Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

LES DIX PLAIES

Longtemps la critique rationaliste a cru sage de tourner ce récit en dérision, de nier les faits décrits pourtant avec une si remarquable précision et qui ont été manifestement transmis par un témoin oculaire. Avec les progrès de l'égyptologie, les négations de l'incrédulité ont paru fortement ébranlées, car on a appris à reconnaître le caractère égyptien de ces pages et l'exactitude de plusieurs détails qu'autrefois l'on ne pouvait contrôler. Tout ici est conforme à ce que nous savons de la vie physique et de la vie sociale et politique de l'Egypte antique. Nous pénétrons dans la cour de ce Pharaon comme s'il vivait devant nous; ses rapports avec ses sujets, avec ses esclaves, avec ses magiciens et ses sages, avec ses soldats et ses fonctionnaires sont bien tels qu'ils pouvaient être à l'époque de Menephtah. Quant aux phénomènes physiques qui nous sont rapportés dans l'Exode, ils sont bien tels qu'ils pouvaient se produire dans un pays comme l'Egypte. Le rôle joué par le fleuve, le tort causé par les grenouilles, les mouches venimeuses, les sauterelles, le vent d'Orient sont des phénomènes essentiellement égyptiens qui montrent, comme les phénomènes d'ordre social, que l'écrivain sacré connaissait admirablement l'Egypte.

Le rationalisme, battu dans ses négations, a pris le parti de ramener les dix plaies à des fléaux tout ordinaires, tels qu'on peut les rencontrer chaque année en Egypte à des degrés divers. Mais sa défaite est éclatante, car le récit de Moïse est remarquablement sobre et ne donne nulle part l'impression de l'exagération ; rien ici qui ressemble au merveilleux païen ; c'est le compte-rendu fidèle de calamités qui, tout en offrant certains traits de comparaison avec des fléaux ordinaires, sont cependant uniques par leur intensité, leur progression et leur accumulation en un court laps de temps. Voici ce que dit à ce propos la Bible annotée : « Ces plaies ne sont pas sans analogie avec certains fléaux qui frappent parfois l'Egypte ; elles n'en sont pas moins miraculeuses, car c'est à l'ordre de Moïse et d'Aaron qu'elles apparaissent et disparaissent ; elles prennent des proportions inaccoutumées et se suivent dans une succession rapide ; enfin, dès la quatrième, le pays de Gosen est tenu à l'abri de ces fléaux successifs. Ces circonstances démontraient assez évidemment l'intervention divine à qui était disposé à la reconnaître (1). »

Nous pouvons relever, dans le récit des dix plaies, divers traits confirmés par l'égyptologie. Ainsi le rôle joué par la magie des « enchanteurs » et par « leurs arts occultes ». La magie était une spécialité de l'Egypte; la magie égyptienne a exercé une immense influence sur toute l'antiquité. Il y avait, dans cette magie, une science bien plus avancée qu'on ne l'a cru longtemps, peut-être même la connaissance de certains phénomènes électriques et sûrement une extraordinaire connaissance de l'influence des forces de la nature, en particulier des astres, sur la vie physique. Il y avait aussi, au service de ces enchanteurs, cette puissance mystérieuse de Satan et des démons qu'il est impossible de nier et qui explique que le paganisme, que la superstition puissent se vanter de certains prodiges incontestables (I Cor., X, 19-20 ; II Thess., 1, 9-10).

Notons aussi le remarquable passage du chapitre VIII (25-27). « Pharaon appela Moïse et Aaron et leur dit: Allez, sacrifiez à votre Dieu dans ce pays. Et Moïse dit : Il ne convient pas de faire ainsi, car c'est un sacrilège pour les Egyptiens que les sacrifices que nous faisons à l'Eternel notre Dieu. Pourrions-nous faire sous les yeux des Egyptiens des sacrifices qui sont pour eux des sacrilèges, sans qu'ils nous lapidassent ?... Nous irons à trois jours de marche dans le désert et nous sacrifierons à l'Eternel notre Dieu, selon qu'Il nous le dira. » Nous avons ici une allusion évidente aux pratiques religieuses égyptiennes. Moïse connaissait parfaitement ces pratiques, lui qui avait été élevé à la cour du Pharaon. Il savait que les Egyptiens rendaient un culte à certains animaux, tels que le taureau, symbole d'Amon, le grand dieu de Thèbes, ou le boeuf, révéré comme symbole d'Osiris à Héliopolis, ou la vache, représentant la déesse Isis.

En sacrifiant à Jéhovah l'un ou l'autre de ces animaux, les Israélites couraient, en effet, le risque d'exciter la colère des Egyptiens. Nous avons là une manifestation nouvelle de la couleur locale des premiers chapitres de l'Exode, en même temps qu'une preuve péremptoire de la profonde différence qui sépare le culte israélite du culte égyptien. Les Israélites adorent Dieu, le Dieu Unique, et lui offrent des animaux en sacrifice pour exprimer à la fois leur repentance et leur consécration. Les Egyptiens adorent les animaux eux-mêmes, considérés comme la représentation des divinités de leur panthéon. Menephtah avait raison lorsqu'il s'écriait : « Je ne connais pas l'Eternel. » Le culte du vrai Dieu est le trait distinctif du véritable Israélite et c'est aller contre l'évidence même que de présenter le jéhovisme comme une sorte de paganisme perfectionné. Il est le fruit direct de la Révélation.

1) Bible annotée, tome 1, p. 388.

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