Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Les Eglises de professants

La manière biblique de devenir chrétien
Symbole ou sacrement ?
" Veillez et priez "
L'incomparable Evangile


La manière biblique de devenir chrétien

Selon les Ecritures, la manière vraie de devenir chrétien est celle que nous trouvons au livre des Actes des apôtres et que les épîtres exposent clairement. Il faut d'abord être en âge de comprendre et d'accepter le message évangélique du salut; ce qui demande mûre réflexion et une consciencieuse décision. Pour devenir chrétien il faut la foi et « la foi vient de ce qu'on entend ; et l'on entend lorsque la Parole de Christ est prêchée » (Romains 10 : 17). Jésus a lui-même annoncé « qu'on prêcherait en son nom la repentance, pour la rémission des péchés... » (Luc 24 : 47). Ce qui ne peut s'adresser qu'à des êtres conscients de ce qu'ils font. Et puis il faut croire aux mérites du Sauveur dont le sacrifice seul procure le pardon et la paix du coeur (1 Pierre 1 : 17-25).

Ainsi, la connaissance de la vérité produit la repentance et la foi, c'est ce que le Nouveau Testament appelle la « conversion », qui conduit à une vie consacrée au service de Jésus-Christ, à une véritable « nouvelle naissance » spirituelle et à la «régénération » dont les Ecritures parlent sans équivoque. Enfin, deux symboles nous rappellent ensuite, l'un l'oeuvre unique de notre Rédempteur (la sainte cène), l'autre notre propre engagement à suivre et à servir le Seigneur (le baptême).

C'est là le cheminement selon le Saint-Esprit et nul ne peut prétendre que ses méthodes doivent changer au cours des siècles. En tout cas, rien n'est prévu dans ce sens. Au contraire, l'oeuvre expiatoire ayant été accomplie « une fois pour toutes » (Hébreux 7 : 27) et la foi ayant été donnée elle aussi « une fois pour toutes » (Jude 3), il serait pour le moins incompréhensible que les méthodes pour devenir chrétien, si excellentes du temps des apôtres, fussent incompatibles avec les besoins des pécheurs « civilisés » et « évolués » de notre siècle... Or, « moderniser » l'Evangile, c'est l'affaiblir et le rendre impropre à sa mission divine auprès de l'humanité. L'expérience le prouve et les théologiens ne cachent pas leur désarroi devant l'abandon croissant de toute pratique religieuse dans les pays réputés « chrétiens », où les méthodes apostoliques ont été remplacées par la tradition vaine et illusoire du salut par les sacrements. Jamais on ne dira assez tout le tort que le sacramentalisme a fait à la foi biblique.

Tout cela nous conduit finalement aux deux principes qui caractérisent le recrutement des membres des Eglises, la méthode dite « de multitude » et celle « de professants ».

Les leaders du protestantisme, par leur hantise de l'unité, prouvent que la Réforme a été insuffisante et donnent involontairement raison aux méthodes des Eglises de « professants », conformes aux méthodes apostoliques. Car si les réformateurs avaient poussé un peu plus loin leur « retour aux sources », ils seraient parvenus à ce même type de foi, dont ils ont reconnu la valeur tout en restant attachés aux deux sacrements catholiques du baptême des nouveau-nés et de la confirmation à l'âge réglementaire.

Car une partie importante du protestantisme a en commun avec le catholicisme le point capital de la vie chrétienne : la manière de devenir chrétien. En cela leur parenté n'est que trop patente, puisqu'ils ont le même « acte de naissance » à la vie religieuse. Du reste, le protestantisme ne cache pas les effets néfastes de ce procédé. Ne mentionnons ici que les enquêtes entreprises sur la participation au culte dominical. Ainsi, à Genève, capitale de la Réforme, environ 5 % des membres d'Eglises assistent au culte et ailleurs c'est à l'avenant, dans les pays protestants. Il serait intéressant de publier les statistiques des Eglises « de professants » qui ne reçoivent que des croyants. Sans doute serait-on étonné du contraire. Aux Antilles, la participation au culte est environ de 80 % (tous convertis du catholicisme). Et ceux qui n'y assistent pas ont souvent des raisons valables, surtout les familles nombreuses avec enfants en bas âge. Mais en Europe le pourcentage n'est pas moins élevé.

Ainsi, l'admission des seuls convertis produit des églises locales, non pas parfaites, cela n'existe pas, mais ferventes, consacrées et zélées dans le témoignage évangélique, puisque tous les membres peuvent déclarer : « Je sais en qui j'ai cru 1 » (2 Timothée 1 : 12). Naturellement, il y a des foules d'honnêtes citoyens dans toutes les églises et un grand nombre de « braves gens » qui se rendent serviables à la première occasion. Mais il leur manque la conviction que donne la foi, résultat d'une rencontre décisive avec le Sauveur.

La plupart des membres reçus par tradition n'ont aucune certitude et ne connaissent pas la joie de la vie chrétienne ni la ferveur dans le témoignage. Ils ne savent pas que Jésus-Christ rend ses disciples profondément heureux. Beaucoup ne témoignent même jamais de leurs convictions. La foi n'est pas la préoccupation essentielle de leur vie, elle n'est pas leur raison de vivre. Ce n'est pas une force vive qui porte le croyant, c'est plutôt le croyant qui se voit obligé de soutenir sa foi chancelante. En plus, quand de vrais « convertis » se rencontrent, ils parlent avec enthousiasme de leur expérience spirituelle, alors que les autres évitent le plus possible toute conversation se rapportant à leur vie religieuse. Ils sont même visiblement gênés d'être mis dans l'obligation d'en parler.

Les pasteurs protestants savent tout cela mieux que quiconque. Ils savent combien il leur est souvent difficile d'engager un entretien spirituel lors de leurs visites chez certains « paroissiens »... C'est un chapitre bien délicat que celui des visites pastorales ! Et combien peu de membres d'églises participent aux réunions de prière et d'étude biblique ! Les catholiques convertis savent prier, nous le savons ; mais nombre de « bons protestants » seraient bien embarrassés de participer activement à une rencontre de prière autrement qu'en récitant le « Notre Père » ou une prière apprise par coeur. Cependant, là encore, la faute en incombe au « système religieux » beaucoup plus qu'aux membres des Eglises.


Symbole ou sacrement ?

Quelle que soit la forme du baptême, il ne s'agit jamais que d'un signe. Pour Jean-Baptiste c'était le signe de la repentance, pour Jésus et ses disciples c'est le signe de la foi par laquelle le croyant passe de la mort a la vie et des ténèbres à la lumière. Ce signe ne peut donc que suivre une expérience fondamentale, mais jamais la précéder. Seuls s'engagent au service de Dieu des ouvriers qui y consentent personnellement et explicitement. On n'enrôle pas comme « témoins de Jésus-Christ » (les nouveau-nés incapables d'articuler une seule syllabe. Etre baptisé signifiait, pour les apôtres, commencer une nouvelle vie entièrement consacrée à la plus noble et à la plus difficile des causes du monde. C'est donc pour le moins une grande imprudence de la part des Eglises pédobaptistes que de recevoir la multitude des citoyens sans autre garantie qu'un « oui » souvent fort peu convaincu et convaincant d'un parrain et d'une marraine... Or, quiconque attribue au signe la valeur de l'acte qu'il symbolise tombe en plein catholicisme :

« Les sacrements opèrent ce qu'ils figurent... Ils sont nécessaires au salut des hommes... Ils tiennent leur efficacité du Verbe même incarné... Le sacrement est cause efficiente et agissante de grâce. » (Somme théologique de Saint Thomas d'Aquin, 3e partie).

« Si quelqu'un dit que la grâce n'est pas conférée ex opere operato par le sacrement de la loi nouvelle, mais que la seule foi en la promesse divine suffit à obtenir la grâce, qu'il soit anathème! » (Canon du concile de Trente) .

A cela nous ajouterons simplement qu'il est préférable de se passer de tout baptême (aspersion des enfants ou immersion des adultes) plutôt que de lui sacrifier la vie spirituelle qui nous vient du Saint-Esprit, au moment de la conversion. Il faut donc que les églises de professants renoncent entièrement à toute pratique du baptême-sacrement et qu'elles dénoncent sans faiblesse la magie du rite, cause de la plupart des naufrages dans la vie religieuse de ceux qui sont baptisés mais non pas « nés de nouveau ». Cependant, si le baptême n'est pas un sacrement, une bénédiction accompagne toujours l'obéissance aux ordres de Dieu et il en est ainsi pour ceux qui se soumettent aux paroles du Seigneur : « Allez par tout le monde et prêchez l'Evangile à toute créature. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé... » (Marc 16 : 16). Croire d'abord (le plus important), être baptisé ensuite (l'image de notre engagement).

Nous savons que certains théologiens insistent sur les mots de l'apôtre Paul aux Corinthiens : « Vos enfants sont saints ». Mais ils savent très bien que ces termes n'ont rien à voir avec le baptême, que Paul ne mentionne même lias. Il s'agit de la consécration à Dieu des enfants nés dans les foyers chrétiens ; ils sont offerts à Dieu, mis à part pour Lui, pour la vie chrétienne qu'ils choisiront dès qu'ils en auront les moyens.

Les parents savent mieux que quiconque que leurs enfants ne sont lias « saints » dans un autre sens. Même les enfants des croyants doivent se convertir à Jésus-Christ lorsqu'ils seront convaincus, comme tous les autres pécheurs, du besoin d'un Sauveur. C'est pourquoi beaucoup d'églises de professants présentent les enfants à Dieu, devant les croyants réunis. Ce qui vaut mieux que le baptême. Toute l'assemblée s'associe ainsi à la prière du pasteur ou de l'ancien qui présente l'enfant à Dieu en le plaçant sous Sa protection. Ensuite les enfants seront instruits dans tout ce qui concerne le salut, qu'ils accepteront un jour en toute connaissance de cause.

Il est évident que la plupart des misères de notre « chrétienté » proviennent d'une grave interversion : celle d'avoir mis les symboles (transformés en sacrements) à la place de ce qu'il y a de plus grand et de plus beau dans la vie du croyant, l'expérience de foi personnelle avec le Sauveur. On a mis l'image à la place de la réalité, qui n'est qu'en Dieu, jamais dans le symbole. Mais, chose étrange, il se trouve toujours des théologiens pour justifier cette transposition et pour en démontrer le fondement biblique ! Pourtant, beaucoup de pasteurs sont conscients que le baptême des enfants ne vaut rien et qu'il est antiscripturaire ; ils le maintiennent « pour la paix de l'Eglise ». comme disait déjà Calvin, tenant séparées la doctrine et la discipline. C'est-à-dire que le grand réformateur était certain que le baptême des croyants est le baptême vrai, mais il ne put l'introduire au sein de l'Eglise sans risquer de la troubler... C'est ce qu'on appelle les « antinomies calviniennes ». (Voir : Réflexions à propos des doctrines de la prédestination et du baptême chez Calvin, par le professeur André Lamorte, Librairie Protestante, Paris.)

C'est pourquoi, en recevant les membres d'église par simple tradition, on pratique, qu'on le veuille ou non, un catholicisme atténué mais aussi dangereux que l'autre pour l'avenir du christianisme. Et le prétexte souvent invoqué, que les apôtres ont certainement baptisé des nouveau-nés lorsqu'ils baptisaient des familles entières, est pure fantaisie. C'est méconnaître, pour les besoins de la cause, la solidité des convictions des hommes du premier siècle que de les croire capables d'un tel micmac : exiger d'une part la repentance et la foi, par une prédication qui bouleverse l'âme et l'esprit (Actes 2 : 37), pour admettre un peu plus tard des foules de créatures totalement inconscientes comme disciples du même Maître !

Au demeurant, les Eglises du type « officiel » ou « national » ou « institutionnel » reconnaissent implicitement le bien-fondé du principe de « professant », puisque dans les Eglises « de multitude » il y a l'église dans l'Eglise. Il y a une église fidèle et vraie au sein d'une autre, vaste et infidèle. Les 5 % ou 10 % des membres dont parlent les statistiques, présents au culte, ne forment-ils pas en réalité et effectivement l'église locale active, confessante, qui « professe » sa foi ? Et le reste, la partie fictive, n'existe-t-elle pas surtout sur les registres des paroisses ?

M. Hoffet, qui n'est pas membre d'une église « de professants », leur rend cependant cet hommage :

« On notera également la fermeté avec laquelle certaines de ces communautés, que l'on appelle non sans une pointe de mépris les sectes, défendent les positions les plus authentiquement protestantes en s'opposant au mouvement qui porte les Eglises vers le sacramentalisme, le ritualisme et les formes autoritaires d'organisation ecclésiastique. » (p. 176, Politique romaine et démission des protestants).


" Veillez et priez "

Il faut avouer que la situation religieuse actuelle est mauvaise et à beaucoup d'égards désastreuse, malgré l'optimisme de ceux qui attendent d'impossibles miracles du concile et de l'oecuménisme. Un vent de défaite souffle sur beaucoup d'Eglises et il est à craindre qu'un grand nombre se laissent glisser sur la pente des reniements, oubliant que la mission essentielle du christianisme est de publier la Bonne Nouvelle du salut par grâce afin que les pécheurs soient sauvés et transformés, et non pas simplement teintés de religion dans une grande Eglise unifiée. Cette collusion entre les divers mouvements religieux qui se réfèrent tous au 17e chapitre de l'Evangile selon Jean, mais qui méconnaissent le 3e, n'est qu'un aveu d'échec dans la haute mission de promouvoir ici-bas la foi évangélique, seule raison d'être du protestantisme. Un grand nombre de « chrétiens » accepteraient donc sans trop de chagrin ce nivellement par l'abjuration, déguisé par cet euphémisme rassurant de « l'unité dans la charité ». Le sommeil religieux n'en serait que plus confortable : plus de « veillez et priez »... mais « vivez en paix dans la grande Eglise universelle, qui prie pour vous (dans les couvents catholiques et protestants), qui veille pour vous et sur vous, qui pense et qui croit pour vous ! » Plus de divisions, plus de discussions ni de controverses ! Tant pis pour la vérité qui « affranchit », pourvu que vienne la bienheureuse « unité » !

La nouvelle Babel religieuse qui s'édifie sous nos yeux apparaît donc plus désastreuse encore que celle de l'antiquité. Dans cette Babel moderne, les compromis et les abandons se déguisent en «amour fraternel » d'un nouveau genre en vue d'une unité au sein de laquelle, pour un grand nombre, se réaliserait la parole de l'apôtre : « Gardant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force ».

En revanche, quel magnifique élan serait un retour à la source biblique de TOUS CEUX qui se réclament de Jésus-Christ ! Ce retour à la fidélité apostolique conduirait des multitudes d'âmes perplexes, « brebis sans berger », vers leur Sauveur et leur Seigneur. Quelle victoire ce serait pour son merveilleux Evangile de grâce et de paix ! Car en dépit de tous les progrès humains, l'Evangile reste la seule et véritable ESPERANCE des peuples. Tout est si fragile et finalement si décevant ici-bas : va-t-on enlever aux hommes cette dernière lumière, l'Evangile, en mettant le flambeau « sous le boisseau » ? D'aucuns citent les trois grandes villes d'où on attend le salut : Rome, Genève et Constantinople ! Pourquoi le salut viendrait-il de ces cités infidèles qui ont renié le pur Evangile ? On se le demande. Le SALUT est tout entier en CHRIST, le Christ est dans les Ecritures : qu'on les ouvre et qu'on leur obéisse, Dieu fera le reste.

En vérité, les principaux opposants à cet esprit d'abandon sont les Eglises non-conformistes, que les protestants et les catholiques s'accordent à appeler des « sectes ». Tant pis, nous n'y pouvons rien changer. Cela stimule notre foi dans le « bon combat ». Pourtant, il n'est nullement question de reprendre une lutte ouverte ni de susciter des polémiques sans issue. Il suffit que les disciples du Seigneur soient fidèles à la mission reçue. Leurs armes sont celles de la Lumière. Pas de compromis ; mais beaucoup d'amour chrétien, comme Jésus le demande, avec un zèle qu'aucune consigne de qui que ce soit ne puisse décourager.

C'est un prêtre catholique qui répondra a la question : « Devons-nous continuer à prêcher l'authentique Evangile du siècle apostolique ? »

Voici quelques extraits de la conclusion (lui livre « L'offensive des sectes », par le R.P. Chéry. (Nous déplorons simplement la très navrante confusion que produit toujours le mot « secte » qui, en réalité, convient à l'erreur, mais jamais à une Eglise évangélique) :

« Ce qui frappe le plus l'auditeur d'une réunion (de secte):

l'accent de conviction chez les prédicateurs. Comment peut-il en être autrement si on est saisi par les merveilles de Dieu ? Cette chaleur du ton qui fait dire : « Il y croit », c'est cela qui détermine d'adhésion, met en marche vers l'acte de foi...

« Citée par un pasteur ou par un prêtre, la Parole de Dieu est toujours la Parole de Dieu. Elle porte avec elle sa grâce. Et nous qui prêchons nous savons bien que la qualité de l'attention des auditeurs se hausse toujours de quelques degrés quand on fait entendre le Christ, Saint-Paul ou les prophètes...

«Chez les catholiques: on regrette qu'il y ait si peu de référence à la Bible et surtout au Nouveau Testament, qu'on ne parle pas assez du Christ et des grands mystères. Ce qu'on souhaite ? Entendre « la résonance d'une âme donnée à Dieu », une Parole plus encourageante... un enthousiasme qui entraîne et cette joie du Christ qui est celle de l'espérance et de la charité. » (p. 457-466).

Oui, le message évangélique est un message plein de joie et d'espérance ; il rend heureux ceux qui le reçoivent et transforme leur vie en lui donnant un sens nouveau et plus élevé qu'aucune philosophie terrestre n'en serait capable. Il faut que les chrétiens en témoignent devant un monde qui, vainement, cherche le bonheur véritable.

Aussi les églises de professants accueilleront-elles avec une profonde sympathie tous les croyants indignés des abjurations de notre temps : les catholiques qui ont reconnu l'impasse où conduisent les erreurs romaines et les protestants qui recherchent des églises fidèles à la pensée du Seigneur et cela surtout lorsqu'il y a en infidélité à la Parole de Dieu dans leurs propres milieux.

Enfin, que tous ceux qui ne partagent pas nos idées soient au moins animés d'autant de compréhension envers les chrétiens « dissidents » qu'ils le sont pour la papauté : qu'ils cessent de nous accuser « de nous croire meilleurs que les autres » du fait de rester à l'écart de leurs entreprises oecuméniques. Car c'est là un argument entièrement faux et complètement usé, qu'il serait temps de remplacer par une preuve plus convaincante et moins facile. Accuser « d'orgueil spirituel » ceux qui refusent de capituler n'est pas une théologie très sérieuse. Au reste, n'oublions pas que Jésus-Christ, s'il est le Maître le plus doux et le plus compatissant qui soit, est aussi le plus exigeant du monde. Et c'est à LUI qu'il s'agit d'être fidèle.

En conclusion, les chrétiens évangéliques ont à remplir une mission dont nul ne doit les détourner. Il faut que les « chandeliers d'or » (Apocalypse 1 : 20) soient maintenus en place et que les disciples du Seigneur restent attachés à leur noble vocation de « témoins » de la vérité :

« Sois fidèle jusqu'à la mort, et je te donnerai la couronne de vie ! » (Apocalypse 2 : 10.)


L'incomparable Evangile

C'est donc l'Evangile qu'il faut annoncer à notre monde et c'est le devoir impérieux des croyants bibliques d'en être les témoins. C'est pourquoi les chrétiens évangéliques resteront fidèles à l'enseignement de Jésus-Christ, notre Libérateur, qui a rendu à la créature humaine sa dignité et lui a conféré une véritable noblesse chrétienne.

Puisqu'il s'agit d'une « Bonne Nouvelle », son nom même détruit l'erreur funeste qui consiste à croire que la religion est une chose triste et déplaisante, et qu'on n'y recourt qu'en cas (le malheur et d'épreuve. A l'inverse de ces idées fausses, qui peuvent convenir à la fausse piété, la vie chrétienne procure au croyant une joie profonde et permanente dont notre monde en général ne se doute pas. A la vérité, il serait inconcevable que Dieu eût donné aux humains ses commandements pour les faire gémir sous un joug. An contraire, c'est pour les initier à une vie supérieure, donc plus heureuse, qu'il a révélé sa volonté à l'humanité.

Il faut dire aussi que l'Evangile ne blesse jamais la conscience ; il respecte infiniment le sens moral que Dieu a mis en nous. Dans tous les domaines, les paroles de Jésus-Christ et sa vie tout entière sont d'une transparence impossible à surpasser. C'est donc un message limpide comme le cristal que le ciel adresse a la terre, c'est la voix de la sagesse et du bon sens. Prétendre que Dieu s'est révélé aux hommes an moyen d'une théologie entortillée. hermétique et mystérieuse, est une offense au Tout-Puissant. Logiquement, ce qui est contradictoire et incompréhensible provient de l'esprit tortueux de la créature, car Dieu est Lumière, Sagesse et Vérité.

Enfin, l'Evangile affranchit, régénère, instruit, donne le discernement et l'intelligence aux humbles. L'Evangile ennoblit et élève ceux qui suivent ses préceptes, et sous son influence on devient toujours meilleur. L'Evangile est foncièrement bienveillant. La trame de son enseignement est l'amour véritable, qui revient sans cesse dans les paroles de notre Sauveur : il annonce le pardon, la compassion, la douceur, la justice et le respect d'autrui.

Peut-on imaginer sans éprouver un sursaut d'enthousiasme ce que serait notre monde religieux, pour ne parler que de ceux qui se disent « chrétiens », si toutes les Eglises revenaient à ces principes de vie et de progrès dont l'Evangile nous fait entrevoir les radieuses perspectives ! Ce serait assurément une partielle réalisation de la prière que les foules présentent sans cesse à Dieu quand elles demandent : « Que ton règne vienne, et que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel ! »

En tout cas, l'unité entre les chrétiens dont on rêve partout deviendrait une réalité profonde et durable si elle était envisagée sur une base biblique : l'expérience de foi foncièrement évangélique et personnelle à chaque croyant, au lieu d'un embrouillement de croyances ayant pour seul point commun une illusoire aspersion des nouveau-nés, dont on a dit, lors de la rencontre oecuménique de Genève, qu'elle est « le sacrement oecuménique par excellence » ! Pour notre part, nous lui préférons infiniment « l'Evangile, puissance de Dieu pour le salut de tout croyant! » (Romains 1 : 16).


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