Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VINGT-DEUXIÈME LEÇON

EXODE, X, 12-24


12 L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main sur le pays d’Égypte, et que les sauterelles montent sur le pays d’Égypte; qu’elles dévorent toute l’herbe de la terre, tout ce que la grêle a laissé.

13 Moïse étendit sa verge sur le pays d’Égypte; et l’Éternel fit souffler un vent d’orient sur le pays toute cette journée et toute la nuit. Quand ce fut le matin, le vent d’orient avait apporté les sauterelles.

14 Les sauterelles montèrent sur le pays d’Égypte, et se posèrent dans toute l’étendue de l’Égypte; elles étaient en si grande quantité qu’il n’y avait jamais eu et qu’il n’y aura jamais rien de semblable.

15 Elles couvrirent la surface de toute la terre, et la terre fut dans l’obscurité; elles dévorèrent toute l’herbe de la terre et tout le fruit des arbres, tout ce que la grêle avait laissé; et il ne resta aucune verdure aux arbres ni à l’herbe des champs, dans tout le pays d’Égypte.

16 Aussitôt Pharaon appela Moïse et Aaron, et dit: J’ai péché contre l’Éternel, votre Dieu, et contre vous.

17 Mais pardonne mon péché pour cette fois seulement; et priez l’Éternel, votre Dieu, afin qu’il éloigne de moi encore cette plaie mortelle.

18 Moïse sortit de chez Pharaon, et il pria l’Éternel.

19 L’Éternel fit souffler un vent d’occident très fort, qui emporta les sauterelles, et les précipita dans la mer Rouge; il ne resta pas une seule sauterelle dans toute l’étendue de l’Égypte.

20 L’Éternel endurcit le coeur de Pharaon, et Pharaon ne laissa point aller les enfants d’Israël.

21 L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main vers le ciel, et qu’il y ait des ténèbres sur le pays d’Égypte, et que l’on puisse les toucher.

22 Moïse étendit sa main vers le ciel; et il y eut d’épaisses ténèbres dans tout le pays d’Égypte, pendant trois jours.

23 On ne se voyait pas les uns les autres, et personne ne se leva de sa place pendant trois jours. Mais il y avait de la lumière dans les lieux où habitaient tous les enfants d’Israël.

24 Pharaon appela Moïse, et dit: Allez, servez l’Éternel. Il n’y aura que vos brebis et vos boeufs qui resteront, et vos enfants pourront aller avec vous.


* * *

Nous voici à la huitième et à la neuvième plaie, plus terribles que toutes celles qui avaient précédé; mais, chers amis, ce qui me frappe bien plus que les plaies et que le long endurcissement de Pharaon, c’est L’APPARENTE CONVERSION de ce malheureux prince; c’est cette repentance que nous aurions crue sincère si nous en avions été témoins.

Elle nous donne une grande leçon et je viens aujourd’hui la recommander à vos pensées devant Dieu, en reprenant la suite de nos versets.

L’Éternel dit à Moïse: Étends ta main sur le pays d’Égypte pour faire venir les sauterelles, afin qu’elles montent et qu’elles broutent toute l’herbe de la terre et tout ce que la grêle a laissé de reste.

Certes, Dieu aurait pu faire venir à lui seul ce fléau.

C’était lui qui avait créé en Arabie ces millions de millions, ces nuées d’insectes dévorants.

C’était lui qui devait faire lever ce vent d’orient et le faire souffler durant tout un jour et toute une nuit sur le pays d’Égypte.

C’était à son commandement que ces armées d’animaux destructeurs devaient se rassembler, comme c’est lui qui les a faits par sa puissance, aux jours de la création, et cela d’une manière si merveilleuse, qu’un homme savant en histoire naturelle pourrait vous donner vingt leçons intéressantes sur la structure de leurs pattes, de leurs yeux, de leur peau et de tous leurs organes.

N’importe! le Seigneur veut que ce fléau arrive à l’ordre de son serviteur afin de bien montrer au monde que Moïse est son envoyé. Et que fera ce serviteur, pour produire le miracle?

Très peu de chose:

il étendra sa main,

et c’est Dieu qui opérera.

Mais comme dans les guérisons miraculeuses faites par les apôtres, et comme dans la conversion des âmes, il veut que l’homme agisse, il veut qu’il soit «ouvrier avec lui (1 Cor., III, 9.).

«Ne croyez pas que ce soit par notre puissance ou par notre sainteté que nous avons fait marcher cet homme,» disait saint Pierre au peuple de Jérusalem. «Le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères a glorifié son Fils Jésus, que vous avez mis à mort; et, par la foi en son nom, son nom a raffermi les pieds de cet homme (Actes, III, 12-16.)

Barnabas et Paul, au retour de leur premier voyage missionnaire, racontaient à l’Église d’Antioche toutes les choses, non qu’ils avaient faites, mais «que Dieu avait faites par eux (Actes, XIV, 27.)

Et chez les Corinthiens, Paul avait mis le grain en terre et Apollos l’avait arrosé; mais c’était Dieu seul qui avait fait croître la plante (1 Cor., III, 6.).

Déjà le roi psalmiste disait:

«Si Dieu ne bâtit la maison, celui qui la bâtit travaille en vain;

si l’Éternel ne garde la ville, celui qui la garde fait le guet en vain.»

Les soldats, les canons, les généraux, tout cela est très utile; mais il faut que Dieu garde. «On se lève matin, on se couche tard; mais c’est Dieu qui donne du repos à celui qu’il aime (Ps. CXXVII, 1,2.)

Il est bon, mes amis, que cette pensée vous soit présente ici et que vous l’emportiez aussi dans vos maisons.

Quand vous lisez un livre de piété, quand vous assistez à une exhortation, à un sermon ou à une école du dimanche, il faut demander au Dieu qui vous envoie ces bénédictions qu’il les accompagne de son action puissante; il faut élever votre âme et lui dire:

«Seigneur, il est nécessaire qu’on me dise ces choses; mais opère, opère, toi, mon Dieu, par ta puissante grâce, et rends-les efficaces en mon âme! Je suis un champ qu’on ensemence et qu’on arrose, mais toi, donne l’accroissement!»

C’est alors que vos leçons seront bénies, mes enfants!

Moïse donc étendit sa verge... et l’Éternel amena un vent oriental tout ce jour-là et toute la nuit, et au matin le vent eut enlevé les sauterelles. Et il les fit monter sur tout le pays d’Égypte... Et elles étaient fort grosses; il n’y en avait point eu de semblables avant elles, et il n’y en aura point de semblables après elles. Elles couvrirent la face de tout le pays... et broutèrent l’herbe et mangèrent le fruit que la grêle avait laissé; il ne demeura aucune verdure au pays d’Égypte.

Les sauterelles viennent presque toujours d’Arabie, d’où les vents, suivant leur direction, les poussent sur les divers pays voisins; aussi sont-elles l’emblème dont l’apôtre saint Jean se sert pour désigner les Arabes ou Sarrasins, qu’elles représentent aussi par leur nombre, par leur caractère destructeur, par leur aspect, par le temps et le mode de leurs invasions, etc., etc. (Apoc., IX, 3-10.).

L’Arabie, disions-nous, est le point de départ des sauterelles; elles y éclosent par millions de millions. En sortant de leurs œufs elles deviennent des vers qui subissent plusieurs métamorphoses, et enfin elles acquièrent des ailes dans une des périodes de leur développement: c’est alors que, soulevées par les vents, elles sont transportées comme des nuages à des distances énormes, jusqu’à ce qu’elles s’abattent sur une contrée, et la dévastent si complètement, que les habitants doivent mourir de faim ou faire venir leur nourriture d’ailleurs.

Les voyageurs anciens et modernes parlent de ce fléau, qui est assez fréquent en Orient et plus redouté que tout autre (Voyez la note à la fin de cette leçon.).

Pline même l’a décrit tout comme notre cher ami, M. Gobât, dans son livre sur l’Abyssinie; et leur récit est tout semblable à celui de nos versets 14 et 15.

Le capitaine Basil Hall, qui se trouvait en Asie Mineure lorsqu’un de ces vols de sauterelles y arriva par le vent du sud-ouest, dit que le passage de ces insectes ressemble à un ouragan de neige (de neige noire, bien entendu), et envoie au loin le frémissement bruyant de quelques millions de millions d’ailes (Voyages de Basil Hall, vol. III, p. 79.).

Il raconte, à ce propos, un fait qu’il tenait du capitaine Beaufort, auteur d’un voyage en Caramanie (la Pisidie et partie de la Galatie et de la Cappadoce des Anciens, région de la Turquie d'Asie, au centre de l'Asie-Mineure à l'Est de l'Anatolie propre, a pour chef-lieu Konya et pour autre ville Karaman (à 75 kilomètres au Sud-Est de Konya) et Kayseri - http://www.cosmovisions.com/histCaramanie.htm).

Cet officier, étant à Smyrne, en 1811, avait eu l’occasion de recueillir des données intéressantes sur une invasion de sauterelles. Un courrier du consul anglais, ayant dû traverser à angle droit le vol des sauterelles, il lui avait fallu faire quarante milles avant d’en atteindre l’extrémité. On calcule qu’il y en avait une hauteur de trois cents mètres, et qu’elles faisaient environ sept milles à l’heure.

Le passage dura trois jours et trois nuits sans interruption; et comme il y avait environ trois pieds de distance et un pied de hauteur entre chaque insecte, on calcula qu’il devait en contenir 168 mille millions.

Réfléchissez, mes enfants, que chacun de ces animaux est admirable dans son espèce; qu’il a des yeux, un bec, des oreilles, des sens, des nerfs, des veines, des artères, un estomac, un cœur, du sang qui circule, en un mot une organisation parfaite, et que Dieu, en un moment, les multiplie par millions de millions et les fait venir à point nommé sur une contrée.

Le miracle rapporté dans notre leçon n’est donc pas dans l’existence des sauterelles, ni dans leur nombre, ni dans leur voracité, mais dans leur arrivée et leur départ à la voix des serviteurs de Dieu.

Cette plaie fut la plus terrible que les Égyptiens eussent encore éprouvée. Dieu veut montrer, par de tels signes, que la terre ne nous appartient pas; qu’elle ne nous est que prêtée d’année en année et de jour en jour; que l’homme n’est pas chez lui, mais chez Dieu, et que nous devons le glorifier, parce que nous ne sommes dans ce monde que pour cela.

Mais étudions maintenant l’humiliation et la repentance de Pharaon.

Il n’avait plus devant les yeux qu’une mort inévitable, pour lui et son peuple, qu’une horrible famine et la fin la plus cruelle; car, ainsi que je vous l’ai dit, non seulement ces insectes dévorent tout, mais ils laissent derrière eux des œufs et des larves dévastatrices, des sauterelles qui n’ont pas encore d’ailes, et dont le vent le plus violent ne peut délivrer le pays, en sorte qu’elles en achèvent la ruine.

Pharaon vient de chasser les deux hommes de Dieu en les menaçant de mort. Il les rappelle en toute hâte; il les traite avec autant de respect qu’il y avait d’abord mis d’indignité.

Ah! il viendra un moment où ceux qui méprisent aujourd’hui les chrétiens voudraient à tout prix jouir de leurs privilèges et se recommander à leurs prières.

Pharaon confesse sa faute. Il a péché; il n’y retournera plus, comme disent souvent les enfants sous l’action d’un châtiment.

Mes enfants, quand on dit SINCÈREMENT: «J’ai péché!» quand on le dit à Dieu et non pas seulement à un homme, sachez-le, on n’est jamais repoussé; mais voici ce qui manquait à la repentance de Pharaon:

1. La confiance en Dieu. Il l’appelle l’Éternel votre Dieu. Il parle de lui comme d’un étranger; il «tremble comme les démons (Jacq., Il, 19.)

Or il est impossible qu’un homme, qu’un enfant, que qui que ce soit au monde aime Dieu tant qu’il ne se sent pas réconcilié avec Lui par la foi, tant qu’il ne peut pas l’appeler: l’Éternel mon Dieu.

2. Pharaon était humilié devant les hommes plutôt que devant Dieu.

3. Il recherchait les prières des autres, au lieu de prier lui-même.

4. Il recourait au pardon du serviteur de Dieu, au lieu de chercher celui de Dieu même.

S’il avait dit comme David: «J’ai fait confession de mon péché à l’Éternel,» il aurait pu ajouter comme lui: «Et tu as ôté la peine de mon péché (Ps. XXXII, 5.).» C’est au Seigneur qu’il faut aller, à Lui, qui est le vrai prêtre, le vrai sacrificateur.

5. Pharaon ne se préoccupe pas de la délivrance de son âme.

Il demande, non d’être délivré du péché, mais que cette mort-ci, seulement, soit retirée de lui; il ne pense pas à l’éternité mais uniquement au fléau présent.

6. Remarquez enfin que le roi fait encore des réserves en son cœur.

Vous aussi, chers enfants, vous avez eu souvent, n’est-il pas vrai? des commencements de repentir; mais:

tant que vous ne serez pas prêts à renoncer à tout pour suivre Jésus,

votre repentir n’aura aucune valeur.

Pharaon dit: «Je vous laisserai aller, mais sans vos enfants, mais sans vos troupeaux.»

Son cœur n’était pas encore soumis; aussi sa pénitence fut vaine.

Il eut beau voir disparaître toutes les sauterelles à la voix de Moïse, il s’endurcit plus que jamais; Dieu le livra à toute sa méchanceté, et fit alors arriver le neuvième fléau, qui ne fut pas destructeur, il est vrai, mais qui eut un caractère si effrayant et si terrible, qu’il est nommé le premier, dans l’énumération que nous donne des plaies d’Égypte le psaume CV.

Ce fut un brouillard, un nuage si épais, que les ténèbres furent absolues; puisque nul ne pouvait bouger, est-il dit au verset 23.

Cette obscurité demeura trois jours!... Vous devez comprendre l’humiliation, l’abaissement, le désespoir de ce peuple.

Dieu a plusieurs fois employé un moyen de même nature pour soumettre des cœurs impénitents. Il rendit Paul aveugle pendant trois jours, et ce fut alors qu’il prépara la communion (Actes, IX, 9.) de son âme avec Jésus son Sauveur.

Que deviendriez-vous, mes amis, dans de profondes ténèbres qui dureraient plusieurs jours? Il faut vous poser cette question, car l’Écriture appelle «ténèbres du dehors» a la demeure future des hommes qui ne se sont pas convertis sur la terre.


* * *

Note complémentaire:

Le jour même où l'éditeur copiait cette leçon, il recevait inopinément d’une dame, missionnaire à Nazareth, une lettre datée du 15 août 1865, dont voici un passage...

«Les pauvres habitants de la Galilée ont appris cette année que Dieu châtie, et que l’homme ne peut rien contre lui. Leur désolation a été causée par les sauterelles, et plus tard par la mortalité du bétail et par le choléra.

Dès la fin de l’hiver, il arriva d’énormes nuées de ces insectes dévastateurs, qui ne restèrent pas longtemps, mais qui déposèrent leurs œufs dans les plaines.

Les paysans firent leur possible pour exterminer ces œufs, mais en vain; chaque sauterelle en laisse environ cent. Il y a environ trois mois que les petites sauterelles commencèrent à ravager les plaines, puis s’avancèrent peu à peu dans les montagnes, où elles firent un dommage inouï.

Tous les paysans se mirent à défendre leurs jardins et leurs vignobles; mais ils durent bientôt désespérer d’y réussir et se contentèrent de contempler cette œuvre de destruction.

En trois ou quatre jours, la contrée, qui était couverte de verdure, devint sèche comme en hiver, et les arbres furent rongés jusqu’à l’écorce. Vous ne pouvez vous figurer l'impression que fait cette énorme masse de petites sauterelles vertes, marchant toujours en avant et en lignes comme des bandes de soldats. Rien ne peut les faire reculer.

Lisez une partie du premier et le second chapitre du prophète Joël, et vous en aurez une parfaite description.

Quand enfin les insectes assaillirent la ville de tous côtés, nous comprime le désespoir des Égyptiens au temps de Moïse. Pendant quatre ou cinq jours tous les magasins furent fermés, les citernes aussi, et l'on ne pouvait faire autre chose que de chercher à se protéger.

Notre maison en était pleine; la cour était une masse verte; elles entraient dans nos chambres, sur nos habits, dans les assiettes. Nous en tuâmes beaucoup, et alors l’odeur devint horrible. On se regardait avec étonnement et on disait: Voilà vraiment la main de Dieu!»



 

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