Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APPLICATION

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Je dirai quelques mots encore en finissant à ceux qui ne prient pas ; car je n'ose pas espérer que ceux qui liront cet écrit soient tout des hommes de prière. Si donc vous êtes du nombre des personnes qui ne prient pas, permettez-moi de vous adresser quelques mots encore de la part de Dieu.

Hélas  ! lecteur, qui croyez devoir négliger le privilège de la prière, je ne peux que vous avertir, mais vous avertir solennellement que votre position est des plus dangereuses.

Si vous mourez dans votre état présent, vous êtes une âme perdue ! Vous ne ressusciterez que pour une éternelle misère.

Je vous avertis que, de tous ceux qui font profession d'être chrétiens, vous êtes les plus incompréhensibles et les plus inexcusables. Il n'y a pas une seule bonne raison à donner pour vivre sans prière.

Il est inutile de dire que vous ne savez pas prier.

LA PRIÈRE EST L'ACTE LE PLUS SIMPLE DE TOUTE LA RELIGION.

Il s'agit simplement de parler à Dieu.

On n'a besoin ni d'instruction, ni de sagesse, ni de la connaissance d'aucun livre pour l'entreprendre. Il ne faut que du cœur et de la volonté. L'enfant le plus faible sait crier quand il a faim ; le plus pauvre mendiant peut tendre les mains pour demander l'aumône, il n'attend pas pour cela d'avoir trouvé de belles paroles. Ainsi l'homme le plus simple et le plus ignorant trouvera toujours quelque chose à dire à Dieu, pourvu seulement qu'il l'ait dans le cœur.

Il est inutile d'alléguer que vous n'avez pas de lieu convenable pour prier.

Chaque homme peut trouver pour cela un lieu particulier et propice, s'il y est disposé.

Notre Seigneur priait sur la montagne,

Pierre sur le toit de la maison,

Isaac dans les champs,

Nathanaël sous le figuier,

et Jonas dans le ventre de la baleine.

Chaque lieu peut être transformé en cabinet, en oratoire, en Béthel, où nous rencontrerons la présence de notre Dieu.

Il est inutile de dire que vous n'avez pas le temps.

Le temps ne manque jamais, si l'on veut seulement savoir le prendre et l'employer. Le temps peut être court, mais il est toujours assez long pour la prière.

Daniel avait toutes les affaires d'un immense empire sur les bras, et cependant il priait trois fois par jour.

David gouvernait une puissante nation, et cependant il dit : « Le soir, le matin et à midi, je prierai (Ps. LV, 17). »

Quand il faut du temps, on en trouve toujours.

Il est inutile de dire que vous ne pourrez prier jusqu'à ce que vous ayez la foi et un nouveau cœur, et que, jusque-là, vous devez vous arrêter et attendre.

En faisant cela vous ajoutez péché à péché : cela suffit pour vous laisser sans conversion et vous mener en enfer. C'est pire encore, et comme si vous disiez : « Je le sais bien, mais je ne veux pas prier pour obtenir miséricorde.  »

C'est un argument sans appui dans l'Écriture. Au contraire, écoutez ce qu'elle dit : «Cherchez l'Éternel pendant qu'il se trouve, et invoquez-le tandis qu'il est près (Ésaïe, LV, 6). — Adressez-lui vos paroles et convertissez-vous à l'Éternel (Osée, XIV, 2). — Prie et te repens, dit Pierre à Simon le magicien (Actes, VIII, 22).  »

Si vous manquez de foi et d'un cœur nouveau, allez au Seigneur, et criez pour les obtenir ; la seule tentative de prier a souvent suffi pour rendre la vie à une âme morte. Hélas ! il n'y a pas d'esprit malin et plus difficile à extirper qu'un esprit muet (Matth., XVII).

Oh! lecteur, vous qui ne voulez pas prier, qui donc êtes-vous que vous ne vous souciiez pas de rien demander à Dieu ?

Avez-vous traité alliance avec la mort et l'enfer ?

Avez-vous fait la paix avec les vers et le feu ?

N'avez-vous aucun péché à pardonner, ni aucune crainte de tourments éternels ?

N'avez-vous aucun désir pour le ciel ?

Oh  ! puissiez-vous vous réveiller de votre folie actuelle, et regarder en face la fin qui vous attend ! Puissiez-vous sortir de votre léthargie et crier à l'Éternel !

Hélas  ! un jour viendra où plusieurs crieront à haute voix : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous !  », mais ce sera trop tard  ; tandis que dans le même instant un grand nombre, qui n'ont jamais voulu prier Dieu, crieront aux rochers de tomber sur eux et aux collines de les couvrir !

Lecteur, je vous avertis en toute affection : Prenez garde que ce ne soit la fin réservée à votre âme. Le salut est tout près de vous : NE PERDEZ PAS LE CIEL FAUTE D'AVOIR PRIÉ !


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Je m'adresse maintenant à ceux qui désirent réellement d'être sauvés, mais qui ne savent pas comment s'y prendre et par où commencer. Je peux espérer que plusieurs de mes lecteurs sont dans ce cas ; mais n'y en eût-il qu'un seul, je lui dois mes encouragements et mes conseils.

Dans chaque voyage il y a un premier pas à faire, il y a un passage de l'état stationnaire à celui du mouvement. Les voyages du peuple d'Israël, de l'Égypte en Canaan, furent longs et fatigants. — Quarante années s'écoulèrent avant qu'ils passassent le Jourdain. Cependant, il y en avait toujours quelques-uns qui se mirent les premiers en marche, quand ils se rendirent de Rhamesès à Succoth.

Quand donc un homme fait-il réellement son premier pas, en sortant du péché et du monde ? Il le fait, le jour où il prie pour la première fois dans son cœur.

Dans chaque bâtisse il y a une première pierre à poser et un premier coup de marteau à donner. Il fallut cent vingt ans pour construire l'arche ; cependant il y eut un jour où Noé frappa de sa hache le premier arbre destiné à cette construction.

Le temple de Salomon fut un glorieux édifice ; mais il y eut un jour où l'on transporta sur le mont Morijah la première grosse pierre qui devait entrer dans ses fondements.

Quand donc les premiers matériaux du temple de l'Esprit commencent-ils à paraître dans le cœur d'un homme ? C'est, autant que nous pouvons en juger, quand il commence à répandre son cœur en prières devant Dieu.

Lecteur, qui désirez être sauvé, savez-vous ce que vous avez à faire ?

Courez de ce pas, aujourd'hui même, vers le Seigneur Jésus-Christ, entrez dans le premier lieu secret que vous pourrez trouver, et priez-le de sauver votre âme.

Dites-lui que vous avez appris qu'il reçoit les pécheurs et qu'il a dit : « Je ne rejetterai point celui qui vient à moi.  »

Dites-lui que vous êtes un pauvre pécheur, et que vous venez à lui SUR LA FOI DE SA PROPRE INVITATION.

Dites-lui que vous vous remettez pleinement et entièrement entre ses mains, que vous vous sentez misérable, sans secours sans espérance, et qu'à moins qu'il ne vous sauve lui-même, vous êtes sans espoir quelconque de salut.

Suppliez-le de vous délivrer de la culpabilité de la puissance et des conséquences du péché.

Priez-le de vous pardonner et de vous laver dans son propre sang, de vous donner un cœur nouveau, et d'implanter le Saint-Esprit dans votre âme.

Suppliez-le de vous accorder la grâce, la foi, le vouloir et le pouvoir d'être son disciple et son serviteur, dès ce moment et à toujours.

Oh  ! lecteur, allez aujourd'hui même et dites ces choses à Jésus, si vous portez un intérêt sérieux à votre âme. Dites-lui ces choses à votre manière et dans votre propre langage.

Si un docteur venait nous visiter pendant que vous êtes malade, vous sauriez bien lui expliquer où vous souffrez ; de même, si votre âme sent réellement son mal, vous saurez sûrement ce que vous devez dire à Christ.

Ne craignez pas qu'il refuse de vous sauver parce que vous êtes pécheur. C'est là le véritable office de Christ ; il a dit lui-même : « Je ne suis pas venu appeler les justes à la repentance, mais les pécheurs (Luc, V, 32).  »

Ne retardez pas, parce que vous vous sentez trop indigne ; — ne différez pour aucune chose ni pour personne. Tout délai est une suggestion du malin. Allez à Christ tel que vous êtes. Plus vous êtes mauvais, plus vous devrez sentir le besoin d'aller à lui. Vous ne vous améliorerez jamais en différant.

Ne craignez rien, quoique votre prière soit encore pleine d'hésitation, que vos paroles soient faibles et votre langage misérable. Jésus vous comprendra toujours. Notre bien-aimé Sauveur comprend les pécheurs, comme une mère comprend toujours les premiers bégaiements de son enfant. Il peut lire dans un soupir et deviner le sens du moindre gémissement.

Ne vous laissez pas aller au découragement, si vous ne recevez pas une réponse immédiate. Quand vous parlez, Jésus prête l'oreille ; si sa réponse tarde, c'est qu'il a pour cela de sages motifs et qu'il veut éprouver votre persévérance. Continuez à le prier, et la réponse viendra sûrement. « Quoiqu'il tarde, attends-le ;  » sans doute à la fin il viendra.

Oh  ! lecteur, si vous souhaitez d'être sauvé, rappelez-vous mon avis de ce jour. Agissez, en conséquence, avec droiture et courage, et vous serez sauvé.


***


Enfin, je m'adresse à ceux qui prient.

J'espère que bon nombre de ceux qui lisent ce traité savent ce que c'est que prier, et qu'ils ont reçu l'Esprit d'adoption. À tous ceux qui sont dans ce cas, j'offrirai quelques conseils fraternels et quelques paroles d'exhortation.

L'offrande de l'encens dans le tabernacle devait être faite d'une certaine manière. Toute espèce d'encens ne pouvait pas y être employée ; souvenons-nous-en, et SOYONS ATTENTIFS AU SUJET DE NOS PRIÈRES ET À LA MANIÈRE DONT NOUS PRIONS.

Frères qui priez, si le cœur du chrétien vous est quelque peu connu, vous devez être souvent dégoûtés de vos propres prières, et ces paroles de Paul : « J'ai bien la volonté de faire ce qui est bien, mais je fais le mal que je ne voudrais pas faire (Rom., VII, 18, 19)  ; » ces paroles, dis-je, ne vous ont peut-être jamais fait une impression si profonde que quand vous avez été quelquefois à genoux. Vous avez alors compris le sens de ces paroles de David : « J'ai en haine les paroles vaines  ; » et vous avez sympathisé avec ce pauvre Hottentot converti, qui fut entendu, disant : « Seigneur, délivre-moi de tous mes ennemis ; mais surtout cet homme méchant, qui est moi-même !  »

Il est peu d'enfants de Dieu qui n'aient trouvé que le moment de la prière était souvent une lutte. Le démon ressent une rage toute particulière contre ceux qu'il voit à genoux, priant ; aussi suis-je sous l'impression que des prières, qui n'excitent en nous aucun trouble, doivent être tenues grandement pour suspectes. — Je crois que nous sommes d'assez pauvres juges de la bonté de nos prières, et que souvent celles qui nous plaisent le plus sont les moins agréables à Dieu.

Permettez-moi, comme votre compagnon dans la lutte chrétienne pour l'Évangile, de vous adresser quelques mots d'exhortation.

Il y a une chose au moins que nous sentons tous, c'est que nous devons prier. Nous ne pouvons y renoncer : nous devons marcher en avant.

Je recommande donc à votre attention comme une chose importante, le respect et l'humilité en priant.

N'oublions jamais ce que nous sommes, et combien c'est une chose solennelle que de parler à Dieu. GARDONS-NOUS DE PARAÎTRE EN SA PRÉSENCE AVEC NÉGLIGENCE ET LÉGÈRETÉ.

Disons-nous à nous-mêmes :

«  La terre où je suis est sainte (Exode, III, 5).

C'est ici la porte des cieux (Gen., XXVIII, 17).  »

Si je ne prends pas garde à ce que je dis, je me moque de Dieu. « Si j'eusse pensé quelque iniquité en mon cœur, le Seigneur ne m'eût point écouté (Ps. LVII, 18).  »

Gravons dans notre mémoire ces paroles de Salomon : « Ne te précipite point à parler, et que ton cœur ne se hâte point de prononcer aucune parole devant Dieu ; car Dieu est aux cieux, et toi tu es sur la terre (Ecclés., V, 2).  »

Je vous recommande ensuite de prier par l'esprit.

J'entends par là que nous devons toujours tâcher d'être dirigés par l'Esprit dans nos prières et nous garder par-dessus toutes choses du formalisme. Il n'y a rien de si spirituel qui ne puisse devenir une forme, et c'est tout spécialement vrai de la prière particulière. Nous pouvons insensiblement prendre l'habitude, en employant le langage le plus convenable et en offrant les prières les plus scripturaires, de faire cependant tout cela par routine, sans conviction, et tourner tout le jour dans un ancien chemin battu, comme un cheval dans un moulin.

Je désire toucher à ce sujet avec délicatesse et précaution. Je sais qu'il y a un certain nombre d'objets importants et toujours nécessaires QUE NOUS DEVONS DEMANDER CONTINUELLEMENT À DIEU, même en nous servant des mêmes termes, sans qu'il y ait rien en cela de formaliste.

Ainsi, Satan, le monde et nos cœurs sont toujours les mêmes, et nous ne pouvons nous empêcher d'en parler chaque jour et presque de la même manière ; mais voici ce que j'entends, et nous devons être fort attentifs sur ce point.

Si, par la force des choses, le squelette et l'enveloppe de nos prières sont presque une habitude, efforçons-nous de combattre cette tendance au formalisme en les revêtant autant que possible de l'esprit. Ainsi, lire des prières est un usage que je ne saurais approuver  ; si nous pouvons dire à notre docteur quel est l'état de notre corps sans consulter un livre, nous devons aussi être capables de dire à Dieu quel est l'état de notre âme sans le secours d'une liturgie : je ne fais pas d'objection à ce qu'un homme fasse usage de béquilles quand il commence à recouvrer l'usage d'un membre cassé : il vaut mieux pour lui de se servir de béquilles que de ne pas marcher du tout. Mais si je le voyais toute sa vie se servir de béquilles, je n'y verrais pas matière à le féliciter ; j'aimerais le voir assez fort pour qu'il pût jeter loin de lui ses béquilles.

Je vous recommande encore de faire de la prière une affaire régulière de la vie.

Je crois devoir dire quelque chose du prix que j'attache à voir un temps régulièrement fixé chaque jour pour la prière. DIEU EST UN DIEU D'ORDRE.

Les heures régulières de sacrifice du matin et du soir dans le temple de Jérusalem n'avaient pas été déterminées telles qu'elles l'étaient sans avoir leur signification. Le désordre est universellement un des fruits du péché. Cependant je ne voudrais replacer personne sous le joug de la loi et des formes.

Ce que j'entends, c'est qu'il importe à la santé de votre âme d'accorder à l'affaire de la prière une portion déterminée dans l'emploi des vingt-quatre heures dont chaque jour de votre vie se compose.

Comme vous avez un temps fixe pour manger, pour dormir et pour travailler, accordez de même un temps à la prière.

Choisissez vous-même l'heure et le moment.

Mais, pour le moins entretenez-vous avec Dieu chaque matin avant que vous conversiez avec les hommes, et parlez-lui le soir après que vous en avez fini avec le monde et que son bruit ne vous importune plus.

Mettez-vous dans l'esprit que la prière est une des choses capitales de chaque jour. Ne la reléguez pas dans un coin. Ne lui donnez pas les bribes, les restes et les rognures de votre journée. Quelle que soit l'affaire dont vous vous occupiez d'ailleurs, faites une affaire de la prière.

Je vous recommande, en outre, la persévérance dans la prière.

Une fois l'habitude prise, ne l'abandonnez plus jamais.

Votre cœur vous dira quelquefois « que vous avez eu la prière de famille, qu'il n'y a pas grand mal à laisser de côté votre prière particulière.  »

Votre corps vous dira quelquefois « que vous êtes souffrant, endormi, fatigué, que vous n'êtes pas en état de prier.  »

Votre esprit vous dira aussi parfois « que vous avez d'importantes affaires à traiter aujourd'hui et que vous pouvez bien abréger vos prières.  »

Regardez toutes ces suggestions comme venant directement du démon. C'est tout comme s'il vous disait : « Négligez le soin de votre âme.  »

Je ne prétends pas que les prières doivent être toujours de la même longueur ; mais j'entends qu'aucune excuse ne doit vous les faire négliger ou abandonner. Ce n'est pas pour rien que Paul a dit : « Persévérez dans la prière,  » et « priez sans cesse.  »

Il n'entendait pas par là que les hommes dussent être sans cesse à genoux, comme une ancienne secte, celle d'Euchytes, le supposait ; mais il pensait que nos prières devaient être semblables à un holocauste qui brûle sans cesse, qu'on devait y persévérer chaque jour ; qu'elles devaient être aussi régulières que le temps des semailles et celui de la moisson, que l'été et l'hiver ; un acte qui devait avoir sans cesse son cours à des époques régulières, qui devait ressembler au feu de l'autel, lequel ne consume pas toujours les sacrifices, mais n'est jamais complètement éteint.

N'oubliez pas non plus que vous pouvez rattacher vos dévotions du matin à celles du soir par une succession non interrompue de courts élans de prières. Même, quand vous êtes en société, à vos affaires ou dans les rues, vous pouvez toujours envoyer silencieusement en haut de petits messagers ailés, comme le fit Néhémie en la présence d'Artaxerce, et ne jamais penser que le temps qu'on donne à Dieu soit un temps perdu. Une nation ne devient pas plus pauvre parce qu'elle perd une année sur sept en gardant le sabbat. Jamais un chrétien ne trouvera non plus qu'il a perdu quelque chose dans le cours d'une longue vie pour avoir persévéré dans la prière.

Je vous recommande encore du sérieux et de la chaleur dans la prière.

Il n'est pas nécessaire de crier ni d'élever beaucoup la voix en priant pour prouver son zèle. Mais il est à désirer qu'on y mette son cœur et que la prière soit chaleureuse et fervente  ; IL FAUT, en un mot, QUE VOUS PRIIEZ COMME ÉTANT RÉELLEMENT INTÉRESSÉ PAR CE QUE VOUS FAITES ET CE QUE VOUS DEMANDEZ.

La prière fervente est la seule profitable. C'est ce que nous enseignent les expressions que l'écriture emploie au sujet de la prière, quand elle se sert des mots de « crier, heurter, lutter, travailler, s'efforcer,  », et c'est la leçon qui ressort des exemples qu'elle nous donne :

celui de Jacob à Féniel, quand il disait à l'ange : « Je ne le laisserai point aller que tu ne m'aies béni (Gen., XXXII, 26)  ; »

celui de Daniel quand il plaidait avec Dieu : « Mon Dieu, prête l'oreille et écoute ; Seigneur, exauce ; Seigneur, pardonne ; Seigneur, sois attentif et opère ; ne tarde point à cause de toi-même, ô mon Dieu (Dan., IX, 19)  ! »

celui de Jésus-Christ dont il est écrit : « Pendant les jours de sa chair ayant offert avec de grands cris et avec larmes des prières et des supplications (Héb., V, 7).  »

Hélas  ! combien le plus grand nombre de nos prières diffèrent de celles-là ; comme elles semblent froides et languissantes en comparaison ; et de combien de nous Dieu pourrait-il dire avec raison  : « Vous ne sentez pas réellement le besoin des choses que vous demandez. »

Efforçons-nous de nous corriger de ce défaut ; demandons, comme nous attendant à périr si nous ne sommes pas exaucés ; mettons-nous bien dans l'esprit que des prières froides sont un sacrifice sans feu ; souvenons-nous de l'histoire de Démosthène, le grand orateur, quand un homme vint à lui pour lui demander de plaider sa cause. Pendant qu'il lui expliquait son affaire froidement et sans la moindre animation, Démosthène semblait l'écouter sans attention. À cette vue, cet homme lui cria avec angoisse que tout ce qu'il lui racontait était bien la vérité : « Ah  ! lui dit Démosthène, maintenant je vous crois.  »

Je vous recommande ensuite de prier avec foi.

Nous devons nous efforcer de croire que nos prières sont toujours entendues, et que si nous demandons quelque chose selon la volonté de Dieu, il nous exaucera. C'est la parole formelle de notre Seigneur Jésus-Christ : « Tout ce que vous demanderez en priant, croyez que vous le recevrez et il vous sera accordé (Marc, XI, 24).  »

La foi est à la prière ce que la plume est à la flèche ; sans elle, la prière n'atteindra pas le but.

NOUS DEVONS CULTIVER L'HABITUDE D'APPUYER NOS PRIÈRES SUR DES PROMESSES, cherchant à nous en appliquer quelqu'une et disant au Seigneur : « C'est appuyé sur ta propre Parole, que nous te faisons cette demande ; fais-nous selon ta promesse.  »

Cette habitude était celle de Jacob, de Moïse, de David, et le psaume CXIX est plein de demandes faites selon la Parole.

SURTOUT, NOUS DEVONS ENTRETENIR EN NOUS L'HABITUDE D'ATTENDRE DES RÉPONSES À NOS PRIÈRES. Nous devons imiter le marchand qui envoie ses vaisseaux sur mer. Nous ne devons nous tenir pour satisfaits que quand nous obtenons quelque réponse.

Hélas  ! il y a peu de points sur lesquels le chrétien soit plus en défaut que sur celui-ci. L'Église de Jérusalem faisait des prières incessantes pour Pierre quand il était dans la prison ; mais la prière ayant été exaucée, personne ne voulait y croire (Actes, XII, 15). Un ancien docteur disait avec raison « qu'il n'y a pas de signe plus certain d'une prière vaine que le peu de souci, chez ceux qui la font, d'obtenir ce qu'ils ont demandé.  »

Je vous recommande la hardiesse dans la prière.

Il y a une certaine familiarité malséante dans les prières de certaines personnes que je ne saurais approuver ; mais il y a cependant une sainte hardiesse qui est extrêmement désirable. Telle était celle de Moïse quand il plaidait avec Dieu pour qu'il ne détruisit pas lsraël, et qu'il disait : « Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : Il les a retirés à mauvais dessein pour les tuer dans les montagnes ? Reviens de l'ardeur de la colère (Exode, XXXII, 12)  ; » ou comme celle de Josué lorsque les enfants d'Israël furent battus devant Haï : « Que feras-tu à ton grand nom ?  »

C'était cette hardiesse qui distinguait particulièrement Luther et qui faisait dire de lui, « que ses sollicitations étaient si humbles qu'elles étaient comme celles d'un mendiant et cependant si pleines d'assurance qu'on sentait qu'elles s'adressaient à un père chéri et à un ami.  » Or, je crois que nous restons fort au-dessous de ce que nous devrions faire à cet égard et que nous ne réalisons pas suffisamment les privilèges des fidèles.

Nous ne crions pas aussi souvent que nous le devrions :

«  Seigneur, ne sommes-nous pas ton peuple ?

N'est-ce cas pour ta gloire que nous devons être sanctifiés !

N'est-ce pas pour ton honneur que ton Évangile doit être abondamment prêché ? »

Je vous recommande aussi la plénitude dans vos prières, c'est-à-dire qu'elles contiennent aussi complètement que possible l'expression de vos divers besoins.

Je n'ai pas oublié que notre Seigneur nous tient en garde contre l'exemple des Pharisiens qui faisaient de longues prières, qu'il nous commande quand nous prions de ne pas user de vaines redites ; mais je ne dois pas oublier, d'un autre côté, qu'il a sanctionné, par son exemple, l'usage de longues dévotions, en passant lui-même toute la nuit à prier Dieu.

À tout événement, il n'est guère à craindre que, de nos jours, on tombe dans l'abus des prières excessives. Ne pourrait-on pas craindre plutôt que beaucoup de croyants de nos jours ne prient que trop peu ?

Le temps que beaucoup de chrétiens consacrent à des réunions de prières n'est-il pas en général trop court ? Je crains fort qu'on ne puisse répondre à ces questions d'une manière satisfaisante. Je crains aussi que les dévotions particulières de plusieurs ne soient singulièrement maigres et écourtées, à peine suffisantes pour prouver que ceux qui les font sont encore vivants, mais rien de plus. Ils semblent avoir réellement peu besoin de Dieu, avoir peu à le confesser, peu à le prier, peu à lui rendre grâces.

Rien de plus commun que d'entendre des fidèles se plaindre du peu de progrès qu'ils font. — Ils ne croissent pas autant dans la grâce, disent-ils, qu'ils le voudraient ; mais ne pourrait-on pas plutôt supposer avec raison qu'ils ont autant de grâce qu'ils en ont demandé ?

Ce que Jacques dit ne doit-il pas s'appliquer à eux : qu'ils reçoivent peu, parce qu'ils demandent peu ?

La cause de leur faiblesse n'est-elle pas tout entière dans leurs prières exiguës, limitées, amoindries et précipitées ? Ils ne reçoivent pas, parce qu'ils ne demandent pas. Oh ! lecteur, sache que tu n'es pas à l'étroit dans les entrailles de Christ ; le Seigneur a dit : « Ouvre la bouche, et je la remplirai.  » Mais nous sommes comme ce roi d'Israël qui frappa la terre trois fois, puis s'arrêta, quand il aurait dû la frapper cinq ou six fois (2 Rois, XIII, 18, 19).

Je vous recommande encore la spécialité dans la prière.

Nous ne devons pas nous contenter de généraliser nos demandes ; mais NOUS DEVONS EXPOSER NOS BESOINS EN DÉTAIL DEVANT LE TRÔNE DE LA GRÂCE.

Il ne suffit pas de confesser que nous sommes pécheurs ; mais nous devons nommer les péchés dont notre conscience nous avertit que nous sommes le plus coupables.

Ce n'est pas assez de prier pour que nous soyons sanctifiés ; nous devons mentionner les grâces dont nous nous sentons le plus dépourvus.

Il ne suffit pas que nous disions au Seigneur que nous sommes dans l'inquiétude ; nous devons décrire de quelle nature sont nos inquiétudes, ses circonstances.

C'est ce que fit Jacob, quand il craignit la rencontre de son frère Esaü : il dit à Dieu en détail ce qu'il avait à redouter (Gen., XXXII, 11).

C'est ce que fit Eliézer lorsqu'il alla à la recherche d'une femme pour le fils de son maître : il exposa devant Dieu exactement quels étaient ses désirs (Gen., XXIV, 12).

C'est ce que faisait aussi saint Paul, quand il se plaignait d'avoir une écharde dans la chair : il cria au Seigneur (2 Cor., XII, 8).

Voilà des exemples d'une foi et d'une confiance véritables !

Nous ne devons pas croire que rien soit trop petit pour être exposé devant Dieu. Que penserions-nous d'un malade qui dirait à son docteur simplement qu'il souffre, sans entrer dans aucun détail sur ses souffrances ; ou de cette femme qui dirait à son mari qu'elle est malheureuse, sans lui rien dire des causes de son malheur ; ou d'un enfant qui dirait à son père qu'il est dans la peine, sans ajouter rien de plus ?

Oh  ! lecteur, Christ est le véritable époux de notre âme, le vrai médecin de notre cœur, le père réel de son peuple ; montrons-lui que nous le sentons vivement en étant sans réserve dans nos rapports avec lui, — n'ayant pour lui aucun secret. Disons-lui tout ce que nous avons dans le cœur.

Je vous recommande encore l'intercession pour les autres dans vos prières.

Nous sommes tous égoïstes par nature, et notre égoïsme cherche toujours à se cramponner à nous, même quand nous sommes convertis. Il y a en nous une tendance à ne nous occuper que de notre propre âme, — de nos propres luttes spirituelles, — de nos progrès en religion, — et à oublier les autres. Nous devons combattre cette tendance, surtout quand elle se manifeste dans nos prières. Nous devons nous étudier à les faire dans l'esprit le plus large, nous exciter à présenter d'autres noms que le nôtre devant le trône de grâce, à porter dans nos cœurs le monde entier :

les païens,

les catholiques romains,

le corps des vrais chrétiens

les Églises de la communion protestante,

le pays dans lequel nous vivons,

la congrégation à laquelle nous appartenons,

la famille dans laquelle nous habitons,

les amis et les parents avec lesquels nous sommes liés.

Nous devons prier pour chacun et pour tous. C'est là la plus haute charité. Celui qui aime en prière aime le mieux. C'est ce qui élargit nos sympathies, ouvre nos cœurs, et fait la santé de nos âmes, en contribuant au bien de l'Église.

La prière est comme l'huile nécessaire pour graisser les rouages de tous les instruments employés à répandre l'Évangile.

Ceux qui intercèdent font autant pour la cause du Seigneur que Moïse sur la montagne, lorsque Josué combattait à la tête d'Israël. — Ils imitent Jésus-Christ, en portant sur leurs poitrines les noms de ses disciples, comme le fait leur souverain Sacrificateur devant le Père. Oh ! si, comme ministre du Seigneur, j'avais à choisir une congrégation, je lui demanderais de m'en donner une qui prie.

Je vous recommande ensuite la reconnaissance dans vos prières.

Je sais bien que louer Dieu et prier Dieu sont deux choses différentes ; mais je vois dans la Bible une union si étroite entre la prière et la louange, que je n'ose pas appeler une véritable prière celle où les actions de grâces n'ont pas leur place. Ce n'est pas pour rien que saint Paul disait : « Ne vous inquiétez d'aucune chose, mais exposez vos besoins à Dieu en toute occasion, par des prières, des supplications avec des actions de grâces (Philip., IV, 6). — Persévérez et veillez dans la prière et dans les actions de grâce (Col., IV, 2).  »

C'est par pure miséricorde que nous ne sommes pas en enfer.

C'est par grâce que nous avons l'espérance des cieux.

C'est par grâce que nous vivons dans un pays qui jouit de la lumière spirituelle, que nous avons été appelés par l'Esprit, et non abandonnés pour recueillir le fruit de nos œuvres.

C'est par miséricorde que nous vivons encore et que nous avons des occasions de glorifier Dieu d'une manière active et passive.

Or, toutes ces pensées doivent se presser dans notre esprit quand nous parlons avec Dieu, et nous ne devrions jamais ouvrir nos lèvres pour prier, sans bénir Dieu pour cette libre grâce par laquelle nous vivons, et pour ce tendre amour qui dure éternellement.

Jamais aucun saint n'a existé qui ne fût plein de reconnaissance. Presque dans chacune de ses épîtres, saint Paul commence par des actions de grâces ; et on trouve la même chose chez tous les chrétiens distingués des époques postérieures.

Oh  ! lecteur, si nous voulons être des lumières brillantes, et éclatantes dans le temps où nous vivons, attachons-nous à l'esprit de louanges, et surtout que nos prières soient pleines d'actions de grâces.

Je vous recommande enfin la vigilance dans vos prières.

La prière est, de tous les points de la religion, celui sur lequel nous devons apporter la plus grande attention.

C'est là que commence la vraie religion ; là qu'elle fleurit, — et là aussi qu'elle tombe en décadence. Dites-moi ce que sont les prières d'un homme, et je vous dirai bientôt quel est l'état de son âme.

La prière est le pouls spirituel par lequel la santé d'une âme est attestée.

La prière est le baromètre spirituel, au moyen duquel nous pouvons toujours savoir si le temps est serein ou brumeux dans nos cœurs.

Oh  ! ayons toujours l'œil tendu vers nos dévotions particulières. Elles forment la moelle et le principe vital de notre christianisme pratique. Les sermons, les livres et les traités, les comités pour des objets religieux et la société des gens pieux, sont des choses toutes bonnes à leur place ; mais ELLES NE COMPENSERONT JAMAIS LA NÉGLIGENCE DES PRIÈRES PARTICULIÈRES.

Faites attention aux lieux, aux sociétés et aux compagnons qui vous séparent de la communion de Dieu et rendent vos prières lourdes, et alors soyez sur vos gardes. Observez de près quels sont les amis et les occupations qui laissent votre âme sous l'impression la plus spirituelle et la mieux disposée à s'entretenir avec Dieu ; et alors attachez-vous-y fortement.

Lecteur, vous voulez seulement prendre soin de vos prières, j'ose vous assurer que VOTRE ÂME NE COURRA JAMAIS DE DANGER SÉRIEUX.

Je soumets ces divers sujets à votre attention particulière, je le fais, en toute humilité. Je sais que personne n'a plus besoin de se les rappeler que moi-même ; mais je crois qu'ils contiennent la vérité de Dieu, et je voudrais que moi et tous ceux que j'aime le sentissions davantage.

L'époque où nous vivons demande tout particulièrement qu'on prie beaucoup. Je souhaite que l'Église de Christ, en 1852, soit tout spécialement une Église de prière.

Je désire, et c'est la prière de mon cœur en répandant ce traité, de provoquer un plus grand esprit de prière.

Je souhaite que ceux qui n'ont pas encore prié sortent de leur sommeil, se lèvent et crient au Seigneur, et que ceux qui prient déjà examinent s'ils ont priés jusqu'ici autant et comme ils devaient le faire.

Et maintenant, si par la suite de la lecture de ce traité, quelqu'un était amené à prier pour la première fois, ou si, priant déjà, il se sentait désormais pressé de le faire avec plus d'ardeur, je lui demanderai une seule chose en faveur de celui qui l'a écrit, c'est de souvenir de lui dans ses prières.

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