Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LE REGNE DE SENNACHÉRIB



NOTE SUR NINIVE

Le règne de Sennachérib, fils de Sargon II, nous met en présence d'une nouvelle confirmation des récits bibliques qu'il vaut la peine d'exposer avec quelques détails. Sennachérib régna de 705 à 681. Il fut célèbre par son esprit de domination, son ambition, le nombre de ses expéditions guerrières et son extrême férocité. Tout ce que nous savons de son caractère, par les inscriptions qu'il a laissées, s'harmonise avec le portrait que la Bible nous donne de ce conquérant qui savait unir la ruse à la violence et qui ne pouvait supporter la moindre résistance à ses volontés.

Sennachérib trouva l'empire assyrien fortement ébranlé. Il eut à reconquérir Babylone et à pacifier la frontière orientale. Ce furent ses deux premières campagnes. Mais le danger le plus redoutable lui venait de l'Orient, et surtout de la Judée et de l'Egypte.

Ezéchias régnait alors sur la Judée. Il avait contemplé la chute de Samarie et la ruine du royaume d'Israël ; mais il n'avait pu se réjouir de l'effondrement de ses rivaux. La chute de Samarie, loin de fortifier sa position, l'avait fortement ébranlé en lui enlevant une protection contre l'invasion assyrienne. De plus, Ezéchias avait commis la lourde faute d'exciter la colère de Ninive en s'alliant, malgré les conseils d'Esaïe, avec l'Egypte. Jérusalem était le principal obstacle à la marche des Assyriens sur l'Egypte. Il était certain que l'envahisseur chercherait à s'en emparer.

Si Sennachérib cherchait un prétexte pour se jeter sur la Judée, Ezéchias le lui fournit fort maladroitement. Fort des promesses de l'Egypte, il crut pouvoir se révolter contre le roi d'Assyrie dont il était une sorte de vassal. Le livre des Rois (II, eh. XVIII, v. 7) nous apprend que « Ezéchias se révolta contre le roi d'Assyrie et ne lui fut plus assujetti ». C'est ce que Sennachérib nous apprend aussi dans le fameux cylindre hexagonal qui se trouve au British Museum, à Londres, et qui est connu sous le nom de cylindre de Taylor. Il se plaint de ce que Ezéchias « a emprisonné dans une sombre prison le roi Pâdi », protégé de Ninive. Il dit aussi positivement : « Ezéchias, le Juif, ne s'était pas soumis à mon joug. »

Le livre des Rois mentionne aussi le fait que Sennachérib, irrité contre Ezéchias, envahit la Judée et y remporta plusieurs victoires : « La quatorzième année du roi Ezéchias, Sennachérib, roi d'Assyrie, monta contre toutes les villes fortes de Juda et s'en empara. » (II, Rois, XVIII, v. 13). Le cylindre de Taylor confirme cette déclaration en la précisant : « Je pris, dit Sennachérib, quarante-six de ses places fortes et d'innombrables forteresses et petites localités de son royaume. » Sennachérib ajoute complaisamment la liste de son butin, qui fut considérable.

Mais le principal objectif du roi d'Assyrie était Jérusalem, dont la prise était indispensable pour qu'il pût ensuite attaquer l'Egypte. Ce siège mémorable, qui est raconté dans le Livre des Rois, dans le Livre des Chroniques et dans celui d'Esaïe, est aussi mentionné dans l'inscription assyrienne. La comparaison entre le texte sacré et le texte profane est fort intéressante. Le texte sacré est beaucoup plus étendu et beaucoup plus précis. C'est une admirable page d'histoire qui nous donne comme la vision de ces heures tragiques et grandioses tout à la fois que vécut le peuple de Jérusalem.

Sennachérib raconte à sa manière le siège qu'il fit de la ville sainte : « Lui-même (Ezéchias), je l'enfermai, comme un oiseau dans sa cage, dans Jérusalem, sa cité royale. Je bâtis une ligne de forts autour de lui et l'empêchai de sortir par la grande porte de la ville. »

Chose remarquable, Sennachérib ne dit rien de l'issue de ce siège. Tandis qu'il s'écrie: « J'ai retranché du milieu de son royaume les villes dont j'avais fait les habitants prisonniers », Sennachérib ne dit rien du sort de Jérusalem. Ce silence est une confirmation manifeste du texte biblique. Il est certain que Sennachérib aurait proclamé avec emphase sa victoire si le succès avait couronné ses efforts. Mais il ne dit rien parce qu'il n'a rien de glorieux à dire.'

En réalité, Sennachérib fut profondément désappointé par son échec et sans doute tellement découragé que, d'après les autres inscriptions que nous possédons de lui, il n'a jamais plus tourné ses armes du côté de la Palestine, bien qu'il ait régné plusieurs années, après cette décevante expédition.

Cependant la vanité du roi assyrien ne perd pas ses droits. Il se glorifie d'avoir reçu un riche tribut du roi Ezéchias. Mais il donne, à tort, l'impression que ce tribut lui a été payé après le siège de Jérusalem. Nous savons, par le livre des Rois, que ce tribut avait été, en effet, accordé par Ezéchias à Sennachérib, mais avant le siège et non pas après. C'est évidemment le récit biblique qui est dans le vrai. On ne comprendrait que le roi de Jérusalem ait accepté de payer une somme aussi importante au roi de Ninive, au lendemain de cette magnifique intervention divine qui avait sauvé la ville et provoqué le départ de Sennachérib et de toute son armée.

Le récit biblique, au contraire, rend le paiement de ce tribut tout à fait plausible en le présentant comme ayant précédé le siège de la capitale. D'après le livre des Rois, le tribut a été payé quelques années seulement après la chute de Samarie, alors que le roi Ezéchias est sans doute découragé, alors surtout qu'il assiste à l'envahissement de tout le pays de Judée et à la prise de tant de villes. Il prend peur et cherche à gagner la faveur du monarque qu'il a offensé. « Ezéchias, roi de Juda, envoya dire au roi d'Assyrie à Lakis: J'ai commis une faute. Eloigne-toi de moi. Ce que tu m'imposeras, je le supporterai. » (II, Rois, XVIII, v. 14). On comprend que Sennachérib, dans ses Annales, ait essayé d'intervertir l'ordre des événements et de présenter le tribut, non pas comme le résultat d'une démarche conciliatrice d'Ezéchias, mais comme le résultat du siège de Jérusalem. Ce qui prouve qu'il s'agit bien, dans les Annales assyriennes, du même tribut que celui du livre des Rois, c'est la remarquable similitude des chiffres indiqués. Le texte assyrien porte : « Trente talents d'or », comme le texte biblique. Le texte assyrien, il est vrai, porte : « Huit cents talents d'argent », tandis que le texte biblique mentionne seulement : « Trois cents talents d'argent » ; mais il n'y a là, d'après plusieurs archéologues, qu'une divergence apparente si comme certains le prétendent, huit cents talents assyriens correspondaient exactement à trois cents talents juifs, qui pesaient plus que les talents assyriens.

Le livre des Rois nous raconte que Sennachérib, ayant levé le siège de Jérusalem, s'en retourna et « qu'il resta à Ninive ». Le fait que le texte ne dit rien de la durée du règne de Sennachérib à partir de son retour et emploie l'expression : « il resta à Ninive » (voir aussi Esaïe, 37, v. 37), nous permet d'accepter les données de l'histoire profane qui montrent Sennachérib encore roi pendant plusieurs années. Sa mort tragique, racontée par les écrivains sacrés, est pleinement confirmée par le document cunéiforme appelé « Chronique babylonienne » et qui donne cette indication : « Sennachérib, roi d'Assyrie, fut assassiné par son propre fils, au cours d'une insurrection. » Le texte sacré est plus précis, puisqu'il indique le crime de deux fils et qu'il fournit leurs noms. Ce qui est aussi certain que la mort tragique de Sennachérib, c'est que ses meurtriers furent obligés de s'enfuir et que le successeur du grand conquérant fut, comme la Bible l'indique: Esarhaddon. Nous savons, par le testament que Sennachérib a laissé en faveur de Esarhaddon, que c'était le fils préféré de son père. C'est probablement par un sentiment de haine provoqué par la jalousie que Adrammélec et Scharetser tuèrent leur père.

Si l'espace nous le permettait, nous pourrions étudier de plus près le récit biblique du siège et de la délivrance accordée par le Seigneur. Nous verrions combien tous les détails qui se rapportent aux Assyriens sont conformes aux données archéologiques. Les titres des trois envoyés de Sennachérib, le langage que tient le Rabschaké, la manière dont il parle de son roi et du roi d'Egypte et du Dieu d'Israël et des dieux de Hamath, Arpad, Sépharvaïm, Samarie, les arguments qu'il emploie, soit pour épouvanter, soit pour séduire le peuple de Jérusalem, tout, dans cette page d'un si haut intérêt historique en même temps que religieux, est marqué du sceau de la véracité la plus scrupuleuse.

Conformément aux inscriptions assyriennes, le livre des Rois (II, ch. XIX, 37) nous apprend que Esarhaddon était le fils de Sennachérib. Esarhaddon put enlever à ses deux frères parricides le pouvoir qu'ils avaient usurpé, après avoir assassiné leur père. Nous possédons des briques sur lesquelles sont gravés ces mots : « Assur-ah-iddin (Esarhaddon), rois d'Assyrie, fils de Sennachérib, roi d'Assyrie. » Il succéda à son père en 681 et régna jusqu'en 668 ou 669. Il abdiqua en faveur de son fils Assurbanipal (1).

Pendant les treize années que dura son règne, Esarhaddon essaya de reconquérir les pays qui s'étaient révoltés. Il s'appliqua surtout à soumettre les Egyptiens et y réussit. Il s'intitule, dans l'inscription d'une brique : « Le roi des rois de l'Egypte. » Il raconte ailleurs comment il a vaincu le roi d'Egypte Targu ou Tahraka, ce même Tahraka qui, vingt années auparavant, s'était révolté contre le roi Sennachérib, alors qu'il ne régnait encore réellement que sur l'Ethiopie, conformément au témoignage biblique (II, Rois, XIX, 9).

Il est intéressant aussi de savoir qu'une inscription de Esarhaddon mentionne le roi Manassé, fils et successeur d'Ezéchias. Nous possédons une liste des 22 rois de Palestine, Phénicie et Chypre qui eurent à fournir à Esarhaddon des matériaux pour la construction d'un nouveau palais et à comparaître en personne devant lui. Parmi ces rois, nous relevons celui de « Mi-na-si-i sar ir Ya-hu-di », Manassé, roi de Juda.

La liste des 22 rois renferme une autre indication précieuse. Elle mentionne la soumission de « Abibal, roi de Samarie ». Or, le livre d'Esdras nous parle de déportés étrangers qu'Esarhaddon avait « fait monter » jusqu'à Samarie. Ils s'adressent à Zorobabel en disant : « Laissez-nous bâtir avec vous; car, comme vous, nous invoquons votre Dieu et nous lui offrons des sacrifices depuis le temps d'Esarhaddon, roi d'Assyrie, qui nous a fait monter ici. » (Esdras, IV, 2).

Les inscriptions ne donnent pas confirmation de cette déportation à Samarie, mais elles parlent d'une déportation du même genre, accomplie par Esarhaddon, à propos de la défaite du roi de Sidon : « Les habitants des montagnes et de la mer de l'Orient, déportés par nos guerriers, je les établis en ce lieu (à Ir-Ahiddina) ; j'établis sur eux mes dignitaires, mes gouverneurs (2). »

Esarhaddon mourut en 668 ou 669. Son fils Assurbanipal, en faveur duquel il avait abdiqué peu avant sa mort, lui succéda.

Assurbanipal continua la politique conquérante de son père. Lui aussi pratiqua les déportations. Les archéologues voient son nom défiguré en celui du « grand et illustre Asnaphar » dont il est question au livre d'Esdras (IV, 9). Si l'on étudie avec soin ce passage on sera frappé de sa rigoureuse exactitude.

Les villes qui sont indiquées ici comme ayant fourni les déportés à Samarie étaient toutes en la puissance d'Assurbanipal. Citons en particulier Apharsa qui faisait partie de la Susiane, Suse, Babylone, Deba, Elam. Il est frappant de voir que Babylone est mentionnée dans cette énumération. C'est qu'en effet Assurbanipal a régné au moins vingt ans sur Babylone. Ce fait a été longtemps ignoré, mais il est maintenant pleinement reconnu. Après la répression de la révolte de son frère, Assurbanipal prit le titre de « roi de Babylone ». Nous possédons un cylindre d'Assurbanipal daté du nom d'un magistrat de Babylone. De plus, on a trouvé une tablette datée de « Erech (Babylonie), au mois de Nisan, le 20' jour, la 20e année d'Assurbanipal ».

Ainsi s'explique le fameux passage du livre des Chroniques (II, Chron., XXXIII, 11-13) qui a si longtemps intrigué les critiques et provoqué leur scepticisme. Nous apprenons ici que Manassé fut emmené à Babylone lié d'une double chaîne. On disait: Pourquoi à Babylone ? Mais nous savons maintenant qu'Assurbanipal régnait à Babylone aussi bien qu'à Ninive. C'est d'ailleurs ce qui explique qu'il ait pu transporter dans sa fameuse bibliothèque de Ninive tant de documents qu'il a manifestement pris à Babylone. Assurbanipal a enrichi sa capitale aux dépens de la ville soumise.

Il est fort probable qu'au moment où Manassé fut conduit en captivité, Assurbanipal se trouvait en résidence à Babylone. Il se peut qu'Assurbanipal ait tenu à faire défiler ses ennemis vaincus dans cette ville de Babylone qu'il avait réussi à soumettre, mais qui devait avoir besoin de voir de près la puissance de son conquérant.

L'expédition victorieuse d'Assurbanipal en Egypte apporte une éclatante confirmation à une déclaration de Nahum. Annonçant la ruine certaine de Ninive, le prophète compare son sort prochain à celui que vient de subir la ville égyptienne de « No Amon ». No Amon, c'est la ville de Thèbes, capitale de la Haute-Egypte ; nous le savons par les inscriptions cunéiformes qui désignent Thèbes sous le nom de « Ni'a », c'est-à-dire No. Le prophète hébreu a ajouté le nom d'Ammon, car ce dieu était adoré à Thèbes.

Nous savons que Assurbanipal avait, en effet, conquis Thèbes au cours de son expédition en Egypte. Voici ce qu'écrit ce grand roi : « Je suivis la route qu'avait prise Urdaman; j'allai à Thèbes, la ville forte... Cette ville tout entière, au service d'Assur et d'Istar, mes mains la prirent... Un butin grand et innombrable, j'emportai du milieu de Thèbes. » Une autre inscription relate en ces termes la ruine de la belle cité égyptienne: « Les Assyriens s'emparèrent en entier de la ville et la détruisirent comme une inondation (3). » Ce que les inscriptions nous relatent de la chute de Thèbes ou No, est en parfaite conformité avec la description si saisissante de Nahum: « Vaux-tu mieux que No-Amon qui était assise au milieu des fleuves ?... Elle aussi est allée en exil ; ses petits enfants ont été massacrés à l'angle de toutes ses rues ; on a jeté le sort sur ses nobles et tous ses grands ont été chargés de chaînes. » (Nahum, III, 8-10).

Ainsi, non seulement les historiens proprement dits, mais aussi les prophètes de la Bible savent être rigoureusement exacts jusque dans les moindres détails lorsqu'ils décrivent les événements, même étrangers à leur nation.


NOTE SUR NINIVE

Les fouilles de Botha au palais de Khorsabad ont permis de trouver de nombreuses confirmations de détails fournis par les écrivains sacrés. Nous allons en donner un rapide aperçu.

Le mur d'enceinte du palais avait jusqu'à 24 mètres de large, de telle sorte que sept chariots pouvaient y passer de front. Sept grandes portes coupaient ce mur. Ces portes étaient élevées sur un soubassement au-dessus du chemin d'arrivée et de sortie qui, pour cette raison, formait un plan incliné. D'où l'expression biblique: « Monter à la porte. » Après la porte, on entrait dans un long passage de 67 mètres, coupé par des galeries latérales, voûtées. Dans ces galeries, garnies de divans, on se réunissait pour traiter les affaires, pour se livrer à la conversation, pour rendre la justice. (Ruth, IV, 1 ; Deutéronome, XXI, 19 ; Amos, V, 12-15 ; Zacharie, VIII, 16). On s'y réunissait aussi simplement pour se reposer, pour se rencontrer avec des amis (Genèse, XIX, 1). Sur cette galerie donnait un escalier qui conduisait à une chambre haute, d'où les sentinelles pouvaient inspecter la campagne (II, Samuel, XVIII, 24). Dans l'épaisseur du mur de la porte il y avait un espace sombre qui constituait la prison de la porte (Jérémie, XX, 2).

Le palais proprement dit comprenait une immense terrasse de 14 mètres de haut, représentant un travail énorme, probablement accompli par les Israélites exilés après la prise de Samarie (II, Rois, XVII, 6). Il y avait aussi, dans le palais, une chapelle royale semblable à celle dans laquelle Sennachérib fut assassiné (II, Rois, XIX, 37). Dominant le palais, se dressait un immense observatoire de 40 mètres de haut, contenant sept étages, en l'honneur des sept divinités planétaires. C'est de là que les astrologues du roi, les magiciens, consultaient chaque jour les astres (Esaïe, XLVII, 13 ; Daniel, 11, 2).

Partout le palais était orné de bas-reliefs admirablement sculptés dont quelques-uns peuvent être vus au Musée du Louvre. Ces bas-reliefs représentaient généralement des scènes relatives à la guerre ; on y voit ces guerriers disciplinés, cruels, fortement armés, dont la Bible nous parle à diverses reprises (Esaïe, v, 26-29 ; Jérémie, v, 15-17 ; VI, 22-26). On y voit la représentation de sièges de villes ennemies avec des terrasses d'assaut, semblables à celle dont il est question dans le second livre de Samuel (XX, 15) on y voit les tours de siège dont parle Esaïe (XXIII, 13) les béliers d'attaque dont parle Ezéchiel (IV, 1-3 ; XXI, 27 XXVI, 8-9). On y voit ces rois, ces ennemis vaincus, sur le corps desquels passent les vainqueurs, ces pauvres captifs auxquels on a crevé les yeux, dont parlent aussi les écrivains sacrés (Josué, X, 24 ; Psaume, CX, 1 ; II, Rois, XXV, 7 ; Esaïe, XXXVII, 28-29 ; Ezéchiel, XXXVIII, 4). On y voit des scènes de divination par le moyen de la coupe semblable à celle dont il est question à propos de Joseph (Genèse, XLIV, 5) ; et les scènes du culte auxquelles font souvent allusion les prophètes; on y voit les noms de Bel et de Nébo dont parle Esaïe (XLVI, 1) et d'Istar ou Astarté (Esaïe, XLVI, 3-4) ou de Nergal, dieu de la guerre (II, Rois, XVII, 30).

Ainsi ce palais assyrien renferme, dans ses ruines, un grand nombre de souvenirs de faits ou de coutumes dont la Bible parle avec une remarquable véracité.

Près de Khorsabad, à Ninive même, les archéologues ont trouvé cette admirable bibliothèque constituée par Assurbanipal dont nous avons déjà parlé. Plus de 10.000 tablettes en argile ont été rassemblées, dont le contenu remplirait environ 500 volumes de 500 pages chacun. Ces tablettes étaient écrites généralement des deux côtés. La fin de la première tablette portait le premier mot de la seconde tablette, et ainsi de suite. Chaque série de tablettes composait un ouvrage et était séparée de la série suivante par une tablette spéciale, en brique ronde, qui indiquait le titre général de la série, titre qui était répété au bas et au haut de chaque tablette de la série. Ce titre est fait des premiers mots de la première tablette. Cette coutume était connue des Hébreux qui donnaient comme titre, à chacun des livres du Pentateuque, le premier mot de la première tablette. Il est fort probable, en effet, que le Pentateuque (et peut-être d'autres livres de la Bible) a été écrit sur des tablettes. Une des grandes erreurs de la critique a été de juger le Pentateuque comme s'il avait été écrit d'après nos méthodes et avec nos procédés modernes. Là où nous parlons de chapitres, il faudrait, sans doute, parler de tablettes, de tablettes écrites souvent en des lieux divers, à plusieurs jours ou semaines d'intervalle, au fur et à mesure des circonstances ; de tablettes qui, souvent, formaient un tout en elles-mêmes, ou contenaient une courte allusion aux tablettes précédentes. Quoi qu'il en soit, il est certain que le Pentateuque n'a pas été composé comme l'un de nos livres et qu'il faut, pour l'apprécier sainement, l'étudier du point de vue de l'Antiquité et non du point de vue du XXe siècle.

Tout ce que nous savons de Ninive par le prophète Jonas est rigoureusement exact. Ce qu'il nous dit des dimensions de la « grande ville » et de sa population, de son organisation politique et de sa corruption est conforme à ce que nous savons de Ninive à cette époque. Le silence des inscriptions relativement à la mission de Jonas n'a rien qui doive nous étonner, car les inscriptions assyriennes ne contiennent jamais d'allusions à des faits humiliants pour la gloire nationale. Le souvenir de Jonas est resté profond dans les coeurs sinon sur la pierre, et nous le trouvons maintenant encore dans le nom du prophète donné à l'un des monticules qui constituent les ruines de Ninive.

Nous ne connaissons aucun argument d'ordre scientifique ou d'ordre spirituel qui nous autorise à mettre en doute la véracité d'un récit qui ne se présente pas, malgré ce qu'en disent les critiques, comme une « allégorie » mais comme une histoire.

C'est comme une histoire que Notre Seigneur a pris et cité ce livre (4). Cette confirmation de Celui qui est « la Vérité » vaut mieux encore que le témoignage de l'archéologie. Nier l'authenticité du livre de Jonas, c'est porter atteinte, soit à la loyauté, soit à la perspicacité du Roi de gloire.


1) G. SMITH. Assyria, p. 127.

2) E. BUDGE, History of Esarhaddon. p. 36 et 37.

3) OPPERT, Mémoire, p. 601.

4) Matthieu, XII, 38-41.

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