Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

L'ÉGLISE DE CHRIST

À LA LUMIÈRE DE LA PAROLE DE DIEU

* * *

ESSAI SUR LA NATURE ET L’ORGANISATION

DES ÉGLISES DE CHRIST

SUR

LA SÉPARATION DES ENFANTS DE DIEU

D’AVEC LE MONDE ET SON CULTE, ETC

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Celui qui aura violé l’un de ces petits commandements,

et qui aura enseigné ainsi les hommes,

sera tenu le plus petit au royaume des cieux. Matth. V, 19.


Emile Guers

1853


AVANT-PROPOS.


Le Seigneur Jésus, avant de quitter ses apôtres, leur avait dit:

Je prierai le Père, et il vous donnera un autre Consolateur,... le Saint-Esprit, que le Père enverra en mon Nom; il vous enseignera toutes choses, et il vous rappellera le souvenir de toutes les choses que je vous ai dites. (Jean XIV, 16-18, 26).

Quand celui-là, l'Esprit de vérité, sera venu, il vous conduira en toute vérité; car il ne parlera point de soi-même, mais il dira Tout ce qu'il aura oui, et il vous annoncera les choses à venir. Celui-là me glorifiera; car il prendra du mien, et il vous l’annoncera. (Jean XVI, 13 , 14).

Jésus avait dit à Pierre en particulier:

Je te donnerai les clefs du royaume des cieux: et tout ce que tu auras lié sur la terre, sera lié dans les cieux; et tout ce que tu auras délié sur la terre, sera délié dans les cieux. (Matth. XVI, 19).

Répétant ensuite la même promesse aux douze réunis:

Tout ce que vous aurez lié sur la terre, leur avait-il dit, sera lié dans le ciel; et ce que vous aurez délié sur la terre, sera délié dans le ciel. (Matth. XVIII, 18).


Jésus, après sa résurrection, voulant mettre les apôtres qu’il avait élus, à même d’accomplir le grand ministère dont il allait les charger, et de fonder l’Église de la nouvelle économie, leur donna ses ordres par le Saint-Esprit, se présentant lui-même à eux, vivant, avec plusieurs preuves assurées: étant vu par eux durant quarante jours, et leur parlant des choses qui regardent le royaume de Dieu, (Act. I, 2, 3). Il leur dit: Que la paix soit avec vous! Comme mon Père m’a envoyé, ainsi je vous envoie. Et quand il eut dit cela, il souffla sur eux, et leur dit: Recevez le Saint-Esprit, à quiconque vous pardonnerez les péchés, ils seront par donnés, et à quiconque vous les retiendrez, ils seront retenus, (Jean XX, 21-23). Jean a baptisé d’eau, mais vous serez baptisés du Saint-Esprit, dans peu de jours... Vous recevrez la vertu du Saint-Esprit qui viendra sur vous, et vous me serez témoins, tant à Jérusalem qu’en toute la Judée, et dans la Samarie, et jusqu’au bout de la terre. (Act. I, 5, 8, comp. avec Act. II, 1, etc.)


Puis, au moment d’entrer dans sa gloire, accompagné de ses dix mille millions d’anges, (Luc XXIV, 26, Dan. VII, 10, Ps. XXIV, 7-10), Jésus leur confia ce solennel message: Allez, et enseignez toutes les nations, les baptisant au Nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit; leur enseignant à garder tout ce que je vous ai commandé. Et voici, je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin du monde, (Matth. XXVIII, 19, 20).


Dispensateurs fidèles des mystères de Dieu, (1 Cor. IV, 1), les apôtres s’en tinrent SCRUPULEUSEMENT aux termes du message qu’ils avaient reçu; ils allèrent porter dans tout le monde la Parole de vie, et convier les pécheurs de toute nation, de toute langue, au banquet du Père de famille.

Après avoir rassemblé ses élus, ils les réunissaient en églises, et leur enseignaient à garder tout ce que Jésus leur avait commandé.

Ambassadeurs du Fils bien-aimé du Père, (Matth. X, 40, Luc X, 16), ils parlaient avec une entière autorité dans tous les troupeaux du Seigneur, réclamant des âmes fidèles la même soumission que celle que Dieu demande.

Écoutons le langage des apôtres de Christ, s’adressant à tous ceux qui en quelque lieu que ce soit, invoquent le Nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre:

Qui a connu la pensée du Seigneur, pour le pouvoir instruire? Mais nous, nous avons l'intention de Christ, (I Cor. II, 16).

Je vous ai envoyé Timothée, qui est mon fils bien-aimé et qui est fidèle au Seigneur, afin qu'il vous fasse souvenir de mes voies en Christ, et comment j'enseigne partout dans chaque église, (1 Cor. IV, 17).

Que chacun se conduise selon le don qu'il a reçu de Dieu, chacun selon que le Seigneur l'y a appelé, et c’est ainsi que j'en ordonne dans toutes les églises, (1 Cor. VII, 17).

Or, mes frères, je vous loue de ce que vous vous souvenez de tout ce qui me concerne, et de ce que vous gardez mes ordonnances, comme je vous les ai données... J'ai reçu du Seigneur ce qu'aussi je vous ai donné... Touchant les autres points, j'en ordonnerai quand je serai arrivé, (1 Cor. XI, 2, 23 , 34).

La Parole de Dieu est-elle procédée de vous? ou est-elle parvenue seulement à vous? Si quelqu'un croit être prophète ou spirituel, qu'il reconnaisse que les choses que je vous écris, sont des commandements du Seigneur, (1 Cor. XIV, 36, 37).

Touchant la collecte qui se fait pour les Saints, faites comme j'en ai ordonné aux églises de Galatie. C'est que chaque premier jour de la semaine, chacun de vous mette à part chez soi ce qu'il pourra assembler, suivant sa prospérité, afin que, lorsque je viendrai, les collectes ne soient point à faire, (1 Cor. XVI, 1, 2).

Vous savez quels préceptes nous vous avons donnés de la part du Seigneur Jésus... Celui qui rejette ceci ne rejette point un homme, mais Dieu, qui a aussi mis son Saint-Esprit en nous, (1 Thess. IV, 2, 8).

Et si quelqu'un n'obéit point à notre parole, renfermée dans cette épître, faites-le connaître, et ne vous mêlez point avec lui, afin qu'il en ait honte, (2 Thess. III, 10, 14).

Quand nous-mêmes vous évangéliserions, ou quand un ange du ciel vous évangéliserait outre ce que nous vous avons évangélisé, qu'il soit anathème. Comme nous l'avons déjà dit, je le dis encore maintenant: Si quelqu'un vous évangélise outre ce que vous avez reçu, qu'il soit anathème. (Gal. 1, 8, 9.)

(Voyez aussi Matth. XIX, 28. / Jean XV, 15. / 2 Cor. II, 10; V, 20; XIII, 1-3. / 1 Thess. II, 13. / Col. II, 5, etc.)


Ainsi les douze apôtres de l’Agneau sont et demeurent, sur Jésus-Christ la pierre de l’angle, les fondements de l’Église nouvelle, (Éph. II, 20. / Apoc. XXI, 14. / 1 Cor. XII, 28. / Éph. IV, 11).

Ils en sont les juges, (Matth. XIX, 28), les princes, les gouverneurs, les docteurs infaillibles, les véritables législateurs.

C’est pour toujours que l’Éternel les a mis dans son Église; leur autorité n’y finira qu’avec les siècles, (1 Pierre I, 12, 23, 25). Investis, jusqu'à la fin des temps, du pouvoir des clefs, (Matth. XVI, 19, XVIII, 18, XIX, 28, / Luc.XXII, 30, / Jean XX, 23), tout ce qu’ils pardonnèrent, tout ce que l’on pardonne en vertu de leur doctrine, est pardonné, (2 Cor. II, 10); tout ce qu’ils retinrent, tout ce que l’on retient en vertu de leurs ordonnances, est retenu, (Matth. XVIII, 18. / 2 Cor. XIII, 1-3, etc.)


Tout ce qui se fait, tout ce qui se décide en conséquence des lois qu’ils donnèrent aux églises, est confirmé dans les cieux.

Constamment guidés par le Saint-Esprit, dans l’accomplissement des moindres parties de leur charge, tout ce qu'ils disent, tout ce qu’ils font ou seulement approuvent, est pour nous obligatoire, autant que le serait une parole directement émanée de la bouche de Christ, à moins qu’eux-mêmes n’aient soin de nous avertir, que ce qu’ils disent est simplement un conseil et non pas un commandement de Dieu, (1 Cor. VII, 25).

Le Seigneur, par leur organe, a remis à la première génération de ses enfants, tous les statuts qui doivent à jamais régler ses chers troupeaux, de la même manière qu’il avait autrefois donné, par le ministère de Moïse, à la génération qui sortit d’Égypte, toutes les ordonnances, tous les commandements qui devaient régir la congrégation d’Israël.

Et de même que toute la sagesse des anciens Juifs, lorsque leurs pères s’étaient détournés de la loi de Moïse, consistait à revenir simplement à cette loi sainte, (2 Rois, / 2 Chr., / Esdr., / Néh.), toute la nôtre aussi, comme individus et comme églises, consistera toujours à REVENIR AUX ENSEIGNEMENTS DES APÔTRES; à retracer fidèlement le modèle des troupeaux qu’ils établirent ou dirigèrent; à en suivre exactement toutes les pratiques, universelles et constantes, qu’elles soient directement commandées par eux, ou simplement sanctionnées par leur exemple ou même par leur silence.

Combattons, dit Jude, (14), pour la foi donnée aux saints une fois pour toutes (grec).


C’est sur le principe de limitation des églises apostoliques, que repose tout le travail que nous publions. C’est sur ce même principe que sont établis tous nos troupeaux. Ce principe vital, étoile polaire et boussole des chrétiens et de leurs assemblées, nous ne le céderons jamais: son abandon fit toujours le malheur des églises.

Mais sur son application nous recevrons avec reconnaissance, toutes les remarques que nous adressera la charité de nos frères: ils nous obligeront, s’ils nous contestent l'apostolicité de telle ou telle pratique, de telle ou telle forme; s’ils nous montrent que nous nous méprenons sur l’ensemble ou sur certains détails de la discipline et de l’ordre général des premières églises; car, nous désirons de croître dans l'intelligence des Écritures, et chaque jour nous apprend mieux quels progrès il nous reste à faire dans cette bienheureuse étude.

Toute l'Écriture est divinement inspirée, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger et pour instruire selon la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et parfaitement instruit pour toute bonne oeuvre, (2 Tim. III, 16).

Vous n'ajouterez rien à la Parole que je vous commande, et vous n'en diminuerez rien, (Deut. IV, 2; XII, 32. / Apoc. XXII, 18, 19).

Ainsi a dit l'Éternel: Tenez-vous sur les chemins, et regardez, et vous enquérez touchant les sentiers des siècles passés, quel est le bon chemin, et marchez-y, et vous trouverez le repos de vos âmes, (Jérém. VI, 16).

Toute la Parole de Dieu est épurée; il est un bouclier à ceux qui ont leur refuge vers Lui. N’ajoute rien à ses paroles, de peur qu'il ne te reprenne et que tu ne sois trouvé menteur, (Prov. XXX, 5, 6).


«J'adore la plénitude de l’Écriture,» disait Tertullien.

«Nulle parole, disait Origène, après la parole de Jésus-Christ et de ses apôtres.»

«Coutume sans vérité, disait Cyprien, est vieillesse d'erreur.»

«Ce n’est pas la coutume que nous devons suivre, disait Jean Hus, mais Jésus-Christ et la vérité.»

«Plutôt que le règne et la gloire de Christ souffrent la plus légère atteinte, disait Luther, périsse la paix, périssent même la terre et les cieux.»

«Oyons ce que Dieu a dit, et soumettons nos petites raisons à ses paroles, disait Farel. Que rien ne soit meslé, ne tenu, ne gardé ès Églises de Jésus-Christ, sinon cela qu’il a ordonné.

Pourquoi esce donc que nous ne bastissons et que nous ne édifions les vives pierres, comme il faut, ensorte qu’on ne voye dutout rien,en ce sainct temple de Dieu, des abominations de Babylone, mais seulement ce que Jésus-Christ y a ordonné et institué?

Ce grand Soleil de justice, Jésus-Christ et sa lumière évangélique, n’ont point affaire de nos flambes fumantes, de nos cierges et chandelles.

Et pour ce bon Seigneur Jésus-Christ, qu’il fasse de tous, une Église pure, saincte, et purgée de toute villenie papale et de tout ce qu’il n’a pas ordonné, tellement qu’on n’y voye vautre que Jésus et cela seulement qu’il a ordonné (Du Vrai Usage de la Croix de Jésus-Christ, par Farel, 1560).


Que toutes les autorités terrestres disparaissent, que tous les docteurs que le monde religieux adore, cachent leurs fronts devant les pêcheurs de Galilée, ambassadeurs de Jéhova! C’est par de grands noms qu'on a toujours voulu consacrer l’erreur; mais, dans le royaume de Christ, nous n’en reconnaissons que douze: anciens et modernes, nous n’écoutons que ceux qui nous parlent selon les Oracles de Dieu, (1 Pierre IV, 11. / Matth. XXIII, 8-10. / Gal. I, 8, 9).

Affranchis de Christ, nous ne sommes point les esclaves des hommes, (Gal. V, 1). Usages, convenances, considérations humaines, siècles passés, traditions, conciles, synodes, papes catholiques ou protestants, tout cela n’est rien pour nous:


«LA PAROLE, QUE DIT LA PAROLE;»

tel est le seul langage que nous puissions entendre.


C’est cette Parole que nous venons proposer à des frères qui possèdent justement tout notre respect et tout notre amour.

Bien-aimés, vous soumettrez à un LÉGITIME, à un IMPARTIAL examen, nos inductions et nos remarques; MAIS VOUS RESPECTEREZ LA PAROLE DE CHRIST qui se propose, vous le savez, à notre obéissance et nullement à notre critique;

qui nous demande, non point notre avis, mais NOTRE SOUMISSION dans les choses que nous réputons petites, comme dans celles que nous estimons grandes.

Vous le ferez, car vous avez appris que, dans l’Église du Seigneur, toute question se résout, toute difficulté se tranche, toute discussion se termine par: «QUE DIT LA BIBLE? QU’EST-IL ÉCRIT?» À la Loi et au Témoignage; que s'il ne parle selon cette Parole, pour lui point de lumière, (Ésaïe VIII, 20).


L'Essai que nous publions, ne présente, sur la grave question qu’il développe, la profession de foi d’aucune église; il n’expose absolument que les convictions de celui qui l’a rédigé, et d’un petit nombre de frères qui l’ont aidé de leurs lumières et de leurs conseils; il a deux parties.

La première, principalement composée de témoignages de l’Écriture, cités tout au long, ou simplement indiqués, et souvent entremêlés d’explications et de remarques, rappelle ce que nous croyons être l’enseignement de la Parole, sur la nature et l’organisation des églises de Christ.

La seconde, déduisant les légitimes conséquences de cet enseignement, établit la séparation des enfants de Dieu d’avec le monde et son culte, et leur réunion en églises pour servir Dieu, selon sa volonté révélée; essayant aussi de fixer les véritables limites de la dissidence, elle indique les rapports que les églises de Christ doivent soutenir avec tout ce qui est né de Dieu.

C’étaient deux ouvrages distincts, mais que nous avons cru pouvoir utilement réunir en un seul.

En les composant, nous avons plusieurs fois consulté quelques écrits sur le sujet, et profité de quelques notes obligeamment fournies par des amis de la cause que nous défendons.

Puisse la bénédiction du Dieu trois fois saint, cette bénédiction qui seule enrichit, reposer abondamment sur une faible, bien faible ébauche, entreprise dans la confiance en sa fidélité, et maintenant publiée à l'honneur et à la louange de son grand Nom. Amen!


* * *

Gloire soit au Saint-Esprit,

Gloire soit à Dieu le Père,

Gloire soit à Jésus-Christ,

Notre Époux et notre frère!

Son immense charité

Dure à perpétuité.


Genève, décembre 1832

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