Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !
L'HISTOIRE DE JOSEPH - (suite)

15° « Les sept années de famine commencèrent à venir, ainsi que Joseph l'avait annoncé. » La vallée du Nil fut peu sujette aux famines ; aussi attirait-elle souvent les étrangers chassés par la disette. Cependant le récit nous est parvenu de certaines périodes funestes durant lesquelles le Nil vint à manquer à sa mission salutaire par suite de la sécheresse en Abyssinie ou de l'obstruction momentanée des issues des grands lacs Victoria et Albert-Nyanza. La plus terrible de ces périodes alla de 1065 à 1072, soit sept années, comme dans le récit biblique.

La science moderne est de plus en plus portée à expliquer les grandes sécheresses par l'absence ou la diminution des taches solaires, tandis que la recrudescence de l'activité solaire provoque une recrudescence des pluies. Il semble que ces périodes de repos et d'activité solaire soient assez régulières ; mais les savants modernes ne peuvent encore se prononcer d'une manière catégorique sur la durée de ces périodes, sur les lois qui les régissent. Pour pouvoir prévoir scientifiquement la famine de sept ans, Moïse aurait dû en savoir autant et plus que nos savants. Il a bien fallu qu'il fût instruit par une science plus haute que celle des hommes pour déclarer avec une pleine certitude l'événement, fort rare d'ailleurs, qui allait se produire.

Voici ce qu'écrit à ce sujet l'astronome Moreux - « Pour que la famine arrive en Egypte, il est surtout nécessaire que le manque d'eau se fasse sentir du côté des lacs de la région équatoriale ; cette circonstance, jointe à des minima de pluie en rapport avec l'état du soleil, peut seule amener une disette marquée ; tout cela est évidemment soumis à des lois, mais si nous commençons à soupçonner ces dernières, nous sommes loin de les avoir entièrement mises au jour. Vous le voyez maintenant, la prédiction des famines pour l'Egypte, plus encore que pour les autres contrées, offre d'inextricables difficultés. Raison de plus pour nous émerveiller de l'interprétation exacte que donna Joseph des songes du Pharaon. Nous ne pouvons supposer un instant que les Egyptiens et les Hébreux soient arrivés par la seule observation à concevoir le mécanisme des inondations du Nil, liées en partie aux fluctuations du soleil. Alors, d'où Joseph tenait-il sa faculté de prédire exactement une période d'abondance, suivie d'une famine d'égale durée ? Humainement, le fait est inexplicable et aussi mystérieux que la valeur de la coudée sacrée (1). »

La seule explication est celle qui est donnée par Joseph lui-même: « Ce qu'a songé Pharaon est une seule chose; Dieu a fait connaître à Pharaon ce qu'Il va faire. » (Genèse, XLI, 25).

16° « Cet homme le fit entrer dans la maison de Joseph. » (XLIII, 24). Tous les détails de cette scène sont pris sur le vif : l'eau que l'intendant donna aux Israélites pour qu'ils pussent se laver les pieds ; la présentation au chef de maison du présent qu'ils avaient apporté et leur prosternement. Le British Museum de Londres possède une peinture murale contemporaine de la XVIIIe dynastie qui représente des Asiatiques offrant des présents à un roi les uns, agenouillés, lèvent les mains en signe de prière les autres, le front courbé, se prosternent devant le monarque. Cette peinture rappelle la scène de la Genèse.

Joseph a dû adopter les habitudes du pays. Il ne prend pas son repas avec ses frères, car les Egyptiens ne mangeaient pas avec des étrangers. C'est d'ailleurs ce que Moïse indique très clairement dans son récit : « On servit Joseph à part, et ses frères à part ; les Egyptiens qui mangeaient avec lui furent aussi servis à part, car les Egyptiens ne pouvaient pas manger avec les Hébreux, car c'est à leurs yeux une abomination. » (XLIII, 32).

On a longtemps nié la valeur historique de l'allusion à la coupe d'argent de Joseph, cette coupe dont l'intendant dit aux Israélites : « La coupe dans laquelle boit mon Seigneur et dont il se sert pour deviner. » (XLIV, 5). Mais de nombreux documents ont été trouvés qui rendent témoignage à l'usage de la coupe divinatoire, en Egypte, comme dans tout l'Orient.

« ... Tous ces exemples, écrit Wisman, supposent que l'augure se tire de l'inspection de la coupe ; il y en a d'ailleurs d'autre sorte. En cela, mon autorité est S. Ephrem, le plus ancien des frères syriaques ; il nous dit qu'on tirait des oracles des coupes en les frappant, et en prêtant une oreille attentive au son qu'elles rendaient (2). »

17° « Joseph fit venir Jacob, son père, et le présenta à Pharaon... Il prit cinq de ses frères et les présenta à Pharaon. 2, (XLVII, 2-7). Tous les Sémites qui se réfugiaient en Egypte pour éviter la famine devaient se présenter devant le roi. On trouve sur les murs du tombeau de Khnum-hetp, la représentation de l'arrivée de trente-sept Amu ou Sémites qui sont reçus par le Pharaon. On croirait le tableau de la scène Mosaïque. « Les hommes portent chacun un seul vêtement de diverses couleurs, tel qu'il est dit que Joseph en avait un ; le chef, nommé Abscha, en a un plus riche que celui de ses compagnons et qui est orné d'une frange (3). »

L'accueil fort bienveillant que le Pharaon fait aux enfants de Jacob s'explique aisément par ce que nous avons déjà dit des rois hyksos. Un roi hyksos devait être heureux de voir s'établir chez lui une importante tribu sémite qui, au besoin, pouvait lui être utile à consolider sa puissance, parfois menacée. De plus, un roi hyksos devait être heureux de voir s'installer des bergers qui pourraient prendre soin de ses nombreux troupeaux. Le roi dit à Joseph : « Si tu trouves parmi eux des hommes capables, mets-les à la tête de mes troupeaux. »

On comprend maintenant pourquoi Joseph avait donné à ses frères ce conseil : « Quand Pharaon vous appellera et vous dira : Quelle est votre occupation ? Vous répondrez : Tes serviteurs ont élevé des troupeaux, depuis notre jeunesse jusqu'à présent, nous et nos pères. » (XLVI, 34).

Un fait semblable à celui de la faveur accordée par le roi aux Israélites eut lieu plus tard, sous le roi de l'Exode, Menephtah. Un papyrus nous apprend que, sous son règne, des Schasu ou Sémites vinrent de l'Idumée et obtinrent du roi la permission de faire paître leurs troupeaux à Patrum, c'est-à-dire, sans doute, dans la région de Pithom (4).

 

Note. - Nous connaissons de mieux en mieux les Hyksos, grâce en particulier aux découvertes de Sir Flinders Petrie, le grand spécialiste des Hyksos. Il est arrivé à la conclusion que les Rois-Pasteurs avaient régné en Egypte de 2371 à 1583 (5), confirmant ainsi la longue période attribuée par l'historien égyptien Manéthon à ce règne. Il est aussi maintenant prouvé qu'avant de dominer sur l'Egypte les Hyksos avaient envahi la Syrie et la Palestine. Enfin, les archéologues ont confirmé que les Hyksos étaient de race sémite, comme d'ailleurs les Arabes et même les Babyloniens.

Les Hyksos correspondraient à deux dynasties de souverains de l'Egypte : la XVe avec 6 rois, durant 260 ans (2371-2111) ; la XVIe avec 32 rois, durant 518 ans (2111-1593) ; enfin le règne de Kamas, dernier roi hyksos (1593-1583). Sir Flinders Petrie a trouvé 38 scarabées ou cartouches sur lesquels étaient gravés les noms des rois égyptiens de ces deux dynasties. Or, il constata que tous ces rois étaient des Hyksos.

« Les vestiges que les Rois-Pasteurs ont laissés de leur occupation consistent en un système particulier de fortification. Ils semblent avoir reconnu que le sommet d'un mur perpendiculaire n'était pas une position idéale pour lancer des flèches ou des pierres, pour mettre en échec l'assaut d'un ennemi. Aussi les Hyksos protégèrent-ils leurs villes par un rempart en pente ou par un glacis avec un fossé, qui exposait les assaillants à la grêle des flèches et des pierres à chaque instant de leur avance... Grâce à ses récentes fouilles sur le site de l'antique Gaza, Sir Flinders Petrie a aussi abouti à la conclusion que ce sont les Hyksos qui, les premiers, introduisirent les chevaux en Egypte. Il est probable que l'origine remonte à eux des chevaux et des chariots, mentionnés si souvent dans l'Ancien Testament et qu'ils utilisèrent, les uns et les autres, dans les combats qui facilitèrent leur conquête de la Syrie, de la Palestine et de l'Egypte (6). »

1) Abbé Th. MOREUX, La Science mystérieuse des Pharaons, p. 174.

2) WISEMAN. Discours sur les rapports entre la science et la religion révélée, p. 403.

3) S. BIRCH, Ancient History from the Monuments: Egypt, p. 65-67.

4) CHABAS, Recherches sur la XIXe Dynastie, p. 107 et 108.

5) Le professeur Yaherda propose les dates 750-1580. La vérité se trouve sans doute entre sa thèse et celle de Petrie.

6) « La Bible a dit vrai », pp. 80-82.

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