Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PIERRE DE SALVE DE BRUNETON, DIT VALSEC

Mini biographie

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Mini biographie


Manuscrit conservé dans les papiers de La Reynie, vol. VI, p. 63.

Communiqué par M. Douen.


L'histoire est presque muette sur ce martyr, dont le dévouement fut si héroïque, et le sort si déplorable en même temps que si glorieux.

Nous extrayons du Bulletin et de notes prises dans les manuscrits de la Bibliothèque impériale les trop courts détails qui suivent:

«Marc-Antoine de Salve, sieur de Bruneton, né à Valensoles en Provence, le 10 novembre 1619, quitta l’ordre des Augustins déchaussés..., pour embrasser la religion protestante.

Après sa conversion, il s’établit à Vergèze, où il épousa, en 1656, Marie Royer, dont il eut neuf enfants. Comme ancien de l’Église de ce lieu, il assista, en 1671, au synode provincial tenu à Nîmes le 15 avril.

À la révocation de l’Édit de Nantes, il sortit de France (Arch. Tr 322), et se retira en Hollande avec trois de ses fils, nommés Pierre, Jacques et Jean-Antoine. Il ne vivait plus en 1702, date du testament de sa femme, qui s’y qualifie de veuve» (Bulletin, IX, 330), et qui était restée en France avec deux fils et quatre filles.


Jacques et Jean-Antoine entrèrent au service des États généraux: le premier, capitaine au régiment de Holstein-Bœck, fut tué, en 1710, au siège de Douai; Jean-Antoine était, en 1712, capitaine au régiment de marine de Mauregnault.

Pierre assistait, comme pasteur, au synode de Rotterdam en 1686. Rentré en France au péril de ses jours, pour y prêcher l’Évangile, il fut bientôt arrêté à Paris et enfermé, le 12 janvier 1690, dans le château de Vincennes, par ordre du 10; on l’y garda quelque temps, dans l’espoir de tirer de lui quelques éclaircissements sur son collègue Lestang, qu’on n’avait encore pu saisir.

Sorti de Vincennes le 20 mars, il fut conduit au donjon des îles Sainte-Marguerite, pour y terminer ses jours. Nous croyons qu’il y était encore en 1713.

Le roi avait ordonné qu’il ne fût connu de personne, qu’il n’eut aucune communication avec le pasteur Gardel, qui l’avait précédé dans le terrible cachot, ni avec qui que ce fût, de vive voix ou par écrit, et que la subsistance et l’entretènement (entretien) lui fussent fournis sur un pied médiocre, au taux de 900 livres par an.

Il est probable qu’il y mourut dans un état de misère qu’on a peine à se figurer; nous continuons à ignorer s’il faut le ranger parmi les trois prisonniers de Sainte-Marguerite dont la raison était égarée déjà en 1693. (Voir Bulletin, IX, 187, et la note de la page 189.)

Son frère Jacques écrivait à leur mère, le 30 août 1699:

«Pour mon frère de Salve, je vous ai si souvent écrit qu’il était en vie, et que vous devez en être persuadée, que son affaire était entre les mains de l’ambassadeur des États généraux pour en parler au roi. Voilà tout ce que je puis faire au monde; pour le reste, je le remets entre les mains de Dieu; qu’il veuille faire tourner l'affaire à son avantage. Je vous ai dit aussi qu’on l’avait transporté depuis quelques années de la Bastille (?) dans la province du Dauphiné (?), sans avoir pu apprendre l’endroit où on l’avait mis.» (Bulletin, IX, 332.) 


De son côté, Jacques-Antoine écrivait encore le 4 août 1710: «J’espère que la paix se fera bientôt, et que mon frère le ministre sortira de prison.»

Vain espoir! Des victimes que recélait l’horrible donjon, Mathurin, Gardel, de Salve, Lestang, de Malzac, la dernière seule recouvra la liberté après la paix d’Utrecht (1713).

Le Bulletin a publié en 1858 (p. 280) une éloquente exhortation de Mathurin, et le Disciple de Jésus-Christ, en 1854, un touchant discours de Matthieu de Malzac; il nous a semblé que la lecture des pages suivantes, également écrites au Désert, sous la voûte du ciel, au moment de la plus furieuse persécution qui fut jamais, n’exciterait pas un moindre intérêt, et que nul ne pourrait les parcourir sans éprouver une vive reconnaissance envers Dieu, qui nous a donné la liberté religieuse, et envers ces héros du devoir, qui ont sacrifié leur vie pour opposer une barrière infranchissable à la toute-puissance du despotisme, en lui disant, au nom du droit imprescriptible et sacré de la conscience: Tu n’iras pas plus loin.

Outre deux feuillets de sermon, dont l’un déchiré et plié en forme de lettre, porte au dos: Pour Monsieur de Leslang, les pages qu’on va lire sont tout ce qui nous reste, les seules reliques de ce pasteur du Désert.

Le manuscrit, d’une écriture très mauvaise, ne contient point, à proprement parler, un sermon écrit en entier; ce ne sont çà et là que des notes très détaillées, mêlées de latin et d’abréviations de tout genre. Pour ne pas donner un logogriphe à deviner à la plupart des lecteurs, nous avons dû modifier parfois la forme trop primitive de l’original.

Est-il nécessaire d’ajouter que nous en avons pieusement respecté le sens?

O. Dooen.

 
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