Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

APPENDICES II

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Dernier Mandement de la Classe, du 6 décembre 1848.


LA COMPAGNIE DES PASTEURS DE NEUCHÂTEL

aux Églises que la Providence a rassemblées dans notre patrie,


Que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et de notre Seigneur Jésus-Christ!


Chers et bien-aimés frères en Jésus-Christ,

Pendant trois siècles l'administration des Églises que la Providence de Dieu a rassemblées dans notre patrie, a été confiée à la Compagnie des Pasteurs et aux Consistoires.

Un décret de l'autorité souveraine qui nous gouverne vient de supprimer ces antiques institutions, fruit de la sagesse et de la piété de nos bienheureux Réformateurs.

Nous ne voulons point ici porter de jugement sur cette mesure extraordinaire. Le passé dira les services que ces corporations ont rendus à l'Église, et l'avenir est entre les mains de Dieu.

Mais ce que nous voulons et devons vous dire, c'est que, dans les discussions qui ont eu lieu à ce sujet, la Compagnie des Pasteurs s'est, avant tout, proposé pour but de maintenir l'existence de l'Église; elle a mis ses propres intérêts en seconde ligne, pour assurer à l'Église son indépendance et sa liberté, de telle sorte qu'en perdant l'administration de l'Église, elle pût remettre le dépôt qui lui avait été confié, non pas à une autorité en dehors de l'Église, mais à l'Église elle-même.

Il est consolant pour nous dans notre tristesse de n'avoir pas complètement échoué dans nos efforts. En effet, nos très chers frères, la loi nouvelle confère aux Églises et à leurs membres les attributions les plus importantes. C'est à vous qu'il appartient maintenant de nommer vos Pasteurs. Un Synode, dont vous élisez les membres laïques, est chargé de l'administration de l'Église quant au spirituel; des Colloques, dont font partie des laïques également élus par les Paroisses, veillent aux intérêts des Églises de chaque district, et, dans chaque Paroisse, un Collège d'Anciens, aussi nommés par vous, est associé au Pasteur pour vaquer avec lui à divers soins concernant chaque Église en particulier. Vous le voyez, très chers frères, le soin tout entier de l'Église vous est en quelque sorte remis et confié.

Il est vrai, nous aurions désiré dans la loi plusieurs modifications importantes. Nous aurions aimé que la loi exigeât des membres actifs des Paroisses des conditions électorales qui eussent un caractère religieux; que des Pasteurs étrangers ne pussent être appelés que dans le cas extrême où aucun ministre neuchâtelois ne serait disponible pour remplir un poste vacant; que les Collèges d'Anciens eussent reçu mission de concourir avec les Pasteurs au bien spirituel des Églises. Et surtout, pour veiller à la pureté de la Doctrine, pour s'opposer à l'invasion de toute hérésie, et assurer la perpétuité d'un Ministère vraiment évangélique, nous aurions ardemment désiré la conservation de la Compagnie des Pasteurs, avec charge de s'occuper uniquement du soin du Ministère. À ces divers égards la loi ne répond pas à ce que nous avons demandé, et nous ne vous dissimulons pas, très chers frères, nos inquiétudes sur les résultats de son application, et nos hésitations à nous y soumettre.

Mais malgré cela, nous vous conjurons de ne pas perdre courage: vous pouvez en grande partie, très chers frères, remédier aux défauts que nous venons de signaler. Des droits considérables vous sont conférés; ils entraînent pour vous des devoirs de la plus haute importance. Si vous les remplissez consciencieusement, notre Église pourra encore subsister et être bénie de Dieu. Nous vous exhortons donc avec instance à prendre en sérieuse considération la position nouvelle qui vous est faite. Intéressez-vous activement au bien de l'Église en général, et de celle à laquelle vous appartenez en particulier. Lorsque vous serez appelés à élire vos Pasteurs, que vos choix se portent sur des ministres dont la foi et la piété vous soient connues. Choisissez pour les Collèges d'Anciens, les Colloques et le Synode, des hommes approuvés de tous, pieux et sincèrement attachés à l'Église; éloignez de vous toute préoccupation étrangère à la religion. Et si la Compagnie des Pasteurs est contrainte à s'offrir en quelque sorte en holocauste, que du moins ses regrets soient rendus moins amers par la pensée que l'Église, qu'elle a conduite jusqu'à présent dans les voies de la vérité et de la paix, y sera maintenue par les Corps institués pour l'administrer, que cette Église sera conservée dans sa pureté quant à la Parole de Dieu et aux sacrements, et que la sainte liberté du Ministère évangélique y sera encore respectée.

C'est dans ces sentiments, c'est avec ces vœux, que la Compagnie des Pasteurs, chères et bien-aimées Églises, vous donne encore la bénédiction qu'elle a si souvent implorée pour vous dans ses Assemblées. Veuille le Souverain Chef de l'Église veiller avec amour sur celle qu'il a formée dans notre patrie terrestre, la garantir des dangers qui la menacent, y maintenir brillant le chandelier de Sa Parole, et la faire devenir une Église glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable, mais étant sainte et irrépréhensible!

Donné à Neuchâtel, dans notre Assemblée du 6 décembre 1848.

Le Doyen:

J. Dupasquier, Pasteur.


Le Secrétaire:

A. Perret, Professeur en théologie.




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