Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Lettre 9

Pourquoi y a-t-il si peu de réveils?

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Je me réjouis de voir que l'Eglise commence à se préoccuper de la question suivante: "Pourquoi n'y a-t-il pas plus de réveils, et pourquoi leur nature a-t-elle changé?" Elle se demande aussi ce qui peut être fait pour obtenir des réveils qui soient d'une nature désirable et permanente.

Mes chers frères, j'espère, et je crois, que ne m'en voudrez pas si je vous dévoile ma pensée sur ce sujet avec une grande franchise. L'état de l'Eglise, le déclin des réveils, et la situation générale du monde chrétien le réclament.

J'ai lu dans diverses revues certaines raisons invoquées pour expliquer le déclin des réveils, l'absence de leur influence vivifiante, et l'absence de puissance dans la prédication de l'Evangile.

Quelles que soient par ailleurs les raisons du grand déclin des réveils, il me semble que nous, serviteurs de Dieu, nous devrions considérer que notre propre état spirituel est certainement l'une des raisons de ce déclin, pour ne pas dire la raison principale et fondamentale. Ne cherchons pas hors de nous-mêmes la cause fondamentale de ce problème. Nous manquons de sanctification personnelle et d'onction. Nous avons peu de puissance dans la prière et dans la prédication de la Parole. Nous n'avons pas assez de sainteté dans notre vie, ni de consécration à l'oeuvre de renoncement à soi. Nous mettons peu d'énergie à exercer notre ministère. Voilà, sans aucun doute, les principales raisons pour lesquelles les réveils sont aujourd'hui si peu nombreux, si espacés dans le temps, et si superficiels.

En réalité, les ministères se sont dans un large mesure égarés dans de vaines disputes. Ils consacrent leur attention à la politique de l'Eglise, au gouvernement de l'Eglise et à toutes sortes de procédures ecclésiastiques. Les ministères ont cessé de lutter pour réveiller ceux qui ne sont pas dans l'Eglise, et pour ramener l'Eglise à la sainteté. La situation est alarmante et le préjudice extrême.

Je fais appel à vous, mes frères de toutes dénominations, pour vous demander si vous ne reconnaissez pas ce que je viens de dire comme une réalité de votre expérience et de votre observation personnelles. Les ministères, dans une large mesure, se sont laissés distraire de l'oeuvre fondamentale de la conversion des pécheurs et de la sanctification de l'Eglise. Ceci est alarmant. Mais ceci est trop connu pour avoir besoin d'être prouvé. Il suffit de lire la presse, d'observer les remous au sein des églises, les conflits doctrinaux et, puis-je le dire, les ambitions personnelles. Tout cela est venu au grand jour et a été offert en pâture au public au cours des dernières années, et témoigne clairement du fait que la plupart des ministères ne se préoccupent plus de rechercher le réveil, ni la sainteté et l'entière consécration de l'Eglise.

S'il en est ainsi, mes frères bien-aimés, et quelles que soient les mesures qui doivent être prises par ailleurs, ne nous revient-il pas de reconnaître notre faute, de la confesser, de nous en attrister et de nous en repentir, afin de recevoir une nouvelle onction pour le ministère?

Frères bien-aimés, il ne nous sert à rien de regarder autour de nous pour chercher les causes de ce mal. La principale de toutes les causes est à rechercher en nous-mêmes. Si notre coeur est froid, notre zèle pour le réveil s'affaiblit. Si nous sommes occupés à autre chose, si nous battons la campagne pour assister à des conventions, des conseils et des synodes, si nous passons notre temps à lire les critiques acerbes publiées par les journaux, si nous nous lançons dans la politique de l'Eglise, si nous nous agitons pour le gouvernement de l'Eglise et pour tant d'autres choses, il n'est pas étonnant que l'Eglise et le monde se désintéressent complètement des réveils.

Il faut que les responsables se mettent à l'oeuvre! Il faut que les serviteurs de Dieu soient baptisés dans le Saint-Esprit! Il faut que nous soyons réveillés et présents sur le champ de bataille avec toute notre armure! Il faut que notre âme soit ointe du Saint-Esprit! Sinon, il ne nous convient certainement pas de regarder autour de nous pour tenter de découvrir la cause du déclin des réveils.

Je suis sûr qu'il y a bien d'autres causes à ce déclin. Dieu voulant, nous les examinerons. Mais celle-ci est la plus importante. De toutes les causes, elle est celle qui déshonore le plus le Seigneur. Les ministères ne sont pas à l'oeuvre, et les bergers ont d'une certaine manière abandonné leur troupeau. Je veux dire qu'ils ne le conduisent pas dans les gras pâturages, auprès des eaux tranquilles. Ils ne sont pas eux-mêmes oints de l'Esprit, ni remplis de foi et de puissance, pour pouvoir conduire l'Eglise dans le réveil.

Dans une large mesure, les Eglises ne semblent pas très bien se rendre compte de l'état des ministères, parce qu'elles sont elles-mêmes rétrogrades. Le déclin d'une piété vivante au niveau des ministères a, bien entendu, été l'occasion d'un déclin parallèle des Eglises. A tel point que celles-ci ne sont plus guère conscientes de leur propre état, ni de l'état des ministères.

J'espère, mes chers frères, qu'en écrivant de la sorte, je ne serai pas accusé de mépriser l'influence des ministères ni d'encourager l'esprit de critique dans l'Eglise. Je ne voudrais aucunement faire cela. Mais nous devons être assez francs, humbles et honnêtes, pour regarder en face le véritable état des choses. Nous devons confesser et abandonner nos péchés. Nous devons nous remettre à l'oeuvre et travailler à nouveau pour le réveil. Sinon, Dieu ne manquera pas de nous châtier et de susciter d'autres instruments pour accomplir Son oeuvre, en nous mettant à l'écart. Il éloignera de nous le coeur des Eglises, détruira l'influence que nous exerçons sur elles, et suscitera des hommes que nous ne connaissons pas pour aller conquérir le pays.

On voit beaucoup de conventions diverses aujourd'hui. Mais je pense à une convention qui serait différente de toutes les autres, et qui nous serait fort utile. Nous devrions organiser une convention des divers ministères, et nous réunir pour prier, pour confesser nos péchés les uns aux autres, pour recevoir un esprit de réveil, et pour discuter des meilleurs moyens de promouvoir un réveil dans tout le pays. Je me réjouirais d'une telle convention. Il me semble que, de toutes les conventions que nous avons aujourd'hui, celle-ci serait la plus utile!

Que dire, frères? Ne sommes-nous pas extrêmement coupables? N'est-il pas vrai que les ministères, dans une large mesure, ont perdu l'esprit de réveil? N'y a-t-il pas au milieu de nous une grande insuffisante d'onction et de puissance? N'avons-nous pas accepté passivement de nous laisser distraire de cette grande oeuvre? Notre indifférence n'est-elle pas excessive et criminelle?

S'il en est ainsi, mes chers frères, ne devons-nous pas nous repentir? Ne devons-nous pas réaliser nos fautes, les confesser aux Eglises et au monde, et retourner en arrière pour reprendre notre bannière, au nom du Seigneur?

J'espère que mes frères seront patients envers moi. Car je veux insister davantage sur les responsabilités criminelles des ministères en ce qui concerne le déclin des réveils, tout particulièrement ces derniers temps.

Tout le monde sait que les ministres de Christ ont abandonné l'esprit de réveil. Cela est évident et lamentable. Il est tout-à-fait courant de remarquer que les ministères ont perdu, en général, l'esprit de réveil. Ils ont beaucoup de zèle pour toutes les questions ecclésiastiques. Ils savent très bien manier la critique. Mais ils ont peur des réveils, des prédicateurs de réveil, et des tentatives faites en faveur des réveils. Ils font peu de chose, ou même rien, pour rechercher eux-mêmes un réveil spirituel. Je ne pense pas que ce soit vrai partout, mais je fais une remarque générale. Elle est trop évidente pour nécessiter d'être prouvée. Je crois que tous en conviendront.

Mes très chers frères bien-aimés, si les ministères ne sont pas animés d'un esprit de réveil, il est vain d'espérer que l'Eglise le soit. La place normale du berger est devant le troupeau. Mais s'il essaye de pousser le troupeau devant lui, il le dispersera dans toutes les directions. Si le berger abandonne l'esprit de réveil, les brebis l'abandonneront aussi tout naturellement. En revanche, si le berger progresse dans l'oeuvre du Seigneur, les brebis le suivront partout où il les conduira. Cela est presque évident.

Ce qui a le plus freiné les réveils a toujours été une oeuvre de grâce superficielle dans le coeur des ministères eux-mêmes. Je me tromperais gravement si cela n'était pas vrai.

Mes frères, croyez-moi, je ne dis pas cela avec un esprit de critique. Je ne désire pas pointer du doigt les fautes. Il s'agit là d'une pleine et entière conviction de mon propre esprit. Mon opinion ne s'est pas formée de manière hâtive. Elle résulte d'une longue observation, et d'une connaissance intime d'un grand nombre de serviteurs de Dieu de différentes dénominations.

Quand les serviteurs de Christ sont remplis de l'Esprit de Dieu, l'Eglise, en général, ne sera pas rétrograde. Je le dis d'une manière générale. Il peut y avoir certains cas où des Eglises subissent une influence qui les empêche de rechercher la sainteté des chrétiens et la conversion des pécheurs, malgré tous les efforts déployés par de responsables tout-à-faits réveillés et vigilants. Quand il y a de grands bouleversements politiques, de grandes crises économiques, des périodes de grande dépression ou d'activité intense dans les affaires ou dans la situation financière de l'Eglise ou du monde, cela peut détourner momentanément la majorité des chrétiens d'une profonde spiritualité, même si les ministères restent réveillés.

Cependant, je reste entièrement convaincu que si les ministères sont réveillés, s'ils prient, s'ils sont pleins de vitalité, leur influence écartera presque toujours les calamités et les troubles. Ils pourront pousser l'Eglise, et la société en général, à s'intéresser profondément aux choses spirituelles. Cela réduira considérablement le risque de voir se produire des guerres, des bouleversements politiques et économiques, des spéculations et des crises. Quoi qu'il en soit, je considère comme une vérité générale que si les ministères sont baptisés dans le Saint-Esprit, s'ils sont abondamment oints d'un esprit de réveil, l'Eglise suivra. "Tel sacrificateur, tel peuple!"

Mes frères, je crois que si nous sommes nous-mêmes profondément animés d'un esprit de réveil, nous allons lancer un appel aux Eglises pour qu'elles se lèvent et recherchent le réveil. Cet appel sera immédiatement entendu. Il suffit que les serviteurs de Dieu se lèvent, qu'ils soient remplis de l'Esprit et eux-mêmes réveillés. Je suis alors certain qu'il leur suffira, où qu'ils soient dans ce pays, de prêcher dans l'Esprit pendant trois dimanches seulement, pour voir l'esprit de réveil renaître dans l'Eglise. Essayons seulement de faire cette expérience! Eveillons-nous à l'importance de ce sujet! Confessons et abandonnons nos propres péchés! Crions à plein gosier, ne nous retenons pas, élevons la voix comme une trompette devant l'Eglise! Rallions la foule des élus de Dieu! S'ils sont sourds à notre appel, cherchons encore plus sérieusement ce qu'il nous faudra faire. Mais, tant que nous ne serons pas oints pour accomplir cette oeuvre, ne nous permettons pas de tenter le Seigneur ni d'abuser l'Eglise, en recherchant la cause du déclin des réveils ailleurs qu'en nous-mêmes.

Comprenez-moi bien. Je sais que l'Eglise est dans un état de déclin spirituel. Elle a grandement besoin d'être vivifiée et réveillée. Mais je crois que la cause majeure de ce déclin de l'Eglise réside dans le fait que les ministères se sont laissés distraire des responsabilités qu'ils auraient dû exercer. Je crois aussi que le seul remède à cette situation sera trouvé lorsque ces ministères auront compris que leur priorité absolue est d'être eux-mêmes profondément spirituels et complètement réveillés. Dès qu'ils l'auront compris, il se produira un réveil général. Je ne m'attends pas à voir un tel réveil se produire tant que les ministères n'auront pas pleinement ouvert les yeux sur leur propre état et sur l'état de l'Eglise.


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Lettre 10

Les causes du déclin des réveils


Selon moi, il existe une autre cause au déclin des réveils. Les Eglises n'ont pas été guidées dans les bonnes voies. Elles ont parfois été poussées à faire des efforts, des visites, et beaucoup d'activités pour la conversion des pécheurs. Mais elles-mêmes n'ont reçu qu'une nourriture fort peu abondante. On leur a demandé de beaucoup travailler en les mettant à un régime trop léger. Elles n'ont guère entendu autre chose que des prédications purement légalistes. Les prédicateurs n'ont adressé leurs messages presque exclusivement qu'aux pécheurs. Pendant des mois, ils n'ont pratiquement pas donné à leur Eglise un seul repas consistant. Ils ne lui ont pas présenté le véritable Evangile. Si les chrétiens doivent travailler pour Dieu et pour les âmes perdues, il faut qu'ils soient nourris en abondance avec le pain du ciel. On doit leur faire comprendre et savoir où réside leur grande puissance. Il faut fréquemment leur présenter Christ, dans tout Ses ministères, dans Son action, et dans Sa plénitude. Si l'on ne fait pas cela, non seulement la piété des chrétiens en souffrira, mais ils adopteront un esprit légaliste. Tous leurs efforts pour convertir les païens ne seront qu'activisme et légalisme. Dans cet état d'esprit, ils parcourront la terre et la mer pour faire des prosélytes, mais ils ne réussiront qu'à remplir l'Eglise de convertis superficiels.

Sauf erreur de ma part, c'est ce qui s'est passé, dans une mesure alarmante, pour tous les réveils de ces dernières années. Les chrétiens ont été si peu nourris de l'Evangile qu'ils sont devenus légalistes, pleins de leur propre justice, fanfarons, charnels, routiniers et incrédules. Leurs efforts ont abouti à faire des convertis qui leur ressemblent, et à jeter un grand discrédit sur les réveils.

Je le répète, on a prêché trop exclusivement aux pécheurs. Les serviteurs de Dieu n'ont pas assez servi de moelle et de graisse. Ils n'ont pas exposé la plénitude de l'Evangile. En agissant ainsi, ils ont porté un grand préjudice à leur propre piété. Ils sont souvent devenus légalistes, durs de coeur et portés à censurer. Dans un tel état, il leur est impossible de produire un véritable réveil spirituel. Ils ne se nourrissent pas eux-mêmes de Christ. Ils ne demeurent pas en Dieu, et Dieu ne demeure pas en eux. Ils ne sont donc pas en état de nourrir l'Eglise, ni de produire un véritable réveil spirituel.

Je le répète, les serviteurs de Dieu ont tellement craint la doctrine du perfectionnisme, au cours de ces dernières années, qu'ils ont trop négligé de présenter haut et fort l'Evangile du salut, dans sa plénitude et sa perfection. Beaucoup d'entre eux ont été complètement égarés par les erreurs répandues à propos de la doctrine du perfectionnisme, dans la presse qu'ils reçoivent et qu'ils lisent.

Je me suis rendu à l'étranger. J'ai été étonné de voir la quantité de fausses informations circulant là-bas, concernant les choses que nous aurions réellement dites et enseignées, et concernant les effets de notre enseignement sur notre Eglise et sur les autres Eglises. Ces fausses informations ont poussé beaucoup de serviteurs de Dieu à mettre en garde les chrétiens de leurs Eglises contre toutes les erreurs. Ils ont dénoncé ce qu'ils pensaient être les erreurs des Perfectionnistes et des Sanctificationnistes. Dans la pratique, ils n'ont abouti qu'à abaisser considérablement le niveau de la sainteté biblique dans leurs propres Eglises. Je veux dire que cela a été le résultat pratique. En critiquant la doctrine de l'entière sanctification dans cette vie, et en défendant l'idée, comme beaucoup l'ont fait, que les chrétiens doivent s'attendre à pécher tant qu'ils sont sur cette terre, ils n'ont pratiquement abouti qu'à encourager leurs Eglises à rétrograder en permanence. On a créé dans l'Eglise des préjugés contre la doctrine de la sanctification. En outre, si je ne me trompe, les ministères ont eux-mêmes beaucoup soufferts dans leur propre piété. Une baisse de spiritualité correspondante s'est donc manifestée dans leurs Eglises.

Mes chers frères, vous pourrez faire autant d'efforts que vous voulez, si vous continuez à vous attarder sur ce terrain, vos Eglises vont rétrograder à un point tel que vous en serez vous-mêmes consternés. Ma longue expérience me permet d'affirmer que la seule voie consiste à persuader profondément les Eglises qu'elles doivent absolument parvenir à "se purifier de toute souillure de la chair et de l'esprit, en achevant leur sanctification dans la crainte de Dieu." Tout effort pour excuser le péché, toute tentative d'affirmer l'impossibilité pratique d'atteindre la perfection dans cette vie, constituent les erreurs les plus grandes et les plus désastreuses qui puissent être inculquées aux Eglises. Comme l'a écrit un auteur anglais il n'y a pas si longtemps: "Aucune erreur n'est aussi destructrice, et aucune ne doit être aussi fermement dénoncée, que celle qui consiste à dire que les chrétiens doivent s'attendre à pécher pendant toute leur vie."

Mes frères bien-aimés, je ne cherche pas, par mes propos, à vous gagner à mon opinion. Mais je désire attirer votre attention, et l'attention de l'Eglise, sur cette réalité, et vous faire observer les résultats que l'on obtient quand on propose des critères spirituels moins exigeants que ceux que j'ai mentionnés.

En réalité, les Eglises s'éloignent rapidement de Dieu, faute d'être nourries du véritable pain de vie. En outre, les ministères, dans une mesure vraiment alarmante, ont trop mis leurs Eglises en garde contre la doctrine de la sanctification, et pas assez contre le péché.

Je supplie mes frères de prendre un autre chemin. J'exhorte aussi l'Eglise à vivre dans la sainteté. Je veux faire connaître que Dieu nous demande d'obéir à Sa loi et à Son Evangile. Faites-le aussi connaître, mes frères, et vous verrez que vous apporterez une vie de résurrection à vos Eglises.

Ne craignez pas le perfectionnisme. Cela ne m'étonne pas que la véritable doctrine de la sanctification ait été confondue avec celle du perfectionnisme dans beaucoup d'esprits. Les défenseurs de l'une ont aussi été confondus avec les défenseurs de l'autre. Mais, frères bien-aimés, n'est-il pas temps pour les serviteurs de Dieu de comprendre parfaitement quelles sont les différences entre ces deux doctrines, et de ne plus confondre des choses qui diffèrent tellement? Vous pourrez ainsi abandonner vos préjugés et ne plus vous inquiéter. Vous pourrez aussi montrer à l'Eglise comment abandonner ses propres préjugés et ne plus s'inquiéter.

Dans ce que je viens de dire, j'espère ne pas avoir créé des préjugés chez mes frères. J'espère ne pas vous avoir incités à ne plus m'écouter. Car j'ai encore des choses à dire à propos des erreurs commises dans la recherche des réveils. Je dois encore expliquer pourquoi ces réveils sont devenus si rares, si espacés, et d'une nature si superficielle. Mes chers frères, j'ai le coeur rempli de ce sujet. J'ai beaucoup de choses à dire. Je vous supplie de m'écouter avec patience. Recherchez honnêtement si une grave erreur n'a pas été commise dans la direction que je viens d'indiquer.

Je veux encore parler de quelque chose dont les conséquences ont été très funestes sur les réveils spirituels. Il s'agit des fausses conceptions concernant les meilleurs moyens de promouvoir un réveil. Si j'ai bien compris, on a actuellement une forte tendance à s'orienter vers deux extrêmes presque aussi nuisibles l'un que l'autre. D'un côté, il y a ceux qui semblent rechercher un réveil sans utiliser aucun moyen particulier. Ils disent que les réveils sont l'oeuvre de Dieu. Ils croient donc qu'il leur suffit de continuer à faire ce qu'ils font habituellement. Ils continuent à donner régulièrement leurs messages hebdomadaires ou mensuels, à avoir quelques réunions de prière occasionnelles, etc... Ils laissent le réveil, cet "événement," selon leur terme, à la souveraineté de Dieu. Ils pensent que Dieu peut Se manifester sans que nous ayons à utiliser de moyens particuliers. Ils disent que cela reviendrait à prendre la place de Dieu dans Son oeuvre et à produire des réveils avec notre propre force. Il leur suffit de poursuivre leurs activités habituelles pour le salut des âmes.

Il me semble que l'on a négligé ici un principe de la nature humaine, qu'il faut respecter si l'on veut travailler avec succès pour le royaume de Dieu. Supposez qu'un homme ait l'esprit fortement intéressé par un sujet quelconque. Si vous voulez attirer son attention sur un autre sujet, il vous faut utiliser des moyens propres à l'intéresser et à le stimuler. Depuis trente ans, le monde chrétien tout entier se trouve dans un état de grande excitation. Il se dirige vers une grande révolution morale. Par révolution morale, je veux parler d'une révolution dans les opinions, suivie d'une révolution dans les comportements. On ne parle que de réforme. On soulève l'une après l'autre de nombreuses questions d'un intérêt profond, pour agiter l'opinion publique. C'est Dieu qui, par Sa providence, continue à faire pression sur les pensées des hommes, par ces questions qui les agitent. Ce sont des questions politiques et des questions religieuses. Tout cela produit une excitation à la limite du supportable. En réalité, tout sujet d'intérêt profond et fondamental pour l'humanité a dans la presse ses avocats, ses conférenciers et ses défenseurs, qui contribuent à fixer l'attention et l'intérêt de l'opinion publique.

Dans ces conditions, il est parfaitement déraisonnable d'espérer gagner l'attention des hommes et de produire un réveil, si l'on ne fait pas des efforts particuliers et prolongés. Le monde entretient constamment l'intérêt du public, pour alimenter l'agitation politique et lancer des réformes. De même, les ministères doivent élever la voix comme une trompette, "crier à plein gosier," et ne pas se retenir. Ils doivent multiplier leurs efforts et leurs tentatives, à la mesure de l'excitation manifestée par le monde pour les sujets qui l'intéressent. Ils doivent persévérer jusqu'à ce que, par la grâce de Dieu, l'attention de leurs auditeurs soit captée et conservée, et que les coeurs soient gagnés au Seigneur.

Il se peut qu'un réveil éclate sans que l'on ait fait d'effort particulier, dans un endroit où les gens ne s'intéressent pas vraiment à d'autres sujets. Mais l'Eglise se trompe si elle espère avoir un réveil sans avoir recours à des efforts exceptionnels et prolongés. C'est parce que les réveils sont l'oeuvre de Dieu que ces efforts sont indispensables. Cela ne nous autorise donc pas à invoquer une seule raison pour négliger de tels efforts. Dieu, en bâtissant Son Royaume et en établissant Son gouvernement sur le monde, ne viole pas les lois de l'intelligence, mais Il les respecte strictement. Par conséquent, si nous traînons les pieds, ou si nous craignons de faire un surcroît d'efforts, tout en espérant obtenir un réveil, ce serait irrationnel et absurde, alors que le monde s'enflamme pourtant d'autres sujets. Il est vrai qu'il nous faut conserver une grande sagesse pour ne pas commettre des actions inconsidérées. Nous ne devons pas avoir recours à des moyens qui ne seraient que de l'agitation et de l'excitation inutiles, ou qui détourneraient l'attention de la vérité. Mais il faut pourtant utiliser certains moyens et multiplier les réunions. Les prédicateurs et les chrétiens doivent être eux-mêmes enflammés. Ils doivent pouvoir élever leur voix pour couvrir le bruit des vagues et des vents de ce monde, jusqu'à ce qu'ils parviennent à fixer l'attention des hommes. Sinon, ils ne parviendront jamais à sanctifier les coeurs.


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