Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

La considération de notre dernière fin...


La considération de notre dernière fin est une pensée des plus sérieuses et des plus fertiles en instructions salutaires: aussi l'Écriture Sainte la place-t-elle souvent sous nos regards, et nous invite-t-elle à nous y arrêter et a diriger notre vie en conséquence. «Veillez,» nous dit-elle, «tenez-vous prêts; car vous ne savez ni le jour, ni l'heure à laquelle le fils de l'homme viendra (Matth. XXIV, 42; Marc XIII, 33).» «La fin de toutes choses est proche, soyez donc sobres et vigilants dans les prières (1 Pierre IV, 7).» «Puisque toutes choses doivent se dissoudre, quels ne devez-vous pas être en sainte conduite et en œuvres de piété (2 Pierre III, 11).»

Quand Dieu décrit dans un psaume prophétique les malheurs qui doivent fondre sur son peuple à cause de leurs péchés, il les attribue à l'oubli de leur dernière fin. Il s'écrie: «Oh! s'ils eussent été sages! s'ils eussent été avisés en ceci! S'ils eussent considéré leur dernière fin (Deut. XXXII, 29)!»
En accord avec cette prédiction, Jérémie, déplorant dans ses lamentations les désolations de Jérusalem, les attribue à ce qu'elle ne s'est point souvenue de sa fin. Les méchants sont représentés comme bravant en quelque sorte la sentence de mort prononcée contre toute la race humaine, et disant dans leur folie: «On ne verra point notre dernière fin (Jérém. XII, 4).» «Nous avons fait accord avec la mort, et nous avons intelligence avec le sépulcre; c'est pourquoi, quand le fléau débordé traversera, il ne viendra point sur nous (Ésaïe XXVIII, 15)»
Au contraire, tous les hommes éclairés par l'esprit de Dieu se sont occupés sérieusement de leur dernière fin; ils ont demandé à Dieu de les pénétrer de cette pensée et de leur accorder de vivre en conséquence.
Moïse disait: «Enseigne-nous à tellement compter nos jours, que nous en ayons un cœur rempli de sagesse (Ps. XC, 12).»
David disait dans le même esprit: «Éternel! donne-moi à connaître ma fin, et quelle est la mesure de mes jours, et fais que je sache de combien petite durée je suis (Ps. XXXIX, 4).»

L'apôtre Paul nous présente, dans le chapitre XI des Hébreux, l'exemple des patriarches qui, par la foi, ont fait profession d'être étrangers et voyageurs sur la terre (Hébr. XI, 13). Le même apôtre dit qu'il «ne regarde point aux choses visibles qui ne sont que pour un temps, mais aux invisibles qui sont éternelles (2 Cor. LV, 18).» Il souhaite aux Thessaloniciens que «Dieu dirige leurs cœurs à l'amour de Dieu et à l'attente de Christ (2 Thess. III, 3);» et souvent, dans ses épîtres, il ramène la pensée de la venue du Seigneur comme une des plus propres a nous faire «vivre selon la tempérance, la justice et la piété (Tite II, 12, 13).»

Nous croyons donc être dans l'esprit de la Parole, aussi bien que dans celui de l'époque de l'année où nous sommes, époque qui nous rappelle plus particulièrement la fin de toutes choses, en venant adresser à nos compagnons de voyage vers l'éternité une question sérieuse et trop souvent négligée au milieu de mille questions beaucoup moins importantes, pour lesquelles on s'agite tous les jours. Cette question est celle que Jérémie adressait aux Juifs de son temps, qui prenaient plaisir a être trompés et endormis par les espérances flatteuses que leur donnaient les faux prophètes: «Que ferez-vous,» leur dit-il, «quand la fin viendra?»

Remarquons d'abord que la fin viendra certainement pour chacun de nous. La Parole de Dieu nous dit que «il est ordonné à tous les hommes de mourir une fois (Hébr. IX, 27);» et c'est peut-être la seule des vérités qu'elle renferme qu'on n'ait jamais osé attaquer, parce que l'expérience la confirme depuis près de six mille ans.

La mort emporte celui qui n'y pense pas, comme celui qui y pense; celui qui n'est pas prêt, comme celui qui l'est; celui qui la redoute, comme celui qui la désire. Elle fauche selon que la main de Dieu la conduit; et, sous ses coups, les fleurs nouvellement écloses tombent avec l'herbe qui déjà se fanait et dépérissait: «Toute chair est comme l'herbe; toute sa grâce est comme la fleur de l'herbe; l'herbe est séchée et la fleur est tombée, parce que le vent de l'Éternel a soufflé dessus (Ésaïe XL, 6, 7. I Pierre I, 24).»
Au bout de toute vie d'homme, au bout de la vôtre, au bout de la mienne, on peut placer d'avance ces mots que l'Écriture place à la fin des plus longues vies: «Puis il mourut (Gen. V, 3-28).»
La carrière de l'homme le plus ignoré, comme celle de l'homme qui a rempli le monde entier de la gloire de son nom; celle du roi, comme celle du dernier de ses sujets, se termine par la mort, par un cercueil, par un ensevelissement, par une tombe. Chacun de nous a déjà sa place marquée sur le registre mortuaire, et, selon une expression des Ecritures, «le sépulcre ouvre déjà sa gueule pour l'engloutir (Ésaïe V, 14).» Tenons donc pour certain qu'en cette guerre il n'y a point de délivrance, que nul n'échappera, et que, par une loi que les uns appellent la loi de la nature et les autres la sentence de condamnation contre le péché, nous sommes tous inévitablement conduits à la mort.

Pour vous, pour moi, pour chacun, il y aura un jour d'ensevelissement, un jour où «on fera le tour par les rues en menant deuil (Eccl. XII, 7);» un jour où notre corps sera un cadavre porté en terre, déposé dans la terre, recouvert de terre, et retournant dans la poudre d'où il a été pris.

Avez-vous connu quelqu'un qui ait pu échapper à cette dernière catastrophe de la vie humaine?
N'avez-vous pas enseveli des jeunes comme des vieux?
N'avez-vous pas enseveli vos meilleurs amis, les objets de vos plus tendres affections, des personnes qu'à tout prix vous auriez voulu retenir dans ce monde?
Ni médecins, ni soins, ni vœux, ni prières, ni larmes, ni désespoir, n'ont pu arrêter le coup, lorsque l'Éternel a dit: «Fils des hommes retournez.»
Et vous, penseriez-vous échapper à la mort, cette commune loi de l'humanité pécheresse!
Ce qui est arrivé aux autres, ne vous arriverait-il pas aussi?
Et quand le moment que Dieu a déterminé sera là, quand la fin viendra, ne serez-vous pas comme un homme qui est arrivé au jour de l'exécution d'une sentence, et que rien ne peut délivrer de la main de l'exécuteur?

Mais si la fin vient certainement pour chacun de nous, elle vient encore promptement et souvent inopinément.

C'est une vérité banale à force d'être vraie, que le temps s'envole, que la vie coule vite, que les jours, les mois et les années se succèdent avec une rapidité qui toujours étonne. Quoi! déjà la moitié de janvier écoulée!
Ensuite: déjà février.
Plus tard, en juin: déjà les jours qui commencent a décroître!
Plus tard: déjà l'automne! déjà l'hiver! déjà un nouveau jour de l'an!

Quand on est appelé, par sa position, à s'occuper de la date du jour, on sait avec quelle rapidité les dates se succèdent et changent de chiffre, tellement, que si on n'était pas si léger, il y aurait de quoi rendre vraiment sérieux. De déjà en déjà, de date en date, on atteint bientôt le fond de la vie, et quand on y est, on ne comprend point comment l'on y est arrivé sitôt.
Dans la jeunesse, on voit la mort dans un lointain si reculé, que c'est presque à perte de vue, et que, dans cet éloignement, elle devient comme un point imperceptible. Mais, a chaque instant, nous franchissons d'un pas la distance qui nous en sépare, et, tout à coup, pour ceux qui se sont distraits de la pensée de la mort et qui en ont détourné les yeux, tout à coup arrive le moment où, par la vieillesse, ils se trouvent placés en face d'elle, ou du moins à quelques pas, et n'ayant plus qu'un petit espace a parcourir avant de la rencontrer. C'est alors qu'on sent, par expérience, la vérité de ces paroles de l'Écriture, qui nous représentent la vie «comme un songe au matin, comme une herbe qui change (Ps. XC, 15);» comme «une vapeur qui paraît pour un peu de temps, puis ensuite s'évanouit (Jacq. IV, 14);» comme «un vent qui passe et qui ne revient point (Ps. LXXVIII, 39).»

On sympathise avec les déclarations de ces hommes qui ont dit, dans le sentiment de la brièveté de la vie: «Mes jours ont passé plus légèrement que la navette d'un tisserand; plus vile qu'un courrier; comme des barques de poste; comme un aigle après la proie. L'homme, né de femme, est de courte vie et rassasié d'agitations. Il sort comme une fleur, puis il est coupé; il s'enfuit comme une ombre qui ne s'arrête point (Job VII, 6. IX, 23, 26. XIV. 1,2).»
Dans la vieillesse, on sympathise avec ces sentiments d'un Jacob et d'un David: «Les jours des années de ma vie ont été courts et mauvais (Gen. XLVII, 9).» «Voilà, tu as réduit mes jours à la mesure de quatre doigts, et le temps de ma vie est devant toi comme un rien (Ps. XXXIX, 6).» C'est bon pour les vieillards, diront les enfants, les jeunes gens, les hommes dans la vigueur de l'âge; mais moi j'ai encore longtemps à vivre. Parlez-moi de la vie; quand je serai vieux, vous me parlerez de la mort.

Et moi, je veux vous en parler dès aujourd'hui, parce que demain n'est pas a vous, et que l'Écriture déclare qu'aujourd'hui est pour vous «le temps favorable, le jour du salut (2 Cor. VI, 2),» et que vous «ne devez pas vous vanter du lendemain, parce que vous ne savez pas ce que le lendemain enfantera (Prov. XXVII, 1).»

Mettez la main sur votre cœur. Est-ce votre volonté qui le fait battre?...
Dépend-il de vous de le faire battre seulement un quart d'heure, seulement une minute, seulement une seconde?
Comment donc seriez-vous sûrs qu'il battra encore demain?
Ne sentez-vous pas que votre vie est une vie d'emprunt, qui est dans la main d'un autre? Avez-vous lu dans le conseil de Dieu le jour où il a décidé que s'exécuterait votre arrêt de mort?
Vous a-t-il été révélé que ce serait seulement dans quelques années?
Pourriez-vous, en prenant le registre mortuaire de la paroisse, montrer du doigt dans les feuilles blanches, l'endroit où sera inscrit votre décès?
Oseriez-vous tourner plusieurs feuilles?
Oseriez-vous en tourner une seule?...
N'avez-vous jamais ouï parler de la mort de gens de votre âge?
Tous vos contemporains sont-ils encore vivants? Et s'il en est qui soient déjà morts, ne vous ont-ils pas crié en passant devant vous: Prends garde à toi; pense à ta fin?

La mort ne connaît point d'âge, et l'on est toujours assez vieux pour mourir. Allez sur un cimetière: voyez la terre qui recouvre les fosses; n'y en a-t-il pas de plus courtes les unes que les autres, qui vous disent: Ici l'enfance, ici la première jeunesse? Lisez sur les pierres sépulcrales l'âge de ceux que la terre a recouverts; n'est-ce pas un catalogue de toutes les époques de la vie, et une preuve sans réplique qu'on meurt à tout âge et par conséquent au vôtre?
Non seulement on peut mourir à l'âge où vous êtes, mais on peut mourir subitement. Ces mots: mort subite, n'ont pas été inventés à plaisir; ils expriment un événement qui se répète plus souvent qu'on ne le pense, et dont les victimes formeraient chaque année un long catalogue, seulement dans un petit pays comme le nôtre, si l'on rassemblait tous les faits de cette nature qui s'y répètent en divers lieux.

Voici quelques-uns de ces faits, d'entre ceux qui sont venus à ma connaissance.
Une jeune fille d'environ vingt ans, rentrée chez elle en revenant du temple, se plaint à sa mère d'un certain malaise. Elle s'étend sur un lit de repos, et peu d'instants après elle rend le dernier soupir. 

Il y a quelques années, une autre jeune fille qui dans les premiers jours de l'an arrivait en calèche, avec une mascarade brillante venant de la ville voisine, prit mal au moment où la voiture s'arrêtait devant un de nos hôtels. Peu d'instants après elle mourut, avant qu'on eût eu le temps de la dépouiller de son déguisement, qui offrait, dit-on, un affreux contraste avec les traits de la mort répandus sur son visage.

Il y a peu de temps qu'une personne, en apparence assez bien portante, traversait les faubourgs d'une grande ville pour regagner sa demeure, lorsqu'elle se sentit saisie de faiblesse, et, demanda permission à un Monsieur qui l'accompagnait de s'asseoir un instant. Elle voulut un moment après se relever, mais elle retomba sans vie.
Il y a peu d'années, qu'un des premiers magistrats d'une de nos villes, homme qui paraissait fort et robuste, étant dans un cercle et causant avec quelques amis, ne put pas achever le mot qu'il avait commencé et fut frappé d'une apoplexie foudroyante.
Un menuisier se trouvait dans un cabaret, où l'on rappelait la mort soudaine et frappante d'un homme du voisinage. «Oh!» dit-il, en levant la main», je l'ai bien connu, puisque «c'est moi qui ai fait sa bierre.» Au même instant lui-même tombe mort sur la place.
Dans un village de montagne, un ivrogne de profession, après avoir déclamé sur plusieurs sujets, dit à ceux qui buvaient avec lui: «À présent, pour nous divertir, parlons un peu des mômiers.» À l'instant, le verre lui tombe des mains, et il est frappé de mort subite. 

J'aurais pu mettre les noms à chacun de ces faits; mais on sent que les convenances ne le permettraient pas. Ils nous crient ainsi que beaucoup d'autres: «Tenez-vous prêts, car vous ne savez ni le jour ni l'heure à laquelle le Fils de l'homme viendra (Math. XXIV, 44.)!»
Je sais bien que chacun espère ne pas fournir un nouvel article au catalogue des morts subites. Chacun espère qu'il verra venir sa fin et qu'il aura le temps de se préparer. Mais sur quoi espère-t-on? C'est là la question. Ceux qui ont eu de pareilles fins ne les attendaient pas plus que vous.
Si chacun mourait de mort lente et prévue, comme il l'espère, il s'ensuivrait que le catalogue des morts subites serait fermé dès à présent, supposition absurde ou qui, du moins, ne repose sur aucun fondement raisonnable. Si donc, comme on est forcé de l'admettre, le catalogue des morts subites reste toujours ouvert, n'est-il pas insensé pour chacun de se promettre qu'il n'y fournira pas un nouvel article?

Mais enfin, qu'on meure de mort subite ou non, toujours est-il vrai que, dans un certain nombre d'années déterminé, on dira de chacun de nous: «Il est mort.» Après avoir assisté à un certain nombre d'ensevelissements et accompagné un certain nombre de convois funèbres, nous-mêmes nous aurons notre ensevelissement, et on nous accompagnera dans notre dernière demeure. Les fossoyeurs eux-mêmes finiront par avoir une fosse creusée pour eux. Les générations s'ensevelissent les unes les autres; elles se pressent, elles se poussent vers le sépulcre; et ce monde n'est qu'un vaste cimetière où elles vont s'engloutir successivement, et où l'on voit, comme le dit l'Écriture, «la fin de tout homme (Ecclés. VII, 2).»

Cette fin de tout homme est, dans le fait, pour lui la fin de toutes les choses visibles, la fin universelle, la fin du monde.

Peines, plaisirs, projets, espérances, réputation, richesses, amis, parents, tout ce à quoi l'on tient, tout ce qu'on possède, tout ce qu'on aime, tout ce qu'on voit, tout ce qu'on espère, par rapport à ce monde, va s'engloutir dans le sépulcre. C'est dans cette vue mélancolique que Job disait: «Certes, je n'ai plus à attendre que le sépulcre, qui va être ma maison; j'ai dressé mon lit dans les ténèbres. J'ai crié à la fosse: Tu es mon père, et aux vers: Vous êtes ma mère et ma soeur. Et où seront les choses que j'ai attendues? Et qui est-ce qui verra ces choses qui ont été le sujet de mon attente? Elles descendront au fond du sépulcre; certes, elles reposeront ensemble avec moi dans la poussière (Job XVII , 13-16). 

Quoique j'aie plus d'une fois, en suivant un ensevelissement, été fortement pénétré de cette vérité: que la mort d'un homme est pour lui la fin de toutes les choses de ce monde, il me semble que jamais elle ne m'a fait une plus forte impression que dans une occasion en apparence fort insignifiante. Mais l'on sait que les impressions sérieuses ne dépendent pas de nous, et qu'elles viennent de Celui qui les donne quand il lui plaît, et qui se sert souvent d'une circonstance tout ordinaire, pour produire sur nous une impression inattendue.

Un jour, dans l'automne de 1824, je me promenais à Nice sur le bord de la mer, dans un sentier bien connu de ceux qui ont habité cette ville. Ce sentier, recherché des promeneurs solitaires, traverse la plage qui s'étend de la mer aux jardins du faubourg de la Croix de marbre. On n'y rencontre que quelques rares promeneurs, qui aiment à jouir du majestueux spectacle de la mer, et de la brise saline qui souffle souvent sur ses bords, surtout vers le soir. La soirée était belle; le soleil était près de se coucher. Tout à coup j'entends la cloche du faubourg sonner un ensevelissement, comme cela a lieu dans les pays catholiques. Les coups se succédaient assez lentement, ce qui donnait aux sons de la cloche une teinte lugubre. À l'instant je fus saisi par cette pensée: Voilà un être à qui le monde fait ses derniers adieux. Cette cloche nous dit que tout a passé pour lui, et que, riche ou pauvre, connu ou inconnu, il a disparu pour toujours de dessus la terre des vivants. Pour la dernière fois, le monde lui donne une marque d'intérêt. Bientôt il ne sera pas plus parlé de lui que s'il n'avait jamais existé, et tout suivra ici-bas le même train, sans qu'on s'aperçoive qu'il s'est fait un vide. Oui, me disais-je, la mort d'un homme est pour lui la fin du monde. C'est pour lui comme si la trompette dernière avait sonné. C'est comme si les cieux et la terre avaient passé; comme si tout s'était dissous, anéanti; c'est, comme dit l'Écriture, «la fin de toutes choses.» — Vous donc qui peut-être avez quelquefois souri de pitié en entendant parler de personnes qui prédisaient que la fin du monde arriverait prochainement, soyez attentifs à une prédiction qui n'est pas sans rapport avec celle-là, et qui, loin d'exciter votre pitié, mérite de votre part la plus sérieuse attention.

Cette prédiction est celle-ci: c'est que quelle que puisse être la durée de ce monde en lui-même, sa durée, par rapport à vous, sera fort courte, et que dans peu d'années aura véritablement lieu pour vous la fin du monde. Dans peu d'années, la mort vous séparera de tout ce que ce monde renferme, et vous rendra étranger à tout ce qui s'y passe; en sorte que vous n'aurez plus aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil.

Mais si la mort est pour chacun de nous la fin du monde, elle est aussi pour chacun le commencement d'une autre existence qui s'ouvre par le jugement, et qui, heureuse ou malheureuse, se prolonge sans fin. «Après la mort suit le jugement (Hébr. IX, 27)» et après le jugement, «les uns iront aux peines éternelles, et les autres à la vie éternelle (Matth. XXV, 46)» D'un côté commenceront «les chants de triomphe et les alléluiah (Apoc. XIX, 1-9),» et de l'autre, «les pleurs et les grincements de dents (Matth. XXII, 13. XXV, 30); «le ver qui ne meurt point, le feu qui ne s'éteint point (Marc IX, 43-48).»


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