Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

III

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Le troisième point que je me propose d'envisager est la manière dont procède le Saint-Esprit dans les cœurs de ceux qui sont sauvés.

J'aborde cette partie de mon sujet avec une grande défiance. Je sens profondément qu'il est hérissé de difficultés et qu'il embrasse plusieurs des choses les plus mystérieuses de Dieu. Mais c'est une folie, pour une créature mortelle, de se détourner d'aucune vérité du christianisme à cause des difficultés qu'elle présente. Il vaut mille fois mieux recevoir avec humilité ce que nous ne pouvons pas entièrement comprendre, et croire que ce que nous ne connaissons pas maintenant, nous le connaîtrons plus tard. « Il nous suffit, disait un ancien théologien, d'être assis dans la cour de Dieu, sans prétendre assister à son conseil.  »

En parlant de la manière dont agit le Saint-Esprit, j'établirai simplement quelques grands faits principaux, faits attestés autant par l'Écriture que par notre expérience.

Ce sont des faits patents aux yeux de chaque observateur sincère et bien informé, et que je crois qu'il est impossible de contredire.

Je dis donc que le Saint-Esprit agit sur le coeur de l'homme d'une manière mystérieuse.

Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même nous le dit en termes bien connus : « Le vent souffle où il veut, tu en entends le son, mais tu ne sais ni d'où il vient ni où il va ; il en est de même pour celui qui est né de l'Esprit (Jean , III, 8).  »

Nous ne pouvons expliquer comment et de quelle manière l'Esprit tout-puissant vient dans l'homme et opère en lui. Mais nous ne pouvons pas mieux nous rendre raison de mille choses qui se passent dans le monde de la nature, ni dire comment notre volonté agit journellement sur nos membres, les fait marcher, se mouvoir ou rester en repos à notre gré. Cependant personne ne songe à contester le fait. Ainsi, il en est de même de l'œuvre de l'Esprit : nous devons croire le fait, quoique nous ne puissions dire comment il s'accomplit.

Je dis, en outre, que le Saint-Esprit agit sur le cœur de l'homme d'une manière souveraine.

Il vient chez l'un et ne vient pas chez l'autre. Souvent, il convertit un des membres d'une famille et laisse les autres. Paul n'était pas le seul pharisien qui assistât au meurtre d'Étienne ; mais seul il devint apôtre.

Du temps de John Newton, il y avait un grand nombre de capitaines de navires employés à la traite des nègres, et cependant aucun autre ne devint un prédicateur de l'Évangile. Nous ne pouvons en donner la raison ; comme nous ne pouvons pas dire pourquoi la Chine est un pays païen et l'Angleterre un pays chrétien ; — nous savons que la chose est telle, et c'est tout.

Je dis encore que le Saint-Esprit travaille toujours dans le cœur de l'homme de manière à être senti.

Je ne dis pas que les sentiments qu'il produit soient toujours compris par la personne sur laquelle il agit. Au contraire, souvent ils sont une cause d'angoisse, de combat et de lutte intérieure. Tout ce que je soutiens, c'est que l'Écriture ne nous fournit aucun exemple du Saint-Esprit habitant dans un cœur sans qu'il ait été senti d'une manière ou d'une autre. Partout où il se trouve, il y produit des sentiments qui sont en rapport avec lui.

J'ajouterai de plus que le Saint-Esprit agit toujours sur le cœur de l'homme de manière que sa présence se manifeste dans sa vie.

Je ne dis pas qu'aussitôt qu'il saisit un homme, celui-ci devienne immédiatement un chrétien parfait, dans la vie et la conduite duquel on ne trouve rien que de la spiritualité. Mais ce que je dis, c'est que l'Esprit tout-puissant n'est jamais présent dans une âme sans produire quelques résultats perceptibles dans sa conduite. Il ne dort jamais, n'est jamais inactif. L'ÉCRITURE NE NOUS FOURNIT AUCUN EXEMPLE D'UNE GRÂCE QUI SOMMEILLE. Là où est le Saint-Esprit, on y voit toujours des fruits.

J'ajouterai que le Saint-Esprit agit toujours dans le cœur de l'homme d'une manière irrésistible.

Je ne nie pas qu'il n'y ait quelquefois des efforts et un travail spirituel dans le cœur d'un homme inconverti, qui, en définitive, n'aboutissent à rien ; mais je peux dire avec confiance que lorsque l'Esprit commence réellement une œuvre de conversion, il la mène à sa perfection.

Il opère des changements merveilleux, retourne des caractères sens dessus dessous. Il fait que les choses vieilles sont passées et que toutes choses sont devenues nouvelles. En un mot, le Saint-Esprit est tout-puissant ; rien ne lui est impossible.

Je dis enfin que le Saint-Esprit agit en général sur le cœur de l'homme par l'usage de certains moyens.

La Parole de Dieu, prêchée ou lue, est généralement employée par lui comme instrument de conversion d'une âme. Il applique cette Parole à la conscience ; il la fixe dans le cœur. C'est en général de cette manière qu'il procède. Il y a, sans doute, des exemples de gens convertis sans la Parole (1 Pierre, III, 1 Pareillement, vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la parole, ils soient gagnés sans la parole par la conduite de leurs femmes)  ; mais, en règle générale, la Parole de Dieu est l'épée de l'Esprit. Par elle il enseigne, et il n'enseigne rien autre que ce qui est enseigné dans la Parole.


Je recommande ces six points à votre attention. Leur véritable intelligence sera le meilleur antidote pour tant de fausses et spécieuses doctrines par lesquelles Satan travaille à rendre obscure l'œuvre bénie de l'Esprit.

Celui qui lit ce traité est-il un homme fier et ambitieux qui, dans son orgueilleuse intelligence, rejette l'œuvre du Saint-Esprit à cause de ses mystères et de sa souveraineté  ?

Je l'engagerai à chercher quelque autre argument avant de blâmer notre doctrine, et je lui dirai :

«  Regardez aux cieux qui sont au-dessus de vous et à la terre qui est sous vos pieds, et niez, si vous l'osez, qu'ils sont pleins de mystères.

Regardez la carte du monde où vous vivez et cette merveilleuse différence entre les privilèges d'une nation et ceux d'une autre, — et niez, si vous le pouvez, sa souveraineté.

Allez apprendre à être conséquent ;

soumettez votre esprit orgueilleux à des faits réels et incontestables ;

revêtez-vous de l'humilité qui convient à un pauvre mortel ;

chassez cette affectation de raisonnement sous laquelle vous étouffez vos consciences  ;

osez confesser que, quoique mystérieuse et souveraine, l'œuvre de l'Esprit n'en est pas moins une réalité. »

Celui qui lit ce traité est-il un romaniste ou un demi-romaniste, lequel cherche à se persuader que tous les baptisés et les membres de l'Église ont de droit le Saint-Esprit ?

Je vous dis franchement que vous vous trompez vous-mêmes, en vous imaginant que l'Esprit est dans un homme quand rien n'y atteste sa présence.

Sachez que la présence du Saint-Esprit doit être attestée, non par un nom inscrit sur un registre ou par une place à un banc de famille à l'église, mais par des fruits de vie visibles.

Est-ce un mondain qui lit ces lignes et qui regarde comme du fanatisme et de l'enthousiasme tous les privilèges de l'Esprit habitant en l'homme ? Prenez garde à ce que vous faites : il n'est pas douteux qu'il se rencontre beaucoup d'hypocrisie et de fausse profession religieuse dans les Églises ; — qu'il s'y trouve des millions d'individus dont les sentiments religieux sont une pure déception. — MAIS L'EXISTENCE DE LA FAUSSE MONNAIE N'EST PAS UNE PREUVE QU'IL N'Y EN A PAS DE BONNE.

L'abus d'une chose n'en détruit pas l'usage.

La Bible nous dit clairement qu'il y a certaines espérances, des joies, des douleurs, des sentiments intérieurs inséparables de l'œuvre du Saint-Esprit. — Sachez donc aujourd'hui que vous n'avez pas reçu le Saint-Esprit, si vous n'avez pas encore senti sa présence en vous.

Est-ce entre les mains d'un homme insouciant qui cherche des prétextes que tombe ce traité, d'un homme qui se console par la pensée que vivre comme un chrétien décidé est une chose impossible, et que, dans un monde comme celui-ci, il ne peut pas servir Christ ?

Je lui dirai : Vos excuses sont sans valeur ; — la puissance du Saint-Esprit vous est offerte sans argent et sans prix ; mais sachez aussi qu'il faut avoir la force de la demander.

S'il s'agit d'un fataliste qui s'imagine que c'est chose indifférente qu'un homme reste chez lui ou qu'il aille à l'Église, que s'il doit être sauvé il le sera malgré lu.

Je lui dirai aussi qu'il a beaucoup à apprendre dans ce traité ; — que le Saint-Esprit fait ordinairement son œuvre par l'emploi des moyens de grâce, et que c'est « par l'ouïe  » que la foi vient généralement dans une âme (Rom., X, 17 Ainsi la foi est de ce qu’on entend, et ce qu’on entend par la parole de Dieu.).

Je quitte cette partie de mon sujet et je passe outre ; mais je la quitte avec la douloureuse conviction que rien, dans la religion, ne prouve mieux l'aveuglement de la nature humaine que son incapacité à accepter l'enseignement de l'Écriture sur la manière dont le Saint-Esprit opère quand elle dit : « LE MONDE NE PEUT LE RECEVOIR (Jean, XIV, 17),  » et je citerai à cette occasion les paroles d'un chrétien éminent :

«  Cette opération de l'Esprit a été et sera toujours une chose incompréhensible pour tous ceux qui n'en ont pas fait eux-mêmes l'expérience. Semblables à Nicodème et à d'autres docteurs en Israël, ils raisonnent tant et plus, jusqu'à ce qu'ils s'embarrassent et obscurcissent leur esprit par un conseil sans science ; — et quand ils n'auront pu éclaircir le sujet, ils fourniront la preuve la plus forte de toutes, qu'ils n'en ont rien connu, en l'injuriant dans leur délire, en lui donnant les noms les plus inconvenants et niant à la fin son existence. »


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