Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SERMON POUR LE NOUVEL AN

DE 1848

BARTHELEMY BOUVIER

Pasteur de l'Eglise de Genèse


Complement


***


CHERCHEZ L’ÉTERNEL!

Nous vous en supplions au nom de Christ: Soyez réconciliés avec Dieu!

(2 Corinth. V, 20.)


***


PRIÈRE


La voilà finie, ô notre Dieu, cette année (2022) qui nous menaçait de tant de maux, et où nous avons commis TANT DE PÉCHÉS!

Et pourtant nous subsistons encore, et tes grâces n’ont point cessé.


* * *


Ah! que tu es bien toujours le même, plein de compassion et de miséricorde, lent à la colère, et abondant en gratuités! Non, nous ne t’avons pas assez béni dans le temps, quand tu as fait succéder aux angoisses de la disette les joies de l’abondance.

Déjà le désespoir et la mort parcouraient bien des contrées, et menaçaient la nôtre; encore une année comme la précédente, et c’en était fait de nous et du monde, quand un regard de ta bienveillance a tout changé.


OUI, SEIGNEUR, TA PAROLE EST VRAIE: toutes les créatures s’attendent à toi, tu leur donnes la nourriture au temps marqué. Quand tu la leur donnes, elles la recueillent; quand tu ouvres ta main, elles sont rassasiées de biens.

Caches-tu ta face, elles sont troublées; retires-tu ton souffle, elles déraillent et rentrent dans la poussière. Mais si tu renvoies ton Esprit, elles sont créées une seconde fois, et tu renouvelles la face de la terre. À ce bienfait, tu en as ajouté mille autres.

Quand la discorde avait séparé des confédérés et des frères, et les avait armés les uns contre les autres, et que nous ne pouvions prévoir aucune issue qui ne dût nous coûter des larmes de sang, tu en as trouvé une, tu as épargné tout ce qui pouvait s’épargner, tu as tancé les vents et les flots, tu as calmé la tempête et dit au malheur: c’est assez.


Ô notre Dieu, nous venons nous mettre sous ta garde pour l’année qui commence, comme nous l’avons été dans celle qui finit.

Nous venons t’apporter tout ce que nous possédons et tout ce que nous aimons, te confier notre pays, nos enfants, nos personnes, notre présent, notre avenir.

De quoi nous inquiéterions-nous?

N’es-tu pas là?

Nous venons surtout te demander d’élever nos regards et nos pensées au-dessus de ces choses qui passent.

Ah! donne-nous à connaître notre fin, et quelle est la mesure de nos jours, afin que nous sachions de combien courte durée nous sommes. Voilà, tu as réduit ces jours à la mesure de quatre doigts, et le temps de notre vie est devant toi comme un rien.

- Certainement tout homme, quel qu’il soit, n’est que vanité.

- Certainement nous nous promenons parmi ce qui n’a que l’apparence.

- Certainement nous nous tourmentons pour néant.


Et maintenant que devons-nous attendre? (Pour 2023)

Seigneur, notre espérance est en toi. Si pendant que nous habitons sous cette tente, nous gémissons toujours comme sous le poids d’un fardeau, si nous n’avons point ici-bas de cité permanente, nous en avons dans le ciel une autre que tu nous as préparée, une patrie éternelle qui n’a point été faite par la main des hommes.

Oh! détache toi-même nos cœurs de ces biens qui vont nous échapper, pour les tourner vers ceux qui demeurent et que rien ne pourra nous ravir.

Que ce soit là l’effet de ce jour, et celui de ta parole que nous allons méditer, et que nous te supplions de ne pas laisser inutilement retentir à nos oreilles.

Exauce-nous, au nom et par la vertu toute-puissante de Jésus-Christ, notre Sauveur. Amen!


* * *


Bien-aimés Frères,

Entre tant de pensées d’espèces différentes que la première heure de ce jour apporte aux hommes à leur réveil, il y en a une qui leur est commune à tous, et qui devance toutes les autres, c’est celle de la rapidité du temps:


ENCORE UN AN D’ÉCOULÉ!


Mon Dieu, comme ces années passent vite!

M’en voilà déjà trente, quarante, cinquante; QUI SAIT CE QU’IL M’EN RESTE ENCORE...?

Mais, après s’être rencontrés dans ce cri de surprise que chaque époque marquante leur arrache périodiquement, tout aussitôt ils se séparent pour la conséquence qu’il en faut tirer:

- Les idées de la veille reprennent leur cours, et l’imagination de chacun part de nouveau par sa route accoutumée.


Ce temps si court, que vont-ils en faire....?

L’un ne compte pour rien ce présent nouveau que Dieu lui fait: sa vie à lui est toute dans le passé, dans les biens qu’il a perdus, dans ses affections brisées; l’année qui vient de finir a clos son bonheur, il ne sait rien voir au-delà.

L’autre n’a point de passé: il ne compte pour rien un temps qui ne lui a pas apporté ce qu’il désirait, il se précipite vers cette année nouvelle qui renferme son sort; il a de vastes projets: il veut percer, grandir, se placer dans le monde, s’enrichir. Il distribue déjà par avance ce temps qu’il n’a point encore: j’irai, je dirai, je ferai, j’apprendrai, je vendrai, je gagnerai, je placerai; le temps lui manque pour tout ce qu’il se propose.

Cet autre ne se soucie ni du passé, ni de l’avenir; son âme ne voit que ce que voient ses yeux.

Il est l’homme du présent: Le temps est court, donc il en faut profiter pour jouir; mangeons et buvons, car demain nous mourrons. (Ésaïe XXII, 13 ; 1 Corinth. XV, 32.)

Ainsi chacun d’eux court agir conséquemment à ses sentiments et à ses vues.

L’un s’enferme avec ses larmes loin du bruit et de la joie qui les rendraient plus amères;

L’autre prépare ses habits de fête;

Celui-ci est tout entier aux affections humaines, à sa famille, à ses amis;

Celui-là calcule ses démarches, et promène ses vœux intéressés partout où il espère trouver des appuis à ses projets.

L’égoïsme, le respect humain, les passions sous toutes leurs formes s’agitent déjà dès l’aube du jour.

N’a-t-il donc rien d'autre chose à nous dire  ce jour .... (de nouvel an)?

Oh! oui, pour L’HOMME SÉRIEUX QUI SAIT L’ÉCOUTER, il dit comme l’Écriture: le temps est court, donc IL FAUT EN PROFITER POUR SAUVER SON ÂME et pour fléchir le Maître du temps:


Cherchez l'Éternel pendant qu’il se trouve.


Ces âmes sérieuses, qui font le petit nombre, sont celles dont la première pensée est d’apporter à Dieu dans son temple les prémices de cette nouvelle année.

Loué soit Dieu! Mes Frères, vous êtes de ce nombre: Vous avez senti le besoin de quelque chose de plus relevé que la terre, de plus durable que le temps, de plus saint que toutes ces joies, de plus efficace que tous ces vœux que l’affection dicte, mais qu’elle n’a pas le pouvoir de réaliser; ce monde qui passe vous a parlé de celui qui ne passe point.

Puisse ce bon mouvement être béni de Dieu! puisse cette courte méditation porter en vous quelques fruits de bonheur et de vie, et pour le temps et pour l’éternité!


TOUT DANS LA MARCHE DU TEMPS NOUS AVERTIT DE CHERCHER L'ÉTERNEL.


La perpétuelle mobilité de toutes les choses de ce monde, depuis la première à la dernière, tout ce que nous voyons de nos propres yeux, tout ce que nous connaissons par ouï-dire, tout ce qui peut se nommer sous le soleil:

- Les peuples qui montent sur la scène et en disparaissent alternativement;

- Les hommes qui remplissaient l’univers de leur bruit, et dont on ne parle plus après quelques années;

- Les villes et les monuments qu’on citait comme des merveilles, et dont on cherche aujourd’hui la place;

- Les lois que des générations avaient gardées avec une religieuse vénération, tombées en désuétude et même en dérision pour les générations suivantes;

- Les formes de gouvernement s'usant et se remplaçant tour à tour;

- et, pour nous rapprocher davantage de notre personnalité à chacun, tous les objets sur lesquels nous avions bâti notre bonheur croulant l’un après l’autre:


  • Notre corps, jadis si frais et si élancé, maintenant défleuri, déformé, s’inclinant peu à peu vers la terre;
  • Les jeux de notre enfance pris en pitié,

  • Les plaisirs de notre jeunesse désenchantés et insipides,

  • L’indifférence succédant aux transports et le dédain à l’admiration;
  • Tout ce que nous avions convoité trompant notre attente, soit par la valeur, soit par la durée;

  • Nos parents, nos compagnons, nos enfants, tous ces arcs-boutants de notre vie, manquant et fuyant devant nous comme pour nous faire signe de les suivre:


TOUT CELA NE PARLE-T-IL PAS UNE LANGUE ASSEZ CLAIRE?


Tout cela ne prend-il pas une voix pour nous crier: Passez votre chemin, votre place n’est point ici; ne voyez-vous pas que rien n’y dure, que rien n’y vaut la peine que vous y arrêtiez votre cœur?

Vous êtes des étrangers et des voyageurs en route pour une autre terre: en avant! en avant !

Si vous aviez été destinés pour la vie présente, elle vous aurait été préparée heureuse et complète.

Tout être fait seulement pour ce monde, doit trouver dans ce monde tout ce qu’il lui faut; chacun de ses désirs doit rencontrer un objet pour le satisfaire.

Mais votre existence à vous, défectueuse, tiraillée, déchirée, en cherche comme elle l’est d’un but, qu’est-elle autre chose qu’une ÉBAUCHE de vie, que L’INDICATION D’UNE AUTRE EXISTENCE en rapport cette fois avec vos besoins et vos facultés, et comme un de ces poteaux qu’on plante dans les carrefours pour montrer aux passants la route?


Tout votre séjour sur la terre semble n’avoir été arrangé que pour vous prouver que vous n’êtes pas faits pour elle.

Pourquoi donc tous obstinez-vous à prendre le chemin pour le terme, l’avenue pour la demeure?

Êtres qui avez tant de besoins, vous devez toujours chercher un objet qui ne vous manque pas pour vos besoins;

Êtres capables de tant d’amour, vous devez chercher un objet digne de tout cet amour, et qui sache et veuille y répondre;

Êtres altérés de vie et entourés de mort, vous devez chercher un objet immortel.

Mais quel est-il cet objet, et où le trouver...?

Levez les yeux, ô aveugles! Voyez: Au-dessus de cette terre où tout change, n’y a-t-il pas un lieu où rien ne change?

Si pour vous, la nuit succède au jour, l’hiver à l’été, la mort à la vie, si les années finissent et recommencent, vous versant d’inégales mesures d’abondance et de joie,


LÀ-HAUT AU CIEL..., LA VIE CIRCULE SANS TARIR,

la lumière sans s’éteindre,

la chaleur sans s’épuiser; là l’ordre n’est jamais troublé,

là règnent à la fois le mouvement et la stabilité,

LÀ-HAUT DURE L’ANNÉE ÉTERNELLE.


Dieu a donc placé sur vos têtes un avertissement permanent:

Les Cieux sont une chaire magnifique et retentissante du haut de laquelle Dieu se prêche lui-même à vous; ils disent à qui veut les entendre: Ici résident la force, la beauté, la fécondité, la sécurité; ici est la source immuable de toute vie et de tout bien.


MONTEZ ICI PAR LA FOI, EN ATTENDANT D'Y MONTER PAR LA VUE.


Certainement celui qui a été fait pour comprendre et admirer ces merveilles, a été fait pour les posséder.

Mais l’homme, créé debout pour qu’il s’élevât naturellement à ces choses, tourna stupidement son cœur en bas, et ne sut ni entendre ni voir.

Alors Dieu ne dédaigna pas de lui parler de plus près encore:


La Parole fut faite chair, et vint habiter parmi nous pleine de grâce et de vérité. (Jean I, 14.)

Le Fils unique de Dieu, dans toute la sagesse et toute la gloire du Père, et avec une démonstration d’esprit et de puissance, descendit du Ciel tout exprès pour nous dire:

IL N’Y A QU’UNE CHOSE NÉCESSAIRE (Luc X, 42.).

Quand vous gagneriez tout le monde, cela ne vous servirait de rien, si vous perdez votre âme (Matth. XVI, 26.).

Cherchez PREMIEREMENT le royaume des cieux et sa justice, et toutes les autres choses vous seront données par-dessus (Matth. VI, 33.).


CHERCHEZ L'ÉTERNEL! ce mot, qui est celui de la venue du Christ, de sa vie, de sa mort, de son ascension, de ses discours, de ses miracles, de son Évangile, de son Église, de ses sacrements, de toute son œuvre, est aussi le mot de la nature et le mot de l’histoire, celui des prospérités nationales et particulières et celui des calamités, celui des dangers et CELUI DES DÉLIVRANCES, celui des années de stérilité et celui des années d’abondance; c’est un concert universel.

CHERCHEZ L’ÉTERNEL, vous ont dit cette série sans exemple d’années de paix et de bénédictions de tout genre dont Dieu poursuivit naguère notre indifférence sans pouvoir la vaincre, et ses coups qui ont succédé, ses menaces qu’il a depuis fait entendre de tant de côtés à notre ingratitude, et qui murmurent encore autour de nous. L'avez-vous cherché?

CHERCHEZ L’ÉTERNEL, vous disent cette effrayante attitude des sociétés modernes, ce vacillement et ce craquement de toutes les institutions, ces vagues tumultueuses de peuples qui avancent, on dirait comme Attila, sans savoir où Dieu les pousse, battant en brèche tout ce qui subsiste, sans qu’il soit possible de prévoir ce qui sortira de là, sans qu’on découvre jusqu’ici d’autre résultat de tous ces changements qui s’opèrent et de ceux qui se préparent, qu’un vide immense qui se creuse toujours plus profond sous les pas du monde.

CHERCHEZ L’ÉTERNEL, vous répète, chaque jour de votre vie, cette voix intérieure qu’on peut bien ne pas écouter mais qu'on ne peut faire taire, et qui, selon que vous vous rapprochez ou que vous vous éloignez de Dieu, vous murmure à l'oreille des choses douces et joyeuses comme les chants d’une mère à son nourrisson, ou bien vous brûle comme un feu, et vous mord en secret comme une dent aiguë.

CHERCHEZ L’ÉTERNEL, vous dit cette agitation mystérieuse qui tous rend mécontents même au sein du bonheur terrestre et des satisfactions de la chair, et vous presse comme un aiguillon vers vous ne savez quels biens.

Qui que vous soyez, il y a au fond de votre cœur, ainsi que jadis à Athènes, un autel au Dieu inconnu, avec cette différence que, si vous ne le connaissez pas, c’est votre faute, car Christ est venu vous apprendre le nom de ce Dieu et l’usage de cet autel.

Oui, tout, tout nous dit de ta part de chercher ta face, ô Dieu vivant!


* * *


Qu’est-ce que chercher l’Éternel?


Mon Dieu! me comprendrez-vous si je vous le dis?

Je n’ai malheureusement rien de neuf à vous apprendre là-dessus. C’est une chose que vous savez dès l’enfance, que vos pères spirituels et vos pères selon la chair vous ont dite sous toutes les formes, que vous répéteriez tous au besoin; mais qu’au fait vous ne savez point, qui n’est pour vous qu’une façon de parler, qui ne présente pas à votre esprit une signification réelle, positive, pratique, vivante, comme les choses de ce monde.


CHERCHEZ L’ÉTERNEL, voulez-vous savoir...?

C’est faire pour lui ce que vous faites pour la fortune, vous, homme d’argent;

ce que vous faites pour la renommée, vous, homme vain, dévoré du désir de faire parler de vous;

ce que vous faites pour la science, intelligences d’élite, qui ne voyez pas de plus grand bonheur que d’arracher à la nature un de ses secrets;

ce que vous faites pour un être cher dont vous voudriez au prix de votre sang gagner l’affection, cœur passionné....

Me comprenez-vous maintenant?

CHERCHEZ L’ÉTERNEL, ce n’est pas simplement s’occuper extérieurement de lui à certains jours et à certaines heures, venir volontiers entendre un discours sur lui.

- C’est tâcher de LE connaître d’une connaissance PERSONNELLE et intime;

- C’est désirer avec ardeur d’obtenir son approbation et son amour, de s’unir à lui, de l’avoir avec soi et en soi;

- C’est avoir faim de LE voir et soif de l’entendre;

- C’est faire un sincère et continuel effort pour SE CONFORMER À SA LOI, pour contracter SA ressemblance, POUR AIMER CE QU’IL AIME ET VOULOIR CE QU’IL VEUT.


Qui cherche l’Éternel, ou du moins qui le cherche comme il le devrait?

Loin de moi la pensée de vous contrister dans un tel jour par des paroles dures!

Mais loin de moi aussi ces mensonges flatteurs dont le monde fait monnaie dans ces jours de congratulation!

Notre manière d’aimer, à nous ministres du Christ, est de vous dire la vérité. La voici donc:


La vérité est que je connais à peine deux hommes qui se disent:

je ne veux plus de cette connaissance traditionnelle qu’on m'a donnée de Dieu;

je veux le connaître de lui à moi;

JE VEUX SAVOIR PAR MOI-MÊME SI LA BIBLE EST, OU NON, SA PAROLE; et si elle l’est, alors je ne me contenterai pas de la respecter de loin, je la lirai, oui! je la lirai fidèlement et joyeusement comme un fils fait d’un écrit de son père, j’en ferai ma consolation, ma règle, mon affaire et mon pain de tous les jours.

La vérité est que je ne connais point d’homme qui ne se cherche plus ou moins lui-même, qui n’aille où lui disent d’aller ses entraînements, ses habitudes bonnes ou mauvaises la séduction de l’exemple, les principes relâchés qui règnent, les convoitises de sa chair, ses goûts, ses caprices mêmes.

Si la volonté de Dieu se rencontre à marcher de concert avec la sienne, fort bien! si la parole de Dieu se trouve lui commander précisément ce qu’il eût fait sans la parole et par son propre penchant, tant mieux! grâce à cet accord fortuit, il la suit cette fois, et l’en voilà plus heureux et tout fier.

Mais consulter Dieu sur tout ce qu’on veut dire et faire;

régler son choix sur le sien,

tenir pour rien le monde et soi-même,

faire plus: remonter avec effort son propre torrent,

dire non à la tentation qui appelle,

résister jusqu’au sang à la passion...,

obéir à Dieu bon gré mal gré, sans motifs étrangers, quoi qu’il en coûte et contre soi-même...

... voilà ce qui devrait se voir toujours et ce qui ne se voit point; bien peu s’en faut que la main qui enregistre ces glorieuses victoires sur le livre de vie n’en soit encore à celle qui ensanglanta Gethsemané.


Recueillez-vous un instant, Mes Frères, je vous en somme; tournez-vous encore une fois vers cette année qui vient de finir, et dont il ne reste rien ou presque rien que ce qu’elle aura produit pour Dieu.

Regardez bien, comptez chacun pour ce qui vous concerne; puis nommez, la main sur la conscience:

un progrès réel que vous ayez fait,

un vice que vous aviez au commencement de l’année et que maintenant vous n’ayez plus,

une vertu qui vous manquait et que maintenant vous ayez acquise,

un sacrifice coûteux que vous ayez fait uniquement en vue de Dieu,

un jour, un seul jour dont vous ayez été content selon le Seigneur.

Eh bien! que dites-vous?

Que trouvez-vous? — rien, n’est-ce pas?

Ah! oui, il faut bien le reconnaître: vous, moi, tous, nous sommes les serviteurs du sang et de la volonté de la chair et de la volonté de l’homme, et non les serviteurs et les enfants nés de Dieu.


Dieu n’est pas celui qui nous règle.

L’orgueil et la cupidité, voilà les deux pôles autour desquels tourne ce monde; voilà les divinités auxquelles nous sacrifions, idolâtres que nous sommes!

Mon Dieu, mon Dieu, jusques à quand nous supporteras-tu?

Jusques à quand nous donneras-tu des jours pour les perdre, et des dons pour les fouler aux pieds? Ah! cherchons l’Éternel pendant qu’il se trouve.


Mes Frères, car ni vous ni moi ne savons ce qu’il nous est donné de temps pour le chercher; peut-être aujourd’hui, et c’est tout.

Vous comptez sur le temps: mais l’expérience ne vous a donc rien appris!


Ne savez-vous pas que c’est un fantôme décevant qui prend toutes les tailles, démesuré tant qu’il est devant nous, mais qui glisse au passage, et se réduit à rien quand il est passé?

Ne savez-vous pas que, tout en l’ambitionnant dans l’avenir et en le regrettant dans le passé, nous le laissons misérablement perdre quand il est là, le jetant à toutes mains comme s’il nous pesait et que nous fussions empruntés à nous en défaire?

Ne savez-vous pas qu’il s’en va comme la fleur de l’herbe?

N’avez-vous pas vu les années de votre jeunesse s’évanouir comme une pensée?

N’avez-vous pas été cent et cent fois témoin que l'homme n'est point maître de son souffle pour le retenir, et qu'il n'a point de puissance sur le jour de la mort (Eccl. VIII, 8.)?


LA MORT, que vous négligez de faire entrer dans vos calculs, COMPTE AUTREMENT QUE VOUS.

Elle n’est point à vous, comme vous avez l’air de vous l’imaginer:


cette vie dont vous faites des parts à l’avance...

... est un prêt, et un prêt sans terme assigné,

que le prêteur peut vous redemander à toute heure.


Si vous continuez à en abuser, à violer toutes les conditions du bail, ah! craignez que le Maître de la vie ne vous la retire dans sa colère, qu’il ne vous dise comme à Hanania:

Je t'ôterai de dessus la terre, et tu mourras cette année même (Jér. XXVIII, 16.).

Mon esprit ne contestera pas toujours avec les hommes, car ils ne sont que chair (Gen. VI, 3.).

C'est alors vous trouverez l’Éternel, pauvres pécheurs, mais malgré vous et sans l’avoir cherché, trop tôt et trop tard tout ensemble. MALHEUR À QUI LE TROUVE AINSI!

Mais quand Dieu vous accorderait cette longue vie sur laquelle vous faites fond, ce sursis vous servirait-il?

Le trouveriez-vous mieux pour avoir eu plus de temps pour le chercher?


Non, non! si vous ne vous convertissez aujourd’hui,

vous ne vous convertiriez pas mieux plus tard!


Vous vous endurciriez au contraire, et votre condamnation s’en aggraverait.

S’il est un triste fait de la nature humaine, c’est qu’il vient un temps où Dieu ne se trouve plus, où l’on n’y prend plus de plaisir, où, il a beau frapper, les portes de l’âme ne s’ouvrent plus devant lui.

Quand l’homme arrive à un certain âge, sa croissance morale s’arrête; la forme qu’il a contractée se prononce, mais ne change plus. Il vit de ce qu’il a reçu, mais il cesse de recevoir. Il s’enfonce dans son pli, et se noue comme l’arbre.


DROIT ET PIEUX, la droiture et la piété orneront sa tête jusqu’à la blanche vieillesse de fruits savoureux et parfumés; il sera toujours plus doux, toujours plus patient, toujours plus confiant, toujours plus affectueux.

MAIS S’IL A MÛRI DANS LE DÉRÈGLEMENT, DANS L’ÉGOÏSME ET DANS L’IMPIÉTÉ, il vieillira et mourra déréglé, égoïste et impie.

Il peut encore déchoir, mais il n’a plus chance de s’améliorer; son âme est ossifiée, nulle onction n’y peut pénétrer pour l’amollir.

Parlez-lui de Dieu, il y croit à peine; du jugement, il n’y croit pas; du Sauveur, il ne vous comprend pas. Son affaire à lui, c’est sa vieille passion; il ne connaît ni ne veut autre chose. Pauvre misérable aveugle, déjà mort, et qui ne croit pas mourir! Il n’y a plus de ressource pour cette âme, si ce n’est un miracle....

Mais ce miracle, Mes Frères, Dieu peut le faire, que dis-je? il ne demande qu’à le faire.


SA GRÂCE EST À L’AFFÛT DES PÉCHEURS.


Partout où il y a encore une étincelle de vie, son souffle est là pour la ranimer.

Il frappe au cœur rebelle:

ici par un bonheur inespéré,

là par une grande misère;

tantôt par une maladie dont il l’étreint,

tantôt par une mort dont il le rend témoin;

quelquefois par un exemple qu’il met sur son chemin,

quelquefois par une parole tombée de la chaire chrétienne et adressée à tous, mais qui l’atteint comme si elle était pour lui seul et le force à dire: me voilà, c’est bien moi;

souvent par une de ces époques solennelles qui viennent couper la vie et violenter le cours des pensées.


C’est ici un de ces temps favorables, un de ces jours de salut.

Pourquoi n’espérerais-je pas que tel qui se tenait loin, aura entendu aujourd’hui la voix de Dieu, et rapproché son cœur; qu’il fera vœu au dedans de lui-même:

de racheter le temps,

d’être désormais fidèle au service du Seigneur,

de vaincre le péché, de réparer ses fautes,

de réjouir ses frères et les anges du ciel par le courage de sa conversion?

Chers et bien-aimés auditeurs, saisissez une circonstance qui ne reviendra peut-être pas pour vous.


Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve,

invoquez-le pendant qu'il est près.


Faites le compte de vos voies, et rebroussez chemin vers les témoignages de Dieu.

C'est le meilleur et le plus beau des souhaits que je puisse faire pour vous dans cette journée de vœux et de prières.

Pourquoi employez-vous votre argent pour ce qui ne nourrit point, et votre travail pour ce qui ne rassasie point. Écoutez, et votre âme vivra (Ésaïe LV, 2-3.).

Que celui qui aime sa vie et souhaite de voir des jours heureux, se détourne du mal et fasse le bien, qu'il cherche la paix et qu'il la poursuive (1 Pierre III, 10-11.).

Le seul but de cette vie fugitive est d’avancer, avancez donc.

Que tout le temps qui vous reste à vivre dans la chair, vous le viviez, non selon les convoitises des hommes, mais selon la volonté de Dieu (1 Pierre IV, 2.).

Joignez à la foi la vertu, à la vertu la science, à la science la tempérance, à la tempérance la patience, à la patience la piété, à la piété l'amour fraternel, et à l’amour fraternel, la charité (2 Pierre I. 5-7.).

Que tout ce qui est véritable, tout ce qui est honnête, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, que tout ce qui donne une bonne réputation et tout ce qui est digne de louanges soit l'objet de vos pensées (Philip IV, 8.).

Voilà votre tâche comme hommes, comme époux, comme pères, comme frères, comme amis, comme chrétiens; la voici comme citoyens:

D’immenses épreuves ont passé sur notre patrie, bien-aimés Frères: DITES-VOUS QUE JAMAIS DE SI GRANDS ÉVÉNEMENTS NE SE PASSENT, qu’ils ne cachent de grands desseins de Dieu.

Efforcez-vous de démêler ces desseins, et d’y entrer.

Cherchez, chacun pour votre part, en quoi vous avez mérité la verge, et ôtez-le de votre conduite et de votre cœur.


VOUS DÉTRUIREZ LE MAL, EN EN DÉTRUISANT LES CAUSES.


CHERCHEZ L’ÉTERNEL, et, en le trouvant, vous trouverez tout le reste; vous ferez disparaître du milieu de vous ce qui en vous divisant compromet l’avenir du pays, et vous vous rencontrerez surpris et joyeux sur un même chemin, le chemin du devoir et de l’amour du bien.

Rassasiés de tous les genres de libertés, conduisez-vous en hommes libres, non en faisant servir cette liberté de prétexte pour faire le mal, mais comme des serviteurs de Dieu.

Rendez à chacun l'honneur qui lui est dû; aimez vos frères; CRAIGNEZ DIEU (1 Pierre II, 16-17.); et notre Genève, la Genève morale, la Genève chrétienne, (et NOTRE NATION) celle que Dieu aima et protégea, sortira de la tourmente et renaîtra de ses désolations, vivante et glorieuse encore.

Oui, Joseph, tribu bien-aimée, rejeton fertile, qui crois auprès d’une fontaine, et dont les rameaux couvrent la muraille (Gen. XLIX, 22.), que le Puissant de Jacob te comble des bénédictions du ciel, des bénédictions des sources et des fleuves; qu’il dirige les chefs, qu’il garde tes pasteurs, qu’il bénisse ton commerce, ton industrie, ta science, tes travaux, tes entreprises.

Mais que les bénédictions spirituelles de ton Père, plus riches que les productions des montagnes et que la fertilité des collines, reposent sur la tête, sur cette tête qui fut si élevée, et qui ne doit jamais oublier qu’elle ne le fut pas pour elle-même, mais pour le salut de ses frères et pour la gloire de Dieu.

Ô notre Père, je ne le demande qu’une chose pour ce peuple, ton enfant, c’est de le préserver du mal!


SANCTIFIE-LE PAR TA VÉRITÉ, TA PAROLE EST LA VÉRITÉ.


Amen!

* * *


Un petit complément à méditer


Cherchez l’Eternel, vous tous, humbles du pays, Qui pratiquez ses ordonnances! Recherchez la justice, recherchez l’humilité! Peut-être serez-vous épargnés au jour de la colère de l’Eternel. (Sophonie 2: 3)


* * *


Celui qui demeure sous l’abri du Très-Haut Repose à l’ombre du Tout Puissant.

Je dis à l’Eternel: Mon refuge et ma forteresse, Mon Dieu en qui je me confie!

Car c’est LUI qui te délivre du filet de l’oiseleur, DE LA PESTE ET DE SES RAVAGES.

Il te couvrira de ses plumes, Et tu trouveras un refuge sous ses ailes; Sa fidélité est un bouclier et une cuirasse.


SousLesAiles


TU NE CRAINDRAS ni les terreurs de la nuit, Ni la flèche qui vole de jour,

NI LA PESTE QUI MARCHE DANS LES TÉNÈBRES, NI LA CONTAGION QUI FRAPPE EN PLEIN MIDI.

Que mille tombent à ton côté, Et dix mille à ta droite, Tu ne seras pas atteint;

De tes yeux seulement tu regarderas, Et tu verras la rétribution des méchants.

Car tu es mon refuge, ô Eternel! Tu fais du Très-Haut ta retraite. (Ps 91, 1-9)


* * *


TA PAROLE est une lampe à mes pieds, Et une lumière sur mon sentier. (Ps 119:105)

TA PAROLE est entièrement éprouvée... (Ps 119:140)

Le fondement de TA PAROLE est LA VÉRITÉ, Et toutes les lois de ta justice sont éternelles. (Ps 119:160)


TA PAROLE EST LA VÉRITÉ.

(Jean 17:17)


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