Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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UN MIRACLE AU VINGTIÈME SIÈCLE

Le Locle (Suisse)


TanteEmma



Comment la «Tante Emma» du Locle d’ivrognesse invétérée devint une femme de Dieu, proclamant à tous la glorieuse transformation qu’il avait opérée dans sa vie.

Nous sommes heureux de mettre sous les yeux de nos lecteurs un nouvel exemple d’un des plus merveilleux cas de transformation radicale qui puisse se produire chez un être humain.

L’héroïne de notre récit qui vient d’échanger la terre pour le ciel, était il y a 23 ans, une esclave de la boisson et aussi dégradée qu’on puisse l’imaginer. Glorieusement convertie par le moyen de l’Armée du Salut, elle devint dès lors un témoin puissant de la grâce de Dieu pour régénérer l’être le plus bas tombé.

Celle qui le jour même de sa conversion avait bu 18 absinthes et 10 verres de «goutte» (le détail est authentique) devint dès lors un apôtre de l’abstinence et de la délivrance de tous ses péchés.

Tous les habitants de la ville où elle vécut sont unanimes sur ce point. LA VILLE ENTIÈRE ÉTAIT À SES FUNÉRAILLES, témoignant du respect qu’elle avait su conquérir après avoir été l'objet de la risée et du mépris de tous avant sa conversion.



* * *


Notre chère Camarade était née aux Brenets, d’une famille très pauvre.

Abandonnée de ses parents, jeune encore, elle fut placée de droite et de gauche. Arrivée à un âge plus avancé, espérant trouver plus de bonheur dans la vie conjugale, elle se maria, pour se voir abandonnée par son époux, tandis qu’ils faisaient encore leur voyage de noces.

La tante Emma, désillusionnée, revint dans son pays, n’ayant aucune ressource, mendiant tout le long du chemin.

Arrivée au Locle, elle chercha à gagner sa vie aussi bien qu'elle put. Plus tard, lorsqu’elle eut quelque argent de côté, elle se fit colporteuse, mais dans ce métier elle se dérouta vite et se mit à boire de l’eau-de-vie et de l’absinthe, ce qui l’amena bientôt à faire connaissance avec les prisons de notre ville.

Les agents de police n’osaient plus s’en approcher, tellement elle était repoussante.

Au début de l’œuvre de l’Armée du Salut au Locle, elle fut rencontrée par deux Officières qui l’invitèrent à une réunion, mais Tante Emma répondit que jamais elle n’irait à une réunion salutiste, car, disait-elle, elle ne voulait pas perdre sa réputation!

Les paroles des Officières firent néanmoins impression sur elle et un petit grain de semence allait bientôt germer.


* * *


Deux ou trois semaines plus tard — il y a maintenant 23 ans — la Tante Emma n’étant pas de sang-froid, ayant déjà absorbé plusieurs absinthes, vint voir ce qu’on faisait à l’Armée du Salut.

Saisie par le Saint-Esprit, elle s’avança au banc des pénitents et se donna à Dieu dans toute la simplicité de son cœur. Dès ce moment, elle combattit fidèlement pour Son Sauveur.

Le monde disait: Cela ne tiendra pas! Mais elle tint bon, porta la croix, et supporta l’opprobre joyeusement. Elle était bien la pauvre pécheresse à qui Jésus avait beaucoup pardonné, et qu’en retour elle aimait tant! L’amour de Dieu embellissait cette âme, qui devint une perle façonnée par Son Esprit. Cet hiver, à plusieurs reprises, elle se trouva peu bien. Les années qui affaiblissaient son corps ne l’empêchèrent pas de rester joyeuse et confiante en Celui qui déploya tant d’amour et de puissance pour la sauver.

Ces derniers jours elle s’alita pour ne plus se relever. Elle sentait et disait que Dieu allait venir la chercher. Et c’est dans la paix qu’elle attendit la délivrance. Elle ne pouvait pas assez remercier pour tous les soins qui lui furent prodigués; elle trouvait toujours qu’on se donnait trop de peine pour elle. Elle s’endormit paisiblement dans les bras de son Sauveur, le vendredi 20 mai, à l’âge de 70 ans.



* * *


Pardonnez-moi, Monsieur le préfet, mais j’aimerais vous demander conseil.

«Quand j’étais une mauvaise femme et que je buvais, vous me mettiez en prison! Aujourd’hui, je suis sauvée, j’essaye de faire le bien et vous me mettez de nouveau en prison!... Alors je ne sais plus ce qu’il faut faire! !»

Celle qui prononçait ces paroles bien caractéristiques au tribunal, il y a plus de vingt ans, un jour que les salutistes étaient poursuivis pour avoir tenu une réunion et avaient été à moitié assommés; celle qui fut longtemps une écharde douloureuse pour certaine municipalité d’un petit village du Jura neuchâtelois; celle dont la vie fut longtemps un scandale et dont la dégradation dépassait toute imagination; celle qui, il y a 23 ans — gloire en soit rendue à Dieu — fut glorieusement sauvée et depuis lors immuable dans sa foi et sa confiance, qui ne cessa de rendre témoignage au merveilleux salut qu’elle avait reçu, celle qui, 23 ans durant, fut pour le poste du Locle un trophée merveilleux, la preuve irrécusable d’un miracle divin, la tante Emma, si connue des habitants du Locle et des environs, la tante Emma n’est plus!

Elle avait accompli son œuvre, elle avait proclamé son témoignage, elle avait gagné sa couronne et... l’heure de la récompense avait sonné. La tante Emma, cette petite vieille cassée, au chef branlant, qu’on rencontrait toujours, par tous les temps, dans la rue et en uniforme, devant qui toutes les portes s’ouvraient avec affection, qui proclamait partout et sans fatigue le miracle de sa conversion, est partie pour les rivages de la Patrie céleste.


Pourtant, quoique morte elle parle encore.

L’Ensevelissement Son ensevelissement fut une manifestation toute spontanée d’amour de la part des chrétiens du Locle qui avaient tenu à honorer, dans la dépouille de notre sœur, «le Fils de l’homme qui est venu sauver ce qui était perdu

Par une fin de journée chaude, avec un ciel orageux et des intermittences de soleil, le cortège imposant, sans rien de triste, descendit jusqu’à la salle, où il parvint au travers d’un concours extraordinaire de population.

Arrivé devant le local que faire?

La salle était pleine et la place, devant la maison, noire de monde. Le plus pratique était de tenir le culte en plein air. Ce fut devant une foule qui se pressait pour entendre que la cérémonie se déroula, au milieu d’un silence impressionnant. Jeunes et vieux étaient là, se serrant pour mieux voir et mieux entendre.

La vieille génération, celle qui avait vu et se souvenait, la jeune, celle qui avait entendu dire et qui croyait, toutes deux étaient là, rendant témoignage à la vie de fidélité de celle qui avait été perdue et que notre Dieu d’amour avait retrouvée et sauvée.

Elle reposait là dans son cercueil, sus lequel on avait placé les deux armes du guerrier fidèle: sa grosse Bible ouverte, aux pages soulignées et qui semblait dire à chacun: «LISEZ ET VOUS TROUVEREZ LA VIE» et son chapeau-alléluia qu’elle portait avec tant de joie et de fidélité, comme un témoignage extérieur de sa réelle conversion.

Quel moment impressionnant que ce culte, au cours duquel fut annoncé l’immense amour de Dieu.

Aujourd’hui encore II peut et veut sauver ceux qui, comme la défunte, ont eu une vie de dépravation, et les plus respectables extérieurement qui attendent les heures sombres de la nuit pour commettre leurs œuvres d’iniquité...

Quelle puissante émotion empoigna cette foule quand deux Officières chantèrent un duo! Le souffle de la bénédiction passait sur les cœurs et sur les âmes, Dieu encore une fois rendait témoignage à la puissance de sa grâce qui avait retrouvé la brebis blessée et meurtrie.

C’est avec peine que la foule ouvre ses rangs, chacun est comme cloué sur place, mais il faut partir et conduire les restes mortels de notre camarade à sa dernière demeure terrestre. Le silence est impressionnant, les têtes se découvrent, bien des larmes coulent et lentement, au son d’un cantique, le cortège repart, traversant la foule qui semble le laisser partir à regret.

Au cimetière, un nouveau culte, une nouvelle promesse, un chant d’«au revoir», une dernière prière et lentement la bière va prendre sa place préparée. «La terre retourne à la terre et la poudre à la poudre», tandis que l’âme glorifiée vit et règne auprès de Dieu aux siècles des siècles.

En avant 1910 06 18

Lire aussi: DEUX TRAITS DE LA VIE DE TANTE EMMA DU LOCLE

 

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