Jeune
homme,
jeune fille, qui vivez loin de Dieu, qu'éprouverez-vous,
je
vous le demande, si ce songe devient jamais pour vous
une affreuse
réalité?
Qu'éprouverez-vous
si au dernier jour vous entendez des voix bien connues,
la voix de
votre père, la voix de votre mère, prononcer un solennel
«Amen!»
à cette terrible sentence portée contre vous: Allez,
maudits, au
feu éternel, préparé au diable et à ses anges?...
En
vérité,
en vérité, je vous le dis, enfants du royaume, les
mangeurs
et les buveurs, les péagers et les gens de mauvaise
vie
vous devancent au royaume de Dieu! De grands
criminels, qui
auront pleuré sur leurs péchés au pied de la croix de
Jésus,
seront sauvés; des impies, des blasphémateurs, des
pécheurs
scandaleux, convertis par la grâce de Dieu, seront
sauvés; tandis
que plusieurs d'entre vous seront jetés dehors,
simplement parce
qu'ils n'auront pas voulu donner leur cœur au Seigneur
Jésus-Christ,
ni accepter franchement son Évangile.
Et
ne
sera-ce pas pour vous la douleur des douleurs , le
supplice des
supplices , l'enfer de l'enfer, que de voir le premier
des pécheurs
couché dans le sein d'Abraham , tandis que vous, enfants
du royaume,
fils aîné de la maison , que Dieu avait fait naître,
pour ainsi
dire , au
seuil même du ciel, serez au nombre des réprouvés?
Mais
prêtez-moi
quelques instants encore votre attention, car je dois
entreprendre la lamentable tâche de vous décrire le sort
affreux
réservé à ceux qui vivent et meurent loin de Dieu.
Jésus-Christ
nous dit qu'ils seront jetés dans les ténèbres du
dehors; là,
il y aura des pleurs et des grincements de dents.
Remarquez,
en premier lieu, qu'il n'est pas dit: Ils iront, mais: Ils
seront
jetés.
Je
me
représente un enfant du royaume, un hypocrite,
un
formaliste, arrivant à la porte du ciel. La souveraine
justice, le
reconnaissant à l'instant, ordonne à un ange de le
saisir et de
l'envoyer en son lieu.
Aussitôt
l'ange
obéit; il le lie pieds et mains, et le tient suspendu
au-dessus de l'abîme. Le malheureux frémit, son cœur
défaille,
ses os se fondent comme de la cire.
Il
cherche à mesurer du regard le gouffre béant, le gouffre
sans fond
qui va l'engloutir.
Il
entend des soupirs, des gémissements, des cris de
désespoir qui
s'échappent de ce gouffre...
Où
est maintenant ta force tant vantée, ô pécheur? Où est
ton
audace, ton orgueilleuse assurance?
Tu
trembles, tu pleures, tu demandes grâce, mais il est
trop tard!
L'ange
ouvre sa main, et tu tombes, tu tombes,
tu
tomberas éternellement, de profondeur en profondeur,
d'abîme en
abîme, sans jamais trouver un lieu où tu puisses asseoir
la plante
de ton pied! Tu seras jeté dans les ténèbres du
dehors.
Et
que
signifie cette expression: les ténèbres du dehors?
Dans
le langage scripturaire, le mot lumière doit se prendre,
en général,
dans le sens d'espérance; d'où il s'ensuit naturellement
que par
ténèbres du dehors, nous devons entendre un lieu d'où
l'espoir est
à jamais banni.
Y
a-t-il un homme vivant qui ait cessé d'espérer? Je ne le
pense pas.
Peut-être
l'un de vous a-t-il contracté des dettes; ses créanciers
le
menacent de saisir tous ses biens; mais n'importe! il
dit: «Je suis
dans un mauvais pas, c'est vrai; cependant je puis en
sortir; tout
n'est pas perdu; j'espère.»
Un
autre est à la veille de voir son commerce ruiné. «J'en
suis
profondément affligé, dit-il; mais après tout, j'ai de
bons bras,
je travaillerai, la fortune peut encore me sourire;
j'espère.»
Un
troisième dit à son tour: «De pénibles soucis
m'assiègent en ce
moment, mais j'espère que Dieu me viendra en aide.»
Quant
à moi, reprend un quatrième, j'ai un ami gravement
malade; à vues
humaines, son état est désespéré; toutefois, j'espère
qu'une
crise favorable se
déclarera enfin.» C'est ainsi que dans ce monde, chacun
espère.
Mais en enfer, on n'espère plus. Les damnés n'ont pas
même
l'espérance de mourir, l'espérance d'être anéantis. Ils
sont
irrévocablement, éternellement perdus.
Sur
chaque
chaîne de l'enfer sont gravés ces mots: POUR TOUJOURS!
Le
feu de l'enfer inscrit de toutes parts en caractères
flamboyants,
ces mêmes mots: POUR TOUJOURS!Les yeux des damnés sont
comme brûlés
par la vue de ce fatal arrêt qui renouvelle incessamment
leur
désespoir: POUR TOUJOURS!
Oh!
si
je pouvais vous annoncer aujourd'hui que l'enfer serait
un jour
détruit, que ceux qui y sont détenus seraient finalement
sauvés,
il me semble que les régions infernales tout entières
tresailleraient d'allégresse! Mais non, je ne le puis
pas. Je dois
vous dire, au contraire, que les enfants du royaume
seront jetés pour toujours dans les ténèbres du
dehors.
Mais
j'ai
hâte d'en finir, car quel est l'homme qui aurait le
courage
d'entretenir longtemps ses semblables sur de tels
sujets?...
Cependant, il faut que je poursuive ma tâche jusqu'au
bout.
Que
fait-on
en enfer?
Mon
texte nous l'apprend. Il y a des pleurs et des
grincements de
dents.
On
ne grince les dents, vous le savez, que lorsqu'on est en
proie à une
vive souffrance,
ou sous l'impression d'une grande colère. Eh bien! en
enfer, il y a
des grincements de dents perpétuels.
Savez-vous
pourquoi?
Un
damné grince des dents contre un autre damné, et
murmure: «C'est
toi, misérable, qui m'as conduit ici! C'est toi qui
m'entraînas
dans la voie du vice! › Et l'autre lui répond, en
grinçant des
dents à son tour:
«Qu'as-tu
à me reprocher? N'est-ce pas ton exemple qui par la
suite m'incita à
m'enfoncer toujours plus dans l'iniquité?»
Une
fille grince des dents contre sa mère, en lui disant:
«Tu m'as
perdue corps et âme!» et la mère, grinçant des dents
contre sa
fille, répond: «Je n'ai point de pitié pour toi, car tu
m'as
surpassée en débauche.»
Des
pères grincent des dents contre leurs fils, et des fils
contre leurs
pères.
Et
s'il
y a des damnés qui grincent des dents avec plus
d'amertume que
tous les autres, il me semble que ce doit être les
lâches
séducteurs qui entendent la voix de celles qu'ils
détournèrent
jadis du sentier de la vertu, leur criant sans cesse
avec une
horrible ironie: «Ah! combien nous sommes heureuses de
vous voir
souffrir autant que nous !...»
Mais
en
voilà assez. Détournons nos yeux de cet épouvantable
spectacle.
Qui voudrait le contempler plus longtemps?
Je
vous ai avertis solennellement,
mes
chers auditeurs. Je vous ai parlé de la colère à venir.
Les ombres
du soir s'avancent, — la nuit approche, — le matin de
l'éternité
va paraître. — Il va paraître pour vous, vieillards, que
j'aperçois au milieu de cette assemblée: dans quel état
vous
trouvera-t-il?
Vos
cheveux
blancs sont-ils pour vous une couronne d'honneur, ou
bien
avez-vous attiré sur eux le mépris et la risée de tous?
Êtes-vous
au seuil du ciel, ou bien votre pied chancelant
tremble-t-il déjà
au bord de l'abîme? Pauvres vieillards, au front ridé, à
la
démarche vacillante, voulez-vous donc franchir le
dernier pas qui
vous sépare de la perdition?
Celui
qui
vous parle n'est, il est vrai, pour les années que comme
un
enfant auprès de vous; toutefois, souffrez qu'en cet
instant il vous
arrête et vous supplie de réfléchir. Déjà le bâton qui
vous
soutient ne rencontre plus de point d'appui; la terre
cède sous vos
pieds..... Oh! avant qu'il soit trop tard, rentrez en
vous-mêmes et
considérez vos voies! Que soixante-dix années passées
dans le
péché se dressent devant vous.
Que
les
fantômes de vos transgressions sans nombre se rangent en
bataille sous vos yeux.
Que
comptez-vous faire, je vous le demande, lorsque ces
soixante-dix
années perdues sans retour, ces soixante-dix années de
rébellion
contre Dieu, comparaîtront
avec vous devant le tribunal suprême?
Oh!
vieillards,
vieillards, que Dieu vous donne de vous repentir
aujourd'hui même et de placer votre confiance en Jésus!
Et
vous,
hommes de l'âge mûr, vous n'êtes pas en sûreté non plus.
Pour vous aussi, les ombres du soir approchent à grands
pas. D'un
instant à l'autre, la mort peut vous frapper. Il y a
quelques jours
à peine, je fus mandé de grand matin auprès du lit d'un
mourant:
c'était un homme dans la force de l'âge, naguère encore
plein de
vigueur et de santé. Je me rendis en toute hâte à sa
demeure; mais
lorsque j'entrai, je ne trouvai plus qu'un cadavre.
Ce
qui
est arrivé à cet homme peut arriver à chacun de vous,
mes
amis. Vous n'avez aucune garantie, aucune donnée
certaine touchant
la durée de votre existence. Demain, vous pouvez mourir.
Permettez-moi
donc
de vous parler au nom des compassions de Dieu.
Permettez-moi
de m'adresser à vous, comme un frère s'adresserait à ses
frères.
Je vous aime, vous le savez; c'est pourquoi je voudrais
que mes
paroles pénétrassent dans votre cœur. Oh! quelle
bénédiction,
quelle joie ineffable que d'être du nombre de ces plusieurs
qui, pour l'amour de Christ, seront admis au royaume des
cieux!
Eh
bien! cette joie, cette bénédiction, vous
pouvez
les obtenir; car Dieu a déclaré que quiconque
l'invoquera
sera
sauvé. Il ne mettra dehors aucune âme qui
s'approchera de lui
par Christ.
Un
mot
à vous aussi, jeunes gens et jeunes filles.
Vous
pensez, peut-être, que la piété ne vous concerne point.
«Jouissons
de la vie, dites-vous; soyons gais, soyons joyeux.» Et
jusques à
quand, jeune homme, jusques à quand comptes-tu marcher comme
ton
cœur
te mène?
«Jusqu'à
vingt et un ans,» dira l'un; «jusqu'à trente,» dira
l'autre. Mais
que sais-tu, mon frère, si tu atteindras jamais cet âge?
D'ailleurs,
en admettant que tu y arrives, souviens-toi que si
aujourd'hui tu ne
veux pas ouvrir ton cœur à la grâce de Dieu, tu le
voudras bien
moins alors.
Le
cœur humain, laissé à lui-même, ne se bonifie pas; tout
au
contraire. Il est semblable à un jardin: si vous
souffrez qu'il
reste inculte et que vous permettiez aux mauvaises
herbes de s'y
multiplier, son état ira tous les jours en empirant.
À
entendre les hommes, on dirait, en vérité, qu'ils
peuvent se
repentir quand il leur plaît. Ah! la véritable
repentance n'est pas
une œuvre si facile; c'est Dieu qui doit la produire en
nous, et
malheur à celui qui laisse passer le jour de sa
visitation! Au lieu
donc de répéter avec une
présomptueuse
confiance: «Je me convertirai à telle ou telle époque,»
que le
langage de votre cœur soit celui-ci: «Je veux aller à
Dieu
aujourd'hui même et lui demander de faire son œuvre en
moi, de peur
que je ne meure dans mon impénitence.»
Que
vous
dirai-je encore, mes chers auditeurs?
Je
vous ai parlé du ciel et de l'enfer, désirez-vous
sérieusement
échapper à l'un et parvenir à l'autre? Dans ce cas,
écoutez cette
simple parole qui vous indique ce que vous avez à faire
pour
atteindre ce double but: Celui qui croira sera sauvé.
Mais il me
semble entendre quelques-uns de vous m'interpeller en
ces termes:
«Prédicateur
de l'Évangile, tu en reviens toujours aux mêmes
doctrines. N'as-tu
donc rien de nouveau à nous annoncer? La foi, toujours
la foi, c'est
le refrain de tous tes discours.»
Non,
mes
amis, non, je n'ai absolument rien à vous annoncer que
le vieil
Évangile, — l'Évangile toujours le même, parce qu'il est
toujours vrai, — l'Évangile qui se résume tout entier
dans cette
seule déclaration: Celui qui croira sera sauvé.
Or,
qu'est-ce que croire?
C'est
se confier entièrement en Jésus. Pierre croyait, Pierre
se
confiait en son divin Maître lorsqu'il lui fut donné
d'aller à sa
rencontre en marchant sur les flots; et si unmoment
il
commença à enfoncer, c'est parce qu'à ce même moment sa
foi
commença à défaillir.
Et
de
même que Jésus avait dit à Pierre: «Viens, marche sur la
mer,
n'aie point de peur;» de même, il te dit, pauvre
pécheur:
«Viens
à moi, marche sur tes péchés, ne crains rien.» Aie donc
foi à la
parole de Christ et tu seras rendu capable de fouler tes
péchés aux
pieds; tu les subjugueras, tu triompheras sur eux.
Il
me
souvient du temps où, moi qui vous parle, je me
rencontrai, pour
la première fois, face à face avec mes iniquités. Je me
crus le
plus grand des pécheurs, le plus maudit des hommes. Je
n'avais pas
commis, il est vrai, ce que le monde appelle des fautes
criantes;
mais je me souvenais qu'ayant plus reçu que les autres,
il me serait
aussi plus redemandé.
Mon
salut
me semblait presque une impossibilité; toutefois, je
priais,
je demandais grâce; mais mois après mois s'écoulait sans
que je
reçusse de réponse à mes prières. Parfois, j'étais si
las de ce
monde que je souhaitais la mort; mais ensuite, je
songeais au monde à
venir
et je frémissais d'effroi. Tantôt mon méchant cœur me
suggérait
la pensée que Dieu devait être un tyran sans entrailles,
puisqu'il
ne répondait pas à mes cris; et tantôt, humilié dans le
sentiment
de mes démérites, je reconnaissais
que
s'il m'envoyait en enfer, il ne serait que juste.
J'étais
dans cet état, lorsqu'un jour j'entrai dans un lieu de
culte. Le
prédicateur — (que je n'ai jamais revu depuis lors et
que je ne
reverrai probablement que dans le ciel) ouvrit la Bible
et lut ces
paroles d'Ésaïe:
Vous
tous les bouts de la terre, regardez vers moi et soyez
sauvés.
Puis, se tournant de mon côté, comme s'il m'eût
distingué au
milieu de la foule, il répéta par trois fois, d'une voix
impressive, ce mot: Regardez, regardez, regardez!
Et
moi, qui jusqu'alors m'étais persuadé que pour me sauver
j'avais
tant à faire , je découvris enfin qu'il ne s'agissait que
de regarder! Moi, qui avais cru que je devais me
tisser
laborieusement un vêtement pour cacher les souillures de
mon âme,
je compris que Christ, en échange d'un seul regard, me
couvrirait
d'un manteau royal!
Oui,
regarder
à Jésus, voilà, pécheur, ce qu'est le salut.
Tu
n'as, pour être sauvé, qu'à regarder à la croix, tout
comme les
Israélites dans le désert n'avaient qu'à élever leurs
yeux vers
le serpent d'airain pour être guéris de leurs blessures.
Regarde
donc à Jésus, mon frère. Jésus seul peut faire du bien
aux
pêcheurs.
Regarde
à lui avec la simplicité d'un petit enfant. Ne crains
point; il ne
trompera pas ton attente. Tu ne saurais jamais te
confier avec
trop d'abandon en mon charitable Maître.
Et
maintenant,
mes chers auditeurs, laissez-moi vous supplier en
finissant, comme je l'ai déjà fait en commençant, de
peser
attentivement mes paroles.
Demandez-vous
quel est votre état spirituel, et puisse le Saint-Esprit
vous
révéler que vous êtes par nature morts, perdus,
condamnés!
Puisse-t-il
vous faire sentir combien c'est une chose terrible que
de tomber en
enfer, et vous donner la sainte ambition de parvenir à
la gloire du
ciel! Et comme autrefois l'ange qui pressait Lot de
s'enfuir de
Sodome, puisse ce même Esprit vous presser, vous prendre
par la main
et vous dire de sa voix puissante: Hâte-toi! sauve la
vie! ne
regarde pas en arrière, de peur que tu ne périsses!
Oui,
hâtez-vous,
hâtons-nous. Et Dieu veuille qu'au grand jour de
l'éternité nous nous retrouvions tous dans la félicité
des cieux!