Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ADRESSE (Exhortation) D’UN PRÉDICATEUR

DE LA PAROLE DE DIEU,

AUX DIVERSES CONGRÉGATIONS QUI L'ONT ENTENDU PENDANT UNE VISITE

QU'IL A FAITE DANS LE MIDI DE LA FRANCE.

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Mes amis, dans la charité de Dieu, notre Père et Sauveur en Jésus-Christ,

C'est comme ministre de l'Évangile du salut, et comme votre serviteur pour le bien de vos âmes, que j'ai passé au milieu de vous, et que sur l'invitation de vos pasteurs, je vous ai porté la parole, et entretenu du grand mystère de notre rédemption.

Ce mystère, c'est l'amour infini du Père, en son Fils unique notre Seigneur Jésus-Christ, par la puissance du Saint-Esprit, qui est le Consolateur. Quiconque croit à ce mystère est béni; celui qui ne le croit pas, demeure dans le péché, et sous la condamnation de la juste et sainte loi de l'Éternel. Bienheureux donc, êtes-vous, ai votre cœur l'a écouté et s'il a cru le témoignage de grâce que Dieu a rendu de son Fils!

Or, voici ce témoignage, tel que l'Apôtre Saint Jean nous le rappelle: (1 Jean V, 11, 12) Dieu nous adonné la vie éternelle, et cette vie est en son Fils. Celui, donc, qui a le Fils, a la vie.

Que de choses il renferme! Que de déclarations solennelles, et aussi quelles promesses magnifiques et consolantes!


I.

D'abord, c'est à nous, pauvres pécheurs, que ce témoignage s'adresse, c'est-à-dire à des créatures qui n'avaient pas la vie en elles-mêmes, puisqu'il a fallu que Dieu la leur donnât. Et c'est aussi sur cette première vérité que je vous ai invités, et que je vous exhorte encore, à vous arrêter, et très sérieusement.

Tous les hommes, sans doute, disent qu'ils sont pécheurs; et à peine trouverait-on quelqu'un qui fût insensé jusqu'au point de s'imaginer ou de prétendre qu'il n'a pas péché. Si quelqu'un, dit Saint Jean, dit qu'il est sans péché, il se séduit lui-même, et la vérité de Dieu n'est pas en lui. (1 Saint Jean, I, 8.) Si nous disons que nous n'avons point de péché, nous faisons Dieu menteur, et sa parole n'est point en nous. (v. 10.)

Mais dire que l'on est pécheur, est peu de chose,


Les gages, la paie, la solde du péché, est-il écrit, c'est la mort. Maudit soit quiconque a péché. (Rom. VI, 23; Gal. III, 10.)

C'est donc sincèrement et dans votre cœur, que vous devez en ceci recevoir ce que dit Dieu; et par conséquent, loin de vous flatter secrètement vous-mêmes, et de dire, comme font les Pharisiens: Je suis un honnête homme; une femme vertueuse; je n'ai fait tort à personne; j'ai toujours rempli mes devoirs; et propos semblables; oui, loin de penser et de parler jamais ainsi, vous devez, au contraire, donner gloire au témoignage de Dieu, et dire, franchement, que si, aux yeux des hommes, vous n'êtes ni des ravisseurs, ni des avares, ni des impurs, ni des incrédules ou des impies, aux yeux de Dieu, cependant, qui juge les cœurs et les intentions de l'homme, vous êtes tout cela, et plus encore, et qu'ainsi vous avez mérité la condamnation et la mort, comme le déclare la confession des péchés qui se lit chaque dimanche, au commencement du service divin.

Ç’a été pour vous faire sentir cette première et importante vérité, qu'en vous rappelant et expliquant les dix commandements de la loi de Dieu, je les ai comparés à tout autant de miroirs bien polis et fidèles, qui, placés devant notre âme, nous en montrent la souillure et la laideur, et nous convainquent aussitôt, dans nos consciences, de tout le mal que nous avons fait, lorsque nous avons transgressé cette loi sainte, bonne et juste.

Ces miroirs célestes nous font donc voir, que, loin de n'avoir fait tort à personne, au contraire, nous ayons péché contre nous-mêmes, contre notre prochain, et surtout contre Dieu.

Ainsi, nous avons fait tort à nous-mêmes, lorsque nous avons employé notre corps à des œuvres criminelles, de sensualité, de paresse, de gourmandise, d'ivrognerie, de souillure, et d'autres désordres.

Nous avons fait tort à notre âme, lorsque nous l'avons asservie à la malice, à l'envie, à la convoitise, à l'orgueil, à l'avarice, à l'impiété, à l'incrédulité, à l'idolâtrie du monde, et que nous lui avons refusé la lecture et la connaissance de la Parole de Dieu, qui est le pain et l'eau de l'âme, et sans laquelle cette âme languit, comme affamée, et doit finalement périr.

Et enfin, nous avons fait tort à Dieu, lorsque nous l'avons oublié, négligé, méconnu; lorsque nous avons fait le mal qu'il nous défendait, et que nous n'avons pas fait le bien qui lui était agréable; et surtout, lorsque par inimitié contre lui, nous avons refusé de croire en son Saint Fils Jésus-Christ, et de porter le joug que le Saint-Esprit voulait mettre sur notre cœur, et qui, pourtant, était un joug d'amour, de pardon, de paix, et de sainteté.

Certes, mes amis, nous avons fait bien assez de tort à tous ceux à qui nous pouvions le faire, à nous-mêmes, à notre prochain, à notre Dieu; et il suffit de nous rappeler le sommaire de toute la loi, pour que nous soyons confus, puisqu'au lieu d'aimer Dieu de toute notre âme, et notre prochain, comme nous-mêmes, nous avons méprisé Dieu d'habitude, et d'habitude aussi, haï notre prochain.

Soyons donc humiliés, et non pas enorgueillis, et devant Dieu, et devant les hommes; et que cette première vérité soit profondément gravée dans notre conscience, que, (comme il est écrit), nous étions morts dans nos fautes et dans nos péchés; enfants de rébellion et de colère, et que si Dieu nous eût demandé compte, sur mille points nous n'aurions pu répondre d'un seul. (Éph. II, 1 à 4; Job IX, 3.)

Que nul de vous, donc, ne dise ou ne s'imagine que de sa nature, ou par sa conduite il pouvait subsister devant Dieu, et qu'ainsi il avait en son âme la vie. Non, non, dit le Seigneur, l'homme pécheur n'a pas la vie en lui-même, puisque, au contraire, il est retranché de la gloire de Dieu et dans la nuit et les ténèbres de la mort. (Rom. II, 10,22; Eph. V, 8; 1 Thes, V.)

Plus vous croirez cette déclaration de la Parole, plus aussi serez-vous convaincus de votre souillure naturelle; et plus, alors, vous abaissant devant Dieu, serez-vous heureux de ce que la miséricorde du Très-Haut est venue au-devant de nous, et de ce que le Père, dans son infinie charité, nous a donné la vie en son Fils unique et bien-aimé.

Plus le malade voit et sent son mal, plus aussi apprécie-t-il et le médecin, et le remède. Plus un négociant dont les affaires sont en désordre, voit-il et veut-il connaître ses dettes et sa ruine, plus aussi fera-t-il cas de l'ami qui s'offre pour sa caution, et de la somme que ce bienfaiteur lui donne.


II.

Et quel médecin que celui qui est venu du ciel jusqu'à nous pour porter remède à tous nos maux! Quel ami, quel bienfaiteur, que celui que le Père nous a envoyé! Quel trésor que celui qu'il nous a ouvert, afin que notre ruine fût réparée, et que l'affreuse prison de l'enfer ne nous saisît pas!

Car enfin, mes amis, ce n'était pas une punition légère ni de peu de durée , qui aurait dû nous atteindre, si Dieu n'eût été touché de miséricorde envers nous. C'est la colère à venir, c'est l'indignation de Dieu; c'est la malédiction de sa loi; c'est la fureur du jour de la vengeance, qui frapperont, et infailliblement, le pécheur impénitent, et c'est le juste jugement de Dieu, qui l'attend, et qui lui rendra selon son œuvre, au jour auquel les desseins des cœurs seront dévoilés, et où le juge des vivants et des morts appellera toute notre conduite devant son tribunal. (Rom. II, 5; 1 Thes, I, 10; Apoc. VI, 16; Matth. II, 7; Rom. XII, 19; 2 Thes, I, 8, Jude 7.)

Où fuir, donc, pour échapper à cette terrible journée? Ah! le méchant essayât-il, dit le prophète, de se loger parmi les étoiles, Dieu l'en ferait redescendre; et allât-il se cacher au fond de la mer, là l'Éternel donnerait l'ordre au serpent de le mordre. Non, le pécheur n'échappera pas. — Il est réservé pour le jour de l'indignation, et pour cette ardeur éternelle qui doit dévorer les adversaires!

Quel bienfait donc, chers amis! Oh! quel secours, quelle grâce, que cette charité du Père qui s'est émue envers nous, et qui nous a donné la vie, même la vie éternelle, afin que nous ne soyons pas condamnés, et que nous ne périssions pas!

Quel message, que celui qui nous l'annonce! Quelle bonne nouvelle, que cette déclaration! Oh! que sont beaux sur les montagnes les pieds de ceux qui apportent de bonnes nouvelles, qui publient la paix, qui apportent de bonnes nouvelles touchant le bien, qui publient le salut. (Ésaïe LII, 7; Rom. X, 15)


Et cependant, combien peu d'âmes qui même désirent entendre ce message de pardon! Combien, qui, après l'avoir entendu, le renient et le rejettent. Combien, qui, s'ils ne le rejettent pas, en approchent si peu leurs cœurs, qu'il reste inutile pour eux, comme si Dieu ne l'eût jamais publié!

Pour vous, mes amis, l'avez-vous cru? Le croyez-vous maintenant et vous en réjouissez-vous?

Certainement vous l'avez entendu publier, et bien souvent; et même ne l'eussiez-vous entendu qu'une seule fois, quand je vous l'ai prêché, et n'eussiez-vous jamais auparavant été visité par aucun messager de Dieu, toujours cette déclaration du Seigneur vous serait-elle parvenue, et vous ne pourriez le nier. Mais ce n'a pas été une seule fois, ni par un seul messager, mais ç’a été souvent et par plusieurs bouches, que la parole de la grâce vous a été prêchée, et dans tout son témoignage.

Il vous a été dit, souvent, (et pour moi, je vous l'ai répété plus d'une fois,) que le salut, savoir le pardon des péchés, et le don de la vie éternelle, est une grâce de Dieu; un don gratuit qu'il nous a fait selon son bon plaisir, et non point à cause de nos œuvres, ou de nos vertus. On vous a prêché, que ce don est en Jésus, le Fils éternel du Père, et que lui-même est l'Éternel-Dieu manifesté en chair. Que c'est lui, qui, pour faire la volonté de son Père, est venu du ciel jusqu'à nous, a pris à lui notre nature, a publié au milieu des hommes l'évangile de paix, et a fait sur la croix, en lui-même, la purification des péchés de son église, qu'il a aimée, et pour laquelle il s'est livré.

Cela, mes amis, je vous l'ai aussi prêché et expliqué, plusieurs fois et en grand détail:


Je sais bien que chacun de vous me dira: Je crois en Jésus-Christ: je crois qu'il est le Fils de Dieu; et qu'il a répandu son sang sur la croix pour nous racheter. Mais dire et répéter des mots, ce n'est pas croire, dans son cœur, à ce que ces mots signifient. — Si un malade, par exemple, disait: Je souffre beaucoup, et je crois que ce remède, qui est là, devant moi, doit me guérir, mais que cependant il ne le prit pas, diriez-vous qu'il croit sincèrement au remède? Non, sans doute; car si, désirant être guéri de son mal, il croyait vraiment à l'efficace du remède, il le prendrait aussitôt.

De même, quant au souverain remède du péché, qui est le Seigneur Jésus. Si vous dites: Je suis pécheur, même grand pécheur, et je désire être soulagé, guéri, de mon mal; ce qui veut dire, je désire avoir le pardon de mes péchés, et ne pas périr au dernier jour; si vous parlez ainsi, et que vous ajoutiez aussi ces mots: Le remède à mon mal est dans Jésus. C'est lui qui ôte le péché, qui en délivre l'aine, et qui lui donne une santé céleste, une nouvelle vie, et si vous dites cela mais que cependant, vous n'approchiez pas de Jésus votre cœur, que vous ne croyez pas sincèrement en lui et en tout ce qu'il a fait, à quoi vous servira d'avoir ainsi parlé?

Votre discours, vos paroles sur Jésus, ne guériront pas plus votre âme, que les paroles du malade sur le remède ne guériraient ses maux. Il faut pour guérir le corps que le remède soit reçu dans le corps et s'unisse à lui; il faut, aussi, pour guérir l'âme que le sauveur soit reçu dans l'âme et s'unisse à elle: Or, cela se fait par la foi.

La foi n'est donc pas une habitude de se persuader quelque chose, ou d'en répéter les mots. Elle est une croyance sincère, dans la conscience, dans le cœur; croyance par laquelle l'âme est vraiment dirigée, tournée vers Jésus, et se confie en Jésus pour avoir la vie.

Quand on a la foi au Sauveur, on est placé, par rapport à lui, précisément comme vous le seriez par rapport à un ami généreux qui viendrait vous délivrer d'un malheur auquel vous alliez succomber. Supposez qu'un de vous soit dans une terre étrangère, et saisi par des barbares qui l'ont fait prisonnier et esclave; il est désolé, car il va être emmené captif, loin de tout secours, et pour toujours, au milieu d'un peuple féroce. Mais dans ce moment cruel et décisif, il reçoit secrètement le message d'un homme de guerre, à lui bien connu, et qui lui écrit, qu'il ait à se rassurer et à se consoler, car, lui dit-il, j'avance avec mille vaillants soldats, et dans une heure vous serez délivré. Je demande comment ce message sera reçu! Sera-ce légèrement, d'un esprit distrait et sans qu'il fasse sur cet homme grande impression? ou bien, plutôt, le coeur, et le cœur tout entier du pauvre captif l'accueillera-t-il, le saisira-t-il, et s'y reposera-t-il, avec transport, avec une confiance pleine de joie?

Telle est la foi:


mais, comme elle est l'oeuvre toute puissante du Saint-Esprit dans un cœur, elle y est une œuvre vivante, et le cœur dans lequel cette foi se trouve, ne se borne pas à dire, vaguement et d'habitude: Je crois en Jésus, mais il croit en lui vraiment, arec confiance, avec affection.

Il se repose sur ce Jésus qui est venu du Père; il le considère tel que la Parole de Dieu le dépeint, et il croit aussi à tout ce que ce Sauveur a fait et dit, et en particulier à la rédemption qu'il a faite de l'Église, lorsque pour elle, et à sa place, il a souffert la malédiction de Dieu que l'Église avait méritée.

Voyez donc, dans vos consciences, mes amis, ce que vous pensez quant au Seigneur Jésus, et quelle place il occupe dans votre âme.

Si le Seigneur Jésus est comme en dehors de votre âme, comme placé à distance de vous, ainsi qu'un étranger, et que, lorsque vous dites, je crois en lui, ce soit comme quand vous dites, aussi, je crois qu'il y a une Amérique; si c'est ainsi que vous croyez, vous n'avez pas encore reçu le Sauveur en vous; non, Jésus n'est pas encore formé dans votre âme:

vous n'avez pas encore cru de cœur à justice. Qui a le Fils, l'a en effet, en soi; car contempler le Fils des yeux de la chair n'est rien: Jésus contemplé ainsi, demeure encore en dehors de l'âme, mais si l'âme croit vraiment en lui, alors le Fils est reçu dans cette âme par la foi; alors cette âme ayant le Fils, a aussi la vie.

Examinez-vous donc ici, vous-mêmes, et très attentivement, afin que vous reconnaissiez si, en effet, Jésus vous est connu: si vous pouvez lui dire, à lui-même, dans votre cœur: Seigneur Jésus, je te connais, je t'invoque; car je crois en toi et en ton sacrifice. Je t'adore en mon âme, car tu es le Fils du Dieu vivant, et je me repose sur toi, pour ma rédemption, car tu es le Christ né Dieu: le Sauveur!


III.

Si c'est ainsi, c'est-à-dire avec sincérité et dans le cœur, que vous croyiez au Seigneur Jésus, vous le considérez, alors, comme un parfait Sauveur, et non pas seulement comme un aide.

Vous avez vu que le témoignage de Dieu déclare que c'est la vie éternelle que Dieu nous a donnée eu son Fils. C'est donc un don, et ce don est éternel.

D'abord, mes amis, c'est un don, et un don gratuit, c'est-à-dire que, loin d'avoir été mérité, tout au contraire, il a été fait à ceux qui en étaient entièrement indignes.

Vous avez peut-être pensé, comme le font aujourd'hui tant de disciples extérieurs, que le salut de votre âme devait se mériter; et qu'ainsi vous deviez faire des œuvres, et tâcher d'accomplir les commandements de Dieu, afin d'engager Dieu à vous remettre vos péchés, et qu'il fallait ainsi vous rendre dignes du salut qui est en Jésus. Mais, si cette pensée, qui est très commune dans le monde, est encore en vous, sachez que vous ne comprenez rien encore ni au don de Dieu, ni à ce que le Sauveur a fait.

En effet, si je dis que pour être sauvé, il faut que je fasse d'abord des œuvres, pour mériter que Jésus me rachète, c'est comme si je disais que ce Jésus-là n'a pas fait pour me sauver tout ce qui était nécessaire: ce Jésus-là est donc un faux Jésus; car le mot Jésus signifie Sauveur,

et il n'est pas un Sauveur, s'il faut que de mon côté je me sauve, du moins en partie, par mes œuvres et mes mérites.

Aussi la Parole de Dieu nous dit-elle, d'un bout à l'autre, depuis la Genèse jusqu'à la fin des Révélations, que le salut du pécheur est le don de Dieu; et qu'il s'obtient par la croyance, par la foi, et non par les œuvres.

Qu'il n'est donc pas un salaire, encore moins une récompense; mais qu'il est le don de la pure miséricorde de Dieu, qui, par un amour infini et tout à fait libre et souverain, a bien voulu faire grâce à qui il lui a plu de le faire. En sorte que ce salut, loin d'avoir été, ou de pouvoir être opéré par l'homme, même en sa plus petite partie, a été fait, achevé et terminé, avant que l'homme existât encore, même avant que le monde fût créé.

Le Père, dit l'Écriture, a élu en Jésus-Christ, avant que le monde fût, et selon son bon plaisir, ceux d'entre les pécheurs qu'il lui a plu de sauver; et l'agneau, qui est Jésus immolé, ayant été préordonné de Dieu, avant les siècles, a été sacrifié, comme victime d'expiation, dans le décret de Dieu, dès la fondation du monde.

Alors, dans l'accomplissement des temps ordonnés de Dieu, Jésus est apparu, et il a réellement offert sur la croix le sacrifice unique, parfait et éternel, qui a racheté pour toujours ceux que le Père lui avait donnés, et pour lesquels lui, le Christ de Dieu, le Sauveur, la tête et l'Époux de son Église, a souffert la malédiction de l'enfer, afin que par lui et en lui, son peuple en fût délivré.

Enfin, après que le Sauveur eût été ainsi immolé, pour ses brebis, il fut ressuscité par la puissance et pour la gloire du Père, et par l'Esprit éternel; et alors toute l'Église, pour les offenses de laquelle il avait été livré, fut justifiée devant Dieu, et déjà ressuscitée en Christ, puis avec lui, assise en puissance et en gloire dans, les lieux célestes.

C'est donc l'œuvre de Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit, et non pas l'œuvre de l'homme, qui a fait le salut de l'homme.

Ici, comme en toute chose, Dieu n'a pas donné sa gloire à un autre, et la vie éternelle, qui est la vie même de Dieu, n'est pas découlée en partie de Dieu, et en partie de l'homme.

Dieu est Sauveur, et il n'y en a point d'autre, et supposer que le Fils du Père n'a pas accompli, par lui-même, la rédemption de ceux pour qui il s'immolait, c'est supposer de l'imperfection, ou de la faiblesse en Dieu, c'est-à-dire supposer un blasphème.

Qu'aucun de vous donc n'ait la pensée que le salut de l'homme dépende, en quoi que ce soit, de l'homme. Ce salut a été le don de Dieu en Jésus avant que le monde fût: il l'a été, aussi, quand le Père n'a point épargné son Fils, mais qu'il l'a frappé et maudit, et quand le Fils a laissé sa vie, et mis son âme en oblation; et il l'a été enfin, quand l'Esprit éternel a ramené le grand Pasteur des brebis d'entre les morts, par le sang de l'alliance éternelle.

À Dieu donc, à l'Éternel et à lui seul, soit la gloire du mystère de la rédemption; et, dans l'église, l'adoration et les actions de grâce, aux siècles des siècles. Oui, qu'à celui qui est sur le trône et à l'agneau soient louange, honneur, gloire et force éternellement, et que nos cœurs s'unissant de cette terre, à la multitude qui entoure le tr6ne du Père dans les cieux; s'écrient aussi: Le salut est de notre Dieu, qui est assis sur le trône, et de l'agneau! Amen!

Et puisque ce don de l'infinie munificence du Seigneur est éternel, autant qu'il est gratuit, contemplez-le dans son étendue, dans sa plénitude.

Ce n'est pas pour un temps, et si je puis dire, à moitié, que Jésus a aimé son Épouse, qui est l'Église des élus du Père. Comme il aima les siens, qui étaient sur la terre, jusqu'à la fin, il a aimé tous ceux que le Père lui a donnés d'un amour éternel comme lui-même. Je connais mes brebis, a dit le bon Berger, et je leur donne, moi, la vie éternelle, et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main. C'est une rédemption éternelle, dit l'Esprit Saint, que le souverain sacrificateur a obtenue pour son peuple, et ce peuple qui est la maison de Dieu et sa famille, cette Épouse bien-aimée du Fils, a été épousée en justice et en fermeté, et quand son Époux a souffert pour elle la malédiction de la loi, il l'a en effet toute soufferte, et il n'y en a désormais plus pour elle.

Et non seulement, mes amis, la mort a été vaincue par le Sauveur; non seulement la tête du serpent a été écrasée, et à jamais, mais de plus le roi, en revenant de sa victoire, est entré dans les lieux très hauts, avec chants de triomphe, et il s'y est assis à la droite de la majesté divine, pour préparer le lieu aux siens, et pour que sa chère Église possède en lui, et éternellement, le repos, la béatitude et la gloire.

Oh! que le don de Dieu est grand et magnifique! Oh! quel mystère que celui d'un tel amour! Quel héritage que celui qui est réservé à l'Église dans les cieux! Quels rassasiements de joie et quelles délices, que ce bonheur qui l'attend dans la cité de Dieu, dans la maison de son Père!


IV.

Saisissez donc, chers amis, et possédez un tel bonheur! et pour cela croyez à cette grâce, et lui soumettez votre cœur sans aucune réserve!


Si donc vous croyez de cœur à ce grand salut, de cœur, aussi, vous en ferez les œuvres, et la sanctification de votre vie manifestera qu'en effet le Seigneur Jésus habite en vous, et que c'est bien de son esprit que vous avez été baptisés.

Telle est en effet la puissance de cette vie, que Dieu nous a donnée en Jésus. C'est l'Esprit Saint qui la révèle au cœur du croyant, et ce même Esprit l'y développe et l'y glorifie par des œuvres conformes à celles du fils de Dieu.


déclarations qui, avec beaucoup d'autres, manifestent la nature de la foi divine, qui est de purifier le cœur, et d'affranchir l'âme dans laquelle elle se trouve, de la puissance du péché et de la mort.

Dieu est saint. Toute œuvre de Dieu est sainte: donc la foi, qui est une œuvre de Dieu, est Sainte aussi, comme son auteur. Soyez saints, est-il dit aux croyants, comme votre Père est saint.

Ici, donc, voyez et connaissez, et bien facilement, que si plusieurs disent qu'ils ont la foi et qu'ils vivent pour ce monde et dans le péché, la foi dont ils se vantent, n'est pas la foi que Dieu donne aux saints; savoir à ceux qu'il avait préconnus dans sa grâce, qu'il a appelés par sa Parole, qu'il a justifiés, par cette foi même, et qu'il sanctifie par son Esprit.

Reconnaissez-donc, et en vous humiliant devant Dieu, que si, au lieu de chercher à vivre ici-bas, comme le Seigneur Jésus y a vécu lui-même, vous avez plutôt suivi le train du monde, selon vos désirs et vos convoitises, vous n'avez point encore cru de cœur en Jésus; et qu'ainsi vous devez vous repentir, et croire, en effet, pour avoir la vie.

Car en ceci l'Évangile est clair et formel.


Détrompez-vous donc, si, tout en ayant les goûts, les penchants, les passions et les habitudes, qu'ont tous les hommes, vous avez supposé que vous aviez en même temps la foi, et que vous étiez des membres du corps vivant du Sauveur. Ah! le corps du Sauveur est vivant de la vie même du Sauveur; car il est animé de l'Esprit même de Jésus. Ces membres donc ne sont plus les membres morts et putrides d'un cadavre, mais ils sont vivifiés par la vie éternelle que l'Esprit Saint leur a donnée, et qu'il entretient en eux; et la substance, la force, l'énergie, et aussi la gloire, de cette vie, c'est qu'elle imite Dieu. Soyez imitateur de Dieu, est-il écrit, comme ses enfants bien-aimés.

C'est pourquoi, s'il en est parmi vous qui, ayant été sincèrement convaincus de leur état naturel de péché et de condamnation, aient aussi cru de cœur le témoignage que Dieu a rendu de son Fils, et qui en conséquence de leur foi, aient été scellés de l'Esprit de la promesse, que ces disciples-là fassent leur compte de se montrer franchement devant le monde, comme vrais disciples, et comme les amis du Seigneur Jésus.


Nulle autre preuve visible de la sincérité de la foi n'est reçue de Dieu; et si la preuve intérieure et invisible s'en trouve dans le cœur, par le Saint-Esprit, ce même Esprit, produira nécessairement au-dehors les fruits qui lui sont propres, ceux de la sainteté. Les fruits de l'Esprit sont l'amour, la joie, la paix, un esprit patient, la bonté, la bénéficence, la fidélité, la douceur, la tempérance; car ta grâce salutaire est apparue à tous les hommes, nous enseignant qu'en renonçant à l'impiété et aux passions mondaines, nous vivions dans ce présent Siècle, sobrement, justement et religieusement.


V.

Que quiconque, donc, invoque le nom de Christ, qu'il se retire de l'iniquité. Oui, qu'il fasse son compte qu'il est mort au péché, et qu'il est maintenant vivant pour Dieu, en Jésus-Christ, avec qui, comme un membre du corps avec sa tête, il est un, et pour toujours, par l'efficace de l'Esprit Saint, qui le sanctifiera par degrés, et au moyen de la Parole de Dieu. Sanctifie-les par la vérité, a dit le souverain sacrificateur, lorsqu'il priait le Père: Ta Parole est la vérité.

Que cette Parole donc, frères et sœurs bien-aimés en Jésus-Christ notre Dieu et Sauveur, oui, que la Parole de notre bon Dieu et Père soit notre plus chère lecture de tous les jours, et notre étude assidue! C'est par cette Parole, qui est la semence incorruptible, que le Père nous a engendrés, afin que nous soyons, les prémices de ses créatures. C'est cette Parole puissante et permanente à jamais, qui, par le Saint-Esprit, nous ayant manifesté notre corruption naturelle et notre, grande injustice devant la loi de Dieu, nous a aussi révélé la miséricorde infinie du Père en Jésus, et l'amour incompréhensible de notre Sauveur.

C'est encore cette Parole qui doit, en habitant en nous avec abondance, nous fortifier dans l'homme intérieur, et nous faire croître dans la connaissance et dans l'amour de Dieu, qui est notre vie.

Et c'est cette même Parole, enfin, qui, nous déclarant toutes les promesses de l'Esprit de consolation, nous soutiendra et restaurera par elles, au combat de la vie, et alimentera dans nos âmes les prières, les supplications, les actions de grâce et les louanges, qui récréeront notre esprit, calmeront notre cœur, égaieront notre âme, et lui feront trouver en Dieu, comme dans la source inépuisable, les bénédictions multipliées du ciel, qui, selon le don du Père, sont en plénitude pour nous, en Jésus,

Quelle portion donc que la nôtre, Chrétiens, rachetés par prix! Si du moins nous la connaissons, et que nous la possédions par la foi, et dans la fidélité de l'obéissance!

Les gens du monde recherchent une portion du monde, et ils s'estiment heureux lorsque leurs récoltes sont abondantes, et que leur or et leur argent se sont accumulés. Pour nous, enfants du Père céleste et frères bénis du Seigneur Jésus, nous nous réjouirons dans le don de la vie éternelle qui nous a été fait par grâce; nous dirons, par l'Esprit d'adoption qui est en nous: Seigneur! lève sur nous la clarté de ta face; et pendant que, conduits par la loi sainte de notre Dieu, nous tiendrons ici-bas le sentier de lumière, en nous éloignant des ténèbres du monde, et en nous hâtant vers l'éternité, nous posséderons en nos consciences deux liens que le monde n'a pas, cl qu'il ne pourra nous ôter, savoir,


Oh! qu'heureux est celui qui est enrichi de tels biens! Oh! que tel soit votre partage, et dès maintenant! Amen!

C'est là, mes amis, en quelque proportion, du moins, la Parole que j'ai prêchée au milieu de vous, et en vous la rappelant, ici:

Je vous recommande à Celui qui par la puissance qui agit avec efficace en nous, peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons et pensons, que lui même, qui est le Seigneur, vous fasse croître, abonder de plus en plus en charité les uns envers les autres, et envers tous, pour affermir vos cœurs sans reproche en sainteté, devant Dieu, qui est notre Père, à la venue de notre Seigneur Jésus-Christ! À lui soit gloire, dans l'Église, en Jésus-Christ, dans tous les âges du Siècle des Siècles! Amen!

Votre ami et frère et serviteur, pour l'amour de notre grand Dieu et Sauveur Jésus , le Fils bien-aimé du Père.

C. MALAN. Docteur en théologie

et Pasteur de l'Église du Témoignage à Genève.

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