ÉTUDES BIBLIQUES.
Il y a d’abord l’idée de la séparation d’avec le péché, ensuite l’idée d’une consécration à Dieu.
Si, comme on l’a dit, les chrétiens sont les vases d’un invisible sanctuaire, il ne suffit pas que nous sachions les conserver dans l’honnêteté, il faut encore que ces vases soient remplis de tout ce qui est pur, pour être employés au service de la maison de Dieu.
«Si quelqu’un se conserve pur à l’égard de ces choses, dit Paul, il sera un vase à honneur, sanctifié et bien utile au Maître, ayant été préparé pour toute bonne œuvre.»
Mais quand on lit des endroits du Nouveau Testament où il est question de la sanctification, on croit voir une contradiction entre eux.
1. Nous trouvons des passages où cette sanctification est présentée comme un fait accompli, comme une chose faite, qui ne se répète pas et n’est pas susceptible de plus ou de moins.
2. Puis nous trouvons d’autres passages, où elle est présentée, non plus comme une chose faite, mais comme une chose à faire, comme une œuvre progressive qui s’accomplit peu à peu et par degrés.
Ainsi il est dit, d’un côté:
«C’est par cette volonté que nous sommes sanctifiés au moyen du corps de l’offrande de Jésus-Christ, faite une seule fois. (Hébr. X, 10.)
Par une seule offrande il a amené pour toujours à la perfection ceux qui sont sanctifiés.» (Hébr. X, 14.)
Et, d’un autre côté, il est dit:
«Recherchez ou poursuivez la sanctification» (Hébr. XII, 14),
et encore: «Ayant de telles promesses, nettoyons-nous de toute souillure de la chair et de l’esprit, achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu. (2 Cor. VII, 1.)
«Que celui qui est saint se sanctifie encore.» (Apoc. XXII, 11.)
Pour concilier ces passages, il faut distinguer la sanctification dans son principe de la sanctification dans ses effets.
La sanctification dans son principe, consiste à être mis à part, séparé pour Dieu; dans ce sens il est clair qu’elle ne peut pas être susceptible de degrés, car au fond c’est la même chose que la justification.
La sanctification dans ses effets ou la sanctification pratique, consiste à se dépouiller du péché, en contractant des habitudes, des affections et une marche en rapport avec notre vocation; et, dans ce sens, il est clair que c’est une œuvre graduelle et progressive.
Quand un homme veut bâtir une maison, il commence par mettre à part les matériaux qui, dès ce moment, ont dans sa pensée une destination. C'est ainsi que Dieu, qui veut faire de nous des pierres vives de sa maison, commence par nous séparer, par nous mettre à part, en nous détachant de la carrière du monde; C’EST LA SANCTIFICATION DANS SON PRINCIPE.
Mais ces pierres mises à part, ne peuvent être employées telles quelles, c’est-à-dire brutes et informes; elles ont besoin d’être taillées et polies; C’EST LA SANCTIFICATION PRATIQUE ET JOURNALIÈRE, par laquelle nous sommes rendus dignes de notre vocation, ou appropriés au but que Dieu s’est proposé à notre égard.
C’est ce double point de vue de la sanctification qui me paraît symbolisé par Jésus à l’occasion du lavage des pieds. Vous êtes nets: C’EST LA SANCTIFICATION DANS SON PRINCIPE; mais celui qui est purifié a besoin qu’on lui lave les pieds:» C’EST LA SANCTIFICATION JOURNALIÈRE, qui consiste dans le dépouillement du péché et du vieil homme.
Il est bien important de comprendre le rapport entre cette sanctification dans son principe et cette sanctification dans ses effets; en d’autres termes, entre la justification et la sanctification, entre le pardon et la sainteté, entre la foi et les œuvres.
La robe de Jésus était sans couture.
Eh bien, ce qui était vrai de son vêtement extérieur est vrai de sa doctrine; on ne peut la partager sans la déchirer.
«Il est venu,» nous dit Jean, «avec l’eau et avec le sang; non seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang;» c’est-à-dire qu’il est venu nous délivrer à la fois de la condamnation et du péché.
Ces deux choses ne peuvent être séparées l’une de l'autre.
L’eau est toujours, dans les Écritures, un symbole de la purification par le Saint-Esprit,
et le sang un symbole de l'expiation.
Les sacrificateurs devaient, avant d’entrer dans le sanctuaire, s’arrêter d’abord à l’autel des holocaustes, où était le sang de la victime; puis ensuite se laver les pieds et les mains dans la cuve d’airain où était l’eau de purification. Il semble que Paul fait allusion à cela quand, après avoir dit:
«Puisque nous avons, par le sang de Christ, la liberté d’entrer dans les lieux saints, approchons-nous de lui avec une confiance parfaite et une pleine certitude de foi...,»
il ajoute:
«Ayant nos cœurs nettoyés des souillures d’une mauvaise conscience et le corps lavé d’une eau pure.»
Nous trouvons encore dans ces versets, l’eau et le sang.
Enfin Jésus a institué deux sacrements, dont l’un, le baptême, celui de l’eau, représente la purification par le Saint-Esprit; l’autre, la cène, la rémission des péchés par son sang.
C’est encore l’eau et le sang.
«Il s’est donné pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de nous purifier.»
Nous racheter, voilà le sang ou l’expiation;
nous purifier, voilà l’eau ou la sanctification.
Il résulte de cela que le salut n’est pas renfermé tout entier dans le pardon.
Le pardon n’est que le commencement du salut, dont la sainteté est le but final.
La foi n’est pas le fruit, elle est la racine de l’arbre qui doit le produire.
Sans doute que Dieu nous aime tels que nous sommes et avant que nous nous sommes sanctifiés. C’est pourquoi, de même qu’un enfant est aussi bien notre enfant au moment où il vient de naître que lorsque son éducation est achevée, Dieu nous regarde comme ses enfants lors même que nous ne sommes pas encore sanctifiés:
«Nous sommes dès à présent enfants de Dieu.»
Mais pourtant CE QUI CARACTÉRISE UN ENFANT, C’EST L’OBÉISSANCE.
Il fallait, pour que le lien brisé entre la créature et le Créateur fût rétabli, que Jésus, en sa qualité d’homme, notre représentant, non seulement expiât le péché et fit tout ce que Dieu avait le droit de demander à la créature afin que son obéissance fût imputée aux membres dont il s'est constitué la tête; il fallait encore qu’il nous apprît à obéir, en nous faisant aimer la volonté de Dieu, et en nous donnant la force de l’accomplir.
Le salut ne consiste donc pas seulement dans l’expiation du péché, mais dans le changement du cœur et des affections; en sorte que NOUS NE SOMMES PAS SAUVÉS SI NOUS NE SOMMES PAS EN MÊME TEMPS RÉGÉNÉRÉS.
Il ne suffit pas que nous soyons tenus pour justes,
il faut que nous soyons aussi rendus justes.
Le mot salut me paraît avoir trois sens dans la Parole.
1. Il désigne le plus souvent la justification ou le pardon; ainsi quand il est dit:
«Vous êtes sauvés par grâce, par la foi.»
2. D’autres fois il désigne la sanctification:
«Travaillez à votre salut avec crainte et tremblement.»
3. Enfin il désigne aussi la glorification ou la rédemption du corps; ainsi quand il est dit:
«Le salut est plus près que lorsque nous avons cru. Jésus apparaîtra une seconde fois à ceux qui l’attendent pour le salut. Nous serons sauvés par sa vie.»
Il s’agit évidemment, dans ces derniers versets, non de la délivrance de la condamnation, qui n’est pas une chose à venir; mais de la consommation du salut qui aura lieu par la résurrection.
Jusqu’à ce moment le salut n’est pas réalisé complètement; «nous ne sommes sauvés qu’en espérance.»
Il faut remarquer que ces trois sens du mot salut correspondent aux trois faces de la chute.
1. L’homme est condamné, il faut qu’il soit justifié et pardonné.
2. L’homme est corrompu, il faut qu’il soit régénéré et sanctifié.
3. Enfin l’homme est condamné à mourir, il faut qu’il soit délivré ou racheté de la mort.
Il faut ces trois choses pour que le salut soit complètement réalisé. Voilà pourquoi il est dit:
«Christ nous a été fait de la part de Dieu sagesse, justice, sanctification et rédemption.»
Cette rédemption se rapporte au corps; elle n’aura lieu que dans une autre vie, mais SEULEMENT POUR CEUX DONT JÉSUS AURA ÉTÉ FAIT JUSTICE ET SANCTIFICATION: Nous serons revêtus de notre domicile céleste, (c’est-à-dire d’un corps glorieux,) «si ayant été vêtus, nous ne sommes pas trouvés nus.» (2 Cor. V, 3.)
Aussi pendant que nous sommes sur la terre, c’est la justification et la sanctification ou les deux premiers sens du mot salut, que nous sommes appelés à réaliser.
On ne peut donc assez le répéter, le but de Dieu, c’est de nous rendre saints comme Lui, ou plutôt de nous rendre heureux en nous rendant saints; car, comme on l’a dit, la sainteté est un autre nom du bonheur.
On peut dire que, sous ce rapport, le salut, consiste à être revêtu de sentiments, de dispositions, d’affections qui nous permettent d’être heureux avec Dieu. Ainsi Dieu nous justifie par son Fils, afin de nous sanctifier par son Esprit.
Seulement il faut nous rappeler que la sanctification n’est pas la perfection. Dieu regarde comme achevé ce qui n’est que commencé; «les choses qui ne sont pas, sont pour Lui comme si elles étaient.»
La foi du brigand ne datait que d’un instant, et elle l’a sauvé; mais cette foi renfermait la sainteté, comme l’épi renferme le grain; seulement le grain a mûri plus vite.
Nous sommes donc élus pour l’obéissance aussi bien que pour l’aspersion du sang de Christ, comme le dit Pierre! (1 Pier. I, 2.)
La justification et la sanctification ne sont pas deux volumes séparés,
mais deux tomes d’un même livre qui doivent être reliés ensemble.
F. B.-B.
Le chrétien évangélique 1858
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