupable indifférence, ou à leur incrédulité. C'était un moyen de venir en aide à ceux qui n'avaient pas les possibilités de comprendre n'ayant pas reçu l'Esprit du Roi, et qui étaient ainsi sur le point de perdre le peu de religion qu'ils possédaient encore.

Ce n'est donc pas, comme certains le pensent, une méthode que Jésus-Christ aurait adoptée dans sa fureur pour livrer cette foule à son péché, afin qu'en voyant elle ne voie point, et qu'en entendant elle n'entende point. C'est bien mal interpréter la Parole de Dieu, et son amour pour ce monde perdu, Lui qui a «tant aimé le monde qu'Il a donné son Fils unique afin que QUICONQUE croit en Lui ne périsse point; mais qu'il ait la vie éternelle» (Jean 3: 16).

Une parabole est toujours une aide, jamais une entrave. C'est parfois une vérité `voilée, non pour qu'elle soit rendue inaccessible à l'homme, mais pour qu'elle ne puisse pas lui échapper. Un verre enfumé ne nous cache pas le soleil, mais nous aide à mieux l'observer. Comme nous l'avons vu plus haut, la grande préoccupation de Dieu est que tous les hommes arrivent à la connaissance de la vérité. Il ne veut pas qu'AUCUN périsse; mais que tous soient sauvés. Combien nous avons besoin de cette méthode, dans les temps actuels où l'indifférence et le matérialisme voilent, à un si haut degré, les beautés ineffables de la vie éternelle.

Pour bien comprendre l'enseignement des paraboles, il est de toute nécessité de suivre une certaine règle, si nous voulons nous éviter le chagrin de nous fourvoyer sur une fausse route qui nous conduira à des interprétations pleines de fantaisie, et loin de la vérité.

Premièrement ne cherchons pas de complications dans l'interprétation. L'interprétation la plus simple sera vraisemblablement la plus juste.

Deuxièmement, il faut garder à la pensée le fait que Dieu est un Dieu d'ordre, et non de désordre. Quand Il prend, par exemple, une figure pour illustrer une vérité quelconque, Il ne prend pas cette même figure pour illustrer une vérité opposée à la première, dans un autre passage des Saintes Ecritures. Dans la première parabole, celle du semeur, il nous est parlé d'oiseaux. Au 19me verset, le Maître nous dit Lui-même que ces oiseaux représentent les fils du malin. Dans la troisième parabole, celle du grain de moutarde, nous retrouvons cette même figure. Nous pouvons ainsi en conclure que là aussi, les oiseaux représentent les fils du malin, et nullement le bien, sous une forme ou sous une autre. Dans la quatrième parabole, celle du levain, nous ne rencontrons aucune difficulté pour découvrir ce que préfigure le levain, si nous suivons notre règle. Dans l'Ancien Testament comme dans le Nouveau, le levain est invariablement présenté comme le symbole du mal, JAMAIS comme celui du bien. Ainsi il ne pourra pas, dans cette quatrième parabole, imager le bien.

Troisièmement, il faut aussi se souvenir que la Bible est la Parole de Dieu, et non celle d'un homme, et que, par ce fait, il ne peut pas y avoir de contradictions réelles dans son enseignement. Par exemple, dans les passages suivants: Matth. 24, Luc 17: 26-30, 18 : 8, 2 Tim. 3: 1-5, 2 Tim. 4: 3-5, etc., nous avons une vision d'un monde qui, dans le domaine moral et spirituel, va de mal en pis. Ainsi, l'interprétation correcte de ces paraboles ne peut pas donner un enseignement contraire. De sorte que l'interprétation qui fait de ces paraboles du grain de moutarde et du levain, l'image d'un développement croissant et satisfaisant des principes du royaume de Dieu, jusqu'à son couronnement absolu, soit la conversion du monde, n'est pas conforme à l'enseignement; du Maître, et doit être écartée. Qu'il y ait des erreurs apparentes nous l'admettons, mais des erreurs réelles, JAMAIS. Cela me fait penser à un diacre d'une église de Chicago, au temps où j'étais étudiant en théologie, dans cette ville. Un dimanche soir, à la fin d'une réunion d'évangélisation, il vint vers moi avec sa Bible et un air quelque peu narquois me dire: «Eh! bien, mon ami, vous dites qu'il n'y a pas de contradictions dans la Bible? Expliquez-moi alors ces deux versets.» Et ouvrant le Livre au 26me chapitre des Proverbes, il me pointe les versets 4 et 5 de ce chapitre:

«Ne réponds pas à l'insensé selon sa folie de peur que tu ne lui ressembles toi-même. Réponds à l'insensé selon sa folie afin qu'il ne se regarde pas comme sage.»

Puis, bien campé sur ses deux jambes, il attendait ma réponse. J'avoue que je fus embarrassé, mais non déconcerté. «Je regrette, lui dis-je, de ne pouvoir vous donner une réponse satisfaisante ce soir. Dieu m'aidera à vous la donner dans notre prochaine rencontre.» Arrivé dans ma chambre, je me jette à genoux et place le problème devant mon Père céleste. Après un moment d'intime entretien avec Lui, je me relève plein de joie et, m'adressant aux meubles de ma chambrette, je cherche à formuler à haute voix la réponse que j'avais à faire. Hélas! j'en fus incapable. Je comprenais suffisamment pour moi-même, mais pas assez pour l'expliquer à d'autres. Il ne me restait qu'une seule chose à faire : retomber à genoux et implorer la grâce de Dieu, lui disant dans ma prière que ce n'était pas pour sauver ma foi que je demandais la lumière sur ce passage, mais pour confondre l'ennemi et l'amener, si possible, à de meilleurs sentiments. Une fois debout, je pris ma Bible et marquai, entre ces deux versets 4 et 5, le mot «MAIS», et je me mis à lire ce passage ainsi:

«Ne réponds pas à l'insensé selon sa folie

(selon sa manière absurde, ridicule) de peur que tu ne lui ressembles toi-même.

MAIS

Réponds à l'insensé selon sa folie

(selon ce que sa folie mérite) afin qu'il ne se regarde pas comme sage.»

Jésus nous donne, dans Matth. 22: 17-22, une illustration magistrale de cette sagesse.

Quatrièmement, il faut se mettre en garde contre l'interprétation populaire. Le fait qu'une interprétation est généralement reçue n'est pas une garantie absolue de sa vérité. N'est-ce pas l'interprétation populaire de la venue du Messie, qui a conduit Jésus-Christ au Calvaire?

Cinquièmement, il faut se souvenir aussi qu'une parabole n'est pas une base doctrinale, et que, de ce fait, on ne peut pas tirer une leçon de chaque mot qui la compose. Une parabole, c'est comme une simple fenêtre qui jette de la lumière sur un point particulier, et pas davantage. Par exemple, nous avons dans le 15me chapitre de l'Evangile de Lue, trois paraboles: celles de la brebis perdue, de la drachme et de l'enfant prodigue. Pour interpréter l'enseignement de ces paraboles, nous n'avons nullement besoin de nous occuper des nombreux détails qui s'y trouvent. Ce qui doit être retenu dans la première est le fait qu'une brebis est perdue par son ignorance, dans la seconde, c'est qu'une pièce de monnaie est égarée par négligence, et enfin dans la troisième qu'un fils prodigue est perdu par sa propre volonté. L'enseignement à retirer de ces trois paraboles est celui-ci: Qu'une âme soit perdue par ignorance, ou par négligence, ou par sa propre volonté, il y a plus de joie au Ciel pour une seule d'entre elles qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf qui ne sentent pas le besoin de se repentir.

Il est également nécessaire, pour bien comprendre ces paraboles et en découvrir toute la beauté, de remarquer qu'elles sont divisées en deux groupes bien distincts, soit les quatre premières et les trois suivantes.

Celles du premier groupe sont adressées à la foule et présentent le côté humain du sujet tel que l'homme de la rue, l'homme naturel, irrégénéré peut le voir et le comprendre. C'est la seule vision qu'il peut avoir sur le développement présent du Royaume de Dieu.

Celles du deuxième groupe sont adressées exclusivement aux disciples et présentent le sujet par son côté divin, intime, profond, tel que Dieu le voit et que l'homme de la foi le comprend.

Les quatre premières donnent un exposé prophétique qui révèle la faillite de la chrétienté.

Les trois suivantes nous donnent la réponse de Dieu à cette faillite.


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