Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

QUE FAUT-IL FAIRE POUR ÊTRE SAUVÉ ?


V.


Un homme charitable de la ville de ** consacrait chaque année une certaine somme qu'il employait à faire sortir de prison des personnes qui y étaient retenues pour de petites dettes ; il avait choisi M. Blichon pour être le dispensateur de ses libéralités chrétiennes, car il donnait avec l'esprit qui préside au don du précieux verre d'eau froide.

Huit jours après l'entrevue que le pharmacien avait eu avec M. Huber, il lui envoya douze cents francs pour faire élargir un malheureux père de famille que la froide cruauté d'un capitaliste bien connu par son avarice avait fait jeter en prison.

En recevant cet argent, le pharmacien pensa tout de suite que si le Seigneur voulait le faire servir à la délivrance de l'infortuné débiteur, il pouvait aussi le faire servir à la délivrance spirituelle de M. Huber ; il écrivit donc à celui-ci de se rendre chez lui le lendemain à midi.

M. Huber fut exact au rendez-vous... un quart d'heure après ils étaient dans la prison. M. Blichon demanda le prisonnier qu'il venait délivrer ; celui-ci se présenta devant lui, triste, abattu et portant sur tous ses traits des traces profondes de douleurs intérieures ; M. Huber se sentit plein de compassion pour lui, tout en se disant il est malheureux, mais moi je le suis bien davantage.

Le pharmacien interrogea le débiteur, et lui demanda s'il avait le moyen de payer son créancier. Comment le payerai-je répondit-il, puisque je suis sans ressources ; si je l'eusse pu je ne serais pas ici. Eh bien ! lui dit le pharmacien, prenez courage, Mr. M.*** m'a remis de l'argent pour payer votre dette...

Que je suis heureux ! s'écria-t-il, en entendant ces paroles ! Je suis libre, oui je suis libre... Il prit la main du pharmacien qu'il baisa avec transport... Oh ! dites-moi, Monsieur, où est mon libérateur ; j'irai lui témoigner toute ma reconnaissance. Je ne le connais pas, mais je sens que je l'aime et qu'il est là dans mon cœur comme s'il y eût été toujours. Oh ! parlez-moi de lui...

Dans le transport de sa joie, il ne savait ni ce qu'il faisait ni ce qu'il disait.

Quelques moments après, son écrou était levé, et, joyeux, il respirait l'air si doux et si pur de la liberté. M. Huber avait suivi cette scène avec une grande attention ; il avait vu dans un court espace de temps la joie succéder à la tristesse... la liberté a l'esclavage... M. Blichon, de son côté, tout en ayant l'air de ne s'occuper que du prisonnier, ne s'occupait que de M. Huber pour lire sur son visage les différentes impressions qui se succédaient dans son cœur. Il priait Dieu intérieurement de l'instruire par tout ce qu'il voyait. Quand ils furent de retour chez le pharmacien, celui-ci lui demanda s'il avait enfin trouvé le salut...

Pas encore, répondit-il avec tristesse, et, bien plus, je sais que je suis arrivé aux dernières limites du découragement.

Avez-vous observé ce qui s'est passé en quelques instants chez ce malheureux prisonnier ?

Oui, car je l'ai vu passer presque instantanément du plus profond abattement à la joie la plus vive.

Avez-vous observé le moment de cette transition ?

Mais oui, car dès que vous lui avez eu dit que M. M** payait sa dette, sa physionomie a passé tout à coup de la tristesse à la joie.

Et s'il n'avait pas cru, dit le pharmacien en accentuant chaque mot avec une intention qui frappa le maître de pension ?

Mais il serait demeuré dans son abattement.

Et vous, si vous demeurez dans le vôtre, n'est-ce pas parce que vous ne pouvez pas croire que Jésus a donné son sang pour racheter vos péchés ; cet homme a cru un autre homme, cela lui a suffi pour se croire délivré ; et quand la sainte parole de Dieu vous dit à vous, M. Huber : Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé, vous ne voulez pas la croire, qu'y a-t-il donc d'étonnant que vous demeuriez sous le poids de vos péchés ? Sans sa foi, le geôlier de Philippe se serait tué, et cependant que lui dit saint Paul... ces simples mots : Crois au Seigneur Jésus et tu seras sauvé ! et cet homme, qui, était païen, a minuit, se réjouissait une heure après en celui qu'il aimait comme son sauveur, uniquement parce qu'il avait cru en lui.

M. Huber écoutait son vieil ami avec un saisissement inexprimable ; une lutte terrible se passait en lui : il comprenait ce que lui disait M. Blichon, il voulait croire, mais il sentait comme un poids énorme entre son âme et la croix du calvaire vers laquelle il portait ses regards.

Cette lutte intérieure n'échappa pas à son ami qui ouvrit sa Bible et lui dit lentement et solennellement : Au nom de ce livre qui ne peut mentir,


je vous déclare que

si vous croyez que Jésus est mort pour vous sur la croix

vous serez sauvé...


M. Huber, dont la tête était baissée pendant que le disciple de Christ lui parlait avec tant de foi, la releva, et d'une voix forte prononça ces deux mots : JE CROIS.

À peine les eût-il prononcés que son fardeau tomba ; il eût le sentiment de sa délivrance. Décrire sa joie, ses transports, son bonheur, ce serait bien difficile ; il était hors de lui, tout autre que M. Blichon eût dit en l'entendant : « il est plein de vin doux » ; mais pour son vieil ami, il était un heureux enfant d'une nouvelle Pentecôte.

Après avoir dit avec angoisse que ferai-je? Son œil avait vu le salut sur la croix, et le Saint-Esprit en inondant son cœur de joie en faisait une créature nouvelle pour laquelle les choses vieilles étaient passées et toutes choses étaient faites nouvelles.

Mais pourquoi notre plume décrirait-elle ce merveilleux changement, écoutons plutôt M. Hubert lui-même dans une lettre qu'il écrivait à M. Blichon, quelques jours après ce jour mémorable parmi ces jours. Je transcris :

«  Que vous dirai-je mon excellent ami qui ne soit fort au-dessous de tout ce que j'éprouve et de tout ce que je sens. Une révolution immense s'est opérée dans tout mon être. Je suis bien toujours le même homme, mais le même homme avec des idées nouvelles, des désirs nouveaux, des sentiments nouveaux. Tout m'étonne dans le présent comme tout m'afflige dans le passé. Que d'années perdues dans un travail stérile et surtout que de péchés commis ! ! Aussi, je ne sais si je dois plus bénir Dieu de ses biens dans le présent, que de sa longue attente dans le passé.

Ses voies sont mystérieuses, mais ses biens sont sans prix.

Un regard de lui vaut toutes les joies de la terre, et l'assurance qu'il nous donne de notre salut est un trésor dont on ne sait le prix que quand on le connaît. Je l'ai ce trésor, je le possède, je suis vraiment riche, car j'ai ce que les larrons ne peuvent dérober et ce que la rouille ne peut gâter. Je sens que je ne suis pas à moi, mais à un autre, et cet autre c'est Jésus-Christ.

Oh  ! si vous saviez comme je l'aime, ce bon Sauveur ! Et cependant, il y a quelques semaines, il n'était encore pour moi qu'un étranger quoique je ne le fusse pas pour lui.

Il me poursuivait de son amour, il ne voulait pas que je périsse, mais il voulait qu'en croyant à lui, j'eusse la vie éternelle.

J'ai bien souffert, mon excellent ami, et souvent je me suis pris à désespérer, tant je me sentais pécheur. Il aurait pu sans doute abréger ma peine, mais, dans sa sagesse il ne l'a pas voulu.

Il a été bon pour moi de chercher d'abord le salut dans ces routes où la sagesse humaine le cherche, afin de sentir plus tard toute la joie de le trouver dans celle où la sagesse divine l'a placé.

Pendant longtemps je ne vous ai pas compris quand vous me montriez le salut dans la foi et dans la foi seule. Vous me paraissiez exiger si peu de l'homme, que je ne pouvais pas croire que son plus grand bien y fût contenu. Mais quand j'ai cru, j'ai compris et j'ai senti qu'il renfermait des trésors de science comme des océans de bonheur. Colomb spirituel, j'ai posé le pied sur un nouveau monde, où tout étonne par sa grandeur et charme par sa beauté.

Oui, mon excellent ami, LA FOI ET LA FOI SEULE NOUS INTRODUIT DANS LES CONSEILS DE DIEU et nous fait saisir le salut aux pieds de la Croix où les compassions éternelles l'ont déposé.

Insensé que j'étais !

Je croyais pouvoir par mes mérites mériter ce que l'obéissance seule de J.-C. nous a acquis  ; je voulais payer le salut quand le salut se donne ; et, dans mon aveuglement, gagner ce que la Sainte Écriture appelle un héritage.

Tant que j'ai marché dans cette voie, j'ai senti un découragement succéder à un autre découragement ; et le pardon après lequel je soupirais me fuyait... comme cette eau que les lèvres avides de Tantale ne pouvaient atteindre. Si vous m'eussiez dit dans ce moment de me macérer le corps, je l'aurais fait ; de donner mon bien, je l'aurais donné ; mais vous ne saviez que me dire : Crois au Seigneur Jésus... et moi je ne pouvais croire, parce que je trouvais la voie que vous m'indiquiez trop simple et trop facile.

Enfin j'ai cru, dès cette heure bénie parmi mes heures, mes yeux se sont ouverts, et j'ai trouvé sur le Golgotha le pardon de mes péchés. Je ne sais, mon excellent ami, vous rendre bien compte de toutes mes impressions, mais je suis content, mais je suis heureux. La mort qui m'effrayait ne m'effraie plus, la prière est un besoin continuel de mon cœur, je sens aussi un grand amour pour tous ceux qui aiment Jésus-Christ. Quant à mes jouissances passées, elles me semblent un rêve et une folie et je me demande comment pendant de si longues années, j'ai pu leur demander le bonheur.

Adieu, mon vieil ami, adieu, je ne veux pas que cette année s'achève sans vous dire combien je vous aime puisque Dieu s'est servi de vous pour ramener un pauvre pécheur aux pieds de cette croix sur laquelle se trouve attaché le pardon des péchés et aux pieds de laquelle surgît une fontaine d'eau vive qui jaillit en vie éternelle. Puissé-je ne jamais en détourner mes regards.

Priez pour moi, afin que ma foi ne défaille point, et QUE JE MARCHE DANS CES BONNES ŒUVRES QUE JE VOULAIS FAIRE POUR ÊTRE SAUVÉ, MAIS QUE JE FAIS MAINTENANT PARCE QUE JE SUIS SAUVÉ.Oui, priez pour moi, car il est des moments où je tremble à la seule pensée que je pourrais perdre la perle de grand prix que mon Sauveur m'a donnée. Adieu. Votre tout indigne, mais heureux frère en Jésus-Christ, Huber. »


***

Chers lecteurs, qui n'avez pas obtenu le pardon de vos péchés, mais qui désirez réellement et sincèrement l'obtenir, portez comme M. Huber vos regards sur la croix.

Croyez, sans hésiter (c'est la Sainte Bible qui vous le dit), que Jésus-Christ, en mourant pour vous, a payé votre rançon.

Le salut est là et ne peut être que là, et si mille fois vous nous demandiez, âmes travaillées et chargées : Que faut-il faire pour être sauvé ? Mille fois nous vous répondrions : Croyez au Seigneur Jésus, et vous verrez la gloire de Dieu.


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