Reprenons
la
première de ces idées. — Voici une glorieuse promesse:
Plusieurs viendront d'0rient et d'Occident et seront
assis à table,
au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et Jacob.
J'aime
ces
paroles, parce qu'elles me disent ce qu'est le ciel,
parce qu'elles
m'en laissent entrevoir les charmes. Elles
m'apprennent,
tout
d'abord, que c'est un lieu où je serai assis,
c'est-à-dire où je
me reposerai. Quelle douce pensée! Qu'elle est douce
surtout pour le
travailleur, pour celui qui mange son pain à la sueur
de son visage!
Souvent, en essuyant son front humide, il se demande
avec tristesse
s'il n'aura jamais ni trêve ni relâche. Ou bien , le
soir, en se
jetant brisé sur sa couche, son cœur laisse échapper
ce cri
d'angoisse : « N'y a-t-il donc point un lieu où je
pourrai me
reposer, où mes membres fatigués ne seront plus
contraints d'agir ,
où je trouverai enfin la paix après laquelle je
soupire? »
Oui,
enfant
du travail et de la peine, oui, il est un heureux
séjour où
peine et travail sont inconnus. Au-delà de la voûte
azurée, il est
une cité belle et radieuse: ses murs sont de jaspe, sa
lumière est
plus éclatante que le soleil. Là, les méchants ne
tourmentent plus
personne, et ceux qui ont perdu leur force se
reposent. Là habitent
des esprits immortels qui sont pour jamais à l'abri de
la fatigue.
Ils ne sèment ni ne moissonnent; ils n'ont plus ni
rude labeur, ni
tâche excessive à accomplir. Que l'homme de loisir se
plaise à
envisager le ciel comme un lieu où son activité
trouvera un
constant aliment, je le conçois, et je suis persuadé
qu'il ne sera
pas déçu dans son attente. Mais pour le travailleur, —
et par ce mot
j'entends tout homme qui travaille, soit de son
intelligence, soit de
ses mains, — quelle délicieuse, quelle consolante
perspective que
celle d'un éternel repos! O bonheur! bientôt cette
voix, si souvent
épuisée par de longs efforts, pourra se taire; bientôt
ces poumons
fatigués ne s'exerceront plus au-delà de leur pouvoir;
bientôt ce
cerveau excité ne sera plus harcelé par des pensées
sans nombre;
bientôt, paisiblement assis au banquet de Dieu, je me
reposerai de
mes travaux...
Oh!
fils
et filles d'Adam qui fléchissez sous le poids de la
vie, prenez
courage! Au ciel, vous n'aurez plus à tracer de
pénibles sillons
dans un sol infertile; vous n'aurez plus à vous lever
matin, à vous
coucher tard et à manger le pain de douleur; vous
n'aurez plus ni
fardeau, ni souci, ni agitation; tous vous serez
paisibles, riches,
heureux. Les mots de labeur, de fatigue, de souffrance
n'existent
même pas dans la langue du ciel.
Et
remarquez
dans quelle illustre société les élus se trouveront.
Ils
seront assis, nous est-il dit, avec Abraham, Isaac et
Jacob. Ces
paroles me semblent réfuter de la manière la plus
positive
l'opinion de certains chrétiens qui pensent que dans
l'autre vie on
n'aura pas la faculté de se connaître. En effet,
puisqu'il nous est déclaré
ici en toutes lettres que nous serons assis avec
Abraham , Isaac et
Jacob, ne devons-nous pas nécessairement en conclure
que nous
connaîtrons ces patriarches et par conséquent aussi
les autres
habitants du ciel?
On
raconte
qu'une digne chrétienne, avancée en âge, demanda à son
mari, au moment de mourir: «Mon ami, penses-tu que tu
me
reconnaisses quand tu viendras dans la gloire? — Si je
te
reconnaîtrai? répondit celui-ci; ne t'ai-je pas
toujours connue
ici-bas? et crois-tu donc qu'au ciel je serai moins
clairvoyant?»
Ce
raisonnement
me paraît sans réplique. De même que nous avons connu
ici-bas, de même nous connaîtrons là-haut. Pour ma
part, j'ai la
douce assurance que lorsque, par la grâce de Dieu, je
poserai mon
pied sur le seuil du ciel, les bienheureux amis qui
m'y ont précédé
viendront me prendre par la main et me diront: «
Salut, bien-aimé!
te voici enfin.» Les proches retrouveront leurs
proches; les amis
leurs amis. Tu retrouveras ta pieuse mère, toi, mon
cher auditeur,
qui pleures encore sur elle, si toutefois tu marches
sur les traces
de Jésus: il me semble la voir venant à ta rencontre à
la porte du
paradis, et quoique sans doute les liens de la nature
auront perdu
beaucoup de leur force, je ne puis me défendre de la
pensée que
son visage brillera d'une joie nouvelle lorsque,
s'avançant vers le
Seigneur, elle lui dira: Me
voici,
moi et les
enfants que tu m'as donnés.
— Mari,
tu
reconnaîtras ta femme. Mère, tu reconnaîtras ces chers
petits
êtres dont tu suivis avec angoisse la longue agonie et
sur lesquels
tu entendis tomber, avec les froides mottes de terre,
ces terribles
paroles: L'argile à l'argile, la cendre à la cendre,
la poudre à
la poudre. Oui, tu les retrouveras; tu entendras
encore leurs voix
chéries; tu sauras que ceux que tu as tant aimés, Dieu
les a aimés
mieux encore que toi.
Qu'il
me
semblerait triste et glaçant le monde à venir, si je
ne devais
ni connaître ni être connu! En vérité, il n'aurait
pour moi que
bien peu d'attraits! Mais quelle douceur, au
contraire, dans la
pensée que le ciel est la réalisation parfaite de la
communion des
saints, et qu'entre les croyants de tous les temps et
de tous les
pays, il s'établira pour l'éternité des relations
étroites et
personnelles! Souvent, je me plais à anticiper sur le
bonheur que
j'éprouverai à connaître Ésaïe; il me semble qu'à
peine arrivé
à la cité céleste, je demanderai à le voir, parce
qu'il a parlé
de Jésus plus qu'aucun autre prophète. Il me semble
aussi que je
m'empresserai de chercher au milieu de la foule George
Whitefield, ce
grand serviteur de
Dieu, qui avec un zèle digne d'un esprit angélique,
dépensa toute
sa vie en prêchant le salut. Oh! oui, nous aurons une
société
choisie dans le ciel. Et cependant toute distinction
humaine sera
abolie: riches et pauvres, savants et ignorants,
ministres et
laïques, nous fraterniserons tous ensemble. J'ai ouï
raconter
qu'une dame, visitée sur son lit de mort par un
ministre de
l'Évangile, lui posa cette étrange question:
«Ne
pensez-vous
pas qu'il existe dans le ciel deux lieux bien
distincts
pour les différentes classes de la société? J'avoue
que je ne
pourrais endurer l'idée de vivre éternellement en
compagnie de ma
servante.»
À
cela, le ministre répondit:
«Ne
vous mettez pas en peine à ce sujet, madame; car aussi
longtemps que
ce diabolique orgueil existera dans votre cœur, vous
n'avez point à
craindre d'aller au ciel.»
Il
disait
vrai. Non, l'orgueil n'entrera pas dans le ciel. Il
faut que
nous nous abaissions nous-mêmes, que nous voyions dans
tout homme un
frère, que nous sentions qu'aux yeux de Dieu nous
sommes tous égaux,
avant de pouvoir espérer d'être admis dans la gloire.
Quant à moi,
je bénis mon Dieu de ce qu'au banquet céleste il n'y
aura qu'une
seule table. Le Juif et le Gentil s’assoiront côte à
côte; le
grand et le petit paîtront dans le même pâturage:
tous,
nous
serons assis avec Abraham , Isaac et Jacob.
Mais
les
paroles que nous méditons ont une signification plus
douce et
plus profonde encore. À en croire certains esprits
étroits, le ciel
serait un lieu de dimensions fort restreintes, auquel
ne trouveraient
accès que les seuls chrétiens qui fréquentent leur
lieu de culte.
J'avoue
qu'un
ciel aussi mesquin m'est antipathique, et j'aime au
contraire à
lire dans les Écritures qu'il y a plusieurs
demeures dans la
maison de mon Père. De ce qu'il est écrit dans
l'Évangile: La
porte est étroite et le chemin est étroit qui mène à
la vie, et
il y en a peu qui le trouvent, on en a souvent
conclu que le
ciel
sera moins peuplé que l'enfer. Cette opinion me semble
inadmissible.
Comment!
la part de Christ serait moins grande que celle du
diable? Satan
l'emporterait sur Christ?
Non,
cela ne peut pas être!
D'ailleurs,
Dieu
nous déclare expressément qu'une grande multitude,
QUE
PERSONNE NE POURRA COMPTER, sera sauvée.
Combien
cette pensée
est réjouissante, mes chers amis! Quelle bonne
nouvelle pour vous et
pour moi! Si le salut n'était le privilège que de
quelques-uns,
nous pourrions craindre, et non sans raison, de ne pas
y avoir part;
mais puisque le Seigneur affirme qu'une multitude
innombrable sera
sauvée, pourquoi vous et moi, pourquoi tous, tant que
nous sommes
ici, ne le serions-nous pas?
Courage
donc,
pauvre pécheur, qui que tu sois; courage, âme
craintive et
timorée, ouvre ton cœur à l'espérance! Il n'y a pas
sur la terre
d'âme vivante dont on puisse dire qu'elle soit en
dehors de la grâce
de Dieu. Il est, il est vrai, quelques infortunés qui,
ayant commis
le péché irrémissible, sont abandonnés de Dieu; mais à
part
cette exception, je me plais à le proclamer, la
souveraine
miséricorde embrasse l'humanité tout entière.
Plusieurs
viendront
et seront assis à table, au royaume des cieux, avec
Abraham, Isaac et Jacob.
Et
d'où viendront-ils, ces heureux convives qui prendront
place à la
table du Père de famille?
Mon
texte
nous l'apprend: Ils viendront d'Orient et d'Occident.
Les Juifs
prétendaient que tous viendraient de la Palestine, en
d'autres
termes, qu'il n'y aurait au ciel personne qui ne fût
Juif.
Renchérissant encore sur cette étroitesse de vues, les
Pharisiens
soutenaient que, hors de leur secte, le salut était
impossible. Mais
voici Jésus-Christ qui tient un tout autre langage: il
affirme que
de l'Orient et de l'Occident, il viendra des âmes au
royaume de
Dieu. C'est ainsi qu'il en viendra, n'en doutons pas,
de ces
lointaines contrées de la Chine, où
le
Seigneur semble actuellement ouvrir une si large porte
à l'Évangile.
Il en viendra de notre vieille Europe comme de la
jeune Amérique;
des régions tropicales de l'Australie comme des
froides zones du
Canada, de la Sibérie, de la Russie. De toutes les
extrémités de
la terre, il en viendra qui seront assis au banquet de
Dieu.
Mais
outre
ce sens naturel et que j'appellerai géographique, les
paroles
qui nous occupent me semblent avoir un sens figuré et
spirituel.
Selon moi, cette expression, l'Orient et
l'Occident,
désigne
moins les points les plus reculés du globe, que cette
classe d'âmes
qui, en apparence, est, pour ainsi dire, aux antipodes
du royaume de
Dieu. Il y a tels pêcheurs dans le monde, du salut
desquels chacun
désespère.
On
se
dit: «A quoi bon raisonner avec eux?
Quel
bien pourrait-on leur faire? Tout est inutile; ils
sont trop
dépravés, trop avilis, trop endurcis pour qu'ils
puissent jamais
être ramenés à Dieu.»
O
vous qui passez ainsi condamnation sur quelques-uns de
vos
semblables, sans vous douter qu'aux yeux de Celui qui
juge justement,
vous êtes peut-être plus coupables que le plus
coupable d'entre
eux, écoutez ce que dit Jésus-Christ dans les paroles
de mon texte: Plusieurs viendront d'Orient et
d'Occident et seront
assis à
table dans le royaume des
cieux. Oui, sachez-le: des dernières limites du
royaume de
Satan, des derniers degrés de l'échelle du vice, plusieurs
viendront qui feront partie de la multitude des
rachetés,
acquise au prix du sang de l'Agneau. Il y aura dans le
ciel plus d'un
pécheur, qui, à une époque de sa vie, s'est plongé
dans la fange
des passions; il y aura des intempérants; il y aura
des femmes de
mauvaise vie, qui, par la puissance de la grâce
divine, renoncèrent,
ceux-ci à leur intempérance, celles-là à leurs
débordements, et
vécurent pendant le reste de leurs jours sobrement,
justement et
religieusement.
Vous
souvient-il
d'un remarquable incident du ministère du grand
Whitefield? Un jour, prêchant devant un nombreux
auditoire, il dit
que «Jésus-Christ était prêt à sauver même les
rebuts du
diable, c'est-à-dire les âmes que Satan lui-même
trouvait à
peine assez bonnes pour lui.» Le service fini, son
amie, lady
Huntingdon, fit comprendre à l'éminent prédicateur que
cette
hardiesse de langage ne lui avait point semblé tout à
fait
convenable. À peine venait-elle de hasarder cette
remarque,
lorsqu'on vint dire à Whitefield que quelqu'un
désirait lui parler.
Il y va, et remonte un instant après. — Madame ,
dit-il à lady
Huntingdon, devinez qui m'attendait en bas! C'était
une
pauvre
femme, tombée au dernier degré de l'abjection. — Oh!
M. Whitefield, m'a-t-elle dit, vous nous avez
assuré que Jésus
recevrait les âmes même qui sont comme les rebuts
du diable,
et moi je suis une de ces âmes !... »
Cette
parole fut le moyen de sa conversion.
Que
personne
ne trouve donc mauvais si les serviteurs de Christ
s'adressent aux péagers et aux gens de mauvaise
vie.
J'ai été
accusé, je le sais, d'attirer autour de moi «la vile
multitude.» À
cela, je réponds: Que Dieu la bénisse, cette «vile
multitude,»
que Dieu la sauve par mon moyen, et je serai trop
honoré!
D'ailleurs,
si
elle est «vile,» comme on le dit, qui a plus besoin de
l'Évangile qu'elle? Qui a plus besoin que Christ lui
soit annoncé?
Certes, ce qui manque dans notre siècle dégénère, ce
ne sont pas
des prédicateurs du grand monde, ce sont des hommes
qui portent la
bonne nouvelle du salut à ceux que l'on appelle la
lie du
peuple.
Pour ma part, je trouve dans cette déclaration de mon
texte:
plusieurs viendront d'Orient et d'Occident, un
puissant
encouragement a annoncer l'Évangile aux plus grands
des pêcheurs.
Je
crois,
ainsi que je l'ai déjà dit, qu'à l'exception de ceux
qui
ont commis le péché contre le Saint-Esprit, il n'est
pas d'homme
sur la terre assez éloigné de Dieu pour que la
grâce
ne puisse l'atteindre. Je crois qu'il n'est pas
jusqu'à l'un de ces
malheureux, opprobre de l'espèce humaine flétris,
dégradés,
abrutis presque par le vice, qui, par un effet de la
souveraine
miséricorde, ne puisse briller un jour dans la gloire,
comme
la
splendeur de l'étendue.
Trouvez-moi
donc
le dernier, le plus vil des pécheurs, je ne
dédaignerai point
de lui prêcher l'Évangile, car je sais que son âme
immortelle est
susceptible de salut, et de plus, je me souviens de
cet ordre de mon
Maître: Va, dans les chemins et le long des haies,
et presse
d'entrer ceux que tu trouveras, afin que ma maison
soit remplie.
— Plusieurs viendront d'Orient et d'Occident, et
seront assis
à
table au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et
Jacob.
Il
y
a un mot encore dans ce beau passage sur lequel je
désire attirer
votre attention, avant de passer outre. Observez qu'il
n'est pas dit:
Ils pourront venir, ou: Ils viendront peut-être,
mais:
Ils VIENDRONT. Oh! que j'aime ces affirmations si
pleines, si
positives de mon Dieu!
De
la part d'un homme, affirmer, c'est presque une
dérision. Il promet,
et le plus souvent il ne peut tenir sa promesse; il
jure, et le plus
souvent il viole son serment. Mais avec Dieu, quelle
différence!
S'il dit: «Je ferai,» il fera; s'il affirme une chose,
elle a lieu.
Or, il déclare ici
que plusieurs viendront dans son royaume; et
quand
même Satan
s'écrierait avec rage: «Ils n'iront pas!» — quand même
leurs
propres péchés leur diraient: «Vous ne pouvez y
aller!» — bien
plus, quand ils diraient résolument en leur cœur:
«Nous ne voulons
pas y aller!» ILS DIRONT, car Dieu l'a dit. — Oui,
parmi ceux-là
même qui aujourd'hui se moquent du salut et insultent
l'Évangile,
il en est, je ne crains pas de le dire, qui, tôt ou
tard, seront
amenés captifs à l'obéissance de Jésus-Christ.
«Mais
quoi?
s'écrient peut-être quelques-uns de mes auditeurs,
Dieu
peut-il faire de nous des chrétiens?»
Oui,
vous dis-je, et c'est précisément là qu'éclate
l'admirable
puissance de l'Évangile. La grâce divine ne sollicite
pas le
consentement de l'homme, mais elle l'obtient; elle ne
lui demande pas
s'il la veut, mais elle lui donne de la vouloir; elle
ne s'impose pas
à lui, mais elle transforme tellement sa volonté que,
reconnaissant
sa valeur, il se prend à soupirer après elle, et la
poursuit
jusqu'à ce qu'il l'ait atteinte. Et comment expliquer
autrement la
conversion de tant d'incrédules, qui avaient dit à une
époque de
leur vie: «Jamais nous n'aurons rien à faire avec la
religion?» 0n
raconte qu'un jour un impie déclaré entra dans un lieu
de culte
pour entendre les
chants sacrés, et qu'aussitôt que le ministre prit la
parole, il
mit les doigts dans ses oreilles, déterminé à ne pas
écouter.
Mais au bout de quelques instants, voici qu'un petit
insecte vient se
poser sur son visage, ce qui l'oblige, pour le
chasser, à déplacer
une de ses mains. À ce même moment, le ministre
prononçait ces
paroles: Que celui qui a des oreilles pour ouïr
entende.
Surpris,
remué
dans sa conscience, l'incrédule écoute, et Dieu touche
son
cœur à salut. En sortant, il était un nouvel homme.
L'impie se
retira pour prier; le railleur alla verser des larmes
de contrition.
Celui qui était entré dans la maison de Dieu par
manière de
passe-temps, retourna chez lui, pressé de rechercher
la communion de
son Créateur. Le sceptique devint croyant; le pécheur
devint un
saint. — Et la transformation qui s'est produite chez
cet homme,
peut se produire également chez tous. La grâce divine,
je le
répète, n'a pas besoin de votre consentement
préalable: elle saura
vous donner la volonté et l'exécution selon son bon
plaisir. Du
cœur le plus rebelle qui s'écrie dédaigneusement: «Je
n'ai que
faire de l'Évangile,» elle peut, quand elle le veut,
faire surgir
cette humble supplication: «Seigneur, sauve-moi, ou je
péris!»
Mais peut-être pensez-vous que vous pouvez vous
convertir sans
que votre âme subisse l'action prévenante de la grâce
de Dieu.
Erreur, erreur funeste, mes amis. Supposons qu'en cet
instant même
Jésus-Christ se présentât au milieu de nous, quel
accueil
pensez-vous que lui ferait le plus grand nombre? «Nous
le
couronnerions roi,» me répondez-vous. Hélas! je n'en
crois
rien; et
je suis persuadé, au contraire, que la plupart d'entre
vous le
crucifieraient de nouveau, s'ils en avaient
l'occasion. Oui, se
tînt-il là, devant vous, et vous dît-il: «Me voici, je
vous
aime,» pas un de vous, abandonné à sa propre volonté,
ne
répondrait à ses avances. Fixa-t-il sur vous un de ces
puissants
regards capables de dompter les lions eux-mêmes; vous
parlât-il
avec cette voix d'où se sont échappés des flots d'une
incomparable
éloquence, pas un de vous, laissé à lui-même, ne
deviendrait son
disciple.
Ce
qu'il
faut, pour fléchir les résistances de notre cœur,
c'est la
puissance de la grâce, c'est l'influence du
Saint-Esprit. Nul
ne
peut venir à moi, a dit Jésus-Christ, si le
Père
qui m'a
envoyé ne l'attire. Mais d'une fois que de
pauvres pêcheurs
ont
éprouvé ces attraits divins, oh! alors, ils viennent,
ils
accourent de l'Orient et de l'Occident. Que le
monde s'agite,
que le monde se moque, il n'empêchera pas le Fils de
Dieu de
recueillir le fruit de ses
souffrances
et de sa mort. Si, parmi vous, il est des âmes qui le
rejettent,
d'autres l'accepteront; s'il en est qui seront
perdues, d'autres
seront sauvées. Quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse,
Jésus-Christ se verra de la postérité, il
prolongera ses jours et le
bon
plaisir de l'Éternel prospèrera dans sa main.
Quand le ciel,
la
terre et l'enfer se ligueraient ensemble, ils ne
sauraient retenir
loin de Jésus une seule des âmes que le Père lui a
données!
Et
maintenant,
toi, mon frère, qui te reconnais le premier des
pêcheurs, écoute-moi: je suis chargé d'un message pour
toi de la
part de Jésus. Il y a une âme dans cette assemblée qui
se juge la
plus indigne qui ait jamais existé. Il y a une âme qui
se dit à
elle-même: «Je ne suis pas digne que Christ m'appelle
à lui...»
Âme!
c'est
toi que j'appelle! Toi, vile, souillée, misérable,
aujourd'hui, en vertu de l'autorité que j'ai reçue de
Dieu, je te
presse d'aller à mon Sauveur! Il t'invite par ma voix,
il te
cherche, il veut te sauver. Hâte-toi donc. Jette-toi à
ses pieds.
Touche le sceptre de sa miséricorde, afin que tu
vives. Va, essaie
de mon Sauveur, essaie de mon Sauveur, te dis-je! Que
s'il te rejette
après que tu l'as cherché, publie en enfer qu'il a
failli à ses
promesses! Mais non, cela ne sera pas, cela ne peut
pas être!
Jamais
Dieu
ne mettra dehors celui qui vient à lui, car ce serait
déshonorer son alliance de grâce. Il ne repoussera pas
un seul
pécheur repentant, aussi longtemps qu'il sera écrit
dans sa Parole: Plusieurs viendront d'Orient et
d'Occident et seront
assis à
table, au royaume des cieux, avec Abraham, Isaac et
Jacob.