Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !


CHAPITRE XII


TEMPUS BREVE



Le temps est court désormais.

SAINT PAUL


Demain, s'il plaît au Seigneur

nous serons dans la cité de Dieu

FÉLIX NEFF.



Heureux en ménage, entouré de bons amis, engagé dans ses travaux favoris de la parole et de la plume, rien ne semblait manquer au parfait bonheur de Jean-Henri Merle d'Aubigné, lorsque, rentré de l'étranger, il s'était installé à Genève et à la Graveline. Cependant les épreuves n'avaient pas tardé à le frapper.

Ce fut d'abord une grave maladie qui durant neuf longs mois le retint, faible, muet, et prisonnier à la Graveline. Obligé par une laryngite obstinée à ne s'entretenir avec ses proches que par écrit, il désespérait parfois de pouvoir jamais reprendre sa tâche de professeur et de prédicateur. Cependant, une éclosion particulièrement vigoureuse du printemps de 1835 lui imprima une secousse salutaire, et il fut rendu peu après à la parole et à faction.

Ce fut ensuite le décès de quatre enfants en bas-âge, puis, en 1846, le départ de sa mère :

« Notre chère mère n'est plus, écrivait alors Jean-Henri à son frère Guillaume. Jusqu'à la fin son cœur est resté doué de toute la vivacité de la jeunesse... Elle a été pour nous, à la fois, père et mère. Maintenant que sa grande tâche est achevée, ses enfants et les enfants de ses enfants béniront à jamais son souvenir... »

Mais le coup le plus cruel fut, le 12 juin 1855, la mort de Marianne, après un long martyre héroïquement supporté. Elle laissait le père de famille anéanti, et trois enfants sans mère : Oswald, Anna et Emile.

« O mon Dieu ! », écrivait-il alors, « tu as parlé, donne-moi cl'y prendre garde. Il y a devant moi trois phases dans l'existence de ma bien-aimée : celle de sa vie, celle de sa passion, celle de sa gloire; c'est dans l'existence de la gloire que je veux surtout la chercher. Le grand legs qu elle me laisse, c'est l'amour. - « Il faut aimer, beaucoup aimer ! » -- répétait-elle souvent. Que ce souvenir ne soit pas uniquement une jouissance, ni, hélas ! une douleur, mais qu il éclaire et transforme ma vie ! »

A Mme Groen van Prinsterer, une amie hollandaise qui venait de perdre sa mère, il envoyait ces lignes:

« Les condoléances sont-elles d'inutiles formalités ? je ne le pense pas. La sympathie n'est pas un vain mot, et le récit des expériences par lesquelles a passé celui qui écrit peut montrer la voie à ceux qui pleurent Dans les grandes épreuves que Dieu m a envoyées par la mort de ma mère, de mes enfants, de Marianne, mon Sauveur s'est montré d'une beauté, d'une douceur que je n'avais jamais connues dans les années de bonheur. Si l'on me demandait ce que je voudrais retrancher de ma vie, il n'y a peut-être qu'une seule chose que je ne voudrais pas ôter : ce sont mes épreuves, ces entrevues bénie avec le Saint des Saints. » 

Et à son ami Gaussen.

« Quand j'ai quelque petit chagrin, je me replonge dans ma grande douleur et c'est là ma consolation. A la place du trouble, elle met la paix, à la place des ténèbres, la lumière. »

Dans son deuil, Merle D'Aubigné apprécia plus que jamais les consolations et les joies de l'amitié. Quel bienfait que l'accueil des Gaussen dans leur maison hospitalière des Grottes, où le bouillant théologien formaIt avec sa sœur et sa fille un si aimable trio !

Chez le professeur de La Harpe, tout était confort ouaté et mansuétude, tandis que le collègue Samuel Pilet vous recevait sur une chaise de paille, mais avec quelle spirituelle bonhomie ! Chez le pasteur Bertholet-Bridel, traits taillés à coup de hache et crinière en tempête, on trouvait un esprit vif et un cœur d'or. Chez César Malan, on croisait le fer sur les doctrines de la grâce, ou bien l'on écoutait le barde évangélique entonner un de ses beaux Chants de Sion.

A la belle saison, le veuf solitaire allait à la Prairie faire visite au colonel Tronchin. Ou bien il se rendait au Rivage, où le contact effervescent des Agénor de Gasparin électrisait les habitués de leur salon. D'autres fois, au pied du Jura, il gagnait le manoir de Sergy, pour s'entretenir de ses chères études avec son ami Jules Pictet.
Plus rarement, il prenait le bateau jusqu'au château de Coppet, où, dans les salles encore tout imprégnées du souvenir de l'auteur de Corinne, Mme Auguste de Staël recevait la fleur du christianisme européen. On y rencontrait les Broglie, les Vernet, les de Portes, les Cramer, les Monod, Thomas Erskine, C.-J. Bunsen, Edmond de Pressensé et combien d'autres encore !

Parfois, après le dîner de quatre heures, des groupes de visiteurs arrivaient par les sentiers et les avenues, et l'on se réunissait dans une pièce du rez-de-chaussée pour entendre une méditation religieuse. Souvent Alexandre Vinet y avait pris la parole, mais, depuis tantôt dix ans, sa voix s'était tue.

Cependant, ni l'affection des meilleurs amis, ni même les tendres soins d'une fille dévouée, ne parvenaient à remplir le vide que le veuvage avait creusé dans le cœur du maître de la Graveline. Il soupirait après la reconstitution de son foyer, après la présence d'une compagne, dont le rayonnement illuminerait le soir de sa vie. Une dame irlandaise étant venue avec ses filles passer quelques semaines dans la pension du Port-Boissier, l'historien solitaire eut l'occasion de remarquer chez Françoise-Charlotte Hardy une piété, une vaillance et un enjouement susceptibles de lui donner ce réconfort, et il n'hésita pas longtemps à demander sa main. Le mariage fut célébré à Dublin le I4 août 1858 :

« Nous savons tout ce que vous avez été pour notre ami et combien vous avez réussi à l'entourer de toutes ces douceurs du cœur et de l'esprit, dont sa riche nature avait un si grand besoin. »

Ce témoignage, écrit plus tard par Henriette Lutteroth, une des cousines de Marianne, à la seconde Mme Merle d'Aubigné, montre que ce tardif mariage donna ce qu'il avait promis.



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Depuis qu'en 1854 la municipalité de Genève avait exproprié les riverains du lac pour établir le quai des Eaux-Vives, la Graveline avait été dépouillée de sa grève et de son port. Plusieurs propriétaires avaient protesté, mais Merle d'Aubigné, sentant qu'il était juste d'accorder à tous les citoyens le libre accès des bords du lac, avait exprimé cet avis par une lettre dont on lui avait su gré en haut lieu. La Graveline cependant gagna en confort ce qu'elle perdait en pittoresque. La petite maison de la bonne grand'mère avait été démolie et bientôt remplacée par un salon moderne, dont les grandes portes-fenêtres s'ouvraient sur un balcon qu'on appelait le péristyle. De là on descendait par quelques marches sur la pelouse, ombragée par l'ormeau séculaire dont le dôme de verdure faisait la gloire de la propriété.

Ainsi rajeunie, la Graveline reprit toute son animation d'autrefois : visites des fils et filles du premier mariage, séjours de jolies nièces irlandaises, petits pas d'enfants courant dans les corridors de la maison et dans les allées du jardin, car deux garçons, Henri et Charles, et deux fillettes, Blanche et Julia, étaient venus à leur tour élargir le cercle de famille.
Cependant les enfants savaient que, le matin surtout, il ne fallait pas faire de bruit au second étage, de peur de déranger leur père à son travail. Ce n'était en effet qu'à force de méthode et de ménagements qu'il venait à bout d'un labeur prodigieux.
Après son lever matinal, sa toilette, sa gymnastique de chambre, son déjeuner et le culte domestique, l'historien s'enfermait dans la grande bibliothèque à trois fenêtres, où sa table occupait une embrasure. Nul bibelot, nul objet d'art n'en égayait l'austérité, sauf, encadrés par les châssis, des paysages de verdure et d'eau bleue. Ses outils, énormes in-folio ou vieilles éditions lilliputiennes, garnissant les parois, venaient à leur tour ajouter à l`encombrement de sa table de travail.

La consigne était de ne pénétrer sous aucun prétexte dans ce sanctuaire. A cette règle il y avait cependant une exception, en faveur d'un petit pot d'eau chaude qu'une main discrète apportait à la demie sonnante de dix heures. L'écrivain échangeait alors la plume contre le blaireau et le rasoir... affaire de se reposer un instant le cerveau.

Le public n'avait pas tarde a découvrir que 'historien passait ses matinées a la Graveline, aussi Mme Merle d'Aubigné, occupée elle-même à corriger les manuscrits à peu près illisibles de son mari, avait fort à faire à le défendre contre les importuns de tout acabit, venant tirer la sonnette dans l'espoir de parler un instant au maître de la maison !

Un Américain avait écrit, dans ses relations de voyage :

« A Genève, il faut voir trois monuments : Saint-Pierre, le Mont Blanc et Merle d'Aubigné. Mais on n'y parvient pas aisément. La cathédrale est souvent fermée, le géant des Alpes caché dans les nuages et l'historien de la Réformation invisible. Cependant, à force de patience et de persévérance, on y arrive. »

En effet, on y arrivait parfois lorsque la gardienne du logis, gagnée par les instances du visiteur, profitait de l'introduction du petit pot d'eau chaude pour parlementer : « Mon cher Henri, c'est un groupe de pionniers du Far-West qui demandent en grâce une entrevue de cinq minutes. » Une de ces visites eut une suite amusante. Le baron Auguste de Staël, voyageant en Italie, avait acheté une Vierge au Jardin attribuée à Raphaël, et en fit cadeau à son ami Thomas Erskine. Grand embarras de celui-ci: « Que dirait-on en Ecosse d'une Madone accrochée au mur du château de Linlathen! ». Le tableau fut donc porté à la Graveline, avec ces mots : « je vous prie de me le garder. Il se peut que je ne vous le redemande jamais ». Ce fut en effet ce qui arriva.

D'autres fois, c'était Mrs Beecher-Stowe, dans toute la gloire de sa réputation, de ses boucles et de ses crinolines, ou le prédicateur Charles Spurgeon, désireux de prêcher à la colonie anglaise de Genève, ou le prince Youssoupoff, que le premier en Russie avait, par motif religieux, libéré les serfs de ses domaines. C'était une joie pour les enfants de le voir arriver en grand équipage et en bottes de fourrure, que son valet de pied, dans la salle d'entrée, remplaçait respectueusement par des mules. Il ne restait plus alors à l'écrivain qu'à se résigner, à se sangler dans sa redingote, à vérifier les spirales de sa cravate blanche et à descendre un instant au salon.

L'après-midi, Merle d'Aubigné professait à l'Oratoire et siégeait dans des comités. Rentré à la Graveline, il lui fallait encore préparer prédications et conférences, et vaquer à une correspondance internationale et polyglotte qui donne le vertige, imprimeurs, traducteurs et éditeurs le harcelant parce que les copies ne se succédaient pas assez vite, admirateurs et critiques, questionneurs et solliciteurs, amis et fâcheux, universitaires, hommes d'Etat et hommes d'Eglise, tous s'attendant à des réponses autographes.

La veillée amenait un moment de détente. Soit que, dans un paisible tête-à-tête, Mme Merle d'Aubigné fît raconter à son mari ses souvenirs de jeunesse, afin de les conserver à ses descendants, soit qu'une petite soirée eût été combinée par elle, afin de réunir des étrangers sans empiéter sur les heures de travail.
Alors, grâce à son savoir-faire, elle fondait en un tout harmonieux ces éléments disparates et donnait à chacun, à tour de rôle, l'occasion d'échanger quelques mots avec celui qu'on était venu voir.

Aux bons vieux amis de toujours: Du Pasquier et Lutteroth, Monod et Erskine, Croen van Prinsterer et Pauli, aux familiers et aux collègues, on réservait ces heures d'intimité exquise où, en hiver, l'on causait les pieds aux chenets du salon et, en été, l'on se pro-menait dans la paix du soir, tandis que le rossignol chantait au fond du jardin.

« C'est à la Graveline », écrivait Jules Bonnet, « qu'il m'a été donné de voir Merle d'Aubigné bien des fois, austère et bon, cordial et imposant jusque dans les effusions de la plus gracieuse familiarité, toujours préoccupé de l'objet de ses belles études, ou des intérêts permanents du règne de Dieu. »

Dès les premiers jours de juillet, les examens passés et les diplômes distribués, les assemblées générales terminées et les manuscrits emballés, car il fallait travailler même en vacances, le professeur et sa famille partaient pour Charnex ou Cornoz, sur les hauteurs alors agrestes qui dominent Montreux. Ou bien on s'établissait à Mornex, où Merle d`Aubigné organisa, chez lui, le premier culte protestant. Et c'est là que, le 18 juillet 1870, il apprit la déclaration de guerre, et le 4 septembre la nouvelle de la capitulation de Sedan, dénouement tragique de ce conflit qui avait mis aux prises ses deux patries spirituelles, le pays de Calvin et le pays de Luther.

Mais c'est dans les Alpes vaudoises: Cryon, Château-d'Oex ou Chesières, que l'écrivain se délassait plus complètement que partout ailleurs. Ses enfants se souviennent tout particulièrement des dernières vacances passées avec leur père au pied du Chamossaire et des promenades faites avec lui aux Ecovets, au lac de Chavonne et à Anzeindaz. Qu'il aimait les heures matinales, lorsque les brumes de la nuit estompent encore les lointains!

Des perles brillent alors dans l'herbe que la faux des montagnards fait tomber en andains réguliers sur les pentes des prés. Le soir il gravissait un mamelon au-dessus du village, emmenant avec lui ses enfants et ses petits-enfants pour leur faire admirer l'embrasement de la Dent du Midi et du glacier de Trient par le feu du soleil couchant. Alors, debout, face aux Alpes, les mains croisées derrière le dos, il humait avec délices l'air des sommets et répétait à haute voix les paroles de ses psaumes favoris :

Les cieux racontent la gloire de Dieu

Et l'étendue donne à connaître l'ouvrage de ses mains ;

Le jour en instruit un autre jour, 

La nuit en donne connaissance à une autre nuit

Mon âme, bénis l'Eternel,

Et n'oublie aucun de ses bienfaits !

Les dimanches de vacances, comme d'ailleurs toute l'année, il se reposait, se recueillait et s'occupait de ses enfants. Les prenant sur ses genoux, il écoutait avec un sourire les histoires que leur lisait leur mère et se joignait en sourdine - sa voix et son oreille n'étaient pas encore parvenus à se mettre d'accord aux chants de Malan, qui, pour la vieille bonne bernoise, faisaient partie intégrante de l'Èvangile:

Dans un petit village

Colinette vivait...

Puis, la nuit tombée, la salle à manger basse du vieux chalet se remplissait de montagnards vêtus de milaine et de paysannes coiffées de bonnets de dentelle noire, venus se joindre au culte de famille. A cet auditoire rustique, l'Historien parlait très simplement des grandes doctrines du salut dont il vivait. La théologie à la fois sévère et consolante, qui lui faisait souvent répéter: « Oh! mon péché, mon péché! Mais Jésus Christ le couvre et le pardonne », se faisait tendre et persuasive lorsqu'il parlait aux humbles.

« Sentiment très vif de la déchéance de l'homme et de la grâce de Dieu, défiance extrême de ses propres forces, mais confiance absolue dans le secours d'En-Haut, foi élevée embrassant dans son ampleur la doctrine évangélique, et attention de la conscience descendant aux moindres détails de la vie ! » 

Ces qualités complémentaires relevées par son gendre, le pasteur Duchemin, donnaient à la personnalité morale de Merle d'Aubigné, à la fois cette candeur de l'enfant et cette virilité de l'homme fait, qui lui gagnaient l'affection et le respect de ses contemporains.

Une réunion partielle de l'Alliance évangélique devant avoir lieu à Genève en cet automne de 1872, la famille quitta Chesières vers le milieu de septembre, rentrant au numéro 8 de la rue Eynard, où, depuis 1869, elle avait transporté ses pénates pour éviter au professeur les longues courses à pied de la Graveline à l'Oratoire. Dans cette assemblée, le vétéran du Réveil proposa une adresse aux Vieux Catholiques assemblés à Cologne pour y affermir les bases de leur dissidence causée par les décrets du Concile du Vatican, adresse pleine de fermeté évangélique et d'amour chrétien, qui devait être sa dernière manifestation internationale et interconfessionnelle.

Tempus breve! Ces deux mots de saint Paul que Merle d'Aubigné avait fait graver au fronton du salon de la Graveline, devenaient pour lui une sorte d'obsession. « Comme le temps passe et comme mon œuvre avance lentement ! » songeait-il en pensant aux volumes ébauchés de son Histoire, qu'il désespérait parfois d'achever. « Autrefois je comptais les heures, maintenant je compte les secondes ». En ces derniers mois de sa vie, entré dans sa soixante-dix-neuvième année, il fournissait encore une somme de travail qui aurait écrasé de plus jeunes que lui.

Le samedi 20 octobre 1872, Merle d'Aubigné donna encore ses cours. Le lendemain, dimanche, il se rendit, après le service de l'Oratoire, au culte de la Pélisserie. « Je sens le besoin de silence, car Jésus a parlé à mon âme », dit-il a un ami qui voulait l'aborder à la sortie.
L'après-midi se passa en famille, et la soirée se termina, comme d'habitude, par le culte domestique. Puis il embrassa ses enfants, dicta encore à son fils Emile un article pour la Semaine religieuse, et se retira de bonne heure.

Le lundi matin on le trouva endormi du dernier sommeil. « Il n'était plus, car Dieu l'avait pris ».
Pas un son, pas un mouvement n'avait signale à l'attention de sa compagne ce passage de la vie présente à la vie éternelle.

Ce fut un coup foudroyant pour les siens, pour ses collaborateurs et pour ses étudiants, pour son Eglise et pour ses amis, au près et au loin.
Un très long cortège accompagna le convoi de Merle d'Aubigné au cimetière de Cologny, où reposaient déjà plusieurs de ceux qu'il avait aimés. Le lac était bleu, le Mont-Blanc entièrement découvert, la foule émue. Plusieurs discours furent prononcés, mais aucun ne produisit sur l'assistance autant d'impression que le cantique composé par lui-même, et chanté par ses élèves au bord de sa tombe:

L'Eternel est ma part, mon salut, mon breuvage,

ll a fixé mon lot dans un bel héritage.

Ma langue, égaie-toi ! Réjouis-toi, mon cœur,

Entonne un chant d'amour ! Jésus est ton Sauveur.

Le fils du Refuge avait trouvé la retraite suprême dans la maison du Père.


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