Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AVANT-PROPOS.

Le traité intitulé Mammon; or Covetousness the sin of the Christian church, Mammon ou l'amour de l'argent considéré comme le péché dominant dans l'église chrétienne, a produit une grande sensation en Angleterre; plusieurs journaux du continent l'ont cité à diverses reprises comme l'une des productions religieuses les plus remarquables publiées en anglais, et l’on en a vu paraître au delà de 20,000 exemplaires pendant les dix-huit mois qui ont suivi sa publication.

Un si grand succès ne peut être obtenu que par des causes étrangères à un simple à-propos, à l'éclat momentané qu'obtiennent ordinairement les ouvrages couronnés. On sait que celui-ci a été choisi sur 145 essais, présentés au concours ouvert par M. Conquest, médecin anglais, dont l'appel adressé au public commence en ces mots: «Plusieurs des hommes les plus distingués par leur amour du bien et leur sagesse, pensent que l'amour de l'argent est le péché dominant parmi ceux qui font profession de suivre l'évangile; cependant il n'est pas de sujet sur lequel on ait moins écrit.»

En traitant la question des concours en matière d'écrits religieux, M. le pasteur Jayet s'est exprimé sur Mammon dans les termes suivants, lors de l'Assemblée annuelle de la société Evangélique de Lausanne, le 2 août 1857.

«Les expériences faites ailleurs ont pu nous faire entrer dans cette voie (celle des concours ouverts) et pour ne parler que d'une seule, où le contraste entre le but et le moyen se montre aussi saillant que possible; n'a-t-on pas vu, l'année dernière, un médecin de Londres, le médecin Conquest, offrir un prix de 100 guinées à l'auteur du meilleur écrit contre l'amour des richesses et 145 écrivains répondre à cet appel! — Il serait curieux, sans doute, de savoir jusqu'à quel point l'appât de cette somme peut avoir contribué à mettre tant d'esprits et de plumes en mouvement sur un tel sujet. Mais quoiqu'il en puisse être, Mammon, tout au moins se serait pris dans ses propres filets; car l'ouvrage couronné, plein d'élévation et de force évangélique a porté à son règne en Angleterre un coup sensible; il en est déjà à sa cinquième édition. Nous aimons à ajouter que l'auteur, voulant prêcher d'exemple, a fait abandon de la somme pour l'avancement du règne de Dieu.»

Ces paroles nous dispensent de nous étendre sur le mérite de l'ouvrage dont la traduction aurait dû être entreprise par une plume habile et surtout par un homme capable de décider avec sagacité quels devaient être les retranchements indispensables pour satisfaire, hors de l'Angleterre, le public chrétien. Ce n'est donc qu'avec grande défiance et la connaissance de la faiblesse de notre travail que nous le livrons à l'impression.

Diverses causes en ont retardé la publication; Mammon n'excitera plus sous sa nouvelle forme la curiosité qu'il a fait naître au moment de son apparition à Londres; mais le mal que M. Harris a cherché à combattre n'existe-t-il plus et faudrait-il que la mode et la nouveauté prêtassent leur fragile appui à un livre dont le but est si sérieux et l'utilité si réelle?

Tout en nous permettant d'assez nombreux retranchements, nous avons cherché à conserver avec fidélité le sens du texte et bien souvent nous avons gémi de ne pouvoir rendre la chaleur, l'énergie et la beauté du style auquel on doit attribuer une partie de l'entraînement excité par le vigoureux antagoniste de la convoitise, racine de tous les maux.

Puisse la bénédiction du Seigneur reposer sur la pâle copie d'un livre destiné à l'avancement de son règne; puisse cette bénédiction ouvrir les cœurs aux dures vérités que l'auteur de Mammon a si habilement présentées à tous ceux que l'amour des biens de ce monde occupe trop fortement, c'est à dire à tous les hommes, sans aucune exception.

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