Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

IV.

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Je me propose, en dernier lieu, de considérer les signes et les preuves par lesquelles la présence du Saint-Esprit est rendue évidente dans le cœur d'un homme.

Quoique ce sujet soit le dernier dans l'ordre de ceux que nous nous sommes proposé de traiter, il n'est pas le dernier en importance. En effet, c'est cette vue du Saint-Esprit qui réclame la plus sérieuse attention de tout chrétien.

Vous avez vu la place que la Bible assigne au Saint-Esprit.

Vous avez appris quelque chose de l'absolue nécessité du Saint-Esprit pour le salut de l'homme.

Vous avez eu un aperçu de la manière dont le Saint-Esprit opère.

Et maintenant arrive la question capitale, bien faite pour exciter l'intérêt de chaque lecteur : « Comment pouvons-nous savoir si nous sommes participants du Saint-Esprit ?  »

Quels sont les signes auxquels nous découvrirons si nous avons l'Esprit de Christ ?

Je commencerai par tenir pour admis que la question que je viens de poser peut être résolue. À quoi serviraient nos Bibles si nous ne pouvions découvrir par elles si nous sommes sur le chemin du ciel ?

Regardons comme un principe établi dans notre christianisme, qu'un homme peut connaître s'il a ou non le Saint-Esprit.

Écartons de nos esprits, une fois pour toutes, les nombreuses preuves de la présence de l'esprit dont tant de gens se contentent. La réception de la sainte cène, l'admission comme membre de l'Église visible, NE SONT PAS DES PREUVES quelconques que nous ayons l'Esprit de Christ.

Enfin, je tiens pour une preuve du plus grossier antinomianisme de dire d'un homme qu'il a le Saint-Esprit aussi longtemps qu'il reste esclave du monde et du péché (antinomianisme. Nom donné, dans l'Église protestante, à la doctrine qui enseigne qu'il est resté dans l'homme assez de bonté morale pour saisir le bien par amour pour Jésus-Christ, sans la crainte de la loi et de l'enfer).

La présence du Saint-Esprit dans un cœur ne peut être reconnue que par ses fruits et ses effets.

Quelque mystérieuses et invisibles que soient ses opérations à l'œil humain, elles conduisent toujours à un certain résultat qui se voit et se sent.

De même que vous savez que l'aiguille est aimantée, quand elle se dirige vers le nord,

que vous jugez qu'un arbre est vivant par sa sève, ses boutons, ses feuilles et ses fruits,

qu'il y a un pilote à bord d'un navire quand sa marche est sage et régulière...,

de même aussi, vous savez que le Saint-Esprit est dans un cœur par l'influence qu'il exerce sur ses pensées, ses affections, ses mœurs, ses opinions et sa vie.

Je pose ce principe largement et sans hésitation. Je ne trouve aucun terrain solide que celui-là. Je ne vois aucune autre sauvegarde contre l'enthousiasme le plus extravagant. Et je le trouve clairement désigné dans ces paroles de. notre Seigneur Jésus-Christ : « On reconnaît chaque arbre à son fruit (Luc, VI, 44),  »

Mais quels sont les fruits particuliers qui indiquent la présence de l'Esprit dans un cœur ?

Je ne trouve aucune difficulté de répondre à cette question.

Le Saint-Esprit opère toujours d'après un certain mode défini. Son ouvrage est l'ouvrage d'un maître. Le monde peut n'y voir aucune beauté. Il est une folie au cœur de l'homme naturel, mais l'homme spirituel discerne toutes choses (I Cor. XI, 15).

UN CHRÉTIEN BIEN INSTRUIT CONNAÎT LES FRUITS DE L'ESPRIT DE DIEU. Permettez-moi de vous les désigner brièvement ici. Ils sont tous évidents et l'on ne saurait s'y méprendre. « ils sont tous aisés à trouver pour l'homme intelligent et droit, et pour ceux qui ont acquis la science (Prov., VIII, 9).  »

Là où se trouve le Saint-Esprit, on trouvera une profonde conviction du péché, et une sincère repentance.

Son office tout spécial est de « convaincre de péché (Jean, XVI, 8).  »

Il montre la parfaite sainteté de Dieu.

Il dévoile l'immense corruption et l'infirmité de notre nature.

Il nous dépouille de notre aveugle propre justice.

Il ouvre nos yeux sur notre horrible culpabilité, sur notre folie et le danger que nous courons.

Il remplit le cœur de tristesse, de contrition, et d'une vive horreur pour le péché comme une chose abominable et que Dieu hait.

Celui qui ne sait rien de tout cela, et qui traverse négligemment la vie, indifférent et sans aucun souci de son âme, est un homme mort devant Dieu. IL N'A PAS L'ESPRIT DE CHRIST.


Là où se trouve le Saint-Esprit, se trouvera une foi vivante en Jésus-Christ comme seul Sauveur.

Sa tâche principale est de rendre témoignage à Jésus-Christ, de prendre les choses de Christ pour les montrer à l'homme (Jean, XVI, 14 Celui-là me glorifiera ; car il prendra de ce qui est à moi, et vous l’annoncera.).

Il conduit l'âme qui sent ses péchés à Jésus et à l'expiation faite par son sang.

Il montre à l'âme ce que Jésus a souffert pour le péché, lui juste pour nous injustes, afin de nous amener à Dieu.

Il enseigne à l'âme malade du péché, que nous n'avons qu'à recevoir Christ, à croire en lui, à nous confier à lui, et que la paix, le pardon et la vie éternelle sont à nous pour toujours.

Il nous fait voir dans l'oeuvre accomplie de la rédemption par Christ, sa magnifique appropriation aux nécessités de notre état spirituel.

Il nous porte à rejeter tout mérite qui nous soit propre, et à tout remettre à Christ, ne regardant et ne nous reposant sur rien, ne nous confiant en rien qu'en Christ, Christ mort pour nos offenses et ressuscité pour notre justification.

Celui qui ignore cela et bâtit sur un autre fondement est mort devant Dieu. IL N'A POINT L'ESPRIT DE CHRIST.


Là où se trouve le Saint-Esprit, on trouvera toujours sainteté de vie et de mœurs.

Il est l'Esprit de sainteté (Rom., I, 4).

Il est l'Esprit sanctifiant.

Il enlève de l'homme le cœur dur, charnel et mondain, et y substitue un cœur tendre, consciencieux et spirituel, qui se complaît dans la loi de Dieu.

Il fait qu'un homme tourne son visage vers Dieu, qu'il souhaite par-dessus tout de lui plaire, et qu'il se détourne de la figure de ce monde et n'en fait plus son Dieu.

Il répand dans le cœur des germes d'amour, de joie, de douceur, de patience, de débonnaireté, de tempérance, de bonté et de foi, les fait croître et porter des fruits agréables.

Celui chez qui ces choses font défaut, et ne connaît rien de la piété pratique et journalière, est mort devant Dieu. IL N'A PAS L'ESPRIT DE CHRIST.


Là où réside le Saint-Esprit, il existera toujours l'habitude de la prière privée et fervente.

Il est l'Esprit de grâce et de supplication ,(Zach., XII, 10).

Il agit dans le cœur comme l'Esprit d'adoption, par lequel nous crions : Abba, Père.

Il fait sentir à l'homme qu'il doit crier vers Dieu, — parler à Dieu, — faiblement — peut-être et en bégayant, — mais qu'il doit gémir sur l'état de son âme.

Il fait que la prière devient aussi nécessaire à l'homme que le souffle à l'enfant, avec cette seule différence que l'enfant respire sans effort, tandis que l'âme nouvellement née prie avec beaucoup de lutte et de combat.

Celui qui ne sait ce que c'est que la prière privée réelle et vivante, et pleine de ferveur, qui se contente de quelque vieux formulaire, ou même s'abstient de prier, est mort devant Dieu. IL N'A PAS L'ESPRIT DE CHRIST.


Enfin, là où est le Saint-Esprit, il y aura toujours l'amour et le respect pour la Parole de Dieu.

Il fait que l'âme nouvellement née désire le lait pur de la Parole, comme l'enfant désire le lait qui est son aliment naturel.

Il fait « qu'il met son plaisir dans la loi de l'Éternel (1 Pierre, II, 2. Ps. 1, 2).  »

Il lui montre une plénitude, une profondeur, une sagesse, et une suffisance dans la sainte Écriture, qui est entièrement cachée aux yeux de l'homme naturel.

Il l'attire vers la Parole, avec une force irrésistible, comme vers une lumière et un flambeau, une manne et une épée, qui sont indispensables pour faire en sécurité le voyage au travers de ce monde.

Si l'homme ne peut pas lire, il fait qu'il aime à entendre, et s'il ne peut entendre, il, lui donne le goût de la méditation solitaire. Mais l'Esprit le conduit toujours à la Parole.

Celui qui ne voit aucune beauté dans la Bible de Dieu, et ne prend aucun plaisir à la lire, à l'écouter ou la comprendre, celui-là est mort devant Dieu. IL N'A PAS L'ESPRIT DE CHRIST.


Ami lecteur, je mets devant vous ces cinq grands signes de la présence de l'Esprit, et j'appelle avec confiance toute votre attention sur eux. Je crois qu'ils la méritent. Je m'inquiète peu, si je les vois sondés, critiqués et contredits.

1. La repentance envers Dieu 

2. la foi en notre Seigneur Jésus-Christ,

3. la sanctification du cœur et de la vie,

4. les habitudes de la prière privée réelle,

5. l'amour et le respect pour la Parole de Dieu,

telles sont les preuves réelles de l'habitation du Saint-Esprit dans une âme. Là où il est, ces signes se rencontreront toujours, et ils manqueront là où il n'est pas.

Je vous accorde franchement que les procédés de l'Esprit ne sont pas toujours uniformes. Les sentiers par lesquels il conduit nos âmes ne sont pas toujours les mêmes. Les expériences des vrais chrétiens dans le commencement surtout diffèrent souvent beaucoup. Ce que j'affirme seulement, c'est que les résultats que produit l'Esprit à la longue sont toujours les mêmes.

Chez chaque chrétien véritable, on trouvera les cinq signes que j'ai mentionnés.

Je vous accorderai encore que le degré de l'action de l'Esprit dans le cœur peut varier considérablement.

Il y a une foi faible et une foi forte,

un amour faible et un amour fort,

une faible obéissance à la volonté de Christ, et une plus entière soumission au Seigneur.

Seulement ce que je maintiens, c'est que les principaux traits du caractère religieux chez tous ceux qui ont l'Esprit y correspondent parfaitement.

Qu'elle soit forte ou faible, la vie est toujours la vie  ; l'enfant au berceau, quoique faible et dépendant, est aussi bien un véritable et fidèle représentant de la grande famille d'Adam , que l'homme le plus fort qui existe.

Ami lecteur, partout où vous voyez ces cinq grands signes, vous voyez un vrai chrétien, ne l'oubliez jamais. Je laisse aux autres d'excommunier et de chasser de l'Église ceux qui n'appartiennent pas à leur propre congrégation, et qui ne servent pas Dieu d'après leur manière particulière. Je n'ai aucune sympathie pour une semblable étroitesse d'esprit.

Montrez-moi un homme qui se repent et qui croit en Christ crucifié, — qui vit saintement, — et qui met sa jouissance dans la Bible et la prière, — et je le regarderai comme un frère. Je vois en lui un membre de la sainte Église universelle, hors de laquelle il n'y a pas de salut. Je le tiens pour un héritier de cette couronne de gloire qui est incorruptible et ne se flétrit jamais. S'il a le Saint-Esprit, il a Christ ; s'il a Christ, il a Dieu ; s'il a Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, — toutes choses sont à lui. Qui suis-je moi, pour lui tourner le dos, parce que je prétends apercevoir un fétu dans son œil.

Mais partout où ces cinq signes de l'Esprit font défaut, nous avons de justes motifs de craindre pour l'âme où ils manquent. Les Églises visibles peuvent coucher cet homme sur leurs registres, lui administrer les sacrements. Des formulaires de prières peuvent lui être lus, — des ministres peuvent par charité l'appeler frère sans que cela change rien à l'état des choses. CET HOMME EST DANS LA ROUTE LARGE QUI MÈNE À LA PERDITION.

Sans l'Esprit, il est sans Christ ;

sans Christ, il est sans Dieu ;

et sans Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit, il est dans un danger imminent.

Le Seigneur ait pitié de lui!

Je me hâte d'arriver à la conclusion, et désire concentrer tout ce que j'ai dit dans quelques mots d'une application directe et personnelle.


1. Je commencerai d'abord par adresser cette simple question à tous ceux qui lisent ce traité. « AVEZ-VOUS OU NON L'ESPRIT DE CHRIST ? »

Je n'ai pas peur de faire cette question, et ne suis pas arrêté par cette remarque commune, qu'il est absurde, enthousiaste et déraisonnable de faire de telles demandes de nos jours. Je m'appuie sur une claire déclaration de l'Écriture. J'y trouve qu'un apôtre inspiré a dit : « Si un homme n'a pas l'Esprit de Christ, il n'est pas à lui  » : Y a-t-il quelque chose de plus sensé, que d'adresser à votre conscience cette demande : « Avez-vous l'Esprit de Christ ?  »

Je ne me laisserai pas arrêter par la folle observation, qu'aucun homme ne peut dire dans ce monde, s'il a ou n'a pas l'Esprit. Aucun homme, dira-t-on ! Mais de quelle utilité nous est donc la Bible ? À quoi servent les Écritures, si elles ne peuvent nous découvrir par où l'on peut aller au ciel ou en enfer ? — Mais la chose que je demande peut être connue. Les preuves de la présence de l'Esprit dans l'âme sont simples, claires et compréhensibles.

Aucun observateur sincère ne pourra se tromper sur ce sujet. Oui, vous pouvez reconnaître si vous avez le Saint-Esprit.

Ami lecteur, je vous engage à ne pas éluder la question que je vous adresse ; je vous prie instamment de la laisser travailler vos cœurs, et si vous voulez vous sauver, cherchez à y faire une réponse sincère.

Le baptême, la qualité de membre de l'Église, la respectabilité, la moralité, la droiture extérieure sont des choses excellentes. Mais ne vous en contentez pas.

Allez plus avant, regardez plus loin. Avez-vous reçu le Saint-Esprit ? Avez-vous l'Esprit de Christ ? («  C'est déjà un bon signe de la grâce, quand un homme désire se sonder et s'examiner lui-même, s'il a la grâce ou non. Il y a dans l'enfant de Dieu, un certain instinct, qui le porte naturellement à désirer de posséder un titre de sa légitimation ; tandis qu'un hypocrite ne redoute rien autant que de sonder sa corruption (Bisbop Hopkins). »)

2. Permettez-moi d'offrir ensuite un solennel avertissement à tous ceux qui sentent qu'ils n'ont pas l'Esprit de Christ. Je serai bref et simple : SI VOUS N'AVEZ PAS L'ESPRIT, VOUS N'ÊTES PAS À CHRIST, non, vous n'êtes pas des siens.

Pensez un moment aux effrayantes conséquences attachées à ces quelques mots : « n'être pas des siens »!

Vous n'êtes pas lavés par le sang de Christ, ni revêtus de sa justice! vous n'êtes pas justifiés !

II n'intercède pas pour vous I

Vous êtes encore dans vos péchés ! Le démon vous réclame comme sien. L'abîme ouvre sa bouche pour vous engloutir ! les tourments de l'enfer vous attendent!

Je ne désire point exciter une terreur inutile. Je veux seulement qu'on envisage avec calme les choses telles qu'elles sont.

Et pour cela il ne faut que peser convenablement un seul texte de l'Écriture. Il est écrit : « SI UN HOMME N'A PAS L'ESPRIT DE CHRIST, IL N'EST POINT À LUI », et d'après ce texte, je ne peux que dire que si vous mourez sans l'Esprit, il eût mieux valu pour vous que vous ne fussiez jamais né.

3. J'ajouterai encore à ceux qui sentent qu'ils n'ont pas l'Esprit, une fervente invitation  ; elle est aussi courte que simple : « Allez et criez à Dieu dès ce jour, au nom de Jésus-Christ, et priez-le de répandre son Saint-Esprit dans votre âme  ».

Il y a toute espèce d'encouragement à le faire. L'Écriture en est garant :

Étant repris par moi, convertissez-vous, je vous communiquerai de mon Esprit en abondance, et je vous ferai comprendre mes paroles (Prov., I, 23)  ».

Si vous, tout méchants que vous êtes, savez donner de bonnes choses à vos enfants, combien plus votre Père céleste donnera-t-il son Saint-Esprit à ceux qui le lui demandent (Luc, XI, 13).

Il y a en outre pour garant l'expérience de milliers d'êtres qui ont fait ainsi, et qui au jour de la résurrection attesteront que lorsqu'ils ont prié ils ont été entendus ; et quand ils ont cherché la grâce ils l'ont trouvée. Et par-dessus tout nous avons pour garantie la personne et le caractère de notre Seigneur Jésus-Christ.

Il désire faire grâce,

il invite les pécheurs à aller à lui,

il ne repousse aucun de ceux qui y vont,

et il donne à tous ceux qui viennent la puissance de devenir enfants de Dieu.

Allez à Jésus, cher lecteur, comme un pauvre pécheur, nécessiteux, humble et contrit, et vous n'irez pas en vain criera lui puissamment qu'il ait pitié de votre âme, et vous n'aurez pas crié en vain.

Confessez-lui vos misères et vos fautes, vos craintes et vos dangers, et il ne vous méprisera pas.

Demandez et vous recevrez, cherchez et vous trouverez, heurtez et l'on vous ouvrira.


J'OSE ASSURER AU PLUS GRAND DES PÉCHEURS QUE

Christ est suffisant pour... TOUT!

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