Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

TRENTE-QUATRIÈME LEÇON

EXODE, XVI, 13-24


13 Le soir, il survint des cailles qui couvrirent le camp; et, au matin, il y eut une couche de rosée autour du camp.

14 Quand cette rosée fut dissipée, il y avait à la surface du désert quelque chose de menu comme des grains, quelque chose de menu comme la gelée blanche sur la terre.

15 Les enfants d’Israël regardèrent et ils se dirent l’un à l’autre: Qu’est-ce que cela? car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit: C’est le pain que L’Éternel vous donne pour nourriture.

16 Voici ce que l’Éternel a ordonné: Que chacun de vous en ramasse ce qu’il faut pour sa nourriture, un omer par tête, suivant le nombre de vos personnes; chacun en prendra pour ceux qui sont dans sa tente.

17 Les Israélites firent ainsi; et ils en ramassèrent les uns plus, les autres moins.

18 On mesurait ensuite avec l’omer; celui qui avait ramassé plus n’avait rien de trop, et celui qui avait ramassé moins n’en manquait pas. Chacun ramassait ce qu’il fallait pour sa nourriture.

19 Moïse leur dit: Que personne n’en laisse jusqu’au matin.

20 Ils n’écoutèrent pas Moïse, et il y eut des gens qui en laissèrent jusqu’au matin; mais il s’y mit des vers, et cela devint infect. Moïse fut irrité contre ces gens.

21 Tous les matins, chacun ramassait ce qu’il fallait pour sa nourriture; et quand venait la chaleur du soleil, cela fondait.

22 Le sixième jour, ils ramassèrent une quantité double de nourriture, deux omers pour chacun. Tous les principaux de l’assemblée vinrent le rapporter à Moïse.

23 Et Moïse leur dit: C’est ce que l’Éternel a ordonné. Demain est le jour du repos, le sabbat consacré à l’Éternel; faites cuire ce que vous avez à faire cuire, faites bouillir ce que vous avez à faire bouillir, et mettez en réserve jusqu’au matin tout ce qui restera.

24 Ils le laissèrent jusqu’au matin, comme Moïse l’avait ordonné; et cela ne devint point infect, et il ne s’y mit point de vers.


* * *

Je vous disais l’autre jour que les histoires de la Bible, en particulier celle du long voyage des Israélites à travers le désert, sont destinées à nous révéler ce qu’est le cœur de l’homme et ce qu’est le cœur de Dieu.

Dimanche nous vîmes l’homme: ce pauvre peuple nous montra notre propre inconstance, notre légèreté, notre ingratitude, notre méchanceté, notre incrédulité.

Aujourd’hui, chers enfants, voyez Dieu;

voyez, dans ce qu’il fut pour ces misérables Israélites, ce qu’il est pour nous;

voyez sa bonté, son support, sa douceur, sa longue patience;

voyez comme il est lent à la colère, miséricordieux, abondant en grâce, ne nous faisant pas selon nos péchés, ne nous rendant pas selon nos iniquités, connaissant de quoi nous sommes faits, se souvenant que nous ne sommes que poudre (Ps., CIII, 8-14.).

Il y avait un mois seulement que les Hébreux, grâce à des prodiges éclatants, avaient quitté l’Égypte; dès lors ils avaient traversé le royaume, passé la mer à pied sec, vu périr tous leurs ennemis, et chanté un magnifique cantique d’actions de grâces.

Mais, hélas! au bout de trois jours de marche ils avaient murmuré; ils s’étaient défiés de leur Sauveur après tant de miracles, et l’Éternel, au lieu de les punir, en avait fait un nouveau dans les eaux de Mara.

Ils marchent trois jours encore à travers la belle vallée de Sin, et ces misérables recommencent à murmurer en s’écriant: Que ne sommes-nous morts en Égypte! Que ne sommes-nous assis devant les potées de chair! Pourquoi nous avez-vous amenés dans ce désert pour y faire mourir de faim toute cette assemblée?

Nous voilà encore, mes enfants! Voilà NOTRE histoire. Voilà NOTRE portrait. Voilà NOTRE défiance, NOTRE incrédulité, NOTRE ingratitude!

Qu’aurait fait un homme devant une telle conduite?

Ah! il se serait courroucé contre ces ingrats. Il les aurait châtiés, ou tout au moins il s’en serait lassé; il les aurait abandonnés à la dureté de leurs cœurs et à leurs voies de perdition.

Au lieu de cela, que fait Dieu?

Va-t-il faire pleuvoir sur eux le feu du ciel?

Non; il fera bien pleuvoir du ciel, mais ce sera un nouveau bienfait, ce sera du pain, du pain miraculeux!

C’est ainsi que souvent le Seigneur attire et ramène à lui le pécheur; c’est ainsi que, tandis que Genève, la Suisse, la France, le monde sont pleins de malheureux qui l’offensent, qui l’oublient, qui le négligent, qui le blasphèment, qui méprisent sa parole, qui violent ses lois, il ne cesse de leur rendre témoignage de ce qu’il est, «en leur faisant du bien et en leur envoyant du ciel les pluies et les saisons fertiles.»

Pendant ces murmures du peuple, il arriva quelque chose de bien inattendu sans doute et de bien solennel. Dès qu’Aaron, sur l’ordre de Dieu transmis par Moïse, eut dit à toute l’assemblée: Approchez-vous de la présence de l’Éternel, car il a ouï vos murmures, tous, regardant vers le désert, furent témoins d’un grand spectacle.

La gloire de Jéhovah se montra dans la nuée, et l’on entendit une voix du ciel qui disait à Moïse: J’ai ouï les murmures des enfants d’Israël; parle-leur et leur dis... quoi?... Je frapperai cette nation coupable? — Non !... Entre les deux soirs vous mangerez de la chair, et au matin vous serez rassasiés de pain, et vous saurez que je suis l’Éternel votre Dieu.

Quelle réponse, mes enfants! quelle réponse d’un Dieu, et d’un Dieu juste et saint qui a le mal en horreur!

Qu’on se figure l’étonnement et l’émotion du peuple: il voit la gloire de Dieu dans la nuée, la gloire de Celui qui avait puni Pharaon, et ce n’est que pour entendre ces tendres paroles.

Mais il y en avait sans doute plusieurs qui ne pouvaient croire à ces deux promesses: Ce soir vous mangerez de la chair, et demain vous serez rassasiés de pain. «Comment serait ce possible dans ce désert, se disaient-ils, «et pour une telle multitude?...»

Oui, ce soir, de la chair qui viendra sur eux comme de la poussière, et demain du pain pleuvant du ciel; et cela pour ce peuple qui avait osé dire, comme nous le lisons au psaume LXXVIII: «Le Dieu fort nous pourrait-il dresser une table dans ce désert? Nous pourrait-il donner du pain? Apprêterait-il de la viande à ce grand peuple?»

Eh bien, oui, mes enfants, entre les deux vêpres (le mot vêpre veut dire soir en latin), c’est-à-dire entre trois et six heures, il monta des cailles qui couvrirent tout le camp; et il y en eut un nombre assez considérable pour fournir à la nourriture de cette immense multitude.

Ce miracle arriva le quinzième jour du second mois de la première année du voyage; mais vous lirez, au chapitre XIe du livre des Nombres, que, plus tard, le vingtième jour du second mois de la seconde année, au désert de Paran, un vent du Midi amena pendant tout un mois une telle quantité de cailles sur le camp, qu’il y en avait presque la hauteur de deux coudées sur un espace d’une journée de chemin.

C’est ainsi que, quand Dieu le veut, il multiplie en un moment telle ou telle de ses créatures.

Les voyageurs racontent que, dans ces pays, ces oiseaux sont parfois si nombreux que leurs vols obscurcissent le soleil, et le naturaliste Pline, qui vivait au temps de saint Paul, parle de nuées de cailles qui traversaient la mer Méditerranée, et qui, fatiguées d’un long voyage et cherchant un lieu pour se reposer, se jetaient en si grand nombre sur les navires, qu’elles en embarrassaient les voiles.

Quelques savants, qui connaissent bien l’hébreu, croient cependant que les animaux ailés dont il est ici question sont plutôt une espèce de sauterelles très abondante en Arabie, et dont les peuples de ces pays font leur nourriture après les avoir séchées au soleil.

Je vous ai déjà cité, à ce sujet, une description empruntée aux voyages du capitaine Basil-Hall (Leçon 22). Vous vous rappelez peut-être qu’un courrier du consul anglais, à Smyrne, ayant dû traverser à angle droit un vol de sauterelles, il lui avait fallu faire quarante milles avant d’en atteindre l’extrémité; et on calcula que ce vol devait contenir cent soixante-huit mille millions de sauterelles.

Or réfléchissez, mes enfants, que chacun de ces animaux est admirable dans son espèce; qu’il a des yeux, un bec, des oreilles, des sens, des nerfs, des veines, des artères, un estomac, un cœur, du sang qui circule; en un mot, un organisme parfait.

Réfléchissez aussi que Dieu, en un moment, peut les multiplier par millions de millions, et les faire arriver à point nommé sur une contrée pour la punir, ainsi qu’il arriva en Égypte, ou sur une autre, comme nous le voyons ici, pour être un moyen de salut et de vie.

«Mais,» me direz-vous, «tous les vols de cailles et de sauterelles ont-ils donc quelque chose de miraculeux?»

Non, sans doute; mais leur arrivée dans le camp d’Israël au moment voulu et annoncé de Dieu était un vrai miracle de sa puissance et de sa bonté.

Mais ce ne fut pas tout.

Au matin, il y eut une couche de rosée à l’entour du camp; et lorsque cette rosée se fut évanouie, ô surprise! ô admiration! voici, sur la surface de la terre quelque chose de menu et de rond comme du grésil; ce que les Israélites ayant vu, ils se dirent l’un à l’autre: «Qu’est-ce que cela?» (en hébreu Man hou, d’où lui est resté son nom). Et Moïse leur dit: C’est le pain que l’Éternel vous a donné à manger. Il était «comme de la semence de coriandre, blanc, et ayant le goût de beignets* au miel et d’huile fraîche (Nomb., XI, 8)

La manne ordinaire est un suc qui suinte en été, pendant les nuits, sur les feuilles des frênes et d’autres arbres verts dans les pays très chaud, comme l’Arabie. Le missionnaire Wolff raconte qu’elle tombe quelquefois en grande abondance sur les collines de la Chaldée, et que le peuple la mange. Celle qu’on emploie comme remède a un fort mauvais goût; elle se recueille en Italie et porte le même nom que le pain des Hébreux, simplement à cause de quelque ressemblance extérieure. En effet, celui-ci était tout différent, et, de plus, il était miraculeux; car:

1. D’abord, il tombait tous les matins autour du camp, tandis que la manne naturelle suinte et se congèle la nuit sur les feuilles des arbres.

2. Il tombait toute l’année, tandis que l’autre ne paraît que dans les ardeurs de l’été.

3. Il tombait en prodigieuse quantité.

4. Il tomba quarante ans et cessa lorsque Israël eut passé le Jourdain et trouvé le froment.

5. Il en tombait le double le sixième jour et point le septième.

6. Il se corrompait dès le lendemain, tandis que la manne naturelle ne se détériore pas.

7. Il ne se corrompait pas le septième jour.

8. Il avait un goût agréable; il était sain et nourrissant, tandis que la manne naturelle est repoussante et médicinale.

Aussi Moïse disait-il aux Israélites, dans ce passage que notre Seigneur a cité au diable lors de sa tentation: «Il t’a nourri de manne, laquelle tu n’avais point connue, ni toi, ni tes pères, afin de te faire connaître que l’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu (Deut., VIII, 3.)

Quel beau spectacle, mes amis, que celui de ce grand peuple ramassant chaque matin, à l’heure de la rosée et sur le sable du désert, le pain qu’un Dieu de bonté lui faisait descendre du ciel!

Cet événement miraculeux nous donne des leçons graves, simples, claires, frappantes, quant à notre nourriture temporelle et quant à notre nourriture spirituelle. Parlons d’abord des premières.

1° Leçon d’admiration.

Qu’elle était grande, dans ce miracle, la puissance de Dieu!

Chaque matin, pendant quarante années, le pain du ciel descendait sur ce peuple pour nourrir ses six cent mille hommes avec leurs mères, leurs femmes, leurs sœurs et leurs petits enfants.

Dieu semblait, par là, leur crier du haut du ciel à l’heure de la rosée: «Ô Israël! admire, adore, aime, sers ton Dieu; car tu n’as pas un jour de vie qui ne te vienne de lui.»

Eh bien, chers enfants, Dieu ne nous en dit-il pas tout autant et bien plus encore?

Est-ce qu’une voix ne descend pas aussi sur Genève chaque matin et ne crie pas à chacun de nous: «O peuple de Genève! vieillards, jeunes gens, enfants, c’est Dieu qui vous nourrit!» Il aurait pu nous créer de telle manière que nous n’eussions pas besoin de nourriture, ou que la terre fût l’aliment qui nous convînt le mieux. Mais, non: il a voulu que nous dussions notre pain aux plus admirables phénomènes.

Un grain de blé jeté dans la boue y reprend vie, supporte les neiges, le froid, les pluies, les vents; il pousse et en produit trente, soixante, ou cent autres. Dans ce grain est renfermé une farine nourrissante, et il est à lui seul un prodige; car il pourrait en peu de temps fournir la subsistance, non seulement de toute la ville de Genève, mais de toute la Suisse.

En effet, un grain de blé pouvant en donner la première année cent autres, cette centaine en donnerait dix mille la seconde année, et ceux-ci un million la troisième. Or, un million de grains font une coupe; cette coupe en donnerait cent; ces cent, dix mille; ces dix mille un million, etc.; en sorte qu’il y en aurait bientôt assez pour nourrir l’Europe entière.

Dieu a voulu que notre subsistance se formât ainsi chaque jour d’une façon merveilleuse, afin que nous pussions y admirer sa puissance. Et il ne s’est pas contenté de nous donner une seule espèce de nourriture: tous les fruits, tous les légumes sont autant de preuves de sa sollicitude. Voyez les pommes, les figues, les cerises, les pêches, se développant et mûrissant les unes après les autres, chacune en son temps, chacune avec son parfum particulier, pour rendre nos aliments plus agréables en les variant.

2° Leçon d’humble reconnaissance.

Quel était ce peuple qui sortait de ses tentes, qui se baissait, qui recueillait autant d’homers (environ cinq livres) de ce pain du ciel?

Un peuple d’ingrats, un peuple toujours prêt à murmurer, un peuple méchant, à qui Dieu venait de faire dire: «J'ai ouï tes murmures

Ô bonté! ô miséricorde de notre Dieu!

Et voyez combien elle est grande aussi envers vous, cette miséricorde.

Voyez comment Dieu fait lever son soleil sur les justes et sur les injustes.

Voyez comment il ne cesse de se rendre témoignage en nous faisant du bien, ainsi que nous le disions tout à l’heure.

Et pourtant que d’enfants ont commencé ce dimanche sans penser à lui, en manquant peut-être au respect dû à leurs parents, en ayant de mauvaises pensées dans le cœur, ou de mauvaises paroles sur les lèvres; et cela en tenant dans leurs mains un morceau de ce pain dont Dieu, leur Créateur, daigne les nourrir.

N’eussiez-vous que du pain sec pour votre déjeuner, vous devriez encore dire.: «O mon Dieu! je ne mérite pas même ce morceau de pain; que de fois je t’ai négligé, offensé, et toi, tu me nourris avec tant de bonté et tant de puissance!»

3° Leçon de douceur et de pardon.

Il est écrit, vous le savez: «Aimez vos ennemis, et faites du bien à ceux qui vous haïssent, afin que vous soyez les enfants de votre Père qui est aux deux; car il fait lever son soleil sur les méchants et sur les gens de bien, et il envoie sa pluie sur les justes et sur les injustes.»

4° Leçon de confiance.

Ne semble-t-il pas qu’après le miracle de la manne, le peuple d’Israël ne pourra plus éprouver de défiance?

Eh bien! vous aussi, mes enfants, confiez-vous en Dieu, car Celui qui fait croître le blé dans nos champs est puissant pour subvenir à tout ce qui vous sera nécessaire.

Quand il ne vous resterait rien, comme à la pauvre veuve de l’Évangile, couchez-vous en paix et, au matin, Dieu y pourvoira. Dites-vous: «J’ai un trésor plus assuré que si j’étais millionnaire; j’ai un magasin mieux garni que si ma maison regorgeait de biens; j’ai le Seigneur; il est puissant; la terre lui appartient.»

5° Leçon de diligence et d’activité.

C’était Dieu qui donnait la manne des cieux; l’homme n’y était pour rien; mais il fallait qu’on se levât matin; il fallait qu’on la vînt recueillir chaque jour; sans cela on aurait souffert et fait souffrir de la faim tous les habitants de sa maison.

Eh bien! c’est ainsi que Dieu nous donne le blé. Il faut que le cultivateur le sème, mais il croit tout seul; «d’abord l’herbe, puis l’épi, puis le grain tout formé dans l’épi, soit que l’homme veille, soit qu’il dorme, et sans qu’il sache comment (Marc, IV, 26-28.);», mais ensuite il doit le soigner, le recueillir et le préparer par un travail de tous les jours.

Dieu ne veut pas que nous mangions le pain de l’oisiveté et de la paresse; il a dit: «Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front, bien que ce soit moi qui te le donne.» Les gens qui vivent dans l’oisiveté ne mangent donc pas leur pain comme Dieu l’a ordonné, mais le pain d’autrui.

6° Leçon de modération et de dépendance de Dieu.

Il ne voulait pas qu’on accumulât son pain; il voulait qu’on revînt chaque matin le lui demander; il voulait qu’on l’attendît de sa bonté. On n’en devait pas prendre plus d’un homer (c’est la dixième partie d’un épha ou d’un bath, soit environ quatre ou cinq livres); si l’on en avait davantage, il fallait l’envoyer dans les tentes voisines ou le détruire.

Dieu veut que nous ne comptions pas sur nos richesses, que nous ne nous mettions pas en souci du lendemain, et c’est pour cela qu’il nous a enseignés à dire: «Donne-nous aujourd’hui notre pain quotidien.»

7° Leçon de charité.

C’est l’apôtre Paul qui a tiré cette leçon de ce chapitre, et nous l’a donnée dans le VIIIe de la seconde épître aux Corinthiens. Il faisait une collecte pour les pauvres, et il écrivait, en citant le verset 18e de notre leçon: «Que votre abondance supplée aussi à la disette de vos frères.» Si on voulait faire provision de manne, il y venait des vers; saint Jacques fait peut-être allusion à cette circonstance quand il dit aux mauvais riches: «Votre or est rouillé, vos richesses sont pourries (Jacq., V, 1-2.).» Notre Seigneur disait aussi des richesses de la terre dont nous ne nous faisons pas «des amis pour nous recevoir dans les tabernacles éternels,» que les «vers et la rouille les consumeront (Matth., VI, 19.)

8° Leçon de piété enfin.

Il fallait amasser une double quantité de manne le sixième jour pour se reposer le septième.

Ainsi, chers enfants, il faut profiter du repos que Dieu nous donne pour nous occuper de lui en suspendant nos autres affaires. Nous voyons ici que les marchands, par exemple, ou les cultivateurs qui respectent le dimanche, ne doivent pas s’inquiéter pour leur fortune ou leur récolte. Dieu y pourvoira d’une manière ou d’une autre; il les bénira au double pour le respect qu’ils auront de ce jour, comme il le fit en faveur des Israélites. Il fallait tout préparer le sixième jour, afin qu’ils fassent sans distraction et qu’ils célébrassent le septième comme une joie et un privilège.

Dieu nous permet aussi de suspendre notre travail afin de nous occuper de lui. Un enfant qui est en pension a-t-il trop d’une journée passée dans sa famille avec ses parents qu’il aime?

Un enfant de Dieu aurait-il trop d’un jour sur sept pour s’entretenir avec son Père céleste, plus tendre que la meilleure des mères, et pour travailler à son bonheur éternel en apprenant à le mieux connaître?

Mais la manne a un sens bien plus important encore. Les Juifs disaient à Jésus (Jean VI, XXXI, 35) que Moïse leur avait donné «le pain du ciel,» et notre Seigneur répondit: «Moïse ne vous a point donné le VRAI pain du ciel; mon Père vous le donne. JE SUIS LE PAIN DE VIE.»

Le vrai pain n’est pas celui de froment ou de manne: c’est Jésus-Christ.

La vraie vie n’est pas celle de mon corps qui va mourir dans quelques jours et être réduit en quelques poignées de poussière; la vraie vie est celle qui dure à toujours: c’est Dieu dans mon âme.

La vie du corps n’est qu’une ombre de la vraie vie; le pain de manne ou de froment n’est qu’une ombre du vrai pain; notre Seigneur l’explique en disant: «Quiconque contemple le Fils et croit en lui a la vie éternelle, et je le ressusciterai au dernier jour.» C’est là ce qu’exprime notre beau cantique de communion.

* * *

Peuple chrétien, ton Sauveur charitable

Vient aujourd’hui t'inviter à sa table;

Ce bon Pasteur par un excès d’amour,

Se donne à toi lui-même dans ce jour;

Après avoir, par son grand sacrifice;

Du Tout-Puissant satisfait la justice

Il vient t’offrir et sa coupe et son pain

Pour apaiser et ta soif et ta faim.


Le pain du ciel que les Hébreux mangèrent,

Dont ces ingrats enfin se dégoûtèrent

Ne les pouvait garantir de la mort,

Du genre humain l’inévitable sort.

Notre Jésus aujourd’hui nous présente

Un pain céleste, une manne excellente;

Qui le reçoit avec humilité

Peut s’assurer de l’immortalité.


Ce doux Sauveur est le vrai pain de vie

Qui nous nourrit et qui nous fortifie;

Sa chair sacrée est le seul aliment

Qui donne à l’âme un vrai contentement;

Son divin sang, qu’il offre pour breuvage,

Nous a des deux mérité l’héritage;

Il nous transforme en des hommes nouveaux;

Il adoucit nos peines et nos maux.


Mais qui pourrait ainsi manger et boire

Le corps sacré, le sang du Roi de gloire?

C'est le chrétien qui, plein de charité,

Croit en Jésus, mort et ressuscité;

Qui, s'appliquant son parfait sacrifice,

Cherche en lui seul sa vie et sa justice.

Heureux celui qui reçoit dans son coeur

Ce glorieux et divin Rédempteur!


Heureux celui qui t’est toujours fidèle.

Seigneur Jésus, et qui, brûlant de zèle,

Te suit partout, t’embrassant par la foi!

À qui peut-on, Seigneur, aller qu’à toi?

Tu nous promets une vie éternelle;

Tu nous promets une gloire immortelle;

Toi seul nous peux faire entrer dans les cieux:

C’est vers toi seul que nous tournons les yeux.



 

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