Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Lettre 11

L'inutilité d'efforts spasmodiques

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Avant de développer le sujet de ma dernière lettre, je veux attirer l'attention de mes frères sur un mal qui me semble avoir profondément attristé l'Esprit de Dieu, et qui représente actuellement un véritable obstacle au réveil. J'y ai déjà fait allusion dans une précédente lettre. Je veux à présent en parler d'une manière plus précise. Ce mal est le suivant: on a accablé les hommes de réveil de préjugés défavorables. Cela a profondément attristé l'Esprit de Dieu. Il me semble que l'on n'a pas suffisamment réfléchi au fait qu'un esprit influencé par des préjugés ne peut pas avoir de communion avec Dieu. Il ne peut donc être exaucé dans ses prières, ni recevoir la grâce indispensable pour vivre d'une manière qui honore Dieu. On ne peut nier le fait que l'Eglise, d'un bout à l'autre de notre pays, est pleine de toutes sortes de préjugés. Ces préjugés anéantissent la piété des églises et empêchent le réveil. Bien souvent, les serviteurs de Dieu, certainement sans le vouloir, ont eux-mêmes injectés ces préjugés dans l'esprit des membres de leurs églises. Ils les ont ainsi coupés de la communion avec Dieu. Ces chrétiens ont perdu toute capacité d'ouverture spirituelle. Ils ont déjà leurs idées préconçues. Ils refusent d'entendre de leurs deux oreilles pour juger ensuite.

Dans certaines Eglises, ces préjugés touchent un grand nombre de domaines. L'abolition de l'esclavage, la réforme morale, les hommes et les mesures de réveil, les séries de réunions, la Nouvelle ou l'Ancienne Ecole de Théologie, la sanctification ou l'anti-sanctification, tout cela a fait l'objet de grands préjugés. Il importe peu que ces préjugés soient pour ou contre la vérité. Il suffit qu'il y ait préjugé. Il suffit que l'esprit soit orienté dans une certaine direction, et se ferme à toute autre éventualité, pour que l'âme soit effectivement coupée de Dieu.

Un préjugé est le fait d'avoir une idée préconçue sur un certain sujet. Une idée préconçue est exactement ce que Christ veut interdire. Le Seigneur ne veut pas nous empêcher s'avoir une opinion ferme, ni un jugement définitif sur certains cas, questions ou personnages sur lesquels nous sommes appelés à nous prononcer. Mais Il ne veut pas que nous jugions sans avoir examiné chaque cas d'une manière objective, complète et charitable.

Certains serviteurs de Dieu, d'un tempérament combatif, ne se rendent pas compte, en fait, qu'ils poussent leurs assemblées, par leurs prédications, à avoir une foule de préjugés qui produisent tout autre chose qu'une réelle piété. J'ai été souvent choqué d'entendre les préjugés exprimés par les serviteurs de Dieu eux-mêmes, et par les chrétiens de toutes dénominations.

Frères, si nous voulons un réveil parmi les chrétiens, nous devons nous méfier de toute tendance à les pousser à avoir des préjugés, dans n'importe quel domaine. Ils sont déjà assez enclins naturellement à avoir des préjugés et à porter des jugements subjectifs. Ce n'est pas la peine de les pousser, par nos prédications, à avoir un état d'esprit aussi impie. Arrêtons de les mettre en garde contre telle ou telle chose, de dénoncer l'anti-esclavagisme, la réforme morale, la colonisation, ou toute autre chose, dans un esprit et d'une manière qui crée des préjugés! Il se peut que nous pensions rendre service à Dieu. Il se peut que nous nous réjouissions de voir le zèle de nos assemblées pour ce que nous croyons être la vérité. Nous voulons peut-être former et maintenir nos chrétiens dans l'orthodoxie. Nous voulons qu'ils soient enflammés de zèle, au point de parcourir la terre et la mer pour faire des prosélytes à leur image. Mais nous apercevrons qu'ils auront fait de leurs convertis des enfants de la géhenne deux fois plus qu'eux-mêmes.

D'autres chrétiens que ceux dont je viens de parler me semblent être tombés dans une erreur diamétralement opposée. Ces chrétiens, au lieu de prétendre qu'il ne faut employer aucun moyen spécial pour convertir les pécheurs et sanctifier l'Eglise, semblent être tout-à-fait certains qu'aucun résultat ne pourra être obtenu sans programmer de longues séries de réunions. Ils veulent utiliser les méthodes les plus excitantes. Ils semblent dépenser tous leurs efforts à organiser ces séries de réunions. Ils consacrent presque tout leur temps à déployer une énergie intense, et à programmer des réunions pendant une petite partie de chaque année. Mais, le reste du temps, il ne font que peu d'efforts pour intéresser les chrétiens à la foi, pour sanctifier l'Eglise et convertir les pécheurs.

Il me semble que ces chrétiens n'ont absolument pas compris quelle était la seule méthode propre à développer sainement la foi chrétienne. Ils rejoignent en cela le premier groupe dont j'ai parlé, et ces auxquels ils semblent s'opposer.

Certes, je pense qu'il est certainement très utile d'organiser une série de réunions, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Les circonstances peuvent même l'exiger. Mais, d'une manière générale, il me semble plus sain pour la foi et le développement spirituel des chrétiens d'organiser toute l'année, d'une manière régulière, des réunions d'enseignement et de prière. Il faut que ces réunions soient assez fréquentes pour soutenir l'attention des chrétiens, mais assez étalées dans le temps pour ne pas les perturber dans leurs tâches ordinaires ou nécessaires. Il faut laisser aux chrétiens le temps de faire les choses qu'il leur est indispensable de faire.

Après avoir acquis de l'expérience en matière de réveils, j'ai adopté une pratique qui me semble avoir été également adoptée par les serviteurs de Dieu et les Eglises travaillant pour le réveil. Nous avons ajouté aux réunions du dimanche un certain nombre de réunions pendant la semaine. Mais leur nombre doit être tel que chacun puisse aisément y assister. Personne ne doit être gêné dans l'exercice normal de ses fonctions dans ce monde. Nous nous en sommes tenus à cela. J'ai assisté à de puissants réveils en zone rurale, en plein milieu des récoltes. Je me suis rendu compte que ces réveils pouvait continuer tant que le nombre des réunions permettait aux fermiers d'assurer leurs récoltes, sans aller au-delà. On a commis une erreur majeure ces dernières années. Les Eglises qui cherchent le réveil interfèrent de manière abusive, pendant un certain temps, avec tous les devoirs ordinaires de la vie domestique, commerciale, agricole et industrielle. Ils transforment en dimanche chaque jour de la semaine, pendant une longue période ininterrompue. A tel point qu'il est ensuite nécessaire de ne plus tenir de réunions pendant longtemps, à l'exception de celles du dimanche.

Les chrétiens ont alors tellement négligé leurs affaires courantes, et pendant si longtemps, qu'ils doivent ensuite faire de grands efforts pour rattraper leur retard dans ce domaine. Ces efforts sont à la mesure des efforts qu'ils ont fait pour rattraper leur retard spirituel pendant ces longues séries de réunions. Ils vont d'un extrême à l'autre. Ils assistent à une réunion par jour pendant une longue période. Puis ils passent à une autre période où ils n'ont plus qu'une réunion du dimanche, à laquelle presque personne ne se rend. Ils alternent des périodes où ils vont presque tout le temps à des réunions, et des périodes où ils ne vont plus à aucune réunion, excepté au culte du dimanche. Il me semble qu'une telle attitude manque complètement de sagesse. Les résultats qu'elle produit démontrent aux Eglises qu'une telle démarche n'est pas saine. Il vaut mieux organiser des réunions régulières pendant toute l'année. Chacun pourra ainsi satisfaire à ses obligations séculières et professionnelles.

Comme l'intérêt des hommes est de plus en plus attiré par toutes sortes de sujets, il nous revient, dans la même proportion, d'accroître la fréquence et l'urgence de nos appels. Nous devons arriver à fixer leur attention sur ce grand sujet du salut. Les hommes de ce monde font de plus en plus d'efforts pour attirer l'attention de leurs semblables sur des sujets mondains. Nous aussi, nous devons, dans une proportion au moins égale, multiplier les moyens propres à retenir l'attention des hommes sur des sujets spirituels. Cela me semble être une loi de l'esprit humain.

Il ne faut pas prétendre qu'un réveil dépend uniquement de la souveraineté de l'Esprit de Dieu. Il est faux de dire que nous ne devons pas utiliser de moyens spéciaux pour le produire. Ces moyens sont nécessaires pour permettre à l'Esprit d'accomplir Son oeuvre. Il faut les utiliser en abondance, si nous voulons que Dieu accomplisse le résultat que nous désirons. Les serviteurs de Dieu ont compris à leurs dépens qu'en organisant de longues périodes spéciales de réunions, pour obtenir un réveil, ils n'ont fait que pousser de plus en plus les Eglises à s'engager dans une excitation spasmodique et temporaire. Ils se concentrent sur les périodes de l'année où les gens n'ont pas beaucoup d'autres choses à faire. Ou ils ne prennent pas en considération ce que les chrétiens doivent faire, et ils leur demandent de faire des efforts prolongés. Les chrétiens assistent alors jour et nuit à des réunions, pendant plusieurs jours ou plusieurs semaines. Puis ils abandonnent ensuite complètement tout effort.

Au lieu de cela, les Eglises devraient faire des efforts réguliers. Elles devraient chaque jour faire le nécessaire pour retenir l'attention des gens. Elles devraient contrebalancer l'attirance que le monde exerce sur eux, attirance qui met en danger leur âme.


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Lettre 12

Les obstacles à l'esprit de réveil


Quelque chose produit actuellement un mal immense. C'est le sectarisme grandissant de l'Eglise. Ce sont les principales dénominations qui ont été les plus zélées et les plus efficaces pour la promotion des réveils. Pourtant, il me semble qu'elles sont en train de devenir, depuis une dizaine d'années, très sectaires dans leur esprit et dans leurs initiatives. Je ne pense pas que ce soient les conflits entre ces dénominations qui augmentent en intensité et en virulence. Mais celles-ci se divisent et semblent s'abandonner à l'esprit de schisme et de sectarisme. Il y a dans toutes les dénominations l'Eglise traditionnelle et l'Eglise moderne, l'ancienne Ecole et la nouvelle Ecole, les réformateurs et les conservateurs. Tous semblent mettre en avant leurs particularismes avec un esprit et par des moyens extrêmement sectaires. Les conventions sectaires, les rassemblements religieux, les conciles, les synodes, avec toute la panoplie et l'attirail du sectarisme, semblent enflammer l'esprit de l'Eglise de manière alarmante.

Il s'agit là sans aucun doute d'un mal considérable. Il faut combattre cette influence dans les Eglises. Les serviteurs de Dieu doivent cesser de manifester un esprit sectaire. Ils doivent mettre fin à leurs gesticulations et à leurs disputes verbales. Ils doivent arrêtent de créer des préjugés et de chasser les hérésies. Il faut qu'ils abandonnent leurs ambitions ecclésiastiques, pour se consacrer entièrement à rechercher l'amour fraternel, l'harmonie dans l'Eglise, la conversion des pécheurs et la sanctification des saints. Sinon, il est certain que les réveils cesseront, et que ceux-ci ne progresseront plus en pureté et en puissance.

Quand on considère une telle situation, le plus affligeant est de voir que les ministères et de nombreux chrétiens sont devenus tellement sectaires. Ils sont tellement imbus de cet esprit sectaire qu'ils ne se rendent même plus compte qu'ils sont sectaires! Ils s'imaginent être animés d'un pur amour de la vérité, et combattre sincèrement pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Ils pensent être réellement et exclusivement jaloux de l'honneur de Dieu et de la pureté de l'Eglise. Ils ont élevé leurs propres opinions au rang de doctrines fondamentales. Ils luttent pour les défendre avec obstination et véhémence, accusant tous ceux qui ne les partagent pas d'être des réprouvés.

Pour autant que je sache, il est remarquable de voir que les grands réveils qui ont tellement béni l'Eglise, dès le début, ont été anéantis par des manoeuvres ecclésiastiques et sectaires, qui voulaient soi-disant préserver la pureté de l'Eglise et la foi transmise aux saints. Il est vrai que les ministères, dans leur ensemble, ont toujours été responsables du déclin des réveils. Leur sectarisme, leur ambition, et leurs idées préconçues, les ont poussés à prêcher, à combattre, à courir à des Synodes, à des Conciles et à d'autres rassemblements ecclésiastiques. Les Eglises, tout d'abord peinées et même choquées par cette influence, ont fini par se laisser convaincre. Elles se sont imbibées de l'esprit sectaire, et se sont entièrement éloignées de Dieu.

Frères bien-aimés, qui donc ignore qu'un grand nombre de ministères sont trop influencés par leurs préjugés pour être en communion avec Dieu et manifester Sa puissance? Qui donc ignore qu'ils ne sont pas assez honnêtes, objectifs et droits, pas assez attachés à la vérité, pas assez ouverts, pas assez désireux d'examiner avec patience et de juger avec charité toute question sur laquelle ils doivent se prononcer?

Par ma propre expérience, j'ai appris que, pour maintenir ma communion avec Dieu, je devais complètement abandonner toute idée préconçue sur n'importe quel sujet. Je devais ouvrir complètement mon esprit, être prêt à être persuadé, et rester tout-à-fait objectif et honnête. Je ne dois pas non plus me permettre d'avoir ou d'exprimer une opinion sur un sujet quelconque sans l'avoir soigneusement examiné, ni sans avoir prié. Beaucoup aujourd'hui semblent avoir oublié ce que Dieu dit de ceux qui "parlent mal des choses qu'ils ne comprennent pas." Il est étonnant de voir à quel point les ministères, comme les chrétiens engagés, se laissent aller à dénoncer et à médire des choses qu'ils ne comprennent pas.

Ces ministères et ces chrétiens ne peuvent pas prier. Dieu ne les entendra pas. Ils ne peuvent pas être exaucés, tout le monde s'en rend compte. Ils dénoncent certaines doctrines et certaines choses d'une manière profondément choquante pour ceux qui se rendent compte qu'ils ne savent pas ce dont ils parlent. Ils confondent des choses qui diffèrent radicalement, et font des distinctions qui n'existent pas.

Je pourrais mentionner un grand nombre de faits pour illustrer mon propos. Presque tout le monde sait qu'il est toujours parfaitement habituel à des serviteurs de Dieu et à de simples chrétiens de confondre l'entière sanctification, dont nous voulons parler ici, avec le perfectionnisme. Ceux qui le font ne savent sans doute pas ce qu'ils disent, ou n'ont pas très bien étudié la question. Ils parlent de ce qu'ils ignorent, et disent du mal de choses qu'ils ne comprennent pas.

Frères bien-aimés, je ne dis pas cela pour faire des reproches à qui que ce soit. Mais, après tout, qui donc ignore que cela est vrai? Tout au moins, qui peut ignorer que cela est vrai?

Que nos opinions personnelles soient vraies ou fausses, il est parfaitement injuste de les voir confondues avec des opinions que nous rejetons. Ceux qui font cet amalgame sont pourtant des serviteurs de Dieu, mais ils ne font pas très bien la différence entre nos opinions et les leurs.

Si nos opinions sont fausses, qu'on les examine, et qu'elles soient acceptées ou rejetées selon leur valeur propre. Il est peut-être facile pour ceux qui les rejettent de confondre la totale sanctification, que nous défendons, avec le perfectionnisme, ou avec les idées du catholicisme romain, ou avec celles de l'universalisme, ou avec celles de tout autre "isme." Ils veulent couvrir nos opinions de tant d'opprobre que l'Eglise ne désirera même plus les étudier objectivement. Mais, que nos opinions sont vraies ou fausses, permettez-moi de vous dire, chers frères, que votre manière de les écarter ne peut manquer de provoquer un état d'esprit tendancieux en vous et dans vos églises.

Je vous le demande, mes frères, n'est-ce pas ce qui est train de se produire? Vous avez dénoncé notre point de vue, et vous l'avez confondu avec le perfectionnisme. Vous l'avez combattu dans vos réunions d'églises, et vous avez créé des préjugés par votre opposition. Je vous supplie d'examiner si cela n'a pas fait naître un état d'esprit tendancieux chez vous. N'est-il pas vrai que votre disposition d'esprit est devenue moins spirituelle? Votre communion avec Dieu n'a-t-elle pas baissé? N'avez-vous pas prêché l'Evangile avec moins de coeur et d'onction, et fait preuve d'un plus grand sectarisme?

Mes frères bien-aimés, que vous soyez serviteurs de Dieu ou non, acceptez-vous de répondre sincèrement à cette question, en ouvrant votre coeur devant Dieu au trône de la grâce?


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Lettre 13

Les objections faites aux séries de réunions


(Note de l'Editeur américain: Dans ce chapitre, l'auteur ne veut pas mettre à la seconde place le travail accompli pour sauver les âmes. Il ne dit pas qu'il ne faut l'effectuer que lorsqu'il n'y a rien d'autre à faire. Cette lettre veut au contraire démontrer que l'on doit tenir compte des obligations de ceux qui sont invités à ces réunions, afin de ne pas produire une opposition nuisible aux efforts de réveil.)

 

Dans mon avant dernière lettre, j'ai fait certaines remarques concernant les moyens utilisés pour produire un réveil. J'ai dit qu'il y avait deux extrêmes. Certains veulent obtenir un réveil par le seul moyen de longues séries de réunions ou d'efforts du même type. Tandis que d'autres sont opposés à l'emplois de tels moyens. J'ai discuté aussi quelque peu la tendance de certains chrétiens à concentrer presque tous leurs efforts pour obtenir un réveil sur une courte période de l'année, lors-qu'ils n'ont pas grand-chose d'autre à faire. Mais ils ne font rien ou presque rien le reste de l'année.

Après avoir rédigé cette lettre, il m'a semblé qu'elle pouvait être mal interprétée. J'ai décidé d'ajouter certaines remarques, et de les faire publier immédiatement après. Mais comme j'avais déjà écrit la lettre parue au précédent numéro, je n'ai pas pu réaliser tout de suite mes intentions.

 

Les remarques que je veux faire à présent peuvent être résumées ainsi:

1. Tout notre temps appartient à Dieu.

2. Tout travail que nous faisons est fait pour Lui.

3. Tout doit être fait en son temps. Le dimanche a ses exigences particulières. Il en est de même du printemps, de l'été, de l'automne et de l'hiver. Le Seigneur nous a demandé de travailler six jours, et de nous reposer le septième. En d'autres termes, tout notre temps doit être consacré à Dieu.

 

Il semble qu'à certaines périodes de l'année la plupart des gens aient plus de loisirs qu'à d'autres. C'est-à-dire que Dieu les occupe beaucoup moins dans les tâches qu'Il leur confie habituellement. Les agriculteurs, comme la plupart des gens, ont beaucoup moins de travail en hiver que pendant les autres saisons de l'année. Il est donc fort raisonnable, approprié, et sans doute nécessaire, d'employer tout notre temps, en de telles saisons, à une activité consacrée à la gloire de Dieu et au bien de Son royaume. En de telles saisons, il est bon de prévoir davantage de réunions, de passer plus de temps en prières et en visites, et de faire plus d'efforts pour la conversion des pécheurs et la sanctification des chrétiens. Ce ne serait pas le cas en des moments où Dieu nous appelle clairement à labourer, à récolter les fruits de la terre, ou à répondre aux autres obligations de notre existence. Nous devons accomplir nos obligations en toutes saisons. Cela nous permet de ne pas nous laisser accuser d'avoir une religion qui se limite à assister à de longues séries de réunions, ou qui n'est qu'une religion pour l'hiver ou les temps de vacances. Cela ne prouve pas nécessairement que nous avons une religion faite d'efforts spasmodiques et intermittents. Un chrétien qui va à l'église le dimanche, et qui travaille le reste de la semaine, comme Dieu le lui demande, ne prouve pas par cette attitude qu'il a une religion du dimanche. En réalité, un chrétien doit travailler toute la semaine pour la même raison qui le pousse à se rendre à l'église le dimanche, c'est-à-dire obéir à Dieu et Le glorifier. S'il ne le fait pas dans cet esprit, il n'a aucune religion véritable. On peut être tout aussi pieux et consacré à Dieu dans son travail que lors-qu'on se rend à une réunion! Sinon, nous n'avons aucune religion véritable.

Ainsi, le fermier, le marchand et l'ouvrier peuvent, et doivent, être tout aussi dévoués au Seigneur, tout aussi pieux et saints pendant les travaux de l'été que lorsqu'ils assistent à des séries de réunions pendant l'hiver. En réalité, nous devons tout faire pour Dieu, sinon nous ne faisons rien pour Lui. Si nous ne sommes pas poussés par la même motivation dans un cas comme dans l'autre, en n'ayant pour but que la seule gloire de Dieu, nous ne sommes absolument pas des chrétiens sanctifiés.

Il n'est donc pas du tout certain qu'une église soit égoïste si elle organise des séries de réunions à des périodes de l'année où les responsabilités des chrétiens envers Dieu, leur pays, ou leur famille, ne les appellent pas à d'autres tâches. S'ils n'ont pas d'autres obligations dans l'oeuvre du Seigneur, qu'ils se consacrent à l'organisation de réunions. S'ils bénéficient de loisirs supplémentaires, qu'ils soient appelés à faire des efforts particuliers pour la conversion des pécheurs et la sanctification de l'Eglise. Ceci est raisonnable et juste. Je ne vois pas comment l'on peut négliger cela sans pécher.

Cependant, il est vrai, et l'on doit le déplorer, que les périodes consacrées à de longues séries de réunions contribuent pour beaucoup à un développement spasmodique de la religion, ou du moins de ce que l'on appelle la religion. On ne peut donc pas dire que des chrétiens sincères se soient détournés de leur devoir en organisant des réunions à certaines périodes de l'année, tout en étant très occupés à autre chose à d'autres moments. Ils ont besoin de travailler de leurs mains, de prendre soin de leurs terres et de leur commerce, ou de servir Dieu et leur prochain dans leur métier.

Je veux donc que l'on comprenne clairement qu'il est naturel de s'occuper davantage du réveil à certaines époques de l'année, quand les saints et les pécheurs sont moins absorbés par les nécessaires affaires de la vie. Il est très naturel et très important que des efforts spéciaux soient faits à de telles époques, et que des réveils en découlent.

Quand on ne veut pas du réveil, il est donc tout-à-fait déplacé de s'opposer aux longues séries de réunions, car elles sont rarement programmées à des périodes de l'années où les gens sont très occupés. C'est ce qui est en fait très souvent pratiqué. Je recommande donc, comme je l'ai déjà fait dans une lettre précédente, que l'on fasse en permanence des efforts sensibles pour entretenir la flamme dans le coeur des chrétiens, pour s'opposer efficacement au royaume des ténèbres et pour convertir les pécheurs. Mais je supplie mes frères d'encourager aussi leurs églises à organiser des actions particulières et extraordinaires, chaque fois que les chrétiens auront accompli leurs obligations personnelles. S'ils peuvent alors avoir du temps libre, ils doivent le consacrer plus particulièrement à la grande oeuvre du salut des âmes.


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