Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

AVANT PROPOS


Dans sa séance du 3 juin 1896, le synode de l'Église indépendante chargea sa commission synodale1 d'examiner s'il y aurait lieu de faire paraître, à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de la fondation de cette Église, une publication destinée à en rappeler les origines.

Ce projet pouvait faire naître certains scrupules: quelques personnes auraient estimé peut-être qu'il serait préférable d'en remettre la réalisation à la génération suivante; elles craignaient qu'en faisant revivre un passé si rapproché, on ne réveillât des passions mal assoupies. Mais la commission estima qu'il y avait avantage à faire appel aux souvenirs des témoins oculaires, pendant qu'il s'en trouvait encore, et elle s'adressa, pour le charger d'écrire cette histoire, à l'homme naturellement désigné pour une telle œuvre. M. Léopold Jacottet, pasteur à la Chaux-de-Fonds, qui avait joué un rôle considérable dans les événements qu'il s'agissait de raconter. Celui-ci accepta avec joie une mission qui répondait si bien à ses goûts et à ses aptitudes, et il s'occupait déjà de rassembler ses matériaux, quand une mort subite l'enleva à sa famille et à l'Église, le 27 septembre 1890.

En nous chargeant à notre tour de cette tâche, nous en comprenions toute la difficulté; il est délicat d'apprécier des faits contemporains; la perspective manque pour en juger sainement, et l'historien, malgré son ferme propos d'être impartial, ne l'est jamais complètement. Nous faisons d'avance nos excuses à ceux que contre notre gré, nous aurions pu froisser par une appréciation injuste ou par une inexactitude.

Pour faire comprendre les origines de la crise de 1873, nous avons dû remonter jusqu'à la loi ecclésiastique de 1849 et raconter le développement de l'Église neuchâteloise pendant ces Vingt-cinq ans. Les questions que nous avons à exposer sont souvent arides, et les discussions qu'elles ont provoquées, laborieuses à suivre. Il nous a paru cependant qu'il était nécessaire d'entrer dans le détail de cette histoire, pour expliquer ce phénomène étonnant: que, du sein de l'Église la plus cléricale qui fût, celle d'avant 1848, soit sortie, non par réaction contre ce principe ecclésiastique, mais par une évolution suivie, une Église indépendante, à constitution démocratique, et qui prétend cependant avoir maintenu les traditions de ses pères.

Dieu veuille permettre que ce récit, loin d'accentuer des divisions malheureuses, contribue plutôt à rapprocher tous ceux qui, ayant une même foi en Jésus-Christ comme en leur seul Sauveur, désirent avant toutes choses conserver à notre peuple le trésor de l'Évangile!

Ch. Monvert.

Neuchâtel, octobre 1898.


Collégiale de Neuchâtel

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