Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VI.

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Je vous demande si vous priez, parce que la négligence de la prière est une des grandes causes de toute rechute.

Rechute et apostasie sont, à des degrés divers, une même chose, et j'entends parler ici de ces actes par lesquels on revient en arrière en religion, après en avoir fait une profession sincère. On peut bien courir pour un temps comme le firent les Galates, et ensuite se détourner pour suivre et s'attacher à de faux docteurs.

Ces personnes peuvent confesser hautement leur foi, pendant que leurs sentiments sont vifs et brûlants, comme le fit Pierre ; puis, quand l'heure de l'épreuve est survenue, renier leur Maître.

Des hommes peuvent, comme les Éphésiens, perdre leur premier amour et leur zèle pour bien faire, et se refroidir, comme cela arriva à Marc, le compagnon de Paul.

Tels peuvent suivre un apôtre pour un temps ; puis, comme Démas, retourner au monde. Toutes ces choses se voient souvent parmi nous.

C'est une chose douloureuse et triste que l'apostasie : de tous les malheurs, c'est le plus grand qu'un homme puisse éprouver. Un navire échoué, un jardin couvert de mauvaises herbes, une harpe sans cordes, une église en ruines, sont autant d'objets tristes à la vue ; mais l'apostasie est quelque chose de plus triste encore. Je n'ai pas le moindre doute que la grâce véritable ne peut pas se perdre, et que la vraie union avec Christ ne peut jamais être rompue.

Mais je crois qu'un homme peut tomber assez bas pour perdre de vue sa propre grâce et désespérer de son salut, et si ce n'est pas là l'enfer, C'EST UN ÉTAT QUI EN EST SANS DOUTE BIEN PRÈS.

Une conscience blessée,

un esprit dégoûté de lui-même,

une mémoire pleine de remords ;

un cœur percé par les flèches du Tout-Puissant,

une âme écrasée par le poids d'une accusation intérieure,

tout cela est une façon d'enfer, c'est un enfer sur la terre. Cette parole du Sage est aussi vraie que solennelle : « Celui qui a le cœur pervers sera rassasié de ses voies  » (Prov., XIV, 15).

Maintenant quelle est la cause de la plupart des apostasies ?

Je crois pouvoir dire, d'une manière générale, qu'une des principales causes, c'est la négligence dans la prière particulière.

Naturellement, l'histoire secrète des chutes ne sera connue qu'au dernier jour. Je peux seulement donner mon avis comme ministre de Jésus-Christ et comme versé dans l'étude du cœur humain. Cet avis est, je le répète distinctement, que les apostasies commencent généralement par la négligence de la prière particulière.

Des Bibles lues et des sermons entendus sans prière ;

des mariages contractés et des voyages entrepris sans prière ;

des demeures choisies et des liaisons formées sans prière ;

l'exercice de la prière lui-même, expédié à la hâte et sans aucune participation du cœur :

voila les pas rétrogrades par lesquels un grand nombre de chrétiens tombent dans la condition d'une paralysie spirituelle, qui les amène à ce point où Dieu permet qu'ils fassent quelque lourde chute.

C'est le procédé qui forme :

— les Lot avec leurs tergiversations,

— les Sanson avec leurs inconstances,

— les Salomon entraînés par leurs femmes dans l'idolâtrie,

— les inconséquents Asa,

— les faibles Josaphat,

— les Marthe s'inquiétant de beaucoup de choses,

qui sont eu si grand nombre dans l'Église de Christ. — Souvent, la simple histoire de ces cas pourrait se résumer par ce peu de mots : « Ils ont négligé de prier en particulier.  »

Soyez certains que les hommes sont déjà tombés dans leur intérieur, avant de tomber en public.

Ils étaient déjà rebelles quand ils s'agenouillaient, longtemps avant de l'être aux yeux du monde. Comme Pierre, ils commencèrent par mépriser les avertissements du Seigneur, de veiller et de prier, et alors, comme l'Apôtre, leur force les abandonna, et à l'heure de la tentation, ils renièrent leur Seigneur.

Le monde enregistre leurs chutes et il s'en moque hautement  ; mais le monde n'en connaît pas les véritables causes. Les païens avaient réussi à forcer Origène d'offrir de l'encens aux idoles, en la menaçant, s'il refusait, d'un châtiment pire que la mort. Ils triomphèrent alors grandement à la vue de sa lâcheté et de son apostasie ; mais ils ignoraient ce fait qu'Origène nous révèle lui-même : c'est que le matin même, il avait quitté sa chambre à coucher en grande hâte, SANS TERMINER SES PRIÈRES HABITUELLES.

Lecteur, si vous êtes réellement chrétien, j'espère que vous ne deviendrez jamais un apostat ; mais si vous voulez vous en préserver, rappelez-vous ma question : « Priez-vous  ?  »

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