Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LA PAROLE DE CAÏN

L'Eternel dit à Cain: Où est Abel ton frère? Et Cain lui répondit: Je ne sais; suis-je le gardien de mon frère?
(GENÈSE IV, 9.)
Vous venez d'entendre, mes frères, la parole du premier des fratricides. Quel contraste entre la scène lugubre d'où je l'ai tirée et le récit de la création qui la précède presque immédiatement! La création, c'est le plan de Dieu. Là, tout est paix, harmonie et lumière. Il semble que la famille humaine aille grandir et se développer tout en restant unie par un inaltérable amour. Hélas! cette page lumineuse, je la tourne, et c'est pour entendre ces mots: Suis-je le gardien de mon frère ? prononcés auprès du corps sanglant d'Abel. Dès lors, cette parole de Caïn devait être répétée à toutes les époques et dans tous les lieux de la terre. On peut dire que là où l'Evangile a été ignoré, elle est devenue comme la devise de l'humanité. Cherchez dans les sociétés antiques le lien qui doit unir les hommes! Chaque peuple est parqué dans son territoire et dans sa religion. Son Dieu lui-même n'en franchit pas les limites; les étrangers sont des barbares; l'espérance d'une union religieuse, d'une société des âmes, est tellement éloignée des idées de l'antiquité, qu'au deuxième siècle de notre ère le philosophe Celse, ce fameux adversaire du christianisme, écrit ceci : « Il faut être tout a fait insensé pour croire que les Grecs et les Barbares, l'Asie, l'Europe, la Libye et les autres peuples puissent jamais être réunis dans le lien d'une même religion. » Et, ce que dit Celse avec tant d'assurance, tous le pensent, les Romains, les Grecs, les Juifs eux-mêmes. Nul ne s'élève au-dessus de cet égoïsme plus ou moins agrandi. Chaque peuple semble dire : Suis-je le gardien des autres? Et Rome, en conquérant le monde, ne rapproche les hommes que dans l'unité de la servitude et de la dégradation.

Entre les diverses classes d'un même peuple, c'est la même indifférence , le même éloignement. Qui donc, dans l'antiquité, s'occupe par exemple du pauvre, de l'esclave, des déshérités de la terre ?

Le pauvre! Voulez-vous savoir ce que l'antiquité pense de lui? Platon, ce noble et beau génie, que l'on a souvent appelé un précurseur de Jésus-Christ, Platon se demande froidement, dans son livre de la République, si, lorsque le pauvre est malade, il faut le secourir; et il conclut par la négative, parce que, dit-il simplement , cela n'en vaut pas la peine. L'esclave! jamais un philosophe païen ne s'est étonné de son sort. L'orphelin, le malade, les déshérités de la terre! Dans l'antiquité tout entière, comme encore aujourd'hui, en Chine, au Japon, aux Indes, partout où la croix n'a pas été plantée, il n'y a pas un hôpital, pas un orphelinat, pas un refuge pour la vieillesse ou pour l'indigence. Vais-je donc trop loin en affirmant qu'avant le christianisme et en dehors de son influence, l'homme a pris pour devise la parole du fratricide, et qu'aux gémissements de l'esclave et du pauvre il a toujours répondu par la bouche de ses philosophes, de ses législateurs et de ses prêtres : Suis-je le gardien de mon frère? »

Ainsi aurait fini le monde, s'abîmant de plus en plus dans l'égoïsme, si Jésus-Christ n'était pas venu. Certes, à l'entrée de la sombre voie de ses abaissements, au terme de laquelle se dressait la croix du Calvaire, le Fils de Dieu aurait pu dire à son Père : « Suis-je le gardien de cette race corrompue et rebelle qui t'oublie et t'outrage? » Il aurait pu le dire, et rester dans la gloire et la lumière qui l'entouraient dès le commencement. Ce qu'il a dit, vous le savez, mes frères. Vous l'avez entendu à Bethléhem, à Nazareth, en Gethsémané, à Golgotha. Vous l'avez vu, ce Roi des rois, revêtant avec notre chair mortelle toutes les humiliations de la pauvreté; vous l'avez vu se chargeant de nos douleurs et de nos angoisses; vous l'avez vu, ô mystère d'amour! s'identifiant tellement à l'humanité coupable qu'il a pris sur lui le poids de ses crimes, toute l'horreur de sa condamnation. Sur la croix, vous avez entendu cette parole extraordinaire : « Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné ? » Oui , les conséquences de notre révolte, lui le Saint et le Juste, il les a connues. Aussi, à la vue de sa croix, le coeur des pécheurs a frémi. Sur cette croix, l'homme coupable a reconnu son représentant. Le sang du Crucifié, c'est pour nous qu'il coule. « C'est là, nous dit l'épître aux Hébreux, le sang de l'aspersion qui annonce de meilleures choses que celui d'Abel. »

Le sang d'Abel nous rappelle la parole du fratricide : « Suis-je le gardien de mon frère? » Le sang de Jésus-Christ est celui du souverain Pasteur, mourant, non-seulement pour des frères, mais pour des ennemis.

Nous nous appelons chrétiens, mes frères. C'est dire que nous devons être transformés à l'image de Jésus-Christ, que ce qu'il a été nous voulons l'être. Au pied de sa croix, nous apprenons à détester l'égoïsme, nous apprenons que nous ne vivons plus pour nous-mêmes, mais que nous sommes membres d'un corps et que, dans notre mesure aussi, nous sommes les gardiens de nos frères. Mais nos frères, où sont-ils? Demandez-le à Jésus-Christ. « Quand je serai élevé de la terre, disait-il, j'attirerai tous les hommes à moi. » Oui , tous les hommes ! Ses bras qui s'ouvrent sur la croix du Calvaire, c'est l'humanité tout entière qu'ils veulent embrasser, non pas seulement les enfants d'Abraham, mais tous les enfants d'Adam. Cherchez donc une âme que Jésus-Christ repousse, une âme pour laquelle son sang n'ait pas coulé. Vos frères! Ils sont partout. Vos frères, ce sont ceux qui vous aiment, mais ce sont aussi vos ennemis. Ce sont ceux qui communient avec vous, mais ce sont aussi ceux qui vous refusent une place à leurs côtés dans l'Eglise et dans le ciel. Votre frère, vous auquel Dieu a donné la fortune, c'est ce pauvre à côté duquel vous êtes assis, et vous qui êtes pauvres, c'est ce riche pour lequel vous éprouvez peut-être plus d'envie que d'amour. Votre frère, vous dont l'intelligence est élevée, c'est cet être ignorant, borné, avec lequel vous avez à peine un langage commun , un point de contact supérieur Votre frère , vous qui êtes honnête, c'est cet être tombé qui traîne dans vos rues le triste spectacle de sa misère, de sa dégradation, de son abjection même. Nos frères, ce sont les péagers, ce sont ceux-là même que la société met à son han... et, par delà les limites de notre civilisation et de nos Eglises, nos frères, Ce sont ces pauvres noirs auxquels de prétendus chrétiens refusent encore le titre et la qualité d'hommes; ce sont ces païens dont les moeurs nous repoussent; ce sont ces sauvages de l'Australie à propos desquels le plus spirituel de nos sceptiques se demandait récemment avec un sourire s'il valait la peine qu'un Papou eût une âme immortelle. Nos frères, ils sont partout! Quand nous allons à travers le monde prêchant les miséricordes divines et conviant à la maison du Père les pécheurs égarés, nous leur disons à tous, comme les messagers de la parabole : « Venez, car il y a encore de la place. » Sous tous les cieux, nous les appelons au festin de l'amour de Dieu, pauvres et riches, savants et ignorants, honnêtes ou vicieux, jusqu'au jour où des extrémités les plus reculées de la région la plus sombre et la plus déserte le dernier des sauvages viendra s'y asseoir à son tour.

Voilà , mes frères, l'idée que le christianisme nous donne de l'humanité. Aujourd'hui , des penseurs, des incrédules même s'en emparent et s'en font un titre de gloire; nous avons une philosophie qui porte le nom prétentieux d'humanitaire, comme si, la première, elle avait eu souci de l'humanité. Mais, ne nous y trompons pas, cette idée est chrétienne, elle est née au pied de la croix. L'humanité n'a compris qu'elle formait une seule famille que depuis le jour où le souverain Pasteur est mort pour rassembler ses membres dispersés.

Nous sommes donc les gardiens de nos frères; leurs intérêts sont nos intérêts. Telle est la vérité générale que je suis venu vous rappeler. Mais ce devoir général se présente à nous aussitôt sous deux aspects différents qui vont nous occuper tour à tour : L'homme est double; il a un corps et une âme. Il souffre dans son corps, il souffre dans son âme. De là, mes frères, pour nous une double mission : nous sommes appelés à la fois à soulager les misères temporelles, et à sauver les âmes. Devant cette double mission, nous avons tous répondu peut-être : « Suis-je le gardien de mon frère ? » C'est ce sentiment que je viens combattre. Puissé-je y réussir avec l'aide de Dieu que j'implore.

Ces deux classes de souffrances que je viens de rappeler, Jésus-Christ les a rencontrées. Voyons quelle a été son attitude à leur égard..

D'abord les souffrances du corps , Jésus-Christ les a rencontrées sous leurs deux formes ordinaires, la maladie et la pauvreté. Ce qu'il a fait pour elles, tout l'Evangile nous le dit. Toujours nous le voyons entouré des pauvres et des malades. C'est là, on peut le dire, sa société de prédilection. C'est pour eux qu'il accomplit ses oeuvres les plus magnifiques. Aussi voyez comme ces malheureux viennent à lui. Voulez-vous savoir où est Jésus-Christ, vous n'avez qu'à voir où vont les pauvres. Avant qu'il paraisse, leurs cris l'appellent. Ce sont eux surtout qui l'accueillent et lui crient : « Hosannah! » Hélas! je sais bien tout ce qu'il y a dans cet empressement de charnel et d'intéressé. Je sais que ce qu'ils cherchent, avant tout, c'est la main puissante qui les nourrit et qui les soulage. Je sais que, plus tard, ils le fuiront, ils le maudiront peut-être. Mais c'est pour cela même que son amour me paraît plus admirable, plus sublime et plus divin. Comme il les relève, ces pauvres! Avec quelle tendre sollicitude il s'occupe d'eux! C'est parmi eux qu'il choisit ses disciples. Lui qui n'a pas un regard pour les splendeurs de la terre , lui qui, dans tout son Evangile, n'a pas une parole pour les Tibère et les César, il lègue à l'immortalité les noms d'un Lazare ou d'une Marie Madeleine, montrant ainsi ce qu'il a fait des pauvres, des petits et des plus dégradés. Il naît parmi eux, il vit avec eux, il meurt avec eux; de telle sorte qu'à quelque page que vous ouvriez l'Evangile, vous trouvez Jésus et le pauvre indissolublement unis. Et, chose plus merveilleuse encore, à laquelle je ne puis penser sans que mon coeur en soit profondément ému, ce n'est pas seulement pendant les jours de sa chair, c'est jusqu'à la fin du monde que Jésus-Christ a voulu être uni au pauvre et au malade. Jésus-Christ, mes frères, depuis qu'il a quitté la terre, s'est choisi un représentant ici-bas, un représentant jusqu'à la fin du monde.

Ecoutez la scène sublime que saint Matthieu nous a conservée :

Le monde a fini sa marche qui nous semblait éternelle; les bruits de la terre ont cessé, et voici toutes les générations humaines qui paraissent devant Jésus-Christ comme des troupeaux devant leur pasteur. Et quelle sera la parole que le Christ adressera en cette heure solennelle à ceux qu'il reconnaîtra pour les bien-aimés de son Père, et qu'il introduira dans sa gloire ? Il pourrait leur dire : « J'étais votre maître, et vous m'avez servi; j'étais votre roi, et vous avez annoncé mon règne; j'étais votre Dieu, et vous m'avez adoré. » Et cependant, il ne leur parlera alors ni de sa royauté, ni de sa gloire ni de sa divinité même. Il leur dira : «J'étais pauvre. » « J'étais pauvre! » voilà donc le titre suprême du Fils de Dieu, du Roi des rois. «J'étais pauvre, j'étais malade, et vous êtes venus me voir, et vous m'avez donné à manger, et vous m'avez vêtu. » - Mes frères, comprenez-vous ce qu'il y a dans cette parole - Pour moi, quand je ne posséderais que ce fragment de l'Evangile, j'y reconnaîtrais en adorant la trace du Dieu dont le nom est amour; je dirais : « Vraiment le Seigneur est ici. »

Aussi, voyez ce qui est résulté de cet enseignement sublime. L'Eglise fidèle a toujours reconnu dans le pauvre le représentant de Jésus-Christ. De là, dès les premiers jours, ce merveilleux spectacle de l'Eglise de Jérusalem où toutes les distinctions sociales veulent s'effacer, où l'on ne veut laisser aucun chrétien dans l'indigence. Le même amour du pauvre reparaît dans les Epîtres. Quand le grand apôtre Paul part pour ses voyages missionnaires, et qu'il demande à ses frères dans l'apostolat leurs derniers conseils , leurs recommandations suprêmes : « Ils me recommandèrent seulement, nous dit-il, de me souvenir des pauvres, ce qu'aussi j'ai eu soin de faire. » En effet, les pauvres le préoccupent toujours au milieu de ses voyages, de ses périls, de ses travaux héroïques.

Partout où l'Evangile est fidèlement prêché, la même préoccupation s'éveille. C'est à Ephèse, dans l'Eglise où saint Jean avait écrit cette parole sublime : « Dieu est amour! » que le premier hôpital est fondé. Peu après, il était suivi du premier orphelinat. Les esclaves reçoivent le nom de frères qui leur est donné pour la première fois ; enfin, malgré les voiles dont on couvre le christianisme, et sous lesquels on s'efforce d'étouffer sa voix puissante, partout il rappelle à l'homme que les souffrances de ses frères sont ses souffrances, que nul n'a le droit d'y fermer son coeur.

Vous avez entendu Parler de ce discours où le plus éloquent des orateurs du forum fit tressaillir ses auditeurs en leur racontant le supplice d'un de leurs compatriotes. Il le montrait battu de verges par l'ordre d'un juge inique, et s'écriant dans son angoisse : « Civis romanus sum! Je suis citoyen romain! » Ce cri seul répété par Cicéron sur la place publique de Rome aurait suffi à gagner sa cause, car ces mots « Civis romanus sum! » avaient dans le monde entier une puissance extraordinaire; ils entouraient celui qui les prononçait de l'inviolable majesté de la cité souveraine, ils le couvraient d'une protection que rien n'égalait. Certes ! il y a dans ce sentiment de solidarité civile quelque chose de grand qui nous émeut; pourtant à y regarder de près, ce sentiment ne reposait que sur l'orgueil égoïste du peuple-roi, et Cicéron eût laissé ses auditeurs insensibles s'il leur eût parlé du supplice d'un Grec, d'un barbare ou d'un esclave. Mais aujourd'hui, tout en aimant notre patrie, pouvons-nous enfermer notre coeur dans ses étroites limites? Quand nous sommes témoins d'une injustice, est-ce le citoyen avant tout, et n'est-ce pas plus tôt l'homme qu'elle atteint en nous jusqu'au fond de l'âme ? Or, d'où vient, si ce n'est du christianisme, cette puissance de sympathie que rien ne doit arrêter? Pourquoi voyez-vous aujourd'hui, au sein des nations chrétiennes, et là seulement, remarquez-le, cet intérêt ardent et sans cesse renouvelé en faveur des classes souffrantes ? Pourquoi tous les problèmes qui s'y rattachent s'imposent-ils à nous sans que nous puissions les écarter? Pourquoi, à cet égard, le monde moderne marche-t-il dans un sens tout opposé au monde antique ? Pourquoi la parole du fratricide : Suis-je le gardien de mon frère ? est-elle énergiquement repoussée dans les questions sociales comme dans les questions politiques ? Pourquoi voit-on enfin se développer de plus en plus de nos jours ce sentiment de solidarité qui fait que vraiment rien d'humain ne nous est étranger?

C'est que l'Evangile est là, c'est qu'il est encore, grâce à Dieu, le sel de la terre. Ah ! je le sais, vous me direz qu'il ne l'est pas toujours, vous me montrerez les iniquités pratiquées à l'ombre du christianisme, les païens corrompus, avilis par des nations chrétiennes, les esclaves dont les fers sont rivés au nom de Jésus-Christ. Mais, ne ressort-il pas de l'impression même que ces faits produisent l'argument le plus fort en faveur du christianisme? D'où vient l'indignation immédiate, irrésistible, qui saisit même les plus incrédules en présence de ces faits? S'indigneraient-ils autant si ces crimes étaient commis à l'ombre d'une autre religion? Non, ce qui les indigne, c'est que ce soient des chrétiens qui les commettent. Ah! c'est qu'ils sentent que l'Evangile est contre ces choses, qu'on le calomnie, qu'on le falsifie en les justifiant en son nom. Eh bien, cette indignation même est ma réponse. Elle atteste que l'Evangile est innocent des maux qu'on commet à son ombre; elle atteste qu'il est encore le meilleur refuge de tous ceux qui souffrent; elle atteste enfin qu'il n'a pas trompé les hommes Celui qui leur a dit à tous : « Venez à moi, vous tous qui êtes travaillés et chargés, et je vous consolerai. »

Mes frères, quand on voit des iniquités se commettre dans les pays où l'Evangile est prêché, l'incrédule en triomphe. Il s'écrie : « A quoi sert donc votre religion ? » Mais en présence de ces faits, il faut dire, au contraire, en répétant une grande parole de Franklin: « Si les hommes sont si mauvais, même avec la religion, que seraient-ils donc sans elle? » Oui, que seraient-ils, que deviendraient-ils sans cet Evangile que l'on accuse ? Qu'était le monde avant Jésus-Christ, que serait-il sans Jésus-Christ ? Ah ! cherchez donc à l'effacer ce soleil des âmes dont la clarté vous importune, et si par impossible vous pouviez y réussir, à l'effroyable obscurité qui couvrirait le monde, vous reconnaîtriez, mais trop tard, quelle était la splendeur de l'astre qui s'est éteint.

Voilà, mes frères, ce que le christianisme a fait pour les souffrances du corps, mais ce n'est là, nous Pavons vu, qu'une partie de notre mission. Au-dessus du corps, il y a l'âme. Or l'âme, c'est l'homme éternel. Si nous devons compatir aux intérêts temporels de nos semblables, que sera-ce donc quand il s'agira de leur âme, c'est-à-dire de ce qu'il y a en eux de plus grand et de plus élevé? Je parlais il y a un instant de la dignité que l'Evangile a rendue aux plus pauvres, aux plus déshérités. Mais, cette dignité, sur quoi repose-t-elle avant tout? Sur la croyance que chez les plus pauvres, chez les plus dégradés, il y a une âme immortelle qui est appelée au bonheur du ciel et que Jésus-Christ a voulu sauver par son sang. C'est parce que je crois à cette âme que le dernier des esclaves ou des sauvages a droit à mon respect. Comme le statuaire qui dans un bloc informe contemple d'avance la figure pleine de grâce ou de majesté que son ciseau doit en dégager, comme le fondeur qui dans un minerai tout chargé de scories, voit déjà briller un or pur, de même dans un être aussi inculte, aussi souillé que vous le pouvez supposer, je vois et je salue d'avance une âme régénérée qui peut reproduire l'image même de Dieu. C'est une âme en ruines, je le sais, mais ce sont les ruines d'un sanctuaire que Dieu peut relever et remplir bientôt de son ineffable présence.

Otez-moi cette croyance, et l'homme pour moi n'est plus qu'un être qui paraît un moment dans le monde, un chiffre dans l'immense addition, un rouage dans l'immense engrenage. Que m'importe, si je ne crois qu'à la matière, de développer en lui une nature supérieure que sa condition infime ou misérable ne lui permettra jamais de voir s'épanouir ici-bas? Mieux vaut l'abandonner à sa triste et fatale destinée. Mieux vaut dire avec Caïn

« Suis-je le gardien de mon frère? »

Mais si j'ai compris moi-même ce qu'est mon âme, si j'ai senti qu'en elle est ma dignité, ma grandeur et ma véritable vie, alors, c'est cette vie que je veux éveiller chez les autres, c'est par ce côté-là que je veux connaître et aimer mes frères, et je sens que, par là, je les connais et je les aime pour l'éternité.

Nous avons donc charge d'âme, mes frères, parce que nous savons ce que vaut l'âme humaine. J'ajoute que nous en avons doublement charge parce que nous savons dans quel état le péché l'a plongée.

Nous parlions des souffrances du corps, mais l'âme est-elle moins atteinte? L'âme ne souffre-t-elle pas d'un mal bien plus profond, bien autrement redoutable puisqu'il peut être éternel? Regardez autour de vous. Combien d'âmes qui ignorent Dieu, qui le méconnaissent, qui le blasphèment! Combien d'âmes qui vont poursuivant leur course dans ce qui n'est que dissipation, que vanité! Combien d'âmes qui vont se séparant de plus en plus de la communion divine, et, pour tout dire en un mot, combien -d'âmes qui se perdent! Tout cela, vous le savez, mes frères. Eh! bien ces âmes, il faut les sauver.

Sauver les âmes! C'est pour cela que Jésus est venu sur la terre. Il voyait ces âmes perdues. Il mesurait du regard de sa sainteté la profondeur de l'abîme dans lequel elles étaient plongées, et pour les en retirer il a donné tout, son coeur, son sang, sa vie, tout, jusqu'à l'amour du Père dont il perdit le sentiment sur le Golgotha. Aussi l'amour des âmes a-t-il jailli au pied de sa croix. Voyez saint Paul. Quand il est saisi de cet amour-là, tout le reste s'efface et pâlit dans sa vie. Son coeur a trouvé sa passion suprême. Il faut qu'il parte, qu'il marche, qu'il s'avance; il faut qu'il porte partout le salut. Une Eglise est fondée. Il la quitte pour en fonder une autre. Après Antioche, c'est la Galatie, puis Ephèse, puis la Macédoine, puis la Grèce, puis Rome; ce sera bientôt l'Espagne. La nuit même, des visions l'obsèdent. Il y a des voix qui lui crient: « Passe de notre côté et viens nous secourir, » et quand sa faiblesse essaye de murmurer : « Suis-je le gardien de mes frères? » la voix de sa conscience répond avec une inexorable force : « Malheur à toi si tu n'évangélises pas! »

L'amour des âmes ! Toutes les fois que l'Eglise a vécu de la vie de son maître, elle l'a senti, elle en a été pénétrée, et voilà pourquoi il y a dans le monde moderne un fait inconnu à l'antiquité, un fait particulier au christianisme seul : les missions. Les missions! oh! je sais à quelles attaques elles ont été en butte, je sais combien l'incrédulité s'est raillée de leurs apparents insuccès. Et pourtant, mes frères, connaissez-vous quelque chose de plus grand que ce lien mystérieux qui fait que nous nous intéressons à ce qui se passe à nos antipodes, que nous prions pour des âmes dont des milliers de lieues nous séparent? Voici nos enfants assemblés. A ces enfants on parle des Esquimaux du Groënland, des nègres de la Côte d'Or : ces jeunes coeurs s'émeuvent, s'attendrissent; ils sentent pour ces païens inconnus une irrésistible pitié... Pour eux, ils font des sacrifices, et l'épargne d'une pauvre apprentie sert à procurer à un sauvage de l'Afrique le pain du coeur et de l'intelligence. Où est la philosophie, où est la philanthropie même la plus élevée qui ait jamais produit rien de semblable! Les missions, le christianisme seul pouvait les enfanter. On peut s'en railler, mais avez-vous jamais réfléchi, mes frères, à ce qu'aurait donné au monde païen notre Europe civilisée si les missionnaires n'avaient pas été là ? Hélas! que leur a-t-elle apporté? Des armes pour s'entre-détruire, de l'eau-de-vie ou de l'opium pour s'abrutir et se dégrader. Mais, voici, il s'est trouvé cependant parmi ces conquérants plus barbares que leurs victimes, il s'est trouvé, il se trouve encore des hommes qui ont au coeur un étrange amour. Ils viennent à ces païens, ils leur disent qu'il y a dans le ciel un Père qui les aime, et sur la terre des frères qui voudraient les sauver, ils leur racontent la merveilleuse histoire du Fils de Dieu fait homme, ils plantent dans les coeurs la croix de Jésus-Christ. On les persécute, on les raille, on les tue, mais d'autres leur succèdent, et bientôt sur la terre arrosée de leur sang on voit fleurir ces Eglises de la Nouvelle-Zélande et du Labrador où à cette heure même des milliers d'âmes nous devancent dans le royaume de Dieu par leur amour et par leur zèle, et c'est ainsi que le filet de l'Evangile, porté naguère par douze pêcheurs de la Galilée, voit ses deux extrémités se rejoindre après avoir entouré la terre.

Mais, les âmes à sauver, elles ne sont pas seulement sur les plages lointaines. Prenons garde de nous laisser entraîner par l'imagination seule à ces grandes entreprises dont l'héroïsme séduit tous les esprits généreux. Les âmes qui vous sont confiées, elles sont aussi tout près de vous, mes frères, elles sont dans votre famille, dans votre demeure, à votre foyer; elles sont dans vos rues et dans vos ateliers. C'est là tout d'abord qu'il faut agir, c'est là qu'il faut porter la vie et la lumière. Eh! que nous servirait-il, je vous prie, de courir le monde pour faire des prosélytes, si nous laissons à notre porte un Lazare couvert d'ulcères ou une âme privée de la vérité qui sauve ? Ayons assez d'amour pour embrasser la terre, mais que les premiers objets de cet amour soient ceux que Dieu nous a donnés!

Voilà, mes frères, notre mission. La voilà dans toute son étendue. La restreindre en aucune mesure, ce serait de ma part être infidèle à la vérité. Eh bien! cette mission, comment la remplissons-nous ?

Que dire d'abord de ceux qui ne la remplissent pas? Hélas! il faut bien l'avouer. Il y a une religion qui s'allie avec la sécheresse du coeur. Il y a une orthodoxie de tête qui est la plus funeste des hérésies, car elle enseigne au monde, autant qu'il est en elle, que l'Evangile est sans efficace et que le sang de Jésus-Christ n'a arrosé la terre que pour y laisser la sécheresse du désert. Il y a des gens qui se croient sauvés et qui n'ont jamais aimé. Etre sauvé, pour eux, c'est avoir réglé une fois pour toutes ses affaires avec Dieu. Ils acceptent l'enseignement large ou étroit, facile ou sévère, qui domine dans l'Eglise à laquelle ils appartiennent, et après avoir ainsi résolu la lourde question de l'éternité, ils s'en vont le coeur léger, sec, mondain même au milieu d'un monde qui souffre et qui périt loin de Dieu.

Mes frères, est-ce là la foi qui sauve? Non, c'en est la contrefaçon déplorable. La foi qui sauve, Jésus-Christ l'a dépeinte dans une magnifique parole : « Celui qui croit en moi, des fleuves d'eau vive sortiront de son sein. »

Non, je ne crois Pas à une religion qui laisse le coeur sec, à une religion qui ne sollicite pas avec énergie le dévouement et le sacrifice. La foi qui sauve, c'est la foi qui nous porte à sauver les autres. Eh bien! cette mission de relèvement et de salut, encore une fois, comment l'accomplissez-vous ?

Suis-je le gardien de mon frère? Nous n'oserions le dire, mais n'osons-nous pas le penser, N'est-ce pas cette parole qui exprimerait le mieux le sentiment que nous éprouvons quand nous envisageons en face la mission que Dieu nous confie ? Et, si l'égoïsme ne vous a jamais arraché cette parole, ne l'avez-vous point prononcée par découragement.

Ah ! c'est en présence d'un devoir semblable qu'il faut nous rappeler avec humiliation la parole du Maître : a L'esprit est prompt, mais la chair est faible. » L'esprit est prompt, et, en effet, quel est celui d'entre nous qui n'a été saisi d'émotion en présence de cette mission magnifique que Dieu nous confie ? Quel est celui d'entre nous qui n'a senti que la vie ainsi comprise était la vraie vie ? Mais dans quelques instants, mes frères, mais demain, quand vous vous retrouverez en présence de cette mission, et qu'il faudra non plus admirer, mais agir, la chair sera faible. Disons-le aussi, la tâche est grande, et cette grandeur même nous épouvante. Il y a des heures où la pensée de tout ce qu'il y aurait à faire nous poursuit, nous obsède et nous paralyse. Il y a des heures où nous entendons monter dans notre âme comme un vague et sourd murmure qui va grandissant. C'est le bruit des douleurs de la terre, le gémissement des opprimés, la plainte amère des affamés, le cri de révolte ou la sinistre joie des âmes qui se perdent. Toutes ces voix s'unissent, elles montent comme les flots d'une marée furieuse que soulève un vent d'orage et jettent jusqu'à nous leurs clameurs désespérées. Alors, nous inclinant sur ces abîmes, nous disons : « Que sert de jeter ma faible parole dans ce tumulte, que sert d'émietter mon pain sur la surface de cet immense océan ? »

Vous qui connaissez ces tentations-là, vous qui savez la force que prend dans ces heures mauvaises le découragement qui se glisse en nos coeurs, écoutez, j'ai pour vous une bonne parole; je vous dis à tous : « Regardez à Jésus-Christ. » Vous succombez sous la grandeur de votre tâche, parce que vous avez à sauver quelques âmes, à soulager quelques douleurs. Lui qui avait à sauver le monde, comment donc a-t-il pu aller jusqu'au bout?

Mes frères, c'est qu'il acceptait au jour le jour la volonté du Père, c'est que son oeuvre de relèvement et de salut, il la voyait tout entière dans chacun des devoirs que chaque heure plaçait devant lui. Il s'agit, pour lui, de sauver le monde. Oui, mais il plaît à Dieu que cette oeuvre gigantesque commence dans un humble district de la Galilée, et que les prémices de cette immense moisson soient quelques pauvres pêcheurs. Eh bien! dans cette tâche petite, imperceptible, qu'un sage de ce monde, ou qu'un grand prédicateur de nos jours aurait peut-être méprisée, Jésus est fidèle, fidèle dans le détail, fidèle envers chaque âme que Dieu lui confie, envers chaque douleur que Dieu lui envoie. 0 merveilleux exemple ! Qui nous eût dit que ce fût là, dans cette tribu ignorée, dans ce pays perdu, que se préparait le salut du monde! C'est ainsi que Jésus a compris sa tâche. Lui dont le coeur était assez vaste pour sympathiser à toutes nos douleurs , lui qui se sentait assez d'amour pour sauver l'humanité tout entière, il commence d'abord à guérir, à sauver ceux qui l'entourent. Aucun d'eux ne lui paraît au-dessous de son attention, et c'est à propos des plus petits de la terre qu'il fera entendre ses enseignements les plus magnifiques.

Allons donc à l'école du Christ. Commençons à agir comme lui dans l'humble milieu où Dieu nous a placés. Acceptons chaque oeuvre qu'il nous envoie, consolons chaque douleur qu'il met directement sur notre route, et dans ce fidèle et persévérant travail, le découragement ne viendra point nous saisir. L'un travaillera à rassembler quelques âmes autour de la Parole qui relève et Qui console; un autre poursuivra dans une école un enseignement rendu puissant par la prière; un autre cherchera à procurer à de pauvres ouvrières un gain qui les fera vivre; un autre suivra dans leur voie des orphelins adoptés au nom du Christ. Que sais-je encore ? L'oeuvre est infiniment diverse, mais sa grandeur même ne décourage pas celui qui la poursuit dans l'esprit du Christ, car il sait que pas un de ses efforts n'est vain, qu'une obole même n'est jamais perdue.

Mais j'entends, mes frères, j'entends votre dernière objection. Oui, me direz-vous, nous serions prêts à agir dans la sphère la plus humble, à agir avec courage, mais à une condition, c'est que notre travail porte au moins quelque fruit. Mais ce travail a été stérile, nous avons vu nos efforts se briser contre une indifférence opiniâtre, contre une navrante ingratitude. Ici vient se placer, mes frères, la triste histoire de ces vaines tentatives, de ces insuccès humiliants, de ces découragements, que tout chrétien connaît et pourrait sans doute vous retracer à son tour.

A toutes ces objections, à tous ces motifs de perdre courage, laissez-moi opposer la même réponse que vous venez d'entendre; laissez-moi vous redire encore : « Regardez à Jésus-Christ! »

Jésus-Christ, mes frères, a-t-il réussi lorsqu'il était sur la terre, A-t-il vu la reconnaissance répondre à ses bienfaits, les coeurs se laisser toucher par ses paroles et se convertir à ses miracles? A-t-il vu les multitudes qu'il avait nourries prendre sa défense au jour du danger et lui témoigner quelque sympathie ? A-t-il vu les apôtres qu'il avait instruits, qu'il avait entourés de la plus tendre sollicitude, lui demeurer fidèles ? Hélas! il faut bien le dire, il n'y a jamais eu de ministère moins fécond en résultats apparents que celui de Jésus-Christ. Quel contraste entre la charité déployée et les fruits obtenus ! Trois ans d'un enseignement sublime; trois ans d'une vie sainte et sans tache; trois ans d'un incomparable amour; un ministère enfin tel que tous les autres palissent auprès de lui comme les plus brillantes étoiles pâlissent devant le soleil même, et tout cela pour aboutir à rassembler au pied de la croix deux ou trois femmes qui pleurent et qui tremblent en face d'une multitude qui raille et qui maudit!

Eh bien! âmes découragées, âmes qui gémissez de vos insuccès, qu'auriez-vous dit au pied de la croix? Vous seriez-vous doutées que cette croix c'était la victoire et que le jour allait venir où toutes les nations de la terre iraient adorer à ses pieds?

Voilà le plan de Dieu. Voilà cette sainte folie dont parle l'Apôtre. Vaincre dans l'insuccès, vaincre dans l'humiliation, vaincre en donnant sa vie; voilà la victoire de Jésus-Christ.

Ce sera la vôtre peut-être. A vous non plus il ne sera pas donné de voir les fruits de votre activité. Vous aussi vous sèmerez dans les larmes, vous aussi vous appellerez des âmes qui ne vous répondront point, vous aussi vous multiplierez le pain de votre charité à des pauvres ingrats, vous aussi vous verrez vos meilleures intentions méconnues, votre amour méprisé... Eh bien! dans ces heures sombres où le découragement voudra se glisser dans votre âme pour vous arracher la parole du fratricide: « Suis-je le gardien de mon frère? » dans ces heures-là, contemplez Jésus-Christ, et regardant à son inaltérable amour, à sa patience extraordinaire, à sa miséricorde plus haute' que toutes les haines dont on l'abreuve, vous trouverez la force d'aimer encore, d'agir encore, de bénir encore jusqu'au jour où Dieu vous dira - « Entre dans mon repos. »

Non, mes frères, nous ne nous lasserons point. Et, d'ailleurs, écoutez. Si vous, chrétiens, vous oubliez vos frères pauvres, souffrants et pécheurs, si vous cessiez d'agir pour les relever et les sauver, il y a dans le monde une vaste et mystérieuse propagande de ténèbres, de vices et d'iniquité qui, elle, ne se ralentit pas un moment. Celui que l'Ecriture appelle le prince de ce monde a, lui aussi, son armée et ses missionnaires. Ils marchent sans cesse, appelant les âmes; partout leur voix est entendue, ils parlent et ils écrivent, cherchant des disciples et des imitateurs. « Suis-moi, » dit au jeune homme pur et pauvre, l'homme de plaisir ou l'ambitieux sans scrupule qui passe devant lui fier de sa fortune et des hommages dont on l'entoure, et il le suit tout ébloui par la fascination de l'opulence et du bien-être, et il vend au monde une âme hier encore noble et généreuse. - « Suis-moi! » dit à la jeune ouvrière la femme débauchée qui passe devant elle toute parée de sa joie bruyante et de son luxe d'un jour, et l'infortunée la suit; elle court à cette existence d'étourdissement et d'infamie, elle lui sacrifie, hélas! son âme consacrée peut-être à Dieu par les larmes d'une mère, son âme pour laquelle, tant de prières silencieuses étaient montées au ciel. « Suis-moi ! » dit à la génération nouvelle l'incrédule qui va semant par sa parole et par sa plume ses doctrines de scepticisme et de mort. « Suis-moi ! car pour moi sont les hommages des esprits d'élite, la gloire intellectuelle, la plus exquise de toutes. » Hélas! combien le suivent! Combien s'en vont, aux applaudissements du siècle, annoncer dans un enthousiasme insensé, à tous les coeurs aigris par la misère et par la souffrance, annoncer que le ciel est vide, qu'aucun Dieu n'y reçoit nos prières et que le néant est la fin de tout. « Suis moi! » voilà leur cri à tous pendant qu'ils vont descendant la voie large. Il ne leur suffit pas de se perdre. Il faut encore qu'ils perdent les autres.

Et pourtant tu les attendais, ô Jésus-Christ! Pour eux aussi tu avais souffert, et, du haut de ta croix sanglante, tu leur disais à tous : « Venez à moi! » Mais cette croix l'ont-ils vue, mes frères, Le connaissent-ils celui que nous appelons le Sauveur? Qu'avons-nous fait pour l'annoncer; qu'avons-nous fait pour lui gagner les âmes ? Seigneur, parle à nos consciences, arrache-nous à notre mollesse, à notre insouciance, à notre amour du bien-être; enflamme nos coeurs, inspire-nous de grands sacrifices, et donne-nous de montrer au monde que ton oeuvre se continue et que la victoire suprême est assurée à la foi qui agit par la charité!


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