Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

Que ferez-vous quand la fin viendra?



Que ferez-vous, «gens du monde dont le partage est dans cette vie (Ps. XVII, 14)?» Vous ne vous déclarez peut-être pas ouvertement incrédules, comme ceux dont nous venons de parler; vous conservez un certain respect extérieur pour les vérités enseignées par l'Évangile et pour les formes du culte; mais ces choses n'exercent sur vous aucune influence réelle.

Votre cœur est au monde; vous vivez pour le monde; votre travail, vos désirs, vos espérances, tout se rapporte à cette terre. Vos maximes sont terrestres, votre langage est terrestre, et votre conduite, quoique décente, est celle d'un homme qui n'a d'affection que pour les choses de la terre. Du plaisir, de l'argent, de la réputation, une vie selon vos goûts: voilà ce que vous cherchez, voilà ce que vous voulez, et vous ne voulez que cela. En un mot, si vous n'êtes pas incrédule, vous avez à peu près la vie d'un incrédule.

Hé bien! que ferez-vous quand la fin viendra? 

Serez-vous mieux placé devant Dieu qu'un homme qui nie l'Évangile?
Dieu ne regarde-t-il pas au cœur?
Et que lui importe que vous ayez respecté extérieurement des vérités qui n'ont eu aucun effet réel sur votre âme?

Vous êtes un ami du monde; hé bien! Dieu déclare que «l'amour du monde est inimitié contre lui (Jacq. IV, 4).» Vous n'avez jamais éprouvé un renouvellement de cœur par le St.-Esprit, hé bien! Dieu déclare que «si quelqu'un n'est né de nouveau, né de l'Esprit, il ne peut pas voir le royaume de Dieu, il ne peut pas y entrer (Jean III, 3, 5).»
Vous vous dites chrétien; mais Dieu déclare que «si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle créature (2 Cor. V, 17).»
Vous ne pouvez donc, d'après la Parole de Dieu, ni vous dire chrétien, ni entrer dans le royaume des cieux, puisque vous n'avez rien éprouvé qui ressemble à une nouvelle naissance.

Que ferez-vous donc? que deviendrez-vous lorsque la fin viendra?
Toutes les déclarations de la Parole de Dieu sont contre vous: toutes, elles vous excluent du royaume des cieux, où «rien d'impur, ni de souillé n'entrera (Apoc. XXI, 27).»
Que ferez-vous en présence de cette déclaration si positive: «Sans la sanctification, nul ne verra la face du Seigneur?» Elle sera pour vous comme l'épée flamboyante du chérubin, qui se tournera çà et là pour vous repousser loin de l'entrée du paradis.

Voici comment l'Écriture s'exprime en parlant de la fin de ceux qui vivent selon que leur cœur les mène et selon le regard de leurs yeux. Elle dit que «leur fin sera-t-elle (sera celle...) que celle d'un jour amer (Amos VIII, 10).»
Elle dit, en parlant du méchant, c'est-à-dire, de l'homme dont le cœur n'a pas été tourné vers Dieu par la conversion:
«Le premier-né de la mort dévorera ce qui soutient sa peau; il dévorera, dis-je, ce qui le soutient; les choses en quoi il mettait sa confiance seront arrachées de sa tente; il sera conduit vers le roi des épouvantements, et on habitera dans sa demeure sans qu'elle soit plus à lui.
Le revenu de sa maison sera transporté à d'autres; tout s'écoulera, au jour de la colère de Dieu sur lui. Il ne sauvera rien de ce qu'il aura tant convoité. Les vers mangeront son corps qui lui a été si cher; on ne se souviendra plus de lui. Il sera emporté comme tous les autres, il sera emporté comme le bout d'un épi.
Du matin au soir, il sera brisé sans qu'on s'en aperçoive; il périt pour toujours. L'excellence qui était en lui n'a-t-elle pas été emportée? Il meurt sans être sage. Ils sont tous comme un songe, lorsqu'on s'est réveillé. Seigneur, tu mettras en mépris leur ressemblance quand tu te réveilleras. C'est là la portion que Dieu réserve à l'homme méchant, et l'héritage qu'il aura de Dieu pour ses
discours (Job IV, 20, 21. XVII, 13-15. XX, 20, 28, 29. XXIV, 20-24; Ps. LXXIII, 20.).»

En face de pareilles déclarations, si vous n'avez pas «un cœur dur comme la meule de dessous (Job XLI, 15);» si vos yeux ne sont pas encore entièrement plâtrés; si vous n'êtes pas encore désespérément incrédule de cœur; si votre condamnation n'est pas encore scellée, vous devez trembler et faire dès à présent ce qu'il faudrait faire pour ne pas périr quand votre fin viendra: vous devez vous convertir à Dieu «pour servir le Dieu vivant et véritable, et pour attendre des cieux son Fils Jésus, qui est ressuscité des morts et qui nous délivre de la colère avenir (1 Thess. I, 9,10).»

Hâtez-vous! encore quelques moments et la fin du monde va venir pour vous.
Encore quelques moments, et tout vous échappera.
Encore quelques moments, et le monde passera avec sa convoitise.
Ne l'entendez-vous pas déjà qui commence à crouler avec chaque heure de votre vie qui s'échappe?
Oh! je vous en prie, comprenez qu'une seule chose est nécessaire, qu'«il ne servirait à rien à un homme de gagner, tout le monde s'il perdait son âme.» Choisissez la bonne part qui ne vous sera point ôtée. Saisissez la vie éternelle avant que le monde vous échappe. 


Que ferez-vous quand la fin viendra?


Que ferez-vous, hommes qui «cherchez à établir votre propre justice (Rom. X, 3),» c'est-à-dire, à vous sauver, en tout ou en partie, par vos œuvres?
Dans quelle portion de la Parole avez-vous lu qu'on puisse se sauver par ses œuvres?
Quant à moi, j'y ai lu tout le contraire.
J'y ai lu que «nul homme ne sera justifié devant Dieu par les œuvres de la Loi (Rom. III, 20);» que l'homme «est sauvé par grâce, par la foi, que cela ne vient pas de lui, que c'est un don de Dieu; que ce n'est point par les œuvres, afin que personne ne se glorifie (Ephés. II, 8, 9).»
J'y ai lu que «tous ceux qui s'attachent aux œuvres de la Loi, sont sous la malédiction (Gal. III, 10).»
J'y ai lu que Job, cet homme que l'Écriture appelle «intègre, droit, craignant Dieu et se détournant du mal (Job I, 1,8),» s'écriait dans le sentiment de son indignité: «Certainement je sais que cela est ainsi; et comment l'homme mortel se justifierait-il devant le Dieu fort? Si Dieu veut plaider avec lui, de mille articles il ne saurait lui répondre sur un seul. Si je me justifie, ma propre bouche me condamnera; si je me fais parfait, il me convaincra d'être coupable. Voici, je suis un homme vil; que te répondrais-je? Je mettrai ma main sur ma bouche (Job IX ,2, 3, 20; XXXIX, 37).»
J'ai lu aussi que David s'écriait, dans un pareil sentiment de son indignité: «Éternel, n'entre point en jugement avec ton serviteur; car nul homme vivant ne sera justifié devant toi (Ps. CXLIII, 3).»
J'ai lu que Daniel disait dans une prière d'humiliation: «Seigneur, à toi est la justice et à nous la confusion de face. Nous ne présentons point nos supplications devant ta face appuyés sur nos justices, mais sur tes grandes compassions (Dan. IX, 7, 18).»
J'ai lu que l'apôtre Paul se disait «le premier des pécheurs,» et déclarait n'avoir «obtenu miséricorde que par la foi en Jésus-Christ; et qu'il cherchait à être trouvé en Lui, ayant non la justice qui est de la loi, mais celle qui lui venait de la foi en Christ, savoir la justice qui vient de Dieu par le moyen de la foi (1 Tim. I, 15, 16. Phil. III, 7-9).»

En vérité, pouvez-vous croire que vous serez en sûreté quand la fin viendra, en cherchant un moyen de salut que toute la Parole de Dieu repousse?
Mais, direz-vous peut-être, je n'entends pas que mes œuvres puissent me mériter le salut. Je me reconnais pécheur; mais je pense qu'en faisant de mon côté ce que je puis avec le secours de Dieu, Dieu, pour l'amour de Christ, voudra bien me pardonner mes péchés.

Vous dites: j'espère! Mais sur quoi espérez-vous?
Ce n'est sûrement pas sur les déclarations de la Parole de Dieu, qui n'admet nulle part cette justice mélangée de vos œuvres et des mérites de Christ. Écoutez ce que dit Paul aux Romains:
«La récompense qu'on donne à celui qui travaille est regardée, non comme une grâce, mais comme une chose qui lui est due. Mais à l'égard de celui qui ne travaille pas, mais qui croit en Celui qui justifie l'impie, sa foi lui est imputée à justice
«Que si c'est par la grâce, ce n'est plus par les œuvres; autrement, la grâce ne serait plus une grâce; et si c'est par les œuvres, ce n'est plus par la grâce; autrement, les œuvres ne seraient plus des œuvres (Rom. IV, 4-5; XI, 6).»

Vous voyez qu'ici la grâce et les œuvres sont soigneusement distinguées l'une de l'autre, et présentées comme ne pouvant nullement s'allier dans l'acquisition du salut. Mais écoutez un passage encore plus précis.
Les Galates qui d'abord avaient cru en Christ, pour être justifiés par la seule foi en Lui, se laissèrent séduire par de faux docteurs qui, sans nier la nécessité du sacrifice de Christ pour le salut, voulaient y ajouter les cérémonies de la loi, et entre autres la circoncision, et leur disaient: «Si vous n'êtes circoncis selon l'usage de Moïse, vous ne pouvez être sauvés (Actes XV, 1).» À ce sujet, Paul écrit aux Galates une épître dans laquelle il leur dit qu'ils ont «passé à un autre Évangile (Gal. I, 6-79);» qu'ils sont «dépourvus de sens,» qu'ils ont «perdu le sens,» qu'on les a «ensorcelés pour ne plus obéir à la vérité (Gal. III, 1-3);» qu'il «craint d'avoir travaillé en vain parmi eux (Gal. IV, 11);» qu'il «souffre de nouveau les douleurs de l'enfantement jusqu'à ce que Christ soit formé en eux (Gal. IV, 19).»

Enfin, il leur fait cette déclaration, en apparence si sévère: «Moi, Paul, je vous déclare que si vous vous faites circoncire, Christ ne vous servira de rien. Et je proteste encore à tout homme qui se fait circoncire, qu'il est obligé d'observer toute la Loi. Christ vous devient inutile, à vous tous qui voulez être justifiés par la Loi, et vous êtes déchus de la grâce (Gal. V, 2-4).»
L'avez-vous entendu?
Si quelqu'un veut ajouter quelque chose à Christ pour être sauvé, il est obligé d'observer toute la loi; Christ ne lui sert de rien, Christ lui devient inutile (ou, selon une traduction plus littérale, est impuissant à son égard, c'est-à-dire, ne peut plus, malgré sa miséricorde, le sauver et le sanctifier.) il est déchu de la grâce. Telles sont les déclarations de Celui qui peut sauver et qui peut perdre, et à qui seul il appartient de fixer le chemin du salut.

Si donc vous voulez ajouter aux mérites de Christ pour votre salut, quelque œuvre que ce soit, petite ou grande, Christ ne peut plus rien faire pour vous; vous êtes déchu de la grâce, comme un roi déchu de sa dignité; vous êtes sous la loi, et vous ne serez jamais sauvé qu'en l'observant tout entière; par conséquent vous ne le serez jamais, puisque vous-même vous vous reconnaissez pécheur en plusieurs choses. «Tous ceux qui s'attachent aux œuvres de la Loi, sont sous la malédiction, puisqu'il est écrit: Maudit est quiconque persévère dans toutes les choses qui sont écrites dans le livre de la loi, pour les faire (Gal. III, 10).»

Je vous attends donc à votre dernier moment, et je vous place en face de ces mots: «La fin vient! la fin vient (Ezéch. VII, 6)!» vous tous qui, en tout ou en partie, voulez être justifiés par vos œuvres.
Je vous invite à dresser votre catalogue d'œuvres pour ce jour-là; mais dressez-le bien, car la loi de Dieu est inexorable, et elle déclare que «celui qui a péché en un point est coupable de tous (Jacq. II, 10),» et que «le jugement de condamnation vient d'un seul péché (Rom. V, 16).»

Elle ne veut point d'obéissance imparfaite. Elle dit que «celui qui fera ces choses vivra par elles (Rom. X, 5).» Elle juge non seulement les discours et les actions, mais aussi les pensées et les sentiments du cœur, et elle atteint jusqu'au fond de l'âme, de l'esprit, des jointures et des moelles. Il est dit de Celui qui vous jugera d'après cette Parole, «qu'aucune créature n'est cachée devant Lui, mais que toutes sont nues et entièrement découvertes aux yeux de Celui auquel nous devons rendre compte (Hébr. IV, 12, 15).» 


Encore une fois, je vous crie: «La fin vient! la fin vient! elle se réveille contre toi!»

Je vous assigne devant le Tribunal de Dieu et je vous invite à venir, si vous l'osez, y déployer le catalogue des œuvres en vertu desquelles vous voulez être sauvés, en y ajoutant les mérites de Christ, comme complément.

Je ne sais quel effet cette pensée produit sur vous; mais ce que je sais bien, c'est que la Parole de Dieu dit à tous les hommes qui s'appuient sur leur propre justice: «En ce jour-là, le fort sera comme l'étoupe, son œuvre comme une étincelle; tous deux brûleront ensemble, et il n'y aura personne qui éteigne le feu.» «Vous serez comme le chêne dont la feuille tombe, et comme le jardin qui n'a point d'eau (Ésaïe I, 30, 31).» «Le jour vient, ardent comme un four; tous les orgueilleux et tous les méchants seront comme du chaume; et ce jour qui vient, a dit l'Éternel des armées, les embrasera, et ne leur laissera ni racine, ni rameau (Mal, IV, 1).»

Alors on pourra appliquer à l'homme qui s'est appuyé sur ses œuvres ce qui est dit dans un prophète, de l'Antéchrist, le grand représentant de la propre justice: «Il viendra à sa fin et personne ne lui donnera du secours (Dan. XI, 45),» et ce qui est dit de lui par l'apôtre Paul, «c'est que le Seigneur le détruira par le souffle de sa bouche, et l'abolira par l'éclat de son avènement.»

À la venue du Seigneur, tous les faux appuis crouleront et toutes les vertus humaines se flétriront comme une fleur sur laquelle le vent de l'Éternel a soufflé. Toutes ces vertus que nous aurons voulu mettre à la place de Christ ou à côté de Lui, deviendront pâles et décharnées, et se dresseront devant nous comme des spectres menaçants (Job IV, 14-16), qui nous crieront: «Tu as été pesé à la balance et tu as été trouvé léger (Dan. V, 27).» «Il y a un jour assigné par l'Éternel des armées contre tout orgueilleux et hautain, et contre tout homme qui s'élève, et il sera abaissé. Les yeux hautains des hommes seront abaissés, et les hommes qui s'élèvent seront humiliés; et l'Éternel sera seul haut élevé en ce jour-là (Ésaïe II, 12-13).»


Que ferez-vous quand la fin viendra?


Que ferez-vous, vous hommes qui vous dites bien disposés, mais qui n'êtes jamais que bien disposés, qu'on ne voit jamais se décider, et qui cachez sous le nom de faiblesse, ce qui ne ressemble que trop à une duplicité de cœur, qui flotte entre Dieu et le monde. Vous ressemblez à ces gens qui disent toujours qu'ils vont se mettre en chemin, et qui ne s'y mettent jamais; à ce fils dont parle Jésus-Christ, qui dit à son père: «Je m'en vais travailler à ta vigne, et qui n'y alla pas.» Vous tournez autour de la maison du Père et jamais vous n'y entrez. Ceux qui s'intéressent à votre âme, à force d'avoir été trompés dans leurs espérances à votre égard, finissent presque par désespérer de vous; mais vous, vous vous tranquillisez, ou plutôt vous vous endormez; et peut-être, hélas! vous vous endurcissez en vous disant à vous-mêmes: Je suis pourtant bien disposé; je ne suis pas un ennemi de l'Évangile, tôt ou tard j'arriverai.

Oui, vous arriverez à la mort; mais, si vous continuez, je doute que vous arriviez à la conversion; car le Seigneur a déclaré qu'«aucun homme qui met la main à la charrue et qui regarde en arrière, n'est propre pour le royaume de Dieu (Luc IX. 62).» Pesez bien ces paroles.
Quand on dit de quelqu'un qu'il n'est pas propre à un état, à une vocation, cela veut dire qu'il n'est pas fait pour cela, qu'il n'a pas les talents, les qualités nécessaires, qu'il n'y réussira jamais!
N'alléguez donc plus vos bonnes dispositions comme une espèce de titre au royaume des cieux; car, au contraire, si vous en restez là, et si vous continuez à n'être que bien disposés, vous avez plutôt un signe de réprobation sur votre malheureuse âme. Mais, direz-vous, je ne veux pas toujours en rester là, et un jour je me déciderai.
Et quand viendra ce jour, je vous prie?
Pouvez-vous compter sur un seul jour de vie? le lendemain vous appartient-il?
Et quand il vous appartiendrait, serait-il plus favorable qu'aujourd'hui pour vous décider?
Aujourd'hui est comme demain, et demain sera comme aujourd'hui!
Que de fois ne l'avez-vous pas déjà éprouvé!
Que de fois n'avez-vous pas dit: demain, la semaine prochaine, le mois prochain! et voilà vous dites toujours de même. Loin d'être mieux disposé, vous avez plutôt reculé; vos bonnes dispositions se sont plutôt affaiblies; votre sensibilité religieuse s'est émoussée; vous vous êtes accoutumé à tout entendre, sans en faire aucun profit réel, et à tuer tous les appels de la grâce, par ce mot déplorable: Demain. Si vous ne vous en apercevez pas, ceux qui ont la vie s'en aperçoivent, et ils trouvent que vos bonnes dispositions déclinent et s'affaiblissent de jour en jour.

Réveillez-vous donc, pendant qu'il en est temps. Reconnaissez que Satan vous trompe, et que vous vous trompez vous-mêmes par ces continuels renvois au lendemain. Reconnaissez que vos délais viennent de la duplicité d'un cœur qui craint de se donner à Dieu, et qui cherche à calmer les reproches d'une conscience réveillée, en lui criant: Demain! demain! «Souvenez-vous,» dit le Seigneur, «de la femme de Lot (Luc XVII, 32).» Craignez de rester cristallisé dans la plaine qui est entre Sodome et la montagne du refuge. Ne dites plus, avec Félix, lorsque la conscience vous parle: «Pour le moment, va-t-en; quand j'aurai le loisir, je te rappellerai.» En faisant comme ce malheureux, vous risquez de finir comme lui. Depuis lors il entendit souvent parler l'apôtre Paul; mais les mouvements de sa conscience allèrent en s'affaiblissant; l'avarice reprit le dessus, et il ne faisait plus venir cet apôtre que «dans l'espérance qu'il lui donnerait de l'argent, afin qu'il le mît en liberté (Act. XXIV, 24,27).»

Mais qu'est-il besoin de plus longs discours avec vous?
Je crains que vous ne soyez déjà fort avancé dans ce chemin d'endurcissement, où l'on entend sans entendre, où l'on est blasé sur tout, et, pour ainsi dire, muni d'une cuirasse de fer contre les traits de la Parole. Toutefois, j'ai pitié de vous, je prie pour vous, et, appliquant au jour d'aujourd'hui la Parole que nous méditons, je vous demande: Que feriez-vous aujourd'hui si la fin arrivait?
De quel œil verriez-vous alors ces bonnes dispositions qui vous ont tranquillisé?
Que penseriez-vous de vos continuels renvois au lendemain?
Hélas! vous vous réveilleriez comme en sursaut, et peut-être vous écrieriez-vous comme cette jeune personne qui avait longtemps flotté entre Dieu et le monde: «Il n'est plus temps!» 

Ou peut-être, ce qui est encore plus terrible, mourriez-vous dans une espèce de fatal assoupissement de la conscience, dans un vague affreux de pensées et de sentiments, nageant entre des craintes et des espérances confuses, n'ayant rien de certain, rien d'arrêté, donnant à ceux qui vous entourent autant à craindre qu'à espérer. C'est bien là qu'on peut s'écrier avec l'Écriture: «Hélas! quelle journée!»
Oh! je vous en prie, ne vous préparez pas une telle fin. Décidez-vous aujourd'hui même; car Dieu dit que «c'est maintenant le temps favorable, aujourd'hui le jour du salut


Que ferez-vous quand la fin viendra?


Que ferez-vous, vous qui vous croyez convertis, parce que vous avez reçu, par l'intelligence et par une conviction venant de votre propre esprit, la doctrine du salut, sans que votre cœur ait été atteint?
Vous avez éprouvé quelques impressions religieuses; vous vous êtes retirés du monde grossier et extérieur; mais vous êtes étrangers à la nouvelle naissance et à la vie de Christ.
Vous avez pris le titre d'enfants de Dieu, et on vous l'a donné parce qu'on n'osait vous le refuser.
Vous vous êtes joints aux fidèles pour marcher avec eux; mais vous ne leur inspirez pas une pleine confiance, et vous avez reçu par les plus fidèles d'entre eux des avis qui auraient pu vous être utiles, mais que vous avez repoussés.

Quand on élève quelques doutes sur votre conversion, vous n'en êtes ni effrayés, ni affligés, mais vous vous choquez comme si on attaquait votre honneur. Cela même est un signe fatal qui prouve que vous faites du titre d'enfant de Dieu un point d'honneur, une affaire d'amour-propre, et que vous mettez des prétentions là où tout doit être réalité et vie.

Il est bon que vous le sachiez: tout en n'osant vous refuser le titre de frère, on tremble souvent pour vous. Il y a dans votre christianisme quelque chose de décousu, de pâle, de sec, quelque chose d'apprêté et d'affecté qui semble dire que la vie n'est pas là.
Vos discours et vos actions semblent annoncer que le moi n'a jamais été attaqué en vous, que Christ n'a jamais placé sa vie dans votre cœur, et que c'est votre vieille nature qui a pris quelques-unes des formes par lesquelles le nouvel homme se produit au dehors dans les régénérés.
Il semble qu'on sente que votre christianisme est un travail propre, un résultat de vos propres résolutions, de vos propres efforts, de votre propre choix. Vous ressemblez à un de ces arbres sans racines, auxquels on a pendu divers fruits et divers objets de belle apparence. Vous ne paraissez pas être cet arbre dont «les racines s'entrelacent près de la fontaine, qui embrasse le bâtiment de pierre, et qui, étant exposé au soleil, est plein de vigueur et pousse ses jets par-dessus son jardin (Job VIII, 16-18)»

Je vous en prie, lisez avec attention la parabole des vierges et celle des noces. Hélas! qu'il est triste de s'asseoir à la table du festin sans avoir la robe de noces, et de s'exposer à entendre de la bouche du Roi ce reproche sans réplique: «Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir un habit de noces?» reproche qui sera suivi de cette sentence foudroyante: «Liez-le pieds et mains, emportez-le, et le jetez dans les ténèbres de dehors; c'est là qu'il y aura des pleurs et des grincements de dents (Matth. XXII, 12, 13).»
Qu'il est triste, après s'être mêlé aux vierges sages, après avoir eu comme elles des lampes à la main, après être allé avec elles au-devant de l'Époux, d'être contraint de pousser à sa venue ce cri de détresse: «Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s'éteignent (Matth. XXV, 8);» et de recevoir de Lui cette terrible parole: «Je vous dis en vérité que je ne vous connais point (Matth. XXV, 12).»

Ah! ne vous exposez pas au malheur affreux de n'être détrompés qu'à la venue de l'Époux, lorsqu'il sera trop tard, lorsque la porte sera fermée pour jamais !... Craignez une vie d'illusions ou de mensonge; car elle amène à cette déplorable issue.
J'ai vu mourir l'incrédule déclaré; je l'ai entendu blasphémer près de sa fin et dire: «Pour moi, le ciel ne m'est pas plus que l'enfer.» J'ai frémi, et j'ai dit avec Job: «Que le conseil des méchants soit loin de moi!»

Cependant, j'ai vu une fin encore plus triste: c'est la fin de l'homme qui a cherché à se tromper lui-même, et qui est arrivé sur les bords de l'Éternité avec une lampe sans huile. Je l'ai vu sans paix véritable, affecter la paix; agité intérieurement, vouloir paraître tranquille.
Je l'ai, entendu tenir des propos qui auraient pu tromper ceux qui n'auraient pas eu les preuves multipliées de sa duplicité et de son hypocrisie. 
J'ai cherché à tirer le voile; j'ai exhorté, prié, supplié. Plus d'une fois, j'ai été repoussé comme quelqu'un qui portait des jugements trop sévères; plus d'une fois, j'ai dû m'éloigner le cœur dans l'amertume, et craignant de voir dans ces cas déplorables l'application de cette parole: «Les pécheurs seront effrayés dans Sion, et le tremblement saisira les hypocrites, tellement qu'ils diront: Qui est-ce d'entre nous qui pourra séjourner avec le feu dévorant? Qui est-ce d'entre nous qui pourra séjourner avec les ardeurs éternelles (Ésaïe XXXIII, 14)?»

Quoique j'aie en général peu d'espérance pour ces âmes qui ont voulu se tromper elles-mêmes par une fausse conversion, et qui, après s'être trompées, ont voulu tromper les autres et jouer un rôle; cependant, comme Dieu est puissant et miséricordieux, comme j'ai vu quelques exemples de personnes qui avouaient s'être trompées, et qui paraissaient revenir de leur erreur, j'ai cru devoir m'adresser aussi à cette classe d'hommes abusés.

Je les prie, je les conjure encore une fois de poser le masque, et de désabuser et eux et les autres; je les conjure de sentir le trait acéré de cette parole: «Tu n'as point de part et tu n'as rien à prétendre dans cette affaire; car ton cœur n'est pas droit devant Dieu. Repens-toi donc, et prie Dieu, afin que, s'il est possible, la fausseté de ton cœur te soit pardonnée; car tu es dans un fiel très amer, et dans les liens de l'iniquité (Actes VIII, 21-23).»
Ne vaut-il pas mieux dire: «Je me suis trompé,» pendant qu'il en est temps, et en porter la honte en ce monde, que de le dire quand il sera trop tard, et d'en porter la honte éternellement?


Que ferez-vous quand la fin viendra?


Que ferez-vous, vous qui, après avoir connu la voie de la vérité, êtes retournés en arrière et vous êtes replongés dans la boue de ce monde? — Oh! misérables, que vous dirai-je? Je vous dirai, avec l'Écriture, «qu'il vous eût mieux valu ne jamais connaître la voie de la justice, qu'après l'avoir connue, vous détourner du saint commandement qui vous avait été donné (2 Pierre II, 21).» Je vous dirai que si vous n'avez pas encore exposé le Seigneur à opprobre, et outragé l'Esprit de la grâce, que si vous n'êtes pas encore devenus blasphémateurs, commettant ainsi le péché qui ne peut jamais être pardonné, vous devez craindre de faire un pas de plus dans le chemin où vous marchez, de peur de vous trouver tout à coup sur le bord de l'abîme sans fond où conduit le péché qui «n'est pardonné ni dans ce siècle ni dans celui qui est à venir (Matth. XII, 31, 52).»

Le lumignon fume encore, craignez de l'éteindre. Tombez à genoux, priez le Seigneur de le rallumer. Il est plein de compassion et de miséricorde; Il pardonne tant et plus; Il attend pour vous faire grâce; Il sera exalté en ayant pitié de vous (Ésaïe XXX, 48).
Pensez aux anciens jours, à ceux où vous avez goûté la paix de Dieu, les consolations qui se trouvent en Christ, les affections fraternelles, et le soulagement qu'on éprouve dans la  de Dieu, ni celles du monde; ni la paix de Dieu, ni la fausse tranquillité de ceux dont la conscience ne fut jamais réveillée. Vous voilà comme un homme qui est sous la griffe du lion rugissant; mais qui respire encore. Encore quelques moments peut-être et tout sera fini; la dernière étincelle de vie aura disparu, votre mort spirituelle sera consommée, et l'ennemi emportera sa proie.
Je vous en supplie, réveillez-vous comme en sursaut. Sentez le bonheur d'être encore dans le temps où l'on peut sauver sa vie, et de n'avoir pas encore vu la porte du puits de l'abîme se fermer sur vous.

Hâtez-vous, ne perdez pas un instant, criez: «Seigneur, ne m'épargne point tes compassions, qu'elles me préviennent, car je suis devenu fort chétif (Ps. XL, 11. I; XXIX, 8)!» «On me fait force, sois mon garant; on m'a presque réduit à rien et mis par terre; fais-moi revivre selon ta miséricorde (Ps. CXIX, 87, 88)»
Si vous criez ainsi, ayez bon courage; le Seigneur vient au secours de toutes les brebis égarées qui l'appellent. L'Esprit les soulage dans leurs faiblesses. Les anges se réjouissent de leur retour. Les enfants de Dieu s'en réjouissent aussi; ils leur tendent les bras et leur ouvrent leurs cœurs.

Réjouissez donc le ciel et la terre par votre repentance; venez vous-mêmes vous réjouir avec ceux que votre retour comblera de joie; écoutez la voix charitable qui vous crie: «Si l'on tombe, ne se relèvera-t-on pas? Si l'on se détourne du chemin, n'y reviendra-t-on pas?»

Que si vous n'écoutez ceci, mon âme pleurera en secret sur votre dureté de cœur. Je mènerai deuil sur vous comme Samuel mena deuil sur Saül, quand Dieu l'eût rejeté, et je m'éloignerai de vous, comme on s'éloigne d'un homme qu'on conduit au supplice, et qui va recevoir le coup fatal; car il est écrit:
«Si nous péchons volontairement, après avoir reçu la connaissance de la vérité, il ne reste plus de sacrifice pour les péchés; et il n'y a plus rien à attendre qu'un jugement terrible et un feu ardent, qui doit dévorer les adversaires. Car nous connaissons Celui qui a dit: C'est à moi qu'appartient la vengeance; je le rendrai, dit le Seigneur. Et ailleurs: Le Seigneur jugera son peuple. C'est une chose terrible, que de tomber entre les mains du Dieu vivant (Hébr. X, 26, 27, 30, 31).»


Que ferez-vous quand la fin viendra?


Que ferez-vous, vous chrétiens tièdes et languissants, qui avez abandonné votre première charité? Vous qui avez laissé décliner votre vie spirituelle, et à qui il n'en reste que ce qu'il faut pour ne pas mourir; vous aussi qui avez repris des allures moitié mondaines, dont les conversations n'ont plus le sel de la grâce, et qui, extérieurement, ne différez d'un homme du monde que par une vie plus retirée et, à certains égards, un peu mieux réglée, et par quelques formes de pitié qui peu à peu tendent à ne devenir que des formes; vous, enfin, qui sentez fort bien qu'il y a au dedans de vous des interdits que vous condamnez, que vous combattez peut-être, mais avec tant de langueur, que le bras, le pied, l'œil, qui vous font broncher, n'ont point encore été coupés et arrachés?

Quand la fin viendrait, la verriez-vous venir sans appréhension? Ne sentez-vous pas que, jusqu'à un certain point, elle vous surprendrait comme un larron qui vient dans la nuit? Ne sentez-vous pas que, tout en retenant la doctrine de la venue du Sauveur, et en en parlant peut-être fréquemment, cette venue n'est pas pour vous un sujet de joie et de consolation, et que vous n'êtes le feu (l Cor. III, 15),» et qu'une pleine entrée ne vous serait pas donnée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ? Car vous savez que, selon l'Esprit saint, cette pleine entrée n'est accordée qu'à ceux qui, profitant des grandes et précieuses promesses, ont ajouté à leur foi la vertu, la connaissance, la tempérance, la patience, l'amour fraternel et la charité (2 Pierre I, 4-11).

Ne sentez-vous pas qu'avant votre fin, il devrait se faire en vous comme une nouvelle conversion; que vous auriez tout au moins à subir une revue humiliante, et peut-être à passer par des combats douloureux, et qu'il faudrait faire alors, au milieu des angoisses de la mort, les sacrifices de ceux que vous n'avez pas voulu faire pendant la vie?
Réveillez-vous donc pour vivre justement; rachetez le temps, car les jours sont mauvais.
N'êtes-vous pas las de languir et de vous traîner dans les voies de la piété?
N'est-il pas vrai que le joug du Seigneur ne vous est plus aisé, et que son fardeau ne vous est plus léger?
Ne regrettez-vous pas les anciens jours où vous marchiez plus fidèlement? ces temps de paix et de douce communion avec le Seigneur; ces temps où, comme le disait Job, «Dieu faisait luire sa lampe sur votre tête, où vous marchiez éclairés par sa lumière, et où le secret de Dieu était dans votre demeure (Job XXIX, 2-6)?» 

Oh! «retournez à Celui de qui vous vous êtes si étrangement écarté (Ésaïe XXXI, 6)!» Écoutez la voix de l'Époux, qui vous crie comme à son épouse: «Reviens, reviens (Cant. VI, 13)!»
Répondez à cette voix, en disant de votre côté avec l'épouse dont le chemin a été bouché avec des épines: «Je m'en irai et je retournerai à mon premier mari; car alors j'étais mieux que je ne suis maintenant (Osée II, 6, 7).»

N'appelez pas à votre secours la propre justice, car son aide n'est que néant, vous n'en recevriez aucun secours ni aucun avantage; c'est le pays de la détresse et de l'angoisse (Ésaïe XXX, 3-7).

Allez droit à Christ. Il est toujours le même, toujours puissant pour sauver ceux qui s'approchent de Dieu par Lui; toujours disposé à fortifier la brebis qui a la jambe rompue, et à ramener la boiteuse. Allez à Lui tels que vous êtes, car il vous crie: «On t'a perdu, mais en moi est ton secours.» Approchez vos plaies de ses plaies; car «par ses meurtrissures nous avons la guérison (Ésaïe LIII, 5).»

Allez à Lui, faibles, et sa force s'accomplira dans votre faiblesse; allez-y avec l'abondance de vos péchés, car sa grâce surabonde là où le péché a abondé; allez-y sans crainte, sans fausse honte, car il est et sera toujours le Sauveur des pécheurs et non des justes, le médecin de ceux qui se portent mal et non de ceux qui sont en santé.
À l'heure de la mort, il faudra bien aller à Lui tels que vous êtes, ou périr. Il faudra bien qu'il vous reçoive, qu'il vous change, qu'il vous renouvelle en vous prenant tels que vous êtes, et qu'il vous accorde de sa plénitude grâce sur grâce.

Eh bien! dès à présent II est disposé à faire tout cela pour vous. Si donc aujourd'hui vous entendez la voix de Celui qui se tient à la porte et qui frappe, ouvrez-lui promptement. N'attendez pas un jour, pas une heure, pas une minute; ne laissez pas plus longtemps votre Ami à la porte. Votre bonheur en dépend, peut-être votre salut; car c'est une chose très dangereuse que de repousser la grâce qui est offerte aujourd'hui, sous prétexte que demain elle sera encore à notre portée. «C'est maintenant le temps favorable, c'est aujourd'hui le jour du salut.» C'est pourquoi rebroussez chemin «pendant qu'aujourd'hui se nomme, de peur que quelqu'un d'entre vous ne s'endurcisse par la séduction du péché. (Hébr. III, 12, 13).»


Que ferez-vous quand la fin viendra?


J'adresse en dernier lieu cette question à vous qui, malgré ces infirmités pour lesquelles tous ont besoin d'aller au trône de la grâce (Hébr. IV, 16; 1 Jean II, 1.), avez pourtant la vie de Christ habitant en vous.
Quoique «nous bronchions tous en plusieurs choses (Jacq. III, 2),» cependant vous marchez d'un pas toujours plus affermi dans les voies du Seigneur. Quoique votre croissance ne soit peut-être pas très prompte, cependant «vous croissez» graduellement «dans la grâce de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ (2 Pierre III, 18).» Je puis vous dire avec l'Esprit saint: «Vous courez bien.» Vous vous tenez ferme dans la liberté où Christ vous a mis, et vous  «ne prenez pourtant pas de cette liberté un prétexte de vivre selon la chair (Gal. V, 7).»

Mais tout en bénissant Dieu d'être soutenu par lui dans cette voie, demandez-vous pourtant à vous-même, si, quand votre fin arrivera, vous ne trouverez pas encore bien des choses à regretter, même dans votre conduite actuelle, bien des choses que vous n'auriez pas dû faire, bien d'autres que vous avez négligées, bien d'autres, enfin, que vous auriez dû faire autrement que vous ne les avez faites?
Aux brillantes clartés d'une éternité prochaine, ne sentirez-vous pas mieux le prix du salut, ne regretterez-vous pas de ne l'avoir pas davantage apprécié, de n'en avoir pas davantage parlé à ceux qui ne le connaissaient pas, de n'avoir pas davantage glorifié sur cette terre Celui qui vous avait racheté à grand prix?

Ne vous reprocherez-vous pas bien des vaines conversations, bien des moments perdus pour le service du Seigneur, bien des restes de sensualité, de recherche de vous-même et de votre satisfaction propre?
Ne regretterez-vous pas d'avoir mêlé encore à ce que la grâce de Dieu produisait en vous, tant de ce moi déguisé, tant de cet orgueil subtil, qui, sous diverses formes, gâte et altère les dons de la grâce?
Ne regretterez-vous pas d'avoir manqué si souvent à la charité, sous prétexte de fidélité; d'avoir tant fait pour vous et si peu pour vos frères, pour lesquels vous deviez mettre votre vie (1 Jean III. 16.)?
Trouverez-vous alors que vous avez été tout ce que vous deviez être dans toutes vos relations: comme voisin, comme ami, comme enfant, comme père, etc. ?
Ne reconnaîtrez-vous pas qu'à plusieurs égards vous avez vécu beaucoup trop pour vous, et point assez pour Christ et pour le corps de Christ; que trop souvent vous avez été préoccupé par les minces intérêts de la vie et de votre propre personne, plutôt que par les grands intérêts de Christ et de son règne, et qu'une contrariété apportée à votre volonté propre, vous a souvent causé plus de chagrin que tant de péchés qui étaient une opposition directe à la sainte volonté de Dieu?

Hélas! que de choses à déplorer! même dans les vies auxquelles on ne peut refuser le titre de chrétiennes!
Que de choses à réformer avec le secours de la grâce de Dieu!
Que de choses dans le bien, oui! même dans le bien, qui ont été faites selon la chair et non selon l'Esprit!

Mes frères, déplorons tout, réformons tout dès aujourd'hui; nous le devons, nous le pouvons. Nous le devons à la gloire de Dieu, à notre propre bonheur et à l'édification de nos semblables. Nous le pouvons, car «nous pouvons tout en Christ qui nous fortifie (Phil. IV, 13,» et sa grâce nous suffit.
Nous le devons dès aujourd'hui, car il ne faut pas renvoyer d'un seul jour de mieux servir le Seigneur. Nous le pouvons dès aujourd'hui, car pour nous aussi, «c'est maintenant le temps favorable, c'est aujourd'hui le jour du salut.»

Commençons donc une vie nouvelle avec ce principe fortement gravé dans nos cœurs, c'est que «nous ne sommes point à nous-mêmes (1 Cor. VI, 19),» et qu'on en fait toujours trop pour le monde, jamais assez pour le Seigneur.

Après m'être adressé aux diverses classes de personnes entre les mains desquelles ce petit écrit peut tomber, il ne me reste plus qu'à vous supplier tous, par les compassions de Dieu et pour l'amour de votre propre âme, de ne pas traiter ces choses légèrement, et de vous adresser sérieusement cette question: Que ferai-je quand la fin viendra?

Je m'adresse surtout aux personnes qui auraient le plus besoin de profiter de nos exhortations, et qui, peut-être, hélas! sont celles qui en profiteront le moins. Je veux parler de celles qui, ou incrédules ou indifférentes, s'occupent fort peu des intérêts de leur âme, et qui écoulent avec une déplorable légèreté tout ce qu'on leur dit à cet égard.
Pauvres malheureux! Badinez, plaisantez, moquez-vous, amusez-vous, étourdissez-vous, tenez des discours profanes, ou continuez à vivre dans une déplorable légèreté; mais «quoi qu'il en soit, sachez qu'il y a un jugement (Job XIX, 29. Eccl». XII, 1).»

Sachez que la fin vient et, avec elle, le désespoir en l'autre monde et peut-être déjà en celui-ci.
Voici comment mourut un incrédule, qui avait refusé obstinément tous les appels que Dieu lui avait adressés pendant qu'il était dans ce monde. Quand il se vit près de sa fin, il dit avec un sourire amer: «J'ai été plus fort que Dieu. Il a tout fait pour me sauver, et moi j'ai tout fait pour me perdre, et j'y ai réussi!»

Maintenant, m'adressant à vous tous, mes chers lecteurs, je vous remets devant les yeux cette vérité, si simple et si sérieuse en même temps, par laquelle j'ai commencé cet écrit, c'est que chacun de nous doit mourir et voir venir sa dernière fin.
Un jour, cette vérité me fut rendue bien frappante par une inscription que je lus sur le cadran du clocher d'un village italien, situé dans un des jolis vallons qui entourent en demi-cercle la ville de Nice du côté du col de Tende. Celte inscription italienne était celle-ci: Una sara l'ultima, c'est-adire: Une sera la dernière!
Oui, une sera la dernière, et comme le dit le Seigneur, «nous ne savons pas si ce sera le soir, ou à minuit, ou à l'heure où le coq chante, ou le matin. Veillez donc, de peur qu'arrivant tout à coup, le Maître ne vous trouve endormis. Or, ce que je vous dis, je le dis à tous: Veillez (Marc XIII, 34-37)» Oui, veillez, et à chaque heure qui sonne, dites-vous à vous-mêmes: Une sera la dernière!

On dit qu'à l'époque du siège de Jérusalem par Tite, et avant la destruction de cette malheureuse ville dans laquelle périt un million de Juifs, un homme courut pendant plusieurs mois en faisant le tour des murs de la ville, et en criant: Malheur à Jérusalem! malheur à la ville! malheur au temple! Plusieurs fois on le mit en prison. Mais chaque fois qu'on le relâchait, il recommençait à courir, en répétant les mêmes paroles, jusqu'à ce qu'à la fin, après avoir proféré son cri ordinaire, il ajouta: Et malheur à moi! À l'instant même, une pierre lancée par une des machines de guerre des Romains le frappa à mort et le précipita de dessus le mur.
Quand je réfléchis que toutes les créatures qui m'entourent vont à leur fin, et que, si elles ne se convertissent, elles sont menacées d'une destruction bien plus terrible que celle des Juifs auxquels on criait, malheur! quand je pense que la plus grande partie de ces malheureuses âmes s'endorment sur le bord du précipice, et perdent misérablement le temps de la miséricorde de Dieu; il me semble que je devrais faire le tour des villes et des villages, en criant comme le Juif: Malheur à vous! «La fin vient! la fin vient! elle vient sur les quatre coins de la terre (Ezech. VII, 2)!»

Il me semble qu'il serait surtout nécessaire de pousser ce cri, vu les temps où nous sommes, qui sont les temps de la fin; non les temps de la fin du monde, mais les temps de la fin du présent siècle (Il faut remarquer que ce qu'on a traduit dans nos versions par la fin du monde, signifie littéralement: la fin du siècle. L'Écriture appelle le présent siècle, le temps où l'Église est souffrante, sous le règne et l'oppression des gens du monde dont le partage est dans cette vie (Ps. XVII, 14) et de l'économie actuelle, les temps de la fin pour un monde ennemi de Dieu, qui, après avoir encore quelque temps persécuté Christ et les siens, doit subir le jugement qui l'attend par la venue du Seigneur et par sa présence glorieuse (Matth. XIII, 39; XXIV, 5, 6,14; XXVIII; 20. 2Thess. I, 8-10; II, 8-11. Matth. III, 1-15; 2 Pierre II, 1.17. Apoc. XV et XVI. Jude 14 , 18.).

En présence de ces temps qui seront si sérieux pour l'Église, et à la fin si bénis pour elle et si terribles pour les ennemis de Dieu, il me semble que je me sens porté à crier à tous: «Voici le temps auquel le jugement de Dieu doit commencer par sa maison; et s'il commence par nous, quelle sera la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'Évangile de Dieu? Et si le juste ne se sauve que difficilement, que deviendra l'impie et le pécheur (1 Pierre IV, 17,18)?»

Que celui qui est sage prenne garde à ces choses, et que celui qui est intelligent les considère.
«Le temps est court désormais; la figure de ce monde passe (1 Cor. VII, 29, 31).
Heureux celui qui «considère que la bonté de Dieu le convie à la repentance (Rom. II, 4).»
Heureux celui qui, croyant que «par son endurcissement et son cœur impénitent on s'amasse la colère pour le jour de la colère et de la manifestation du juste jugement de Dieu (Rom. II, 5)» se réfugie vers Celui qui a dit: «Et pourquoi mourriez-vous, ô maison d'Israël? Car je ne prends point de plaisir à la mort de celui qui meurt, dit le Seigneur l'Éternel. Convertissez-vous donc, et vivez (Ezéch. XVIII, 31 , 32)!


Plus heureux encore celui qui, au milieu de tous les bouleversements de ce monde et en le voyant prêt à crouler pour chacun de nous, peut déjà s'écrier par la foi en Christ: «En toutes choses, je suis plus que vainqueur par Celui qui m'a aimé. Car je suis assuré que ni la mort, ni la vie, ni les anges, ni les principautés, ni les puissances, ni les choses présentes, ni les choses à venir, ni les choses élevées, ni les choses basses, ni aucune autre créature, ne nous pourra séparer de l'amour que Dieu nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur (Rom. VIII, 57-39).»

Disons avec le prophète:

«Éternel, guéris-moi, et je serai guéri; sauve-moi, et je serai sauvé; car tu es ma louange (Jérém. XVII, 44)!»



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